On va au théâtre pour se perdre, se trouver, se retrouver.
S’égarer, à l’étranger comme en soi, au cœur des autres.
C’est l’art du spectateur de théâtre. Qui n’attend pas la béquée
prémâchée, qui vient assister le dialogue entre désir et action,
qui espère l’alliance entre joie et pensée, qui accepte le temps
du théâtre qui est un temps en soi, distinct des surdoses
épileptiques du jeu vidéo ou du monde télévisé.
Au théâtre, on est comme dans la forêt de l’Enfance, incertain
de ce que l’on voit, effrayé, émerveillé, fasciné. Walter
Benjamin disait que pour bien se perdre en forêt comme dans
les méandres des grandes villes, il faut toute une éducation.
Se perdre dans des œuvres artistiques, peut- être pour s’y
reconnaître plus vaste soi- même, plus vaste que la forêt elle-
même, cela s’apprend aussi. La tâche n’est pas difficile : la
poésie est chez elle chez qui s’y sent chez soi. Il n’y a pas
maison plus ouverte, jardin plus accueillant.
Que vous soyez enfants, adolescents ou adultes, autorisez-
vous à flâner avec nous, à collectionner des instants et des
ailleurs, à faire jouer votre regard dans les fenêtres que
nous ouvrons pour vous. Fenêtres ouvertes sur le temps, sur
l’horizon, sur la haute opinion que nous avons des enfants, qui
habitent le monde mieux que personne.
L’Enfance est à libérer du sentimentalisme, de représentations
fossilisées, de stéréotypes qui la plombent. Nous nous
employons, de saison en saison, à dynamiser la création Enfance
et Jeunesse - et nous insistons pour mettre une majuscule à ces
termes, qui sont le cœur battant de notre projet.
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