La guerre d`Algérie 1962

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DE SES ORIGINES LOINTAINES A 1962
Par Francis AGOSTINI
Ancien des Commandos Nord Vietnam
Président départemental de l'Union
Fédérale des Bouches-du-Rhône
Président du Comité de Coordination des
associations d'Anciens Combattants et
Victimes de Guerre de Marseille et des
Bouches-du-Rhône.
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
Pourquoi ai-je rédigé ce petit ouvrage de quelques pages remis à jour ? Tout
simplement pour tenter d’expliquer aux anciens d’Afrique du Nord pourquoi ils avaient été
envoyés en Algérie, Tunisie et Maroc, et pour faire comprendre aussi d’où venaient les
racines du mal.
Une guerre ou plutôt les guerres, hélas, ont des causes très lointaines, et ce fut
d’ailleurs le cas de l’Algérie, guerre de laquelle il faut dissocier la Tunisie et le Maroc qui
n’étaient que des protectorats et non des départements français.
Ces guerres dites coloniales, étant toutes différentes les unes des autres,
surprennent toujours l’opinion publique, pourtant là des signes précurseurs n’avaient pas
manqué…. Et cela a coûté la vie aux quatre premiers militaires, morts pour la France, morts
hélas qui ont été suivis par bien d’autres, puisque les instituteurs Monnerot et le caïd Hadj
Sadok sont également abattus par un groupe de terroristes composé de Chihani, Mohamed
Sbaïhi et un troisième homme non identifié.
Il était donc normal que l’on se souvienne de leurs noms.
Pierre AUDAT, aurait eu vingt et un ans le 16 novembre 1954 ;
il était appelé au 9° Régiment de Chasseurs d’Afrique stationné à Batna sur la route de
Lambèse.
Eugène COCHET, vingt et un ans, brigadier-chef au 2/4°
Régiment d’Artillerie. De garde tous les deux, ils tentèrent courageusement de donner l’alerte
lorsque la caserne fut attaquée, mais sans munitions, ils furent abattus sans avoir pu riposter.
André MARQUET, originaire du Nord de la France, également
appelé au 4° Régiment d’Artillerie, fut tué à la porte du poste de garde à Khenchela.
Le lieutenant DARNAULT, commandait le peloton de Spahis de
Khenchela, et c’est en rejoignant son poste pour diriger la contre-attaque avec ses spahis, qu’il
fut tué ; il fut le premier officier de carrière à tomber sous les balles des rebelles.
Pour nos camarades, anciens d’Afrique du Nord, la guerre d’Algérie, et il faut
bien l’appeler comme cela, même si ces évènements se sont déroulés dans des départements
français, et là est bien le paradoxe, a commencé en fait il y a bien longtemps. Certes le 1°
novembre 1954, il y eut ce que l’on a nommé « la Toussaint rouge », caractérisée par deux
séries d’incidents distincts, mais bien coordonnés à partir du Caire et ce dans la nuit de la
Toussaint 1954.
Ainsi le déclenchement de la rébellion vit trente cinq attentats se perpétrer dans le
Tell entre l’Est Constantinois et la grande banlieue d’Oran.
Le but de ces attentats était surtout de provoquer un choc psychologique, destiné à
la fois à traumatiser la population d’origine européenne, mais également d’entraîner ensuite
les différents clans messalistes fortement divisés, contre la tutelle française, mais fort
heureusement le résultat fut pratiquement nul.
En Grande Kabylie, la situation est alors beaucoup plus préoccupante, la
population Kabyle couvrant ou appuyant les maquis rebelles s’y étant implantés.
Dans les Aurès, c’est l’embrasement général où l’on dénombre plus de soixante
dix attentats, 7morts dont le caïd Hadj Sadok et l’instituteur Monnerot tués tous deux dans
l’embuscade de Tighanimine, et le même jour le F.L.N. fait sa première proclamation se
déclarant prêt à mener une longue et âpre lutte contre la présence française.
Plusieurs déclarations d’hommes politiques français et non des moindres prônent
la répression, que ce soit du côté de François Mitterrand, alors ministre de l’intérieur ou de
Pierre Mendès-France ; déclarations qui d’ailleurs varieront au gré des évènements tout le
long de la guerre d’Algérie, tromperont nombre de braves gens, n’arrêteront pas les combats
ni les pertes de par et d’autres ; ainsi sont nos hommes politiques et l’on doit dire que rien n’a
changé depuis le temps…..
L’engrenage de la violence se mettait en place et pourtant les moyens déployés
par le F.L.N à l’époque, si l’on en croit les chiffres, dérisoires ! 350 hommes en armes dans
les Aurès, 420 en Kabylie, 50 à 60dans l’Algérois et en Oranie…
Les effectifs militaires français sont portés en 1955, soit presque cinq mois après
le début de la rébellion, à 100.000 hommes, et pourtant le 20 août 1955, c’est l’insurrection
généralisée dans le Nord Constantinois - Wilaya II - où trente neuf localités sont attaquées,
171 européens sont égorgés dont un tiers d’enfants comme à la mine d’El Halia ; en
représailles 1273 musulmans sont exécutés.
Le 30 août l’état d’urgence est décrété dans toute l’Algérie, et en novembre c’est
la création des premières SAS - Sections Administratives Spécialisées Début 1956, le gouverneur Jacques Soustelle est remplacé par le général Catroux,
qui démissionne au bout de huit jours, et est lui-même relevé par Robert Lacoste, membre de
la SFIO.
En métropole le FLN manifeste contre le vote des pouvoirs spéciaux…
Le 4 avril 1956 l’aspirant communiste Maillot déserte avec un camion d’armes,
mais il est rattrapé par la harka du bachaga Boualem et abattu les armes étant récupérées.
Le service est porté à 27 mois et on rappelle 70.000 réservistes, le contingent
commençant à être débarqué en Algérie en renfort ce qui ne manque pas de soulever de
nombreuses manifestations organisées par le parti communiste et ses alliés intellectuels.
Le 18 mai, c’est l’embuscade meurtrière de Palestro où 19 de nos soldats sont tués
et 49 colons sont assassinés.
70 musulmans sont tués dans la Casbah d’Alger à la suite de manifestation
d’européens ; le 21 juin se tient le congrès de la Soummam en Kabylie avec la réunion de
plusieurs responsables politiques de haut niveau du FLN.
Au mois de septembre, les effectifs du contingent sont portés à 600.000 hommes,
et le 22 octobre, c’est le détournement de l’avion des chefs militaires et politiques du FLN
vers Alger : en représailles plusieurs dizaines de nos concitoyens vivant au Maroc sont
massacrés près de Fès.
Du 2 au 5 novembre, c’est l’expédition de Suez…
En 1957, ce sont les deux batailles d’Alger visant à réduire le terrorisme urbain, le
massacre de Mélouza, les combats généralisés dans le Sud Constantinois, à Chéria, Guentis,
Oued El Abiod, Djeurf, la grotte des Juifs, le Djebel Onk etc… Dans l’Atlas Blidéen où se
distingue encore le colonel Bigeard et son 3° Régiment de Parachutistes Coloniaux.
En octobre ce sont les opérations menées au Sahara à Timimoun, Hassi Rhambou
et Hassi Krélala. Puis la Kabylie.
1958 voit le début de la construction du barrage sur la frontière Est de l’Algérie, la
ligne Morice , qui va gêner considérablement le passage des Katibas en provenance de la
Tunisie, qui offre une aide importante tout comme le Maroc à la rébellion algérienne.
D’ailleurs le 11 janvier 1958, 14 soldats français sont tués au cours d’un
accrochage avec deux Katibas, qui se réfugient en Tunisie en emmenant 4 de nos prisonniers,
protégées par les tirs de la garde tunisienne opérant à partir du poste de Sakiet Sidi Youssef,
où se trouvent des pièces de DCA et des casernements de l’ALN. Les incidents se
poursuivant, un de nos avions est durement touché par le tir des mitrailleuses et doit se poser
en catastrophe à Tébessa, une opération aérienne est déclenchée contre Sakiet Sidi Youssef ;
mais comme toujours les installations militaires de l’ALN sont implantées au milieu de la
population civile tunisienne et des réfugiés algériens, lui conférant une sorte d’impunité, mais
qui cette fois ne joue pas et si les installations sont bien détruites, il y a 72 morts dont 12
enfants…Et le FLN exécute les 4 militaires français prisonniers. Suivent bien sûr toute une
série d’opérations dans les Aurès et Némentchas, dans le Constantinois près de Guelma, mais
l’annonce de l’exécution de nos soldats déclenche à Alger de violentes manifestations dont
sortira le 13 mai et la création du Comité de salut public rapidement pris en compte par les
politiques opposés au gouvernement.
L’appel lancé au général de Gaulle est largement entendu et ce dernier revient au
pouvoir.
En septembre le GPRA est créé au Caire avec à sa tête Ferhat Abbas.
Le 28 septembre, c’est le référendum sur la constitution de1958, où le Oui
prédomine à 98%, le général de Gaulle effectuant un voyage en Algérie annonce la mise sur
pied du plan de Constantine et pendant ce temps là les opérations contre le FLN se
poursuivent notamment dans le massif de l’Akfadou en Kabylie.
Les propositions de paix lancée par le gouvernement français sont rejetées par le
GPRA et en novembre les élections législatives donnent une majorité aux partisans de
l’intégration ; Paul Delouvrier est nommé délégué général, le général Challe devenant
commandant en chef en Algérie.
1959 voit le développement accru des opérations militaires contre l’ALN et les
Wilayas, couronnées de succès puisque Amirouche commandant de la Wilayas III et Si Aouès
de la wilaya IV sont tués.
Par contre en Suisse et en France les réseaux de soutien au FLN s’organisent -Les
porteurs de valises- se rencontrent pour mettre au point les filières d’aides notamment en
argent, récupéré auprès des travailleurs algériens en France et à l’étranger comme impôt…..
En juillet ce sont les opérations Jumelles et Pierres précieuses ; du 27 au 31 août
le général de Gaulle effectue la première tournée des popotes et déclare, je cite « Moi vivant,
le drapeau du FLN ne flottera pas sur l’Algérie » Et pourtant maintenant il flotte non
seulement en Algérie, mais aussi impunément en France ! - Mais le 16 septembre, il proclame
au cours d’une allocution le droit des algériens à l’autodétermination par référendum, et
propose soit la sécession, la francisation ou l’association….. Nouveau refus du FLN par le
GPRA qui exige préalablement à toute discussion, l’indépendance totale de l’Algérie.
