Bourses Tunisie Télécom entame le processus de sa double cotation à Tunis et à Paris L’opérateur historique des télécommunications tunisien espère lever entre 600 et 820 millions d’euros en cédant 20% de son capital sur les places de Tunis et de Paris. Un montant record pour une entreprise tunisienne. Page 6 BRVM : « La crise ivoirienne touche tous les secteurs » Jean-Paul Gillet, directeur général de la BRVM, s’exprime sur les effets de la crise ivoirienne et les perspectives de la place boursière régionale. Page 9 Banques et assurances BOA-Burkina : une courbe de croissance qui mène à la bourse BOA-Burkina Faso appartient à cette catégorie de happy fews pour qui le début d’année rime avec prospérité. Page 8 Entreprises et marchés Total accélère son développement en Afrique La production du groupe français en Afrique devrait passer d’ici 2015 de 750 000 à 1 million de barils de pétrole par jour. Page 12 La première « voiture algérienne » devrait être une Renault Les Algériens, qui attendent depuis plus de 25 ans l’installation d’une usine de montage automobile dans le pays et qui ont vu, dans ce domaine, différents projets annoncés, négociés puis finalement abandonnés, ont appris à être prudents. Page 16 Alstom à l’entame d’une réelle industrie dans le ferroviaire au Maroc Une convention de partenariat a été signée, jeudi 6 janvier, entre le gouvernement du Maroc et le groupe Alstom dans le domaine du transport ferroviaire. Page 17 Economie Les contrats à terme sur les matières premières sont-ils un risque pour l’Afrique ? De nombreux pays disposeront bientôt de places financières développées. Après l’Afrique du Sud, c’est le Maroc qui a lancé le projet le plus ambitieux. Casablanca proposera bientôt des contrats à terme à ses clients. Risque ou opportunité ? Page 13 Rédaction : Abidjan, Casablanca, Dakar l No 144 : 13 au 19 janvier 2011 Le système financier marocain sauvé par une libéralisation contrôlée Faible exposition à l’international, restriction du marché des changes et titritisation encore embryonnaire. Des ingrédients qui ont protégé les banques marocaines de la grande crise financière mondiale qui souffle sur les marchés depuis août 2007. S’ajoutent à ces contraintes un marché intérieur dynamique et une Banque centrale réactive, qui veille au grain. Aujourd’hui, les taux d’intérêt sont libéralisés certes, mais le système dispose encore de fortes barrières à l’entrée. La structure des actifs reste assez conservatrice, dominée par les dépôts de la clientèle et des emplois affectés généralement au crédit. La faible exposition des capitaux à l’étranger complète le dispositif anti-crise. Lire en page 6 La Bourse de Casablanca entame un nouveau cycle de croissance Après deux années 2008 et 2009 dans le rouge, les indices phares de la Bourse de Casablanca bouclent l’année 2010 avec des croissances supérieures à 20%. Le secteur bancaire, qui représente la première capitalisation boursière de la place, y a joué un rôle moteur, à l’image d’Attijariwafa Bank (en hausse de 50%) et de la BCP (75%). La première semaine de janvier confirme cette envolée et fait dire aux analystes que la place casablancaise a entamé un nouveau cycle de croissance. Des introductions en bourse prévues cette année huileront la machine. Lire en page 9 Tunisie : quand un vendeur ambulant fait craquer un modèle économique La Tunisie et ses performances économiques exceptionnelles, saluées par le FMI et la Banque mondiale, est rattrapée par l’une des crises sociales les plus graves de son histoire. Tout est parti d’un geste au demeurant isolé d’un marchand ambulant, diplômé chômeur, qui s’est immolé le 17 décembre 2010 pour protester contre la confiscation de son commerce. Depuis, les événements se sont accélérés, avec un appel à la mobilisation lancé sur Internet qui a débouché sur un affrontement meurtrier entre forces de l’ordre et étudiants. Est-ce la fin d’un mythe ? La découverte, dans l’après-midi du 4 janvier 2011, d’un arsenal de guerre conséquent à Amghala, localité située à 35 km du mur de sable, presque en face des lignes polisariennes et algériennes, soulève beaucoup de questions dans les capitales maghrébines et occidentales. L’arsenal est conséquent, plus de 34 kalachnikovs, des lance-roquettes, des obus de mor- tier, des chargeurs, 1998 munitions de calibre 7,6x. De quoi prendre un bastion militaire ou déstabiliser une grande ville. Tout mène à la collusion entre l’organisation terroriste et le Polisario. En l’espèce, l’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence, dénotent les spécialistes. Algérie : un cocktail explosif libéralisme, nationalisme et Les faces cachées de l’arsenal protectionnisme d’AQMI au sud du Maroc Le 1er janvier 2011, les Algériens se réveillent avec une mauvaise nouvelle. Les principales denrées de base ont augmenté de 50% à cause de mesures restrictives prises dans le cadre de la loi de Finances 2011. Depuis, les esprits se sont enflammés. Comment l’un des pays théoriquement les plus riches de l’Afrique du Nord, avec 155 milliards de dollars de réserves de changes et 55 milliards de recet- tes d’exportation de pétrole en 2010, peut-il se retrouver avec un tel niveau de dysfonctionnement de son marché intérieur ? Les voix officielles du gouvernement pointent du doigt les marges des distributeurs. Ceuxci renvoient l’Etat – qui a injecté 6 milliards d’euros dans la mise à niveau des entreprises publiques – à ses responsabilités. Lire en page 18 Lire en page 21 Lire en page 4 Maroc 12 DH - Afrique CFA 1500 FCFA - Algérie : 80 DA - Belgique 1,9 a - Canada 3,50 $ CAD - France 1,9 a - France OM 2,20 a - Italie 1,90 a - Luxembourg 1,9 a - Suisse CHF 3,80 - Tunisie 2,3 DT 2 Actualité - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Côte d’Ivoire : 3 républiques parallèles I l n’y a pas deux pouvoirs, mais trois en Côte d’Ivoire. Ceux des présidents Gbagbo et Ouattara, qui ont prêté serment, l’un devant le président du Conseil constitutionnel, l’autre par courrier. Le 3ème, celui de l’Onuci, n’est pas incarné par un président. Il n’a fait allégeance ni à l’un ni à l’autre. Il soutient le se- cond contre le premier et ne reçoit d’ordre que de New York, le siège de l’ONU. Son pouvoir s’exerce à l’hôtel Sebroko, son siège à Abidjan. Dans un autre hôtel, que l’on ne rejoint plus que par les hélicoptères ukrainiens sous pavillon onusien, siège l’autre président. Il est celui de la communauté internationale et de la plupart des pays africains. Le dernier, premier en date, tient une partie du pays depuis dix ans. Proclamé président par le Conseil constitutionnel, il s’appuie sur l’armée nationale, les Jeunes patriotes, et s’ingénie à incarner la forteresse nationale assiégée par les forces néocoloniales. Il y aurait mieux réussi, si à côté de l’ONU et des puissances occidentales, l’Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Union économique et monétaire ouest-africaine n’avaient également pris le parti de Ouattara. CES L’Onuci, maîtresse de Sebroko et des airs A bidjan – (Envoyé spécial) – « Comment on va faire ? – Faut prier seulement. – Prier encore ? Dieu nous a tellement entendus qu’il nous a donné deux présidents. Est-ce qu’on va pas en avoir trois maintenant ? » S’il ne s’agissait pas de la Côte d’Ivoire, où des centaines de personnes sont déjà mortes en quelques semaines dans la dispute pour le pouvoir suprême, l’échange aurait prêté à rire. Mais c’est un nouveau cauchemar de fin d’année, comme le pays de l’éléphant en vit malgré lui depuis ce funeste 26 décembre 1999, quand le général Robert Guéi, en père Noël sanglé dans une tenue militaire, destitua le président Bédié, empêchant les Ivoiriens de fêter, comme ils savaient si bien le faire, la fin de l’année. Trois présidents ? Pas encore, mais trois pouvoirs coexistent déjà. Trois territoires, trois légitimités. Les deux premiers sont déjà visibles dès l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny, le hub de l’Afrique de l’Ouest, proclame fièrement AERIA, la société privée chargée de sa gestion qui revendique une capacité d’accueil annuelle de plus de 2 millions de passagers, plus de vingt compagnies aériennes pour trente-cinq destinations en Afrique, en Europe et au Proche-Orient. En temps de paix peut-être. En cette fin d’année, le tarmac est plutôt vide. Dès la tombée de la nuit, la compagnie nationale Air Ivoire est presque seule à y poser des avions. Les autres ont prudemment choisi désormais d’atterrir et de décoller dans la journée. Les formalités de police accomplies, plutôt rapidement, en tout cas sans aucune crispation inhabituelle, les fiches de débarquement ne sont du reste plus exigées, contrairement à la quasi-totalité des aéroports africains. En cette soirée, le hall est presque désert. Certains commerces sont déjà fermés, mais pas le bureau de l’Onuci, l’Opération des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire. C’est le deuxième pouvoir en terre ivoirienne, à côté de celui du président Gbagbo, proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel et qui a obtenu l’allégeance des Forces de défense et de sécurité, l’armée nationale, avec ses unités d’élite de la Garde républicaine, mais aussi la Gendarmerie et les Jeunes patriotes de Charles Blé Goudé, devenu ministre de la Jeunesse, sans perdre pour l’heure à tout le moins, sa verve et son bagout. Renfort Gbagbo avait pourtant exigé le 19 décembre 2010 « le départ immédiat de Côte d’Ivoire des Casques bleus de l’Onuci [environ 10 000 soldats] et de la force militaire française Licorne [environ 900 hommes] », qu’il juge partiaux. