La politique éducative et culturelle
de l’académie d’Aix-Marseille
Domaine musique Opéra de Marseille
Document pédagogique associé 2011-2012
La Chartreuse de Parme
Henri SAUGUET (1901-1989)
Opéra en quatre actes et dix tableaux sur un livret d’Armand Lunel (1882-
1977) d’après le roman de Stendhal.
Création à Paris, Palais Garnier, le 20 Mars 1939.
Académie d’Aix-Marseille La politique éducative et culturelle
Décembre 2011 de l’académie d’Aix-Marseille
Réalisé par Armelle Babin Domaine Musique- Dispositifs partenariaux
Professeur d’éducation musicale Document pédagogique
Chargée de service éducatif pour l’Opéra de Marseille
La Chartreuse de Parme - Sommaire
Présentation
1. Une création reliée à la biographie
1.1. Le compositeur
1.2. Circonstances de composition
2. Vers la création et la scène
2.1. Le contexte artistique. Origines du livret : le roman de Stendhal
2.2. Synopsis
2.3. Forme
2.4. Caractéristiques musicales et illustrations
3. Ressources
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Présentation
1. Une création reliée à la biographie
1.1. Le compositeur
Henri Sauguet, de son nom patronymique Henri-Pierre Poupard, est un compositeur français
né à Bordeaux le 18 mai 1901 et mort à Paris le 22 juin 1989. Il est inhumé au Cimetière de
Montmartre à Paris.
Dès l'âge de cinq ans, il reçoit de sa mère, Elisabeth Sauguet, dont il adoptera le nom de jeune
fille comme pseudonyme, et de Marie Bordier ses premières leçons de piano. Puis, il suit les cours de
Mlle Loureau de la Pagesse, organiste de chœur de l'église Sainte-Eulalie de Bordeaux, sa paroisse. La
musique d'église et plus spécialement l'orgue ont sans aucun doute marqué profondément sa
jeunesse. En effet, il a été élève d'orgue de Paul Combes et a occupé le poste d'organiste de l'église
Saint-Vincent de Floirac de 1916 à 1922.
La mobilisation de son père en 1915 l'oblige à s'occuper de la mercerie familiale, il est l'aîné,
son frère est trop jeune et sa mère trop inquiète délaisse la responsabilité de leur commerce. Une
fois son père revenu en 1918, après avoir été blessé, Henri devient employé à la Préfecture de
Montauban en 1919-1920. Il se lie d'amitié avec Joseph Canteloube qui lui enseigne la composition
et qui a recueilli et harmonisé ses chants traditionnels auvergnats sous le titre Chants d'Auvergne.
Revenu à Bordeaux, il fonde le Groupe des Trois avec Louis Émié et Jean-Marcel Lizotte dans
le but de faire entendre la musique la plus récente et libre de toute influence. Leur premier concert a
lieu le 12 décembre 1920 avec des pages du Groupe des Six (Georges Auric, Louis Durey, Arthur
Honegger, Germaine Tailleferre, Darius Milhaud et Francis Poulenc), d'Erik Satie et du Groupe des
Trois avec comme œuvre d'Henri Sauguet : sa Danse nègre et sa Pastorale pour piano.
Dès octobre 1921, il se fixe à Paris pour compléter sa formation musicale avec Charles
Koechlin et travaille comme secrétaire du Musée Guimet tout en représentant une maison d'huiles
de graissage.
En 1923, quatre jeunes musiciens : Henri Cliquet-Pleyel, Roger Désormière, Maxime Jacob et
Henri Sauguet fondent l'École d'Arcueil par amitié pour Erik Satie qui demeurait dans cette
commune et, le 25 octobre 1923, présentent au Théâtre des Champs-Élysées leur premier concert.
Sa carrière parisienne commence en 1924 par le ballet les Roses écrit à la demande du comte
Étienne de Beaumont et continue avec un opéra-bouffe en un acte intitulé le Plumet du Colonel. Il
intègre les cercles de la musique nouvelle et collabore, notamment, avec des hommes de théâtre
comme Charles Dullin (Irma, 1926) et Louis Jouvet (Ondine, 1939; La Folle de Chaillot, 1945). Il
s'impose avec des opéras-bouffes (la Contrebasse, 1930), des opéras et opéras comiques (la
Chartreuse de Parme, 1936-39, les Caprices de Marianne, 1954, la Gageure imprévue, 1942), quatre
symphonies dont la symphonie expiatoire (1947) à la mémoire des victimes de la Seconde Guerre
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mondiale, deux concertos pour piano, deux concertos pour violon, une Mélodie concertante pour
violoncelle et orchestre en 1948, de la musique de chambre (Quatuor à cordes pour deux violons, alto
et violoncelle, 1948), la suite symphonique Tableaux de Paris. Il travaille activement et de manière
constante entre 1933 et 1965 pour le cinéma et la télévision. Citons les musiques de films :
l'Épervier (Marcel L'Herbier, 1933), l'Honorable Catherine (Marcel L'Herbier, 1942), Premier de cordée
(Daquin, 1943), les Amoureux sont seuls au monde (Decoin, 1947), Clochemerle (Chenal, 1947), Don
Juan (Berry, 1955), Lorsque l'enfant paraît (1956), l'Heure de vérité (1965) etc.
