DE SES ORIGINES LOINTAINES A 1962
Par Francis AGOSTINI
Ancien des Commandos Nord Vietnam
Président départemental de l'Union
Fédérale des Bouches-du-Rhône
Président du Comité de Coordination des
associations d'Anciens Combattants et
Victimes de Guerre de Marseille et des
Bouches-du-Rhône.
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
Pourquoi ai-je rédigé ce petit ouvrage de quelques pages remis à jour ? Tout
simplement pour tenter d’expliquer aux anciens d’Afrique du Nord pourquoi ils avaient été
envoyés en Algérie, Tunisie et Maroc, et pour faire comprendre aussi d’où venaient les
racines du mal.
Une guerre ou plutôt les guerres, hélas, ont des causes ts lointaines, et ce fut
d’ailleurs le cas de l’Algérie, guerre de laquelle il faut dissocier la Tunisie et le Maroc qui
n’étaient que des protectorats et non des départements français.
Ces guerres dites coloniales, étant toutes différentes les unes des autres,
surprennent toujours l’opinion publique, pourtant là des signes précurseurs n’avaient pas
manqué…. Et cela a coûté la vie aux quatre premiers militaires, morts pour la France, morts
hélas qui ont été suivis par bien d’autres, puisque les instituteurs Monnerot et le caïd Hadj
Sadok sont également abattus par un groupe de terroristes composé de Chihani, Mohamed
Sbaïhi et un troisième homme non identifié.
Il était donc normal que l’on se souvienne de leurs noms.
- Pierre AUDAT, aurait eu vingt et un ans le 16 novembre 1954 ;
il était appelé au Régiment de Chasseurs d’Afrique stationné à Batna sur la route de
Lambèse.
- Eugène COCHET, vingt et un ans, brigadier-chef au 2/4°
Régiment d’Artillerie. De garde tous les deux, ils tentèrent courageusement de donner l’alerte
lorsque la caserne fut attaquée, mais sans munitions, ils furent abattus sans avoir pu riposter.
- André MARQUET, originaire du Nord de la France, également
appelé au 4° Régiment d’Artillerie, fut tué à la porte du poste de garde à Khenchela.
- Le lieutenant DARNAULT, commandait le peloton de Spahis de
Khenchela, et c’est en rejoignant son poste pour diriger la contre-attaque avec ses spahis, qu’il
fut tué ; il fut le premier officier de carrière à tomber sous les balles des rebelles.
Pour nos camarades, anciens d’Afrique du Nord, la guerre d’Algérie, et il faut
bien l’appeler comme cela, même si ces évènements se sont déroulés dans des départements
français, et est bien le paradoxe, a commencé en fait il y a bien longtemps. Certes le
novembre 1954, il y eut ce que l’on a nom« la Toussaint rouge », caractérisée par deux
séries d’incidents distincts, mais bien coordonnés à partir du Caire et ce dans la nuit de la
Toussaint 1954.
Ainsi le déclenchement de la rébellion vit trente cinq attentats se perpétrer dans le
Tell entre l’Est Constantinois et la grande banlieue d’Oran.
Le but de ces attentats était surtout de provoquer un choc psychologique, destiné à
la fois à traumatiser la population d’origine européenne, mais également d’entraîner ensuite
les différents clans messalistes fortement divisés, contre la tutelle française, mais fort
heureusement le résultat fut pratiquement nul.
En Grande Kabylie, la situation est alors beaucoup plus préoccupante, la
population Kabyle couvrant ou appuyant les maquis rebelles s’y étant implantés.
Dans les Aurès, c’est l’embrasement général l’on dénombre plus de soixante
dix attentats, 7morts dont le caïd Hadj Sadok et l’instituteur Monnerot tués tous deux dans
l’embuscade de Tighanimine, et le même jour le F.L.N. fait sa première proclamation se
déclarant prêt à mener une longue et âpre lutte contre la présence française.
Plusieurs déclarations d’hommes politiques français et non des moindres prônent
la répression, que ce soit du côté de François Mitterrand, alors ministre de l’intérieur ou de
Pierre Mendès-France ; déclarations qui d’ailleurs varieront au gré des évènements tout le
long de la guerre d’Algérie, tromperont nombre de braves gens, n’arrêteront pas les combats
ni les pertes de par et d’autres ; ainsi sont nos hommes politiques et l’on doit dire que rien n’a
changé depuis le temps…..
L’engrenage de la violence se mettait en place et pourtant les moyens déployés
par le F.L.N à l’époque, si l’on en croit les chiffres, dérisoires ! 350 hommes en armes dans
les Aurès, 420 en Kabylie, 50 à 60dans l’Algérois et en Oranie…
Les effectifs militaires français sont portés en 1955, soit presque cinq mois après
le début de la rébellion, à 100.000 hommes, et pourtant le 20 août 1955, c’est l’insurrection
généralisée dans le Nord Constantinois - Wilaya II - trente neuf localités sont attaquées,
171 européens sont égorgés dont un tiers d’enfants comme à la mine d’El Halia ; en
représailles 1273 musulmans sont exécutés.
