ACF-INTERNATIONAL
Note d’information
L’AIDE À LA NUTRITION
Mobiliser des financements innovants pour lutter contre la sous-nutrition
RECOMMANDATIONS
Les pays activement impliqués dans la lutte contre la sous-nutrition, à la fois bailleurs et pays
SUN, devraient s’investir davantage dans la recherche de solutions innovantes en matière de
financements. Le travail actuel du mouvement SUN visant une mobilisation accrue des ressources
représenterait une occasion idéale de faire de la mise en œuvre de mécanismes de financements
innovants centrés sur la nutrition un objectif stratégique du SUN.
La présidence britannique du G8 de 2013 ainsi que l’ensemble des acteurs qui se sont engagés
à faire de la nutrition une priorité devraient développer des solutions financières innovantes qui
permettraient de fournir le niveau de financements nécessaire à la lutte contre la sous-nutrition,
avec une attention particulière portée aux interventions traitant de la malnutrition aiguë.
Les termes de référence de la nouvelle « Facilité innovante pour l’Agriculture, la Sécurité alimentaire
et la Nutrition » devraient prendre en considération les problématiques relatives à la nutrition
et créer les conditions favorables à la conception et à l’opérationnalisation de mécanismes de
financements innovants dédiés à la mise en œuvre d’interventions spécifiques en nutrition.
Les gouvernements qui préparent la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF)
en 2013 devraient accroître leur contribution au développement et faire de la nutrition un secteur
prioritaire.
CONTACT ACF : Etienne du Vachat
Chargé de plaidoyer Sécurité alimentaire
+33 1 80 05 34 77
Action contre la Faim – ACF
Paris, France
Cover copyright: © S. Hauenstein Swan, ACF UK - Tchad
2NOTE D’INFORMATION/MOBILISER DES FINANCEMENTS INNOVANTS POUR LUTTER CONTRE LA SOUS-NUTRITION
I. PROMOUVOIR DES MÉCANISMES DE FINANCEMENTS INNOVANTS
POUR LA NUTRITION
1. POURQUOI LES MÉCANISMES DE FINANCEMENTS INNOVANTS
SONT-ILSCESSAIRES POUR LA NUTRITION ?
• La sous-nutrition continue de tuer
La sous-nutrition est un dé majeur de santé publique dans les pays en développement. En 2011, 165
millions d’enfants de moins de cinq ans dans le monde souffraient de malnutrition chronique (dont plus de
90% en Afrique et en Asie) et 52 millions de malnutrition aigüe (ou émaciation, la forme la plus grave de
sous-nutrition) avec un risque de mortalité accru1. La sous-nutrition2 favorise la survenue de nombreuses
maladies (diarrhée, pneumonie…) et en accroit la gravité3. La malnutrition aigüe sévère est directement
responsable de la mort d’un million d’enfants chaque année et la sous-nutrition dans son ensemble est la
cause sous-jacente de plus de 35% des décès des enfants de moins de cinq ans4.
• Les solutions efficaces sont connues, ainsi que leur coût
Les interventions efcaces pour combattre la sous-nutrition sont connues. La revue médicale de référence
The Lancet a identié en 2008 treize interventions nutritionnelles directes dont la mise en œuvre permettrait
des résultats importants5. Ces interventions nutritionnelles spéciques consistent notamment à promouvoir
des pratiques favorables à l’amélioration de la nutrition (allaitement et alimentation complémentaire
progressive et appropriée, lavage des mains), à réduire les carences en micronutriments essentiels chez
les populations les plus à risque (supplémentation en vitamine A, zinc thérapeutique, fer et acide folique,
fortication en fer des aliments de base, etc.) ou encore à prévenir et traiter les enfants de 6 à 23 mois
modérément malnutris grâce aux aliments complémentaires et traiter la malnutrition aigüe sévère grâce aux
aliments thérapeutiques (enfants de 6 à 59 mois). D’après la Banque mondiale, la mise en œuvre de ces
interventions directes dans les trente-six pays les plus gravement touchés par la sous-nutrition requiert un
investissement annuel supplémentaire de 11,8 milliards de dollars US6.