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a répondu le 20 décembre par la résolution 1962 prolongeant le mandat de l’Onuci de six mois. Bien loin Sebroko, l’autre hôtel qui échappe au pouvoir de Gbagbo, est tenu par l’Onuci, également maîtresse des airs. Forteresse Si à l’aéroport l’Onuci n’a qu’un modeste bureau pour faciliter arrivées et départs, il en est autrement en son siège, à l’exhôtel Sebroko sis sur le boulevard de… la Paix, à Abidjan. Ce bout de terre ivoirienne, de quelques hectares seulement, est un territoire étranger. Une forteresse imprenable. Des barbelés qui rappellent les images de télévision en Irak, en Israël. Un autre monde. Il faut slalomer entre blindés de couleur blanche, sacs de sable, blocs de béton et barbelés pour accéder à l’entrée. Le reste devra se faire à pied, car les véhicules « étrangers » n’y sont pas habituellement admis. Une cabane en bois est le détour obligé où il faut laisser une pièce d’identité. Ensuite, il faut attendre le bus à l’arrêt situé juste derrière la cabane. C’est un autre pays. La langue officielle déjà n’y est plus le français. C’est une tour de Babel abritant une cinquantaine de nationalités dont les principales sont le Bangladesh, le Bénin, la France, le Ghana, la Jordanie, le Maroc, le Niger, le Pakistan, le Sénégal et le Togo. La langue la plus parlée est Gbagbo avait exigé « le départ immédiat de Côte d’Ivoire des Casques bleus de l’Onuci et de la force militaire française Licorne ». Le Conseil de sécurité des Nations Unies a répondu par la résolution 1962 prolongeant le mandat de l’Onuci de six mois. d’obtempérer à la demande de Gbagbo, l’ONU est en voie de renforcer ses effectifs en Côte d’Ivoire. Le chef des opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, de retour d’Abidjan, a demandé 1000 à 2000 Casques bleus supplémentaires. Gbagbo n’en démord pas pour autant. Le jour de l’An, il a réitéré ses exigences. L’Onuci a « tiré sur des civils », a-t-il accusé. Elle doit en conséquence partir. probablement l’anglais. A perte de vue, dans cette forteresse, des véhicules 4x4, sans doute l’une des plus fortes concentrations au mètre carré. Des « Japonaises » blanches, bien rangées dans des parkings qui occupent plus d’espace que les bâtiments. La vie y est grouillante. Bruyante aussi avec un ballet incessant d’hélicoptères, surtout depuis qu’ils assurent, comme le firent les avions à Berlin Ouest sous blocus communiste au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le seul lien de la république du Golf avec l’extérieur. Hélicoptères ukrainiens, bruyants, mais si précieux, qui permettent au troisième pouvoir, qui siège au Golf et qui compte quelques centaines de personnes, de tenir le siège qui lui est imposé. Vieux blindés Si les voitures sont flambant neuf, il en est autrement des blindés. Beaucoup ne sont plus de première jeunesse. Beaucoup doivent de ne pas dévaler les pentes de la colline de l’hôtel Sebroko qu’à des blocs de pierre qui renforcent des freins à main hors d’usage depuis longtemps. Maîtresse en son bunker et dans les airs, l’Onuci se révèle fragile à l’extérieur. Elle ne sort plus qu’en convois de plusieurs camions, bondés de militaires lourdement armés et casqués, néanmoins à la merci de foules aux mains nues, mais pouvant être infiltrées par quelques miliciens armés susceptibles de faire mal. L’Onuci est désarmée face aux foules. Que faire, tirer sur elles au risque de faire un vrai carton ? Elle doit aussi compter avec les FDS, maîtresses du territoire contrôlé par Gbagbo. Elle a ainsi été empêchée par les FDS de se rendre sur un supposé charnier. Ses déplacements, en général, dépendent du bon vouloir de l’armée ivoirienne. Le Roy en a été réduit à remercier le chef d’état-major, le général de Corps d’armée, Philippe Mangou, qui a sauvé le 28 décembre 2010 des Casques bleus pris à partie par des Jeunes patriotes à Yopougon. « J’ai moi-même conduit les éléments jusqu’à leur base, pour les remettre au général Hafiz. » Son ton a changé depuis. S’exprimant à la Radiotélévision ivoirienne (RTI) le 3 janvier dernier, le général, en visite à l’hôpital militaire d’Abobo (HMA) où étaient hospitalisés des blessés dans des affrontements entre soldats de l’Onuci et Jeunes patriotes le 29 décembre dernier, il s’est fait menaçant. « Nous disons au général Hafiz que c’est la dernière fois que ses hommes tirent sur des Ivoiriens aux mains nues. » C’est peut-être la raison qui a poussé Le Roy à demander des renforts, parce que la nécessité de défendre l’hôtel du Golf paraît invraisemblable. L’hôtel du Golf est aussi imprenable que le siège de l’Onuci. Et le risque d’un assaut par les forces loyales à Gbagbo est très faible. Mais l’impasse ivoirienne, c’est aussi ce jeu de poker menteur où chaque camp cherche à cacher son jeu. Chérif Elvalide Sèye Actualité Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - 3 Le temps, allié de Gbagbo Isolé à l’extérieur, Gbagbo tient bien son pays, persuadé que chaque jour qui passe est un jour de gagné. C particulier avec ses pairs de la CEDEAO, pourtant censés être venus lui intimer l’ordre de céder son fauteuil, il a retrouvé sa jovialité habituelle. C’est qu’il revient de loin. Convaincu désormais que, de même qu’il avait réussi à se sortir du piège de Marcoussis et du Groupe de travail international, des accords d’Accra, de Pretoria, il trouvera la parade pour conserver le pouvoir sur une partie quelconque de la Côte d’Ivoire. Conforté, avec son épouse Simone, par leurs gourous évangélistes. Les ultimatums de l’ONU, de la CEDEAO, de l’Union africaine, d’Oba« Il a découvert et goûté ma, de Sarkozy, ne pèsent guère face aux certitudes du couple qui règne en maître aux plaisirs du pouvoir. Il ne sur la Côte d’Ivoire, hormis les deux enle quittera jamais. Même claves hôtelières à Abidjan et la zone sous contrôle déjà de la rébellion. L’allégeance s’il lui faut régner sur des de toutes les forces armées gouvernementales, les Jeunes patriotes, mais aussi cimetières, il le préfère au la présence d’une forte communauté statut d’ancien président. » étrangère, le tiers de la population, lui assurent un règne incontesté. Un assaut par l’ECOMOG, contingent armé de la partira jamais de lui-même. Opposant au long CEDEAO, paraît invraisemblable. Il aboutirait cours, « il a découvert et goûté aux plaisirs du à un réel carnage. La CEDEAO est certes déjà pouvoir. Il ne le quittera jamais. Même s’il lui intervenue lourdement, mais c’était dans des faut régner sur des cimetières, il le préfère au pays déjà en guerre, le Liberia, la Sierra Leone. statut d’ancien président. Il n’a plus qu’une ambition, rester le président le plus longtemps pos- Recettes d’exportation sible, jouir du pouvoir, pouvoir dire et redire, “je Son rival Ouattara a, du reste, reconnu le fait, suis le président” ». en suggérant une action commando ciblée. Mais les Israéliens qui assurent sa sécurité ont montré leur savoir-faire en 2004 à l’ocGourous évangélistes Sonné par l’issue de l’élection, Laurent Gbagbo casion des heurts avec les forces françaises. ne desserrait plus ses lèvres, lui si habituelle- L’ECOMOG et les forces africaines n’ont pas ment souriant. Depuis, il s’est bien repris. En encore du reste démontré un savoir-faire en ’est un partisan de Gbagbo. Sous couvert d’anonymat, il est pourtant bien féroce vis-à-vis de son champion. Il lui en veut d’avoir si mal négocié le virage électoral. Ne gagner que de quelques petits points malgré l’annulation d’un demi-million de voix ! Gbagbo devait-il seulement se présenter ? Dans l’esprit, il a fait les deux mandats que la Constitution lui permet. Pour lui, pas de doute. Le président déchu ne la matière, contrairement aux forces françaises, américaines ou anglaises. Mais la France, peut-être pour ne pas exposer sa vingtaine de milliers de ressortissants expatriés en Côte d’Ivoire, a déjà averti qu’elle n’en ferait rien. L’intervention militaire semble ainsi s’éloigner. Il ne resterait alors que l’asphyxie financière pour venir à bout de Gbagbo. Les mesures du FMI, de la Banque mondiale, de l’UEMOA sont de nature à gêner Gbagbo, mais dans la durée. S’agissant de l’UEMOA, par exemple, la décision n’affecte que les recettes d’exportation qui sont placées dans le compte d’opération logé au Trésor français. Un haut