585
l’exemplarité de son modèle politique, économique et social,
et ce pour le bien du plus grand nombre.
Face à ce mythe soigneusement entretenu malgré les
guerres d’invasion et le mensonge érigé en règle de gouverne-
ment par certaines administrations, notamment celle de
Bush Jr, la Chine, ociellement communiste, ne peut être
que l’envers de ce tableau idyllique, une puissance négative
ne cherchant à conquérir la planète que dans son intérêt
propre sans considération pour celui des autres nations et
véhiculant un modèle politique, économique et social inquié-
tant et foncièrement inégalitaire. L’analyse approfondie des
réalités de ces deux «modèles», qui révèle de nombreuses
approximations dans la présentation faite de la situation de la
Chine, incite à nuancer les critiques pour tenir compte des
réalités objectives et des contraintes spéciques à un pays de
cette dimension. L’idée selon laquelle une sorte de période de
grâce pourrait être concédée à la Chine dans cette phase de
développement, qui tiendrait des acquis incontestables de ces
trente dernières années dans tous les domaines, y compris
politique, ne réussit pas à atténuer l’impact du discours
dominant sur la «menace chinoise». Le discours persistant
chez de nombreux auteurs européens et américains ar-
mant la soif de «revanche» de la Chine2, sa volonté de res-
taurer sa grandeur impériale passée, par la force si nécessaire,
le caractère naturellement sournois du discours chinois qui
ne cesserait d’évoquer la paix que pour mieux préparer la
guerre, contribue à accroître dans l’opinion publique le senti-
ment de danger face à la montée en puissance de la Chine. En
fait, nous sommes confrontés à la n d’une séquence histo-
rique durant laquelle l’Occident a fait gure de centre orga-
nisateur du monde, comme le souligne Jean-Claude
Guillebaud3, et dont la perspective, compte tenu de l’incom-
préhension générale vis-à-vis de la Chine, ne cesse de faire
croître une sourde angoisse parmi les opinions publiques
occidentales.
Une puissance militaire responsable
Ce concept même de «menace» correspond à une réalité très
oue. Le dé posé par la puissance chinoise aux autres
acteurs de la société internationale est de trois ordres : mili-
2. Politique du chaos,
Thérèse Delpech, La
République des idées, p.53.
3. Le commencement d’un
monde, Jean-Claude
Guillebaud, Éd. du Seuil,
2008.