Ces interventions ont été à la base du lancement du Mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) en septembre
2010. Le SUN regroupe une trentaine de pays déterminés à accroître leurs efforts pour lutter contre la sous-
nutrition qui affecte leurs populations. Ces pays sont appuyés par une centaine de partenaires (bailleurs de
fonds, organisations du système des Nations-Unies, ONG internationales, société civile, secteur privé). Les
objectifs des membres du SUN sont la mise à l’échelle des interventions nutritionnelles spéciques ayant
une efcacité démontrée, la mise en œuvre de stratégies sectorielles contribuant à la nutrition (c’est-à-dire
répondant aux besoins nutritionnels des individus, des ménages et des communautés) et l’amélioration de
l’efcacité des programmes existants, au service des priorités nationales.
• Investir dans la lutte contre la sous-nutrition est efficace et rentable
Outre son coût humain, la sous-nutrition a un coût économique considérable, tant au niveau individuel
que collectif. La sous-nutrition nuit au développement physique et cognitif, ce qui a des conséquences
négatives sur l’éducation, l’emploi et le niveau de revenu de la personne7. Au niveau national, on estime que
certains pays peuvent perdre jusqu’à 3% de leur produit intérieur brut par an du fait des conséquences de
la sous-nutrition sur la productivité.8
1 - UNICEF-WHO-World Bank (2012) “Joint Child Malnutrition Estimates”
2 - Elle inclue le sous-poids (poids/âge), la retard de croissance (sous-nutrition chronique – taille/âge), la malnutrition aigüe (émaciation faible poids/taille) et
des carences en vitamines et minéraux.
3 - DFID (2012) An update of ‘The Neglected Crisis of Undernutrition: Evidence for Action’
4 - European commission (2011) “Addressing Undernutrition in External Assistance”
5 - The Lancet (2008), “The Lancet’s Series on Maternal and Child Under-nutrition”
6 - Banque mondiale (2012), Horton et al. “What will it cost?
7 - Hoddinott, J., J. Maluccio, J. Behrman, R. Martorell, P. Melgar, A. Quisumbing, M. Ramirez‐Zea, A. Stein, and K. Yount (2011), “The consequences of early
childhood growth failure over the life course”, Mimeo, International Food Policy Research Institute, Washington, DC.
8 - Ibid
3
NOTE D’INFORMATION/MOBILISER DES FINANCEMENTS INNOVANTS POUR LUTTER CONTRE LA SOUS-NUTRITION
A l’inverse, investir pour la nutrition rapporte : même dans les pays très pauvres et en se fondant sur des
hypothèses prudentes, chaque dollar dépensé pour la réduction de la malnutrition chronique permet un
gain d’au moins 30 dollars9. Ainsi, les interventions visant à combattre directement la sous-nutrition des
jeunes enfants ont été reconnues comme les actions de développement les plus efcaces et efcientes
par le ‘Consensus de Copenhague’ en 2008 et en 201210, qui a souligné l’intérêt de ces mesures dans les
domaines de la santé et de l’éducation.
• Les fonds actuellement mobilisés pour la sous-nutrition sont insuffisants
Malgré l’efcacité et la rentabilité démontrées des interventions nutritionnelles, les fonds actuellement
mobilisés pour les mettre en œuvre sont insigniants. Action contre la faim (ACF) et l’Institute of Development
Studies (IDS) ont réalisé en 2012 une première étude analysant non seulement le volume mais aussi la
transparence, la qualité et l’efcacité des nancements en nutrition (« L’aide à la nutrition Les nancements
permettant de renforcer la lutte contre la malnutrition peuvent-ils être évalués avec précision ? »)11. Cette
recherche a mis en évidence la faiblesse de ces ux ainsi que de très sérieuses lacunes dans les rapports
de plusieurs bailleurs, rendant très ardu le suivi des ux d’aide à la nutrition.
Elle a également permis de montrer que la part de l’aide publique au développement (APD) totale consacrée
à la nutrition entre 2005 et 2009 s’est élevée à 0.6% (soit 438 millions de dollars en moyenne par an entre
2005 et 2009, dont seulement 73 millions pour le nancement d’interventions directes et 365 millions
pour des interventions indirectes). En outre, 11% des sommes promises n’ont pas été versées12. et les
contraintes budgétaires croissantes dans la plupart des Etats-bailleurs n’incitent pas à l’optimisme quant
à l’évolution future des ux d’APD. Enn, la stratégie 2012-2015 du SUN publiée récemment rappelle la
nécessité de mobiliser des fonds additionnels pour faire en sorte que le mouvement atteigne ses objectifs
et puisse répondre aux besoins des pays13.
