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C
hez les plantes à caudex, la tige, la
racine, ou les deux parties, s’épais-
sissent pour former des organes
qui accumulent des réserves d’eau. Pour
ces plantes dites « succulentes », le suc, en
définitive, est constitué d’eau et de subs-
tances minérales et organiques dissoutes.
Ces organes de réserve, tiges ou racines,
sont surmontés par les organes assimila-
teurs, généralement caducs, qui assurent
la fonction chlorophyllienne.
Les espèces
caudiciformes
Certaines espèces possèdent un caudex
souterrain, avec épaississement de la ra-
cine principale, de parties du système ra-
diculaire, ou de la tige souterraine.
Chez Raphionacme vignei, R. daronii, Ibervillea
tenuisecta, Trochomeria debilis, Ceropegia afri-
cana, Brachystelma barberae, la partie souter-
raine s’épaissit pour donner un organe de
réserve duquel, durant chaque année de vé-
gétation, émergeront les parties aériennes.
Chez plusieurs espèces de Dioscorea mal-
gaches, Dioscorea mamillata ou D. quarti-
niana, le système radiculaire forme plu-
sieurs tubercules.
Chez d’autres espèces, le caudex est aé-
rien, composant une grosse masse globu-
laire au niveau du sol, ou un tronc plus ou
moins élancé :
une grosse masse globulaire
Calibanus hookeri, Pyrenacantha malvifolia,
ou Dioscorea elephantipes,
un tronc élancé, comme chez les baobabs
Adansonia grandidieri, Adansonia madagas-
cariensis, ou Dendrosicyos socotrana (l’arbre
à concombres de l’île de Socotra),
un tronc moins élevé, comme chez Cyphos-
temma uter, Adenium obesum, Pachypodium
ambongense, Pachycormus discolor ou en-
core Dorstenia gigas.
Ces plantes sont particulièrement nom-
breuses et diverses en Afrique et à
Madagascar, mais elles peuvent se ren-
contrer aussi en Amérique du Sud, en
Australie et dans la péninsule arabique.
L’île de Madagascar – l’île rouge – est re-
nommée pour ses baobabs, avec pas moins
de sept espèces différentes (alors qu’en
Cactées & succulentes
Plantes à caudex
Des plantes au « pied d’éléphant »
Texte et photos de Norbert Rebmann*
* Président de la SSF (Société Succulentophile
Francilienne) et de la section Cactées & Succulentes
de la SNHF.
Pachypodium mikea
, sud de Manja (Madagascar).
Certaines plantes poussant sous les climats tropicaux
secs, caractérisés par une période de sécheresse assez
longue – de trois à neuf mois – ont développé
une adaptation particulière : l’épaississement de leur
tige ou de leur racine, parfois de manière démesurée.
Ces plantes sont appelées des plantes
« à caudex », ou « caudiciformes ».
Portrait et conseils pour les cultiver.
JARDINS DE FRANCE NOVEMBRE 2008
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Afrique pousse une seule espèce). La plus
remarquable, Adansonia grandidieri, « Reniala »
en malgache, qui pousse dans les environs
de Morondava, forme des arbres d’au
moins trente mètres de hauteur, et de six à
sept mètres de diamètre.
Au nord-est de Morondava, se trouve la
fameuse « allée des baobabs », où tous les
touristes se réunissent pour admirer les
couchers de soleil, avec les troncs de ces
géants qui se mettent alors à flamboyer et
se mirent dans les rizières désaffectées !
Ces baobabs poussent naturellement dans
la forêt, et l’on peut encore en voir dans la
forêt de Marofandelia, 30 km au nord-est
de Morondava. Plus au sud, la forêt a dis-
paru et a été remplacée par des rizières :
le sol gorgé d’eau provoque graduelle-
ment la mort de ces arbres remarquables.
Les Sakalaves, Malgaches de la région de
Morondava, exploitent les baobabs : ils
utilisent l’écorce pour en faire des cordes,
et consomment les graines (comme le font
également les lémuriens, les rats et les oi-
seaux…)
Cet arbre magnifique est aujourd’hui très
menacé – il ne se reproduit guère – et ne
sera plus, prochainement, qu’un souvenir
si aucune sauvegarde n’est envisagée.
