l’Enass Ecole nationale d’assurances Certification ISO 9001 : 2000 et Lean Six Sigma dans le secteur des entreprises d’assurances : méthodes concurrentes ou complémentaires ? Nicolas BOUCQUEY Remerciements L’exercice d’écriture d’une thèse n’est pas un exercice solitaire. Ainsi, je tiens à remercier toutes les personnes qui se sont rendues disponibles et qui m’ont consacré du temps pour échanger sur mon sujet de thèse professionnelle. Merci également à Bertrand Dedryver pour ses conseils et sa relecture attentive. Merci enfin à ma famille pour son soutien tout au long de ces deux années de formation. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 2 Sommaire Résumé ...............................................................................................................................................5 Introduction ......................................................................................................................................6 PARTIE 1 : Quels sont les grands principes des démarches de certification ISO 9001 : 2000 et Lean Six Sigma dans le secteur des assurances 1. Certification ISO 9001 : 2000 ...................................................................................................9 1.2 Historique...........................................................................................................................9 1.2 Définition..........................................................................................................................13 1.3 Points forts et limites ....................................................................................................16 1.4 Les conditions de réussite ............................................................................................20 1.5 Les étapes essentielles..................................................................................................23 1.6 Qualité et certification : est-ce toujours compatible ? ..........................................24 1.7 Conclusion ........................................................................................................................24 2. Lean Six Sigma ...........................................................................................................................27 2.1 Historique.........................................................................................................................27 2.2 Définition..........................................................................................................................29 2.3 Points forts et limites ....................................................................................................38 2.4 Les conditions de réussite ............................................................................................39 2.5 Les étapes essentielles..................................................................................................40 2.6 Conclusion ........................................................................................................................40 PARTIE 2 : Quels sont les points de convergence et de divergence des deux méthodes ? Quels apports pour le secteur des entreprises d’assurances ? Quels sont les rapports entre la spécificité du secteur de l'assurance versus l’universalité des deux méthodes ? 1. Points de divergence ou de convergence des deux méthodes ........................................43 1.1 Lean et six sigma dans le cadre iso 9001..................................................................45 1.2 La satisfaction client ......................................................................................................49 1.3 L’approche Processus ....................................................................................................50 1.4 Conclusion ........................................................................................................................54 2. Apport de ces méthodes dans le secteur des entreprises d’assurances ........................55 2.1 L’organisation en mode processus .............................................................................55 2.2 La création de valeur pour le client ............................................................................56 2.3 La vision client au cœur de l’organisation ................................................................58 3. Rapport entre la spécificité du secteur de l’assurance versus l’universalité des méthodes .........................................................................................................................................60 3.1 La satisfaction des clients et la réduction des coûts ..............................................62 3.2 L’industrialisation du secteur des assurances .........................................................63 3.3 Le calcul du retour sur investissement ......................................................................64 Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 3 PARTIE 3 : Quelle approche de mise en œuvre concrète entreprendre ? Présentation de trois études de cas 1. Entité certifiée ISO 9001 : 2000 : Cas GROUPAMA GAN ...................................................66 1.1 Zoom Groupama Gan - Certification ..........................................................................66 1.2 Facteus clés de succès...................................................................................................68 1.3 Préconisations .................................................................................................................68 2. Entité sous une démarche Lean Six Sigma : Cas AXA, ALLIANZ .....................................71 2.1 Zoom AXA – Démarche AXAWAY ................................................................................71 2.2 Zoom AGF – ALLIANZ – Démarche OPEX ..................................................................78 2.3 Facteurs clés de succès .................................................................................................83 2.4 Préconisations .................................................................................................................83 3. Entité devant faire le choix de mise en œuvre d’une démarche qualité .......................87 CONCLUSION Conclusion........................................................................................................................................90 BIBLIOGRAPHIE Bibliographie ...................................................................................................................................93 CONTACTS Contacts............................................................................................................................................94 Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 4 Résumé " Que la stratégie soit belle est un fait, mais n'oubliez pas de regarder le résultat. " Winston Churchill, homme d'état anglais. Dans un contexte économique et financier en pleine mutation, les entreprises doivent se remettre en question. Elles sont contraintes à des adaptations et à des transformations devant leur permettre de survivre et de continuer à se développer. La recherche de la rentabilité devient un impératif pour rester compétitif. D’autre part, l’environnement concurrentiel pousse les entreprises d’assurance à être innovantes et offrir davantage de services aux clients. C’est cette différenciation qui fait que l’entreprise fidélise et attire de nouveaux clients. Face à ce paradoxe de recherche d’économie pour la rentabilité mais en même temps le développement de services offerts aux clients, les entreprises doivent rechercher l’amélioration continue pour atteindre l’excellence opérationnelle. Les démarches d’amélioration continue telle que ISO ou Lean Six Sigma sont des leviers pour atteindre ces objectifs. Il convient donc pour l’entreprise de bien choisir la méthode à utiliser en fonction de la cible à atteindre. Il est également pertinent, pour l’entreprise qui a déjà pu initier une telle démarche, d’avoir un éclairage sur les bénéfices éventuels à compléter le dispositif en place par une autre démarche. Déployée depuis de nombreuses années dans les entreprises, la démarche ISO a permis d’installer une culture client qui n’existait pas auparavant. Néanmoins, cette démarche montre ses limites notamment dans sa capacité à démontrer son retour sur investissement. La démarche Lean Six Sigma quant à elle, plus récemment arrivée dans le secteur des assurances, apporte des outils opérationnels de recherche et de mesure d’optimisation des processus de réalisation de l’entreprise. Elle focalise également les actions entreprises sur la valeur ajoutée apportée au client. En revanche, cette méthodologie ne permet pas de mettre sous contrôle le système et d’installer durablement l’amélioration continue. Utilisées en complémentarité, les démarches ISO et Lean Six Sigma permettent de tirer les bénéfices reconnus de chacune d’entre elles. De plus, cela permet de répondre aux reproches souvent exprimés de « non-opérationnalité » des démarches qualité. Pour arriver aux enjeux actuels d’efficience des entreprises d’assurance, il convient donc de choisir la bonne stratégie de déploiement de ces méthodologies qui servent au final le client, les collaborateurs et les actionnaires. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 5 Introduction Apparues dans les années 1950 et longtemps réservées au secteur industriel, les premières démarches d’amélioration continue se sont déclinées quelques dizaines d’années plus tard dans le secteur tertiaire. Ces démarches avaient pour trait commun de s’intéresser à la satisfaction client et à l’efficacité et l’optimisation des processus. Dans un contexte économique de mondialisation, la concurrence sur les marchés est exacerbée et la recherche du profit devient un impératif. Amplifié ces dernières années, ce phénomène est devenu un fil conducteur pour les entreprises. En assurance, le contexte règlementaire est en plein changement. Les règles prudentielles de Solvabilité II pousseront notamment les assureurs à une meilleure maîtrise de leurs risques et donc de leurs processus. Les démarches méthodologiques d’amélioration continue qui visent à toujours « faire mieux pour moins cher » vont davantage jouer un rôle majeur dans de nombreuses entreprises. De plus, ces démarches visant à l’excellence opérationnelle permettent aux entreprises de se différencier de leurs concurrents. En effet, en ce focalisant sur le vrai besoin des clients et en recherchant comment leur apporter au juste coût, les entreprises se mettent en capacité de satisfaire au mieux leurs clients. De plus, une fois les optimisations réalisées, les entreprises peuvent redéployer leurs ressources sur ce qui apporte de la valeur ajoutée aux clients. La réflexion proposée dans le mémoire s’attachera à ne traiter ces concepts que dans le secteur des services et plus particulièrement le secteur des assurances. Les exemples qui illustreront la démonstration sont issus de démarches actuelles sur le marché français. Les deux principales démarches d’amélioration continue sur le marché sont la certification ISO et la démarche Lean Six Sigma. Dans le mémoire, il conviendra de se demander si ces deux méthodes sont uniquement concurrentes ou si elles peuvent le cas échéant être complémentaires mais également plus concrètement quelle pourrait être une façon intelligente de les faire vivre ensemble. En effet, les entreprises souhaitant s’inscrire dans une démarche d’amélioration sont confrontées à la problématique du choix. Selon les périodes, certaines méthodes d’amélioration continue sont plus ou moins sur le devant de la scène. Néanmoins, en dépit de ce phénomène de mode, il est primordial que l’entreprise choisisse la démarche la plus adaptée à son contexte et à sa problématique. Pour éclairer le sujet, il sera nécessaire de répondre aux questions suivantes : -> Quels sont les grands principes de ces deux méthodes ? -> Quels sont les points forts et les limites de ces deux méthodes ? -> Quels apports pour le secteur des entreprises d’assurances ? Quels sont les rapports entre la spécificité du secteur de l'assurance et quoi ? versus l’universalité des deux méthodes ? -> Quelle approche de mise en oeuvre entreprendre ? Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 6 Avant de rentrer dans le développement de ces concepts, nous pouvons synthétiser les deux méthodologies étudiées en présentant les grands principes qui les caractérisent : - L’esprit de la norme ISO 9001 : 2000 peut se résumer en quatre points ci-dessous : 1- Une norme internationale spécifiant les exigences relatives au système de management de la qualité pour démontrer l’aptitude d’un organisme à fournir régulièrement un produit conforme et à accroître la satisfaction de ses clients. 2- Elle considère qu’un organisme fonctionne de manière efficace s’il est capable d’identifier et de maîtriser ses activités corrélées sur la base d’un modèle basé sur les processus. 3- Elle se base sur la dynamique d’amélioration continue pour pousser les entreprises à répondre plus efficacement aux attentes de leurs clients. 4- Elle représente un langage codifié et commun pour faciliter les relations clients – fournisseurs. - La démarche Lean Six Sigma est l’association de la démarche Lean et de la démarche Six Sigma. Le lean recherche la performance par l'amélioration continue et l'élimination des gaspillages tandis que la démarche Six Sigma vise l’amélioration de la qualité et l'efficacité des processus. Plus concrètement, ces deux systèmes qualitatifs permettent : - pour l’un de travailler mieux. C’est le Six Sigma, méthodologie qui permet d’analyser les défauts d’un processus pour l’amener au plus près de la perfection dite « niveau Six Sigma ». - pour l’autre de travailler plus vite. C’est le Lean, qui consiste à traquer les gaspillages en temps et en énergies afin de n’utiliser qu’une quantité minimale de ressources en personnels, matières premières, capitaux, … pour fabriquer les produits à moindres coûts et les livrer dans des délais réduits. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 7 PARTIE 1 : Quels sont les grands principes des démarches de certification ISO 9001 : 2000 et Lean Six Sigma dans le secteur des assurances Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 8 PARTIE 1 : Quels sont les grands principes des démarches de certification ISO 9001 : 2000 et Lean Six Sigma dans le secteur des assurances 1. La démarche de certification ISO 9001 : 2000 L’ISO (International Standard Organisation) est un réseau d’instituts nationaux dont le rôle est l’élaboration de normes techniques (santé, sécurité, environnement…) visant, entre autres, à protéger les utilisateurs de produits et de services. Dans le présent document, nous nous intéresserons uniquement à la norme ISO 9001. La norme ISO 9001 est une norme internationale de management de la Qualité. Diverses exigences sont prises en compte par la norme ISO 9001 : l’orientation client, l’implication de la Direction, l’implication du personnel, l’approche processus, l’approche système du management, l’amélioration continue, les procédures de décision basées sur des faits, les relations fournisseurs mutuellement bénéficiaires. Certifier un système de management de la Qualité d’après la norme ISO 9001 atteste d’un engagement en matière de Qualité et permet de mesurer les progrès effectués dans l’amélioration continue des performances. Passer de l’assurance qualité à l’amélioration continue des performances de l’entreprise a été l’enjeu principal du passage à la version 2000 des normes ISO 9001. En apportant une vision pragmatique et efficiente de la qualité, cela a permis de faire mieux pour les clients, les actionnaires et les salariés et de le démontrer. De plus, L’amélioration continue des performances de l’entreprise porte sur l’ensemble des composantes de l’entreprise. Elle ne doit pas être focalisée sur les seuls indicateurs qualité mais transparaître au niveau de la productivité, de la satisfaction du personnel, des salariés. Il ne s’agit pas uniquement de satisfaire ses clients mais d’aller plus loin en recherchant l’optimisation de son organisation et en visant à améliorer les ressources de l’entreprise. L’entreprise doit s’inscrire dans un contexte beaucoup plus large que celui de la simple qualité du produit et donc se lancer dans une démarche de résolution de problèmes appliquée à l’ensemble de son organisation. 1.1 Historique 1 L’origine de la norme ISO 9000 date de 1979 avec la création, au sein de l’Organisation internationale de certification (ISO), d’un comité technique en charge d’élaborer des normes dans le domaine du management et de l’assurance qualité. En 1987, ce comité publie les cinq premières normes internationales de la série ISO 9000 : elles visaient l’harmonisation de relations entre clients et fournisseurs. Les directives de l’ISO prévoient que les normes internationales doivent être examinées tous les cinq ans afin de se prononcer sur leur maintien, leur annulation ou leur révision. Devant l’engouement des entreprises, le comité technique décida dès 1990 de procéder à une révision des normes de la série ISO 9000. Ce processus de révision s’est organisé en deux temps : la phase 1 et la phase 2 qui donnèrent respectivement naissance aux versions ISO 9000:1994 et ISO 9000:2000. 1 Source : www.iso.org Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 9 Les versions précédentes des normes ISO (1987 et 1994) s'intitulaient : • ISO 9001 : Systèmes de management de la qualité - Exigences pour la conception, le développement, la production, l'installation et le service après-vente. • ISO 9002 : Systèmes de management de la qualité - Exigences pour la production, l'installation et le soutien après vente. • ISO 9003 : Systèmes de management de la qualité - Exigences pour les procédures de contrôle qualité (contrôle final + essais). Ces trois normes ont été créées à la demande des industriels, sous-traitants de grands donneurs d'ordres, qui souhaitaient une reconnaissance officielle de leur système de gestion de la qualité sans devoir être audités individuellement par chaque client. Ces normes avaient donc pour objectif la mise en place de procédures garantissant le respect des cahiers des charges des donneurs d'ordres. Avec la diffusion de ce système de certification au-delà du secteur industriel, ces normes ont trouvé leurs limites. Elles ont été supprimées et remplacées par la version 2000 de la norme ISO 9001. La - version 2000 de la norme ISO 9001 a l’ambition de : Répondre aux besoins de ses clients, les entreprises, en étant plus proche de leur organisation Fournir un caractère générique devant la prolifération des référentiels sectoriels Assurer son adaptabilité à tout type d’organisme quel que soit sa taille, son activité et ses produits (matériels, produits issus de processus continus, services et logiciels) - Rechercher une compatibilité accrue avec les autres référentiels de système de management - Assurer la compatibilité avec la version de 1994 et améliorer la cohérence des textes ISO 9001 et ISO 9004 - Offrir une meilleure lisibilité et une facilité d’utilisation par la simplification et la clarification de ses concepts et de son vocabulaire Les axes majeurs d’évolution de cette norme sont les suivants : A- Les huit principes de management de la Qualité Chacune des trois normes ISO 9000, 9001 et 9004 s’appuie sur les huit principes de management de la qualité. - Principe 1 : Orientation client - les organismes dépendent de leurs clients, il convient donc qu’ils comprennent leurs besoins présents et futurs, qu’ils satisfassent leurs exigences et qu’ils s’efforcent d’aller au-delà de leurs attentes - Principe 2 : Le Leadership - les dirigeants établissent la finalité, les orientations et l’environnement interne de l’entreprise. Ils créent le contexte dans lequel les personnes peuvent pleinement s’impliquer dans la réalisation des objectifs de l’entreprise. - Principe 3 : L’implication du personnel - les personnes sont à tous niveaux l’essence même d’une entreprise et une totale implication de leur part permet d’utiliser leurs capacités au profit de l’entreprise - Principe 4 : l’approche processus - un résultat escompté est plus facilement atteint lorsque les ressources et activités afférentes sont gérées comme un processus - Principe 5 : Le management par approche systémique - identifier, comprendre et gérer un système de processus corrélés pour un objectif donné contribue à l’efficacité et à l’efficience de l’entreprise - Principe 6 : L’amélioration continue - l’amélioration continue constitue un objectif permanent de l’entreprise - Principe 7 : L’approche factuelle pour la prise de décision - les décisions efficaces se fondent sur l’analyse de données et d’informations - Principe 8 : Le partenariat - des relations mutuellement bénéfiques entre l’entreprise et les fournisseurs augmentent les capacités des deux organismes à créer de la valeur. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 10 B- Le modèle de processus Le modèle de processus part du principe très simple que l’entreprise est un processus qui créé de la valeur ajoutée en transformant un élément entrant en un élément sortant par l’utilisation de moyens (ressources) et régulé par des contrôles. Cette approche a été adoptée pour structurer la norme ISO 9001. Le projet de norme ISO 9001 adopte une structure en quatre principaux blocs selon le modèle de processus : o La responsabilité de la Direction o Le management des ressources o La réalisation du produit o La mesure, analyse et amélioration Le premier bloc décrit l’ensemble des dispositions impliquant directement le leadership avec l’identification des besoins et exigences du client, la définition de la politique qualité et des objectifs associés, la planification de la qualité, ou la revue de Direction. Le chapitre management des ressources distingue les aspects liés aux ressources humaines (formation, qualification, compétences) et les autres types de ressources (installation, environnement de travail...). Dans la partie réalisation du produit sont traités non seulement les processus directement liés à la réalisation des produits / services, mais aussi les processus liés au client avec les dispositions de l’actuelle revue de contrat et de nouvelles exigences sur la communication avec le client. Enfin, le dernier bloc reprendra tout ce qui relève de la mesure (sur le produit, le processus, mais aussi la satisfaction du client), de l’analyse des données, des actions correctives et préventives et le processus d’amélioration continue. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 11 C- Un renforcement des exigences envers les managers La Direction a un rôle considérable dans la mise en œuvre de la démarche qualité. Son engagement et son implication sont réaffirmés dans les versions 2000. Ce rôle fondamental se traduit par : - la planification stratégique des activités liées à la qualité incluant la définition de la politique et des objectifs qualité mesurables et cohérents avec la satisfaction des exigences (internes, clients, réglementaires) et l’amélioration continue. - la mise à disposition des ressources nécessaires pour atteindre les objectifs planifiés. - la vérification, lors de la revue de direction, des dispositions prises pour atteindre les objectifs et notamment celui de l’amélioration continue, et ceci à chaque niveau de l’organisme. D- La mesure de l’efficacité Elle se traduit par : - une orientation très ferme vers la démonstration de l’efficacité des processus plutôt que la conformité aux procédures et en particulier la nécessité de démontrer l’efficacité du processus d’amélioration permanente. - elle est mise en œuvre par la comparaison des résultats obtenus aux résultats planifiés qui permet de juger de l’efficacité de la démarche. - l’efficacité du système documentaire doit aussi être mesurée pour identifier s’il permet d’atteindre les objectifs planifiés. E- Une simplification du système documentaire Les versions antérieures à 2000 étaient basées sur le principe : « On définit par écrit ce que l'on doit faire, et on fait ce que l'on a écrit. » Cela a conduit a des systèmes qualité très "administratifs", avec énormément de documents (procédures, instructions, consignes, modes opératoires, etc.), souvent avec un système de gestion documentaire très lourd et très centralisé. La version 2000 se situe dans une approche différente : « On définit le niveau de qualification (ou de compétence) nécessaire pour tenir un poste, et on s'assure que les personnes tenant ce poste ont la qualification voulue. Si nécessaire, on met en œuvre des formations. » Cette analyse doit être régulièrement renouvelée. Cette approche permet de simplifier considérablement le système documentaire. Certaines entreprises ont ainsi supprimé des centaines de documents de leur système de gestion documentaire. Cela permet aussi de décentraliser plus facilement cette gestion des documents. Pour caricaturer et en poussant les choses à l'extrême, avec les anciennes versions il aurait fallu rédiger un mode opératoire pour l'électricien devant changer un fusible. Avec la version 2000 on définira, par exemple, qu'il faut pour tenir ce poste un diplôme professionnel d'électricité ou 5 ans d'expérience dans un poste d'électricien. Toute personne satisfaisant à cette exigence a donc la compétence nécessaire pour changer le fusible, il est donc inutile d'écrire un mode opératoire. Rédiger un rappel sécurité suffit alors. Il faut néanmoins démontrer que cet électricien possède la compétence et sait la garder dans le temps. C'est là qu'intervient la notion de réévaluation des compétences et du contrôle des acquis. F- L’orientation client final Les versions précédentes prenaient peu en compte la satisfaction réelle de l'utilisateur final. Pour résumer, la fourniture devait avoir été spécifiée avec le client et la production devait correspondre à la spécification prévue. Même si la norme parlait de satisfaction des besoins "exprimés et implicites" des clients, on ne se préoccupait pas de savoir si ce qui avait été demandé par le client correspondait bien à son besoin réel. La version 2000 remet le client au sommet de la pyramide. Le fournisseur, du fait de la connaissance qu'il a de son métier et de son produit, a un devoir de conseil auprès de son client. Il doit donc l'aider à identifier son besoin réel et s'assurer que ce besoin a été satisfait en mesurant le niveau de satisfaction de son client. Implicitement, cela conduit l'organisme à définir précisément son rôle (quel est son « métier » ?) pour identifier avec précision qui doivent être ses Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 12 clients (et surtout qui ne doit pas être un client car on ne pourra pas le satisfaire) et pouvoir déterminer avec eux leurs besoins réels. En résumé, les principaux changements de cette norme se traduisent en premier lieu dans le nom même de la norme ISO 9001 « Système de management de la qualité - exigences » qui traduit un changement de philosophie de ce référentiel qui, du modèle pour l’assurance de la qualité, va se transformer en véritable outil de management. Depuis peu de temps, la version 2008 de la norme est sortie. Cette nouvelle version apporte les évolutions suivantes : - Un renforcement de la notion de conformité produit. - Une évolution de la compatibilité avec d’autres référentiels. - Une meilleure prise en compte des processus externalisés. - Une clarification rédactionnelle de certaines exigences. - Des précisions apportées aux exigences de la norme. 1.2 Définition La norme ISO 9001 est une norme internationale de management de la Qualité, utilisable par tous les organismes. Certifier un système de management de la Qualité d’après la norme ISO 9001 atteste d’un engagement en matière de Qualité et permet de mesurer les progrès effectués dans l’amélioration continue des performances. Les nouvelles normes ISO concrétisent la poursuite du recentrage vers le client avec le développement de dispositions concernant l’identification des besoins et exigences du client comme base de la politique qualité, la communication avec lui et la mesure de sa satisfaction. Il s’agit donc de manager la qualité pour passer d’une culture produit à une culture client en s’appuyant sur les huit grands principes suivant : - L’orientation client – un organisme dépend de ses clients, il a donc besoin d’adapter ses activités pour répondre à son marché, - L’implication de la Direction – permet de définir des objectifs et une orientation commune, - L’implication du personnel – créer un environnement où le personnel est impliqué dans les objectifs de l’organisation, - L’approche processus – pour que les résultats soient atteints, les ressources et les activités doivent être managées comme des processus, - L’approche système du management – l’efficacité et l’efficience d’une organisation dépendent d’une approche système des activités, - L’amélioration continue - considérer ce principe comme quotidien est un objectif clé, - Procédure de décision basée sur des faits – une prise de décision est basée sur des analyses logiques, des données et des informations, - Des relations fournisseurs mutuellement bénéficiaires. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 13 Vision Processus de la norme ISO 9001 : 2 Cette démarche est basée sur le cycle Plan Do Check Act (PDCA) de Deming. En français, Prévoir, Réaliser, Vérifier, Réagir. - 1e étape Prévoir : il s’agit ici de planifier les activités qualité de la société pour satisfaire aux exigences des clients et de l’organisme (qualité voulue n). - 2e étape Réaliser : il s’agit ici de mettre en œuvre les activités prévues lors de la planification pour atteindre le niveau de qualité voulue. - 3e étape Vérifier : il s’agit ici de comparer la qualité réalisée à la qualité voulue. - 4e étape Réagir : il s’agit ici, au vue de la qualité réalisée, de replanifier les activités de l’organisme (qualité voulue n+1). Ce cycle en boucle permet à l’organisme de s’améliorer de façon permanente en comparant sans cesse la qualité réalisée à la qualité voulue, et en redéfinissant au vu des résultats obtenus, les plans d’actions nécessaires pour atteindre la qualité voulue (n) ou le nouveau degré de qualité attendue (n+1). Le processus générique d’amélioration continue doit s’appliquer à la satisfaction du client, aux produits et services, aux processus et au système qualité. 