En relisant Lénine... qui parlait déjà de Chine !
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En relisant Lénine... qui
parlait déjà de Chine !
- Comprendre... -
Date de mise en ligne : dimanche 22 juin 2014
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En relisant Lénine... qui parlait déjà de Chine !
On peut ne pas partager l'évaluation des rapports entre mouvement communiste et forces
nationalistes dans le contexte du CNR en France, ou du rôle de l'état et des bourgeoisies
financières dans la situation chinoise (voir les décisions du dernier comité central du PCC),
mais cette relecture de Lénine est très utile pour donner des bases matérialistes à la
compréhension de l'impérialisme aujourd'hui et par conséquent des positions
internationalistes.
pam
« Bonjour, camarade
J'ai donc pris le temps de relire "L'impérialisme, stade suprême du capitalisme", avec en tête le souci d'éclaircir les
notions que nous venons d'aborder, et surtout celui d'aller plus loin, en essayant de comprendre ton approche du
néo-impérialisme chinois.
Ce fut l'occasion d'en avoir également une approche personnelle assez documentée, ce qui n'était pas trop difficile,
compte tenu de la surabondance d'infos sur le sujet. La difficulté est d'en avoir une vue aussi analytique et
dialectique que possible. En se référant aux études les plus sérieuses, de grandes tendances se dégagent
néanmoins assez vite...
Mais nous repartirons d'abord de notre base léniniste, qui s'avère bien être toujours la clef du problème...
Plutôt que de truffer mon exposé de citations, je les ai toutes regroupées dans un seul document, en pièce jointe,
dans l'ordre où elles apparaissent dans le texte de Lénine.
Je m'y réfère en utilisant la classification établie par l'Institut d'Etudes Marxistes, à l'adresse suivante :
http://www.marx.be/fr/content/limp%C3%A9rialisme-stade-supr%C3%AAme-du-capitalisme-i-l%C3%A9nine
Il n'est pas douteux que si le phénomène impérialiste, en tant que domination d'un pays sur un autre, ou en tant que
colonisation, est aussi ancien que l'histoire des civilisations (Lénine, Ch6-§14 ), l'impérialisme moderne est par
contre un phénomène lié à l'apparition et au développement du capitalisme monopoliste, et avec lui, à la domination
du capital financier sur le capital industriel.
(Lénine, Ch2-§32, 47 | Ch3-§32)
Cette domination s'entend de manière dialectique, et non univoque : Lénine parle à plusieurs reprises de « fusion ou
interpénétration », et notamment celle-ci :
(Lénine, Ch3-§3)
Aujourd'hui, il me semble que le terme d'intrication serait particulièrement adapté, avec ses connotations
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d'enchevêtrement et d'interaction.
Donc, même s'ils forment un tout, ils conservent chacun un mode et un champ d'action, des fonctions particulières
qui les différencient.
Dans un de ses aspects impérialistes les plus affirmés, le capitalisme financier développe une tendance
profondément parasitaire qui semble le déconnecter de la sphère économique active sur le terrain de la production.
C'est ce que Lénine appelait son aspect « rentier » ou encore la « tonte des coupons ».
(Lénine, Ch8-§4)
Naturellement, ce surprofit réellement parasitaire découle néanmoins également d'une marchandisation du travail,
accomplie à l'échelle internationale par la circulation mondialisée des capitaux, qui ne date pas d'hier, mais déjà du
tournant 19ème/20ème siècle, avec des variations cycliques et des phases violentes, soit deux guerres mondiales, et
d'autres, non moins terribles, si plus locales. Cette circulation mondialisée est ce qui caractérise l'impérialisme par
rapport au capitalisme sous sa forme primitive. C'est ce que Lénine appelle la primauté de l'exportation des capitaux
sur celle des marchandises.
