4 - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 ActuAlité
Les faces cachées de l’arsenal
d’AQMI au sud du Maroc
La découverte, dans l’après-midi du 4 janvier 2011, d’un
arsenal de guerre conséquent à Amghala, localité située
à 35 km du mur de sable, presque en face des lignes po-
lisariennes et algériennes, soulève beaucoup de questions dans
les capitales maghrébines et occidentales. L’arsenal est consé-
quent, plus de 34 kalachnikovs, des lance-roquettes, des obus de
mortier, des chargeurs, 1998 munitions de calibre 7,6x. De quoi
prendre un bastion militaire ou déstabiliser une grande ville.
Cartes topographiques
Caractéristique de toutes ces armes, elles semblent avoir déjà servi
et étaient au demeurant bien entretenues, prêtes à être utilisées.
Les inscriptions en langue russe bien visibles ôtent tout doute
quant au lieu d’origine. La proximité avec le premier sac de sable
du Polisario restreint les hypothèses quant aux éventuelles com-
plicités. Ce n’est pas un énième communiqué instantané émis
par l’organisation, disculpant tout lien avec AQMI, qui atténuera
ce qui, de plus en plus, constitue la piste privilégiée des services
de renseignement de la région. Car, comment s’explique l’intro-
duction de cet arsenal de guerre dans cet endroit surprotégé, cou-
ché en joue par trois armées ? Pour qu’AQMI sorte de son nord
du Mali et pousse aussi loin, sur des milliers de kilomètres, avec
des moyens rudimentaires, la complicité du GPS et surtout de la
cartographie (pour au moins éviter les mines antipersonnel) est
indispensable. Cela d’autant que les investigations ont permis la
saisie de cartes topographiques de la frontière algéro-marocaine.
Tout mène à la collusion entre l’organisation terroriste et le
Polisario. « L’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence »,
rétorque cet expert en balistique qui invite à placer le débat
sous l’angle stratégique. « L’alliance objective est réelle : les deux
organisations cherchent à déstabiliser le Maroc. L’armement dé-
couvert à Amghala provient du Polisario, peut-être par une livrai-
son officieuse. Peut-être aussi que cette coopération va plus loin et
devait concerner la déstabilisation de Laâyoune. » Bref, pour les
experts, les liens peuvent aller du mercantile au politique. Soit
le Polisario recycle son vieil arsenal dans toute la région. Soit, en
ce qui concerne le cas du Maroc, il procède par procuration par
le biais d’AQMI, qui rêve de « libérer » toute la région des signes
d’une modernité assimilée à la mécréance. En outre, des sour-
ces locales indiquent que les armes découvertes près d’Amghala
étaient destinées au campement d’Igdiz, démantelé fin novem-
bre 2010 et d’où étaient parties les émeutes de Laâyoune.
L’arrestation de 27 éléments terroristes
Comment les armes ont été découvertes ? Tout est parti d’une
arrestation. 27 éléments de l’AQMI, dont un Marocain prove-
nant des camps de l’organisation terroriste, au nord du Mali. Le
communiqué officiel n’en dira pas plus. Même pas les identités
et les nationalités des présumés pour, indique-t-on, ne pas gêner
l’enquête. Comment ont-ils été arrêtés ? D’abord à Casablanca, à
l’occasion du braquage de deux agences bancaires dans le camp de
Hay Hassani, le 1er janvier dernier. Les deux tentatives échouent.
Le quartier est bouclé. Des éléments sont arrêtés. D’autres tom-
beront rapidement dans les heures qui suivent. C’est ainsi que
quatre membres du groupe, qui tentaient de franchir la frontière
La découverte d’une cache d’armes d’AQMI au
sud du Maroc à quelques kilomètres des lignes
du Polisario renforce l’hypothèse d’une collision
entre les deux groupuscules.
Caractéristique de toutes ces armes, elles semblent avoir déjà servi et
étaient au demeurant bien entretenues, prêtes à être utilisées.