Plusieurs déclarations de hauts responsables français et notamment de Paul
Delouvrier semblent être à contre courant des propos du chef de l’Etat, le délégué général
déclarant lui-même que « Nous nous battons pour une Algérie française ».
En 1960, le général Massu est rappelé en métropole ayant tenu des propos peu
appréciés par Paris, et cela soulève à nouveau l’inquiétude des européens en Algérie ; il est
remplacé par le général Crépin et en janvier c’est la semaine des barricades à Alger où l’on
dénombre après de graves incidents 22 morts et plus de 150 blessés - En février les unités
territoriales jugées peu sures, sont dissoutes sur ordre du gouvernement.
Du 3 au 5 mars le général de Gaulle effectue une seconde tournée des popotes,
insistant sur la nécessité d’une victoire complète et le droit de la France de rester en Algérie,
mais parle aussi d’une Algérie algérienne liée à la France et renouvelle à la rébellion ses
offres de négociation.
Le général Crépin remplace le général Challe ; il reste à ce moment là en Algérie
à peu près 22.000 combattants de l’Armée Nationale de Libération - A.L.N.- alors qu’il y en
avait pas loin de 46.000 en mai 1958 : de nombreuses opérations sont encore menées dans le
Djebel Mzi - Des chefs illustres de l’ALN trouvent à nouveau la mort comme Si Lakdar et Si
Salah.
A Paris se déroule durant ce temps là le procès des porteurs de valises du FLNLe procès du réseau Jeanson- et dans la capitale même, le FLN se permet d’attaquer des
commissariats de police et d’abattre des policiers…..
Le général Salan se trouve en Espagne, tandis que le procès des barricades se tient
lui aussi à Paris.
Le général de Gaulle annonce un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie,
et à Alger, monsieur Jean Morin remplace monsieur Paul Delouvrier.
Lagaillarde rejoint le général Salan en Espagne et du neuf au treize décembre de
nombreuses manifestations ponctuent le voyage du général de Gaulle, on dénombre plus de
96 morts. L’ONU s’en mêle et reconnaît le droit du peuple algérien à l’autodétermination….
Le 8 janvier 1961, le référendum sur l’autodétermination donne 73% de oui en
métropole et 69% en Algérie ; Lagaillarde fonde l’OAS en Espagne, pendant que du 20 au 22
février des entretiens secrets se déroulent en Suisse entre une délégation française conduite
par messieurs Pompidou et Bruno de Leusse et une délégation du GPRA.
Le 2 mars le procès des barricades se termine à Paris par l’acquittement des
inculpés présents : le 30 mars les médias annoncent l’ouverture des pourparlers d’Evian, et
peu de temps après le maire de cette ville est assassiné.
Du 22 au 25 avril c’est le putsch des généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan à
Alger, putsch qui avorte, l’Armée ne suivant que très peu cette tentative, par contre l’OAS
s’implante en Algérie - Le commissaire Gavoury est assassiné.
Le général Ailleret remplace le général Gambiez et le 15 c’est la rupture des
négociations à Evian à cause du statut du Sahara et des garanties de la minorité européenneOn verra bien plus tard ce que valait la parole des négociateurs algériens du GPRA…
Condamnation à Paris par contumace des auteurs du putsch.
Le général de Gaulle admet le 5 septembre au cours d’une conférence de presse
que l’Algérie puisse devenir indépendante et revendiquer le Sahara.- Cela sera une désillusion
de plus……
Négociations à Lugrin avec le GPRA et nouvel échec à cause du Sahara.
Le 11 septembre on assiste à des affrontements sanglants entre européens et
musulmans à Oran : le 17 octobre à Paris les manifestations déclenchées par le FLN sont très
durement réprimées par la Préfecture de police ; il y a eu plus de 11538 arrestations et de
nombreux morts parmi les manifestants -Entre 30 et 50 parmi les manifestants et chez les
opposants au FLN, ce dernier profitant de l’évènement pour liquider ses opposants et occuper
les médias.
Georges Bidault fonde le CNR avec Jacques Soustelle et le général Gardy, tandis
qu’Abdérhamane Farès est arrêté à Paris.
Du 21 au 22 novembre en Algérie une série d’opérations se déroulent dans les
régions de Bab’ Bar et Oum Teboul. L’OAS tente d’étendre son emprise tant en métropole
qu’en Algérie.1962, voit l’assassinat à Alençon d’un fonctionnaire communiste réputé proFLN, et des purges internes ont lieu au sein même de l’OAS- Le colonel Château-Jobert dit
Conan, ancien chef de corps du 2° régiment de Parachutistes Coloniaux rejoint l’OAS.
Du 10 au 19 février ce sont les négociations des Rousses dans le jura, et à partir
du 19 février, le général Katz à Oran mène une politique anti-OAS à la suite des très
nombreux attentats perpétrés par ce mouvement, attentats qui font une dizaine de morts : à
Alger c’est l’opération Rock and Roll, toujours menée par l’OAS où l’on compte plus de 100
explosions dans une nuit.
Entre le 7 et le 18 mars se tient la conférence d’Evian, la signature des accords se
déroulant le 18, tandis que le cessez le feu, lui, intervient le 19, cessez le feu illusoire, puisque
non respecté sur le terrain où de nombreux morts seront relevés jusqu’au 2 juillet 1962, tant
du côté des forces de l’ordre que de celui des supplétifs servant aux côtés de l’Armée
française.
Le 23 mars éclate une fusillade entre les forces de l’ordre et l’OAS à Bab el Oued
à Alger. Le 25 mars le général Jouhaud est arrêté à Oran.
Le 26 c’est la fusillade de la rue d’Isly à Alger à la suite d’une manifestation au
monument aux morts sur le plateau des Glières : la troupe, composée en grande partie de
jeunes soldats musulmans du contingent, et mal commandée tire sur la foule - Un jeune sousofficier français pris de panique a ordonné d’ouvrir le feu, et par la suite les cadres n’ont pas
réussi à faire cesser le feu - On dénombre 49 morts et 200 blessés dont 2 dans la troupe.
L’OAS continue à développer ses activités notamment en Oranie, le chef des
commandos delta est arrêté et un maquis OAS ne peut s’implanter en Kabylie.
Le 8 avril, a lieu le référendum sur les accords d’Evian entériné par 90% de oui.17.508.607 oui contre 1.795.061 non, 6.589.837 abstentions et 1.098.238 nuls. Le sort de
l’Algérie est réglé ! Le général Jouhaud est condamné à mort le 13 avril.
Le général Fourquet remplace le général Ailleret, le général Salan est lui-même
arrêté : d’avril à mai l’OAS tente l’opération terre brûlée et l’on va dénombrer 62 morts à
Alger à la suite de divers attentats.
Le 19 mai commence l’exode des européens, tandis que naissent les premières
difficultés politiques internes au GPRA, le CNRA de tripoli dénonçant les accords d’Evian
comme une plate-forme néo-colonialiste.
Le 3 juillet la France reconnaît l’indépendance de l’Algérie, s’en est finie de 130
ans de présence française dans ce pays.
UNE POLITIQUE INCOHERENTE DE COLONISATION OFFICIELLE,
D’ASSIMILATION… ET DEJA D’ALGERIE ALGERIENNE
Un peu d’Histoire ; Alger fut occupée le 5 juillet 1830, après que les forces
françaises eussent débarquées à Sidi Ferruch.
L’expédition d’Alger décidée en Conseil des ministres du 31 janvier 1830, par le
ministère Polignac, était surtout destinée à masquer les difficultés internes de Charles X,
l’affaire du chasse-mouches nous permettait ainsi de substituer notre autorité à celle de la
puissance turque….
En effet à notre arrivée, l’Algérie était possession turque, la population étant
composée d’arabes et de berbères islamisés constituant une mosaïque de tribus vivant sans
limites et sans frontières, d’israélites de la diaspora établis en Algérie.
Je ne vais pas rappeler ici la présence ancienne des carthaginois, ni des romains et
de la chrétienté en Afrique du nord, ni parler des grandes invasions, mais aussi préciser que
l’Islam comme à beaucoup d’autres endroits s’est imposé par la conquête, donc par la force et
balayé les autres civilisations implantées sur ces territoires, mais de cela on en parle moins…
Le jour de l’occupation d’Alger, la convention qui est signée entre le maréchal
Bourmont et Hussein, donnait toute garantie aux habitants tant pour leur liberté, que pour
l’exercice de leur religion et la possession de leurs biens.
Mais les militaires, alors mal conseillés, commirent leurs premières erreurs :
-
Rejet de la milice turque qui assurait tant bien que mal la police
-
Promotion des Maures et des Israélites.
à Alger.
En France, déjà se dessine un parti anticolonialiste, composé de commerçants,
négociants et de personnalités qui craignaient la concurrence des produits que pourraient
exporter cette nouvelle colonie…
Cette période fut celle des tâtonnements et des hésitations, car fallait-il poursuivre
et étendre la colonisation ou bien à se borner à administrer ce qui était déjà conquis ?
Les premières erreurs furent suivies par bien d’autres notamment lors de la
signature le 26 février 1834 du traité Desmichels, qui reconnaissant Abdelkader comme émir,
lui conférait des titres qu’il ne possédait pas, et c’était lui donner beaucoup trop d’importance,
importance que nous allions payer cher à l’avenir.
Comme dans toute conquête, débuta par la suite toute une série d’escarmouches
qui peu à peu se transformèrent en guerre larvée où s’illustrèrent nombre de nos généraux
comme Trezel, Bugeaud, entrecoupées de période de calme relatif.
Le traité de la Tafna est signé en mai 1837, le 6 mai 1843 c’est la prise de la
Smalah d’Abdelkader, lui-même se rendant en 1847 alors qu’il était traqué jusque dans les
confins algéro-marocains, cela mettant fin temporairement aux opérations militaires de
grandes envergures.
Mais l’occupation restreinte ne fut bientôt plus qu’une chimère et avec Bugeaud il
n’y eut plus de demi-mesures.