L’île de Socotra, située dans l’océan Indien,
à l’extrémité de la corne de l’Afrique, ad-
ministrativement rattachée à la république
du Yémen, recèle aussi des merveilles.
Cette île, d’environ 80 km sur 30 km, est
constituée d’un massif de roches cristal-
lines, entouré de plateaux de calcaire coral-
lien. La végétation y est encore préservée,
grâce au faible peuplement et à la quasi ab-
sence de touristes. Malheureusement, les
activités touristiques commencent à se dé-
velopper et l’on peut en craindre une inci-
dence sur la végétation.
Plusieurs espèces endémiques vivent
dans cette île : les arbres à encens (les
Boswellia, sept espèces), les arbres à myrrhe
Adansonia rubrostipa
, sud de Morombe (Madagascar).
Pachypodium inopinatum
, détail des
fleurs, lac Alaotra (Madagascar).
JARDINS DE FRANCE NOVEMBRE 2008
26 JARDINS DE FRANCE NOVEMBRE 2008
Cactées & succulentes
Pachypodium decaryi
, massif de
l’Ankarana (Madagascar).
Pachypodium decaryi
, detail des fleurs,
massif de l’Ankarana (Madagascar).
Adenium obesum ssp. socotranum
,
détail des fleurs (île de Socotra).
Pachypodium brevicaule
, massif de
l’Ibity (Madgascar).
Pachypodium inopinatum
,
lac Alaotra (Madagascar).
Pachypodium rosulatum makayense
(Madagascar).
Dendosicyos socotrana
, en fruits
(île de Socotra).
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(les Commiphora, cinq espèces), la rose du
désert (Adenium obesum ssp. socotranum),
l’arbre à concombres (Dendrosicyos soco-
trana), le dragonnier de Socotra (Dracaena
cinnabari), à sève rouge, et le Dorstenia
gigas, de la famille des mûriers, plante-
bouteille de deux mètres cinquante de
hauteur, accrochée aux falaises.
La rose du désert forme un arbrisseau de
cinq à sept mètres de hauteur, dont le tronc
s’enfle démesurément, et l’on peut parler de
« plantes obèses », qui peuvent atteindre
jusqu’à un mètre vingt à un mètre cinquante
de diamètre à la base ! Durant les mois de
mars et avril, la plante fleurit, donnant une
profusion de fleurs roses, de cinq centimè-
tres de longueur, d’une grande beauté.
L’arbre à concombres (la seule espèce de
Cucurbitaceae arborescente), forme des
arbres bouteilles de plus de six mètres de
hauteur, et d’environ deux mètres de dia-
mètre à la base. Après la floraison estivale,
l’arbre se couvre de fruits (petits concom-
bres) de cinq centimètres de longueur, qui
ne sont pas comestibles.
La famille des
Apocynaceae
Parmi les plantes à caudex, cette famille
est particulièrement riche en arbrisseaux
et sous-arbrisseaux à tiges pachycaules*,
en forme de bouteille.
Ce sont des arbustes ou lianes rarement
herbacées, vivaces, à feuilles le plus souvent
opposées ou verticillées, simples, entières.
Les fleurs actinomorphes** ont un calice
glanduleux et une corolle (cinq pétales), à
tube, en général développé.
L’androcée (cinq étamines) est attaché au
tube de la corolle.
Le gynécée (pistil), bicarpellé, donne à
maturité un fruit constitué de deux folli-
cules contenant des graines fréquemment
plumeuses.
Parmi les 250 genres, trois sont constitués
d’espèces succulentes : Adenium, Pachypodium
et Plumeria.
Le genre Adenium
Plantes des régions chaudes d’Afrique du
sud et de l’est, ainsi que d’Arabie, ayant
l’aspect d’arbrisseaux ou de petits arbres à
tronc succulent. Les fleurs actinomorphes
gamopétales, de 2 à 5 cm de longueur et de
4 à 6 cm de diamètre au sommet, ont une
corolle tubulaire terminée par cinq lobes
horizontaux. Les corolles sont de couleur
rose, rouge à pourpre et parfois blanche.