Le 30 août l’état d’urgence est décrété dans toute l’Algérie, et en novembre c’est
la création des premières SAS - Sections Administratives Spécialisées -
Début 1956, le gouverneur Jacques Soustelle est remplacé par le général Catroux,
qui démissionne au bout de huit jours, et est lui-même relevé par Robert Lacoste, membre de
la SFIO.
En métropole le FLN manifeste contre le vote des pouvoirs spéciaux…
Le 4 avril 1956 l’aspirant communiste Maillot déserte avec un camion d’armes,
mais il est rattrapé par la harka du bachaga Boualem et abattu les armes étant récupérées.
Le service est porté à 27 mois et on rappelle 70.000 réservistes, le contingent
commençant à être débarqué en Algérie en renfort ce qui ne manque pas de soulever de
nombreuses manifestations organisées par le parti communiste et ses alliés intellectuels.
Le 18 mai, c’est l’embuscade meurtrière de Palestro où 19 de nos soldats sont tués
et 49 colons sont assassinés.
70 musulmans sont tués dans la Casbah d’Alger à la suite de manifestation
d’européens ; le 21 juin se tient le congrès de la Soummam en Kabylie avec la réunion de
plusieurs responsables politiques de haut niveau du FLN.
Au mois de septembre, les effectifs du contingent sont portés à 600.000 hommes,
et le 22 octobre, c’est le détournement de l’avion des chefs militaires et politiques du FLN
vers Alger : en représailles plusieurs dizaines de nos concitoyens vivant au Maroc sont
massacrés près de Fès.
Du 2 au 5 novembre, c’est l’expédition de Suez…
En 1957, ce sont les deux batailles d’Alger visant à réduire le terrorisme urbain, le
massacre de Mélouza, les combats généralisés dans le Sud Constantinois, à Chéria, Guentis,
Oued El Abiod, Djeurf, la grotte des Juifs, le Djebel Onk etc… Dans l’Atlas Blidéen se
distingue encore le colonel Bigeard et son 3° Régiment de Parachutistes Coloniaux.
En octobre ce sont les opérations menées au Sahara à Timimoun, Hassi Rhambou
et Hassi Krélala. Puis la Kabylie.
1958 voit le début de la construction du barrage sur la frontière Est de l’Algérie, la
ligne Morice , qui va gêner considérablement le passage des Katibas en provenance de la
Tunisie, qui offre une aide importante tout comme le Maroc à la rébellion algérienne.
D’ailleurs le 11 janvier 1958, 14 soldats français sont tués au cours d’un
accrochage avec deux Katibas, qui se réfugient en Tunisie en emmenant 4 de nos prisonniers,
protégées par les tirs de la garde tunisienne opérant à partir du poste de Sakiet Sidi Youssef,
se trouvent des pièces de DCA et des casernements de l’ALN. Les incidents se
poursuivant, un de nos avions est durement touché par le tir des mitrailleuses et doit se poser
en catastrophe à Tébessa, une opération aérienne est déclenchée contre Sakiet Sidi Youssef ;
mais comme toujours les installations militaires de l’ALN sont implantées au milieu de la
population civile tunisienne et des réfugiés algériens, lui conférant une sorte d’impunité, mais
qui cette fois ne joue pas et si les installations sont bien détruites, il y a 72 morts dont 12
enfants…Et le FLN exécute les 4 militaires français prisonniers. Suivent bien sûr toute une
série d’opérations dans les Aurès et Némentchas, dans le Constantinois près de Guelma, mais
l’annonce de l’exécution de nos soldats déclenche à Alger de violentes manifestations dont
sortira le 13 mai et la création du Comité de salut public rapidement pris en compte par les
politiques opposés au gouvernement.
L’appel lancé au général de Gaulle est largement entendu et ce dernier revient au
pouvoir.
En septembre le GPRA est créé au Caire avec à sa tête Ferhat Abbas.
Le 28 septembre, c’est le référendum sur la constitution de1958, où le Oui
prédomine à 98%, le général de Gaulle effectuant un voyage en Algérie annonce la mise sur
pied du plan de Constantine et pendant ce temps les opérations contre le FLN se
poursuivent notamment dans le massif de l’Akfadou en Kabylie.
Les propositions de paix lancée par le gouvernement français sont rejetées par le
GPRA et en novembre les élections législatives donnent une majorité aux partisans de
l’intégration ; Paul Delouvrier est nommé délégué général, le général Challe devenant
commandant en chef en Algérie.
1959 voit le développement accru des opérations militaires contre l’ALN et les
Wilayas, couronnées de succès puisque Amirouche commandant de la Wilayas III et Si Aouès
de la wilaya IV sont tués.