Il fut alors décidé que la conquête totale de l’Algérie soit totale, qu’elle soit suivie
d’une colonisation intensive et que l’administration du pays soit celle de la France, et par
l’ordonnance du 31 octobre 1838 fut créée une haute administration de l’Algérie.
Le 1° février 1834 furent mis en place des bureaux arabes.
Il y a une chose qu’il faut bien préciser et que nos concitoyens connaissent mal, ce
sont les conditions dans lesquelles s’est mis en place la colonisation de l’Algérie ; elle
s’effectue dans ses débuts dans des conditions d’insalubrité effroyables, et de nombreuses
pertes en vies humaines par maladie.
Cette colonisation fut l’œuvre exclusive de pionniers montrant un rare courage car
le pays était une terre où nul n’avait rien fait avant la présence française, depuis celle des
romains… Ce furent les temps héroïques de l’implantation dans des régions particulièrement
inhospitalières, cette colonisation semblant un peu calquée sur celle des romains, avec la mise
en place des vétérans des légions et fut avant tout militaire ; le peuplement étant le fait de
soldats et de familles de soldats, le terme de mariage au tambour étant le plus employé à
l’époque. Bien plus tard commencèrent à arriver des étrangers.
En 1846, 45.000 émigrants étrangers pour la plupart d’entre eux avaient
débarqué ; en 1848 ce furent « les quarante-huitards », chômeurs parisiens de la révolution
de la seconde République qui vinrent grossir les rangs des premiers occupants.
Les terres qui furent attribuées aux colons provenaient d’origines diverses :
-
Les biens du Beylik, environ 600.000 à 900.000 hectares
-
Les biens Habous
-
Les terres Maghzen
-
Les séquestres - 500.000 hectares.
-
Les expropriations pour cause d’inculture soit environ 260.000
-
Le cantonnement
-
Les forêts
-
Soit un total de 1.700.000 hectares dont 200.000 ont été concédé
hectares.
à des musulmans.
La seconde République prône pour l’Algérie une politique d’assimilation, la
constitution de 1848 précisant déjà que le territoire de l’Algérie est déclaré territoire français.
Le gouvernement d’alors se préoccupe de rassurer les colons et les 9 et 16 décembre 1848, le
territoire algérien était transformé en trois départements français et en outre une grande partie
des services publics fut rattachée à l’autorité directe des ministères parisiens correspondants,
ce qui diminua considérablement l’action et l’importance du gouvernement général.
Ces départements calqués administrativement sur ceux de la métropole élisaient
chacun un député à l’Assemblée Nationale.
En ce qui concerne cette première phase, on peut conclure que la conquête vise à
l’assimilation complète.
En Algérie de 1851 à 1861 se déroule une période de pacification, ce qui prouve
qu’il existe encore quelques foyers d’agitation, et de réorganisation sous les auspices du
maréchal Randon, avec soumission de la Kabylie, occupation du Sud Oranais et mise en
valeur des oasis du Sud Constantinois.
Le 2 juin 1858, il est créé le ministère de l’Algérie et des colonies à Paris…
En septembre 1860, l’empereur Napoléon III effectue un voyage à Alger et
supprime à son retour le ministère de l’Algérie et rétablit le gouvernement général.
A partir de 1862, les vues impériales changent de nouveau, l’empereur Napoléon
III sort l’Emir Abdelkader de sa résidence surveillée d’Amboise et le fait acclamer à Paris et
rêve de faire de l’Algérie un royaume arabe !
Il semblerait à l’époque, que l’empereur ait subi l’influence de Thomas Ismael
Urbain, mulâtre islamique, chef de bureau au ministère de l’Algérie à Paris qui préconisaient
quelques idées fortes :
-
La colonisation n’est pas viable.
-
Il ne faut pas désagréger la société indigène sous peine de la
-
Développer le commerce et l’industrie en Algérie.
livrer à l’exploitation.
L’empereur qui semble enthousiasmé par les idées d’Urbain, se déclare par
Sénatus-consulte de 1863, empereur des français et des arabes, la France reconnaissant aux
tribus arabes la propriété des territoires dont la jouissance permanente et traditionnelle. Le
Sénatus-consulte du 14 juillet 1865, définit les notions de nationalité et de citoyenneté de
l’indigène musulman à l’égard de la France, mais beaucoup d’ambiguïtés demeurent, comme
par exemple l’indigène musulman est français, mais il continuera à être régi par la loi
musulmane…
Le décret du 27 décembre 1866 annonce une véritable association des musulmans
à la vie politique française ; en effet dans les villes est accordé aux algériens le droit de vote et
d’être élu pour les conseils municipaux avec la création des communes de plein exercice.
En juin 1870, un nouveau décret autorise l’élection de conseillers généraux
musulmans, décret qui sera abrogé dès décembre 1870, après la chute de l’empire par le
régime républicain... !
Toutes ces initiatives prises par l’empereur favorisant sur le plan électoral les
musulmans algériens semblent en contradictions avec la création de grandes propriétés
concédées à des sociétés financières :
-
La compagnie genevoise qui reçut 25.000 hectares ;
-
La société algérienne qui deviendra la compagnie Algérienne,
-
La société du domaine de l’Habra qui s’agrandit de 24. 000
100.000 hectares.
hectares.
En outre 100.000 hectares des plus belles forêts furent concédés
gratuitement en 1862 et 1863 à une trentaine de bénéficiaires.
De telles incohérences allaient se retrouver à la chute de l’empire et à l’avènement
de la III° république.
ASSIMILATION
ET REPRESSION
SOUS LA TROISIEME REPUBLIQUE
La chute de l’empire le 4 septembre 1870, la poursuite de la guerre contre
l’empire allemand et l’avènement de la III° république devaient agiter à nouveau l’Algérie.
Tout d’abord les troubles de la Commune furent vécus avec une extrême intensité
à Alger ; les fonctionnaires impériaux furent pourchassés par les colons qui s’étaient érigés en
Comités de salut public - Déjà ! – et ce triste spectacle donné aux populations indigènes ne
redora pas le blason de la métropole.
En France les décrets Crémieux du 24 octobre 1870 assimilaient totalement
l’Algérie à la France et la publication de cinquante huit décrets en moins de cinq mois allaient
déclencher toute une série de révoltes meurtrières, notamment celui donnant la nationalité
française aux israélites en Algérie en oubliant les populations arabes…
Le fils aîné d’Abdelkader tenta de ranimer la guerre sainte, puis en Kabylie
150.000 hommes sous l’emprise du bachaga Mokrani se soulevèrent, l’insurrection se
poursuivant de mars 1871 à janvier 1872, la répression étant terrible et hors de proportion
avec la révolte elle-même.
S’ensuivirent des expropriations, des séquestres 500.000 hectares de terres furent
distribués aux Alsacien–mosellans fuyant le régime impérial allemand après l’annexion des
trois départements du Bas Rhin, Haut Rhin et de la Moselle, et émigrant en Algérie.
De nombreux musulmans furent déportés également.
Les lois Warnier de 1875, la loi de 1874 et le code l’indigénat furent impopulaires
au possible : en 1881, une nouvelle révolte conduit à une nouvelle répression et l’assimilation
tente de se poursuivre par les rattachements des affaires algériennes à Paris par le décret du 26
août 1881. En fait les affaires algériennes vont dépendre de huit ministères…
En 1889 est promulguée la loi sur les naturalisations automatiques des étrangers
résidant en Algérie.
Les premières tentatives d’étude de situation politique, économique et sociale des
indigènes furent le fait de Jules Ferry ; Jaurès interpelle d’ailleurs les députés lors de la séance
à la Chambre des Députés le 13 février 1893 pour que soit pris en compte l’octroi des droits
politiques des populations indigènes.
Pourtant il semble bien que ce soit la fin de cette tentative de politique
d’assimilation, car le 31 décembre 1896, une loi abrogeant les rattachements, le
gouvernement général d’Algérie retrouvant toute son autorité sur l’administration.
Et pendant ce temps là, en Algérie, la crise antisémite qui couvait depuis la
promulgation des décrets Crémieux en octobre 1870, décret conférant la nationalité française
aux seuls israélites en oubliant les populations indigène éclate.
Fondation de ligues anti-juives dès 1896 et des émeutes ont même eut lieu, des
magasins juifs sont saccagés et pillés, plusieurs membres de la communauté israélite sont
assassinés, trois députés antisémites sont élus, européens et arabes faisant cause commune
contre les juifs.
Ces derniers sont rendus responsables des maux et des malheurs de la politique
gouvernementale en Algérie, suivant le vieil adage, hélas bien connu, que dès qu’il y a une
calamité dans le monde c’est la faute aux juifs…
Pourtant ces derniers avaient été tout comme les colons, d’ailleurs, les promoteurs
du renouveau économique de l’Algérie.
La loi du 19 décembre 1900 reconnut la personnalité algérienne et pour la
première fois l’on vit des délégations financières mixtes composées de 48 français,17 arabes
et 8 kabyles, le Conseil supérieur de gouvernement étant lui composé de hauts fonctionnaires
et de membres des délégations financières.
L’organisation administrative de l’Algérie de 1900 devait subsister pratiquement
jusqu’en 1945, traversant maintes tempêtes ; les différentes politiques voulant à la fois
l’assimilation et une sorte de non-ingérence dans les affaires arabes, ce qui était inconciliable
à priori et allait nous conduire à une sous administration du pays, nous appuyant sur
l’intervention non pas des élites algériennes, mais sur celle, le terme est peut-être un peu fort
sur des féodaux, Caïds, Bachagas etc… ce qui nous a fortement desservi, ne favorisant que
très peu les classes moyennes et négligeant pratiquement le peuple par une déshumanisation
de notre administration.
Ainsi, si les musulmans algériens ne sont pas encore citoyens français, d’autres
musulmans venus des territoires voisins de la Tunisie et du Maroc deviennent français à part
entière du fait du décret sur le service militaire obligatoire pour les musulmans.
L’élite musulmane demande ;
-
La suppression du code de l’indigénat et des inégalités dans les
-
L’octroi de la nationalité française sans perte du statut
-
Un enseignement accru.
-
Un nombre de représentants musulmans un peu plus élevé dans
assemblées élues.
coranique.
les assemblées élues.
En vérité ces demandes auraient pu peut-être changer la face des choses et
permettre une évolution de l’Algérie vers une autre destinée.