2 Source : www.iso.org Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 14 Ce concept d’amélioration continue fait pleinement partie des principes de management de la qualité et est une exigence essentielle dans le référentiel ISO 9001. C’est un principe réaffirmé qui doit être managé comme un processus en soi, mais qui n’est pas nouveau car des exigences relatives à l’amélioration existent dans les versions antérieures des normes ISO 9000 (audits, actions correctives et préventives, contrôles et essais). Le processus d’amélioration continue suppose qu’il n’y a pas d’état stable satisfaisant pour un système qualité. Nous pourrions nous poser la question « Pourquoi la certification ? ». En effet, la mise en œuvre des principes pourrait paraître suffisante. A l'heure de la mondialisation, cette norme internationale fait office de référence pour l'évaluation des systèmes de management. Suivant la maturité des marchés, la norme ISO 9001 peut constituer un avantage concurrentiel indéniable, un standard ou ne revêtir aucune importance car d'autres normes plus adaptées existent pour ce marché (par exemple : l'agroalimentaire). Une équipe dirigeante peut alors choisir de mener une certification pour différentes raisons : - Se démarquer de la concurrence, - Mieux répondre aux besoins et attentes des clients en les plaçant au cœur du système, - Renforcer la confiance dans la constance de la qualité des produits/services de l'entreprise, - Eviter de devoir fournir la preuve de conformité des produits/services à chaque client, - Installer le principe de l'amélioration continue en permettant de prévenir et d'éviter les dysfonctionnements, - Déployer la politique et les objectifs généraux de façon structurée à tous les niveaux de l'organisme, - Optimiser l'obtention des résultats par une meilleure implication et coordination de tous les acteurs, Enfin et il est primordial de la noter, tout le personnel de l’entreprise est concerné par le projet de Certification ISO 9001 : c’est un projet d’entreprise. Cependant, un groupe de travail Qualité est souvent constitué et de nouvelles fonctions sont nécessaires pour le projet de Certification ISO 9001 : responsable Qualité ISO 9001, responsables de processus, auditeurs Qualité ISO 9001 notamment. Les rôles des uns et des autres sont les suivants : o Le - Dirigeant : Allouer les moyens nécessaires au succès du projet de Certification ISO 9001, Arbitrer si nécessaire en faveur du projet de Certification ISO 9001, Motiver le personnel pendant toute la durée du projet de Certification ISO 9001, Consacrer du temps au projet de Certification ISO 9001 (communication, information, valorisation des résultats, etc.), Animer personnellement le groupe de travail Qualité ISO 9001. o Le groupe de travail Qualité ISO 9001 : créer les procédures Qualité ISO 9001 (en consultant régulièrement le personnel). o Le - Responsable Qualité : Coordonner le projet de Certification ISO 9001, Mettre au propre les procédures Qualité ISO 9001, Diffuser et expliquer les procédures Qualité ISO 9001 au personnel, Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 15 - Aider le personnel à appliquer les procédures Qualité ISO 9001 (phase d’apprentissage initiale), Détecter les difficultés d’application des procédures Qualité ISO 9001 et les solutionner, Recueillir les idées d’amélioration du personnel en matière de Qualité et les exploiter. o Le personnel : - Aider le groupe de travail Qualité pendant la phase de rédaction des procédures Qualité ISO 9001, - Appliquer les nouvelles procédures Qualité ISO 9001, - Informer le Responsable Qualité des difficultés d’application, lui suggérer des idées d’amélioration des procédures Qualité et du système Qualité. o Les auditeurs Qualité ISO 9001 : - Préparer les audits Qualité ISO 9001, - Mener les audits Qualité ISO 9001 (ouvrir les audits Qualité ISO 9001, mener les entretiens et examiner les preuves Qualité, clôturer les audits Qualité ISO 9001, - Rédiger les rapports d’audit Qualité ISO 9001 et les remettre au Responsable Qualité ou au responsable processus concerné. o Les responsables de processus : - Surveiller le processus (s’assurer de son application), - S’assurer que le processus produit les résultats escomptés (souci de bon fonctionnement, d’efficacité), - Veiller à l’utilisation optimale des ressources allouées pour le processus (souci d’efficience), - Veiller à l’adaptation du processus à son environnement (souci d’amélioration continue). 1.3 Les Points forts et les limites de la norme ISO 1.3.1 Les points forts de la démarche ISO La norme ISO 9001 concerne le management de la qualité. Il est possible d’identifier quatre avantages majeurs de la norme ISO 9001 : - au niveau du management : un fil conducteur pour maîtriser la mise en œuvre de la stratégie et son pilotage sur la base d’indicateurs d’efficacité et de performance avérés. - au niveau des clients : un moyen de définir des objectifs concrets à tous les niveaux pour répondre aux attentes des clients qu’ils soient externes ou internes. Pour soutenir une orientation client, il convient que : o les objectifs soient en phase avec les besoins et les attentes des clients (choix et suivi d'indicateurs pertinents) ; o le système de management vise l'amélioration continue des performances de l'entreprise. - Au niveau de l’entreprise : une approche processus favorisant le décloisonnement et amenant une vision globale du fonctionnement de l'entreprise (ou de l'activité concernée). La démarche ISO 9001, par son approche processus, renforce : o la compréhension par le personnel de l'importance de sa contribution et de son rôle ; o l'identification des interfaces entre les différentes fonctions ; o la définition des responsabilités nécessaires pour réaliser les objectifs communs et réduire ainsi les risques et les blocages. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 16 - Au niveau des collaborateurs : c'est une démarche transversale, qui mobilise les équipes autour d'un projet d'amélioration permanente. La démarche ISO 9001 véhicule un « Développement de l'aptitude au changement ». En complément de ces quatre avantages majeurs, la norme ISO 9001 met en avant les forces suivantes : o Apporter la preuve que les exigences des clients ont été prises en compte ; o Montrer qu’à un instant donné (lors de la certification) l’entreprise respecte les exigences ; o Garantir la qualité au quotidien ; o Décrire par des procédures ce que l’on fait et comment on remédie aux non-conformités sans attendre les réclamations des clients ; o S’appuyer sur une démarche d’amélioration continue du type PDCA ; o Aller au devant de l’exigence des clients par des enquêtes de satisfaction. 1.3.2 Les limites de la démarche ISO Au-delà de ces avantages, il convient également de présenter les limites souvent exprimées dans la démarche de certification. - Lourdeur bureaucratique : le système documentaire de la certification ISO est souvent perçu comme bureaucratique. En effet, les règles qui régissent l’organisation de l’information imposent un formalisme et des règles strictes. La documentation est au cœur de toute la démarche de certification. Elle vise à rendre l’entreprise plus disciplinée en s’assurant qu’elle a mis en place des procédures et standards documentés et qu’elle est en mesure de prouver qu’elle suit ces dernières. - Coût de mise en place et de suivi : la mise en place d’une démarche de certification est un investissement pour l’entreprise. Au-delà des coûts engendrés pour les audits externes, il s’agit essentiellement d’un coût en terme de temps consacré par les collaborateurs de l’entreprise à ce projet. - Durée de mise en place : démarche longue – pour accompagner les changements des mentalités au sein de l’entreprise, la démarche nécessite un temps long. Le temps d’appropriation des différentes notions pour l’ensemble des collaborateurs s’étale sur plusieurs années. - Focalisation plus important sur l’axe client que l’axe actionnaire : vision économique des processus peu développée – la vision économique de la démarche de certification est rarement mise en avant. D’ailleurs la méthodologie n’apporte pas réellement d’outils de mesure de la rentabilité. Par définition, un projet est dit rentable lorsque la valeur actualisée des coûts qu’il a suscité est inférieure à la valeur actualisée des recettes qu’il permettra de réaliser tout au long de la vie de l’entreprise. On considère la période court terme comme la période entre le commencement de la démarche qualité jusqu’à la certification proprement dite. Pendant cette période, la rentabilité est négative car les coûts sont considérablement élevés par rapport à l’économie réalisée pendant cette période. On considère la période à moyen et long terme comme la période après la fin de la certification. Les retours sur investissement sont de deux ordres : o D’une part, la certification permet d’augmenter les parts de marché car les clients seront plus confiants et plus fidélisés. De plus, les nouveaux clients seront heureux de travailler avec une entreprise certifiée. o D’autre part, la certification permettra de diminuer des coûts de non-qualité (par exemple sur des coûts comme le service). Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 17 - Conduite du changement : résistance au changement d’habitude voire de mentalité – comme il a été dit plus haut, l’accompagnement au changement est un facteur clé de succès de la mise en œuvre d’une telle démarche. Cet élément est souvent négligé. 1.3.3 Les principales objections pour initier une démarche ISO dans le secteur financier Banque et Assurance 3 En complément des points forts et des limites de la démarche décrits ci-dessus, une enquête menée par © IBAQ (Institut Banque et Assurance pour la Qualité) a permis de dégager les quatre principales objections pour ne pas s’engager dans une démarche de certification : - « « « « Ca demande du temps et ça vient en plus ! » C’est complexe! » Ca coûte cher et y a-t-il un retour sur investissement ? » On a déjà essayé et ça n’a pas marché ! » Ces interrogations semblent a priori légitimes et peuvent être analysées à la lumière du vécu de banques et de compagnies d’assurances certifiées. « Ca demande du temps et ça vient en plus ! » La certification ne vient pas « en plus », mais permet de satisfaire plus complètement, mieux et plus vite, les conditions de bon fonctionnement d’une entreprise. La mise en oeuvre d’une telle démarche requiert bien sûr une part d’investissement humain, mais un premier retour sur cet investissement (le plus souvent à court terme) se constate, notamment : - Par une meilleure compréhension des rôles, des responsabilités et des objectifs et par un renforcement de l’implication à tous les niveaux ; Par une optimisation du travail en commun. Le fonctionnement de l’entreprise est amélioré par une démarche ISO 9001 : - En assurant l’adéquation des ressources et la fluidité des informations ; - En structurant les processus pour répondre avec efficacité aux besoins et attentes des clients. Exemples : dans une entité certifiée d’une compagnie d’assurances : délai moyen de règlement des sinistres réduit de 40%, réduction du taux de réclamation diminué de moitié. Il faut pouvoir, au cours d’un audit annuel, mené par un organisme indépendant, démontrer le fonctionnement efficace de l’entreprise au service des clients (cet audit externe est toujours aussi une source de progrès pour le management). « C’est complexe! » Ce n’est pas ISO qui est complexe, c’est le fonctionnement de toute entité qui l’est. ISO ne peut que faciliter les choses en renforçant les pratiques de management structuré, telles que : - vision claire des missions ; stratégie, objectifs déclinés à tous les niveaux ; 3 Source © IBAQ Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 18 - moyens maîtrisés (définis, appliqués, mesurés) ; dispositif d’amélioration opérationnel : analyse des indicateurs relatifs aux objectifs et aux dysfonctionnements ; analyse de la satisfaction des clients. En - résumé, ISO contribue fortement à : la maîtrise de ses activités ; toujours mieux satisfaire ses clients ; améliorer en permanence le système. « Ca coûte cher et y a-t-il un retour sur investissement ? » Voici un exemple concret de calcul de retour sur investissement (image client/délai/financier) d’une entité certifiée de 25 personnes au sein d’une banque (source © IBAQ) : «On a déjà essayé et ça n’a pas marché» Les principales causes d’échec constatées sont : Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 19 - L’engagement de la Direction était-il suffisant ? o La certification constitue t’elle un projet structurant ? o La direction a-t-elle porté le projet ? o S’est-elle impliquée personnellement ? o A-t-elle affiché sa volonté ? - Les moyens étaient-ils adaptés aux objectifs? o Y avait-il un fonctionnement en mode projet conduit par un animateur compétent ? o Des ressources ? o Une planification…? - La période était-elle appropriée ? o Un tel projet dans un contexte difficile au plan social (restructuration par exemple) ou au plan économique constitue autant une opportunité, qu’une difficulté. La mise en oeuvre d’un système de management est souvent utilisée pour maîtriser une croissance externe forte. Qu’en était-il vraiment dans votre cas? Quelle était la situation ? Quels étaient les objectifs visés ? La norme ISO est un formidable outil de management au service des responsables de l’entreprise. 1.4 Les Conditions de réussite d’une démarche ISO 9001 Plutôt que de parler de limites ou d’objectifs, les expériences ont permis de faire ressortir des facteurs clés de succès. Les conditions de réussite, AVANT, PENDANT, APRES, sont le fruit de l’expérience de douze banques ou compagnies d’assurance certifiées (source © IBAQ). 1.4.1 AVANT le lancement de la démarche Il est impératif de : -> Manifester clairement la volonté de la Direction et son implication sans faille. L’implication de la Direction doit être réelle et de tous les instants ; elle ne doit surtout pas se limiter à des aspects de communication, mais doit se traduire concrètement dans les faits : participation aux différentes réunions de suivi et de coordination, rédaction de son engagement personnel et de la politique qualité, allocation de ressources, … -> S’appuyer sur un animateur compétent et actif. Une certaine disponibilité est requise. Selon les missions qui lui sont confiées, la nature de l’activité à certifier, le périmètre considéré, le niveau initial de réponse de l’entité aux exigences de la norme, il faut compter entre 30% et 100% du temps d’une personne. Si on a le choix entre plusieurs personnes, la compétence doit l’emporter sur le temps effectivement disponible pour chacune d’elles. -> Se situer dans une logique de succès. Il faut clairement le préciser dès le départ, l’entretenir et le rappeler tout au long de la démarche : si l’on s’engage dans une démarche ISO, ce n’est pas parce qu’on est mauvais, mais c’est pour « faire mieux, ce que l’on fait déjà bien ». C’est important de bien faire passer non seulement ce message, mais le comportement qu’il soustend : on est résolument dans une logique de succès et de progrès. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 20 -> Démystifier la norme et bien expliquer les objectifs visés. La norme reste encore pour une part « ésotérique ». Il s’agit en fait d’appliquer des principes de management de bon sens, s’appuyant sur les meilleures pratiques internationales. Mais c’est avec les mots de son métier qu’on répond aux exigences de l’ISO ; la qualité certifiée est totalement intégrée aux pratiques de l’entreprise. 1.4.2 PENDANT la démarche -> S’appuyer sur un animateur compétent et actif. L’activité de l’animateur prend des formes multiples : - présence effective sur le terrain, - animation des réunions de l’indispensable comité de pilotage, - coordination de l’ensemble des actions engagées (il a ainsi un rôle de surveillance et de relance à assurer vers les différents acteurs), mais surtout pas une prise en charge totale de ces actions par lui-même. Il participe à la construction et à la formalisation du Système de Management. Mais il ne faut surtout pas oublier qu’il s’agit d’une démarche managériale, et qu’en conséquence l’ensemble des managers doit être en première ligne. -> Associer les membres de l’équipe de Direction au comité de pilotage de la démarche. Cette démarche managériale nécessite impérativement l’association et l’implication, a minima, des membres de l’équipe de Direction. -> Communiquer à l’ensemble du personnel concerné, expliquer, rassurer. Ce n’est pas la démarche de certification d’une personne, mais celle de l’entreprise. Pour cela, il faut régulièrement communiquer et expliquer à toutes les personnes de l’entreprise, l’avancement de la démarche, de la façon la plus factuelle possible. Ce qu’il faut mettre bien en évidence (notamment parce que la mise à niveau prend 12 à 18 mois), ce sont les améliorations et les bénéfices que l’on constate au fur et à mesure de la démarche. En dehors de ces communications s’adressant à l’ensemble du Personnel, il est recommandé : - d’associer le maximum de personnes dans le projet (par exemple en créant des binômes pour rédiger des procédures - métier), - de faire participer aussi, à tour de rôle, des collaborateurs au comité de pilotage. 1.4.3 APRES l’obtention de la certification En fait, s’il y a un « avant » et un « pendant », on peut considérer qu’il n’y a pas « d’après » ; cela signifie que dès que l’on est engagé dans une telle démarche, c’est de façon pérenne. Le certificat n’est délivré que pour trois ans et le renouvellement est soumis aux mêmes exigences que lors de l’audit initial ; c’est un « aiguillon » très salutaire, incitant fortement à faire évoluer le système. Il faut attirer l’attention sur le fait que ce n’est jamais éternellement acquis, et qu’il faut en permanence se remettre en question. Avec pour objectif premier non pas de garder le certificat, mais de vouloir garder la dynamique de progrès réelle créée. -> Poursuivre avec la même volonté d’améliorer La Direction doit continuer à afficher concrètement et matériellement son implication (en faisant évoluer la politique qualité, les objectifs ; en donnant l’exemple dans son comportement et dans les faits,…). Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 21 Les nouveaux arrivés doivent recevoir une formation au système (la politique qualité, les objectifs, la sensibilisation à la satisfaction des clients, la connaissance de la structure de la norme, le processus d’actions correctives et préventives,…). La communication sur les changements, sur les résultats (positifs, mais aussi négatifs), sur les objectifs,…, doit se poursuivre également. Ne pas hésiter à en varier la forme périodiquement, pour éviter la monotonie qui pourrait s’installer. -> S’assurer de l’efficacité permanente du système auprès des clients. On ne peut jamais réellement « se mettre à la place du client » ; lui seul peut juger de la qualité des prestations qu’il reçoit de l’entreprise. C’est vraiment un état d’esprit permanent qu’il faut entretenir et renforcer. En effet, « l’acquisition » d’un client coûte fort chère ; le satisfaire c’est bien, le fidéliser, c’est beaucoup mieux. Il faut qu’il soit connu, reconnu, considéré et satisfait. Il faut bien sûr continuer à communiquer régulièrement à l’ensemble du personnel, notamment sur les taux de satisfaction des clients, leurs réclamations, leurs nouvelles attentes,… -> S’appuyer sur un animateur compétent et actif. Il convient que l’animateur (le chef de projet) fasse dans toute la mesure du possible, partie intégrante de l’équipe ; nous préconisons pour cela qu’il soit le « représentant de la direction » et qu’il assure ce rôle. Sa mission ne se limite pas à conduire le projet jusqu’à l’obtention du certificat, mais à aller audelà, en veillant à l’amélioration permanente. C’est un élément fondamental du dispositif ; membre de l’encadrement, il est doté de l’autorité suffisante pour représenter la Direction et assurer la mise en oeuvre, le déploiement, le bon fonctionnement et l’efficacité du Système de Management de la Qualité (SMQ). Il participe aussi à la sensibilisation de tous aux exigences client. En régime de croisière, le suivi du SMQ (indicateurs, objectifs, revues de direction, lancement des audits et suivi des actions mises en oeuvre,…) représente 10 à 15% de son temps de travail ; mais encore une fois, cela ne vient pas « en plus » (on est en plein dans l’opérationnel) mais en lieu et place de pratiques existantes, partielles et moins structurées qui, en définitive, consomment plus de temps et sont moins efficaces. -> Faire réaliser des audits qualité internes par des auditeurs confirmés. Ce n’est pas un simple exercice de style pour répondre aux exigences de la norme, que de faire mener des audits. Les audits qualité, qu’ils soient internes ou externes, constituent des sources de progrès probants, et doivent être conduits en vue de satisfaire cet objectif. Ils permettent de s’assurer de l’efficacité de la démarche. Cela signifie : - qu’il ne faut surtout pas les traiter « à la légère », les considérer comme des corvées; - qu’ils doivent couvrir l’ensemble du fonctionnement de l’entité, à une fréquence adaptée aux risques encourus (un audit complet par an, en une ou plusieurs interventions, est une fréquence qui est correcte dans la plupart des cas) ; - que les auditeurs pressentis doivent être « confirmés »; la seule formation obligatoire est nécessaire, mais pas suffisante. Lors des premiers audits, il est recommandé d’assurer une sorte de tutorat avec un auditeur aguerri ; cela peut prendre la forme, au démarrage, d’un audit mené à deux (au moins partiellement), pour profiter de l’expérience du plus aguerri. Il faut chercher à capitaliser sur les auditeurs qualité internes, et mettre en commun, dans la mesure du possible, les ressources des différentes entités et faire ainsi des audits croisés. Au besoin, faire appel à l’extérieur (ce qui est tout à fait admis par la norme), pour bénéficier de la compétence d’auditeurs professionnels. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 22 1.4.4 Conclusion Une démarche de certification est un système d’amélioration de la performance des banques et des compagnies d’assurances. Cinq éléments constituent ce système : - Le commercial : besoins clients, parts de marché, concurrence, - La technique : maîtrise des processus, fiabilité du produit, - L’organisationnel : système de management, amélioration continue, - L’économique : réduction des coûts, prix de revient, - L’humain : mobilisation, motivation, projet d’entreprise. L’entité dotée de ce système s’oriente en permanence vers la satisfaction des clients. 1.5 Les étapes de la certification Pour obtenir une certification et l'appliquer dans l'entreprise, il est nécessaire de suivre 5 étapes fondamentales : - 1ère étape : la demande de certification. Selon la certification souhaitée, l'organisme choisi analyse les besoins de l'entreprise, puis établit une offre personnalisée en fonction de la taille de la société ainsi que de l'organisation et de l'impact qui en découlera. - 2ème étape : l'audit de certification. L'audit est préparé en mettant en place un plan d'audit et une visite sur site. Puis vient le rapport d'audit et l'analyse des actions correctives à entreprendre. - 3ème étape : la décision de certification. Le comité de certification statue sur le dossier en cours et décide de délivrer le certificat pour une durée limitée. - 4ème étape : le maintien du certificat. La fréquence de l'audit de suivi est déterminée par l'entreprise avec au minimum un audit par an. - 5ème étape : le renouvellement du certificat. Cette ultime étape se fait par un audit de renouvellement. Les points importants à considérer dans ces étapes de certification sont : - Le choix de l'organisme de certification. L'entreprise doit choisir un organisme de certification en prenant garde à la pertinence de ce choix, notamment dans le cas de marchés importants à l'international. Il est alors préférable de s'adresser à un organisme de renommée mondiale ayant une filiale en France. - Stratégie, politique qualité et amélioration continue. Chaque entreprise définit une stratégie pour le développement de ses marchés, les modes de management, l'engagement pour le développement durable, etc. Dans un souci de cohérence, la politique qualité doit s'intégrer à toutes les composantes de la stratégie. Pour aider les encadrants à manager avec efficacité, la politique doit être mise en œuvre en respectant un principe de base : le management par objectifs. Il est en effet nécessaire que la direction définisse des objectifs précis afin qu'ils puissent être déclinés en actions opérationnelles claires et mesurables. Les indicateurs de Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 23 performance permettent d'une part de suivre ces actions par comparaison aux objectifs initiaux et d'autre part de confirmer ou de corriger les actions entreprises. - L'implication de tous. La décision de mener à bien une certification doit être prise au plus haut niveau de l'entreprise de manière à impliquer l'ensemble des acteurs. Les encadrants jouant un rôle majeur dans l'animation du progrès continu, ils doivent donner quotidiennement, au travers de leurs comportements managériaux, des impulsions en phase avec la culture attendue. Il est important de mettre en place des pratiques participatives efficaces pour animer les équipes, telles que des réunions d'équipe périodiques, des échéances régulières pour l'application de méthodes efficaces pour la résolution des problèmes. - L'approche processus. La modélisation des processus permet à l'entreprise d'identifier les processus et activités les plus importantes, de comprendre les interactions entre les processus et de valider les améliorations nécessaires. Les résultats de l'application d'une démarche orientée processus sont la réduction des défauts, l'augmentation de la satisfaction client et l'amélioration des résultats financiers, bien au-delà des améliorations apportées par la seule approche statistique. L'intérêt de cette démarche est de pouvoir analyser en détail le fonctionnement de l'entreprise pour pouvoir en dégager les points forts et les points faibles. Il est nécessaire de s'assurer de l'adéquation des processus avec les axes de progrès définis dans la politique qualité. - La satisfaction client. Dans la déclinaison de la norme au sein de l'entreprise, les responsables se concentrent souvent sur l'interne, ce qui se traduit par des processus, procédures, indicateurs, mais la finalité de l'entreprise est bel et bien de fournir de la valeur ajoutée pour le client. Il ne faut donc pas oublier de placer le client au centre de l'attention. Pour cela, la norme prévoit d'évaluer la satisfaction du client. A chaque entreprise d'imaginer les media les plus adaptés pour ses typologies de clients : enquêtes de consommation, questionnaires de satisfaction, interviews, etc. 1.6 Qualité et certification : Est-ce toujours compatible ? Pour tenter de répondre à cette question, il faut analyser la situation suivant trois axes : - Pertinence du (des) référentiel(s). - Pertinence des réponses aux exigences du (des) référentiel(s) apportées par les organismes. - Pertinence des pratiques des organismes de certification. 1.6.1 Le(s) référentiel(s) L’analyse se limitera au référentiel ISO 9001. La norme ISO 9001 dans sa version actuelle (2008) est constituée d’un ensemble d’exigences fondamentales issu de plus de vingt ans de réflexions menées par des centaines d’experts actifs du monde économique regroupés au sein de l’organisation internationale de normalisation, l’ISO. Ces travaux de réflexion ont conduit depuis 1987, date de la première édition de la norme ISO 9001, à mener trois révisions dont la révision "2000" certainement la plus importante qui introduit l’approche "processus" dans les systèmes de management de la qualité. La robustesse de l’ISO 9001 n’est donc plus à démontrer. Avec le recul, le référentiel ISO 9001 peut se synthétiser simplement en faisant ressortir les fondamentaux de la qualité tels que nous l’ont enseigné les précurseurs de la qualité et qui restent parfaitement d'actualité : Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 24 - Fondamentale n°1 : Connaître impérativement et précisément les besoins et attentes du client. - Fondamentale n°2 : Identifier dans le fonctionnement des processus support et de réalisation mis en oeuvre par les organismes, les risques de créer des "non satisfactions" des besoins et attentes du client. - Fondamentale n°3 : Mettre en place les verrous pour éviter que ces événements surviennent, c’est le concept de maîtrise des processus. - Fondamentale n°4 : Comme cette maîtrise n’est jamais parfaite, il est nécessaire de mettre en oeuvre une démarche d’amélioration continue qui permettra d’améliorer cette capacité à maîtriser les risques. - Fondamentale n°5 : Enfin, pour que tout cet ensemble (système) fonctionne de façon efficace, il est nécessaire que ces actions soient managées au plus haut niveau de responsabilité et d’autorité de l’organisme, c’est le management de la qualité. La norme ISO 9001 ne dit pas autre chose. Bien sûr, elle spécifie des exigences sur des thèmes plus précis (revue des exigences clients, maîtrise des achats, maîtrise des équipements de surveillance et de mesure, contrôle du produit fini, revue de direction, ...), mais ce sont toujours des exigences spécifiques identifiées comme des thèmes universels, quelque soit le domaine d’activité concerné et qui permettent de répondre à un des cinq fondamentaux présentés précédemment. En conclusion, le référentiel ISO 9001 est à ce jour l’état de réflexion le plus abouti du monde économique en matière de qualité et qu’il est fondamentalement pertinent pour celui qui sait l’interpréter sur un plan systémique en dépassant une lecture strictement analytique. 