Proceedings of the Marketing Spring Colloquy (URAM), Vol. 6. May, 2016.
finalement qu’une éthique appliquée parmi
d’autres.
En effet l’éthique se décline aujourd’hui dans
un univers d’éthiques « appliquées », univers
apparu aux Etats-Unis dans la décennie 60
avec l’explosion des champs d’interrogation
éthique et posant la question de ses lien avec
la philosophie morale. Cet univers se stabilise
dans la décennie 70 avec les domaines
suivants : la bioéthique (conséquence des
pratiques technoscientifiques en médecine),
l’éthique environnementale (autour de la
question des rapports entre l’homme, les
animaux et la nature), l’éthique des affaires et
l’éthique professionnelle (liée aux modes
d’organisation propres aux sociétés
industrielles et à la représentation des risques
liés à l’exercice de telle ou telle profession).
Une éthique appliquée propose les contours
normatifs d’un comportement acceptable en
construisant une instance de jugement,
positive à l’égard de certains comportements
et négative pour d’autres. Elle contribue ainsi
à fonder une sorte d’idéologie des
mécanismes de création de valeurs.
1.3. L’éthique managériale
Accoler le mot éthique au mot management,
c’est rapprocher deux disciplines bien
identifiées mais dont l’histoire, il faut bien le
remarquer, n’est en rien comparable. Si
l’éthique a une longue histoire, des textes
classiques et des noms prestigieux, le
management quant à lui demeure une
discipline récente, aux contours
épistémologiques sans cesse renégociés et qui
n’a certainement pas encore atteint sa pleine
maturité terminologique. Autre ment dit,
évoquer une éthique managériale, c’est faire
référence dans le champ du management à
une branche de la philosophie qui remonte à
près de trois mille ans. Faire fi de cette
tradition ferait du management éthique un
vain mot, sans doute même une mystification.
Parmi les très nombreuses définitions de
l’éthique managériale qui ont été présentées
dans la littérature depuis une vingtaine
d’années, nous retiendrons ici celle qui la
caractérise comme « interpellation »,
« réflexion », « discernement » (Puel, 1989),
qui oblige l’acteur à élaborer sa propre
réponse, individuelle ou organisationnelle,
face à une situation perçue comme étant
moralement problématique.
De nombreux sociologues et économistes ont
traité la question de l’éthique dans
l’entreprise.
L’éthique selon Weber : une des idées forte de
Max Weber est que les fondements du
capitalisme sont éthiques, religieux et
psychologiques plutôt que, ainsi que le
pensait Marx, techniques, financiers ou
économiques. L’éthique protestante et l’esprit
du capitalisme, son œuvre majeure écrite vers
1904-1905, révèle les liens étroits entre foi
protestante et capitalisme, en
rappelant notamment la valeur sacrée du
travail. Weber pense même que l’esprit du
capitalisme trouve sa source dans l’ascèse du
travail telle qu’elle est valorisée dans le
calvinisme. « Le travail est la fin en soi de la
vie, prescrit par Dieu. La maxime de Paul : «
Que celui qui ne travaille pas, ne mange pas »
vaut inconditionnellement et pour tout un
chacun. L’aversion envers le travail est le
symptôme d’une absence d’état de grâce. »
Weber a également laissé une distinction
désormais classique entre l’éthique de
conviction et l’éthique de responsabilité, qui
sont selon lui « deux maximes totalement
différentes et irréductiblement opposées ». La
première ne se soucie pas des conséquences
des principes qu’elle défend (on pourrait la
rapprocher de l’impératif catégorique de
Kant, qui correspond au devoir
inconditionnel). La deuxième, au contraire,
s’attache aux résultats. Un management
éthique ne peut, bien sûr, faire fi de
ses objectifs ; on attend plutôt de lui une
éthique de responsabilité.
L’éthique dans un contexte informel
Dans un contexte professionnel où la
hiérarchie classique tend à s’effacer devant
des modèles relationnels souples et
fonctionnels, l’éthique est plus nécessaire que
jamais pour réguler la communication entre
les acteurs.
Comment définir un management éthique ?