En effet, les fonds actuellement disponibles pour la lutte contre la sous-nutrition (aide publique au
développement et ressources nationales) sont trop faibles. Les Etats les plus touchés par la sous-nutrition
ne pourront assumer seuls la charge des investissements requis car leurs ressources nationales sont le
plus souvent trop modestes pour faire face au dé. En effet, d’après le second volet de l’étude réalisée par
ACF et IDS, les pays les plus pauvres sont ceux qui présentent les taux les plus élevés de sous-nutrition
et qui devraient donc supporter les coûts les plus importants pour la mise à l’échelle des interventions en
nutrition14.
• Des mécanismes de financements innovants pour la nutrition permettront
de lever de nouvelles ressources et d’améliorer lefficacité de laide
Face à ces enjeux, il est urgent de mobiliser de nouvelles sources de nancements pour la lutte contre
la sous-nutrition. Les nancements innovants sont par nature stables et prévisibles, complémentaires de
l’APD traditionnelle et doivent assurer la participation des secteurs et activités ayant le plus bénécié de la
mondialisation à la construction d’une solidarité internationale15. Ils donnent lieu à des partenariats nouveaux
(entre le Nord et le Sud, entre les États, les ONG et les organisations internationales, entre les secteurs public
et privé), avec le soutien de la société civile. Ces mécanismes et ces partenariats permettent de renforcer
les exigences d’efcacité de l’aide et de gestion axée sur les résultats, comme l’illustre par exemple le
mécanisme des obligations à impact nutritionnel présenté ci-dessous, pour lequel le volume des fonds
investis dans un programme est directement fonction de l’efcacité de celui-ci. Enn, les mécanismes de
nancement innovants permettent une transparence et une visibilité optimales, qui assurent leur pérennité.
9 - IFPRI (2012), Hoddinott J., Rosegrant M. et Torero M. “Investments to reduce hunger and undernutrition”, Paper prepared for 2012 Global Copenhagen
Consensus. Selon les calculs des auteurs et en utilisant les hypothèses les plus prudentes, un investissement d’un dollar dans la réduction de la malnutrition
chronique permet un retour de 29.5 dollars en Ethiopie et jusqu’à 87.5 dollars en Inde (compte-tenu des difrences initiales entre niveaux de revenus et
prévisions de croissance).
10 - La suppmentation en vitamine A et en zinc pour les enfants a été classée en te du classement des interventions les plus efficientes en 2008. En 2012,
ce sont les interventions nutritionnelles combinées (notamment fourniture de micronutriments, aliments complémentaires, traitement contre les vers et
contre les maladies diarrhéiques et programmes de changement de comportement)
11 - http://www.actioncontrelafaim.org/sites/default/files/articles/fichier/publication_advocacy_aidfornutrition.pdf
12 - Ibid
13 - SUN (2012), “Scaling Up Nutrition (SUN) Movement Strategy [2012-2015]”
14 - Action contre la faim et IDS (2012), « L’aide pour la nutrition Utiliser lesnancements innovants pour mettre fin à la sous-nutrition »
http://www.actioncontrelafaim.org/sites/default/files/publications/fichiers/acf_phase2_online_version.pdf (en anglais)
15 - Groupe pilote sur les financements innovants pour le veloppement, « 6e Réunion plénière - Conclusions finales de la présidence française », mai 2009,
sur http://www.leadinggroup.org/IMG/pdf_VERSION_DEF_FR.pdf
4NOTE D’INFORMATION/MOBILISER DES FINANCEMENTS INNOVANTS POUR LUTTER CONTRE LA SOUS-NUTRITION
2. FAIRE DE LA NUTRITION UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DES
DISCUSSIONS SUR LES FINANCEMENTS INNOVANTS
• La multiplication récente des initiatives autour des financements innovants
Depuis la Conférence de Monterrey en 2002 la notion de « nancements innovants » a été introduite
dans le débat international, le sujet est rapidement devenu incontournable. En 2006, la contribution sur
les billets d’avion au bénéce d’UNITAID est mise en place par le Brésil, le Chili, la France, la Norvège et
le Royaume-Uni, constituant un précédent exemplaire. Deux nouveaux mécanismes de nancement sont
lancés quelques mois plus tard : la Facilité internationale de nancement pour la vaccination (IFFIm) qui
permet d’emprunter quatre milliards de dollars sur les marchés nanciers an de nancer des programmes
de vaccination par le biais du fonds GAVI dans les 70 pays les plus pauvres de la planète entre 2006
et 2015, et les « garanties d’achats futurs » (ou Advanced Market Commitments - AMC) pour le vaccin
antipneumococcique, qui constituent un engagement préalable, juridiquement contraignant, d’acheter des
vaccins selon des conditions prédénies et incitent les fournisseurs à développer et fabriquer des produits
appropriés.