Le 1° mai 1918 , Marius Moutet, dépose un projet de loi donnant aux indigènes
l’accession aux droits civils et politiques, mais cela n’aboutit pas, la loi du 4 février 1919
n’accordant qu’une partie des réformes demandées, c'est-à-dire :
-
L’égalité fiscale
Tout musulman âgé de 25 ans, ayant servi dans l’Armée
française ou propriétaire, commerçant, fonctionnaire, diplômé de l’Université peut être
électeur et être élu.
-
Un adoucissement à peine perceptible du code de l’indigénat.
Des possibilités d’accession à la citoyenneté française mais avec
perte du statut coranique. La perte du statut coranique est particulièrement mal ressentie et
représentait déjà à l’époque une atteinte aux libertés individuelles, une atteinte aux libertés
religieuses incompatibles avec la devise de la république Liberté-Egalité-Fraternité. En fait
c’était faire renier l’Islam à des musulmans ayant choisi de devenir français, autant demander
à un chrétien de renier le Christ.
A l’avènement du Front Populaire en 1936, une deuxième tentative de dialogue
sembla se préciser avec le projet Blum-Violette, et il était pourtant bien modeste et, en fait
accordant la citoyenneté française sans perte de leur statut personnel à certaines catégories de
musulmans considérés comme plus évolués ou ayant donné des preuves de loyalisme.
La gauche, pas plus que ses prédécesseurs n’a été capable de mettre en route le
processus de la dernière chance, et face aux atermoiements du gouvernement Blum, qui
préfère donner la priorité aux préoccupations sociales de l’époque, et le projet est tout
simplement retiré.
Le nationalisme arabe de Messali Hadj, fomenté depuis la création de l’Etoile
Nord Africaine en 1926 par Abdelkader Hadj Ali, va prendre un ton plus violent et déclencher
toute une série d’incidents, qui nous amèneront inéluctablement à la Toussaint Rouge de
1954.
LA PARTIE LIEE DES MOUVEMENTS NATIONALISTES
ET DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
DE 1926 JUSQU’AUX EVENEMENTS DE SETIF LE 8 MAI 1945.
Quel rôle lointain, le parti Communiste français a-t-il joué dans les milieux de nos
compatriotes d’Algérie ?
Au lendemain de la première guerre mondiale un certain nombre d’Algériens et de
Kabyles émigrent en France pour travailler. Le premier parti nationaliste créé en 1926 en
métropole par Abelkader Hadj Ali, membre du comité directeur du Parti Communiste
Algérien, est l’Etoile Nord Africaine et son programme est l’indépendance de l’Algérie…
En 1927, Messali Hadj, lui membre du Parti Communiste Français, marié à une
française communiste comme lui, prend la direction de l’Etoile Nord Africaine, qui est
dissoute en novembre 1929 à la suite d’une enquête de police très poussée.
En 1933, Messali Hadj parle déjà de révolution et au cours du congrès de 28 mai
1933 à Paris, il définit son programme qui implicitement reconnaît le droit à la lutte pour
l’indépendance de la Tunisie, du Maroc et bien sur de l’Algérie. Ses réunions ne passent pas
inaperçues et font scandale notamment celle du 28 avril 1934.
600 musulmans déchaînés qui ne parlent rien moins en effet que sur l’heure, et si
Messali Hadj leur en donnait l’ordre, ils iraient égorger les premiers passants rencontrés… La
salle debout face à un étendard vert déployé dans le fond, des poignards dégainés brandis…
Les appels à la guerre sainte, les cris, je cite « A mort les roumis de Paris, à mort la France !
Le feu à la capitale, la désertion pour les travailleurs, les français à la porte de la Tunisie, de
l’Algérie et du Maroc, prenons leurs terres, poussons les à la mer… »-Nous ne sommes pas
encore en 1962, mais…- Toutes ces manifestations font que Messali Hadj est condamné à un
an de prison, mais il se réfugie à Genève en Suisse en compagnie de Chekib Arslan.
En juillet de la même année, Messali Hadj est amnistié, rentre en France et va
poursuivre sa propagande, et débarque à Alger le 2 août 1936 où il est porté en triomphe !
Il rompt quelques temps avec le Parti Communiste Algérien, mais son influence
ne diminue pas bien au contraire, et le Parti Communiste Algérien s’infiltre parmi
l’association des étudiants musulmans Nord Africains à Paris, qui eux aussi réclament
l’indépendance absolue de leur pays.
Le parti Communiste Algérien est considéré à l’époque comme une fédération du
Parti Communiste Français, et cela depuis le congrès de Villeurbanne de janvier 1936, et
jouissait d’une certaine autonomie, afin de faciliter son arabisation, le but de la propagande
communiste étant bien entendu d’obtenir à plus ou moins brève échéance l’indépendance ;
plus tard on verra les communistes passer à la phase active durant la guerre d’Algérie avec la
désertion de l’aspirant Maillot, Laban, le fabricant de bombes Yveton, et les menées d’Henri
Alleg et bien d’autres.
En 1937, Messali Hadj, crée le parti du Peuple Algérien, le PPA, en remplacement
de l’Etoile Nord Africaine dissoute on l’a vue quelques années auparavant ; Messali Hadj
incarcéré la même année, sortira de prison la veille de la déclaration de guerre de 1939.
En 1931 avait été créé à Alger l’association des oulémas d’Algérie, association à
caractère religieux, mais qui deviendra très vite une association politique, l’Islam étant une
religion où la foi se mélange au politique.
Cette association va très vite devenir une puissance à la fois sur le plan
confessionnel dont la doctrine peut se résumer en trois phrases :
-
L’Islam est ma religion.
-
L’Arabe est ma langue.
-
L’Algérie est ma patrie.
Et là encore et conformément à ses traditions de libéralisme en matière religieuse
l’administration française laisse se développer librement - Tout comme en 2010 d’ailleurs- ce
type d’association qui veut imposer sa loi…
En 1938, le docteur Bendjelloul tente de créer le Rassemblement FrancoMusulman Algérien, mais ce mouvement a une vie exceptionnellement éphémère, tandis que
Ferhat Abbas, pharmacien, tente lui de mettre sur pied après l’échec du projet Blum-Violette,
l’Union Populaire Algérienne.
Les oulémas de leur côté, pratiquent une politique de non assimilation,
excommuniant leurs coreligionnaires qui se font naturaliser ou qui épousaient des nonmusulmanes - Là on pouvait parler de racisme anti-européen et pourquoi ne pas en parler
aujourd’hui, puisque cela existe toujours !
Cette escalade, tous ces faits vont conduire dans un premiers temps aux
évènements dramatiques du 8 mai 1945.
Les groupements nationalistes face à la passivité de l’administration entretiennent
une tension généralisée par la publication de documents et par les amis du manifeste, de la
liberté - PPA, oulémas réformistes.
Le Parti Communiste Algérien appuie discrètement Ferhat Abbas, Sidi Moussa
son préparateur en pharmacie, qui est lui communiste ainsi que le propre neveu de Ferhat
Abbas, Abbas Alloua, tandis que Amar Ouzgane, secrétaire de la section du Parti
Communiste Algérien de la Casbah l’appuie plus nettement.
Indirectement le parti Communiste Algérien intervient par ses journaux comme
Alger Républicain, Liberté, et participe à la campagne d’excitation des esprits. Ferhat Abbas
va perdre petit à petit le contrôle de son parti au profit du Parti Communiste Algérien, en
essayant également aussi de tempérer la violence des extrémistes.
La propagande s’accentue, de nombreuses inscriptions sur les murs appellent au
meurtre notamment à Djelfa, je cite « Tuez les français et les juifs ». A Sétif « Français vous
serez massacrés par les musulmans » et le fanatisme musulman est exacerbé après l’exil de
Messali Hadj à Brazzaville en avril 1945.
Il est maintenant prouvé qu’en avril 1945, deux militaires musulmans ont
acheminé sur Alger, tout un plan insurrectionnel calqué sur celui des mouvements
communistes de la Résistance en métropole. Les évènements de Sétif allaient être précédés
par une série de manifestations qui débutent le 1° mai 1945, manifestations qui ont le verra
plus tard comprennent des femmes, des enfants et des vieillards.
Le bilan de ces évènements va être très lourd : 103 morts, plus de 100 blessés, des
viols, des tortures, des mutilations horribles, des pillages, incendies et des sabotages à Sétif,
Perrigotville, Takitoun, El Ouricia, Sillague, Aïn Abessa, Guelma, Didjelli, Bordj Bou
Arréridj, LaFayette, Kerrata, Chevreuil, Bled Gaffa, Lapaine, Oued Marsa, Duvivier ont été
particulièrement visées, tout comme les fermes isolées, les petits fonctionnaires, les gardes
des Eaux et Forêts, les fonctionnaires des Ponts et Chaussées, les administrateurs civils…
A l’émeute répond la répression ; la peur des colons, l’ampleur des moyens mis en
œuvre par l’Armée peut expliquer mais non excuser l’excès de cette répression.
On a parle bien souvent de 40.000 morts pour le nombre des victimes
musulmanes, mais le chiffre de 5 à 6000 morts est le plus près de la réalité bien que le chiffre
officiel soit de 1340. Il n’ y a bien sur actuellement que ceux qui veulent que l’on fassent
pénitence pour avancer des chiffres extravagants, les 5 ou 6000 morts étant déjà de trop sur le
plan humain.
En schématisant on peut dire que les émeutes de 1945 sont nées en période de
crise économique, c’était encore la guerre, et il ne faut pas oublier le rapprochement de deux
mouvements politiques importants, de l’essor du nationalisme, mais surtout du déclin de
l’autorité française après la défaite de juin 1940, la sous administration du territoire, mais
également la présence des troupes américaines de 1942 à 1945.
**********
LA VALSE DES LOIS
1939-1944
Quelle était la situation de l’Algérie au moment de la déclaration de guerre en
septembre 1939 ?
L’entrée en guerre de notre pays va pendant un certain temps mettre une sourdine
aux revendications musulmanes, la mobilisation s’effectuant sans incidents majeurs.
La plupart des chefs nationalistes s’engageront et feront leur devoir, sauf Messali
Hadj qui est emprisonné à l’époque, le Parti Communiste Algérien et le Parti Populaire
Algérien sont dissous.