cadre de la BCEAO explique du reste que la sanction financière prendra beaucoup de temps avant d’affecter effectivement le pouvoir de Gbagbo. Le temps, premier allié de Gbagbo. A l’expiration de son mandat, il a résisté pen- dant cinq ans à l’ONU et fini par imposer son agenda. Malgré le renfort, aujourd’hui, des institutions et des pays africains, le front est moins uni qu’il n’y paraît, avec le Ghana qui a fait entendre sa différence, rejoignant ainsi le Cap-Vert, la Gambie, l’Angola. Gbagbo, réaliste, s’est accommodé de son pays divisé, occupé en partie par une rébellion. Il semble bien prêt à continuer ainsi, malgré un isolement international sans précédent, des pressions politiques, diplomatiques et financières grandissantes ainsi que les menaces à peine voilées de traduction devant la Cour pénale internationale. Pour l’heure, tout cela ne pèse pas pour Gbagbo, persuadé que le temps finira par avoir raison de tout cela. L’essentiel, pour lui, est de régner. Hance Guèye Ouattara impatient Ses soutiens se multiplient à l’extérieur, mais dans sa « république du Golf », il est bien impuissant et trouve le temps très long. Q uand il rentre dans une des salles de réunion de l’hôtel du Golf, le cérémonial présidentiel est tant bien que mal soigné. Presque tout le gouvernement, avec à sa tête le Premier ministre Soro, est sagement aligné. La salle est remplie des partisans du nouveau pouvoir. Le pupitre pour l’allocution présidentielle est sans prétention. Son message est bref, ponctué à la fin par l’hymne national. Pas joué par une fanfare militaire. Il est débité par une sono puissante après quelques couacs. Ouattara, longtemps silencieux, est sorti de sa réserve pour menacer et exiger. Mais des trois pouvoirs qui se partagent la Côte d’Ivoire, il est aujourd’hui le plus faible. Reconnu internationalement, il n’a guère les moyens de s’exercer. Le temps joue contre lui. La mobilisation en sa faveur ne durera pas éternellement. Il lui faut trouver quelque chose, faire quelque chose. Mais quoi ? quand, même pour manger, il faut que le ravitaillement soit assuré par les hélicoptères de l’Onuci, qui constituent le cordon ombilical de la république avec la réalité. HG 4 Actualité - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Les bruits de marché Point de vue africain Hold-up électoral Adama Wade, Casablanca Trois points de vue s’affrontent aujourd’hui sur la crise ivoirienne. Il y a tout d’abord celui, romantique, portant sur la non-ingérence et le respect de la souveraineté nationale, orchestré par une certaine intelligentsia africaine, réactionnaire, qui oublie volontiers que le processus ivoirien de sortie de crise a été financé de bout en bout par la communauté internationale. Avec une force d’interposition internationale. Avec l’appui de la France. Il y a ceux, nombreux, qui fondent leur jugement sur le verdict implacable du scrutin le plus transparent jamais organisé sous le ciel d’Afrique. Cet argument est soutenu par l’ONU, les USA, la France, la Grande-Bretagne, le Canada, la CEDEAO et l’Union africaine. A côté de ces deux points de vue, il y a le vieux débat identitaire ivoiro-ivoirien, qui n’a rien de politique, qui repose sur le postulat ethnique. Cette dernière thèse s’amplifie de jour en jour, alimentée par les rancœurs et la détermination d’un camp qui a perdu les élections et qui est prêt à faire feu de tout bois pour barrer la route au vainqueur légitime. Au cours de ces dernières semaines, Laurent Gbagbo a montré qu’il était prêt à tout pour conserver son fauteuil. Jusqu’à la guerre civile, jusqu’à la monnaie ivoirienne. Le gel de ses avoirs et de ceux de ses compagnons, l’appel de l’ONU, les sollicitations des grandes puissan- ces, les injonctions de la CEDEAO ne l’ont pas fait fléchir. Bien au contraire. L’intransigeance du roi bété conduit la communauté internationale et la CEDEAO face à de lourdes responsabilités. Ordonneront-ils une action militaire chirurgicale, ainsi que l’appelle de ses vœux Alassane Ouattara ? Laisseront-ils faire au risque de reproduire la farce du Zimbabwe et de voir les autres « démocraties » africaines appelées au rendez-vous des urnes en 2011 s’engager sur des voies similaires ? Ce sera certainement à regret que les armées ouest-africaines interviendront pour sauver le vote du peuple ivoirien. Le coût politique, financier et social d’une telle opération sera énorme. Mais beaucoup moins que la logique irresponsable du pourrissement qui coûterait au pays et à la région une décennie d’enlisement, de confrontations ethniques et d’emplois potentiels perdus. Car, si à force de pantalonnades comme celles du président ghanéen, Laurent Gbagbo triomphe de son bras de fer avec la communauté internationale, l’Afrique retombera dans une nouvelle logique de guerre civile du type des années 80 et 90. Le maquis redeviendra le référentiel de la prise de pouvoir et de l’alternance politique. Une telle régression reléguerait les préoccupations économiques au second plan, au grand bonheur des marchands d’armes et de tous ceux qui veulent continuer à piller les richesses de l’Afrique. Le péril est immense et appelle à la redéfinition même du panafricanisme. Celui-ci ne doit pas bâtir sa légitimité sur l’anti-démocratie ou le rejet de la communauté internationale. Appeler aux fameuses « spécificités africaines » pour valider un hold-up électoral revient à entériner la vieille thèse du gentil nègre qui fonctionne selon ses propres règles. C’est en cela qu’on trouve Laurent Gbagbo et ses compagnons bien peu patriotes et alliés objectifs du néocolonialisme qu’ils croient combattre. Les faces cachées de l’arsenal d’AQMI au sud du Maroc La découverte d’une cache d’armes d’AQMI au sud du Maroc à quelques kilomètres des lignes du Polisario renforce l’hypothèse d’une collision entre les deux groupuscules. L a découverte, dans l’après-midi du 4 janvier 2011, d’un arsenal de guerre conséquent à Amghala, localité située à 35 km du mur de sable, presque en face des lignes polisariennes et algériennes, soulève beaucoup de questions dans les capitales maghrébines et occidentales. L’arsenal est conséquent, plus de 34 kalachnikovs, des lance-roquettes, des obus de mortier, des chargeurs, 1998 munitions de calibre 7,6x. De quoi prendre un bastion militaire ou déstabiliser une grande ville. Cartes topographiques Caractéristique de toutes ces armes, elles semblent avoir déjà servi et étaient au demeurant bien entretenues, prêtes à être utilisées. Les inscriptions en langue russe bien visibles ôtent tout doute quant au lieu d’origine. La proximité avec le premier sac de sable du Polisario restreint les hypothèses quant aux éventuelles complicités. Ce n’est pas un énième communiqué instantané émis Comment ont-ils été arrêtés ? D’abord à Casablanca, à l’occasion du braquage de deux agences bancaires dans le camp de Hay Hassani, le 1er janvier dernier. Les deux tentatives échouent. Le quartier est bouclé. Des éléments sont arrêtés. par l’organisation, disculpant tout lien avec AQMI, qui atténuera ce qui, de plus en plus, constitue la piste privilégiée des services de renseignement de la région. Car, comment s’explique l’introduction de cet arsenal de guerre dans cet endroit surprotégé, couché en joue par trois armées ? Pour qu’AQMI sorte de son nord du Mali et pousse aussi loin, sur des milliers de kilomètres, avec des moyens rudimentaires, la complicité du GPS et surtout de la cartographie (pour au moins éviter les mines antipersonnel) est Caractéristique de toutes ces armes, elles semblent avoir déjà servi et étaient au demeurant bien entretenues, prêtes à être utilisées. indispensable. Cela d’autant que les investigations ont permis la saisie de cartes topographiques de la frontière algéro-marocaine. Tout mène à la collusion entre l’organisation terroriste et le Polisario. « L’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence », rétorque cet expert en balistique qui invite à placer le débat sous l’angle stratégique. « L’alliance objective est réelle : les deux organisations cherchent à déstabiliser le Maroc. L’armement découvert à Amghala provient du Polisario, peut-être par une livraison officieuse. Peut-être aussi que cette coopération va plus loin et devait concerner la déstabilisation de Laâyoune. » Bref, pour les experts, les liens peuvent aller du mercantile au politique. Soit le Polisario recycle son vieil arsenal dans toute la région. Soit, en ce qui concerne le cas du Maroc, il procède par procuration par le biais d’AQMI, qui rêve de « libérer » toute la région des signes d’une modernité assimilée à la mécréance. En outre, des sources locales indiquent que les armes découvertes près d’Amghala étaient destinées au campement d’Igdiz, démantelé fin novembre 2010 et d’où étaient parties les émeutes de Laâyoune. L’arrestation de 27 éléments terroristes Comment les armes ont été découvertes ? Tout est parti d’une arrestation. 