Le genre comprend une seule espèce,
Adenium obesum, mais six sous-espèces
sont identifiées :
- Adenium obesum ssp. obesum : Afrique de
JARDINS DE FRANCE NOVEMBRE 2008
Adenium obesum ssp. socotranum
, un bosquet (île de Socotra).
* Du grec pachy qui signifie épais et caula qui signifie tige ou tronc, ce sont des arbres au tronc enflé, sou-
vent en forme de bouteille. ** Se dit d’une fleur présentant une symétrie axiale. *** Qui a la forme d’un cierge.
l’est et Arabie. C’est la sous-espèce qui a
la plus grande aire de répartition avec des
formes différentes, des petits arbres de
2,50 m de hauteur ou des caudex émer-
geant du sol, à fleurs roses, rose panaché
de blanc, et parfois blanches.
- Adenium obesum ssp. oleifolium : nord de
l’Afrique du Sud, sud-est de la Namibie et
sud du Botswana. C’est un sous-arbris-
seau de 0,30 m à 0,40 m de hauteur avec
un caudex d’environ 15 à 20 cm d’épais-
seur, enterré dans le sol, à fleurs roses.
- Adenium obesum ssp. boehmianum : Namibie
et sud de l’Angola. Ce sont des arbrisseaux
d’environ 2 m de hauteur, avec la base des
tiges épaissie, à fleurs roses à pourpres.
- Adenium obesum ssp. somalense : Somalie.
Plantes ayant le plus souvent un tronc
succulent conique, de 2 m de hauteur, et
des fleurs roses ou blanc marginé de rose.
- Adenium obesum ssp. socotranum : île de
Socotra. Plantes majestueuses, à tronc suc-
culent pouvant atteindre 6 m de hauteur,
et à fleurs d’un rose brillant.
- Adenium obesum ssp. swazicum : Swaziland.
Plante de 0,20 m à 0,70 m de hauteur, à
tronc partiellement enterré, et à fleurs
rouges à rose foncé.
Le genre Pachypodium
Plantes des régions chaudes d’Afrique du
Sud et de Madagascar (cinq espèces en
Afrique du Sud et 22 espèces et sous-espèces à
Cactées & succulentes
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Dendrosicyos socotrana
, île de Socotra (Yémen),
seule Cucurbitaceae arborescente.
Adenium obesum ssp. socotranum
(île de Socotra).
Bien cultiver les plantes à caudex
Les plantes à caudex – pieds d’éléphant – poussent dans des régions où le manque
d’eau dure de trois à neuf mois. Cette période sèche correspond au repos de la vé-
gétation. Dès que la pluie arrive, ces plantes fleurissent et se couvrent de feuilles.
Elles vont assurer en quelques mois leurs cycles végétatif et reproducteur.
Les arrosages : un principe de base doit être respecté, ne pas arroser une nouvelle
fois tant que la terre de surface est humide. Arroser régulièrement et modérément,
une fois par semaine environ, durant la période de végétation, en général d’avril
à octobre. Diminuer les arrosages à l’automne et les interrompre totalement de no-
vembre à mars/avril. Reprendre les arrosages lorsque la plante commence à bour-
geonner.
Les températures : durant l’hiver, les plantes à caudex doivent être conservées à
une température de 12 à 15 °C. Certaines espèces, telles que les Adenium ou certains
Pachypodium, Pachypodium rosulatum par exemple, doivent être maintenues à des
températures de 18 à 20 °C.
Le substrat : la terre du pot doit être poreuse pour éviter une humidité excessive
au niveau des racines. On peut utiliser un mélange comportant 1/3 de terre de jar-
din, 1/3 de sable siliceux et 1/3 de graviers de quartz. Pour les espèces sensibles
à l’humidité, il est possible d’augmenter la quantité de graviers.
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