En 2006 est créé le Groupe Pilote sur les nancements innovants pour le développement, qui constitue
une plate-forme privilégiée de discussion, d’échange d’informations et de promotion des nancements
innovants. En 2008, la Déclaration de Doha sur le nancement du développement appelle la communauté
internationale à renforcer les initiatives existantes et à explorer de nouvelles pistes en matière de nancements
innovants16. Lors du sommet du G20 à Cannes en novembre 2011, Bill Gates remet aux dirigeants un
rapport qui présente plusieurs mécanismes et leur potentiel en termes de développement17. Ce rapport
est optimiste : « Les pays capables de contribuer aux ressources pour le développement n’ont jamais été
aussi nombreux. Le nombre de personnes en mesure de favoriser l’innovation est bien plus élevé qu’hier.
C’est pour toutes ces raisons que je suis convaincu que nous pouvons bâtir une nouvelle ère dans le
développement »18. Dans la déclaration nale, le G20 reconnaît que de nouvelles sources de nancement
doivent être trouvées pour répondre aux besoins du développement.19
De nombreuses études ont été consacrées aux nancements innovants, an de recenser les initiatives
existantes et les mécanismes envisageables, étudier leur faisabilité et estimer leur potentiel de collecte20. Les
secteurs de la santé et de l’environnement sont les deux domaines qui ont le plus bénécié des nancements
innovants. La crise alimentaire de 2008 a mis en lumière l’urgence d’investir pour la sécurité alimentaire et
l’agriculture21. En revanche, la nutrition est un secteur oublié : malgré l’ampleur des besoins, très peu
d’efforts ont porté sur la nutrition et il n’existe à ce jour aucun mécanisme de nancements innovants pour
ce secteur.
Le groupe de travail sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition
Créé lors de la neuvième session plénière du Groupe pilote pour les nancements innovants en juin 2011 à
Bamako, le groupe de travail sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition avait vocation à combler
l’absence de la nutrition dans le débat sur les nancements innovants et à « proposer des nancements
innovants destinés à augmenter les ressources pour la sécurité alimentaire, la nutrition et le développement
durable de l’agriculture, en d’autres termes, de réduire substantiellement le nombre de personnes souffrant
de la faim et de la malnutrition, en accord avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement »22. Avec
l’aide d’un comité international d’experts de haut niveau, ce groupe de travail devait étudier les mécanismes
innovants envisageables pour le nancement de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
Cependant, les travaux et le rapport nal du groupe se sont essentiellement focalisés sur le secteur agricole
et peu de réexions ont porté sur le nancement de la lutte contre la sous-nutrition. La recommandation
principale du groupe de travail est de créer un fonds catalytique pour stimuler l’investissement privé dans
l’agriculture, en ciblant les petits producteurs et les cultures vivrières an de sécuriser l’alimentation des
ménages et des populations. La nutrition est, une nouvelle fois, oubliée du processus.
16 - http://www.un.org/esa/ffd/doha/documents/Doha_Declaration_FFD.pdf
17 - Bill Gates (2011), “Innovation With Impact : Financing 21st Century Development”, rapport au G20
18 - http://www.thegatesnotes.com/Topics/Development/G20-Report-Innovation-with-Impact/
19 - http://www.g20-g8.com/g8-g20/g20/francais/pour-la-presse/communiques-de-presse/declaration-finale-du-sommet-de-cannes.1561.html
20 - Nations-Unies (2010), The I-8 Group Leading Innovative Financing for Equity [L.I.F.E.], “Innovative Financing for Development”; Nations-Unies (2012),
“World Economic and Social Survey 2012 - In Search of New Development Finance”; Banque mondiale (2012), “Innovative Finance For Development Solutions -
Initiatives Of The World Bank Group”; etc.
21 - Le rapport de Bill Gates au G20 (2011) propose par exemple que les mécanismes de financement servent à financer les efforts de recherche et
veloppement en agriculture à hauteur de 5 milliards de dollars US.
22 - Termes de référence du Groupe de travail sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition.
5
NOTE D’INFORMATION/MOBILISER DES FINANCEMENTS INNOVANTS POUR LUTTER CONTRE LA SOUS-NUTRITION
• Plusieurs approches innovantes associant le secteur pri
Plusieurs initiatives récentes dans le secteur de la nutrition ont associé le secteur privé pour développer
des produits agricoles et alimentaires à forte valeur nutritionnelle et enrichis en micronutriments. On peut
citer par exemple l’initiative HarvestPlus pour la biofortication des semences23 et l’Alliance Globale pour
l’Amélioration de la Nutrition (GAIN - Global Alliance for Improved Nutrition) pour la fortication alimentaire24.
