3
Mercredi 05 Mars 2014
Revue de presse
05
Mars
2014
SECTEUR BANCAIRE (Suite)
Quel avenir pour les banques publiques
queson épineuse, qui d’ailleurs, nous mène à nous poser une multude de quesons essen-
elles.
D’abord, est-ce que la Tunisie a, aujourd’hui, besoin de banques publiques ? Une queson à
laquelle plus d’un expert répondra non. Et pour cause. Leurs arguments ? L’Etat dispose de la
Trésorerie générale, sans compter la créaon du Fonds de dépôt et de consignaon. Ces deux
structures pourraient être l’instrument de l’Etat pour exécuter ses poliques tout comme pour
contrôler le secteur bancaire. A cela s’ajoute la Banque centrale de Tunisie, qui est aussi une
banque d’Etat qui est à même d’effectuer les contrôles nécessaires à travers ses structures. Et si
l’on ent à l’existence d’une banque publique, pour une période transitoire, les experts optent
pour la BNA, parce qu’elle touche un secteur stratégique, l’agriculture, et qui passe par des mo-
ments extrêmement difficiles. Aujourd’hui, une autre queson importante se pose : faut-il ouvrir
les deux autres banques publiques, (STB et BH), aux privés, soit à des parcipaons étrangères ?
Pour certains professionnels de banques, cee soluon n’a pas apporté les résultats escomptés.
Car, on a beaucoup aendu des parcipaons étrangères, telles que le financement des projets,
la mise sur le marché de nouveaux produits bancaires. Or, il n’en fut rien de tout cela. Bien au
contraire, au moment des crises, ces banques se sont repliées sur elles-mêmes, ont déserté le
financement de l’économie et se sont plutôt focalisées sur les crédits de consommaon, alors
qu’elles se basent sur l’épargne qui aurait du être exploitée pour le financement des entreprises
et de l’économie. Partant, ouvrir le capital des banques publiques à des parcipaons
étrangères, sans condions préalables, merait à risque des mécanismes indispensables pour le
développement de l’économie. La soluon idoine, selon les professionnels du secteur, dont
Ahmed Karam, Directeur général de l’Amen Bank, est de privaser les banques publiques tunisi-
ennes mais, en accordant la priorité aux capitaux tunisiens qui seraient majoritaires, avec la par-
cipaon d’un partenaire stratégique et la geson d’experts et de compétences tunisiennes.
En définive, l’idée d’intégrer les trois banques publiques, la STB, la BH et la BNA, est une solu-
on qui a été déjà non seulement envisagée, mais aussi appliquée, sans résultats probants. Pour
certains experts, le résultat a été même néfaste pour l’économie naonale. Partant, envisager de
nouveau cee soluon est une perte de temps.
Concernant les banques à capital étranger. Celles-ci sont des banques de renommée internaon-
ale, et n’ont pas besoin d’être intégrées. Par contre, les banques tunisiennes, à capital tunisien,
pourraient bien se rapprocher pour constuer une banque unique, afin de consolider leurs
capacités et leur compévité. Néanmoins, les experts précisent que cee démarche demeure
l’apanage des aconnaires de ces banques.
Trois quesons à Moez Labidi, professeur en Finances internaonales
« Prioriser l’opéraon d’assainissement sur les projets de fusion »
« La démarche de la Banque centrale de Tunisie (BCT), sur cee queson, me paraît très adap-
tée au contexte actuel. Sa prudence me paraît aussi jusfiée. Car des réformes mal formulées
peuvent devenir contreproducves »
Pourquoi la restructuraon du secteur bancaire figure-t-elle en bonne posion sur la liste des
réformes les plus urgentes à entreprendre ?
Deux raisons jusfient une telle urgence :
• Premièrement, l’état du secteur bancaire tunisien où des facteurs conjoncturels liés au choc de
la révoluon et son cortège d’inflaon, de montée de l’insécurité et de blocage de l’acvité de
certaines entreprises stratégiques, ont, d’une part, impacté négavement les ressources des
instuons financières à travers la chute des dépôts bancaires. Et d’autre part, ils ont renforcé le
processus de concentraon des acfs bancaires en faisant les beaux jours du secteur immobilier
et foncier.
• Deuxièmement, ces facteurs conjoncturels se greffent sur une fragilité structurelle : un niveau
inquiétant des créances non performantes ; des indicateurs de rentabilité largement en deçà des
standards internaonaux de performance bancaire ; du retard dans l’applicaon des normes
prudenelles de Bâle ; de l’insuffisance des fonds propres, de l’insuffisance du niveau de provi-
sionnement, …
• Enfin, l’ouverture de l’espace bancaire tunisien à la concurrence internaonale impose la
restructuraon et jusfie une réflexion sur la concentraon. Cee réflexion dépasse le cadre des
banques publiques pour toucher le secteur. Et j’espère que l’audit des banques publiques sera le
détonateur qui déclenchera la dynamique de restructuraon dans tout le secteur bancaire. Et il
n’est pas surprenant, et je dirai même fort probable, que la dynamique de rapprochement
touchera en premier les banques privées, surtout si le coup de pouce réglementaire est au
rendez-vous.
La fusion des banques publiques est-elle incontournable pour doper la performance du secteur
?
Certes, la recherche d’une « taille crique » dans le secteur est déterminante pour booster la
performance des banques tunisiennes. La « taille crique » permet à la banque, de réaliser des