(Lénine, idem |Ch1§29-30 | Ch4-§1, §3, | Ch7-§3)
A partir de là il ne convient pas de sous-estimer le rôle essentiel que continue de jouer la circulation des
marchandises, au contraire. Il convient par contre de la considérer, d'un point de vue dialectique, différemment selon
qu'elle se fait à partir des métropoles impérialistes où des pays dépendants.
A partir des premiers, elle continue de venir en renfort de leur puissance, même si elle a tendance à passer au
second plan par rapport aux revenus financiers.
A partir des second, et dans la mesure où elle s'effectue sur la base des investissements financiers étrangers, elle
vient encore en renfort de l'impérialisme, en terme de puissance, en accroissant la dépendance de ces pays.
Seule une activité économique indépendante, essentiellement autofinancée et éventuellement exportatrice peut leur
permettre un développement durable.
La tendance de l'impérialisme est, au contraire, de faire circuler capitaux et marchandises en sens inverses, dans la
mesure où les bénéfices, comme les marchandises, reviennent essentiellement du côté des investisseurs, dans les
métropoles impérialistes...
(Lénine, Ch8-§12)
[http://lepcf.fr/spip.php?action=acceder_document&arg=1721&cle=32e6a89dbec415ec589fd7fef3d1ea576be32769&f
ile=png%2F100000000000012200000105841FA5A7.png]
On ne peut manquer, à cet égard, d'être frappés par l'étonnante clairvoyance de la vision prospective de Hobson,
telle que reprise et considérée par Lénine. Elle doit nous amener, de manière dialectique, à considérer la mutation
actuelle de la Chine en néo-impérialisme sous ses deux aspects fondamentaux en interaction et intrication :
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1_l'évolution de son capitalisme monopoliste d'état en capitalisme financier.
2_l'expansion rapide et quasi-exponentielle de son activité économique en tant que capitalisme industriel.
Et pour conclure, nous tenterons de cerner l'état actuel de cette intrication, ainsi que son impact sur les rapports de
forces à l'échelle mondiale.
Pour évaluer le rôle du capital financier chinois, il nous faut donc d'abord évaluer l'importance, la place et l'impact du
marché financier chinois.
Les premiers marchés financiers chinois officiels remontent à 1990, Shanghai, et 1991, Shenzhen. Précédemment il
existait, de fait, et depuis une dizaine d'années, un marché tout à fait inorganisé, sauf pour quelques obligations
d'état.
Ce qui le caractérisait, paradoxalement, alors que l'économie chinoise s'ouvrait au monde sous la houlette des
émules de Deng Xiaoping, était son caractère pratiquement strictement interne à la Chine, et n'obéissant qu'à ses
propres règles, s'il en fut, et parfois, mais difficilement, à celles édictées, à son gré, par la bourgeoisie monopoliste
d'état chinoise.
Une première tentative d'ouverture au marché financier mondial s'effectue en 1992, avec le système des « actions A
» et des « actions B » obéissant respectivement aux règles des marchés nationaux et internationaux, les « A » étant
réservées aux chinois et les « B » aux investisseurs étrangers. Il en est résulté, inévitablement et de manière
chronique, une dichotomie permanente dans le fonctionnement de ce marché, peu propice à inspirer la confiance.
(En relisant... doc jointe n°1, une brève histoire des premiers marchés financiers chinois.)
Malgré diverses tentatives d'élargissement, d'ouverture et de restructuration, le principe de base est resté le même,
avec de nouvelles catégories, qui atténuent à peine ce problème, et ne contribuant pas fondamentalement à éclaircir
la situation. Une nouvelle répartition, édictée en 2005, est, semble-t-il, toujours à la base du fonctionnement actuel, à
quelques ajustements quantitatifs près.
(En relisant... doc jointe n°2, à partir de 2005, les filières possibles d'investissement financier en Chine.)
Concernant l'évolution et la progression de ce marché, on a peu de chiffres fiables, y compris en ce qui concerne la
participation des fonds étrangers, autoritairement très limitée par l'Etat chinois.