Ces initiatives reposent sur des partenariats public-privé destinés à développer des semences biofortiées,
des aliments fortiés et de supplémentation. Néanmoins, ces initiatives ne garantissent pas l’accès
économique des populations les plus vulnérables à une alimentation plus nutritive et ne permettent donc
pas de couvrir l’ensemble des besoins nutritionnels.
• Le G8 britannique sera-t-il un rendez-vous décisif pour les financements
innovants pour la nutrition ?
Le Sommet de la faim (“Hunger Summit”) qui s’est tenu à Londres en marge des Jeux Olympiques d’août
2012 a été l’occasion pour le Royaume-Uni et plusieurs autres pays de mettre en avant la lutte contre la sous-
nutrition et leur volonté d’obtenir rapidement des avancées signicatives dans ce secteur. L’engagement
britannique d’assister 20 millions d’enfants et de femmes enceintes présentant un risque de sous-nutrition
entre 2011 et 2015 a été rapidement suivi par l’engagement de la Commission européenne de prendre
en charge directement 7 millions d’enfants affectés par la sous-nutrition d’ici à 201525, démontrant ainsi
la volonté politique d’avancer sur ce sujet. Le prochain sommet du G8 au Royaume-Uni en 2013 doit
permettre de mobiliser tous les pays impliqués dans la lutte contre la sous-nutrition an d’obtenir de réelles
avancées et la mise en place concrète de nouveaux mécanismes de nancements innovants en faveur de
la nutrition. C’est notamment l’objectif du travail récemment engagé au sein du groupe des bailleurs du
mouvement SUN, en collaboration avec la Fondation Bill & Melinda Gates.
II. SÉLECTIONNER DIFFÉRENTES OPTIONS DE FINANCEMENTS
INNOVANTS POUR LA SOUS-NUTRITION
1. EXERCICE D’ÉVALUATION DE CINQ MÉCANISMES DE
FINANCEMENTS INNOVANTS POUR LA NUTRITION
Les bailleurs et gouvernements qui se sont engagés dans le cadre du mouvement SUN26 doivent augmenter
fortement leurs nancements pour des interventions directes en nutrition.
Aussi, ACF et IDS (Institute of Development Studies) ont publié en 2012 une seconde étude visant à chiffrer
les investissements nécessaires sur les dix prochaines années pour mettre à l’échelle les interventions
nutritionnelles directes et atteindre les objectifs du mouvement SUN. Cette étude Aid for nutrition
Using innovative nancing to end undernutrition »27) élabore plusieurs scénarios pour évaluer dans quelle
mesure ces investissements peuvent être pris en charge par les pays concernés par la sous-nutrition et
par les bailleurs. Cependant, l’importance des investissements nécessaires et le contexte actuel de crise
économique mondiale rendent indispensable le recours à de nouvelles sources de nancement.
Face à l’ampleur des besoins pour combattre la sous-nutrition, il est primordial de promouvoir la mise en place
de mécanismes de nancements innovants spéciquement dédiés à la lutte contre ce éau. Identier de tels
mécanismes suppose de faire preuve d’innovation et de créativité mais aussi d’une réelle volonté politique.
ACF et IDS ont exploré différents mécanismes qui permettraient de collecter les ressources additionnelles
nécessaires pour la nutrition. Certains, s’ils sont très prometteurs, doivent être davantage développés. En
effet, il est primordial pour dénir si des mécanismes méritent d’être mis en œuvre, d’évaluer leur potentiel
23 - http://www.harvestplus.org/
24 - http://www.gainhealth.org/
25 - Soit 10% de l’objectif global de l’Assemblée mondiale de la santé (OMS).
26 - Soient trente Etats : Bangladesh, Benin, Burkina Faso, Burundi, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guatemala, Haiti, Indonésie, Kenya, Kirghizstan, Laos,
Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Népal, Niger, Nigeria, Pérou, Rwanda, gal, Sierra Leone, Tanzanie, Ouganda, Zambie,
Zimbabwe.
27 - http://www.actionagainsthunger.org.uk/fileadmin/contribution/pdf/ACF_Aid%20for%20Nutrition_Using%20Innovative%20Financing%20to%20End%20
Undernutrition.pdf
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