1.6.2 Les réponses apportées des exigences du (des) référentiel(s) Chacun sait depuis longtemps que la norme ISO 9001 se garde bien de préconiser le "COMMENT", néanmoins certains persistent à penser qu’il y a des méthodes et outils obligés pour répondre à ses exigences. Tant qu’on pensera qu’il y a des "figures imposées" pour être conforme aux exigences de l’ISO 9001, on pourra avoir des doutes sur la compatibilité entre Qualité et Certification et on se privera de la mise en oeuvre de solutions "élégantes". Tout au contraire si on se permet une réflexion sur l’identification des méthodes et outils les mieux adaptés à son métier permettant de satisfaire les cinq fondamentaux présentés précédemment on pourra obligatoirement satisfaire aux exigences de norme ISO 9001 de façon adéquate, pertinente et efficace. C’est là que l’on peut se retourner utilement vers toutes les méthodes et outils de démarches qualité : MSP, Lean, BSC, Lean Six Sigma, … Elles sont toutes excellentes et il faut choisir les mieux adaptés à ses spécificités (métier, marché, contexte social, …). « Quand on n’a qu’un marteau dans sa boite à outils tous les problèmes ont la forme d’un clou ! ». Joseph M. JURAN La plus grosse erreur est de mettre en oeuvre une démarche qualité en parallèle à un système de management ISO 9001, le plus souvent pilotés par des personnes différentes d’ailleurs : « On a un système ISO 9001 pour avoir la certification et on a une démarche "machin" pour améliorer notre qualité ». Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 25 1.6.3 Pratiques des organismes de certification Ce dernier point est peut-être le plus critique pour répondre à la question posée. Le niveau de prestation de l’organisme de certification dépend en fait énormément du comportement de l’organisme client. On critique parfois les auditeurs pour leur approche soit tatillonne soit laxiste mais beaucoup d’organismes sont encore dans une logique "certificat" ce qui n’incite guère les auditeurs à dépasser un rôle de simple inspecteur plus ou moins sévère. Il est clair que, soumis à une rude concurrence, les organismes de certification ménagent leurs clients et ont tendance à favoriser une prestation minimaliste. Il existe une ambiguïté dans le comportement des entreprises qui se plaignent de ce que les audits « ne leur apportent plus rien ! », mais qui sont très satisfaites à l’issue d’un audit qui n’a identifié aucune non-conformité mineure ou majeure. On constate même, maintenant, des entreprises qui discutent les points sensibles voire les pistes de progrès… Il est clair que dans ces conditions, s'il veut conserver son job l’auditeur sait ce qu’il lui reste à faire. En conclusion, la réponse est OUI. La qualité est compatible avec la certification, la qualité en tant que résultat (performance de l’organisme par la satisfaction des ses clients) passe par la certification, mais bien sûr sous quelques conditions : - Prendre le ou les référentiels comme un recueil de fondamentaux articulés et cohérents et non comme une succession de recettes obligées. - Définir les réponses aux exigences du ou des référentiel(s) en utilisant les outils ou méthodes les mieux adaptées aux spécificités de votre organisme. - Utiliser les organismes de certification en en gardant la maîtrise (objectifs des audits et sélection des auditeurs) et en ne les subissant pas. 1.7 Conclusion En synthèse, la démarche de certification ISO a donc beaucoup évoluée depuis sa première version. Elle s’est transformée pour passer d’une démarche d’assurance de la qualité vers un véritable outil de management. Elle est devenue pour le manager un fil conducteur pour maîtriser la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise et son pilotage sur la base d’indicateurs d’efficacité et de performance avérés. Au niveau de l’entreprise, La démarche permet de favoriser le décloisonnement et d’amener une vision globale de son fonctionnement. En effet, c'est une démarche transversale, qui mobilise les équipes autour d'un projet d'amélioration permanente. La démarche ISO 9001 véhicule un « développement de l'aptitude au changement ». Il faut toutefois noter que c’est une démarche qui demande du temps et l’investissement de toute l’entreprise. Plusieurs années sont nécessaires pour que la culture s’installe dans les mentalités de l’ensemble des collaborateurs. De plus, la démarche ISO se focalise davantage sur l’axe client que sur l’axe actionnaire. En effet, la vision économique des processus est peu développée et la méthodologie n’apporte pas réellement d’outils de mesure de la rentabilité. Il est donc difficile d’en mesurer réellement le retour sur investissement. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 26 2. Lean Six Sigma Il est tout d’abord nécessaire de préciser que la démarche Lean Six Sigma est l’association de deux méthodes complémentaires, le Lean et le Six Sigma. Le Lean recherche la performance par l'amélioration continue et l'élimination des gaspillages tandis que la démarche Six Sigma est une méthodologie structurée de management visant à une amélioration de la qualité et de l'efficacité des processus. Elle réconcilie la satisfaction du client et l’intérêt de l’entreprise. Depuis les années 90, ces méthodologies ont permis une transformation majeure des modes de production qui s’est étendue dans toute l’industrie. Elle atteint désormais les services (banque ou assurance), le secteur hospitalier ou les services publics, partout dans le monde. En voici les éléments clefs. Le Lean Six Sigma s’attaque efficacement aux deux problèmes majeurs des processus (il faut entendre par processus un ensemble d’opérations, logiquement liées, aboutissant à certains résultats) : - réduire la variabilité du processus pour accroître la qualité : démarche Six Sigma - réduire le gaspillage pour accroître la vitesse du processus : démarche Lean 2.1 Historique du Lean et du Six Sigma 2.1.1 Historique du Lean La production au sens traditionnel du terme est fondée sur la capacité à fabriquer efficacement de grandes quantités de produits. La production en série, telle qu’on la connaît, est apparue au XIXe siècle, lorsque Springfield Armory, une armurerie du Massachusetts, a commencé à utiliser des pièces interchangeables et des méthodes de production standardisées. Toutefois, la production en série a créé de nouveaux problèmes, liés au volume des stocks et à un fort risque d’obsolescence, du fait que les produits restaient stockés des mois, voire des années, avant d’être vendus, un problème auquel les fabricants d’aujourd’hui sont toujours confrontés. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 27 Un nouveau jalon a été posé lorsque Henry Ford a mis au point la ligne de montage moderne et a commencé à vendre son Modèle T par millions, rendant l’automobile accessible pour la première fois à une large couche de la population. Toutefois, la souplesse de production n’était pas encore une réalité. En effet, les premiers Modèles T étaient exactement similaires les uns aux autres. Selon la plaisanterie qui circulait alors : « vous pouvez la commander dans n’importe quelle couleur… pourvu que ce soit du noir. ». Dans les 1950, Taiichi Ohno travaille pour un petit constructeur automobile japonais au bord de la faillite, Toyota. À cette époque, Toyota doit impérativement réduire ses coûts et améliorer son efficacité. T. Ohno se rend aux États-Unis pour étudier les lignes de montage de Ford. Il retourne au Japon et, avec ses collègues de Toyota, met au point le Système de production Toyota, considéré, quelques années plus tard, comme le meilleur modèle de production au monde et le précurseur du Lean Manufacturing. Au moment même où T. Ohno et son équipe développaient le nouveau système de production de Toyota, le constructeur ne vendait pas un seul modèle en quantités suffisantes pour justifier la mise en œuvre des techniques de production en série de Ford. En outre, il ne pouvait pas se permettre un investissement dans les équipements complexes réputés être la clé de l’amélioration de la productivité. Ils se sont donc évertués à éliminer les pertes de temps et les activités inutiles à chaque étape du processus de production. Au final, ils sont parvenus à réduire considérablement les coûts et les délais de production. Ils ont également mis au point un processus novateur pour changer rapidement les équipements et les lignes de production, afin de produire différents modèles. Toyota a ainsi été en mesure de produire plusieurs modèles sur la même chaîne de production. Le Système de production Toyota a permis à ce constructeur de produire des véhicules en continu, bien plus rapidement et efficacement que ses concurrents, ce qui lui a conféré un avantage critique. Toyota a dépassé Ford en 2004, prenant la deuxième position mondiale en termes de ventes, puis en 2009 la première position devant le tenant du titre de longue date, General Motors. La méthode Lean se situe donc à la rencontre d’un modèle de production de masse et de la recherche de l’optimisation des coûts. 2.1.2 Historique du Six Sigma L’histoire de Six Sigma débute en 1986 chez Motorola, mais la méthode devient célèbre dans les années 1990 lorsque General Electric décide de l’appliquer et de l’améliorer. Motorola avait cherché à mettre en place une méthode pour optimiser ses processus de fabrication en vue de satisfaire ses clients. Mikel Harry, ingénieur chez Motorola, définit les bases de Six Sigma en s’appuyant sur la philosophie de William Edwards Deming (roue de la qualité). Il propose d’analyser les instabilités du processus de fabrication à l’aide des outils statistiques et donne la priorité à l’amélioration continue. Dès lors, Motorola décide d’utiliser cette méthode pour tous les projets. Ce n’est qu’en 1995 que General Electric a adopté cette approche et a décidé de l’entendre à des processus transactionnels ou de service. Elle est la première entreprise à appliquer cette démarche à tous les niveaux de l’entreprise. L’objectif devient l’amélioration des processus en vue de satisfaire le plus précisément et de façon la plus rentable possible les besoins des clients Arrivé en France au début des années 2000, la démarche a démarré dans les grandes entreprises françaises Airbus Industrie, Schneider Electric, Rhodia puis SFR Cegetel, La Poste et AXA. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 28 2.2 Définition et principes 2.2.1 Définition et principes du Lean La démarche Lean repose sur quatre « obsessions » : - Focalisation sur la performance : cela consiste à améliorer le service au client en réduisant les délais, réduire les coûts en éliminant les gaspillages, améliorer la qualité par le jidoka (capacité à arrêter en cas de problème et à le fixer à la source ou le plus près possible) - Attention aux problèmes : faire apparaître les problèmes au fur et à mesure qu’on est capable de les gérer - Structuration de la résolution des problèmes : il est primordial d’analyser les causes profondes du problème. La résolution de celui-ci se fait par élimination de la cause première - Développement des employés par la résolution de problèmes : chaque problème doit être perçu comme une opportunité d’apprentissage et utilisé de manière à maximiser les acquisitions de compétences dans l’entreprise. La pensée lean repose sur deux concepts principaux : le juste à temps et l’autonomation. Le juste à temps permet d’organiser la production afin d’éviter tout stock inutile, en recevant les éléments nécessaires juste au moment de leur mise en œuvre. Les outils du juste-à-temps sont le lissage, le flux continu en pièce à pièce, le flux tiré L’autonomation permet d’apporter une touche d’intelligence humaine à une machine de sorte que celle-ci s’arrête automatiquement si un problème se produit. Les outils du Jidoka (peu visibles chez Toyota, et donc par le fait moins connus en dehors de l'entreprise) sont la séparation de l'homme et de la machine, les outils d'arrêt de production au premier défaut (andon), les méthodes d'élimination des causes d'erreur (poka yoke), d'analyse de problème (« Cinq pourquoi »), la réingénierie des équipements de production. La démarche lean est plus riche qu'une simple méthode de production, et forme un système cohérent de concepts complexes, articulés à une pratique originale et à des moyens de formalisation et d'appropriation spécifiques. Les tenants du lean s'appliquent à l'enseigner, à l'appliquer et à répandre ses règles au sein de la communauté industrielle. Après une première vague d'engouement dans les années 1970 et 1980 pour les « méthodes japonaises », l'école du lean s'est formalisée aux États-Unis dans les années 1990 (le terme même lean a été inventé au MIT en 1987) et a été popularisée par le livre Lean Thinking (1996) de James P. Womack et Daniel T. Jones. De nombreux travaux ont suivi, parmi lesquels Team Toyota (1996) de Terry L. Bresser et The Toyota Way (2004) de Jeffrey K. Liker. Ces ouvrages ont permis de clarifier les concepts et les pratiques lean, de mieux comprendre les fondements cognitifs et sociaux sur lesquels le système repose et de multiplier les exemples et études de cas. On peut distinguer quatre niveaux d’analyse du système de pensée lean : une redéfinition de la valeur produite par une entreprise, le développement d’un schéma productif caractéristique, le développement d'attitudes managériales originales et la formulation d’une stratégie à long terme. • la valeur : o la valeur ajoutée d’une tâche contribuant à un processus doit être définie du point de vue du client ; o l'entreprise doit assurer un écoulement sans interruption de la valeur le long de sa chaîne de production (on fait la « chasse aux stocks »). • le schéma de production : o l'entreprise produit en « tirant » sa production en fonction de la demande et non en « poussant » en fonction des capacités locales de production ; o les tâches productives sont standardisées de manière à faciliter l'amélioration continue par suppression des tâches non créatrices de valeur ; Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 29 o l'entreprise entretient une relation partenariale riche avec ses fournisseurs et les incite à adopter ses méthodes de production ; • l'attitude managériale : o les managers et les collaborateurs doivent trouver et éliminer les causes profondes des problèmes dès que ces derniers surviennent ; o chaque collaborateur est incité à réfléchir et à proposer des améliorations du système productif. Ceci débouche sur des chantiers ponctuels d'amélioration (kaizen) ; o le management doit se dérouler « sur le terrain », car seule l'expérience directe des situations de crise permet un diagnostic efficace (genchi genbutsu) ; o les décisions sont nécessairement adoptées par consensus ; • la stratégie à long terme : o l'entreprise doit privilégier les enjeux de long terme en explicitant son objectif global et en l'inscrivant de façon soutenable dans l'avenir ; o l'entreprise doit rechercher en permanence l'excellence. Sur ces bases, l'école de gestion lean est en constante évolution. Après avoir, ces dernières années, dépassé son cadre initial – l'organisation de la production -, elle est aujourd'hui perçue comme une méthode pertinente pour combattre tous les types d’inefficacité : l'intérêt pour le lean s'étend rapidement aux services administratifs (Lean Office), au développement de produit (Lean Development) et même au développement informatique (méthodes agiles). 2.2.2 Définition et principes du Six Sigma 4 Six Sigma ou 6 Sigma est une marque déposée de Motorola. Elle désigne une méthodologie structurée de management visant à une amélioration de la qualité et de l'efficacité des processus. Le Six Sigma a d’abord été utilisé sur des procédés industriels avant d’être élargi à tous types de processus, notamment administratifs. Aujourd’hui, elle effectue un retour en force en raison de la complexité du management moderne et de l'internalisation des processus qui imposent une vision plus globale des problèmes. A l’inverse des démarches classiques d’amélioration continue qui optent souvent pour la politique des petits pas, Six Sigma se trouve être une méthodologie de rupture dans l’approche de la qualité qui se focalise sur les aspects suivants : - éradication des défaillances et des défauts, - réduction drastique des coûts, - réduction de la variabilité au sein des processus de l’entreprise, - centrage des processus sur les valeurs cibles. L’appellation Six Sigma est un concept, qui statistiquement, équivaut à ne déplorer au pire que 3,4 situations défavorables pour 1 million de situations observées ou produites (c'est-à-dire de produits ou pièces défectueuses ou défauts pour 1 million de produits ou pièces fabriquées). La méthode Six Sigma se base sur une démarche structurée fondée à la fois sur la voix du client (étude du besoin réel du client) et sur des données mesurables et fiables. Un des principes de base de Six Sigma est la réduction de la variabilité. 4 Source : « Qu’est-ce que la Lean Six Sigma ? » - Edition Maxima – M.George, B.Kastle, D.Rowlands Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 30 Six Sigma repose sur les notions de client, processus et mesure ; il s'appuie en particulier sur : 1. les attentes mesurables du client (CTQ - Critical To Quality) ; 2. des mesures fiables mesurant la performance du processus métier de l'entreprise Vs CTQ des clients ; 3. des outils statistiques pour analyser les causes sources influant sur la performance ; 4. des solutions attaquant ces causes sources ; 5. des outils pour contrôler que les solutions ont bien l'impact escompté sur la performance. La méthode se base ainsi sur 5 étapes qui se contractent dans l'acronyme DMAAC (ou DMAIC en anglais) pour Définir, Mesurer, Analyser, Innover/Améliorer (Improve en anglais) et Contrôler. Quel est l’objectif ? Comprendre le problème Quel est la nature et l’ampleur du problème ? Comment peut-on garantir la performance durable ? Quelles sont les causes profondes de ce problème ? Que faut-il faire pour résoudre le problème ? 5 ou 5 Source : http://www.sixsigmainstitute.com Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 31 Le principe DMAIC est le suivant : Chaque étape possède des outils différents qui sont regroupés dans une démarche cohérente. Typiquement, la gamme d'outils utilisés dans chacune des phases est (cette liste n'est pas exhaustive) : 1. Définir : voix du client, SIPOC (Supplier Input Process Output Customer — cartographie des processus), … 2. Mesurer : analyse de systèmes de mesure (%R&R, linéarité, …), capacités, diagrammes d'Ishikawa… 3. Analyser : cartographie détaillée des processus (par exemple, analyse de la valeur ajoutée), tests d'hypothèses (ANOVA, χ², tests de variances, …), plans d'expérience… 4. Améliorer : plans d'expériences, AMDEC, poka yoke… 5. Contrôler : plans d'expérience, MSP… Six Sigma va permettre de réduire les coûts et les pertes pour tendre vers des résultats optimums en termes de profit et de qualité. Les objectifs pour l'entreprise sont de se doter d'actions mesurables et efficaces, de satisfaire ses clients, d'impliquer les équipes et bien souvent d'améliorer son image. Lorsqu'un processus ne peut être amélioré alors qu'il ne répond plus aux attentes du client, alors Six Sigma se décline aussi en méthodes de création de nouveaux processus ou de nouveaux produits sous le nom de DFSS (Design For Six Sigma). Cette autre méthode se décompose aussi en 5 étapes qui se contractent en DMADV pour « définir, mesurer, analyser, développer (Design en anglais) et vérifier ». A titre d’illustration, le taux d’erreur Six Sigma peut correspondre à : 6 - l’eau que l’on boit polluée une heure par mois - 16 000 courriers égarés par heure par la poste - deux avions ratant leur atterrissage sur les aéroports parisiens chaque heure 6 Source : Objectif Six Sigma, Révolution dans la Qualité, par George Eckes Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 32 Ces chiffres, cités par George Eckes dans son ouvrage sur Six Sigma (« Objectif Six Sigma, Révolution dans la Qualité ») paraissent ahurissants : pourtant, ils traduisent un taux de satisfaction client de 99,99%. On comprend que ce ratio, que beaucoup utilisent pour suggérer que la qualité est presque totale soit insuffisant. C’est tout l’enjeu de la méthode Six Sigma dont l’objectif est d’atteindre un taux de fiabilité de 99,99966%, soit au plus 3,4 défauts par million d’unités produites. La méthode Six Sigma a pour objectif principal l’amélioration de la qualité du service rendu au client final. Plutôt que de se baser sur un examen du produit fini ou bien sur des démarches administratives, Six Sigma préfère traiter le processus de production avec des outils statistiques. Pour arriver au niveau de qualité requis, Six Sigma repense l’entreprise sous la forme non pas d’un ensemble de fonctions mais d’une série de processus. Chaque processus entrant dans la production du service au client final peut être décomposé en sous-processus. L’amélioration de la qualité doit être constante au fil de ces processus afin de satisfaire au mieux le client final. Mais elle nécessite également l’engagement de véritables « projets qualité » pour les modifications structurelles, parfois nécessaires. Véritable art martial, la mise en œuvre de Six Sigma est confiée à des « experts internes », les Ceintures Noires (Black Belts) et les Ceintures Vertes (Green Belts). Les premières, sans autre mission, sont en charge du pilotage de Six Sigma dans toute l’entreprise et chapeautent les secondes, qui se chargent d’une famille ou d’un seul processus tout en gardant un rôle opérationnel. Ainsi, Six Sigma est clairement une méthode « venue d’en haut » pour irriguer l’entreprise jusque dans ses racines (méthode de type « Top-Down »). Cependant, elle nécessite un engagement fort de chaque membre de l’encadrement. Faute de réussir à l’obtenir, la direction générale court le risque de voir toute la démarche échouer. Pour améliorer chaque processus, Six Sigma vise à réduire les variations. Chaque variation dans un processus étant mesurée par rapport à l’optimal, la distribution des effectifs des variations suit une loi normale, graphiquement représentée par la célèbre courbe de Gauss (« en cloche »). Le client ne doit être mécontent que des produits dont les caractéristiques s’écartent dans un sens ou l’autre de plus de 3 écarts types (ou « sigma ») de la qualité moyenne, évidemment optimale (soit une « largeur de satisfaction » de six « sigma», d’où le nom de la méthode). Six idées à retenir 1) Six Sigma est une méthode d’amélioration de la qualité ; 2) Elle utilise des outils statistiques pour étudier la variabilité de la qualité ; 3) Elle repose sur l’amélioration des processus internes de l’entreprise ; 4) Son objet est de réduire la non-qualité à 3,4 défauts par million d’unités produites. Sur une courbe de Gauss, le client ne doit donc être mécontent que des produits dont les caractéristiques s’écartent de plus de 3 écarts types (ou « sigma ») au dessus ou en dessous de la moyenne (soit une « largeur de satisfaction » de « six sigma», d’où le nom de la méthode). 5) Moins formaliste que la démarche ISO, Six Sigma impose néanmoins rigueur et discipline ; 6) Pour améliorer chaque processus, Six Sigma emploie la « méthode scientifique » traditionnelle : observer, classifier, mesurer, organiser, prédire, détecter les variations, synthétiser. De même que l’ensemble des démarches qualité, la réussite d’un projet Six Sigma requiert l’implication de toute l’entreprise. Les leviers indispensables à la réussite de Six Sigma sont : - Confier le projet Six Sigma à un dirigeant reconnu, - Montrer concrètement que Six Sigma est une priorité absolue, - Commencer par quelques projets à forte visibilité, Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 33 - Ne jamais relâcher l’effort de formation : Six Sigma nécessite un effort considérable de formation des salariés, effort devant être maintenu dans la durée, Communiquer les résultats obtenus : des résultats probants sont un puissant facteur de mobilisation. Les entreprises qui appliquent rigoureusement Six Sigma réalisent en général un saut culturel dans leur façon de voir les problèmes et les solutions. Ce saut suppose que la démarche soit intégrée au plus haut niveau, qu’elle soit bien dirigée par l’ensemble du personnel et qu’un accompagnement au changement soit prévu. Les limites dans l’utilisation de cette démarche sont de plusieurs ordres : - Six Sigma va évoluer pour s’adapter aux nouvelles contraintes : prenons par exemple la certification ISO 9000 qui a évolué de la version 1994 vers la version 2008. - Six Sigma comprend ses propres limites dans les outils utilisés. - Beaucoup d’entreprises commencent par faire du DMAIC c'est-à-dire appliquer Six Sigma pour résoudre des problèmes mais l’étape logique serait plutôt de faire du Design For Six Sigma avant, c'est-à-dire de concevoir un processus optimisé, de s’interroger sur les notions de robustesse ou de pertinence avant de passer par une phase d’amélioration. En conclusion, dans un monde en évolution avec des entreprises confrontées à des problèmes de plus en plus complexes, on ne pourra pas faire l’économie de démarches qui apportent de la productivité dans la résolution de problèmes. L’avenir passe donc par le développement du Design For Six Sigma. Six Sigma fait évoluer la façon de manager la qualité. L’originalité de la démarche, en plus des outils de résolution de problèmes, c’est cette culture de management par projet, de suivi de tableaux de bord, bien adaptée à un management par objectifs. C’est aussi, via cette formalisation, l’instauration d’une culture commune, partagée par toutes les fonctions de l’entreprise. 2.2.3 Démarche Lean ou Six Sigma ? Mais laquelle de ces deux méthodes choisir lorsque l’une et l’autre prônent des performances économiques extraordinaires ? Rappelons brièvement ce qu’elles sont : Le Lean management va consister à faire la chasse aux différents gaspillages qui sont soit carnivores de temps et de productivité, soit producteur de non valeur ajoutée. C’est le Lean management qui apporte le chaînon manquant. Le Lean présente deux caractéristiques essentielles pour mettre un organisme sur la voie de la réussite et du progrès permanent : - un véritable état d’esprit. Le Lean tend à faire évoluer la culture d’entreprise en associant chacun à l’amélioration de la productivité et des conditions de travail. - une stratégie globale d’entreprise qui consiste à donner au moins autant d’importance au quotidien, et en particulier à la chasse aux gaspillages, qu’aux grands principes méthodologiques et stratégiques. Pour que le Lean management puisse dégager le maximum de valeur ajoutée au sein d’un organisme, il doit se déployer sur la base d’une approche processus, en mettant en oeuvre les "bons" outils de la qualité adaptés à une situation donnée, à un instant donné. "Outils qualité", "Approche processus" et "Lean management" sont les éléments essentiels et complémentaires d’un management moderne. Les opposer ou les considérer séparément ne peut qu’aller à l’encontre de la recherche de l’efficacité. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 34 Promouvoir la Qualité et la Performance, et dans ce cadre promouvoir le Lean management, c’est contribuer à placer la pièce manquante du puzzle qui doit permettre d’atteindre une efficacité optimale, après avoir placé celles des outils et de l’approche processus pour créer un lien solide entre Qualité et Performance. Le Six Sigma quant à lui va consister à traquer les défauts et les variations dans les processus, afin d’approcher d’un niveau de qualité proche du zéro défaut. Mais pourquoi opposer deux approches pertinentes l’une et l’autre et ne pas plutôt les rapprocher pour tirer de l’une et de l’autres le meilleur d’elles mêmes. Certains parleront alors de "pensée Lean" et de Six Sigma comme un outil complémentaire aux autres outils traditionnels du Lean management. Il est préférable de parler de stratégie d’amélioration continue, où l’on privilégiera soit les outils du Lean management soit les outils du Six Sigma selon les situations à traiter. Néanmoins, certains outils ou méthodes redécouverts grâce au Six Sigma, notamment le diagramme de Kano, est jusqu'à présent absent ou à de rares exceptions, du Lean management. Le diagramme de Kano permettant de connaître, de hiérarchiser des fonctions attendues par les clients. N’est-ce pas là le premier principe du Lean management : « déterminer la valeur qu’attend le client » ! De même, empruntons à Six Sigma le cycle DMAIC pour structurer la mise en place d’un chantier Kaizen, d’un chantier 5S ou pour résoudre un problème. Les 10 fondements traditionnels pour Lean et Six Sigma Les 10 fondements du Lean Les 10 fondements du Six Sigma 1. Eliminer systématiquement les gaspillages 1. Regarder la performance du point du vue client 2. Réduire au maximum les stocks 2. Comprendre les processus 3. Optimiser les flux produits ou services 3. Prendre les décisions sur des mesures et leurs analyses 4. Tirer la production selon la demande des 4. Se focaliser sur les livrables les plus clients importants 5. Ecouter les exigences des clients 5. Utiliser l’analyse statistique 6. Faire bien dès la première fois 6. Surveiller les variations des processus 7. Donner de l’autonomie aux employés 7. Pratiquer une méthodologie standardisée 8. Concevoir pour des changements agiles 8. Choisir les projets sur leurs impacts financiers 9. Passer de fournisseurs à partenaires 9. Inclure Six Sigma dans la gouvernance 10. Mettre en place une culture d’amélioration 10. Confier la mise en œuvre à des cadres continue dirigeants On voit bien à la lumière de ce tableau, que "mixer ou rapprocher" les deux colonnes, donne le "comment faire" de l’amélioration continue. La question n’est donc pas « quelle méthode choisir entre Le Lean management ou le Six Sigma ? », mais bien « quel est le problème ou situation à améliorer et quelle est l’approche la plus appropriée ? ». Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 35 En conclusion, face à la crise ou plutôt face à cette nouvelle ère dans laquelle nous sommes rentrés et dont on n’imagine absolument pas ce qu’elle sera dans les années à venir, apprenons d’une part à voir les problèmes comme des bienfaits inépuisables d’amélioration et non comme des sources d’ennuis et d’autre part à ne pas se focaliser sur une méthode ou sur des outils plus ou moins performants, mais à considérer les femmes et les hommes de nos entreprises comme les véritables acteurs de la qualité, du progrès et de l’innovation. 