27 éléments de l’AQMI, dont un Marocain provenant des camps de l’organisation terroriste, au nord du Mali. Le communiqué officiel n’en dira pas plus. Même pas les identités et les nationalités des présumés pour, indique-t-on, ne pas gêner l’enquête. Comment ont-ils été arrêtés ? D’abord à Casablanca, à l’occasion du braquage de deux agences bancaires dans le camp de Hay Hassani, le 1er janvier dernier. Les deux tentatives échouent. Le quartier est bouclé. Des éléments sont arrêtés. D’autres tomberont rapidement dans les heures qui suivent. C’est ainsi que quatre membres du groupe, qui tentaient de franchir la frontière Abidjan : passation de service compliquée à la BRVM Conformément aux décisions du conseil d’administration, l’Ivoirien Tiemoko Yade Coulibaly devrait céder son poste de président de la BRVM à Amadou Kane, président de la BICIS. L’ancien président traîne des pieds, son entourage faisant savoir que la succession ne peut avoir lieu qu’après passage de témoin. D’autres arguments font prévaloir un éventuel conflit d’intérêts entre les fonctions exécutives à la tête d’une banque et celles de président de bourse. Autrement dit, Amadou Kane devrait d’abord démissionner pour monter sur le podium de la BRVM ? Qui succédera à Abdoulaye Bio-Tchané à la BOAD ? Candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles du Bénin, Abdoulaye Bio-Tchané, 58 ans, ouvre une guerre de succession à la BOAD. Le Sénégal, qui avait un temps brandi la candidature d’Amadou Kane (encore lui), de la BICIS, y a renoncé, se concentrant sur la présidence de la Commission de l’UEMOA. Le second mandat du Malien Soumaila Cissé arrive en effet à terme. Les chefs d’Etat, qui se réuniront à Bamako le 22 janvier lors d’un sommet houleux (en raison de la crise ivoirienne), devraient désigner le successeur de M. Cissé, candidat à la magistrature suprême du Mali. Ecobank collecte 6 milliards FCFA au Bénin Une campagne menée sans tambours ni trompettes a permis à Ecobank de collecter 6 milliards FCFA de dépôt auprès des ménages béninois. Preuve, s’il en est, du besoin en services bancaires des populations africaines. 600 000 tonnes de cacao achetées déjà A la même période de l’année dernière, les achats auprès des planteurs étaient de 400 000 tonnes, selon la Bourse du café-cacao (BCC) de Côte d’Ivoire. Fin décembre, les achats dépassaient les 600 000 tonnes, soit la moitié de la production de l’année dernière. Derrière cette embellie, il y a le calvaire des planteurs, obligés de céder leurs productions à des prix en deçà du cours officiel (1,67 euro le kilo). Phillipe Henri Dakoury Tabley sous pression Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Phillipe-Henri Dakoury, a annulé la conférence de presse qui devait se tenir vendredi dernier à Bamako sur les implications de la crise politique en Côte d’Ivoire et les actions entreprises par la BCEAO. Sous pression de l’UEMOA et de la Banque de France, le gouverneur, plutôt pro-Gbagbo, a préféré renvoyer le dossier « Ivoire » à la prochaine réunion des chefs d’Etat de l’UEMOA. Banques : un nouveau ratio ? Depuis la crise financière internationale, la règlementation bancaire s’est considérablement durcie en matière d’encadrement des engagements. Aux USA, le « Leverage ratio », déjà adopté, suggère que le total bilan ne dépasse pas 25 fois les fonds propres. Cette mesure qui propose de contrôler le niveau d’endettement des banques sera à l’ordre du jour dans les rencontres internationales entre Européens et Américains. Maroc : les banques font la course aux PEA Après le plan d’épargne actions lancé par Attijariwafa Bank, c’est au tour de la Banque centrale populaire d’annoncer trois nouveaux produits d’épargne défiscalisés portant sur le logement, l’éducation et les actions. Il faut dire que la loi de Finances 2011 exonère les revenus et profits des capitaux mobiliers réalisés dans le cadre d’un plan d’épargne actions (PEA) constitué par des actions et des certificats d’investissement inscrits à la cote. Une belle manière de booster la bourse. A noter que les intérêts versés aussi dans les plans d’épargne éducation et plans d’épargne logement sont exonérés. algérienne, sont interpellés à Fguig. En tout, 27 éléments sont arrêtés. Les premiers interrogatoires révèlent l’existence de caches d’armes dans la zone d’Amghala. L’information est transmise à la zone de commandement du sud. « Nous avons reçu des informations de l’inspecteur général des forces armées commandant la zone sud comme quoi il y aurait des caches d’armes dans le secteur d’Amghala. Nous avons procédé au ratissage à l’aide de maîtres chiens », explique le colonel Abdellatif Mekouar. Comment cet arsenal a été introduit dans cet endroit, en déjouant le mur de sécurité ? Pour l’heure, les militaires, les gendarmes et les éléments de leurs sections judiciaires qui les accompagnent veulent s’en limiter à l’état des lieux. L’enquête ne fait que commencer. Dans la conférence de presse qu’il donnera par la suite, le ministre de l’Intérieur indique que les terroristes interpellés étaient chargés de créer une base arrière au Maroc et de préparer un plan pour y commettre des actes terroristes. Le braquage des banques devait financer cette entreprise criminelle. MBF 6 Finance - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 La libéralisation contrôlée ou le secret du système financier marocain Faible exposition à l’international, restriction du marché des changes et titrisation encore embryonnaire sont les ingrédients qui ont protégé les banques marocaines de la grande crise financière qui a commencé depuis 2007. S’ajoutent un marché intérieur dynamique et une Banque centrale réactive. L a pire crise financière depuis 1929 a épargné les banques marocaines, révèle une étude détaillée d’Attijari Intermédiation qui met en relief le secteur dans ces différents domaines. Cette résistance vient d’un marché intérieur dynamique (forte demande des ménages et du corporate), mais aussi d’un processus de libéralisation contrôlé. Alors que les grandes places financières mondiales ont entamé leurs libéralisations depuis les années 60, les banques marocaines ne se sont engagées dans cette voie qu’à l’aube des années 90. Aujourd’hui, les taux d’intérêt sont libéralisés certes, mais le système dispose encore de fortes barrières à l’entrée. Ainsi, malgré leur tropisme africain et une présence ancienne en Europe, les banques marocaines comptent une faible exposition à l’international qui pèse à peine 3,1% de leur total actifs en 2009. A cet ingrédient s’ajoutent la rigidité du marché de change (restriction de sortie des capitaux) et un marché de titrisation encore embryonnaire. Des actifs peu risqués Autre aspect relevé par l’étude, la structure assez conservatrice des actifs de la banque marocaine constitués à 70% de dépôts de la clientèle avec, en outre, des emplois affectés généralement au crédit (73,2% du bilan). Entre 2006 et 2009, le taux de financement de l’économie par le secteur bancaire est passé de 57,5% à 77,2% du PIB. Ce ratio demeure largement au-dessus de la moyenne de la région MENA, où la contribution des banques à l’économie est plafonnée à un taux de 62% du PIB, mais encore loin de la moyenne européenne (110%). Autre facteur expliquant la résilience du système financier marocain, la faible exposition du marché des capitaux à l’investissement international. Celui-ci représentait 28,5% de la capitalisation boursière en 2009 et était constitué pour 90% de participations stratégiques réputées stables. Attijari Intermédiation estime à 2,5% la part volatile de l’investissement étranger à la Bourse de Casablanca. De plus, la majeure partie de ces investisseurs étrangers (71% du nombre d’investisseurs) sont en fait des Marocains résidant à l’étranger (MRE). La demande intérieure 2000. Ce consumérisme se traduit par l’endettement des ménages (rapport entre les crédits alloués et le revenu national disponible), qui s’établit désormais à 24%, en hausse de 5,7% par rapport à 2006. Notons qu’en Europe, ce ratio se situe entre 60 et 100%. Pour autant, aux mesures déjà prises pour limiter l’endettement des ménages (quotité de financement ne devant pas dépasser 50% du salaire) s’ajoute la mise en place d’une centrale de risques pilotée par la Banque centrale en 2009. Habitat, gisement de croissance Pour 2011, le secteur de l’habitat, où la contribution bancaire marocaine est moyenne par rapport aux pays de la région Méditerranée, devrait être l’un des moteurs de croissance du marché financier. Le Maroc accuse un déficit en logements de 984 000 unités, auxquelles Malgré leur tropisme En fait, malgré les chocs exogènes africain et une (baisse des IDE, baisse des transferts MRE, baisse de la demande présence ancienne en extérieure en biens et services), Europe, les banques le système financier marocain a trouvé sa force dans la demande marocaines comptent intérieure et dans la vigueur d’une une faible exposition à économie émergente qui