Notre défaite face à l’Allemagne et à l’Italie fait perdre la face au pouvoir
métropolitain, mais le régime de Vichy semble plaire aux masses musulmanes par son côté
paternaliste et puritain, d’autant plus que les mesures qui vont être prises par le maréchal
Pétain lui attireront la sympathie des arabes et il jouira d’une réelle popularité.
Pourtant le 25 janvier 1941 éclate une mutinerie au Régiment de Marche du
Levant ; il y a une dizaine de victimes européennes, Messali Hadj est rendu responsable de
ces affrontements, passe en jugement et se voit condamner à seize ans de travaux forcés.
Les lois de la III° république sont toujours en vigueur, doublées par celles de
Vichy et la population musulmane a vu sans déplaisir aucun, l’abrogation du décret Crémieux
conférant en 1870, la nationalité française aux israélites d’Algérie, cette nationalité qui leur
était le plus souvent refusée. Dorénavant les israélites en Algérie porteront sur leur carte
d’identité, une surcharge portant la mention « Juif Indigène »
Ferhat Abbas adresse même une lettre programme au maréchal Pétain,
programme audacieux intitulé « L’Algérie de demain » auquel d’ailleurs le chef de l’Etat
français ne fait qu’une vague réponse.
A partir de 1940, les américains s’intéressent à l’Afrique du nord et notamment à
l’Algérie, et vont couvrir le territoire par de nombreux consuls dirigés par Robert Murphy,
cette implantation permettant en outre le débarquement allié le 8 novembre 1942 au Maroc,
mais aussi en Algérie. L’amiral Darlan, dauphin du maréchal, se trouve comme par hasard à
Alger au chevet de son fils, victime d’une grave attaque de poliomyélite et les alliés sont bien
obligés contraints et forcés de traiter avec lui.
Les lois de Vichy ne seront pas abrogées et il faudra attendre 1943 et l’arrivée du
général de Gaulle pour qu’elles disparaissent - Ces lois touchaient principalement les juifs
bien sur, les francs-maçons et les communistes incarcérés à la suite des décrets lois de
Daladier en 1939-1940, dans le Sud algérien.
Après l’assassinat de l’amiral Darlan par le jeune Bonnier de la Chapelle, c’est le
général Giraud ayant la faveur des américains qui va occuper les fonctions de hautcommissaire en Afrique française et qui va poursuivre la même politique mise en place par les
séides du maréchal Pétain.
En février 1943 eut lieu la libération des députés communistes incarcérés depuis
quatre ans par Daladier et cela va relancer d’une manière exceptionnelle l’agitation marxiste
en Afrique du Nord, du fait notamment de la présence de « Staliniens bon teint parmi eux »
Avec l’arrivée du général de Gaulle à Alger, et le retour à la légalité républicaine et la
démocratie de la III° république beaucoup de choses vont changer.
Ainsi le Parti Communiste Algérien est de nouveau autorisé, les chefs du PPA
bénéficient de remises de peines, mais sont astreints à résidence. Ferhat Abbas lui va en
profiter et hausser le ton en faisant parvenir au gouvernement général, et aux représentants
alliés, américains et britanniques, un message des délégués algériens aux autorités concernant
leurs revendications, message très mal accueilli par ailleurs.
Le général Giraud recevant une délégation musulmane, alors qu’il était encore
haut-commissaire lui rétorque suivant sa formule favorite « Je ne fais pas de politique, je fais
la guerre, des réformes point, je veux des soldats »
Le 10 février 1943, Ferhat Abbas publie son manifeste du peuple algérien et son
additif qui demandent en outre :
-
L’abolition de la colonisation
-
Une constitution pour l’Algérie
-
Une participation musulmane à un gouvernement
-
La reconnaissance de l’Algérie comme nation souveraine
-
La transformation du gouvernement général en gouvernement
algérien.
élue au suffrage universel.
A la fin des hostilités, l’élection d’une assemblée constituante
Ce programme n’est pas pris en considération par le Comité Français de
Libération Nationale qui se met en place à Alger le 3 juin 1943, le général Catroux
proclamant déjà, je cite « L’Algérie fait partie intégrante de la France »
Le 22 septembre 1943, les délégations financières suspendues depuis 1939 sont
convoquées, mais les délégués musulmans refusent de siéger ; à la suite de motions
revendicatives, Ferhat Abbas et Abdelkader Saïah sont mis en résidence surveillée dans le
Sud oranais.
En novembre 1943, il est créée une commission des réformes musulmanes qui
sous la direction du Sénateur Paul Giaccobi, prépare l’ordonnance du 7 mars 1944 et dont les
grandes lignes vont être annoncées par le général de Gaulle dans son discours de Constantine
du 12 décembre 1943 et à la conférence de Brazzaville en janvier 1944.
L’ordonnance confère aux musulmans tous les droits et devoirs des français de
souche, leur ouvre l’accès à tous les emplois civils et militaires, élargit leur représentation
dans les assemblées locales la portant à 2/5° ; elle est également suivie d’une série de textes
concernant les réalisations à accomplir pour relever les masses musulmanes sur le plan social
et économique.
Ces mesures sont jugées excessives en Algérie par les européens, insuffisantes par
les partis nationalistes : il semble désormais qu’il soit trop tard.
Les partis nationalistes, les oulémas boycottent l’ordonnance, tandis que le PPA
de Messali Hadj invite déjà ses militants à s’armer en vue d’une phase insurrectionnelle… qui
conduira aux évènements de Sétif le 8 mai 1945.
LES PARTIS NATIONALISTES DE 1945 A 1954
LE STATUT DE 1947
Les deux plus grands partis, l’AML et le PPA sont dissous, leurs chefs déportés
ou en résidence surveillée.
La loi du 7 août 1945 permet à des musulmans non citoyens de se présenter à la
députation pour l’élection de la première Assemblée Constituante.
Le PPA clandestin, prône le boycottage des élections alliant les menaces aux
menées subversives ; une vingtaine d’attentats et une quinzaine de morts en seront le bilan
évocateur. En fait le vainqueur des élections va être le Parti Communiste Algérien qui en a
profité pour s’infiltrer partout. La duplicité du PCA éclate alors au grand jour lorsque l’on sait
que ce dernier flétrit les émeutes, qu’il a en même temps fomenté.
Ferhat Abbas est libéré le 16 mars 1946, bénéficiant d’une loi d’amnistie, et dès
son élargissement il va reconstituer immédiatement son parti dissous, sous le nom de l’Union
Démocratique du Manifeste Algérien- UDMA-. Il va ainsi préparer les élections de la seconde
Assemblée constituante du 2 juin 1946, tous les ressortissants des territoires d’Outre-mer
bénéficiant de la nationalité française par la loi Lamine Gueye du 7 mai 1946.
Le PPA, toujours interdit fait campagne par des tracts et le bouche à oreille pour
l’abstention.
Ferhat Abbas et ses amis élus à l’Assemblée proposent un statut pour l’Algérie
qui deviendrait :
-
Une République autonome
-
Un Etat associé à l’Union Française
Messali Hadj est libéré en octobre 1946, juste avant les élections et ses candidats
se présentent sous l’étiquette du Mouvement Pour le Triomphe des Libertés DémocratiquesMTLD Ce parti s’organise et sert bien entendu de couverture au PPA clandestin et lors des
élections municipales ou autres élections, use de la violence pour éloigner les modérés, et
obtient 31% des voix.
LE STATUT DE 1947 : Plusieurs projets avaient été déposés notamment par le
gouvernement de l’époque, projets visant à une politique d’assimilation progressive tout en
tenant compte des revendications des nationalistes.
Celui du Parti Socialiste prônant un certain libéralisme, et à l’opposé celui du
Parti Communiste accordant de larges concessions à l’autonomie, quant au projet provenant
des parlementaires musulmans, il ne traitait que d’autonomie.
Le 27 août 1947 le statut est voté. L’Algérie constitue un groupe de départements
dotés de la personnalité civile et de l’autonomie financière.
Le pouvoir exécutif est entre les mains du gouvernement général
L’Assemblée algérienne à deux collèges, a le pouvoir d’étendre et d’adapter les
lois métropolitaines applicables à l’Algérie, vote le budget et les impôts. Les communes
mixtes sont supprimées, l’indépendance du culte musulman est confirmée et le droit de vote
est accordé aux femmes musulmanes.
L’enseignement de l’arabe est organisé à tous les degrés scolaires.
Ce statut porte à la fois beaucoup d’espoirs et de futures déceptions.
VERS LA VIOLENCE
Malgré le vote du statut, les partis nationalistes ne ralentissent pas leur action, et
les modérés vont perdre de plus en plus de terrain face aux durs notamment de l’UDMA de
Ferhat Abbas, ce dernier jouant correctement son rôle de parlementaire.
Messali Hadj ne reconnaissant pas le statut de 1947 organise son parti en
formation paramilitaires, organisation spéciale, groupes de choc ; véritable mouvement
insurrectionnel, le MTLD sert de couverture à la future révolution algérienne, le parti
disposant de sa propre administration, de ses propres tribunaux, ses percepteurs de fonds et
d’approvisionnement en armes.
Déjà en 1949, l’organisation spéciale comptait 1800 hommes armés et formés à la
guérilla, ayant à sa tête Ait Ahmed, fils d’un caïd kabyle et Ahmed Ben Bella, un ancien
adjudant de l’armée française, le tout étant coiffé par le député Khider.
Ben Bella, arrêté s’échappe de la prison de Blida et gagne le Caire en 1953,
Khider, couvert par son immunité parlementaire se réfugie lui aussi au Caire ; Boudiaf
échappe à la police et Messali Hadj est à nouveau arrêté en mai 1952, et est assigné à
résidence en France, successivement à Niort, Angoulême et à Belle Ile.
Une nouvelle force fait son apparition en mars 1954 en Suisse avec la création du
Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action- Le CRUA- En font partie Ben Boulaïd,
Didouche Mourad, Ben M’Hidi, Bitat, Ait Ahmed, Khider, Boudiaf et Belkacem Krim.
Au cours d’une réunion secrète tenue à Alger le 10 juillet 1954, réunion organisée
par Boudiaf, il est décidé de passer à l’action, c'est-à-dire à l’insurrection armée ; par la même
occasion, il est créée l’Armée de Libération Nationale – l’ALN-, l’Algérie étant divisée en six
wilayas et zones de guerre.
