Le rôle de l’épargne retraite dans le financement de l’économie – Note de synthèse n°11 - Séminaire CDC – TDTE n°13 / Saison 2 –
Les politiques générationnelles -
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Thomas Weitzenblum
Il faut distinguer, dans le volume global d’épargne, ce qui relève de la vraie épargne retraite.
Le contexte est connu. Le vieillissement de la population a engendré des réformes qui ont revu à la
baisse la générosité des systèmes publics par répartition. La question est de savoir dans quelle mesure
les ménages prennent le relais et pourquoi ils ne le font pas parfaitement.
Le point de départ est le suivant : les pensions versées par les régimes obligatoires en baisse,
on assiste à une bascule d’un système à prestations définies vers un système à cotisations définies,
avec une incitation fiscale destinée à développer un système de retraite facultatif. D’où une
dichotomie entre le caractère volontaire ou obligatoire de l’épargne retraite par capitalisation. On
peut ainsi distinguer trois grands ensembles : le premier, où le financement de la retraite par
l’épargne est obligatoire et majoritaire (Pays-Bas, Australie) ; le second, où le financement par
capitalisation est facultatif, mais où une majorité d’agents le choisissent (Royaume-Uni, Etats-Unis) ;
le troisième, enfin, qui regroupe des pays comme la France qui ne disposent pas de système par
capitalisation obligatoire et où le volontariat est faible. Or, selon les graphiques de l’OCDE, il reste à
financer le pension gap, ce qui ne peut être le fait que des agents. D’où les questions suivantes :
l’environnement changeant incite-t-il les ménages à épargner ou non ? Sur quel support cette épargne
se porte-t-elle ? Les incitations sont-elles efficaces ? Quels sont les biais comportementaux et quels
dispositifs mettre en place pour en limiter la portée ?
Quelques chiffres sont à rappeler sur l’épargne retraite en France, en prenant en compte
l’assurance vie, même si ce support concerne la protection contre les risques en général, les
complémentaires qui sont à cotisations définies comme à prestations définies concernant tous types
de travailleurs. La première totalise 1 400 milliards d’euros en encours, soit 70% du PIB annuel, un
montant énorme dont on peut penser qu’une partie est destinée à la retraite, soit, selon sondages, 25 à
30%, une tendance qui tend à s’accroître. Pour les vrais supports d’épargne retraite, qui représentent
un montant dérisoire par rapport à l’assurance vie, ils sont à considérer soit dans un cadre individuel,
la plupart à système de cotisations définies (PERP, PREFON..), soit dans un cadre collectif (les
indépendants, les professions agricoles…) avec un dernier né, très souple pour le salarié comme pour
l’employeur, le Perco. Ainsi, si le régime de Base totalise 251 milliards d’euros, les régimes
supplémentaires n’atteignent que 10 milliards, soit 4%.
Sur les comportements, une « étude patrimoine » basée sur trois enquêtes dans le temps,
permet de mettre en évidence les effets de cycles de vie par cohortes sur 10 ans. Les cohortes des
plus jeunes, au cours du temps et à un âge donné, tendent à détenir de manière plus sensible au moins
un des trois produits retraite proposés, ce qui est positif mais peut-être sans avenir. En considérant
l’épargne globale, à un âge donné, les ménages ont des difficultés à épargner davantage et
« surpondèrent » le critère de retraite. Ce qui ne peut résoudre le pension gap.
Sur l’incitation à l’épargne, comment réagissent les ménages dans un contexte où leur
pension, dans le système obligatoire, est plus faible ? Les études existent, notamment celle,
fondatrice, de Felstein, ou celle d’Attanazio. Selon celles-ci, à mettre en relation les ménages de
différents pays avec des systèmes de retraite eux aussi différents, il y a, selon la générosité de ces
derniers, une grande hétérogénéité dans les comportements. Les personnes ayant une plus forte
propension à épargner réagissent plus vite si le système est moins généreux. Elles tentent alors un