2.2.4 Définition et principes du Lean Six Sigma 7 La méthodologie Lean Six Sigma combine les principes du Lean (optimisation des flux et réduction des délais) et du Six Sigma (réduction de la variabilité et maîtrise des processus). Elle constitue un levier considérable dans la course à la performance et permet de dégager des gains significatifs car : - Elle permet d’engager une démarche continue d’optimisation de la performance : il ne s’agit pas seulement d’un moyen de mesurer mais d’améliorer et de piloter les processus, et ce de façon continue. - Elle est centrée sur les besoins clients et permet d’améliorer fortement la qualité des prestations et de la satisfaction client. Cette méthodologie crée donc un véritable programme complet d’amélioration de la performance organisationnelle qui vise l’obtention rapide de résultats durables dans la satisfaction client, les coûts, la qualité, la vitesse de processus et le capital investi. Les quatre piliers de la démarche Lean Six Sigma sont les suivants 8 : - Satisfaire ses clients en vitesse et en qualité - Améliorer les processus : éliminer les défauts, se concentrer sur la manière dont le travail s’organise en flux - Travailler en équipe : échange d’idées et résolution de problème - Le tout fondé sur des données. La satisfaction des clients Il s’agit de passer de la définition des besoins clients au travers les recommandations des ingénieurs ou du marketing vers un concept où seuls les clients sont en mesure de définir la qualité. Il faut donc déterminer ce à quoi les clients attachent de l’importance (« la voix du client »). La même démarche est à entreprendre avec les clients internes. Il convient donc d’éliminer les défauts c'est-à-dire tout ce qui ne répondent pas aux besoins des clients. Il faut également s’assurer de l’homogénéité des produits, des services et des processus. Pour cela, il faut comprendre les liens entre la qualité, la vitesse et les coûts bas : -> une qualité élevée permet donc d’atteindre une grande vitesse -> la vitesse au sein du processus apporte une plus grande qualité (exemple des stocks dans les processus du secteur des services) -> un processus ne produisant pas de la qualité et qui est lent engendre un coût élevé (ex : traitement des dossiers en attente non facturés au client. L’amélioration des processus Une fois avoir compris quels sont les besoins des clients, il faut améliorer les processus utilisés par l’entreprise pour générer les services et les produits livrés aux clients. Cela consiste à éliminer la variation en qualité et en vitesse, améliorer le flux et la vitesse du processus et éliminer les choses 7 Source : « Lean Six Sigma pour les services » - Edition Maxima – M.L.George 8 Source : Qu’est ce que le Lean Six Sigma – M.George/B.Kastle/D.Rowlands Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 36 inutiles au sein des processus. Il faut, dans un premier temps, se focaliser sur les processus stratégiques ce qui permet de : o Travailler et se focaliser sur les valeurs définies par le client (voice of customer), o Se focaliser sur les attentes des actionnaires (voice of buisiness), o Simplifier les processus : flux d’informations, de production, o Supprimer les dysfonctionnements, o Accélérer les processus en gérant et optimisant les ressources, o Réduire la dispersion des processus organisationnels, o Améliorer les performances opérationnelles et les garantir (capabilité des processus), o Connaître et agir sur les facteurs influents du processus, o Améliorer les conditions de travail, réduire le stress, o Faire travailler ensemble le personnel des services différents, o Donner aux « opérationnels » les moyens et outils d’amélioration. La collaboration au sein de l’entreprise Il faut encourager les équipes à travailler ensemble afin de favoriser l’échange d’idées et la résolution de problème. Il convient donc donner aux équipes les compétences pour faciliter le travail en équipe. Le fondement des décisions sur des données et des faits Les projets Lean Six Sigma sont souvent confrontés à un manque de données disponibles. Il faut dans la mesure du possible organiser le recueil des données mais aussi sensibiliser les équipes à l’analyse de ces données. Un projet Lean Six Sigma est organisé autour de cinq phases. Chacune réunit des activités à réaliser avec des outils connus, et adaptés. Le cycle DMAIC traite des processus à améliorer : l’équipe projet va définir (D) les conditions du projet, réunir les mesures (M) factuelles nécessaires pour analyser (A) la situation en établissant un diagnostic de l’existant avant de proposer des solutions (innover [I]) et de contrôler (C) leur mise en oeuvre. Chaque phase se termine par une réunion de jalon, où le comité de pilotage prend, ou non, sur la base d’un document de travail argumenté, la décision de poursuivre (Go-no Go). Les acteurs d’un projet DMAIC ont tous un rôle nettement établi : le chef de projet (le green belt) est chargé avec son équipe de la réalisation; le sponsor (ou commanditaire) est comptable des résultats du mandat qu’il a confié. Pour garantir la démarche, les acteurs reçoivent une formation adaptée et standardisée : le référent de la méthode (le master black belt) accompagne les chefs de projet par un soutien pertinent. Une fois le premier cycle DMAIC accompli, l’entreprise doit veiller à ce que les avancées obtenues s’inscrivent dans la durée. Il est souvent opportun de relier les projets aux procédures opérationnelles clefs : la lecture de certains événements récents enseigne qu’il est urgent d’introduire ici ou là cette dimension pour garantir la maîtrise des risques opérationnels. La démarche d’amélioration continue est fondamentalement participative en y associant les opérateurs eux-mêmes : elle implique par le fait le management qui est le lien direct entre la stratégie définie et sa mise en oeuvre au quotidien. Enfin, quel que soit l'environnement, les principes qui ont fait le succès d'une organisation comme Toyota, appliqués avec détermination, dans une perspective stratégique, vont permettre de construire les mécanismes d'une croissance durable au sein de l'organisation. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 37 Les principes Lean Six Sigma d'optimisation transversale des flux s’appliquent en effet avec succès dans tous les processus cartographiés dans une compagnie d’assurance (processus de production, de back office, de support administratifs), afin de les rendre efficaces, flexibles et réactifs, capables de donner à toute l’organisation un avantage compétitif, et non de le compromettre par leur lourdeur ou variabilité. Il s’agit ainsi d’amener tous les niveaux et tous les services de l’organisation à : - identifier de manière structurée les gaspillages - rechercher l’optimisation et la synchronisation des flux pour une réduction drastique des délais de réponse et des coûts. 2.3 Points forts et limites La méthodologie Lean Six Sigma est plus que la somme du Lean et du Six Sigma. Dans une approche systémique, c’est une propriété bien connue. Tout système est à la fois plus et moins que la somme de ses parties. Dans notre cas, le système Lean Six Sigma est plus que la somme des apports distincts du Lean et du Six Sigma car la synergie des deux méthodes permet d’être beaucoup plus efficace. Elle génère une démarche d’amélioration continue en visant l’accélération des échanges tout en réduisant au maximum la non qualité Les points forts de l’association des deux méthodes sont donc : - l’amélioration rapide de la satisfaction client en ciblant sur le besoin réel du client, - la diminution des dépenses par la réduction du gaspillage, - l’optimisation de l’allocation des actifs de l’entreprise vers le processus à valeur ajoutée, - la croissance rentable de l’entreprise. En complément de cela, la méthode Lean Six Sigma apporte : o Une focalisation sur ce que les clients souhaitent, et une capacité à répondre aux exigences du marché en fonction de sa fluctuation. o Une approche de management centrée sur l’identification des problèmes (objets de projets) identifiés par des processus non performants entraînant des pertes internes en rebuts et retouches mais également en coût de non-valeur ajoutée. Ce sont eux qui grèvent lourdement la rentabilité de l’entreprise et donc sa pérennité. o Une description très approfondie des activités des processus, en recherchant les variables potentiellement influentes, en les catégorisant par nature, par possibilité de les mesurer, etc. o Une forte utilisation des outils pratiques et statistiques descriptives basées sur des faits vérifiés, faisant abstraction des avis et rumeurs non vérifiés par des faits. o Une forte participation de tous les acteurs internes à l’entreprise, quel que soit le niveau. o Une prise en compte des fournisseurs qui peuvent être générateurs de perturbations par la non maîtrise des matières premières fournies. o Une application dans toutes les activités de l’entreprise. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 38 o Une organisation structurée (Champions, Black Belts, Green Belts, etc.) ou des permanents chargés d’un ou plusieurs projets traquant systématiquement des pertes identifiées par le management sans attendre les réclamations des clients. o Un changement dans la culture de l’entreprise sur la recherche du profit. Les limites et obstacles de l’approche Lean Six Sigma peuvent se résumer comme suit : - Une démarche essentiellement tournée vers la maîtrise statistique des processus. - La recherche de gains courts termes, - La centralisation de la démarche sur une équipe de spécialistes dédiés, - L’obtention et l’implication de la Direction : La Direction doit montrer son implication de la démarche et sa volonté de déploiement dans l’entreprise. - L’allocation de ressources humaines nécessaires : un projet sans ressource suffisant a vocation à échouer. Il ne faut pas non plus qu’il soit perçu par les opérationnels comme une activité supplémentaire. - La bonne sélection des projets : sélection des projets qui ont du sens. - La promotion de la démarche et sa vision au sein de l’ensemble de l’entreprise : développement de la communication. - La gestion de la démarche fondée sur les faits irréfutables : montrer factuellement que la démarche apporte des résultats Les dix mauvaises pratiques qui conduisent l’échec : 1) Limiter Lean Six Sigma à une méthode statistique ; 2) Etre obnubilé par les coûts, ce qui se traduit souvent par une perte de temps pour les calculer en oubliant les coûts cachés ; 3) Ne pas intégrer l’amélioration constante des processus dans les définitions de poste des managers, ce qui les incite à refuser d’y consacrer une part de leur temps ; 4) Ignorer l’importance de la dynamique des équipes dans la réussite des projets ; 5) Faire reposer toute la responsabilité du projet Lean Six Sigma sur les experts internes sans impliquer suffisamment les managers ; 6) N’appliquer Lean Six Sigma qu’au travers de « projets » au lieu de réserver ce mode de fonctionnement aux cas les plus lourds d’amélioration des processus, soucis qui doit être constant ; 7) Ne pas distinguer si une variation de qualité a une cause aléatoire ou une cause spéciale ; 8) Ne pas prendre en compte dans l’amélioration des processus les clients internes de l’entreprise et se limiter aux clients externes ; 9) Obtenir une participation insuffisante de l’encadrement ; 10) Ignorer la gestion du changement. 2.4 Les conditions de réussite du déploiement du Lean six sigma Les conditions de réussite s’appuient sur quatre fondements : A- L’application rigoureuse de la méthodologie LSS : Le Lean Six Sigma est une méthodologie rigoureuse, structurée qui doit être respectée à la lettre. Les candidats Green Belt et Black Belt doivent faire l’objet d’une sélection attentive suivant des critères précis. Les processus à améliorer doivent également faire l’objet d’une sélection sur des critères relatifs aux objectifs stratégiques de l’entreprise. Le projet global d’implantation et du déploiement du Lean Six Sigma doit être structuré, en particulier par la mise en place de Champions et par un comité de pilotage du projet. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 39 B- l’approche « gestion de projet » : Le Lean Six Sigma est une démarche d’amélioration continue qui se déploie au travers de projets Black Belt (gains importants, durée du projet : 6 à 8 mois) ou Green Belt (gains intéressants, projets plus courts). L’approche du management par projet est un pré-requis pour lancer et réaliser des chantiers Lean Six Sigma. C- la conduite du changement : La mise en oeuvre de Lean Six Sigma est un facteur de changement dans les pratiques et mises en oeuvre quotidiennes des processus. Un accompagnement à la conduite du changement doit être pris en compte au niveau : o des modifications des tâches, des pratiques individuelles et collectives du travail, o des modes de fonctionnement : type de management, approche processus, structure organisationnelle, o des changements culturels demandés et des résistances éventuelles, o de la gestion des polyvalences et poly compétences du personnel o du mode de communication et d’information interne. D- le management par les processus Le Lean Six Sigma a pour objectifs essentiels d’améliorer la performance des processus, il ne s’agit pas de résoudre des problèmes : les méthodologies de résolution de problèmes sont là pour cela. De ce fait, le Lean Six Sigma devient la démarche de progrès dans le management des processus mis en place dans le cadre des normes ISO 9001 et/ou de la Certification. 2.5 Les étapes essentielles Pour faciliter l’intégration de Lean Six Sigma dans l’entreprise, quatre phases sont à distinguer dans la mise en œuvre. 1- Une phase d’analyse préliminaire : elle consiste à identifier tous les éléments dont il faudra tenir compte pour mettre au point la mise en œuvre de la démarche dans le cadre des objectifs stratégiques de l’entreprise 2- Une phase d’implication : elle consiste à susciter l’enthousiasme du personnel pour la démarche en montrant en quoi elle peut les aider à réaliser les objectifs 3- Une phase de mobilisation : elle consiste à mettre au point les grandes lignes et chaque détail de la mise en œuvre de la démarche 4- Une phase de contrôle des résultats : c’est la phase de mise en œuvre proprement dite de la méthode impliquant la mise en place de mesures et de procédures de contrôle afin de s’assurer de la pérennité des améliorations apportées par la démarche. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 40 Au-delà de ces quatre phases, la réussite du projet Lean Six Sigma nécessite de : 1) Définir les objectifs stratégiques par un consensus au sein de l’ensemble du management ; 2) Remplacer au sein de l’entreprise les notions de fonctions par celles de processus et de sousprocessus ; 3) Affecter la responsabilité de chaque processus à un expert identifié ; 4) Créer et valider les tableaux de bord pour mesurer l’efficacité et l’efficience de chaque processus ; 5) Recueillir les données pour remplir les tableaux de bord ; 6) Définir les critères de sélection et prioriser des projets d’amélioration des processus ; 2.6 Conclusion Ayant fait ses preuves dans le secteur industriel, la démarche Lean Six Sigma se déploie maintenant largement dans le secteur de l’assurance. Cette démarche combine les avantages de deux méthodologies éprouvées. Son fondement tient sur l’optimisation des processus de l’entreprise suivant les trois dimensions suivantes : Qualité, Vitesse et Bas coût. Toutefois, il faut être vigilant à ce que la démarche ne se focalise pas uniquement sur la diminution des coûts et les gains financiers. De même, il convient d’établir les projets d’amélioration attenants sur la durée et de façon pérenne. Il est en effet assez facile de réaliser des optimisations (qualité, coût) sur les premiers projets mais plus difficile d’installer cette dynamique dans la durée. Aussi, il est primordial de décliner la méthodologie avec les opérationnels et ne pas la centraliser uniquement sur des équipes dédiées. Ce sont les managers de terrain qui doivent appliquer au quotidien dans leurs pratiques les principes Lean Six Sigma. Enfin, il parait impératif d’inscrire cette démarche dans un projet d’entreprise. Ce projet d’entreprise doit être communiqué à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise pour que chacun puisse en comprendre les enjeux. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 41 PARTIE 2 : Quels sont les points de convergence et de divergence des deux méthodes ? Quels apports pour le secteur des entreprises d’assurances ? Quels sont les rapports entre la spécificité du secteur de l'assurance versus l’universalité des deux méthodes ? Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 42 PARTIE 2 : Quels sont les points de convergence et de divergence des deux méthodes ? Quels apports pour le secteur des entreprises d’assurances ? Quels sont les rapports entre la spécificité du secteur de l'assurance versus l’universalité des deux méthodes ? 1. Points de divergence ou de convergence des deux méthodes Opposer les deux méthodes d’amélioration continue ISO 2001 : 2000 et Lean Six Sigma pour déterminer laquelle est la meilleure n’est peut être pas très constructif, dans la mesure où cela reste très théorique et tient davantage de la bataille de concepts, plutôt que de tenir compte de ce qui intéresse les organisations en pratique, à savoir la mise en oeuvre. C’est en effet la qualité de la mise en oeuvre qui va conditionner la réussite ou l’échec d’une approche ou d’une autre, et non pas nécessairement l’approche elle-même. C’est également dans cette optique qu’opère Bombardier, dont le Vice-Président Six Sigma Pierre Bérard, avance que « Six Sigma, comme stratégie, gagne à être inséré dans un modèle intégré de gestion harmonisant les divers moyens et approches utiles à une gestion totale de la qualité (ISO, etc.)». On peut désormais appréhender le type de complémentarité que peuvent entretenir les différentes approches. Pour commencer, la norme ISO 9000 a subi une révision majeure en 2000, et repose depuis sur une approche processus. On peut ainsi lire dans le recueil de norme ISO 9001 (2000) : « l’avantage de cette approche est le contrôle continu qu’elle autorise sur les liens entre les processus pris isolément et un système composé de processus, ainsi que leur combinaison et leur interaction. » L’approche processus étant un élément fondateur de Six Sigma, il semble logique de pouvoir l’intégrer avec la norme ISO 9001 (2000). La démarche Lean, quant à elle, dont les principes sont faciles à apprendre, fournit de rapides améliorations qui permettent de générer l’énergie nécessaire à la mise en place de Six Sigma dont les bénéfices se situent davantage sur le long terme. James Teboul, professeur de management des opérations à l’INSEAD, indique « nous n’avons pas fini d’entendre parler de qualité, de valeur ou de Six Sigma. Compte tenu de l’évolution de plus en plus rapide de notre environnement, il faut continuer à aligner l’organisation sur des cibles en mouvement. Et le vrai problème n’est pas l’inspiration ou les concepts, mais le courage de la mise en oeuvre. » De nombreuses entreprises se plaignent des coûts excessifs engendrés par leurs démarches qualité et s’interrogent sur la valeur ajoutée des démarches de certification. Pourtant, les démarches qualité peuvent être de formidables leviers de rentabilité. Une démarche qualité ne doit pas se résumer à assurer la conformité des produits. Elle doit avant tout permettre d’optimiser les processus de façon à éviter tout gaspillage et minimiser les risques d’erreur. Le coût de la non-qualité est souvent sous-estimé. Une étude à montrer que bien que 82 % des entreprises américaines aient mis en place des programmes qualité, seules 33 % ont chiffré le coût de la non qualité. En moyenne, les entreprises l’estiment à 5 % du chiffre d’affaires alors que les études ont montré qu’il est en général de 15 à 25 %. La non qualité impacte de nombreuses lignes de coûts : - Le coût de la garantie des produits : un défaut de conception des produits d’assurance ou des systèmes d’information engendre le paiement à tort. - le coût des contrôles : le poids des contrôles internes. - le coût de la non fidélisation des clients : un contrat d’assurance ou un service après-vente de mauvaise qualité n’incitent pas le client à rester. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 43 Toutefois, prenant conscience du coût de la non qualité, la plupart des entreprises ont lancé des démarches qualité : cercle de qualité, qualité totale, certification. Néanmoins, la plupart du temps, ces démarches se sont avérées décevantes. Elles ne se sont notamment pas traduites par une amélioration notable de la marge. Les trois principales dérives à ces démarches ont été : - La satisfaction du client à tout prix : l’intérêt de l’entreprise a été oublié au profit de la satisfaction client. Même parfois, la recherche de la qualité à tout prix peut aller au-delà des attentes du client. - L’excès de bureaucratie : la certification est souvent synonyme d’inflation de la documentation. La multiplication des procédures démotive les salariés et nuit ainsi à l’efficacité de l’entreprise. - L’absence de changements radicaux : la vision traditionnelle de la qualité privilégie les améliorations incrémentales. Mais elle ne permet pas un changement radical Face aux limites des démarches qualité, une nouvelle approche Lean Six Sigma a vu le jour. Cette démarche est en rupture avec les démarches précédentes. Elle pose les principes suivants : - Axer le travail d’optimisation sur les processus de l’entreprise : les démarches qualité classiques cherchent à améliorer le fonctionnement de chaque poste de travail ou de chaque organisation. A l’inverse, Lean Six Sigma vise à rendre performant l’ensemble d’un processus sans tenir compte des frontières internes de l’entreprise. Cette approche transverse permet d’avoir un impact beaucoup plus important sur l’efficacité au travail. - Donner la priorité aux processus les plus stratégiques : la démarche préconise une concentration des efforts d’optimisation sur les processus essentiels à la réussite de l’entreprise. A l’inverse, les démarches qualité classiques portent généralement sur l’ensemble des processus. - S’attaquer à l’ensemble des risques de non-conformité : Lean Six Sigma étudie systématiquement tous les risques de non-conformité sur l’ensemble du processus en faisant notamment usage de statistiques En résumé, les principaux éléments de comparaison des deux approches sont repris ci-après. ISO 9001 version 2000 Lean Six Sigma Origine Norme internationale, extension de la première version de 1994 Définition Ensemble de procédures que l’entreprise doit suivre Gérer la qualité soit en interne soit de façon contractuelle et en vue d’une certification L’activité de l’entreprise est décomposée en processus. Obligation d’audits internes réguliers. Les pistes d’amélioration doivent être identifiées et remontées à la Direction Méthode figée en raison de sa procédure et de son caractère normatif. Développée par Motorola puis General Electric (pour Six Sigma) et Toyota (pour le Lean) Méthode statistique appelée « zéro défaut » Elimination des défauts dans les processus et fluidité des processus Objectif Mise en œuvre Commentaire Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 Approche par projet. Puis mesure régulière des défauts par surveillance en continu. L’objectif est d’atteindre 3,4 défauts par million L’approche la plus classique. Elle est souvent combinée avec d’autres méthodes et des outils de gestion de la qualité. Sous sa forme la plus complète, c’est une méthode de management de toutes les fonctions de l’entreprise. 44 Ainsi, il est possible de dégager les points communs entre les démarches Lean Six Sigma et ISO 9001. - Lean et ISO 9001 considèrent les processus en termes de valeur ajoutée et exigent des méthodes pour améliorer et assurer l’efficacité du fonctionnement. - Elles reposent sur l’indispensable « Leadership » pour mettre en œuvre et maintenir ces démarches. - Elles se basent fondamentalement sur la prise en compte du besoin du client pour le satisfaire par un apport de valeur ajoutée. - Elles focalisent les moyens nécessaires à la création de valeur ajoutée et à l’atteinte des objectifs fixés. - Elles mobilisent les espaces de travail, les installations et les matériels pour optimiser les flux et assurer la conformité du produit. - Elles prennent en compte les facteurs humains au poste de travail (stress, charges physiques, gestes répétitifs, TMS, bruit, …). - Elles s’attachent à spécifier le besoin du client et à le traduire en termes de valeur ajoutée. - Elles contribuent à fiabiliser les activités de réalisation et à standardiser les bonnes pratiques pour assurer la conformité du produit. - Elles quantifient les résultats de leurs actions en terme de taux de conformité, d’efficacité, de gains. - Elles utilisent les données pour orienter et améliorer les actions. - Elles placent le PDCA & DMAIC au cœur de la démarche. 1.1 Lean et Six Sigma dans le cadre ISO 9001 9 L'ISO 9001 est un référentiel de qualité construit sur la boucle d'amélioration continue PDCA. Les démarches Lean et Six Sigma sont des démarches d'amélioration continue orientées sur les résultats opérationnels et financiers de l'entreprise. L'ISO 9001 peut cohabiter avec soit le principe Lean, soit la méthode Six Sigma. L’avantage à combiner ces démarches est que l'ISO 9001 est le référentiel de certification de la qualité le plus répandu dans le monde. Même s'il s'appuie sur le principe de la boucle PDCA, la mise en oeuvre effective de la démarche d'amélioration reste hésitante. Au contraire, le Lean ou le Six Sigma ont prouvé leur efficacité dans la démarche quantifiée de l'amélioration avec des engagements financiers chiffrés. Combiner ISO 9001 avec le Lean ou l'ISO 9001 avec le Six Sigma permet, dans une seule démarche, de tirer avantage d'un référentiel de certification reconnu, d'une part, et de bénéficier des expertises Lean ou Six Sigma pour orienter l'amélioration continue vers l'efficacité opérationnelle et financière. La comparaison ISO 9001, Lean et Six Sigma montre que d’origines différentes, les démarches ISO 9001, Lean et Six Sigma ne sont pas pour autant incompatibles. Elles visent toutes la satisfaction du client et l’amélioration continue. Leur moyen d’action est également identique : le processus. Mais chacune d’entre elles se focalise sur un point particulier et une démarche d’amélioration efficace va se construire sur les techniques les plus adaptées, issues indifféremment de chacune de ces démarches. 9 Source : Présentation Nantes 15/10/09 - Groupe AFNOR Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 45 Les particularités de chacune de ces trois démarches seront représentées ci-dessous et ensuite, sera indiqué comment elles peuvent fonctionner ensemble, pour une efficacité globale renforcée. ISO 9001 : Le management de la qualité selon le référentiel ISO 9001 demande : • à la DG d’établir une politique qualité • de fixer un engagement annuel sur des objectifs qualité, • de décrire les activités de l’organisme selon le principe du processus, • de gérer les ressources des processus, • d’identifier et de gérer les non-conformités (incidents et réclamations), • de réaliser des audits internes. • d’établir des indicateurs pour mesurer l’atteinte aux objectifs, • d’engager des actions correctives et préventives, suite aux analyses des mesures et aux audits internes, • de déployer la démarche d’amélioration continue selon les 4 phases du cycle PDCA. LEAN : L’application des principes Lean a pour objectif d’optimiser le fonctionnement des processus avec : • la détermination des flux de valeurs, • l’identification des files d’attente et l’évaluation des temps d’attente, • l’identification et l’élimination des « gaspillages » (stocks, retours…), • la synchronisation des traitements d’une activité à l’autre pour que le flux de traitement et de transformation soit le plus continue possible (aucun stock d’encours et aucun temps d’attente). SIX SIGMA : La méthode Six Sigma s’applique à maîtriser la variabilité présente dans tout processus. Cette variabilité se traduit par des non conformités au niveau du processus (temps d’attente et délai trop long, consommation excédentaire de ressource…) et des produits / services du processus (défaut de fabrication, exigence non satisfaite…). L’objectif est d’être égal ou inférieur à 3,4 défauts par millions d’opportunités. Selon le principe du Six Sigma, cette variabilité a deux causes : • des causes communes qui reflètent la présence de l’aléatoire dans le déroulement de tout processus, • des causes spéciales qui sont le plus souvent des réglages insuffisants de paramètres ou des actions d’opérateurs inadaptées. La méthode Six Sigma demande : • d’identifier les caractéristiques à mesurer et les défauts (dpmo, ppm), • d’établir la capabilité du processus et de fixer un objectif d’amélioration, • d’analyser la répartition entre causes communes et causes spéciales des non-conformité, • de déployer la démarche d’amélioration continue selon les 5 étapes DMAIC, • d’établir un plan de mesure et de veiller en permanence à sa validité, • d’établir des scénarios chiffrés pour l’aide à la décision d’amélioration (plans d’expérience…), • de conduire les contrôles de la variabilité (Carte de contrôle, MSP). Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 46 1.1.1 Les apports de la démarche Lean Six Sigma à la démarche ISO 9001 - - Considérer les processus de réalisation du Système de Management de la Qualité comme : o des flux optimisés de matières/ressources et d’information de la commande à la livraison o où les activités à valeur ajoutée (et à non valeur) pour les clients sont identifiées Considérer les processus supports comme : o des flux de prestations et d’information qui apportent la valeur ajoutée nécessaire aux processus de réalisation et qui contribuent au juste à temps Contribuer à donner du sens à la politique qualité en positionnant les objectifs qualité en niveaux de valeurs ajoutées pour les clients Orienter le management des ressources vers une planification plus centrée sur le juste besoin pour réaliser de la valeur ajoutée au client Traiter la non valeur ajoutée (gaspillage en ressource) au même titre que la nonconformité produit Fournir une « boîte à outils » et de l’expertise pour améliorer l’efficacité et l’efficience des processus Enrichir le pilotage des processus par la prise en compte des indicateurs Lean : pilotage des processus par la performance Par la mise en œuvre des chantiers Lean, repositionner les opérationnels comme acteur de la démarche qualité et à utiliser au maximum la polyvalence 1.1.2 Les apports de la démarche ISO 9001 à la démarche Lean Six Sigma - - - Stabiliser les processus pour livrer des produits conforme et éliminer et prévenir les non conformités produits Formaliser un système de management de la qualité et des exigences générales ce qui : o apporte une vision globale et aide à cibler les priorités Lean parmi les processus cartographiés o contribue à standardiser les processus « Lean » à l’ensemble du périmètre du SMQ o détermine les interactions entre les processus qui sont critiques pour le Lean Apporter une maîtrise documentaire et une maîtrise des enregistrements ce qui : o constitue le mécanisme pour capter et diffuser les expériences Lean Six Sigma dans tous les domaines concernés de l’entreprise o assure la traçabilité nécessaire à la démarche Lean Six Sigma (recueil des données et preuves des résultats) Planifier de la démarche dans le cadre du SMQ o structure d’implémentation globale de la démarche Organiser la montée en compétence du personnel et donc réduire le risque de gaspillage par méconnaissance Surveiller l’impact des actions Lean Six Sigma auprès du client par la mesure de la satisfaction client Organiser l’audit interne permettant d’évaluer en toute indépendance les résultats des démarches et rend compte des dérives par rapport aux bonnes pratiques Lean Six Sigma Fournir à la Direction par la revue de direction l’occasion de revoir globalement tous les résultats, d’apprécier les succès en lien avec les priorités stratégiques, les budgets et les retours clients. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 47 1.1.3 La convergence des deux démarches La convergence des deux méthodes est un excellent moyen de réconcilier les Directions d’entreprises avec la qualité. En effet, elle représente une véritable opportunité pour lier qualité avec compétitivité. De plus, elles s’articulent autour d’un système de management de la qualité et de la performance avec comme doubles enjeux : - Enchanter les clients - Optimiser et pérenniser le ratio Valeur Ajouté / Non valeur ajouté pour accroître le profit. Il convient donc de promouvoir une culture de l’amélioration continue au quotidien et à tous les niveaux de l’organisation avec l’adhésion de tous. De même, ces deux démarches se conçoivent à partir d’une vision globale, d’une réflexion stratégique de l’entreprise et d’un système de management où les processus sont organisés et gérés par la valeur ajoutée. Au-delà des grands de convergence entre les deux approches présentés ci-dessus, les grandes lignes des interfaces qui vont s'établir entre ces deux référentiels sont celles des étapes de la démarche. Pour l’ISO 9001, les 4 étapes de l’amélioration continue selon la roue de Deming sont PDCA : Plan , Do, Check, Act. Pour la démarche Lean Six Sigma, les 5 étapes sont le DMAIC : Définir, Mesurer, Analyser, Innover, Contrôler. Description du PDCA (ISO 9001) Plan Les actions de la qualité sont planifiées selon les objectifs Les actions planifiées sont réalisées et les mesures de premier niveau (activités) sont établies Les indicateurs qualité des processus et les produits sont mesurés. les résultats sont Check analysés et comparés aux objectifs. Actions correctives et préventives sont menées suite aux résultats des analyses et Act l’efficience des actions menées est contrôlée. Description du DMAIC (Lean Six Sigma) Les objectifs qualité sont définis et quantifiés et les actions pour les atteindre sont Définir planifiées Do Mesurer Les processus de mesures sont validés et les mesures sont réalisées (capabilité) Améliorer Les résultats des mesures sont analysés avec des méthodes quantitatives (statistiques, combinatoire, analyse…) En fonction des résultats de l’analyse les actions d’amélioration sont mises en œuvre Contrôler L’efficacité des actions d’amélioration est contrôlée Analyser Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 48 En rapprochant les cycles méthodologiques des deux démarches, nous pouvons constatons qu’ils se superposent. PDCA et DMAIC dans un même cycle PDCA DMAIC Définir Plan Mesurer Do Mesurer Check Analyser Act Améliorer Contrôler Les objectifs qualité sont définis et quantifiés et les actions pour les atteindre sont planifiées. Les actions de la qualité sont planifiées selon les objectifs. Les processus de mesures sont validés et les mesures sont réalisées (capabilité). Les actions planifiées sont réalisées et les mesures de premier niveau (activités) sont établies. Les actions de la qualité sont planifiées selon les objectifs (capabilité). Les résultats des actions sont analysés et comparés, avec des méthodes quantitatives, aux objectifs. En fonction des résultats de l’analyse les actions d’amélioration sont mises en œuvre. L’efficacité des actions d’amélioration est contrôlée. Enfin, la convergence des deux démarches donne une nouvelle dimension économique de la qualité. En effet, le référentiel de management de la qualité ISO 9001 intègre les éléments pour évaluer les coûts de la non qualité mais il n'offre aucun cadre d'actions planifiées pour qu'un programme d'amélioration continue conduise à des résultats économiques. Ce sont précisément les éléments qu'offrent les démarches Lean ou Six Sigma. 1.2 La satisfaction des Clients Les démarches d’amélioration continue et d’excellence opérationnelle visent intrinsèquement à la satisfaction des clients. La démarche Lean Six Sigma consiste à identifier les processus vitaux pour la satisfaction du client et la rentabilité de l’entreprise, à les analyser en profondeur puis à les optimiser jusqu’à atteindre le zéro défaut. Pour la démarche ISO, la mesure de la satisfaction des clients figure parmi l'une des exigences nouvelles les plus emblématiques de la version 2000 de la norme ISO 9001. L'amélioration continue repose sur la capacité de l'entreprise à identifier le niveau de satisfaction de ses clients La démarche de satisfaction client peut être composée de quatre principales étapes : - identifier les critères de qualité essentiels aux yeux des clients - comprendre l’impact des processus de l’entreprise sur ces critères - mesurer finement l’efficacité de ces processus - optimiser ces processus pour atteindre le zéro défaut sur les critères de qualité essentiels. Identifier les attentes du client Pour qu’une démarche qualité soit efficace et rentable, les efforts d’amélioration doivent être tournés vers la réponse aux attentes des clients. Cela suppose en permanence une écoute attentive des besoins. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 49 Raisonner en terme de processus La vision traditionnelle de la qualité met l’accent sur la conformité du produit à des normes. L’approche Lean Six Sigma se focalise sur l’efficacité et la fiabilité des processus. C’est en effet en optimisant les méthodes de travail que l’on peut atteindre le zéro défaut. Cela suppose de connaître très précisément les processus de l’entreprise et de comprendre comment ils influencent la satisfaction du client. -> Cartographier les processus : la démarche passe par une étape de définition claire et complète des processus de l’entreprise. -> Identifier les processus ayant le plus fort impact sur la satisfaction du client et la rentabilité : il faut optimiser en priorité les processus les plus sensibles. Mesurer finement la performance Pour optimiser la fiabilité d’un processus, il est indispensable d’en connaître la performance de façon très détaillée. C’est pourquoi un projet Lean Six Sigma comporte toujours une phase lourde de collecte d’information. -> Mesurer la performance de façon ponctuelle mais aussi approfondie : la mesure de la performance n’a pas vocation à être permanente mais elle doit seulement permettre de comprendre le fonctionnement d’un processus à un moment donné. En revanche, elle doit être suffisamment détaillée pour comprendre ce fonctionnement dans toute sa complexité. -> Ne pas se fier au taux de conformité global : pour mesurer la fiabilité d’un processus, on ne peut se contenter de calculer le taux de conformité des produits en bout de chaîne. En effet, cet indicateur permet au mieux de constater les effets des dysfonctionnements. En aucun cas il ne permet d’en identifier les causes. -> Mesurer la performance à chaque étape du processus : il faut décomposer le processus et mesurer la fiabilité de chaque étape dans deux objectifs : localiser plus précisément les pistes d’optimisation et supprimer le gaspillage. -> Mesurer la probabilité de chaque risque d’erreur : pour identifier les pistes d’optimisation, il faut pousser l’analyse et identifier systématiquement tous les risques d’erreur. Optimiser les processus Une fois les principales opportunités d’erreur identifiées, il faut optimiser les processus pour tendre vers le zéro défaut. -> modifier en priorité les modes opératoires les plus perfectibles : la majorité des dysfonctionnements sont causés par un petit nombre de causes. S’y attaquer en priorité permet généralement d’améliorer rapidement l’efficacité du processus. -> simplifier les processus : il suffit bien souvent de simplifier un processus pour réduire le risque d’erreur Attention également à ne pas appliquer la démarche à n’importe quoi. L’entreprise doit analyser le coût généré par l’utilisation de la démarche et les gains attendus du projet. 1.3 L’approche processus « Si les managers se concentrent sur leurs processus, les indicateurs de performance seront au vert ; mais si les managers se concentrent sur leurs indicateurs, le processus ne s’améliorera probablement pas » 10 Lean Enterprise Institute C’est avec les premiers référentiels qualité que s’est développée l’idée d’une maîtrise des processus pour assurer la qualité des produits (procédés) et mieux encore l’efficacité d’une entreprise. Mises 10 Source : Lean Entreprise Institute Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 50 à part quelques applications concrètes dans de grandes entreprises, cette notion de processus est cependant longtemps restée au niveau du concept. C’est vraiment avec la norme ISO 9001 version 2000, qui préconise clairement la mise en œuvre d’une approche processus, que de nombreux organismes ont pu mesurer les avantages qu’ils pouvaient tirer d’une telle approche. Parallèlement à cette évolution du concept de Qualité et plus encore depuis la publication de la norme, l’analyse des processus constitue ou devrait constituer la colonne vertébrale de plusieurs autres disciplines ou méthodes. C’est le cas par exemple pour le contrôle interne, l’analyse de risque, la maîtrise des compétences, le Lean Six sigma, etc… L’approche processus est transverse à la démarche ISO et la démarche Lean Six Sigma. Elle réunit trois avantages majeurs : - Elle fait d’abord apparaître les finalités d’une organisation, puisqu’un processus aboutit en point de sortie à une attente du client à satisfaire. - Elle mesure la contribution de chacun à la réalisation des objectifs et instaure une discussion en interface entre les différents contributeurs du processus pour mieux atteindre les finalités de l’entreprise. Elle facilite le travail en équipe. - Elle permet enfin une visualisation en temps réel de la réalisation des objectifs grâce aux données recueillies par les indicateurs à un instant T et que tout un chacun peut facilement rattacher à une ou plusieurs activités du processus. Cartographie des processus 11 La premier étape consiste à élaborer une cartographie des processus permet ainsi de répondre à quelques questions clés posées notamment par les normes ISO 9000 : - Comment les processus doivent-ils s’articuler entre eux pour impulser une dynamique d’amélioration continue et concourir à la satisfaction des clients ? - Quelles sont les interfaces entre les processus ? - Comment maîtriser ces interfaces ? - Enfin, comment résumer, à travers la cartographie, la contribution de chacun à la performance globale de l’entreprise ? La deuxième étape consiste à faire vivre les processus : - Une photographie du fonctionnement de l’entreprise - Une visualisation des interactions 11 Source : www.isixsigma.com – article ISO vs Six Sigma – 23/07/08 Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 51 Bien qu’elle soit encore perfectible, cette approche est aujourd’hui arrivée à maturité. Il faut considérer que son déploiement est en cours et qu’il induira des améliorations qui seront probablement à la marge. Par contre l’expérience montre que la recherche de l’efficacité de chaque processus est insuffisante pour atteindre l’excellence. Elle doit être indissociable d’une approche systémique qui pour l’heure reste une exception. Enfin, il manque à l’approche processus une dimension managériale et fédératrice, même si dans la plupart des cas on a pris la "précaution" de désigner des pilotes ou propriétaires de processus dont on a du mal à définir le rôle, alors qu’ils devraient être investis d’une véritable autorité. 1.3.1. Définition de la démarche processus 12 Un processus est un ensemble d'activités corrélées ou interactives qui transforment les éléments d'entrée en éléments de sortie (norme ISO 9001:2000). Ces éléments sont soit des objets matériels (pouvant être perçus comme des flux par la logistique à des fins d'évaluation dans l’industrie par exemple) soit des informations (voir processus pour le système d'information dans ce cas dans le secteur des assurances), soit les deux. 1. Les éléments d'entrée d'un processus sont généralement les éléments de sortie d'autres processus. 2. Les processus d'un organisme sont généralement planifiés et mis en œuvre dans des conditions maîtrisées afin d'apporter une valeur ajoutée. 3. Lorsque la conformité du produit résultant ne peut être immédiatement ou économiquement vérifiée, le processus est souvent qualifié de « procédé spécial ». Il ne faut pas confondre « processus » avec « procédure » (voir Procédure d'entreprise). Le premier définit le métier de l'entreprise en faisant abstraction de l'organisation sous-jacente tandis que le second positionne le métier de l'entreprise sur son organisation. L'approche processus est transversale à l'entreprise et permet d'identifier et de maîtriser les interfaces entre les différents « métiers ». o Le processus répond aux questions : Quoi ? Pourquoi ? o La procédure répond de plus à la question : Qui ? o Le mode opératoire répond de plus aux questions : Quand ? Où ? Comment ? o Le mode pilotage répond de plus à la question : Combien ? On distingue habituellement trois types de processus : o Les processus opérationnels (de réalisation); o Les processus de support (de soutien ou ressources); o Les processus de pilotage (de management ou décisionnels). Les processus opérationnels représentent l'activité cœur de métier de l'entreprise : de l'élaboration à la prise de commande / livraison des produits et services pour les clients. Les processus de support représentent l'activité de mise à disposition en interne des ressources nécessaires à la réalisation des processus opérationnels : Achats de fournitures, RH, Comptabilité, etc. Les processus de pilotage représentent l'activité d'élaboration des informations internes permettant le pilotage de l'activité de l'entreprise. On distingue souvent le pilotage opérationnel et le pilotage stratégique. Dans une entreprise, si les processus s'appuient sur une organisation (statique), on peut toutefois concevoir une organisation cible (par exemple, dans le cadre d'une opération de transformation consécutive à une fusion - acquisition en commençant par modéliser les processus opérationnels de l'entreprise. 12 Source : Revue « Qualité en mouvement » Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 52 1.3.2. Composition des processus Chaque processus peut être décomposé en sous-processus ou en phases (ou étapes). Chaque phase est décomposée en activités. Chaque activité peut être définie comme une collection de tâches (avec des données d'entrée et des données de sortie ainsi que des boucles de contrôle). Une tâche est de plus faible granularité qu'une activité. Chaque tâche peut être définie comme une collection d'actions. Une action est de plus faible granularité qu'une tâche. Le BPMN ne distingue que deux niveaux de décomposition le sub-process et la task, le terme activity est utilisé de manière générique pour parler de tous les niveaux de décomposition ou de regroupement. Un processus métier (ou processus principal ou processus opérationnel) est toujours déclenché par un événement dit "déclencheur". Lorsqu'un processus métier se termine, il déclenche un ou plusieurs événements dits "terminaux", susceptibles de déclencher un autre processus métier . Un processus métier comporte des règles métier. Ces règles sont les sources de décision de réaliser ou non les activités du processus métier. On dit qu'un processus est externalisé quand il "sort" de l'entreprise, c'est-à-dire qu'il met en action des partenaires ou des sous-traitants. On dit que deux processus sont collaborants s'ils s'échangent une information (produite par le premier, consommée par le second). Le processus métier ne doit pas être confondu avec un workflow qui est la traduction informatique d'un processus entièrement automatisé. 1.3.3. Caractéristiques d'un processus Un processus est caractérisé par 6 paramètres : 1. Le pilote (celui qui rend compte du fonctionnement du processus), 2. Les ressources requises (financière, humaine, matérielle...), 3. Les éléments d'entrée (données ou produits), 4. La valeur ajoutée, 5. Les éléments de sortie (données ou produits), et 6. Le système de mesure, de surveillance ou de contrôle associé. Le processus peut être défini dans une fiche de données processus ("data sheet" en anglais) qui pourra documenter les caractéristiques du processus et apporter un complément d'information nécessaire à une compréhension la plus complète possible du fonctionnement du processus y compris, lorsque nécessaire, les objectifs à atteindre. Dans le cas de processus complexes, il pourra être adjoint une représentation graphique ainsi qu'une cartographie complète des processus. Exemple de points à documenter dans une fiche de données processus : • Les éléments d'entrée, • Les éléments de sortie, • Une description succincte du processus, • La désignation du pilote, des acteurs, des supports et principaux moyens, • Le ou les clients du processus, • Le ou les fournisseurs du processus, • Les points de mesure, • Les moyens de surveillance, • Les objectifs... Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 53 1.4 Conclusion Il convient de rappeler qu’opposer les deux méthodes d’amélioration continue ISO et Lean Six Sigma peut être stérile. En revanche, souligner leurs faiblesses a pour objet de rechercher en quoi elles peuvent être complémentaires et ainsi combler ces lacunes. La démarche Lean Six Sigma permet de mettre en perspective les politiques qualité en les orientant sur la recherche de la valeur ajoutée pour le client. En effet, la démarche qualité ISO avait trop tendance à ne s’intéresser qu’à la qualité perçue par le client sans réellement rechercher à répondre à son besoin. Elle permet également de fournir les outils permettant d’améliorer l’efficacité et l’efficience des processus. La démarche ISO quant à elle apporte un cadre général normé de management de la qualité s’inscrivant dans la recherche de l’amélioration continue pérenne. Cela apporte une vision globale de la qualité et aide à cibler les priorités de l’optimisation des processus. Elle contribue à standardiser les processus et à déterminer les interactions entre ceux-ci. Colonne vertébrale de la démarche, cette approche processus permet une modélisation de l’entreprise qui permet de mieux maîtriser la qualité de ses produits et la satisfaction de ses clients. Enfin, la démarche ISO apporte une architecture du système documentaire facilitant la maîtrise et le pilotage de la qualité. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 54 2. Apport de ces méthodes dans le secteur des entreprises d’assurances A l’image des « l’excellence financiers. Le experts des performance. groupes industriels, les établissements financiers français misent de plus en plus sur opérationnelle ». Ce n’était pas dans la culture managériale des établissements manager ne peut à lui seul garantir la qualité. Ce sont les opérationnels les vrais processus devant être davantage sollicités dans l’amélioration durable de la Dans un monde de changement, les entreprises d’assurance doivent s'engager à la fois dans la refonte de leur capacité à rendre un service complet, efficace et rapide à leurs clients, et dans une dynamique d’amélioration continue de toute l'organisation, afin de maintenir leur compétitivité sur le marché mondial L’utilisation industrielle du marketing dans le secteur financier (banque et assurance) depuis ces dernières années oriente les organisations vers une vision client. Les évolutions de marché et la concurrence accrue favorisent la remise en question du fonctionnement des organisations. La position du client au centre des organisations nécessite une conduite du changement des organisations et des hommes pour transformer les mentalités et les processus. Les démarches d’amélioration continue orientées client ont donc toutes leurs places dans cet univers. Les assureurs emboîtent le pas des autres secteurs car dans le métier des assurances, nous ne pouvons pas nous différencier longtemps car les produits ne sont pas brevetables et les innovations sont vite copiées. La qualité du service est donc fondamentale. La qualité du service, des processus et le bas niveau des coûts vont de pair. De ce fait, l’assurance doit industrialiser ses processus. Toute la panoplie des démarches d’organisation peut être utilisée. L’objectif de toutes ces entreprises est revenir à une croissance durable et rentable. Une étude menée par Accenture souligne l’importance de processus industriels, répétitifs et mesurables. Par analogie avec le monde de l’industrie, le marché de l’assurance s’inscrit dans une logique de grande série avec des volumes élevés et des coûts unitaires faibles en terme de prime moyenne ou de coût du sinistre indemnisé. 2.1 L’organisation en mode processus Comme nous l’avons vu plus haut, l’organisation en mode processus devient une priorité pour les entreprises d’assurance. Au delà de l’organisation du management des processus, la démarche permet d’intégrer l’ensemble des fonctions de l’entreprise. Néanmoins, il convient de prioriser les transformations sur les processus stratégiques de l’entreprise c'est-à-dire ce qui créent de la valeur pour le client et ceux qui confèrent à l’entreprise un avantage concurrentiel solide et durable. Depuis le début des années1990, les entreprises ont progressivement intégré que la qualité et le management par les processus constituaient une garantie de leur performance. L’essor des certifications ISO dans la plupart des pays du monde en témoigne. Les organisations « excellentes » conçoivent, managent et améliorent les processus dans la perspective de pleinement satisfaire les clients et les autres parties prenantes et de générer une augmentation de valeur. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 55 Les processus doivent être conçus de manière systémique. Les processus sont améliorés, en fonction des besoins et en recouvrant à l'innovation, dans la perspective de pleinement satisfaire les clients et toutes les autres parties prenantes et d'augmenter la valeur du service. Les produits et les services sont conçus et développés en fonction des attentes et des besoins des clients. C'est précisément ce qui permet de cadrer l'ensemble des méthodes de management et d'amélioration de la performance et de la qualité. Optimiser sa performance opérationnelle, répondre au mieux aux attentes des clients, dépasser l'effet silo des organisations pour créer des synergies entre les métiers... Voilà ce qui pousse de plus en plus d'entreprises à adopter un pilotage par les processus. Cette approche transverse nécessite toutefois une évolution en profondeur car elle revêt une triple dimension. Organisationnelle, tout d'abord, car l'émergence de la fonction de pilote de processus fait évoluer la distribution des responsabilités dans l’organisation. Managériale, ensuite : pour que cette démarche produise de réels effets, il faut que la direction générale et l'ensemble du management soient impliqués. Une dimension « instrumentale », enfin : les outils informatiques doivent être en mesure de piloter et d'améliorer les processus mais aussi d'assurer leur automatisation et de restituer des informations, à travers des tableaux de bord par exemple 2.2 La création de valeur pour le client et la focalisation sur les clients à forte valeur Le point d’orgue de toutes ces démarches est bien d’augmenter la création de valeur pour le client. Ce qui crée de la valeur pour le client crée de la valeur pour l’entreprise. Les clients sont plus fidèles, augmentent leurs achats, acceptent des prix supérieurs et coûtent moins cher à acquérir. Une qualité sans faille permet de réduire les coûts opérationnels. Pour créer de la valeur client, il faut au moins deux volets : - Rechercher les leviers de création de valeur chez le client : le plus souvent, la dimension service jour un rôle fondamental. - Manager la création de valeur en interne : le client n’est pas roi. Il faut dimensionner l’investissement et gérer ce qui créer de la valeur. Il convient également de s’intéresser à la création de valeur pour le client qui lui-même a le plus de valeur pour l’entreprise. Ainsi, la segmentation de la clientèle permet ainsi de déterminer la valeur actuelle et potentielle de chaque assuré, avant de faire travailler les outils de gestion de la relation client. Deux phrases sont répétées depuis bien des années : « les compagnies d’assurance doivent apprendre à mieux connaître leurs clients », et « il est fondamental que les produits et services délivrés aux assurés répondent à leurs besoins ». On sait aussi « qu’acquérir » un client coûte environ cinq fois plus cher que de le conserver et que les vrais programmes de fidélisation demeurent rares. Principale raison de cette progression trop lente, la pression des marchés. En effet, les dirigeants des compagnies doivent accepter d’être patients, car les résultats d’une politique de fidélisation n’arrivent pas avant trois ou quatre ans. Egalement en cause, la stratégie de masse : « fidéliser c’est choisir, car on ne peut pas fidéliser en nombre », disent les spécialistes. Résultat : pas assez de segmentation et des assurés de 35-49 ans pas mieux traités que les autres, et donc volatils au gré des offres des compagnies. Cependant, les choses évoluent rapidement, concurrence oblige. « La valeur consommateur ne peut plus être simplement définie aujourd’hui par des mesures traditionnelles comme la détention de contrats, la profondeur de la relation client, le patrimoine ou le solde. Elle doit également couvrir tout le cycle de service, c’est-à-dire ce qui doit servir le client de manière efficace. ». Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 56 Pour encore mieux servir les clients consommateurs et apporter de la valeur, les compagnies d’assurance vont pouvoir tirer parti des progrès technologiques. Les prochaines années vont marquer un tournant radical dans le secteur des assurances. Pour se faire une idée des défis que les assureurs vont devoir relever à l’avenir et du type de stratégie qu’ils vont devoir mettre en oeuvre, l’IBM Institute for Business Value a mené une série d’entretiens et d’études de marché auprès de cadres dirigeants internationaux. L’analyse des informations collectées a permis d’identifier les quatre grandes tendances qui vont vraisemblablement affecter les compagnies d’assurance d’ici 2020. 1. Les consommateurs dynamiques et avisés, toutes catégories démographiques confondues, privilégient les agents d’assurance non traditionnels – Les réseaux d’information actuels et le processus de transfert des responsabilités financières vers le client final vont influer sur le comportement des consommateurs, lesquels vont exiger davantage de services et de commodités. Les candidats à l’assurance et les souscripteurs appartenant à différents groupes démographiques vont se tourner vers les compagnies d’assurance capables de répondre de façon cohérente à leurs attentes. 2. La technologie rend la chaîne de valeur virtuelle et diminue les barrières à l’entrée – Les progrès technologiques vont permettre à un nombre croissant de prestataires de services, internes ou externes à la chaîne de valeur traditionnelle, de s’implanter sur des marchés de niche. L’extension de l’horizon prévisionnel à 15 ans va inévitablement favoriser l’émergence d’un nombre croissant de compagnies d’assurance partiellement, voire totalement virtuelles, pour répondre à la demande des particuliers et des entreprises. 3. Les produits d’assurance traditionnels sont dynamiques et offrent des performances plus soutenues – Pour répondre aux besoins d’une population mondiale toujours plus avide de consommer et de communiquer, et friande de services personnalisés, les compagnies d’assurance vont être appelées à développer des produits souples et adaptables. Les derniers progrès technologiques leur permettent d’établir des interactions quasiment en temps réel avec les clients via des réseaux de capteurs associés à des mécanismes de protection de la confidentialité. 