L’appareil de la révolte en place depuis au moins deux ans était prêt à fonctionner,
mais l’administration française et sa police ne semble pas outre mesure émue des prémices et
faits tangibles qui sont portés à sa connaissance.
Boudiaf, pendant ce temps là rejoint Ben Bella au Caire et donne l’ordre de passer
à l’action le 1° novembre 1954 ; le drame algérien allait commencer et coûter fort cher aux
deux parties.
LA FIN D’UN MONDE
Ce qui fait l’histoire, ce sont les faits eux-mêmes, et il est quelques fois difficiles
de les admettre et pourtant les évènements de 1954 à 1962 ont profondément marqués les
générations de l’époque et mêmes celles de maintenant compte tenu de la situation nouvelle
engendrée par une immigration mal contrôlée, et la pesanteur de l’Islam en France dans la vie
de tous les jours.
En 1958 les français étaient divisés en deux grandes fractions, il y avait ceux qui
voulaient une intégration pure et simple, et dans fond pas si simple que cela, et les autres
constituant une fraction partisane de l’indépendance.
L’Algérie c’est la France avaient dit de nombreux leaders politiques ; c’est vrai
que cette Algérie était une terre à laquelle bien des métropolitains étaient attachés comme une
part entière de leur patrie, sans parler des français d’Algérie, « ces pieds noirs » dont s’était le
pays natal et que leurs ancêtres avaient mis en valeur, et qui étaient venus nous libérer en
1944 avec des contingents importants de soldats du Maroc, de Tunisie et d’Algérie : mais la
France des hommes politiques depuis la conquête de l’Algérie avait-elle fait ce qu’il fallait
pour que l’Algérie fut la France, avait-on conquis les cœurs ?
La dernière guerre mondiale s’est déroulée pour une grande partie sur le sol de
cette Afrique du Nord et cette guerre allait précipiter bien des choses ; notre défaite de juin
1940, les discours du général de Gaulle qui avait compris qu’il ne serait plus possible à la fin
du conflit -Peut-être il est vrai a-t-il trop tarder dans sa décision- mais les enjeux étaient
importants, de maintenir sous une certaine tutelle tous les peuples dits colonisés avec des
droits différents, une religion différente pour l’Algérie, l’Islam qui est difficilement
assimilable à nos us et coutumes et notre manière de vivre, ses discours de Constantine en
1943, puis celui de Brazzaville auraient pu sembler prophétiques en 1935 ou 1936, ils ne les
étaient plus en 1944-1945. D’autres avant lui auraient pu régler ce problème, ils ne l’ont pas
fait et nous avons du subir une guerre de plus de sept ans qui a causé de nombreux morts et
creuser un fossé difficilement franchissable encore de nos jours, entre les deux communautés.
Pouvait-on d’un coup de baguette magique transformer neuf millions de
musulmans en neuf millions de métropolitains ? Etait il possible de faire fusionner deux
communautés tout à fait différentes alors que l’on n’enregistre que très peu de mariage mixtes
entre chrétiens et musulmans, et même pourquoi ne pas le dire entre juifs et chrétiens, les
religions dressant des barrières difficilement franchissables ?
Le général de Gaulle l’avait nettement compris lors de son arrivée au pouvoir - At-il menti pour se donner du temps comme d’autres hommes politiques l’ont fait avant lui ?
Les livres qui ont été écrits après sa mort par des hommes l’ayant bien connu prouvent assez
qu’il avait une vue très saine de ce que serait la France si cette entente avait eu lieu : rappelez
vous ce qu’il dit à propos de l’Algérie et des musulmans dans le livre de l’ancien ministre,
Alain Peyrefitte - C’était de Gaulle- Tome 1- je cite :
Page 52 « C’est très bien qu’il y ait des français jaunes, des français noirs, des
français bruns. Ils montrent que le France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une
vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne
serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race
blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne me raconte pas
d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés, avec leurs
turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des français ! Ceux qui
prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants (Il doit penser à
Soustelle). Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un
moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des
français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui
demain seront vingt millions et après demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si
tous les Arabes et berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les
empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est nettement
plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-deux-églises, mais Colombey-lesDeux-Mosquées ! »
Page 56 « Avez songé que les Arabes se multiplieront par cinq puis par dix,
pendant que la population française restera stationnaire ? Il y aurait deux cent, puis quatre
cent députés arabes à Paris ? Vous voyez un président arabe à l’Elysée ? ».
Page 57 « Si l’Algérie restait française, on devrait assurer aux Algériens le
même standard de vie qu’aux français, ce qui est hors de portés. S’ils se détachent de la
France, ils devront se contenter d’un niveau de vie très inférieur ; au moins, ils ne pourront
plus en faire grief à la France, et ils auront une satisfaction de dignité, celle de recevoir le
droit de se gouverner eux-mêmes »
Tome 2- Page 45. « Voyez- vous, la France est une nation. Elle est la nation qui
a su fondre dans son creuset, de siècle en siècle, toute sa diversité, tous ses agrandissements,
toutes ses immigrations, toutes ses populations hétérogènes. L’Algérie ne méritait pas d’être
proclamée française, parce que le peuple musulman n’avait pas fondu dans le creuset.
Aujourd’hui, sans l’Algérie, la France se retrouve le modèle des Etats-nations. Les EtatsUnis sont une puissance, la plus grande, mais ils ne sont pas une vraie nation »
Page 434- Le général répond à Alain Peyrefitte qui lui rappelle son intervention à
Mostaganem, où le général de Gaulle s’est écrié « Vive l’Algérie française ! »- La réponse du
général « Eh bien, cet été là, c’était ce que je pouvais souhaiter de mieux à l’Algérie, sinon à
la France ! Je ne pouvais pas écarter cette option sans l’avoir essayée de bon cœur ! Et
encore aujourd’hui, je souhaite à l’Algérie de rester française comme la Gaule est resté
romaine, je lui souhaite d’être irriguée et fécondée par notre culture et notre langue. En
revanche, je n’ai jamais accepté de parler d’intégration, bien que tout le monde fit pression
sur moi pour que je prononce ce mot magique. Je ne l’ai jamais accepté parce que c’est une
connerie. On intègre de petites unités, on n’intègre pas une vaste population. Vous savez il ne
faut pas mentir. Tout se sait un jour ou l’autre. Il faut rester sincère avec soi- même.»
Je crois que les réponses du général sont suffisamment claires pour que l’on
comprenne qu’il aurait été très difficile de pratiquer cette intégration alors que nous avions
été incapables de faire de l’Algérie une terre de peuplement.
Aurait-on pu envisager une politique de partition comme ce fut la cas entre la
Grèce et la Turquie en 1921 avec transport des populations, en Algérie même pour préserver
le pétrole du Sahara ? Avec cette solution c’était également la poursuite de la guerre, cette
enclave française étant sans arrêt attaquée comme l’est l’Etat d’Israël ?
Le général comme on l’a vu ci-dessus n’a jamais cru à l’intégration, et peut-être at-il pensé à une sorte d’association entre la France et l’Algérie, et que les passions s’apaisant,
les accords d’Evian respectés, cette association aurait pu aller vers fédéralisme entre l’Etat
Algérien et la France , mais là il aurait fallu encore une fois compter sur la duplicité des
dirigeants algériens qui se sont succédés à la tête de ce nouvel Etat, surtout après l’arrivée de
Boumediene au pouvoir et en dernier de Bouteflika….
LES EFFECTIFS ENGAGES EN ALGERIE
C’est pratiquement en effectif de près d’un million huit cent mille hommes,
appelés, rappelés et militaires de carrière qui fut engagé en Algérie, par rotation de
contingents entre le 1° novembre 1954 et le 2 juillet 1962, date officielle de la fin de la guerre
d’Algérie, qui ne s’est pas terminée le 19 mars 1962, date du cessez le feu sur ce territoire,
cessez le feu peu respecté du côté des forces du FLN qui ont continué à se livrer à des
exactions à la fois sur les européens et sur nos supplétifs dont beaucoup disparaîtront dans la
tourmente du cessez le feu.
Pour beaucoup de jeunes, l’aventure algérienne fut un drame, tout comme pour le
pays d’ailleurs, personne n’expliquant les raisons de cette intervention militaire dans des
départements bien français juridiquement parlant. Bien souvent ces jeunes partaient sans trop
savoir ce qu’ils allaient y faire, et ce malgré les déclarations fracassantes des leaders
politiques de l’époque tels François Mitterrand, Guy Mollet, Pierre Mendès-France…..
Non seulement ces soldats n’avaient pour la plupart aucune formation morale, à
part ceux intégrés dans des unités parachutistes où dans des unités solidement encadrées et
commandées, ignorant même ce qu’était l’Algérie, la Tunisie ou le Maroc, les mœurs des
musulmans, leur religion, les différences entre les communautés, les inégalités qui régnaient
encore dans ces départements que l’on disait français, tant sociales que politiques, une
instruction militaire laissant beaucoup à désirer et qui bien souvent ne correspondait pas à la
guerre qu’ils allaient mener, tant en Kabylie, qu’en Oranie ou dans l’Algérois, le
Constantinois ou au Sahara.
Qui plus est une propagande marxiste marquait profondément ces jeunes qui bien
souvent débutaient dans la vie active, surtout pour les rappelés, propagande relayée par les
porteurs de valises du FLN, et par la presse de gauche.
Sur le terrain nos soldats étaient envoyés en opération avec un équipement
réglementaire qui laissait nettement à désirer tant par le poids que par son encombrement,
avec un armement peu adapté bien souvent à une guerre subversive et aussi avec un
encadrement qui ne répondait pas, dans certaines unités, à ce que l’on pouvait attendre.
Il n’est pas étonnant que l’on ait eu autant d’accidents par armes à feu en Algérie.