(En relisant... doc jointe n°3, une étude de 2005, par Me. Wei Li, avocat, « L'accès aux marchés financiers chinois ».)
(En relisant... doc jointe n°4, la situation du même problème, au tournant 2012-2013.)
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas un signe de santé ni de réelle indépendance, car cela masque
en réalité les graves dysfonctionnements et abus, « délits » d'initiés et autres pratiques qui bénéficient
essentiellement à la bourgeoisie monopoliste chinoise.
(En relisant... doc jointe n°5, une étude de Zhaomin ZOU, pour la Journée Doctorale d'Economie, 2013, où il se
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penche notamment sur les créances douteuses.)
En marge, de nombreuses moyennes et petites entreprises chinoises, privées de crédit par ce système, se tournent
vers des prêts à taux usuraires, organisés semi-officieusement par d'autres pratiques douteuses, maintenant plus
connues sous le nom de « Shadow Banking », depuis qu'elles se développent de plus en plus à grande échelle,
faisant planer, et d'où leur nom sans aucun doute, l'ombre d'une crise sévère.
(En relisant... docs jointes n°6, 7 et 8, différentes approches du phénomène « shadow banking » en Chine.)
Ce phénomène reste la tare fondamentale du système financier chinois, absorbant sporadiquement, pour éviter
l'éclatement de cette bulle pourrie, une partie de ses réserves autrement impressionnantes.
(En relisant... docs jointes n°9 et 10, exemple, en deux « épisodes », d'une « grosse affaire », où le trou est
finalement très officiellement rebouché pour éviter un scandale aux conséquences imprévisibles.)
C'est également l'une des causes de l'incapacité du système chinois à arrimer vraiment sa monnaie aux flux
internationaux, de façon normalement convertible, à l'instar du dollar.
(En relisant... doc jointe n°11, une étude de Natixis, en Novembre 2013, sur l'improbable évolution internationale de
la monnaie chinoise.)
Elle a semblé longtemps sous-évaluée, en fonction de la balance commerciale largement excédentaire. Mais au
regard de la situation douteuse de son marché financier, une réévaluation démultiplierait l'effet d'un éclatement de la
bulle, et on comprend que le pouvoir chinois traine les pieds, en dépit de sa bonne volonté maintes fois réaffirmée.
On conçoit également que cette situation puisse engendrer quelques contradictions au sein de l'administration
chinoise, entre ceux qui auraient éventuellement de réelles ambitions impérialistes pour leur pays, et ceux qui n'ont
que l'ambition de continuer à se remplir les poches...
Il est remarquable, néanmoins, que toutes les tares du capitalisme chinois étaient parfaitement connues des experts
internationaux, dès l'époque de son rapprochement avec l'OMC, et que celui-ci s'est effectué en toute connaissance
de cause.
(En relisant... docs jointes n°12 et 13, deux études effectuées à l'accession de la Chine à l'OMC, au tournant
2001-2002.( 12_rapport de synthèse OCDE, 13_Un article de Rose Zhang Ruosi, in « Perspectives chinoises »,
n°70.)
Il n'est donc pas douteux que ce rapprochement correspondait à une nécessité de l'évolution du système impérialiste
dans son ensemble, et qu'il n'a pu s'effectuer sans l'approbation de l'impérialisme US. Il s'agissait donc bien, en dépit
de ces tares, d'un accord « mutuellement avantageux », qui ne présumait pourtant en rien de la rapacité des deux
partenaires, dans ce jeu de poker menteur. Mais le risque de voir apparaitre le néo-impérialisme chinois en rival de
premier plan était réellement minime pour l'impérialisme US, en dépit des apparences.
Néanmoins, les apparences sont moins trompeuses en termes de développement économique et industriel, même
s'il montre des signes d'essoufflement, et semble désormais plutôt fort de la faiblesse de ses concurrents que de son
dynamisme intrinsèque.
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