4. L’harmonisation des réglementations en vigueur et l’adoption de standards de l’industrie prennent une dimension mondiale – La mondialisation de tous les secteurs d’activité et le souci croissant d’efficacité contribuent à l’harmonisation des mesures visant à protéger les consommateurs et les entreprises par delà les frontières géographiques. Et l’automatisation croissante, qui requiert un haut niveau de standardisation à l’échelle de l’industrie, répond au même souci d’efficacité. Compte tenu de l’imminence de ces réalités, il ne suffira plus d’optimiser périodiquement les processus existants pour générer de la valeur ajoutée et réussir dans ce secteur en 2020. Les quatre grandes tendances définies précédemment vont avoir les effets suivants : • L’innovation va devenir un impératif – Le secteur va être contraint d’évoluer et d’innover car ces tendances ne vont faire que se confirmer au fil du temps. Ainsi, même si une compagnie d’assurance ne tient pas compte des changements démographiques ou demeure attachée à la chaîne de valeur traditionnelle, les autres sociétés seront de plus en Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 57 plus nombreuses à réagir à ces changements en proposant des services novateurs et en réalisant par là même des bénéfices. • Les schémas de pensée traditionnels menacent la capacité d’innovation du secteur – Le mode d’exploitation actuel de la plupart des compagnies d’assurance demeure fermement ancré dans le passé. Pour justifier cette attitude, d’aucuns arguent qu’elle a fourni une sécurité relative par le passé. Or, le problème, c’est que nous vivons aujourd’hui à une époque où la technologie peut transcender les problèmes sectoriels récurrents et modifier les règles du jeu. • Les nouveaux venus sur le marché vont contribuer à remettre en cause les modes d’exploitation traditionnels – Partout dans le monde, les compagnies traditionnelles intègrent désormais des services bancaires à leurs produits classiques pour proposer ce que l’on appelle communément des services de « banque - assurance ». Si ces services rencontrent un succès variable selon les secteurs géographiques, là où ils marchent, ils marchent plutôt bien, ce qui ne manque pas d’attirer un certain nombre d’intrus - à commencer par les banques elles-mêmes - sur le marché de l’assurance. Ainsi, dans les 15 prochaines années, la technologie devrait favoriser l’émergence d’une catégorie plus large d’entreprises proposant des produits et services parallèles. Les compagnies d’assurance traditionnelles devront développer des stratégies pour traiter avec ces nouveaux venus, que ce soit en tant que concurrents ou en tant que partenaires. • Pour obtenir le leadership de l’industrie, les compagnies d’assurance vont devoir expérimenter de nouveaux types de modèle d’exploitation, de processus, de produit et de relation client – Le besoin d’expérimentation constitue l’un des principaux points mis en évidence par cette étude. Ce facteur est directement lié à la capacité d’innovation, et plus spécifiquement à l’aptitude à développer et à exploiter des idées nouvelles. En l’absence d’expérimentation, les assureurs risquent de retomber dans le cycle traditionnel d’optimisation des processus existants. Ce modèle est en vigueur depuis tant d’années qu’il a fini par se substituer à l’innovation proprement dite. • Les investissements stratégiques actuels en matière d’innovation vont constituer un facteur de réussite décisif en 2020 – Alors qu’il devient urgent pour les assureurs de développer de nouveaux modèles organisationnels, les cadres dirigeants doivent s’efforcer de mettre en place les structures adéquates pour promouvoir l’innovation au sein de leur compagnie. Enfin, investir en termes d’innovation implique également de s’engager à développer des structures informatiques souples et adaptables pour permettre à l’entreprise de tirer parti de toutes les opportunités qui se présentent. Si le marché de l’assurance offre un potentiel de croissance incontestable, l’avantage ira aux entreprises qui adoptent dès maintenant une approche novatrice. Les démarches d’amélioration continue ont donc bien toute leur place. 2.3 La vision client au cœur des organisations Un défi significatif des entreprises vient de l’évolution des marchés. L’émergence de nouveaux acteurs et la saturation des clients sur les produits d’assurance de base conduisent les compagnies d’assurance à porter une attention encore plus forte pour les clients. Mieux informé, le client devient chaque jour plus exigeant et plus volatile. La problématique du secteur est plus la fidélisation du client de la conquête de nouveaux marchés. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 58 Les démarches d’amélioration continue tel que l’ISO ou Lean Six Sigma ont une attention particulière sur cette culture client. Les compagnies d’assurance ont progressivement déployé la logique client dans leurs réseaux de distribution ainsi que dans certains services destinés à gérer les relations avec les tiers (centres d'appels, services sinistres, plateaux de production...). Face à l'accroissement des exigences clients, à la nécessité de mettre en place des partenariats et une organisation plus réactive et flexible, les assureurs imaginent aujourd'hui des systèmes d'information visant à faire collaborer conjointement les différentes générations de technologies à leur disposition, dans la réalisation de leurs objectifs stratégiques. La démarche de transformation client impacte en conséquence l'entreprise dans ses différentes composantes et l'oblige à mettre en cohérence des choix jusqu'alors indépendants. Cette convergence s'exprime au niveau de l'organisation qui doit orchestrer des services jusqu'alors étanches afin de favoriser des fonctionnements transverses ; au niveau des technologies qui améliorent la prise en compte des enjeux stratégiques et « assouplissent » l'exercice du métier ; au niveau des individus enfin, impliqués dans la création puis dans l'utilisation quotidienne du dispositif client. C'est aussi la relation à l'information qui se trouve modifiée par la démarche client tant au niveau du partage et de la mise à jour des données qu'au niveau des enjeux de pouvoir associés qu'elle révèle. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 59 3. Rapport entre la spécificité du secteur de l’assurance versus l’universalité des méthodes Dans le chapitre ci-après, l’analyse se focalisera davantage sur la méthodologie Lean Six Sigma. La grande spécificité de la démarche dans le secteur de l’assurance par rapport au secteur de l’industrie se résume au schéma ci-dessous Changement culturel Complexe simple Complexe Technicité Secteur Industrie Secteur Assurances En d’autres termes, les démarches d’amélioration continue sont : - pour le secteur de l’industrie : simple d’un point de vue culturel mais très complexe techniquement - pour le secteur de l’assurance simple d’un point de vue technique mais très complexe culturellement. Il faut entendre par cette comparaison que dans le secteur d’industriel, la recherche de l’amélioration continue par l’industrialisation des processus, la standardisation, l’automatisation, est complètement intégrée dans les modes de réflexion et d’organisation des entreprises. Toutefois, afin de poursuivre les améliorations continues des chaînes de production, cela demande désormais une technicité très forte. A l’inverse, pour le secteur des assurances, la recherche d’amélioration continue commence à s’implanter dans les entreprises. Cela nécessite donc un accompagnement important des équipes à ce changement culturel. En revanche, les idées d’amélioration sont rarement très techniques. Elles tiennent le plus souvent, en tout cas au début, à du bon sens. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 60 Le schéma ci-après propose une comparaison du secteur industriel et du secteur assurance13. Il n’y a donc pas de différence majeure sur les grandes lignes. Les seules spécificités sont les suivantes. - Le suivi des flux : les données étant souvent immatérielles, les processus de service souvent n’ont pas l’habitude et les moyens de connaître à quelle étape se trouve une tâche donnée à un moment donné. Il est donc impératif de rendre visible le processus de production et les flux afférents. - Une tradition d’individualité : les collaborateurs du secteur tertiaire reçoivent des directives ou des consignes générales portant sur la manière dont leur travail devrait être réalisé. Mais ils sont souvent acculés à se débrouiller seules pour organiser leurs tâches quotidiennes. - Un manque de données : les données d’activité et de pilotage sont rarement facilement accessibles et quantifiables dans le monde des assurances. - Les gens ne peuvent pas être contrôlés comme des machines. Les processus de contrôle sont beaucoup plus dépendants de l’interaction entre personnes (les salariés entre eux ou avec les clients) que les processus industriels. Les ressources humaines constituent le principal actif mais aussi la principale cause de variations. 13 Source : Cours « L’industrie financière ENASS » - F.Pivert Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 61 Au-delà de ces spécificités, le plus grand défi pour le secteur des assurances est d’apprendre à identifier le gaspillage. En effet, la plupart des flux étant immatériels, l’identification du gaspillage est plus difficile. Dans la démarche Lean Six Sigma, il existe sept formes de gaspillage. 1- Le sur traitement : tenter d’ajouter à un service/produit une valeur supérieure à celle que le client souhaite ou pour laquelle il paye. 2- Le transport : mouvement inutile de matériaux, produits ou informations. 3- Les déplacements : mouvement inutile de personnes : Le déplacement peut se manifester lorsque les collaborateurs changent constamment de système d’information ou de réseau ou lorsqu’ils ont trop de manipulations clavier à effectuer pour accomplir une tâche informatique. 4- L’inventaire : travaux en cours en excès par rapport à ce que requiert la production. 5- Le temps d’attente : tout retard intervenant entre le moment où la phase d’un processus / d’une activité se termine et le moment où commence l’étape / l’activité suivante. 6- Les défauts : tout aspect du service qui ne se conforme pas aux besoins du client. Dans le tertiaire, un défaut peut prendre diverses formes, d’une information manquante au non respect d’une échéance qui entraîne le mécontentement du client. 7- La surproduction : production de prestations ou de biens supérieure à la quantité requise pour une utilisation immédiate. 3.1 La satisfaction des clients et la réduction des coûts : cœur du Lean Six Sigma Les objectifs de la démarche Lean Six Sigma sont universels puisqu’ils allient les principaux enjeux de toutes entreprises, quelque soit le secteur d’activité, à savoir l’amélioration de la satisfaction du client et la réduction des coûts. Mais pour que la démarche fonctionne, il faut l’appliquer avec rigueur. Comme il a été présenté dans les chapitres précédents, la méthode Lean Six Sigma – terme savant mais hermétique vient des Etats-Unis et du monde de l’industrie dans les années 1980. A la fin des années 1990, la méthode s’est étendue au secteur des services. En France, force est de constater que son déploiement est faible : 4 % des entreprise qui l’utilisent ont leur siège dans l’hexagone contre 40 % aux USA et 30 % au Japon. Seul des grands groupes l’ont adoptée : Axa, AGF, Société Générale, BNP Paribas, Schneider Electric par exemple On a souvent tendance à croire qu’en raison de ses origines industrielles l’ambition était de gagner en productivité. En réalité, le point de départ est le client. Une étude menée en 2007 auprès de 150 sociétés du secteur de l’industrie et des services en Europe et aux USA montre que deux raisons majeures président à l’adoption de la méthode : la volonté d’améliorer significativement la satisfaction clients et le souhait de réduire les coûts de production et des frais généraux. Deux éléments sont liés car ce n’est pas une question de moyens mais plutôt de méthode. En premier lieu : définir les processus clés - 1e étape : connaître ce que pense le client du service rendu : enquête de satisfaction – hiérarchisation des attentes client - 2e étape : évaluer le service rendu : diagnostic interne par processus – mesure de la performance Qualité Coût Délai niveau de Service (QCDS) : Axa en 2002 a identifié 400 processus à l’échelle du monde entier (33 % pour le gestion des sinistres, 20 % recrutement de nouveaux assurés. – objectif : améliorer les processus qui ont un réel impact sur la satisfaction client. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 62 Puis identifier les gaspillages 3e étape : standardiser les pratiques et identifier les gaspillages Enfin agir par étapes Le retour sur investissement au bout d’un an se concrétise comme suit : observation d’une augmentation de la qualité de 40 à 50 %, une diminution des cycles de 20 à 30 %, une hausse de la satisfaction client de 20 à 30 %. Il existe un effet vertueux car l’amélioration de la qualité de service engendre une réduction des coûts pouvant allant de 30 à 40 %. Pour s’assurer des changements durables, il faut instaurer un suivi et un contrôle régulier. 3.2 L’industrialisation du secteur des assurances La méthodologie Lean Six Sigma est bien adaptée aux problématiques d’un secteur d’activité fortement industrialisé comme le secteur des assurances : elle combine adaptation aux attentes du client et accroissement de la productivité. En effet, la relation au client final est prégnante : les métiers de front-office comme de back-office sont sensibilisés à la nécessité fondamentale de répondre aux besoins de la clientèle, les produits qui sont proposés comportent d’ailleurs un fort contenu marketing. Cela est d’autant plus vrai que la concurrence entre les établissements est acérée sur toutes les clientèles. La méthodologie Lean Six Sigma s’intéresse justement à ce « client final », à ses exigences, à ses besoins : c’est l’objet d’un outil comme « la voix du client » utilisé dès la première phase d’un projet Lean Six Sigma, qui place au cœur de la démarche d’optimisation les attentes du client. Par ailleurs, le business model sur lequel se développe l’assurance répond généralement aux contraintes de volumes et de coûts de cette filière : pour assurer sa rentabilité, les compagnies d’assurance doivent effectuer des traitements de masse à moindres coût. La méthodologie projet Lean Six Sigma s’adapte parfaitement à cet environnement. Enfin, la forte concurrence sur le secteur, encore accrue du fait de l’arrivée de nouveaux entrants, contraints les compagnies à diversifier leur offre notamment en misant sur le contenu technologique. La force de la méthodologie Lean Six Sigma, dans un environnement mouvant, où les équipes sont soumises à la pression du client final et de la concurrence, est justement d’impliquer les opérationnels. Les évolutions sont décidées de manière concertée, tout au long du projet. Elles seront validées par les équipes opérationnelles, voir amendée si cela se justifie. Un projet Lean Six Sigma vise à l’appropriation par les utilisateurs et propose systématiquement des évolutions à leur rythme, en douceur, de façon à prévenir au maximum les retours arrières propres à certains projets trop ambitieux ou menés de façon précipitée. Cette implication des équipes opérationnelles se concrétise également par la mise en place d’un programme d’amélioration continue, dotant les structures des moyens de s’adapter par ellesmêmes aux changements futurs de leur environnement. Les projets Lean Six Sigma suivent une démarche très structurée et s’appuient sur des outils simples et efficaces. Cette normalisation sécurise le périmètre du projet en limitant les risques de dérapages : des jalons réguliers (à chaque fin de phase) ainsi qu’un « go no go » servent de repères et sont là pour permettre la sélection des axes de travail pertinents et laisser le choix de s’engager ou non dans la suite du projet. Outil de mesure, outil de suivi : autant de garanties de tout projet Lean Six Sigma qui assurent un résultat in fine, dans les délais définis durant la phase « définir ». Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 63 Plus qu’une méthodologie concurrente des projets classiques de revue de processus, Lean Six Sigma est donc une méthodologie « chapeau » dont les caractéristiques différenciantes sont la focalisation sur l’évaluation de la performance en fonction des besoins des clients et l’évolution durable des modes de management pour offrir une plus grande souplesse dans l’entreprise. 3.3 Le calcul du retour sur investissement Autres caractéristiques, et non des moindres, la mesure des gains et du retour sur les investissements consentis est partie intégrante de la démarche Lean Six Sigma. Ils sont estimés, dès la phase « contrôler ». C’est la base des gains potentiels attendus sur chaque axe de progrès qu’est prise la décision en fin de phase « analyser » (go no go) de s’engager ou pas dans la phase de mise en œuvre. La mesure de la performance des processus : au travers de la « voix du client », la notion de qualité est revisitée et réadaptée de façon à coller au plus près des besoins réels de la clientèle. Ainsi, dans ce domaine, les phases « mesurer » et « analyser » ont autant pour objet l’identification et la mise à l’écart des actions de sur-qualité que la mise en lumière des gaspillages et défauts de la production qui minent la qualité standard due au client. En outre, un suivi sur le long terme est systématiquement instauré en phase « contrôler » : il a vocation à développer l’autocontrôle et la vigilance au sein de chaque équipe. Par ailleurs, la démarche projet inclut un focus sur les quick wins, ces gains rapides mis en œuvre facilement dès lors que les équipes opérationnelles adhèrent à la démarche et à sa finalité. Ces quick wins contribuent à l’appropriation par les acteurs du projet de la méthodologie Lean Six Sigma : immédiatement visibles, ils témoignent de la mise en mouvement des opérationnels dans une démarche d’amélioration. Dès lors qu’ils ont été impliqués, plus ou moins directement, en phase « améliorer », les collaborateurs sont en mesure d’anticiper davantage sur les changements futurs. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 64 PARTIE 3 : Quelle approche de mise en œuvre concrète entreprendre ? Présentation de trois études de cas Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 65 PARTIE 3 : Quelle approche de mise en œuvre concrète entreprendre ? Présentation de trois études de cas concrète Le contexte actuel des entreprises d’assurance nécessite des transformations opérationnelles en profondeur afin de pérenniser leurs rentabilités. Le tableau ci-après résume les grandes modifications entre les années 1990 et aujourd’hui14. Secteur des assurances dans les années 1990 Bons ou excellents rendements financiers obtenus de manière fiable pendant de nombreuses années Management pour les ratios (S/P, …) Environnement règlementaire relativement souple Peu de pression du marché Peu de réseaux (uniquement les réseaux traditionnels) Secteur des assurances aujourd’hui Retour sur investissement non garanti Management par unité de coût Environnement règlementaire abondant au niveau national et européen Pression du client et du marché Réseaux nombreux (émergence de nouveaux réseaux) En complément de ces grandes évolutions, les constats de départ sont peu favorables : o Le secteur est peu innovant. o Les modèles de gestion sont complexes voir inefficace dans une orientation client. o Les processus de gestion sont inefficients. o Les Systèmes d’Information sont trop complexes et ne permettent pas toujours une réactivité demandée par le marché et les clients. Les chapitres ci-après illustreront quelques exemples de démarches actuelles dans le secteur des assurances. Ces exemples permettront ensuite de proposer des préconisations opérationnelles sur l’application des méthodologies en fonction du contexte et de la situation de départ de l’entreprise. 1. Entité certifiée ISO 9001 : 2000 : Cas Groupama Gan 1.1 Zoom Groupama Gan – Démarche Certification ISO Au sein du groupe Groupama – Gan, la certification ISO 9001 déclinée sur l’ensemble des entités du Groupe n’a pas été un projet d’entreprise à part entière. Ces démarches se sont déclinées au sein des entreprises ou des services qui ont voulu se lancer dans ce projet. En revanche, une attention particulière à la qualité perçue par les clients du Groupe est une priorité. Selon l'enquête commandée à Opinion Way par la Fédération française des sociétés d'assurances, les trois quarts des Français ont une bonne image de leur assureur, et neuf sur dix se déclarent satisfaits des relations avec les intermédiaires, des conseils et des garanties qu'ils proposent. Des résultats similaires se dégagent de la dernière enquête généraliste menée par Groupama. « 90 % de nos clients sont satisfaits de nos services, ce qui est un bon résultat », commente le responsable qualité à Groupama SA. Ce type d’enquête sert surtout le groupe pour déceler les attentes de la clientèle. Pour cela, Groupama n'hésite pas à tendre l'oreille. En complément de l'enquête groupe généraliste tous les deux ans, beaucoup d'entreprises du Groupe sondent leur clientèle chaque 14 Source : Cours « L’industrie financière ENASS » - F.Pivert Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 66 année. Des enquêtes spécialisées ciblent les agriculteurs ou les professionnels. Enfin le groupe mène des investigations après résiliation. Sans oublier les baromètres « au fil de l'eau », qui permettent de prendre tous les mois l'avis des assurés à la suite d'un sinistre automobile ou d'un dommage aux biens. Toutes ces enquêtes permettent aussi d'identifier les axes de progrès. Un exemple : le traitement des réclamations, point noir de l'enquête groupe 2003. Soigner les réclamations, c'est bien, les éviter, c'est mieux. Un groupe de travail qualité réunit quatre fois par an les spécialistes des différentes entreprises du Groupe. Ensemble, ils préparent les enquêtes, en analysent les résultats, proposent des actions, échangent expériences et bonnes pratiques, et ouvrent l'oeil sur ce que font les concurrents. Autre instance qualité du groupe : le club certification, créé début 2005, est un lieu de rencontre pour les entreprises certifiées ou celles qui envisagent de se lancer dans la démahe. À ce jour, une quinzaine d'entités du groupe ont décroché le précieux label décerné par le BVQI ou l'Afaq, deux organismes indépendants. La certification n'est pas la seule voie pour tendre vers l'excellence. Groupama Alsace n'a pas son certificat, et pourtant l'entreprise caracole en tète de toutes les enquêtes groupe. «Nous détenons les meilleurs indices de satisfaction, recommandation et traitement global des sinistres », se félicite le responsable qualité Groupama Alsace. Le secret de la caisse alsacienne : proximité, professionnalisme et réactivité. « L’essentiel est de traiter les insatisfactions à chaud. Il ne faut jamais laisser le malaise s'installer. La qualité demande l'implication de tous, du haut en bas de la hiérarchie. C'est un travail de longue haleine ». Autre initiative intéressante : les états généraux de la qualité lancés en avril 2004 par Groupama Rhône-Alpes-Auvergne. « Pour compléter le diagnostic de nos enquêtes clients, nous avons donné la parole à des collaborateurs et à des élus », explique le responsable qualité Groupama RhôneAlpes-Auvergne. Dix-sept tables rondes ont été organisées avec la mission d'identifier les axes de progrès. « Les résultats concordent. Salariés et élus estiment qu 'il convient de renforcer la proximité et le suivi, de raccourcir les délais de réponse et de simplifier les documents. » Les premières actions correctrices portent sur le traitement des réclamations et la clarté des documents. D'autres sont inscrites dans les plans qualité de la caisse régionale. Certains vont encore plus loin. Gan Prévoyance, par exemple, a lancé une charte d'engagements qualité il y a trois ans. Ce document écrit dans lequel l'entreprise s'engage sur douze points précis (en matière de délais, de services, etc.) est remis à chaque client. Pour le réseau de Gan Prévoyance, c'est un argument de vente car les engagements sont fermes. » Enquêtes et indicateurs permettent de vérifier que les promesses sont bien tenues. D’autres entreprises du Groupe lient même le montant de l'intéressement à des critères de qualité. Et, pour certains collaborateurs, par exemple les juristes de Groupama Protection Juridique, les notes qualité conditionnent le montant de la rémunération variable. Avec la qualité, les entreprises n'en ont jamais fini. C'est une quête sans fin, car il ne s'agit pas seulement de faire bien son métier, mais de faire mieux que les autres et au meilleur coût. Pour la gestion santé de Gan Assurances, la démarche de certification a été avant tout une démarche managériale. Lancée en 2001, le constat de départ n’était pas brillant : un déficit de confiance des réseaux commerciaux, des délais de gestion non maîtrisés. Pour remédier à cela, la démarche projet a été lancée. Les objectifs étaient : redonner confiance aux réseaux, fédérer les collaborateurs sur un but commun, maîtriser nos coûts de gestion et nos délais. Une première phase de diagnostic s’est déroulée, puis une étape de formalisation de la documentation et de formation des collaborateurs au système de management de la qualité, puis une étape d’application du système de management de la qualité pour arriver enfin à l’audit de certification. Depuis l’obtention du certificat en 2002, les équipes sont mobilisées à l’amélioration continue de l’organisation. Les managers utilisent les outils du système de management de la qualité pour accompagner les collaborateurs dans la recherche permanente de l’amélioration continue. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 67 1.2 Facteurs clés de succès Comme il a été présenté plus haut, la démarche de certification ISO apporte des avantages significatifs sur quatre dimensions : - Au niveau du management : c’est un fil conducteur pour maîtriser la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise et pour garantir son pilotage sur la base d’indicateurs d’efficacité et de performance avérés. Au niveau des clients : c’est un moyen de définir des objectifs concrets à tous les niveaux de l’entreprise pour répondre aux attentes des clients. Au niveau de l’entreprise : c’est une approche processus favorisant le décloisonnement et amenant une vision globale du fonctionnement de l'entreprise. Au niveau des collaborateurs : c'est une démarche transversale, qui mobilise les équipes autour d'un projet d'amélioration permanente. Au delà de ces aspects primordiaux pour l’entreprise, il est impératif de donner une dimension plus économique aux démarches de certification. En effet, le référentiel de management de la qualité ISO 9001 intègre les éléments pour évaluer les coûts de la non qualité mais il n'offre aucun cadre d'actions planifiées pour qu'un programme d'amélioration continue conduise à des résultats économiques. Si les normes ISO 9000 traduisent un consensus international quant aux caractéristiques essentielles que doit posséder un système qualité pour garantir le fonctionnement efficace de toute organisation, il semblerait qu’après des années de certification, les responsables qualité doivent rendre compte des apports réels de la certification au sein de leurs organisations. Or, l’analyse de l’impact de la certification ISO 9000 est relativement peu étudié au regard des investissements financiers et organisationnels considérables déployés par les organisations pour répondre aux exigences de ce référentiel. Les résultats des études menées dans ce domaine sont loin d’être consensuels et sont souvent soumis à des conditions de mise en place de la certification ISO 9000 au sein de l’organisation. La question se pose alors de savoir dans quelle mesure la certification peut permettre à une organisation d’atteindre des objectifs d’efficacité et sous quelles conditions. Enfin, les trois facteurs principaux de valeur ajoutée de la certification ISO 9001 pour les entreprises peuvent être résumés comme suit : - Le premier gain, mis en avant est la communication : l’amélioration de l’image de l’entreprise et la reconnaissance extérieure des efforts accomplis sont deux axes principaux cités par les managers, La certification est vue comme un outil de validation d’une bonne image de marque ; - Le second gain, mis en avant est celui de l’amélioration interne via la mobilisation du personnel : l’obtention de la certification permet de mobiliser les acteurs de l’entreprise, de maintenir la pression, d’éviter que la motivation ne s’essouffle ; - Enfin, le troisième gain porte sur l’efficacité commerciale avec trois axes principaux : la différenciation par rapport à la concurrence, la fidélisation des clients, le développement commercial. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 68 1.3 Préconisations 15 Le tableau et la méthodologie ci-après présenteront une grille d’analyse de la situation initiale d’une entreprise engagée dans une démarche de certification ISO ainsi que les préconisations opérationnelles et concrètes dans l’implémentation d’une démarche LSS en complémentarité. Contexte Démarche ISO 9001 version 2000 Forces Faiblesses o Existence d’un système de management de o Durée de mise en œuvre avant d’en ressentir les effets la qualité avec une définition précise des responsabilités (responsable qualité, o Peu focalisée sur les retours sur investissement des actions menées : pas représentant de la Direction, pilote de processus, …) d’outil disponible pour quantifier les gains o Formalisation des processus et des o Positionnement des managers dans le SMQ indicateurs associés en incluant l’ensemble o Focalisation essentielle sur la satisfaction des processus support à la réalisation du client en omettant l’actionnaire et les collaborateurs produit (RH, SI, …) o Définition d’un cadre normatif d’audit du o Manque d’indicateurs de performance système de management de la qualité o Organisation du pilotage du système au travers des revues de processus et de la revue de Direction o Engagement de la Direction o Système d’amélioration continue : actions correctrices et actions préventives o Organisation de l’écoute client : réalisation d’enquête, traitement des réclamations o Pérennité de l’amélioration continue Apports de la démarche Lean Six Sigma Apport d’outils pour quantifier les gains Apport d’outils pour réorienter les processus sur la création de valeur ajoutée pour le client Repositionnement du manager dans le dispositif d’amélioration continue : rôle accompagnement des collaborateurs, accompagnement au changement o Management des ressources vers une planification plus centrée sur le juste besoin pour réaliser de la valeur ajoutée pour les clients Préconisations opérationnelles Les équipes qualité ISO et les équipes LSS doivent être fusionnées Méthodologie proposée o o o Définition Phase 1 Phase 2 Phase 3 Phase 4 Objectifs Etat des lieux de la démarche Système de Management de la Qualité Mise en place de l’organisation d’excellence opérationnelle Identifier les forces et faiblesses du Système de Management de la Qualité Compléter le Système de Management de la Qualité des grands principes de la démarche Lean Six Sigma Lancement de la démarche d’excellence Redynamiser l’amélioration continue de la opérationnelle démarche qualité Mise sous contrôle du Système de Garantir la pérennité de l’amélioration continue Management de la Qualité et organiser le contrôle permanent du système 15 Sources : entretiens contacts (AXA, Allianz, Groupama Gan, AMALINE) Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 69 Démarche méthodologique Phase 1 Etat des lieux du Système de Management de la Qualité Réaliser un audit complet du SMQ en se concentrant sur les forces et faiblesses du système *type d'indicateurs mis en place *déclinaison stratégique *communication-implication *optimisation de l'organisation *surveillance et mesure *amélioration, innovation, et compétences Identifier les points de progrès notamment dans la dynamique d’amélioration continue et dans la recherche de création de valeur pour le client Formaliser un plan d’actions de progrès Phase 2 Construction du Système d’Excellence Opérationnelle Définir les nouveaux objectifs du Système d’Excellence Opérationnelle complémentaire à la politique qualité (collecte de données : enquêtes clients, collaborateurs, collaborateurs, actionnaires) Mettre en place l’organisation d’excellence opérationnelle : fusion des équipes ISO et LSS, formalisation des missions de l’équipe, réalisation de la stratégie de déploiement des projets Formaliser les grands principes d’excellence opérationnelle en regroupant les principes des démarches ISO et LSS : formalisation du cycle commun PDCA et DMAIC Former et accompagner les managers aux nouveaux principes LSS Former l’ensemble des équipes aux complémentarités des principes ISO et LSS Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 Phase 3 Lancement de la démarche d’Excellence Opérationnelle Phase 4 Mise sous contrôle du Système de Management de la Qualité Sélectionner les projets Intégrer les nouvelles actions LSS dans les actions relatives aux exigences de la certification ISO Lancer la démarche en suivant les étapes du cycle DMAIC 1- Processus opérationnel (identifier les besoins et attentes des clients, dessiner le processus et identifier les activités, identifier la part de valeur ajoutée) 2- Gestion de la performance (collecter les données, faire les premières analyses, identifier les sources de gaspillage, fixer les objectifs d’amélioration, identifier le système de pilotage de la performance) 3- Culture et comportement (expliquer la démarche aux responsables et aux gestionnaires, comprendre la culture, les comportements, associer gestionnaires et responsables au diagnostic, faire s’engager les responsables dans la démarche) Transformer les processus d’amélioration incrémentale (petites avancées faite jour après jour) en processus d’amélioration réformatrice (avancées plus conséquentes sur des domaines transversaux) Organiser l’autoévaluation du système Construire et mettre en place les processus de contrôle et d’audit interne 4- Organisation et compétences (identification du savoir faire par tâches/activités, diagnostiquer les points forts et les points à améliorer, identifier les points de rigidité) 70 2. Entité sous une démarche Lean Six Sigma : Cas AXA, ALLIANZ 2.1. Zoom AXA – Démarche AXAWAY 16 Lancée en 2002 chez AXA, la démarche Six Sigma, nommée AXA Way, a permis à l’entreprise de développer une orientation client et une culture de management par les processus. Elle a également permis de mettre sous contrôle l’ensemble de ses processus et accroître encore ses résultats. La démarche a été officiellement lancée en 2002 au cours d’une réunion du groupe réunissant l’ensemble des managers de haut niveau, soit 300 dirigeants venus du monde entier. 95 % du périmètre opération du groupe AXA est concerné par l’application de Six Sigma. Le déploiement a été progressif puis initialement seules les six plus grosses entités opérationnelles faisaient partie du programme AXA Way. Aujourd’hui, toutes les entités du Groupe sont concernées ainsi que tous les métiers. Ce projet a été accompagné d’un dispositif de formation ambitieux. Des outils ont été développés afin de guider et suivre le déploiement des projets, d’évaluer les bénéfices financiers ; de gérer les ressources humaines impliquées dans les projets. Les objectifs de démarrage de la démarche étaient de développer une orientation « clients » et une culture du management des processus, qui génèrent chez les clients, les distributeurs et les employés une grande satisfaction et une reconnaissance de la qualité des opérations sans oublier les actionnaires qui doivent tirer également un bénéfice. Une fois ces premiers objectifs atteints, la démarche est entrée dans une deuxième phase de mise sous contrôle de l’ensemble des processus afin de dégager de nouvelles marges d’amélioration. Cette phase s’est déroulée principalement en élargissant et en diversifiant l’utilisation d’AXA Way dans les démarches et dans les outils du groupe. De même, lors de projets majeurs au sein du groupe, les méthodes AXA Way sont utilisées dans manière croissante. Le concept de la méthode AXA WAY est le suivant : La méthodologie AXA Way De sig Actionnaires t en em ov pr Im n Clients Process Management Collaborateurs Gestion des processus 16 Source : document interne Groupe AXA – Introduction AXA Way Challenge Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 71 L’excellence opérationnelle AXA Way comprend trois façons d’observer les processus afin de les améliorer : Improvement / Amélioration – identifier les problèmes les plus critiques en terme de processus métiers, et pour former des équipes pour traiter ces problèmes. La méthode utilisée est appelée DMAIC: Define, Measure, Analyse, Improve, et Control. Process Management – sera utilisé quand les projets d’amélioration de processus AXA Way seront finalisés, pour définir et gérer les opérations et activités en terme de processus. Le Process Management sera, dans le futur, la base pour identifier les projets potentiels d’amélioration de nos processus. La méthode est appelée DMO = Define, Mesure, Operate. Le Design – sera mis en œuvre ultérieurement pour les nouveaux processus ou pour ceux n’étant plus capables de fonctionner. Nous souhaitons nous concentrer en premier lieu sur l’amélioration de nos processus afin de mettre en place une culture “process” au sein d’AXA - La méthode utilisée est appelée DIDVO : Define, Innovate, Design, Verify et Operate La stratégie de déploiement de la méthode AXA WAY repose sur deux idées : - Les outils AXA Way seront utilisés pour atteindre l’excellence opérationnelle et devenir le plus performant possible pour satisfaire pleinement les clients, à court et long terme. - Les AXA Way Black Belts permettront d’atteindre ce niveau de performance en appliquant la méthode d’amélioration continue des processus La démarche AXA Way fait en sorte de comprendre totalement les besoins et les attentes des clients. A partir de ces besoins, la méthode AXA Way va permettre d’identifier les causes principales des défauts des processus. Le programme AXA Way dispose également d’une équipe dédiée dont comme unique responsabilité d’améliorer de façon continue les processus au travers des projets. L’engagement de l’excellence opérationnelle est celui de l’ensemble des managers. Le déploiement de la démarche se base sur des éléments factuels avec pour fil conducteur : - Agir uniquement sur ce que nous connaissons - Chercher pour en savoir davantage. - Savoir se remettre en question (nous examinons ce que nous remettons en question) - Remettre en question ce que nous mesurons. - Se remettre en question et mesurer pour prendre des décisions basées sur des faits et non sur des intuitions. - Le bon sens à lui seul ne fera pas la différence. La structure de déploiement d’AXA Way est basée autour de six rôles principaux : - L’ AXA Way Leader dirige le déploiement AXA Way dans chaque entité. - Le Master Black Belt AXA Way soutient l’AXA Way Leader en encadrant et formant les Black Belts - Un groupe de Black Belts AXA Way qui dirige les projets d’amélioration continue des processus en relation avec les managers AXA, sous la direction de l’AXA Way Leader. - L’ Analyste Financier AXA Way sous la direction du Directeur Financier local, aide les Black Belts AXA Way et l’AXA Way Leader à identifier les opportunités financières du projet et à assurer leur suivi. - Le Process Owner AXA Way identifie les projets potentiels et met à disposition les ressources pour l’équipe d’amélioration du processus. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 72 - Les Green Belts AXA Way qui conduisent des petits projets d’amélioration en relation avec les Process Owners. • Le PDG est le Champion de l’initiative et donne des orientations claires • Le comité de direction approuve la hiérarchisation des projets • Chacun des membres du comité de direction est le sponsor de projets AXA Way • Identifie les projets potentiels Process Owner (Manager) • Libère les ressources Équipe centrale, puis transfert vers les compagnies • Soutient le management dans la définition de la stratégie d’amélioration Comité de direction et AXA Way Leader (reporte au PDG) Equipe AXA Way comportant l’Analyste Financier AXA Way • Aide l’équipe à définir les opportunités financières et suit leur réalisation en collaboration avec le Black Belt AXA Way et le Process Owner •Prend en charge des projets importants pour l’entreprise en appliquant les outils DMAIC •Rend compte des progrès et des réalisations MBB AXA Way • Encadre et mobilise les équipes projets (5-8 projets en même temps) • Assure la formation AXA Way Equipe d’amélioration soutenue par un Black Belt AXA Way et impliquant des membres de l’équipe AXA Way Leader - Rôles & Responsabilités Mission En ligne avec la stratégie de l’entité, il dirige l’exécution. Il est responsable du déploiement pour le compte du comité de direction et du groupe AXA. Est responsable de la diffusion de la culture d’amélioration continue AXA Way au sein de la société, en s’assurant en particulier qu’une expérience dans l ’un des rôles AXA Way fait partie des compétences requises des futurs managers. Représente AXA Way au comité de direction et en dehors de l’entité. Dirige l’équipe de Black Belts AXA Way, qui lui rend compte hiérarchiquement. Responsabilités - Mise en place de l’organisation appropriée - Communication - Développement et formation du personnel impliqués dans AXA Way - Expression de la « Voix du client » en besoins mesurables - Exécution réussie de projets d’amélioration de processus - Mise en place d’un programme de reconnaissance des collaborateurs impliqués dans AXA Way - Suivi du déploiement des projets, reporting d’activité. AXA Way Process Owner - Rôles & Responsabilités Mission - Le responsable du processus “AXA Way Process owner” est un manager de la société directement intéressé par le succès des projets AXA Way dans son domaine de responsabilités. A ce titre, il/elle peut prendre toutes les décisions en matière de ressources et de budget. - Mettre à disposition les ressources métiers (membres de l’équipe) pour les projets d’amélioration des processus AXA Way et suivre les progrès réalisés. - Quand le projet d’amélioration de processus AXA Way est finalisé (clos), il s’assure que les améliorations perdureront. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 73 Responsabilités - Identifier les opportunités d’amélioration de processus. - Donner la direction stratégique pour l’équipe projet AXA Way - Revoir régulièrement l’avancement des projets et valider les livrables à chaque étape - Aider les Black Belts AXA Way à surmonter les obstacles du projet (par exemple les ressources adéquates allouées sur les projets en termes de nombre, temps disponible et compétences; budget pour la collecte d’informations / données, etc …) - Aide à l’identification des ressources pour l’équipe projet AXA Way - Si un événement imprévu intervient, redirige les ressources - Favorise la création d’un environnement ouvert propice à l’expression d’idées. - S’assure du maintien de la performance dans le temps Sponsor AXA WAY - Membre du Comité de direction - Propose des projets au Comité de Direction pour validation - Met en place le comité de pilotage projet - Valide les projets (durée, bénéfices) - S’assure que les membres des équipes projets sont choisis de façon appropriée - Résoud les difficultés des projets - Valide les revues d’avancement (tollgate) à chaque étape DMAIC - Rend compte sur les projets au comité de direction avec le Black Belt Black Belt AXA Way Mission - Un Black Belt AXA Way est une ressource dédiée chargée de piloter avec succès des projets d’amélioration des processus. Il peut gérer plusieurs projets simultanément. - Dirige l’équipe projet AXA Way et est responsable de l’optimisation des processus concernés et des résultats mesurables associés. - Fournit l’expertise sur la méthodologie pour améliorer le processus. - Représente l’équipe auprès de l’entité et fournit régulièrement un compte rendu d’avancement du projet. Responsabilités - Reporte à l’AXA Way Leader ou au manager adéquat - Conduit les projets en appliquant la méthode et les outils AXA Way (mesuré à travers les objectifs des projets et les délais) afin de résoudre les problèmes de qualité et d ’efficacité rencontrés par nos clients. - Génère une amélioration en terme de rentabilité pour chaque projet - S’assure que la démarche AXA Way est centrée sur nos clients - Fournit son expertise aux membres de l’équipe projet AXA Way, sur la méthode, les outils et les techniques tels que le design, l’amélioration et la gestion des processus, les méthodes de gestion du changement et la mise en œuvre des projets. - Rend compte régulièrement des progrès des projets. - Encourage les échanges des meilleures pratiques au sein de l’entité et avec les autres Black Belts AXA Way. - Identifie les opportunités internes puis externes (fournisseurs et clients) pour des projets faisant appel à la méthode AXA Way. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 74 Analyste financier AXA Way - Rôles & Responsabilités Mission L’Analyste Financier AXA Way est soit à temps plein, soit à temps partiel et se concentre sur la gestion des mesures financières pour AXA Way. Il est le lien entre la Finance et l’initiative d’amélioration AXA Way et s’assure de l’utilisation cohérente et rigoureuse des mesures financières AXA Way Responsabilités - Soutient l’AXA Way Leader et le métier dans la hiérarchisation des projets et dans la définition des objectifs financiers d’AXA Way. - Soutient l’AXA Way Leader dans la mise en place du budget AXA Way et son suivi. - Aide les Black Belts AXA Way à identifier les opportunités financières au moment de la phase de définition (Define) des projets et dans la construction du business case (dans la phase « improve ») - Quantifie l’impact financier des solutions proposées par l’équipe du projet d’amélioration. - Suit avec le Process Owner les résultats financiers et le maintien des améliorations de processus pour s’assurer de l’impact réel « profits et pertes ». Consolide les résultats pour le suivi d’activité - Etablit et suit le revenu net des projets AXA Way en accord avec les directives du Groupe. - S’assure d’une approche cohérente dans l’identification des réductions de coûts et l’amélioration de revenu d’un projet à l’autre. - Est l’interface-clé entre l’AXA Way Leader et la Direction Financière - Transfère sa connaissance sur les mesures financières aux équipes et forme les Black Belts AXA Way et les Process Owners sur les sujets financiers. AXA Way Master Black Belt Mission Le Master Black Belt (MBB) AXA Way est nommé pour 2 - 3 ans à plein temps, il est dédié à la mise en place de AXA Way et à s’assurer que la stratégie de l’entité profitera de l’amélioration continue des processus. Il soutient les équipes AXA Way dans l’obtention de résultats concernant les projets, plusieurs équipes à la fois (4 - 7 projets en fonction de leur avancement) en encadrant, formant et en fournissant une expertise technique et statistique sur la méthode. Rend compte habituellement à l’AXA Way Leader mais peut également avoir un lien fonctionnel avec lui. Responsabilités - Soutient et oriente l’AXA Way leader dans le développement de la stratégie AXA Way (mesures principales, identification des processus principaux, stratégie pour capter la voix du client) - Pilote la réussite de projets AXA Way appliquant les outils et la méthode AXA Way pour atteindre les résultats escomptés. - Encadre, assiste et forme les responsables projet AXA Way et équipes quand besoin est (outils AXA Way, méthode et concepts de l’amélioration des processus, travail d’équipe) - Prend personnellement la responsabilité des projets AXA Way importants. - Fournit l’expertise technique sur les outils et techniques tels que le design, l’amélioration et la gestion de processus, outils statistiques pour la mesure et l’analyse, les méthodes de gestion du changement et expertise pour la mise en œuvre des projets - Soutient les responsables équipe dans la mesure de l’impact des efforts AXA Way en termes de management et aide les équipes à rester concentrées sur les améliorations ayant un impact sur le business (Alignement avec les mesures métier principales, calcul du revenu net du projet). - Aide à la mise en place d’un système de gestion par les processus au sein de l’entité - Analyse les besoins en formation et dispense la formation AXA Way Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 75 Rôle de l’AXA Way Green Belt Les Green Belts appartiennent à tous les niveaux de l’organisation, leur mission AXA Way est de mener des projets d’amélioration des processus de moindre ampleur comparés à ceux des Black Belts. Ces projets visent à mesurer les écarts de performance identifiés au travers de la gestion de processus. En tant que Green Belts, ils sont directement impliqués dans les projets. Activités principales : - Conduit des projets en utilisant les outils et la méthode AXA Way. Ces projets visent à améliorer le degré de satisfaction clients ainsi que l’efficacité des processus - Pratique l’analyse de coûts et calcule les retours financiers pour chaque projet en étroite collaboration avec l’Analyste Financier AXA Way - Définit et met en œuvre les améliorations identifiées lors des projets en étroite collaboration avec le process owner - Présente régulièrement des rapports d’activité pour chaque projet sous sa responsabilité - Contribue à la mise en place de processus centrés sur le client. Soutien : Afin d’assurer le succès de leur évaluation, les Green Belts : - Bénéficient d’une formation DMAIC pour acquérir la connaissance de la méthode d’amélioration des processus - Seront encadrés par un Black Belt AXA Way certifié, pour l’application de la méthode DMAIC et des outils dédiés. Critères de sélection des projets permettant l’alignement au Plan Stratégique Cette liste de critères de hiérarchisation de projets est un incontournable. Un projet d’amélioration de processus AXA Way doit respecter ces six critères, afin d’assurer son succès et atteindre les objectifs attendus (satisfaction client et économies). 1) Le processus est-il récurrent ? : Le processus à améliorer doit être répétitif, afin de pouvoir obtenir rapidement des mesures nécessaires pour conduire la phase d’analyse du projet ainsi que sa conclusion. 2) Le périmètre du projet est-il réduit ? : Les projets AXA Way sont supposés être terminés dans un délai de 3 à 6 mois. Pour atteindre un tel objectif, les projets doivent rester à une échelle raisonnable. 3) Existe t-il des mesures ? : Les mesures sont essentielles pour les projets d’amélioration des processus AXA Way. Un fait est un fait et nous ne savons pas ce que nous ne savons pas; de ce fait, la mesure sera notre référence pour conduire notre analyse et notre prise de décision pour les améliorations. 4) Contrôlez-vous le processus ? : Vous devez pouvoir contrôler à 100 % le processus afin de pouvoir librement mettre en place toute nouvelle amélioration tout en évitant les blocages extérieurs potentiels. 5) Le projet améliore t-il la satisfaction client ? : Les projets d’amélioration de processus AXA Way doivent améliorer la satisfaction client. Les CTQs sont le point de départ d’un projet AXA Way. 6) Réduction de coût: Chaque projet devrait contribuer, en moyenne, à un résultat annuel de € 250.000 par projet pour la société. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 76 La méthodologie de déploiement d’un projet est la suivante : Phase 1 Phase 2 Phase 3 Sensibilisation et lancement Compétence et confiance Confort et contrôle Focus = Amélioration de processus pour développer l’esprit processus Focus = Gestion de processus pour identifier les opportunités d’amélioration de processus Focus = Le Design de processus pour s’améliorer de façon spectaculaire. Toutes les dimensions sont maîtrisées. Objectifs : pour les entités ciblées : • assurer l’auto-suffisance en développement des compétences pour l’amélioration de processus Objectifs : pour les entités ciblées : • assurer l’auto-suffisance des 3 approches orientées sur les processus Objectifs : cibler quelques entités AXA dans lesquelles : • développer un noyau de compétences pour mener des projets d’amélioration des processus • utiliser les projets d’amélioration des processus pour accélérer la réalisation de la stratégie business • déployer la gestion de processus pour accroître le contrôle de l’efficacité des processus afin de satisfaire les clients et d ’assurer la meilleure utilisation des ressources de l’entité • faire en sorte que le groupe s’améliore continuellement en intégrant les compétences acquises aux besoins stratégiques et aux plans d’action business Pour conclure sur la démarche en quelques chiffres, à fin 2008, le programme AXA Way dans le Groupe AXA se traduit par : - 30 sociétés impliquées (représentant 95 % du CA du Groupe AXA). - 650 Black Belts et plus de 12000 personnes formées - Quelques 1000 projets clos depuis le lancement de la démarche et plus 700 en cours. - Plus de 6000 collaborateurs formés. - Un bénéfice financier cumulé estimé à plus de 500 millions d’euro. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 77 2.2. Zoom AGF – ALLIANZ – démarche OPEX 17 Qu’est-ce que le programme OPEX d’Allianz? C’est une méthode d’amélioration opérationnelle des processus combinant le Six Sigma et le Lean - OPEX veut dire “Operational Excellence”. C’est une méthode structurée d’amélioration opérationnelle des processus basée sur les besoins clients La méthode OPEX est basée sur les méthodes mondialement reconnues de Six Sigma, TQM (Total Quality Management) et du Lean qui ont été adaptées par Allianz au contexte des services financiers. Un programme de formation « Black Belt » a été lancé en Décembre 2005 au sein du Groupe Allianz Avec une ambition forte de déploiement au sein du Groupe Allianz. - Lors de l’Allianz International (AZI) Executive Meeting 2006, Michael Diekmann a annoncé la décision d’accélérer l’utilisation de la méthode OPEX dans le Groupe. Plus spécifiquement, Allianz veut : o Former 500 Black Belts dans le Groupe Allianz d’ici fin 2008, avec l’objectif à terme de former 1% des collaborateurs Allianz (~1700 personnes). o Utiliser OPEX pour supporter des initiatives stratégiques telles que « Customer Focus », « Sustainability » et autres projets clés alignés avec «+One ». o Renforcer une culture Allianz d’amélioration continue. Un programme de formation et de certification OPEX actuellement en 3 étapes OPEX Blue Belt Profils type Contenu de la formation OPEX Black Belt OPEX Master Black Belt Collaborateur en poste opérationnel performant, acteur du changement Profil Blue Belt + motivation pour être dédié à des projets pendant ~1-3 ans Profil Black Belt, s’orientant vers une logique « expert » Outils OPEX d’analyse de processus et de redesign Partie 1: OPEX outils statistiques Six Sigma OPEX outils de statistiques experts Partie 2: OPEX conduite du changement Durée de la formation 1 semaine de formation (5 jours) 2 semaines de formation (1 semaine pour la partie 1, et 1 semaine pour la partie 2) 4 jours de formation Que fait un « Black Belt » ? Il est responsable d’équipe, en charge de la conduite de projet OPEX au sein des métiers pour améliorer la satisfaction des clients des processus Il maitrise la méthode et les outils OPEX. Les « Black Belts » ont généralement démontré leurs compétences en ayant réussi un examen et ayant conduit avec succès plusieurs projets sur le terrain Ils sont typiquement dédiés à l’amélioration opérationnelle pendant ~1-3 ans avant de reprendre des fonctions opérationnelles et continuer à diffuser les techniques OPEX au quotidien 17 Source : document interne AGF – Présentation de la méthode et des outils OPEX Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 78 L’historique de la démarche OPEX dans le Groupe ALIANZ Lancé au sein de Allianz Asia Pacific par Tony Benitez Département OPEX créé à Munich offrant des formations et du support aux projets 1999 Lancement du Programme de formation « Black Belt » 2004 Accélération du déploiement au sein du Groupe Allianz 2006 Fin 2005 Mission de OPEX Contribuer à la mise en œuvre de la stratégie « 3 + One » d’Allianz par : La conduite avec succès des projets prioritaires visant à l’excellence opérationnelle pour satisfaire les clients La mise en œuvre d’un programme de formation inculquant une culture de performance La contribution aux partages des meilleurs pratiques au sein du Groupe Allianz OPEX, un accélérateur d’une dynamique déjà enclenchée aux AGF dans un contexte où l’amélioration de la qualité de service est au cœur de leurs objectifs. Lancé au sein de Allianz Asia Pacific par Tony Benitez O P E X 1999 Département OPEX créé à Munich offrant des formations et du support aux projets Lancement du Programme de formation « Black Belt » 2004 Fin 2005 Accélération du déploiement au sein du Groupe Allianz Mi 2006 Création d’un département « Amélioration Continue » Début 2006 Mi 2005 Projet pilote Lean-Six Sigma AGCI /SIA Projet pilote Lean-Six Sigma Collectives/ DSPC 2006 Autres projets Lean-Six Sigma Une forte cohérence d’ensemble sur la méthodologie et sur le timing entre OPEX et les projets pilotes AGF permettant d’accélérer la dynamique chez AGF Les 3 objectifs majeurs du programme OPEX AGF sont : 3 objectifs majeurs de bout en 1 Améliorer bout l’efficacité et l’efficience de nos processus clés Une mise en œuvre en 3 étapes Etape actuelle 2 Insuffler une culture d’amélioration continue pérenne au sein du Groupe AGF à tous les niveaux Préparation du déploiement d’une 3 Disposer plateforme OPEX « locale » aux AGF en parfaite cohérence avec Allianz Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 Lancement et stabilisation des processus Fin 2006 Montée en puissance et diffusion Cible ~1% de Black Belts ~10% de Blue Belts Une culture OPEX largement répandue Courant 2007 79 Unstructuré projet OPEX esten un projet collaboratif, structuré en 4 phases : 4 phases 1 Préparer et définir le projet Jalons clés Calendrier usuel Objectifs 2 3 4 Mesurer l’existant Proposer des solutions Tester les solutions et mettre sous contrôle Lance- Go/No Go du sponsor ment pour étudier plus avant 1-2 sem. 2 sem. Go/No Go du sponsor pour mettre en œuvre 2 sem. Comprendre le Quantifier processus de l’existant bout en bout ~6-10 semaines* Analyser les problèmes Proposer un plan d’action “Rendre visible l’invisible” Fin de projet Tester, ajuster et mettre en œuvre les recommendations Mettre sous contrôle et assurer la pérennité des solutions et des impacts associés Un projet OPEX s’appuie sur une équipe mixte combinant les compétences métiers et méthodologiques. et méthodologiques Acteurs concernés au quotidien par le projet Top Management Et sponsor du projet Chef de projet (propriétaire du processus) Opérationnels ayant la responsabilité du projet et des résultats Equipes opérationnelles (1-4*) Manager + Chef d’équipe Métier Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 Blue ou Black Belt Equipiers OPEX (1-4*) Organisation IT … Support OPEX en charge d’appuyer pleinement le chef de projet et les équipiers opérationnels pour assurer le succès du projet Support OPEX 80 OPEX s’appuie sur une boîte à outils éprouvés, basés sur les méthodes Lean et Six Sigma. Besoins Client Clients Outils clés Analyse du temps de valeur ajoutée 35 ,000 30 ,000 25 ,000 20 ,000 15 ,000 1,000 Num b er of hits 2,500 2,000 1,500 10 ,000 500 5, 000 2 00 4 5 2 00 4 9 - Co nversion s 20 04 21 - Hits Processus cible Client Besoins Agent Client A Plateforme VA Back office Client B Mandat de projet 3,500 3,000 20 03 49 2 00 4 1 System/ Tools Flexibilité de la capacité 20 04 13 20 04 17 Backoffice Revues de performance Num be r o f c onv er sio ns ! Une gestion efficace de la performance et de la capacité 2 00 3 5 Call center Gaspillages Analyse de la variabilité Plan de travail Des processus accélérés, segmentés et standardisés Accélération des flux de bout en bout Segmentation des flux par complexité Modes opératoires standards Simple Flux A Std Flux B Cplx Semaine Projet 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Problème Objectifs Set up Périmètre ? Agent ! Tests et mise sous contrôle de solutions Demain Customer 20 03 29 20 03 33 Aujourd‘hui C 20 03 37 Brainstorming Analyse du flux O 20 03 41 20 03 45 P Tester les solutions et mettre sous contrôle 2 00 3 9 20 03 13 S I Proposer des solutions 20 03 17 Vue macro du processus Mesurer l’existant 4 20 03 21 20 03 25 Préparer et définir le projet 3 20 02 45 2 20 02 49 2 00 3 1 1 Equipe Une organisation et des compétences adaptées Clients Opérationnels Organisation Formation et polyvalence Planning Mesure de l’ambiance du service Questionnaire pour toute l’équipe Une équipe responsabilisée et des comportements tournés vers le client et l’amélioration continue sur le terrain Focus group Q1 13 Qn OPEX combine les méthodes d’amélioration opérationnelle Six Sigma et Lean. Objectif premier du Six Sigma : réduire la variabilité pour accroître la qualité + Objectif premier du Lean : réduire le gaspillage pour accroître la vitesse Distribution des données Surproduction Gaspillage de compétences «Voix du CLIENT» Défauts Défauts « Voix du PROCESS » Attente Transport Mouvements Retouches et rebuts Stocks Qualité excessive Maitrise statistique des processus General Electric Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 Toyota 81 En synthèse, un projet OPEX est un projet : Qualité Délais Revenus & Coûts …Visant à l’amélioration opérationnelle d’un processus de bout en bout en terme de Qualité, Coûts/Revenus et Délais pour satisfaire le client Client …S’attaquant à 2 sources de problèmes majeures d’un processus (variabilité et gaspillage) Variabilité …Structuré et rythmé en 4 étapes 1 Définition du projet 2 Mesurer la situation actuelle Gaspillages 3 Analyser des solutions 4 Tester & mettre sous contrôle …Engageant une équipe mixte d’opérationnels et d’experts de la méthode avec le plein support du management… …Et s’appuyant sur des outils et des méthodes Lean et Six Sigma mettant l’accent sur la mesure et les faits Ainsi aux AGF, le programme OPEX soutient en parallèle deux objectifs : - Support d’une transformation opérationnelle d’un Groupe - Support d’une évolution culturelle profonde. Le groupe s’est engagé dans une transformation profonde des processus, des organisations et de la culture pour mieux servir les clients dans un marché qui se veut toujours compétitif. Pour pouvoir intégrer efficacement une démarche Lean Six Sigma dans une stratégie d’entreprise, F.Pivert recommande d’avoir pu la tester en amont d’une phase de transformation d’entreprise par le biais de projets pilotes. Il est alors possible de générer un terrain fertile composé d’une masse critique d’enthousiastes qui comprennent les bénéfices potentiels de la démarche. Aux AGF, il y a eu l’opportunité de tester et de pouvoir adapter la méthodologie Lean Six Sigma au contexte et à la culture d’entreprise dès 2006 en désignant des pilotes avant de lancer un programme plus global de transformation de l’entreprise en 2007-2008. Une quinzaine de projets pilotes, focalisés à certains endroits ont ainsi été menés. L’approche Lean Six Sigma a donc pu ainsi être naturellement considérée comme un moyen efficace d’accompagnement du changement et non pas comme un projet « en plus ». F.Pivert précise que bien souvent, lorsqu’une démarche LSS est engagée en même temps qu’un programme plus global de transformation, la démarche risque, dans l’esprit des collaborateurs, d’être associée à un simple cost-cutting et de ne pas trouver toute la dynamique et l’intérêt à moyen/long terme qui devrait exister bien après la mise en application d’un plan de transformation. Mais lorsque l’intérêt a été montré et pas seulement en terme de coûts, il devient alors plus naturel pour les managers d’aller au devant des experts de l’excellence opérationnelle pour les aider à réaliser leurs objectifs. Cela permet également de développer un langage et des pratiques de résolution de problème communs entre les managers et de favoriser ainsi les échanges dans un moment où chacun est confronté à des difficultés locales et se sent parfois seul. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 82 Aux AGF, les managers y voient, pour la majorité, un levier pour atteindre des objectifs ambitieux, parce qu’ils ont pu en constater les effets obtenus ailleurs. Le changement culturel est induit par l’exemple et en donnant aux manager les moyens de réussir. Grâce au projet OPEX, les collaborateurs participent activement aux travaux ; ceux qui sont concernés par de profondes réorganisations utilisent OPEX pour transférer leurs pratiques à des collègues. Cette démarche n’est pas l’unique levier pour réussir la transformation aux AGF. C’est une brique d’un tout cohérent qui vient compléter par un exemple un plan RH global. F.Pivert conclu que lorsque l’on souhaite se lancer sur ce type de démarche Lean Six Sigma, il est important de s’inscrire dans une stratégie d’entreprise claire. L’objectif n’est pas faire du Lean Six Sigma à tout prix ou pire encore pour être certifié mais bien pour servir des objectifs de transformation. Les projets Lean Six Sigma ne doivent pas être perçus comme des projets supplémentaires car l’échec est alors assuré mais bien comme un moyen efficace de réussir tous ensemble à atteindre les objectifs fixés. 2.3. Facteurs clés de succès Après les grands programmes de réduction de coûts, très en vogue dans les années quatre-vingt dix, la méthode Lean Six Sigma est actuellement en cours de promotion. Le bilan des programmes de réduction de coûts s’est avéré décevant : seules 10 % des entreprises sont parvenues à préserver les gains obtenus au delà de deux ans. La véritable difficulté ne semble pas tant d’atteindre des résultats que de les pérenniser, ce que tente de réaliser la méthode Lean Six Sigma. Synthèse entre deux approches issues du secteur industriel, la méthode Lean Six Sigma vise avant tout une amélioration continue de la performance de l’entreprise. Il s’agit d’une transformation en profondeur du mode de management, des mentalités et de la culture, qui doit générer une amélioration de la productivité (augmentation du nombre de dossiers traités par ETP, réduction des doubles saisies, …), une amélioration du niveau de service et de qualité (réduction des temps de traitement, diminution du taux d’erreur, …) et une augmentation du niveau de motivation des employés. La méthode est parfaitement adaptée aux métiers de l’assurance qui sont des métiers de service pour lesquels le contact humain est un élément clé. Mis en place dans un premier temps dans les services opérationnels de gestion de sinistres ou de production, le Lean Six Sigma a pour objectif de réduire la variabilité de traitement des demandes clients pour améliorer la qualité perçue. Il ne s’agit pas d’atteindre le 100 % de qualité pour tous, mais que le niveau de qualité perçue par le client le satisfasse et soit identique quel que soit l’interlocuteur dans l’entreprise. Pour les experts, la redéfinition du rôle du management est l’élément clé de la mise en œuvre de la démarche. « La méthode transforme dans les faits les managers en coach de leurs équipes ». La formation des responsables d’équipe à leur nouveau rôle est donc indispensable pour la réussite de l’opération. Il s’agit également de les accompagner pour garantir l’homogénéité des modes opératoires. « Un pilotage transversal de la démarche est nécessaire pour éviter les interprétations différentes par les managers ». Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 83 Pour résumer les différents éléments présentés dans les exemples ci-dessus, les principaux facteurs clés de succès d’une démarche Lean Six Sigma sont les suivants : 1- Susciter la culture client au centre des préoccupations de l’entreprise. 2- Conduire le changement culturel : identification des résistances aux changements, centrée sur la place des collaborateurs dans la démarches. La transformation vers un fonctionnement Lean implique un profond changement dans le mode de fonctionnement de l'organisation, en termes de reconfiguration de processus et flux, mais aussi en termes de modes de management et de gestion de la performance. Il s'agit de développer de manière systématique et structurée les approches de productivité, de réduction des délais et coûts mais aussi de réduction du taux d’erreur par une maîtrise du process qui sont au coeur du Lean Six Sigma, mais dans le même temps de faire évoluer toutes les personnes de l'entreprise dans la même direction, et de développer de nouveaux comportements à tous les niveaux de l'organisation : direction, encadrement et opérateurs. 3- Mettre en place un véritable projet d’entreprise autour de la démarche Lean Six Sigma : communication, ressources humaines, porté par la Direction Générale, … 4- Organiser une structure projet (OPEX, AXAWAY, …) avec un véritable chef de programme charismatique. Le chef de programme ou le leader de déploiement sont un des éléments clés dans la réussite des programmes et des projets d’amélioration continue. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 84 2.4. Préconisations 18 Le tableau et la méthodologie ci-après présenteront une grille d’analyse de la situation initiale d’une entreprise engagée dans une démarche LSS ainsi que les préconisations concrètes et opérationnelles dans l’implémentation d’une démarche ISO en complémentarité. Contexte Démarche Lean Six Sigma en place dans l’entreprise Faiblesses o Pérennité de l’amélioration continue o Rapidité de mise en œuvre pouvant engendrer une non appropriation des managers o Approche méthodologie par projet sans parfois de vision d’ensemble de l’entreprise o Manque de stratégie qualité globale Forces o Amélioration rapide de la satisfaction client en mettant en œuvre des actions permettant d’améliorer les processus en vitesse et qualité o Priorisation de la démarche sur les processus stratégiques de l’entreprise o Amélioration des processus en éliminant le gaspillage et en se concentrant sur ce qui produit de la valeur ajoutée pour le client o Apport d’outils d’amélioration des processus o Démarche de déploiement structurée et adaptée au contexte et à la culture de l’entreprise visant toujours à résoudre les bons problèmes o Chiffrage des gains financiers Apports de la démarche ISO 9001 o Formalisation d’un système de management de la qualité et des exigences générales apportant une vision globale o Organisation d’audits permettant d’évaluer en toute indépendance les résultats de la démarche et rendre compte des dérives par rapport aux bonnes pratiques o Fournir à la Direction par la revue de Direction l’occasion de revoir globalement tous les résultats, d’apprécier les succès en lien avec les priorités stratégiques, les budgets et les retours clients Préconisations opérationnelles o Les équipes qualité ISO et les équipes LSS doivent être fusionnées o Attention à bien mettre en place des relais opérationnels de la démarche LSS sur le terrain o Choix stratégique des outils adaptés dans la multitude existante Méthodologie proposée Définition Objectifs Phase 1 Etat des lieux de la démarche LSS Identifier le cadre de mise en place de la démarche LSS et identifier les macro-écarts par rapport aux exigences de la norme ISO 9001 Phase 2 Etablissement de la politique qualité de Formaliser les attentes de la Direction par rapport au Système de Management de la Qualité l’entreprise Poser les bases du Système de Management de Qualité afin de donner une cohérence globale à toutes les actions entreprises Phase 3 Phase 4 Construction du Système Management de la Qualité de Sensibiliser rapidement le management et les équipes aux principes d’Assurance Qualité en montrant concrètement les apports Mise sous contrôle le Système de Garantir la pérennité de l’amélioration continue Management de la Qualité et organiser le contrôle permanent du système 18 Sources : entretiens contacts (AXA, Allianz, Groupama Gan, AMALINE) Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 85 Démarche méthodologique Phase 1 Etat des lieux de la démarche LSS Phase 2 Etablir la politique qualité de l’entreprise Phase 3 Construction du Système de Management de la Qualité Phase 4 Mise sous contrôle du Système de Management de la Qualité Identifier l’avancement et la maturité du déploiement du Lean Six Sigma Définir les objectifs de la Direction par rapport à la nouvelle démarche Mettre en place l’organisation qualité et l’organisation de projet (fusion des équipes LSS et ISO) Construire et mettre en place les processus de contrôle et d’audit interne Analyser la culture qualité de l’ensemble des équipes Formaliser de l’engagement de la Direction : - information du personnel - définition des objectifs et des moyens Définir le plan d’actions pour combler les écarts par rapport aux exigences de la norme Formaliser et déployer le processus d’amélioration continue Identifier les macro-écarts de l’existant par rapport aux exigences de la norme ISO 9001 Réaliser le bilan de la documentation existante Communiquer sur la nouvelle politique qualité Poser les bases du Système de Management de Qualité afin de donner une cohérence globale à toutes les actions entreprises Elaborer et mettre en œuvre le système documentaire (manuel qualité, processus, procédure, …) Former les équipes aux principes de l’Assurance Qualité en montrant les compléments par rapport à la démarche LSS Formaliser les processus de pilotage et les processus support Mettre sous contrôle les fournisseurs en définissant les contrats de service Intégrer les exigences légales et règlementaires comme point majeur dans les processus Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 86 3. Entité devant faire le choix de la mise en place d’une démarche qualité 3.1 Préconisations 19 Le tableau et la méthodologie proposés ci-après permettront de préconiser une démarche de travail opérationnelle pour l’entreprise qui souhaite lancer une démarche qualité. Volonté de lancer par l’entreprise une démarche d’amélioration continue Contexte Démarche ISO Faiblesses Forces o o o o o o o Existence d’un système de management de la qualité avec une définition précise des responsabilités (responsable qualité, représentant de la Direction, pilote de processus, …) Formalisation des processus et des indicateurs associés en incluant l’ensemble des processus support à la réalisation du produit (RH, SI, …) Définition d’un cadre normatif d’audit du système de management de la qualité Organisation du pilotage du système au travers les revues de processus et la revue de Direction Formalisation des engagements de la Direction Existence d’un système d’amélioration continue : actions correctrices et actions préventives Organisation de l’écoute client : réalisation d’enquête, traitement des réclamations o o o o o Durée de mise en œuvre avant d’en ressentir les effets Peu focalisée sur les retours sur investissement des actions menées : pas d’outil disponible pour quantifier les gains Positionnement des managers dans le SMQ Focalisation essentielle sur la satisfaction client en omettant l’actionnaire et les collaborateurs Manque d’indicateurs de performance et de mesure du retour sur investissement Pérennité de l’amélioration continue Démarche Lean Six Sigma Forces Faiblesses o o o o o o o Amélioration rapide de la satisfaction client en mettant en œuvre des actions permettant d’améliorer les processus en vitesse et en qualité Priorisation de la démarche sur les processus stratégique de l’entreprise Amélioration des processus en éliminant le gaspillage et en se concentrant sur ce qui produit de la valeur ajoutée pour le client Apport d’outils d’amélioration des processus Démarche de déploiement structurée et adaptée au contexte et à la culture de l’entreprise visant toujours à résoudre les bons problèmes Chiffrage des gains financiers o o o o Pérennité de l’amélioration continue Rapidité de mise en œuvre pouvant engendrer une non appropriation des managers Approche méthodologie par projet sans parfois de vision d’ensemble de l’entreprise Pas de cadre pour mettre sous contrôle le système Méthodologie proposée Phase 1 Phase 2 Phase 3 Phase 4 Définition Etablissement la politique qualité de l’entreprise Construction du Système de Management de la Qualité Lancement la démarche d’excellence opérationnelle sur les bases du Lean Six Sigma Mise sous contrôle le Système de Management de la Qualité Objectifs Formaliser les engagements de la Direction et les enjeux de la démarche entreprise Poser les bases du Système de Management de Qualité afin de donner une cohérence globale à toutes les actions entreprises Sensibiliser rapidement le management et les équipes aux principes d’excellence opérationnelle en montrant concrètement les gains Garantir la pérennité de l’amélioration continue et organiser le contrôle permanent du système 19 Sources : entretiens contacts (AXA, Allianz, Groupama Gan, AMALINE) Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 87 Démarche méthodologique Phase 1 Etablir la politique qualité de l’entreprise Phase 2 Construction du Système de Management de la qualité Phase 3 Lancement de la démarche d’excellence opérationnelle Phase 4 Mise sous contrôle du Système de Management de la Qualité Définir les objectifs de la démarche en ligne avec la stratégie de l’entreprise Formaliser les grands principes et le cadre du Système de Management de la Qualité Finaliser les actions relatives aux exigences de la certification ISO Formaliser l’engagement de la Direction : - information du personnel - définition des objectifs et des moyens Mettre en place l’organisation qualité et l’organisation de projet pour le déploiement Identifier et sélectionner les processus à déployer en lien aux objectifs stratégiques et à la politique qualité Identifier les macro processus de réalisation de l’entreprise Collecter puis sélectionner les besoins et les attentes des clients Etablir la politique qualité de l’entreprise Déterminer les exigences relatives au produit Elaborer du cadre du système documentaire (manuel qualité, processus, procédure, …) Etablir la cartographie des macroprocessus de réalisation, des processus support et des processus de pilotage Former les équipes aux principes de l’Assurance Qualité et du Lean Six Sigma en mettant en avant les complémentarités Etablir les processus de communication et le dispositif de conduite du changement Définir les processus de management des ressources Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 Former les managers sur leurs rôles et missions dans le pilotage des processus Identifier et formaliser le plan d’amélioration de la qualité (quels types d’actions, quels indicateurs, quel pilote, quels moyens, …) Finaliser le système documentaire Construire les processus de contrôle et d’audit interne permettant de garantir l’amélioration continue Déployer les objectifs qualité issus de la politique définie sur les processus et intégrer les exigences relatives au produit dans le processus Mettre en place un processus de communication avec objectif de rendre compte des résultats des projets au fil de l’eau pour montrer l’efficacité de la démarche 88 Conclusion Générale Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 89 Conclusion Générale La mondialisation des échanges et plus récemment la crise financière et économique poussent davantage les entreprises à analyser leur rentabilité et challenger leur modèle pour rester compétitives. Cela les pousse notamment à identifier des pistes d’économies dont la performance opérationnelle est un des leviers importants. Pour y arriver, différentes méthodologies sont à disposition des entreprises. La certification ISO 9001 et plus récemment les démarches Lean et Six Sigma sont les plus utilisées dans le secteur des assurances. Une grande majorité des entreprises ont aujourd’hui connaissance de la certification ISO 9001 et la mettent en œuvre. Dans certains domaines, elle est même impérative pour pouvoir remporter des affaires et devient donc une contrainte intrinsèque du marché car imposée par les clients. Ce n’est donc bientôt plus un outil de différenciation mais une démarche presque commerciale. Cette méthodologie ISO est principalement managériale car elle fait appel à une approche systémique incluant les aspects de leadership, de gestion des ressources humaines et de satisfaction client. L’évolution de la démarche ISO 9001 par rapport aux versions initiales a permis de renforcer le rôle de la Direction dans le système de management de la qualité, de développer l’approche par processus et la mesure des indicateurs associés aux processus. Toutefois, malgré le respect stricte des recommandations de la certification, il n’est pas rare de rencontrer des entreprises certifiées ISO 9001:2000 qui sont à 35 000 ppm 20 de défauts enregistrés dans l’entreprise et navigant entre 2,5 et 3 Sigma sur leurs processus. En fait c’est le client final qui paye la non-conformité interne, car il faut bien financer les pertes pour conserver ses marges. En effet, la certification ISO ne possède pas intrinsèquement une méthode de résolution de problème intégrée. Elle permet d’améliorer ce que la partie haute de l’iceberg des pertes cidessous aura montré de manière évidente, mais pas toujours le bas qui est le plus important, financièrement parlant. Quand on sait que la partie émergée ne va traiter que 5% des coûts de non-qualité, alors que la totalité des pertes peut aller jusqu’à 25%, on peut se poser des questions sur le choix des outils par rapport aux enjeux économiques. Figure Iceberg des pertes 21 20 ppm : parties par millions – nmbre de défauts pour une production de 1 million de pièces 21 Source : www.jpsconsultants.com Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 90 Il faut donc faire appel aux outils classiques complémentaires de résolution de problèmes dans une démarche de progrès continu du type PDCA (soit en français Planifier- Faire – Vérifier – Agir). La démarche Lean Six Sigma apporte quant à elle une autre vision de progrès car elle mixte à la fois : - Une méthode rigoureuse de résolution de problèmes intégrant les méthodes et outils à chaque étape du DMAIC (Définir, Mesurer, Analyser, Améliorer, Contrôler) et utilisant la compréhension des processus par l’analyse statistique, - Une approche managériale organisée, avec une structure de projets bien définie (Black Belts, Green Belts, …), - Une autre approche pour appréhender les démarches de progrès sur le moyen et le long terme - Une vision plus économique du retour sur investissement de travaux entrepris. De plus, elle est applicable sur n’importe quel processus dans l’entreprise, que ce soit les processus de réalisation/production ou les processus supports. Cette approche Lean Six Sigma, historiquement implantée dans l’industrie, est en train d’être redécouverte pour la raison principale suivante. Les entreprises sont aujourd’hui très orientées sur des horizons à court terme, qu’il s’agisse des gains de productivité ou des gains financiers à réaliser. Avec la période de crise que nous sommes en train de vivre, le lean Six Sigma, et ses résultats tangibles, est donc une démarche qui capte facilement l’attention et l’intérêt des dirigeants d’entreprise et des responsables de l’amélioration continue. Même si en France la diffusion de la démarche Lean Six Sigma est encore relativement faible comparé aux pays d’Amérique du Nord ou au Japon, le plan « Qualité et performance 2010 » de Luc Chatel donne un coup d’accélérateur au déploiement du lean avec l’ensemble des liaisons institutionnelles. L’objectif étant de sensibiliser les PME et PMI aux bénéfices de cette démarche. Utiliser en complémentarité, les deux méthodes permettent donc répondre au reproche de « nonopérationnalité » souvent opposé aux démarches qualité. La démarche ISO ne donne pas le « comment » optimiser les processus. Toutefois, elle apporte un cadre de description des processus. La démarche Lean Six Sigma quant à elle permet d’apporter des outils pour optimiser les processus et notamment la réduction de la variabilité et la vitesse des flux. Elle ne s’attarde pas aux procédures, mais s’attaque aux causes premières des processus générant des pertes en mettant l’accent sur des faits vérifiés et statistiquement expliqués. L’objectif étant bien l’optimisation de la performance économique tout en satisfaisant les clients. De plus, la démarche Lean Six Sigma apporte un nouvel état d’esprit et un changement culturel. L’erreur serait de résumer le Lean Six Sigma à l’application d’un ensemble d’outils et de méthodes que l’on connaît depuis des décennies. La culture Lean Six Sigma permet de redonner du sens à l’ensemble de ces outils par l’élimination des gaspillages, l’optimisation des flux, en se reposant systématiquement la question de la valeur ajoutée pour le client. Les démarches ISO 9001 de leur côté, apportent une vision plus globale sur le pilotage de l’ensemble des processus et sur leur amélioration par la prise en compte des attentes évolutives des clients, les exigences du marché, mais aussi les propres valeurs de l’entreprise. En ce qui concerne l’universalité de la démarche Lean Six Sigma, il convient de dire que cette démarche s’exporte bien du monde industriel à l’industrie financière banque et assurance au vu de l’engouement des plus établissements financières sur le déploiement de cette méthode. Les principes sont donc bien universels et s’appliquent aux spécificités du secteur de l’assurance. Les seules nuances sont que dans le secteur industriel, la recherche de l’amélioration continue par l’industrialisation des processus, la standardisation, l’automatisation, est complètement intégrée dans les modes de réflexion et d’organisation des entreprises. Toutefois, afin de poursuivre les Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 91 améliorations continues des chaînes de production, cela demande désormais une technicité très forte. A l’inverse, pour le secteur des assurances, la recherche d’amélioration continue commence juste à s’implanter dans les entreprises. De plus, cela nécessite de rendre visible les flux de production qui sont la plus part du temps immatériels. Ce changement culturel nécessite donc un accompagnement important de l’ensemble des équipes. Le manager est repositionné au cœur de la démarche pour porter le changement et rechercher les pistes d’optimisation. En revanche, contrairement au secteur industriel, les idées d’amélioration sont rarement très techniques. Elles tiennent le plus souvent, en tout cas au début, à du bon sens. Enfin et pour conclure, les entreprises n’ont pas besoin d’être certifiées ou engagées dans une démarche Lean Six Sigma pour être performantes. Mais les évolutions du marché tendent à imposer de plus en plus l’intégration de ces démarches au sein des entreprises d’assurances, amenant une démocratisation des approches qualité. Sans tendre vers une vulgarisation totale, qui en dénaturerait trop le sens, cette démocratisation doit s’accompagner de mises en œuvre opérationnelles et de résultats concrets pour pouvoir être entendues et relayées dans tous les services de l’entreprise. La complémentarité de Lean Six Sigma et ISO va en ce sens. Ces apports contingentiels et environnementaux (notamment le plan « qualité et performance 2010 ») vont bien dans le sens d’une prise en charge amont des problématiques qualité, sans attendre le déclin des organisations pour décision de mise en œuvre. Cette prise de conscience et prise en charge amont étant un réel facteur clé de succès de ces démarches, ISO et Lean Six Sigma ont encore donc tout à apporter au monde assuranciel. Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 92 Bibliographie Livres : « « « « « « Qu’est-ce que la Lean Six Sigma ? » - Edition Maxima – M.George, B.Kastle, D.Rowlands 13 étapes pour réussir votre certification » - Edition AFNOR – M.Freyssinet, J-J.Perez Lean Six Sigma pour les services » - Edition Maxima – M.L.George La qualité » - Edition PUF – L.Cruchant 6 Sigma Le guide ! » - Edition AFNOR – C.Brulebois, G.Perrenot, B.Saintvoirin Objectif Six Sigma, Révolution dans la Qualité » - Edition Village Mondial – G.Eckes Articles : « La qualité de service, une affaire de méthode plus que de moyens » - Revue Management mai 2009 – B.Baret. « Amaguiz se convertit à la méthode Six Sigma » - Revue l’Argus de l’Assurance – 24/04/09 – M.Vatel Revue Qualité en mouvement n°52-63 avril - juin 2004 « APOGEE au cœur du métier » - Odyssée n°17 – février 2008 Revue Enjeux n°266 - 282 – Cahier qualité en mouvement – Mars 2003 Revue Qualitique n°140 – juillet – septembre 2002 Revue Usine Nouvelle – septembre 2001 – mars 2007 Revue Manageris Revue L’argus de l’assurance Revue BanqueStratégie Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 93 Contacts - M.Bouchebouba : Directeur du Programme AXA Way – AXA France Services - H.Nguyen : Ancienne Etudiante MBA Enass – Programma AXA Way - Groupe AXA - F.Pivert : Direction de l’Organisation ALLIANZ France - M.Cagnat Fissieux : Chief Process Officer Société Générale – Présidente IBAQ - M.Lungart : Directeur des Opérations Groupama SA - Directeur Général AMAGUIZ - C.Le Gall : Directeur de la relation clients AMAGUIZ - B.Dedryver : Directeur Organisation – Groupama SA - A.Leonardi : Responsable qualité et chef de projet Lean Six Sigma Groupama Gan Vie - O.Brusson : Membre du Comité de Direction Gan Assurances : responsable du projet APOGEE (Lean Six Sigma) - N.Arib : responsable de mission Lean Six Sigma Groupama SA - C.Ouvrard : Responsable Pôle collectives Groupama Gan Vie Nicolas BOUCQUEY – MBA ENASS – Thèse Professionnelle 2010 94 Thèse professionnelle soutenue en février 2010 MBA Manager d’entreprise d’assurance pour l’obtention du Sous la direction de : Bertrand DEDRYVER Président du Jury : François EWALD Une école est un lieu de production et de diffusion de connaissances. L’Ecole nationale d’assurances s’organise pour répondre le mieux possible à cette mission en direction de ses élèves d’abord, mais aussi de la profession de l’assurance et de ses partenaires : • les « séminaires innovation » animés par les auditeurs du Centre des Hautes Etudes d’Assurance (CHEA), permettent aux professionnels de suivre les grandes innovations en assurance telles qu’on peut les observer à l’étranger ; • les « dialogues de l’Enass » éclairent l’actualité par le débat avec une personnalité remarquable ; • « les travaux de l’Enass », que nous lançons aujourd’hui, sont destinés à faire bénéficier la profession des travaux menés au sein de l’Enass par ses professeurs et ses élèves, à tous les niveaux, dans la mesure où les jurys qui les ont évalués ont noté leur qualité et leur originalité. Ces travaux vous seront adressés par Internet, certains d’entre eux pouvant faire l’objet d’un tirage sur papier ou même, être édités. Nous souhaitons que toutes ces initiatives vous soient profitables. François Ewald Directeur de l’Ecole nationale d’assurances