Par contre en Suisse et en France les réseaux de soutien au FLN s’organisent -Les
porteurs de valises- se rencontrent pour mettre au point les filières d’aides notamment en
argent, récupéré auprès des travailleurs algériens en France et à l’étranger comme impôt…..
En juillet ce sont les opérations Jumelles et Pierres précieuses ; du 27 au 31 août
le général de Gaulle effectue la première tournée des popotes et déclare, je cite « Moi vivant,
le drapeau du FLN ne flottera pas sur l’Algérie » Et pourtant maintenant il flotte non
seulement en Algérie, mais aussi impunément en France ! - Mais le 16 septembre, il proclame
au cours d’une allocution le droit des algériens à l’autodétermination par référendum, et
propose soit la sécession, la francisation ou l’association….. Nouveau refus du FLN par le
GPRA qui exige préalablement à toute discussion, l’indépendance totale de l’Algérie.
Plusieurs déclarations de hauts responsables français et notamment de Paul
Delouvrier semblent être à contre courant des propos du chef de l’Etat, le délégué général
déclarant lui-même que « Nous nous battons pour une Algérie française ».
En 1960, le général Massu est rappelé en métropole ayant tenu des propos peu
appréciés par Paris, et cela soulève à nouveau l’inquiétude des européens en Algérie ; il est
remplacé par le général Crépin et en janvier c’est la semaine des barricades à Alger l’on
dénombre après de graves incidents 22 morts et plus de 150 blessés - En février les unités
territoriales jugées peu sures, sont dissoutes sur ordre du gouvernement.
Du 3 au 5 mars le général de Gaulle effectue une seconde tournée des popotes,
insistant sur la nécessité d’une victoire complète et le droit de la France de rester en Algérie,
mais parle aussi d’une Algérie algérienne liée à la France et renouvelle à la rébellion ses
offres de négociation.
Le général Crépin remplace le général Challe ; il reste à ce moment en Algérie
à peu près 22.000 combattants de l’Armée Nationale de Libération - A.L.N.- alors qu’il y en
avait pas loin de 46.000 en mai 1958 : de nombreuses opérations sont encore menées dans le
Djebel Mzi - Des chefs illustres de l’ALN trouvent à nouveau la mort comme Si Lakdar et Si
Salah.
A Paris se déroule durant ce temps le procès des porteurs de valises du FLN-
Le procès du réseau Jeanson- et dans la capitale même, le FLN se permet d’attaquer des
commissariats de police et d’abattre des policiers…..
Le général Salan se trouve en Espagne, tandis que le procès des barricades se tient
lui aussi à Paris.
Le général de Gaulle annonce un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie,
et à Alger, monsieur Jean Morin remplace monsieur Paul Delouvrier.
Lagaillarde rejoint le général Salan en Espagne et du neuf au treize décembre de
nombreuses manifestations ponctuent le voyage du général de Gaulle, on dénombre plus de
96 morts. L’ONU s’en mêle et reconnaît le droit du peuple algérien à l’autodétermination….
Le 8 janvier 1961, le référendum sur l’autodétermination donne 73% de oui en
métropole et 69% en Algérie ; Lagaillarde fonde l’OAS en Espagne, pendant que du 20 au 22
février des entretiens secrets se déroulent en Suisse entre une délégation française conduite
par messieurs Pompidou et Bruno de Leusse et une délégation du GPRA.
Le 2 mars le procès des barricades se termine à Paris par l’acquittement des
inculpés présents : le 30 mars les médias annoncent l’ouverture des pourparlers d’Evian, et
peu de temps après le maire de cette ville est assassiné.
Du 22 au 25 avril c’est le putsch des généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan à
Alger, putsch qui avorte, l’Armée ne suivant que très peu cette tentative, par contre l’OAS
s’implante en Algérie - Le commissaire Gavoury est assassiné.
Le général Ailleret remplace le général Gambiez et le 15 c’est la rupture des
négociations à Evian à cause du statut du Sahara et des garanties de la minorité européenne-
On verra bien plus tard ce que valait la parole des négociateurs algériens du GPRA…
Condamnation à Paris par contumace des auteurs du putsch.
Le général de Gaulle admet le 5 septembre au cours d’une conférence de presse
que l’Algérie puisse devenir indépendante et revendiquer le Sahara.- Cela sera une désillusion
de plus……
Négociations à Lugrin avec le GPRA et nouvel échec à cause du Sahara.
Le 11 septembre on assiste à des affrontements sanglants entre européens et
musulmans à Oran : le 17 octobre à Paris les manifestations déclenchées par le FLN sont très
durement réprimées par la Préfecture de police ; il y a eu plus de 11538 arrestations et de
nombreux morts parmi les manifestants -Entre 30 et 50 parmi les manifestants et chez les
opposants au FLN, ce dernier profitant de l’évènement pour liquider ses opposants et occuper
les médias.
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