Enfin, il ne compose pas moins de vingt-sept ballets entre 1924 et 1965, dont la Chatte
(1927), la Nuit (1929), Mirages (1943), les Forains de Boris Kochno, créé par Roland Petit, le 2 mars
1945, qui représente une date importante pour le ballet contemporain et dont la réussite a été
immédiate, la Dame aux camélias (1957), Pâris (1964).
Henri Sauguet a écrit un livre : La Musique, ma vie. Il se livrait à son art en parfaite simplicité
avec clarté et il disait : « Être simple en usant d'un langage complexe n'est pas facile. Il faut écouter
le conseil de Rameau qui prescrivait de cacher l'art par l'art même et croire avec Stendhal que
seules les âmes vaniteuses et froides confondent le compliqué, le difficile avec le beau ».
Il a été élu à l'Académie des beaux-arts en 1976, reçu officier de la Légion d'honneur en 1956,
officier de l'Ordre national du Mérite et commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres et Président
durant de nombreuses années à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques et de
l'Association Una Voce.
Henri Sauguet a été le compagnon du peintre et scénographe Jacques Dupont jusqu'à la mort
de celui-ci. (Article de Wikipédia)
1.2. Circonstances de composition
La Chartreuse de Parme représente le « projet fou » de toute la carrière d’Henri Sauguet, tenu
secret et ne répondant à aucune commande. Projet qui mit dix ans à voir le jour, ébauché sitôt la fin
des représentations du ballet La Chatte en 1928. Imaginant que son œuvre ne serait jamais montée,
Sauguet laisse libre cours à son imagination et écrit quotidiennement durant toutes ces années des
pages de musique considérables. Seuls ses proches sont tenus au courant de l’avancée de ce projet,
en particulier Milhaud qui a toujours encouragé son cadet. C’est en outre un compagnon d’études de
Milhaud, Armand Lunel, originaire lui-aussi d’Aix-en-Provence, qui a accepté d’écrire le livret.
Sauguet le rencontre à Monaco où il enseigne la philosophie. Lunel adapte le roman de Stendhal en
supprimant toutes les scènes épiques initiales de Fabrice militaire.
La partition chant-piano est achevée en 1936 mais au même moment Eugène Cools, directeur
des éditions Eschig, qui avait aidé le compositeur, décède brutalement. D’autre part, le comité de
lecture des ouvrages proposés à la scène se compose de membres défavorables à la musique de
Sauguet. Ce dernier n’ose donc pas montrer sa partition.
Un miracle se produit pourtant en 1939 grâce à Julien Cain, administrateur de la Bibliothèque
Nationale, et qui connaît Sauguet. Informé au sujet de La Chartreuse, Cain intervient auprès de
Jacques Rouché (1862-1957), alors directeur de l’Opéra de Paris, qui, étonnamment, connait le
projet et se met en relation directe avec le jeune compositeur. L’entrevue au cours de laquelle
Sauguet présente son opéra en chantant tous les rôles à Rouché est couronnée de succès. L’opéra
en quatre actes et dix tableaux est monté par les plus grands artistes du moment : le ténor Raoul
Jobin pour Fabrice, La soprano Germaine Lubin pour Gina, la Senseverina. Arthur Endreze chante le
Comte Mosca et Jacqueline Coutin Clélia. Ce plateau et l’orchestre de l’Opéra sont placés sous la
direction de Philippe Gaubert, compositeur et flûtiste et les décors réalisés par Jacques Dupont,
compagnon de Sauguet.
La période des répétitions et la Générale se montre moins facile, en raison des nombreuses
attaques que Sauguet reçoit de la part de confrères jaloux de son fulgurante ascension et de la part
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de la critique. Il faut savoir que Sauguet, critique lui-même, avait souvent eu la plume acerbe à
l’égard de certains. Malgré tout, Rouché soutient le musicien jusqu’au bout : la première et les neuf
représentations assure un véritable triomphe à La Charteuse de Parme. Malheureusement
l’euphorie sera de courte durée, l’élan artistique se brisant devant l’Histoire : le début de la seconde
guerre mondiale à l’automne 1939 et surtout la mobilisation générale met un terme aux
représentations.
Les circonstances dramatiques qui accompagnent l’accomplissement d’un rêve de jeunesse
permettent cependant à Sauguet de parvenir à une maturité qui va désormais marquer toutes ses
compositions. Pendant la guerre et après sa démobilisation, le compositeur s’impose un silence pour
réfléchir à son rôle de créateur et finalement décider de charger sa musique de gravité. Le premier
exemple de cette maturation se trouve dans la Symphonie expiatoire, au titre évocateur, écrite au
sortir de la guerre en 1947, et qui reprend le matériau musical de l’Ouverture de La Chartreuse,
inutilisée en raison de la longueur de l’opéra. Il est très frappant, d’autre part, d’observer une
parfaite similitude entre l’évolution psychologique du personnage de Fabrice et celle du
compositeur : l’un et l’autre abandonnent la fougue de la jeunesse pour trouver la maturité dans une
sorte de renoncement aux futilités terrestres. Ainsi s’achève La Chartreuse, avec le transcendant
Sermon aux Lumières qui annonce la scène finale des Caprices de Marianne, opéra suivant de
Sauguet, écrit en 1954. « Fabrice comme Octave, chez Stendhal comme chez Musset, renoncent à la
fois à leur jeunesse, par amitié et par amour, et c’est dans ce renoncement même qu’ils puisent une
grandeur, une épaisseur nouvelle. »
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Lionel PONS, La Chartreuse de Parme de Sauguet, Opéra de Marseille, Autre Temps.
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