Hold-up électoral
Point de vue africain
Trois points de vue s’affrontent aujourd’hui sur la crise ivoi-
rienne. Il y a tout d’abord celui, romantique, portant sur la
non-ingérence et le respect de la souveraineté nationale, or-
chestré par une certaine intelligentsia africaine, réactionnaire,
qui oublie volontiers que le processus ivoirien de sortie de
crise a été financé de bout en bout par la communauté inter-
nationale. Avec une force d’interposition internationale. Avec
l’appui de la France. Il y a ceux, nombreux, qui fondent leur
jugement sur le verdict implacable du scrutin le plus transpa-
rent jamais organisé sous le ciel d’Afrique. Cet argument est
soutenu par l’ONU, les USA, la France, la Grande-Bretagne, le
Canada, la CEDEAO et l’Union africaine. A côté de ces deux
points de vue, il y a le vieux débat identitaire ivoiro-ivoirien,
qui n’a rien de politique, qui repose sur le postulat ethnique.
Cette dernière thèse s’amplifie de jour en jour, alimentée par
les rancœurs et la détermination d’un camp qui a perdu les
élections et qui est prêt à faire feu de tout bois pour barrer
la route au vainqueur légitime. Au cours de ces dernières se-
maines, Laurent Gbagbo a montré qu’il était prêt à tout pour
conserver son fauteuil. Jusqu’à la guerre civile, jusqu’à la mon-
naie ivoirienne. Le gel de ses avoirs et de ceux de ses compa-
gnons, l’appel de l’ONU, les sollicitations des grandes puissan-
ces, les injonctions de la CEDEAO ne l’ont pas fait fléchir. Bien
au contraire. L’intransigeance du roi bété conduit la commu-
nauté internationale et la CEDEAO face à de lourdes responsa-
bilités. Ordonneront-ils une action militaire chirurgicale, ainsi
que l’appelle de ses vœux Alassane Ouattara ? Laisseront-ils
faire au risque de reproduire la farce du Zimbabwe et de voir
les autres « démocraties » africaines appelées au rendez-vous
des urnes en 2011 s’engager sur des voies similaires ? Ce sera
certainement à regret que les armées ouest-africaines inter-
viendront pour sauver le vote du peuple ivoirien. Le coût po-
litique, financier et social d’une telle opération sera énorme.
Mais beaucoup moins que la logique irresponsable du pour-
rissement qui coûterait au pays et à la région une décennie
d’enlisement, de confrontations ethniques et d’emplois poten-
tiels perdus. Car, si à force de pantalonnades comme celles du
président ghanéen, Laurent Gbagbo triomphe de son bras de
fer avec la communauté internationale, l’Afrique retombera
dans une nouvelle logique de guerre civile du type des années
80 et 90. Le maquis redeviendra le référentiel de la prise de
pouvoir et de l’alternance politique. Une telle régression re-
léguerait les préoccupations économiques au second plan, au
grand bonheur des marchands d’armes et de tous ceux qui
veulent continuer à piller les richesses de l’Afrique. Le péril est
immense et appelle à la redéfinition même du panafricanisme.
Celui-ci ne doit pas bâtir sa légitimité sur l’anti-démocratie
ou le rejet de la communauté internationale. Appeler aux
fameuses « spécificités africaines » pour valider un hold-up
électoral revient à entériner la vieille thèse du gentil nègre qui
fonctionne selon ses propres règles. C’est en cela qu’on trouve
Laurent Gbagbo et ses compagnons bien peu patriotes et alliés
objectifs du néocolonialisme qu’ils croient combattre.
Adama Wade, Casablanca
Abidjan:passationdeservicecompliquéeàlaBRVM
Conformément aux décisions du conseil d’administration,
l’Ivoirien Tiemoko Yade Coulibaly devrait céder son poste
de président de la BRVM à Amadou Kane, président de la
BICIS. L’ancien président traîne des pieds, son entourage
faisant savoir que la succession ne peut avoir lieu qu’après
passage de témoin. D’autres arguments font prévaloir un
éventuel conit d’intérêts entre les fonctions exécutives à
la tête d’une banque et celles de président de bourse.
Autrement dit, Amadou Kane devrait d’abord démission-
ner pour monter sur le podium de la BRVM ?
QuisuccéderaàAbdoulayeBio-TchanéàlaBOAD?
Candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles
du Bénin, Abdoulaye Bio-Tchané, 58 ans, ouvre une guerre
de succession à la BOAD. Le Sénégal, qui avait un temps
brandi la candidature d’Amadou Kane (encore lui), de la
BICIS, y a renoncé, se concentrant sur la présidence de la
Commission de l’UEMOA. Le second mandat du Malien
Soumaila Cissé arrive en effet à terme. Les chefs d’Etat,
qui se réuniront à Bamako le 22 janvier lors d’un sommet
houleux (en raison de la crise ivoirienne), devraient dési-
gner le successeur de M. Cissé, candidat à la magistrature
suprême du Mali.
Ecobankcollecte6milliardsFCFAauBénin
Une campagne menée sans tambours ni trompettes a
permis à Ecobank de collecter 6 milliards FCFA de dépôt
auprès des ménages béninois. Preuve, s’il en est, du besoin
en services bancaires des populations africaines.
600000tonnesdecacaoachetéesdéjà
A la même période de l’année dernière, les achats auprès
des planteurs étaient de 400 000 tonnes, selon la Bourse
du café-cacao (BCC) de Côte d’Ivoire. Fin décembre, les
achats dépassaient les 600 000 tonnes, soit la moitié de la
production de l’année dernière. Derrière cette embellie, il y a
le calvaire des planteurs, obligés de céder leurs productions
à des prix en deçà du cours ofciel (1,67 euro le kilo).
PhillipeHenriDakouryTableysouspression
Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (BCEAO), Phillipe-Henri Dakoury, a annulé la
conférence de presse qui devait se tenir vendredi dernier
à Bamako sur les implications de la crise politique en Côte
d’Ivoire et les actions entreprises par la BCEAO. Sous pres-
sion de l’UEMOA et de la Banque de France, le gouverneur,
plutôt pro-Gbagbo, a préféré renvoyer le dossier « Ivoire » à
la prochaine réunion des chefs d’Etat de l’UEMOA.
Banques:unnouveauratio?
Depuis la crise nancière internationale, la règlementation
bancaire s’est considérablement durcie en matière d’en-
cadrement des engagements. Aux USA, le « Leverage ra-
tio », déjà adopté, suggère que le total bilan ne dépasse
pas 25 fois les fonds propres. Cette mesure qui propose
de contrôler le niveau d’endettement des banques sera
à l’ordre du jour dans les rencontres internationales entre
Européens et Américains.
Maroc:lesbanquesfontlacourseauxPEA
Après le plan d’épargne actions lancé par Attijariwafa
Bank, c’est au tour de la Banque centrale populaire d’an-
noncer trois nouveaux produits d’épargne déscalisés por-
tant sur le logement, l’éducation et les actions. Il faut dire
que la loi de Finances 2011 exonère les revenus et prots
des capitaux mobiliers réalisés dans le cadre d’un plan
d’épargne actions (PEA) constitué par des actions et des
certicats d’investissement inscrits à la cote. Une belle ma-
nière de booster la bourse. A noter que les intérêts versés
aussi dans les plans d’épargne éducation et plans d’épar-
gne logement sont exonérés.
Les bruits de marché
algérienne, sont interpellés à Fguig. En tout, 27 éléments sont ar-
rêtés. Les premiers interrogatoires révèlent l’existence de caches
d’armes dans la zone d’Amghala. L’information est transmise à
la zone de commandement du sud. « Nous avons reçu des infor-
mations de l’inspecteur général des forces armées commandant la
zone sud comme quoi il y aurait des caches d’armes dans le secteur
d’Amghala. Nous avons procédé au ratissage à l’aide de maîtres
chiens », explique le colonel Abdellatif Mekouar. Comment cet
arsenal a été introduit dans cet endroit, en déjouant le mur de sé-
curité ? Pour l’heure, les militaires, les gendarmes et les éléments
de leurs sections judiciaires qui les accompagnent veulent s’en
limiter à l’état des lieux. L’enquête ne fait que commencer. Dans
la conférence de presse qu’il donnera par la suite, le ministre de
l’Intérieur indique que les terroristes interpellés étaient chargés
de créer une base arrière au Maroc et de préparer un plan pour y
commettre des actes terroristes. Le braquage des banques devait
financer cette entreprise criminelle.
MBF
Comment ont-ils été arrêtés ?
D’abord à Casablanca, à l’occasion
du braquage de deux agences
bancaires dans le camp de Hay
Hassani, le 1er janvier dernier.
Les deux tentaves échouent. Le
quarer est bouclé. Des éléments
sont arrêtés.