De cette guerre, qui est restée sans nom, durant de longues années, qui a vu
l’emploi des blindés, de la Marine et de l’aviation et de l’infanterie, les jeunes du contingent
se comportèrent mieux que prévu, après une période de rodage, pour ceux qui du moins
partaient en opération. Pour certains, ce fut le cauchemar de leur vie, pour d’autres avec le
temps, il n’en est resté que de bons souvenirs, mais peu ont peut-être compris qu’ils vivaient
un tournant dans leur existence, puisque ces départements pour lesquels ils étaient venus se
battre, allaient disparaître dans les accords d’Evian et que la guerre d’Algérie, allait avoir des
conséquences importantes sur notre vie de tous les jours y compris à l’heure où ces lignes sont
écrites. C’est pour cela que j’ai voulu reprendre mon premier manuscrit car il y manquait
justement cette partie qui touche aux conséquences de la guerre, tant pour nous que pour la
population algérienne en butte à ses divisions politiques, religieuses - Les fondamentalistes
s’étant maintenant implantés en Algérie, il est à craindre qu’un jour nous devions en subir les
conséquences, nous aussi.
LES PORTEURS DE VALISES
On a appelé ainsi ceux des français qui ont apporté une aide active au FLN au
mépris de leur honneur et qui n’ont jamais pour la plupart d’entre eux été châtiés pour leur
trahison. En novembre 1998, donc bien longtemps après la fin de la guerre d’Algérie, près de
quarante ans, s’est tenue au centre Culturel Algérien, rue de la Croix Nivert à Paris, une
réunion autour de personnalités algériennes quelques uns des survivants de ce que l’on a
appelé les porteurs de valises du FLN. Les personnalités algériennes tenaient à honorer et à
décorer, pourquoi ne pas le dire, certains français qui pendant la guerre d’Algérie avaient aidé
le FLN et responsables de la mort à la fois de nos soldats engagés dans des opérations, de
civils innocents lors des attentats perpétrés dans les grandes villes comme Alger, en
transportant des armes, des munitions et surtout de l’argent provenant des impôts que le FLN
exigeait des travailleurs algériens en France sur lesquels pesaient des menaces de mort, s’ils
ne cotisaient pas. Cette aide pouvait également se faire par l’hébergement, le passage des
frontières, les actions juridiques et l’aide aux prisonniers politiques incarcérés en métropole,
de même que la fourniture de faux papiers etc…
En France c’est le Parti Communiste qui bien sur leur a apporté une aide accrue, a
organisé des manifestations de masse pour empêcher de jeunes soldats de partir en AFN,
sabotages de matériels comme cela avait été réalisé au temps de la guerre d’Indochine en
faveur du Vietminh.
On peut comprendre que certains de nos concitoyens ne soient pas d’accord avec
la politique menée par le gouvernement, mais de là à trahir son pays cela devient grave, et
malheureusement on s’aperçoit que le justice est de plus en plus laxiste sur ce problème et ce
n’est pas pour rien que Pierre Clostermann, ancien officier pilote des Forces Aériennes
Françaises Libres, stigmatisait cette réunion, en écrivant dans le Figaro de l’époque je cite
« Qu’en guise de remerciements, ces gens là auraient du passer devant un peloton
d’exécution » Fin de citation.
L’ACTION DU F.L.N EN METROPOLE
En début de 1961, le FLN en Algérie est exsangue, les grandes opérations ayant
démantelé la plupart des Katibas, le ravitaillement venant de l’extérieur a beaucoup de mal à
franchir le barrage de la ligne Morice sur la frontière tunisienne, les unités constituant « La
herse » pourchassant ceux qui auraient réussi à passer, de même que les unités parachutistes
agissant dans les Aurès Némentchas ou en Kabylie.
Le FLN va donc tenter de porter la guerre sur le territoire métropolitain, étant
secrètement implanté notamment dans la région parisienne, où travaillent de nombreux
travailleurs algériens immigrés en France, travailleurs obligés de payer l’impôt au FLN sous
peine de mort en cas de refus. Le FLN jouit de gré ou de force de la sympathie des familles
installées dans les banlieues du grand Paris. Nous retrouvons d’ailleurs le même schéma de
nos jours dans les banlieues dites « chaudes ».
Le FLN envisage donc une intensification de ses actions terroristes, qui ont déjà
fait leurs preuves en 1958, à partir de ses groupes armés et de son organisation spéciale : au
cours de l’été 1961 il parachève la mise en place de son plan.
Du côté du gouvernement français et sous l’impulsion du ministre Michel Debré,
des dispositions antiterroristes ont été mises sur pied, avec la création d’un service de
coordination des affaires musulmanes, renforcement et réorganisation des services de police,
mise en place du service action, création d’une force auxiliaire de police musulmane.
A l’époque circulent tout un ensemble de tracts et de bruits concernant la partition
de l’Algérie, des contacts étroits sont pris, par des hommes politiques français appartenant à la
majorité gouvernementale avec des responsables du FLN et même avec le GPRA comme
Buron, Malraux, Joxe, Michelet etc… sans parler de ceux de l’opposition et des porteurs de
valises.
Le 5 octobre 1961, Mohamed Saddek, coordinateur de la fédération FLN en
France, propose au comité fédéral du FLN siégeant à Cologne en Allemagne, de la mise en
œuvre d’une grande manifestation de masse à Paris.
Ainsi déclare-t-il, nous mettrons le peuple de France au pied du mur, c'est-à-dire
nous l’impressionnerons suffisamment pour qu’il soit convaincu de faire pression sur son
gouvernement, afin que ce dernier reprenne les négociations avec le FLN et admette ses
exigences et que les hommes politiques français dont il est question, ci-dessus, favorables à
nos thèses, interviennent au plus haut niveau.
A noter que la presse Suisse et surtout le journal de Genève se fait l’écho de ces
contacts, localement mais aussi avec Tunis.
Il est évident que le responsable du FLN, Mohamed Saddek, partisan d’une action
basée sur la violence, pense plutôt à un affrontement armé au sein de la capitale française,
tandis qu’un autre à Bruxelles, M. Boudaoud, chef de la wilaya VII, est partisan d’une
manifestation pacifique, mais dans ce cas là ce sont toujours les idées des extrémistes qui
l’emportent.
L’opération montée minutieusement par les différentes instances du FLN doit
inclure à partir du samedi 17 octobre 1961, une circulation massive de la population
algérienne de Paris et des banlieues, mêlant les personnes âgées, les femmes et les enfants et
les militants dont certains sont armés. Cette foule doit submerger les principaux quartiers de
la capitale, les Champs Elysées, les Grands boulevards, l’opéra, le quartier Saint Michel,
Montmartre, en scandant des leitmotive comme «L’ouverture des négociations avec le GPRA,
l’indépendance de l’Algérie et la lutte contre le racisme ».
Tous les commerces tenus par des musulmans seront obligatoirement fermés le
lendemain de la manifestation le mercredi 22 octobre, les responsables du FLN ayant prévu
nombre d’arrestations, il organise aussi un regroupement des femmes de détenus devant la
préfecture de police les jours suivants.
Ainsi les français de métropole vont-ils se rendre compte de la puissance du FLN
à organiser des opérations de masse, à submerger les forces de l’ordre, cette puissance du
FLN constituant il faut bien le dire un état dans l’Etat.
En outre des contacts pris par ailleurs avec des représentants de l’opposition
française, partis de gauche et syndicats, mouvements universitaires doivent propager le
mouvement dans d’autres villes, des grèves étant prévues quelques jours après de même que
la grève de la faim pour les prisonniers politiques.
Quant à la police, cette dernière n’a pas oublié que depuis 1958 il y a eu en
métropole énormément de policiers de tués par le FLN ainsi que des opposants algériens à ce
dernier. Rien que pour l’année 1961 la presse fera état de 878 nord africains tués : du 1°
janvier au 20 juillet 1961, il sera dénombré 417 cadavres d’algériens, qui soit n’ont pas voulu
payer l’impôt au FLN, soit étant un opposant actif à ce dernier, de nombreux civils européens
font également partie du lot -24 tués et 70 blessés, 11 policiers de tués et 38 blessés. Les
attaques de patrouille de police, de postes de police et de commissariats, et surtout les harkis
servant dans les forces auxiliaires de police, la FAP.
Le 8 juin 1961, 33 membres du FLN en uniformes militaires attaquent à Paris une
implantation de la police, les agresseurs étant abattus et 8 policiers sont blessés.
En quatre mois 68 policiers ont été tués, 382 ont été blessés ; en août et septembre
1961, 12 policiers sont encore tués dont 5 en septembre, une vingtaine ayant été blessés.
C’est ainsi que le 5 octobre, le Préfet de police, Maurice Papon, décide sur l’ordre
du ministre de l’intérieur, Roger Frey, d’imposer un couvre-feu interdisant à la population
musulmane de circuler de 20 heures 30 à 06 heures du matin dans paris et dans les proches
banlieues, sauf pour les personnels munis de laissez-passer justifiant son déplacement.
Bien entendu les agents du FLN auront tout le loisir de fabriquer de fausses
attestations.
LA JOURNEE DU 17 OCTOBRE 1961
La mise sur pied de cette manifestation ne semble pas avoir été ignorée de la
Préfecture de police de Paris ; toutefois il apparaît que les renseignements recueillis n’étaient
pas assez précis, ni ne développaient l’ampleur qu’allait connaître les mouvements de foule.
En fait c’était une véritable opération de guerre psychologique montée par le FLN, qui
rappelons le est en guerre ouverte en Algérie depuis 1954 et qui va tenter maintenant d’ouvrir
un second front pour faire plier le gouvernement français.
Ce n’est que le 16 octobre que la Préfecture de police a confirmation de la date et
du déclanchement de la manifestation pour le 17 et comme dans beaucoup de cas, il est
difficile lorsque les renseignements font défauts, de préparer soit une contre-manifestation,
soit de déployer sur le terrain des unités de police qui peuvent manquer ailleurs au cas où la
manifestation dégénèrerait… Ce qui fut d’ailleurs le cas.
A la Préfecture de police , de même qu’au gouvernement, on estime entre 20 et
30.000 manifestants possibles, pouvant déferler sur le centre de la capitale ; les responsables
savent aussi que les menaces du FLN à l’encontre des récalcitrants ne voulant pas participer à
cette opération, seront mises en œuvre, et les nombreux cas d’égorgement constatés
auparavant sont bien là pour le prouver, car il faut savoir qu’une grande partie de cette
population algérienne ne demande qu’à travailler et à vivre en paix, beaucoup sont de
tendance pacifiste, mais le service d’ordre du FLN et son encadrement feront des efforts
importants pour qu’il y ait le maximum de monde dans les rues
Que peuvent faire les forces de police avec leurs moyens ? Ces moyens sont-ils
suffisants pour empêcher les incidents ?
