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Introduction
Cet article se situe dans le champ de la gestion économique et financière,
appliquée au cas des exploitations agricoles dans le cadre français actuel, et plus
généralement européen. Il vise à combler un manque méthodologique dans le
domaine des tableaux de financement et de flux appliqués à l'exploitation
agricole. En effet, suite au Plan Comptable Agricole de 1987, des avancées très
substantielles ont été réalisées dans le domaine des critères de rentabilité et de
celui du financement statique1 : on a abouti à une large normalisation des
concepts, du langage et de la présentation des documents de synthèse (Compte
de Résultat Économique, Bilans). Au contraire le domaine des tableaux de
financement et de flux n'a fait l'objet d'aucune normalisation et l'on voit fleurir
toutes sortes de présentations, ne permettant pas les comparaisons. Dans
certains centres de gestion (CER) s'est développée une méthode basée sur un
Tableau Pluriannuel des Flux Financiers inspiré du modèle de G. de MURARD
(1977). Notre but se situe dans une dialectique critique/construction : critique de
certains modèles préexistants et construction (proposition) d'un modèle qui se
veut général, opérationnel et susceptible de "normaliser" la présentation des
tableaux de financement et de flux applicables aux exploitations agricoles
françaises. Le modèle proposé s'appuie sur notre propre expérience
d'enseignant-chercheur et a été expérimenté sur des cas concrets. Il vise à
s'appliquer aussi bien en réalisation qu'en prévision. Il passe par la notion de
"revenu disponible", concept qui est déjà utilisé mais rarement défini avec
précision.
En conséquence cet article s'adresse plus particulièrement aux professionnels du
conseil de gestion, aux agriculteurs et aux chercheurs, formateurs et étudiants
qui ont à connaître, de près ou de loin, à la gestion des exploitations agricoles,
notamment dans ses aspects économiques et financiers. De son côté,
l'économiste agricole pourra y puiser des concepts utiles.
Ce modèle s'applique aux "entreprises agricoles familiales" : en effet plus de
95 % des exploitations agricoles françaises sont familiales au sens où les
ressources en travail et/ou en capital individuel ou social sont largement
fournies par la famille : c'est le cas aussi dans la plupart des entreprises agricoles
à statut sociétaire. Seule une petite minorité, où le travail salarié est largement
dominant et où le capital social n'est pas familial, échappe à ce modèle. Celui-ci
ne peut s'appliquer qu'aux exploitations tenant une comptabilité dite de gestion
(avec compte de résultat et bilan).
1 Voir notamment IGER – 1989.