aligne une croissance de 8,4% de son PIB l’international qui pèse à entre 2006 et 2009. La consommation des ménages a représenté 57% peine 3,1% de leur total du PIB en 2009, soit une moyenne actifs en 2009. de croissance de 8% sur la période 2006-2009, contre 4% durant les quatre premières années de la décennie. s’ajoutent chaque année 120 000 unités Quant à l’investissement, il a atteint un en raison de la croissance démographiratio de 30,7%. que. Dans ce cadre, l’Etat a procédé à la Entre diverses mesures favorisant cette création et au relèvement substantiel des consommation, retenons la tendance fonds de garantie (Fogarim, Foga-Loge), baissière des taux d’intérêt avec une à l’aménagement et à la cession du foncier moyenne des taux débiteurs sur les cré- public à des conditions avantageuses. dits à la consommation aux particuliers de 7,3% sur les trois dernières années, A.W. contre plus de 9% au début des années Les commerçants kenyans offriront bientôt des services bancaires Si le modèle de banque lancé par Equity Bank prend racine, les épiceries et autres commerces pourraient devenir des « banques » de quartier. James Mwangi, directeur général d’Equity Bank, a soutenu que ce modèle, qui a été développé sur une période de cinq ans, fera participer les commerçants locaux comme des agents pour les transactions financières. Ceuxci seront formés et dotés de la technologie nécessaire pour traiter toutes les transactions bancaires, à savoir retraits, dépôts, prêts, avances et ouvertures de compte, entre autres. D’après le directeur général, la banque a emprunté le concept au Brésil, le seul pays au monde où ce type d’agences a été couronné de succès. A fin décembre, Equity Bank disposait à travers tout le pays de 1000 agences. Avec un tel concept, la banque envisage d’ouvrir quelque 20 000 points de vente d’ici la fin du mois de mars, et la création de quelque 100 000 emplois. Sanusi, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, distingué Sanusi Lamido Sanusi, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN), a été nommé à l’unanimité meilleur gouverneur de Banque centrale de l’année au monde par The Banker, une publication du Financial Times de Londres. Il rafle au passage un double prix, à savoir aussi celui de meilleur gouverneur de Banque centrale de l’année sur le continent africain. Selon nos sources, le gouverneur de la BN doit cette distinction au fait qu’il a pu sauver le secteur financier nigérian, au bord de l’effondrement, mais aussi qu’il a pu catalyser le retour sur des investisseurs. Kunle Ogedengbe, représentant de la revue The Banker au Nigeria, a confirmé le prix. WikiLeaks dresse une liste contestée des parts bancaires du président mozambicain La liste d’entreprises détenues par Armando Guebuza, président du Mozambique, compterait des banques. Les sources sont issues des câbles diplomatiques des États-Unis, signés par Todd Chapman, ancien chargé d’affaires américain à Maputo, et publiées sur WikiLeaks. Ainsi, le président mozambicain aurait des parts dans la BCI, Moçambique Capitais, Moza Banco et Geocapital. Mais ce listing ne fait pas l’unanimité, vu que des voix s’élèvent pour contester son exactitude. On lui reproche de considérer Capitais Moçambique et Geocapital comme des banques, et que cette dernière n’est même pas du Mozambique, mais une société holding du milliardaire de Macao Stanley Ho. Néanmoins, Moçambique Capitais détient 51% de Moza Banco, qui elle est bel et bien une banque mozambicaine. Tunisie Télécom entame le processus de sa double cotation à Tunis et à Paris L’opérateur historique des télécommunications tunisien espère lever entre 600 et 820 millions d’euros en cédant 20% de son capital sur les places de Tunis et de Paris. Un montant record pour une entreprise tunisienne. L ’heure des grandes manœuvres a sonné chez Tunisie Télécom qui vient de perdre son monopole dans la téléphonie fixe, avec la récente entrée en activité d’Orange-Tunisie, une filiale de France Télécom détentrice d’une licence de troisième génération. Après avoir ajouté le premier fournisseur d’accès à Internet du pays, Topnet, à son dépliant pour pouvoir commercialiser des « packs téléphonie & Internet », l’opérateur historique a entamé le processus de sa double cotation à Tunis et à Paris, en déposant ses documents de base auprès des autorités de régulation de ces deux places financières. « Ces enregistrements constituent la première étape d’un processus d’introduction en bourse de la société sous réserve des conditions de marché et de la délivrance par les autorités des marchés financiers tunisien et français des visas respectifs sur les prospectus relatifs à l’opération », indique l’opérateur dans un communiqué publié fin décembre. L’IPO portera sur 20% du capital du groupe, équitablement répartis entre ses deux actionnaires, en l’occurrence l’Etat tunisien (65%) et le groupe émirati Tecom-Dig (35%). De ce fait, l’Etat tunisien restera l’actionnaire de référence de l’opérateur. L’introduction devrait être finalisée vers la fin du premier trimestre 2011. Elle sera pilotée par la Banque d’affaires de Tunisie (BAT) et le Crédit Suisse comme chef de file et co-chef de file bancaires. Le syndicat de placement compte, quant à lui, quatre sociétés de bourse tunisiennes, dont Mac SA et Tunisie Valeurs. Levée de fonds historique Selon la presse économique locale, le top management de Tunisie Télécom conduira, fin janvier, un road-show qui le mènera notamment à Paris, Londres et Dubaï. L’opération devrait permettre au groupe fondé en 1996 sur les cendres de l’Office national des télécommunications de lever entre 600 et 820 millions d’euros. D’autant plus que l’opérateur historique tunisien a été valorisé par les analystes financiers entre 3 et 4,1 milliards d’euros. Cette levée de fonds jamais réalisée par une entreprise tunisienne devrait permettre à Tunisie Télécom de se doter de la force de frappe financière qui lui permettrait de rester compétitive dans le cadre du combat à fleurets mouchetés qui l’oppose à ses deux concurrents. Bien qu’il revendique plus de 6 millions d’abonnés pour un chiffre d’affaires de 730 millions d’euros en 2009, le groupe Tunisie Télécom n’est plus leader du marché des télécommunications dans le pays. Contrôlée à hauteur de 75% par le groupe qatari Qtel depuis novembre dernier, Tunisiana détient, en effet, le leadership du marché tunisien depuis 2009. Pour tenter de remonter la pente, l’opérateur historique, qui exploite également le premier réseau GSM en Mauritanie, Mattel, a signé, le L’heure des grandes manœuvres a sonné chez Tunisie Télécom. 22 septembre dernier avec l’Etat tunisien, une convention de licence de téléphonie mobile de troisième génération pour 61 millions d’euros. « Nous ne comptons aucunement rester les bras croisés. Nous allons miser sur les énormes possibilités que permet notre licence 3G pour passer du statut d’opérateur de tuyaux à celui d’opérateur de services innovants », précise Montassar Ouaïli, PDG de la société. Pour 2011, Tunisie Télécom table sur une croissance de 7% de ses produits d’exploitation et une hausse comprise entre 8% et 10% de son EBITDA. Walid Kéfi Finance Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - Les fonds d’investissement en expansion Diversification des portefeuilles et plus-values jusqu’à 40% attirent, selon Fabrice Kom Tchuente, directeur exécutif du cabinet FinAfrique, les fonds d’investissement en Afrique. L es Afriques : Quelle est l’évolution des fonds d’investissement en Afrique ? Fabrice Kom Tchuente : Plusieurs dizaines de fonds d’investissement opèrent en Afrique. Parmi les pionniers, le fonds tunisien Tuninvest, avec aujourd’hui 550 millions $ investis sur le continent, et les fonds anglo-saxons tels que les Sud-Africains Ethos private equity (5,5 milliards $) et Pamodzi investment holdings (1,3 milliard $), ou l’Américain Emerging Capital Partners (1,6 milliard $). Leurs investissements se sont davantage orientés vers les pays d’Afrique anglophone et d’Afrique du Nord, comme l’Afrique du Sud, le Ghana, le Nigeria, le Kenya, le Maroc, la Tunisie. Il est à noter que dans ces pays, le marché boursier s’est considérablement développé entre 2000 et 2008. Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne accueille de nouveaux fonds, tel Cenaivest en Afrique centrale ou les fonds ouest-africains AFIG et Phoenix capital management. Grâce à ces derniers, l’Afrique francophone espère être de moins en moins marginalisée. On constate aussi que de nombreuses sociétés de gestion étrangères non spécialisées dans l’investissement en zone émergente développent de plus en plus de gammes de fonds d’investissement orientés essentiellement vers l’Afrique. Par exemple, en France, la société de gestion Lyxor Asset Management, filiale du groupe Société Générale, a lancé en 2008 le fonds Lyxor ETF Pan Africa, qui a investi dans 30 importantes capitalisations boursières dont le siège ou l’activité principale se trouve en Afrique. Plus récemment, Meeschaert Asset Management « Plus récemment, suite à la crise financière, de nombreuses multinationales en manque de liquidités se sont retrouvées contraintes de céder leurs actifs africains. Cette démarche a créé des opportunités d’investissement à bons prix. » a lancé le fonds MAM Actions Afrique, qui détient des participations dans des grands groupes africains à l’instar du SudAfricain MTN et de l’Egyptien Orascom. Ces importants fonds d’investissement ont des ambitions plutôt agressives en termes de rentabilité et détiennent surtout des valeurs cycliques et financières telles que les mines, le pétrole, les télécommunications, les banques et les assurances. D’autre part, il y a des fonds d’investissement plus petits, dont le but est de lutter contre la pauvreté et de conforter la croissance en Afrique. Par exemple, des fonds d’investissement pour le financement des petites et moyennes entreprises, avec des montants investis en moyenne dans ces PME de l’ordre de 150 000 à 750 000 euros. Le secteur informel, quant à lui, est soutenu par l’entremise de fonds destinés aux organismes africains du microcrédit. Pour cela, les investisseurs nouent des partenariats avec des ONG spécialistes du conseil ISR en microfinance telles que Planet Finance, pour se doter de leur expertise pour l’intégration des critères extra-financiers qui définissent leur politique d’investissement. Sont présents également des fonds d’investissement dans la santé, l’éducation, l’agroalimentaire ou l’agriculture, pour financer les entreprises agro-industrielles et les coopératives agricoles africaines. LA : Qu’est-ce qui explique l’attrait pour l’Afrique, maintenant ? FKT : Depuis ces dix dernières années, la croissance moyenne annuelle du continent est d’environ 5%. Les multiples plans d’ajustement structurel, suivis de programmes ayant abouti à l’annulation de la dette extérieure de nombreux pays, ont sans aucun doute contribué à une meilleure solvabilité de l’Afrique, avec un climat des affaires qui s’est progressivement amélioré. Ainsi, les investisseurs ayant un fort appétit pour le risque, et donc en quête de rendements très élevés, viennent de plus en 7 Euler Hermès ne compte pas augmenter ses tarifs en 2011 Wilfried Verstraete, président du directoire du groupe d’assurance crédit Euler Hermès, a indiqué lundi 3 janvier que son groupe n’envisage pas d’augmenter ses tarifs en 2011. Il a soutenu : « En 2011, nous ne prévoyons pas de hausse générale de nos prix et visons un maintien des tarifs actuels », tout en constatant qu’il y a déjà une pression à la baisse sur certains renouvellements de contrats, car quelques concurrents manifestent un grand appétit pour reprendre des affaires. C’est peut-être dû à la réorientation actuelle du groupe, qui souhaite se développer « de façon plus agressive » en Asie (300 millions $ de CA d’ici sept ans), au Moyen-Orient et en Amérique latine, ainsi que sur la côte ouest des Etats-Unis (50 à 70 millions $ de primes sur cinq ans). Colloque Coface risque-pays 2011 Fabrice Kom Tchuente : « Les banques locales préfèrent octroyer des prêts à court terme, moins risqués pour elles, à des taux d’intérêt élevés, et exigent une panoplie de garanties. » plus en Afrique, ce qui leur permet aussi de diversifier leur portefeuille, car la corrélation est très faible entre l’évolution des actifs africains et de ceux des autres places financières mondiales. Contrairement aux marchés occidentaux, l’Afrique n’étant pas encore suffisamment impactée par les flux de capitaux internationaux dispose d’une multiplicité d’opportunités d’investissement se regroupant suivant ses principaux moteurs de croissance que sont les secteurs énergétiques, miniers, pétroliers, gaziers, des télécommunications et de l’agroalimentaire. Les fonds de private equity, à l’instar de Kingdom Zephir Africa ou Emerging Capital Partners, se sont attaqués à ces niches qui se sont avérées très rentables, avec des plus-values de l’ordre de 40% pour certaines d’entre elles, selon des économistes de l’OCDE. Plus récemment, suite à la crise financière, de nombreuses multinationales en manque de liquidités se sont retrouvées contraintes de céder leurs actifs africains. Cette démarche a créé des opportunités d’investissement à bons prix. Cependant on peut noter que cet attrait se manifeste surtout sur les pays d’Afrique du Nord et d’autres pays tels que l’Afrique du Sud et le Nigeria, qui sont riches en matières premières et en ressources minières, ou le Ghana et le Botswana, qui disposent d’institutions reconnues en termes de « bonne gouvernance économique ». Les autres pays d’Afrique centrale et occidentale se contentant encore majoritairement de l’aide internationale. LA : Quelles sont les caractéristiques des investissements en Afrique ? FKT : Près de la moitié des investissements sont réalisés par les économies développées, dont une grande partie provenant des Etats-Unis. Selon le club de réflexion Cap Afrique, 65% de ces investissements ne concernent que l’Afrique du Sud, suivie de l’Afrique de l’Ouest grâce au Nigeria à hauteur de 19%, de l’Afrique du Nord avec 8%, de l’Afrique de l’Est avec 7%, et enfin de l’Afrique centrale avec 1%. Une étude de Goldman Sachs montre d’ailleurs qu’en 2009 le taux de pénétration du private equity, rien qu’en Afrique du Sud, était supérieur à celui du reste du monde. Pour tous ces fonds d’investissement, les encours par portefeuilles d’actifs se situent en moyenne entre 100 et 200 millions d’euros avec un horizon de placement d’environ cinq ans. LA : L’Afrique y gagne-t-elle ? FKT : L’Afrique, dominée par une prépondérance du secteur informel et une abondance des petites et moyennes entreprises, éprouve des difficultés de financement via les banques locales. Celles-ci préfèrent octroyer généralement des prêts à court terme, moins risqués pour elles, à des taux d’intérêt élevés, et exigent une panoplie de garanties. En revanche, en usant de prises de participation, les fonds d’investissement soutiennent le secteur informel par le biais des PME locales. Ils leur octroient un financement long terme doublé d’un accompagnement et d’une assistance en termes de stratégie et de gestion. L’émergence de nombreux fonds thématiques permettent de financer les besoins primordiaux des populations vulnérables telles l’éducation ou la santé, et de soutenir des initiatives ou des projets générateurs de développement économique et social tels l’agriculture et le microcrédit. D’autre part, les fonds infrastructurels plus actifs permettent le financement de grands travaux comme les routes, les ponts, les ports, les aéroports, les centrales hydroélectriques, les télécommunications, etc. Ce qui conduit progressivement à la constitution d’un tissu économique et industriel solide. Tous ces fonds de soutien et de développement sont généralement financés par des investisseurs privés extérieurs et des banques d’affaires, filiales de bailleurs La traditionnelle conférence de haut niveau que Coface organise au début de chaque année pour faire le point sur les risques pays et sectoriels dans le monde a de nouveau réuni des économistes de tous bords, des entrepreneurs, des banquiers et des universitaires, pour dresser le bilan de l’année écoulée, examiner les tendances majeures de l’économie mondiale et enfin évaluer leur impact possible sur la situation des entreprises. Portant sur des thèmes tels que « Etats-Unis : un modèle remis en cause ? », « Reprise ou re-crise en Europe ? », « Après la crise, quelles nouvelles stratégies mondiales pour les entreprises ? », « Quels risques cachés derrière le dynamisme des pays émergents ? », la conférence ambitionne d’aider les acteurs du commerce international à prendre leurs décisions en matière d’exportation ou d’investissement. Les assureurs refusent de transférer 15 milliards de nairas de fonds de pension En dépit du lancement national de dix produits d’assurance obligatoire par la Commission nationale de retraite (PenCom) l’année dernière, certaines compagnies d’assurances refusent le transfert d’avoirs de retraite valant 15,31 milliards de nairas (100 nairas = 0,6570 $), tel que l’exige la Loi sur la réforme des pensions de 2004. Seules cinq sur quarante compagnies d’assurances inspectées ont mis en œuvre le régime de retraite contributif. Pour rappel, cette loi sur les pensions établit un régime de retraite contributif pour tous les employés des secteurs privé et public de la fédération. La loi prescrit également à toutes les compagnies qui étaient jusque-là sur l’ancien régime de retraite de transférer les fonds de pension aux opérateurs de pension agréés. Les réassureurs étrangers tenus d’être notés « A » Le projet qui consistait à se soucier de la solidité financière minimale des réassureurs étrangers au Nigeria, et qui faisait partie des lignes directrices par la Commission nationale d’assurance (NAICOM), entre en vigueur. Désormais, dans le but d’établir un ensemble uniforme de règles, règlements et normes pour les contrats d’assurance au sein de l’industrie du pétrole et du gaz au Nigeria, les compagnies de réassurance étrangères qui désirent conclure des contrats de réassurance avec des compagnies d’assurances du Nigeria, particulièrement dans le domaine du pétrole et du gaz, sont maintenant tenues d’avoir la note « A » de Standard & Poor’s (S&P) ou d’AM Best. de fonds comme PROPARCO de l’AFD, la SFI de la Banque mondiale ou la Banque européenne d’investissement. Toutefois, il faut préciser que, pour la plupart, ces fonds d’investissement ne sont pas des philanthropes. Une fois leur objectif de performance et leur horizon de placement (cinq ans en moyenne) atteints, ils se désengagent de l’entreprise en cédant leur part de capital sur le marché boursier, à la direction, à un autre fonds ou à un tiers. Ces procédés permettent aux pays africains de s’affranchir progressivement des aides internationales au profit des investissements privés. Mais étant donné la surliquidité dont souffre le continent de par l’exportation de ses nombreuses matières premières et ressources minières, il serait intéressant de privilégier davantage les échanges intracontinentaux, ce qui créerait de nouvelles opportunités de croissance. Car cette initiative accorderait un plus grand levier décisionnel aux Africains dans l’optique d’accroître la consommation et l’exportation de produits finis préalablement transformés sur le continent et respectant les normes internationales de qualité. Propos recueillis par Hance Guèye 8 Banques et Assurances - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 UEMOA : ménage délicat entre renforcement de fonds propres et rentabilité bancaire Le secteur bancaire de l’UEMOA démarre l’année 2011 après avoir bouclé en grande partie le processus de conformité par rapport aux nouvelles règles du capital minimum édictées par les autorités de régulation de la région. Derrière ce renforcement de fonds propres pointe l’éternel problème de la rentabilité. L a volonté des autorités de l’Union économique et monétaire ouest-africaine de porter le capital minimum des banques de la zone à 10 milliards FCFA au 31 décembre accélérera la reconfiguration bancaire de la région. Toutes les queues de peloton, les petites banques sans assise financière solide, sont dans la ligne de mire des fonds d’investissements européens, américains ou asiatiques, des holdings et des institutionnels puissants. L’essentiel de la consolidation se jouera pourtant entre les catégories moyennes et les poids lourds. On l’a vu avec la prise de contrôle de la BOA par la BMCE Bank, les banques d’envergure continentale ou régionale, fortes de leurs réseaux et de leurs performances, devront nouer de solides alliances pour profiter du tant attendu rebond de l’activité en 2011. Cas de la Holding Financial Bank, qui détient la Banque Atlantique, et qui a franchi le cap des 2 milliards de dollars de total bilan à la fin de l’année 2010. Ce ténor ivoirien, largement au-dessus de la bataille existentielle des minimums requis, a procédé à une deuxième vague de recapitalisation pour augmenter le pouvoir d’engagement de ses filiales, en termes de fonds propres effectifs. Avec de telles performances et l’arrivée de la BOAD (acquéreur de 10,7% du capital) dans le tour de table en août dernier, la banque n’aura pas de mal à trouver de nouveaux partenaires institutionnels. C’est tout le marché ivoirien et ses 22 établissements bancaires, tous suspendus à l’évolution politique du pays, qui en sera impacté. Si dans l’ensemble l’étape de la conformité a été franchie avec succès grâce à des augmentations de capital et des introductions à la bourse à la clé pour les uns, à des émissions obligataires combinées dans les deux cas à des incorporations des réserves pour les autres, un même problème se pose pour tous les acteurs. L’apport de l’argent frais, précise ce cadre d’une banque locale ivoirienne, risque d’affecter les ratios de rentabilité comme le ROE. En effet, comme vu ailleurs dans les marchés émergents, une trop forte augmentation des fonds propres affecte les profits des actionnaires. Au Maroc, le ROE a baissé ainsi de 220 points de base entre 2006 et 2009, suite à une progression de 15,2% des fonds propres du secteur sur la période. Cependant, les fonds nécessaires sachant que l’appétit des d’un pays à l’autre de l’UEMOA, les rendements actionnaires pour le risque n’est pas illimité ? A moins de recourir à la technologie, sachant ne sont pas les mêmes. C’est le petit Niger qui présente le meilleur re- que la téléphonie permet aujourd’hui un accès tour sur investissements en fonds propres avec, plus facile au service bancaire sans les frais de selon les rapports de la commission bancaire de l’UEMOA, un ROE de 20,7%, deC’est le petit Niger qui vant le Sénégal (13,5%), le Mali (13,3%), le Togo (11,9%) et la Côte d’Ivoire présente le meilleur retour (11,3%). C’est au Bénin que l’on retrouve le taux le plus bas, soit 0,3%. Bref, compte sur investissements en fonds tenu de la faible proportion de la popupropres avec un ROE de lation bancarisée (environ 6%), les banques de l’UEMOA seront tentées, comme 20,7%, devant le Sénégal leurs consœurs du Maghreb, de miser (13,5%), le Mali (13,3%), sur le relèvement des coûts de leurs prestations pour améliorer leurs retours sur le Togo (11,9%) et la Côte investissements. De l’avis des spécialistes, ces calculs devront se ressentir dans les PNB des prochains exercices, où les marges sur taux d’intérêt devront encore baisser (bienfait théorique de la concurrence qui profitera au client), à l’inverse des commissions bancaires. Phénomène courant, la tendance à la surcharge des frais bancaires ne pourra être réprimée que par le professionnalisme de l’autorité centrale et la vigilance des associations de consommateurs. Seuls des investissements conséquents à la recherche des populations éloignées des centres urbains seront à même de renverser la vapeur. Mais comment obtenir BOA Burkina : une courbe de croissance qui mène à la bourse Alors que pour certains la clôture de fin d’année des résultats d’activités sonne le glas de leurs ambitions, pour d’autres carillonnent les cloches de la félicité. Bank of Africa-Burkina Faso (BOABurkina Faso) appartient à cette catégorie de happy fews pour qui le début d’année rime avec prospérité. T out a commencé le 26 octobre 2010, au lancement de l’offre publique de vente (OPV) de 100 000 actions BOA-Burkina Faso. L’opération, d’un montant global de 2,261 milliards FCFA, est clôturée le soir même, le taux de souscription ayant atteint 500% à la fin de la première journée de l’opération. L’OPV est suivie, dans la foulée, d’une demande d’introduction des actions à la cote de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan. Le 30 décembre a donc eu lieu tion, le cours des actions est réservé à la hausse et passe de 23 000 FCFA à 30 000 FCFA, enregistrant alors une progression de 30,4% dans un volume de 452 titres. Une année de forte croissance Ces bons résultats attestent de la confiance du marché en la BOA-Burkina Faso, une banque qui s’est positionnée progressivement, en un peu plus de dix ans, comme l’un des acteurs majeurs de la place bancaire burkinabée (avec environ 16% de part pour les ressources) et dont les indicateurs ont évolué favorablement. Au 31 décembre 2009, « L’année 2011 vise à son produit net bancaire (PNB) a en effet progressé de 10,28% en conforter et à consolider s’affichant à 9,9 milliards FCFA, tandis que son bénéfice net (2,2 notre position. Elle milliards FCFA) a enregistré une marquera le démarrage progression de 20,47%. Le total du bilan s’est établi la même année à du chantier de notre 176 milliards FCFA (en hausse de 20,02%), et, au 30 juin 2010, nouveau siège social, il est passé à 215 milliards FCFA dont le montant de (+22%). « 2010 a été une année de forte croissance de notre activité et l’investissement est cela se traduira par un résultat net équivalent à 5 milliards en progression par rapport à 2009. L’année 2011 vise à conforter et à FCFA. » consolider notre position. Elle marquera le démarrage du chantier de la cérémonie d’admission des actions de notre nouveau siège social, dont le montant la BOA-Burkina Faso à la BRVM, qui est de l’investissement est équivalent à 5 milainsi la quatrième filiale du groupe Bank liards FCFA », précise Laurent R. Basque, of Africa à être désormais présente sur ce DG de BOA-Burkina Faso. marché financier. Dès la première cota- Constituée d’un réseau de 21 agences sur le territoire burkinabé, la banque est présidée par Lassiné Diawara, qui est, au terme de l’OPV, l’actionnaire privé le plus important. BOA West Africa dispose pour sa part de 52,24% du capital. BOA-Burkina Faso propose une gamme de produits diversifiés, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Au cours