Les responsables du maintien de l’ordre peuvent disposer d’à peu près 8000
hommes, soit 7000 policiers et gardiens de la paix, deux compagnies de CRS et trois
escadrons de gendarmerie mobile, qui vont être éparpillés en différents points sensibles de la
capitale, en fait c’est peu pour faire face à ce que le FLN veut réaliser.
Dans la police règne un état d’esprit de revanche et de rancune, car beaucoup
d’agents ou commissaires ont vu leurs camarades être assassinés ou blessés par des
commandos terroristes et c’est avec cet état d’esprit qu’ils vont affronter les manifestants,
ayant le droit pour eux de ne céder en rien devant le FLN, faisant l’amalgame que tout ce qui
se trouve avec les forces de la rébellion, en fait partie… La réaction violente des forces de
l’ordre est de côté-là fort compréhensible, même si des consignes de prudence avaient été
émises en haut lieu. Mais il faut aussi se poser la question, A-t-on déjà vu une manifestation
qui ne dégénère pas ?
Les incidents les plus graves éclatent en fin de journée où des bagarres sévères se
déroulent entre manifestants et policiers sur les grands boulevards et à Saint Germain ; le soir
les communiqués émanant de la Préfecture de police donne quelques chiffres concernant les
arrestations, les blessé et les morts.
Alors va commencer la guerre des communiqués concernant les pertes réelles de
part et d’autres, et cela se poursuivra jusqu’au procès de l’ex-Préfet Papon et où bien entendu
le FLN relayé par les partis de gauche fait l’annonce de chiffres exorbitants en ce qui
concerne les morts et les blessés, les informations télévisées annonçant que la Seine roule des
centaines de cadavres, jetés à l’eau par les forces de l’ordre, des tortures sur les prisonniers et
les blessés que la police refuse d’envoyer dans les hôpitaux.
En fait d’après l’opposition c’est un véritable massacre d’Algériens… Le FLN
précisant qu’il y a 246 victimes en oubliant que 141 décès avaient été enregistrés bien avant le
17 octobre - Bien entendu des «enquêtes sérieuses », effectuées par certains journalistes
avalisent les chiffres donnés par le FLN, puis les choses semblent se calmer lorsqu’une
seconde enquête, faite par un autre journaliste non engagé, fait ressortir que les pertes parmi
les manifestants n’ont été que de 30 à 50 morts, chiffres affinés par l’enquête diligentée par le
Premier ministre Lionel Jospin, (rapport de l’avocat général Jean Geronimi, rendu public en
1999.)
Bien entendu dans des cas pareils la récupération politique va de soi et les
interventions ne cesseront pratiquement pas, rendant toujours les forces de l’ordre
responsables et magnifiant les victimes, oubliant les pertes des policiers.
D’ailleurs les choses ne semblent guère avoir évoluées, puisque de nos jours un
banal accident dans les nombreuses banlieues dites chaudes se transforme en véritable guérilla
militaire où les forces de police sont prises à partie avec des armes de guerre, des centaines de
voitures sont incendiées, et cela se produit même lors des matches de football comme à
Marseille ou à Toulouse, où en plus la présence de drapeaux algériens ayant remplacé notre
drapeau tricolore, prouve assez l’état d’esprit de ces banlieusards.
MEMOIRE VIVE
20 AOÛT 1955 - PHILIPPEVILLE
Les autorités d’Alger s’attendent à des actions terroristes de grande ampleur,
malgré la présence de forces armées importantes arrivées de métropole et concentrées
principalement dans le Nord Constantinois ; mais ce qui manque le plus au haut
commandement c’est le renseignement, et le renseignement fiable.
Personne parmi les personnalités européennes en poste au Gouvernement général
d’Alger n’a pensé un seul instant que les évènements du Maroc et notamment la déposition du
Sultan Mohamed V, deux avant le début de la rébellion algérienne, le 25 août 1953 pour être
plus précis, pouvait influer sur le comportement des chefs rebelles surtout dans le
Constantinois.
Or Zighout Youssef, forgeron de son état, originaire de Condé-Smendou,
responsable de la wilaya II est particulièrement attentif aux ratissages effectués par l’armée,
ratissages qui ont commencé a désorganisé son dispositif ; voulant reprendre l’initiative, il
décide envers et contre tous, de provoquer un choc psychologique parmi ses troupes, et pour
cela il envisage de créer une cassure définitive entre la population européenne et arabe.
Jouissant lui-même d’un grand prestige auprès des populations misérables du bled, il réussit à
soulever des milliers de fellahs ; ainsi on passait du terrorisme individuel à la terreur
collective, les uns armés de fourche, coupe-coupe, hache, bêche, couteau etc… s’attaquant
aux fermes isolées, aux petits postes de gendarmerie ou de soldats, les autres un peu mieux
armés s’en prenant aux postes plus importants pour récupérer le maximum d’armes modernes
et d’explosifs.
Le 20 août 1955 restera pour les habitants européens et les musulmans restés
fidèles à la France de l’arrondissement de Philippeville un jour de terreur : l’arrondissement
s’étendait du Cap de fer au cap Bougraroni, sur une façade maritime de 100 kilomètres
environ, et vers le Sud, le gros bourg d’El Arrouch à 45 kilomètres ; ce fut une journée
terrible par mes massacres engendrés.
A part un petit nombre, la population nord africaine était totalement soumise à
l’action des fellaghas, et c’est ainsi que dans le secret le plus absolu, contrairement à certaines
affirmations, s’est organisé le soulèvement généralisé qui allait ensanglanter cette région.
Les chefs rebelles de la wilaya avaient fait croire aux habitants des mechtas, que
la flotte égyptienne allait livrer des tonnes d’armes, mais que pour réceptionner cet armement,
il fallait un port et tout naturellement celui qui s’y prêtait le mieux dans cette zone, c’était
Philippeville, l’heure de l’action étant fixée à midi le 20 août lorsque les sirènes de la ville
annonceraient la mi-journée.
Depuis plusieurs jours les rebelles avaient infiltré des groupes de choc dans les
quartiers arabes, mais également et plus discrètement dans le centre ville, avec mission de
n’intervenir qu’au dernier moment pour créer la surprise.
C’est un religieux, le marabout habitant les carrières romaines situées à environ 5
Kms de la ville qui fit prévenir, par un des siens, le commissariat central de l’imminence de
l’attaque - Ce marabout fut d’ailleurs retrouvé égorgé quelques heures plus tard.
Encouragés par le you-you des femmes, les émeutiers mettaient à feu et à sang
toute la région s’attaquant à tout ce qui était européen ou aux musulmans restés fidèles à notre
drapeau, notamment aux anciens combattants ; étaient principalement visés les conducteurs
d’autobus européens, les techniciens des PTT, de l’EGA, réparant les lignes, les employés des
chemins de fer, et même les pêcheurs et gardes champêtres et les gardes forestiers.
A Philippeville même, les forces de police portèrent secours aux habitants de la
périphérie, repoussant les assaillants quartier par quartier, les combats se poursuivant jusqu’à
20 kilomètres de la ville et même en plein centre de la ville, l’armée notamment des éléments
du 1° Régiment de Chasseurs Parachutistes et du 18° Régiment de Chasseurs Parachutistes
stationné à Saint Charles, organisant la poursuite des rebelles.
Mais le pire restait à découvrir à El Halia, petite mine exploitant la pyrite, où
vivaient en parfaite harmonie du moins le croyait-on, des familles d’ouvriers européens 120
personnes et d’ouvriers algériens. Il y eut là un abominable massacre de femmes et d’enfants Une femme rescapée fut retrouvée à moitié folle le lendemain. Si le bilan des morts ne fut pas
plus important, c’est qu’une grande majorité de gens se trouvait à la plage ce jour là, mais
ceux qui étaient restés trouvèrent une mort atroce.
Les renforts accourus trouvèrent les femmes le ventre ouvert, les jeunes enfants et
les bébés le crâne fracassé contre les murs, d’autres enfants égorgés, découpés, mutilés, on put
à peine reconnaître et identifier avec certitude 35 corps.
Zighout Younés avait tenu son pari, la terreur appellerait à une répression sans
précédent, la cassure se révélant irréversible entre les deux communautés, l’ampleur du
massacre interpellant l’opinion internationale.
Trente neuf localités avaient été attaquées, 171 civils européens avaient été
égorgés dont un tiers d’enfants notamment à El Halia, et les représailles furent également
terribles puisque les forces de l’ordre abattirent 1273 rebelles, Zighout Youssef étant luimême tué en compagnie de quelques uns de ses compagnons de la wilaya II dans une
embuscade montée plusieurs mois après par des tirailleurs sénégalais.
Lors des obsèques des victimes européennes à Philippeville la gerbe déposée par
monsieur Jacques Soustelle fut piétinée par la foule en colère…
Philippeville, malgré les pertes en vies humaines a échappé de justesse au
massacre généralisé et cela est du en priorité à la réaction non seulement de l’armée, mais
surtout des forces de police locales qui réagirent avec promptitude et surent faire face, ils
reçurent d’ailleurs les félicitations des plus hautes autorités.
En huit années de guerre, le corps urbain de police de cette ville perdit dix
fonctionnaires, gradés et gardiens de la paix tombés victimes du devoir, six autres étant
grièvement blessés, plusieurs ont vu des membres de leur famille assassinés par les rebelles.
Le temps d’oublier tout cela est-il venu ? Certainement pas, car peut-on demander
à ceux qui ont vécu la tragédie d’Oradour sur Glane d’oublier ?
Lors d’une réunion regroupant les plus grandes associations du monde combattant
à Paris, monsieur Masseret, alors Secrétaire d’Etat, chargé des anciens combattants en 1999,
nous avait dit que le temps n’était pas encore venu de voir les plaies se cicatriser, et on le
comprend d’autant mieux quand on voit ce qu’il se passe dans certaines banlieues de grandes
villes en France.
Alors laissons au temps, le temps de faire son œuvre et demandons à nos
politiques un peu plus de courage pour régler les différents problèmes qui subsistent encore
chez nous, l’intégration complète de ceux des étrangers qui ont choisi la France comme
seconde patrie, que le respect du à nos institutions ne soit pas un vain mot et que le peuple de
France se réveille enfin de sa torpeur, sinon nous allons vers des lendemains qui déchanteront.
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