de l’exercice 2010, elle a été le chef de file pour la mobilisation d’un financement de 12,5 milliards FCFA destiné à la construction de la centrale électrique de la Société nationale burkinabée d’électricité (SONABEL), à Komsilga. Elle a également octroyé 4,5 milliards FCFA aux transporteurs de Total Burkina pour l’acquisition de 52 camions-citernes, et a aussi participé à la campagne coton pour plus de 20 milliards FCFA. Ses autres participations concernent le financement (8 milliards FCFA) de la campagne de production d’huile de SN CITEC (la plus importante unité de transformation industrielle de graines de coton en huile alimentaire), ainsi que d’infrastructures (routières, scolaires et de santé) en accompagnant de nombreuses entreprises du secteur du BTP. La banque soutient de manière aussi significative la clientèle des particuliers dans le financement des biens d’équipements, de prêts scolaires, de prêts étudiants et de prêts immobiliers. La somme de ces crédits à la consommation et à l’investissement a permis à la BOA-Burkina Faso de se hisser, depuis le mois d’avril 2010, à la seconde place du marché bancaire, faisant d’elle un acteur incontournable du marché financier burkinabé. « Le succès de l’OPV et la tendance haussière du cours de bourse en sont des preuves tangibles », souligne Laurent R. Basque. Véronique Narame d’Ivoire (11,3%). C’est au Bénin que l’on retrouve le taux le plus bas, soit 0,3%. structure classiques qu’elle entraîne. « Le téléphone offre un filon juteux, avec des recettes qui tombent presque intégralement dans le PNB », conclut notre interlocuteur qui pense que l’arrivée de nouveaux acteurs comme la Diamond ou la BGFI Bank montre bien qu’en dépit du ticket d’entrée élevé, le secteur bancaire de l’UEMOA continue d’attirer les investisseurs. A.W. Lancement du 1er plan d’épargne en actions au Maroc par Attijariwafa Bank Le groupe Attijariwafa Bank vient de lancer au Maroc le premier plan d’épargne en actions (PEA), PEA Capital Actions. Il s’agit d’un produit constitué d’actions et de certificats d’investissements, inscrits à la cote de la Bourse de Casablanca, de droits d’attribution et de souscription, ainsi que des titres OPCVM actions. Cette initiative devrait favoriser l’investissement à moyen terme en Bourse de Casablanca. C’est d’autant plus plausible qu’après une durée de cinq ans les dividendes et les plus-values générés dans le cadre de ce PEA Capital Actions seront totalement exonérés d’impôts. A noter que le plafond du PEA est fixé à 600 000 dirhams, soit 53 000 euros. Casablanca Finance City, officiellement mis en route Les statuts de la City marocaine, Casablanca Finance City (CFC), sont officiellement inscrits dans le Bulletin Officiel en date du 30 décembre 2010, sous la loi nº 44-10. Ce complexe, qui sera dirigé par Said Ibrahimi, devra abriter à terme de grandes institutions financières nationales ou étrangères désirant opérer sur les plans régional et international à partir de cette place, ou y installer leurs sièges régionaux ou internationaux. Bien entendu, toute une batterie de mesures est envisagée pour attirer les investisseurs, avec singulièrement un régime fiscal de faveur. Oceanic Bank liquide ses opérations en Gambie Dans un communiqué rendu public lundi 3 janvier, Oceanic Bank Gambie Ltd, filiale de la société mère Oceanic Bank du Nigeria, révèle qu’elle a commencé à liquider ses opérations en Gambie. Cette décision est consécutive à son incapacité à répondre aux exigences de la Banque centrale de Gambie, en termes d’apports du capital minimum de 150 millions de dalasis (100 dalasis GMD = 3,508 $). A noter que 13 des 14 banques opérant en Gambie ont respecté l’exigence minimale à la date limite du 31 décembre 2010. Des témoins, dignes de foi, ont rapporté que dans la matinée du mardi 4 janvier au siège d’Oceanic Bank sur Kairaba Avenue à Banjul (capitale de la Gambie) se tenait une longue file de clients désireux de retirer leurs dépôts. Le personnel de la banque se démenait alors pour satisfaire des clients qui recevaient, tant bien que mal, leur argent, a-t-on assuré. Bourses Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - Algérie : recettes hydrocarbures record et projet nucléaire Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines, a révélé, lundi 3 janvier 2011 : « A fin 2010, les recettes des hydrocarbures (gaz et pétrole) de l’Algérie ont atteint 55,7 milliards (mds) $, soit une hausse de 25% par rapport à l’année précédente. » Pourtant sur cette même période la production d’hydrocarbures a enregistré un léger tassement, a-t-il ajouté. Evoquant ces tendances, le ministre de tutelle a précisé que c’est la valeur des exportations qui compte, plus que les volumes exportés. Dans tous les cas, le groupe Sonatrach annonçait à fin décembre des recettes de 56 à 57 milliards $ pour une production de 220 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep). Par ailleurs, revenant sur les deux réacteurs nucléaires expérimentaux à Draria (banlieue sud d’Alger) et Aïn Oussera, près de Djelfa (270 km au sud d’Alger), le ministre a soutenu : « Le pays, qui étudie actuellement les conditions de lancer d’ici 15 à 20 ans sa première centrale nucléaire, dispose de réserves d’uranium suffisantes pour une alimentation à long terme. » « La crise ivoirienne touche tous les secteurs » Jean-Paul Gillet, directeur général de la BRVM, s’exprime sur les effets de la crise ivoirienne et les perspectives de la place boursière régionale. ment subsahariennes, dans l’animation du marché boursier ? JPG : Les banques ne sont pas suffisamment impliquées dans le marché financier régional malgré leur participation dans le capital de plusieurs SGI. En effet, l’activité financière est encore perçue comme concurrente à l’activité bancaire classique et non comme complémentaire. LA : On parle aussi de la BOA Niger qui vous a fait confiance dans sa recapitalisation ? JPG : L’ensemble du groupe BOA est particulièrement actif sur le marché financier, avec quatre sociétés cotées BOA Bénin, Niger, Côte d’Ivoire, et tout récemment BOA Burkina Faso qui a été introduite le 30 décembre 2010. Il compte également huit émissions obligataires et La Tunisie lance une étude de faisabilité de stations éoliennes de 60 MW En Tunisie, une étude de faisabilité technique et économique d’une station éolienne de 60 MW, extensible à 120 MW, est actuellement en cours. L’annonce a été faite, jeudi 30 décembre à Tunis, au cours d’un séminaire sur le développement des énergies renouvelables en Tunisie. L’Agence, qui a mis à la disposition différents intervenants, le logiciel « l’Atlas des vents », qui fournit des informations scientifiques sur l’énergie éolienne en Tunisie, joue un rôle primordial dans cette dynamique. D’ailleurs, Nafaa Baccari, chef du service de l’énergie éolienne à l’agence, a déclaré que cette étude s’inscrit dans le cadre du programme pour l’électricité auto-générer de l’énergie éolienne qui vise à installer une puissance 60 MW d’électricité auto-production par des entreprises grosses consommatrices d’électricité, et afin de satisfaire une partie de leurs besoins en électricité. Safaricom (Kenya) envisage un investissement de 125 millions $ Safaricom, premier opérateur du Kenya de téléphonie mobile, investira 10 milliards de shillings (125 millions $) dans la modernisation de son réseau. Il s’agit d’une réaction de la direction de Safaricom suite à la publication de récents rapports de la réglementation de la Commission de l’industrie de la communication du Kenya (CCK) classifiant la qualité des services. Dans ce classement, Safaricom et Telkom Orange ont été en queue de file. Si Claire Ruto, responsable commercial, a déclaré que la compagnie a reconnu la nécessité d’améliorer la qualité du réseau avec l’intention de « réaliser une expérience de communication de qualité supérieure à ses clients », il n’en demeure pas moins qu’au lendemain de la publication des rapports, Safaricom avait commencé par rejeter ces conclusions. 9 Jean-Paul Gillet : « L’activité financière est encore perçue comme concurrente à l’activité bancaire classique et non comme complémentaire. » L es Afriques : Globalement, la BRVM tient-elle la tête hors de l’eau en cette période de crise ivoirienne ? Jean-Paul Gillet : La crise politique que traverse la Côte d’Ivoire conduit les acteurs à un attentisme prudent, avec un impact certain sur les volumes traités. Toutefois, les indices ont bien résisté du fait de la hausse des cours du caoutchouc et de l’huile de palme qui sont représentés par des valeurs ivoiriennes cotées. Nous espérons que cette situation ne va pas durer pour éviter de provoquer des positions de retrait de la part des investisseurs étrangers. LA : Quelles sont les tendances du marché boursier et les principaux secteurs touchés par les effets de la crise ivoirienne ? JPG : La BRVM a eu une évolution positive en 2010, après les baisses enregistrées en 2009. Le BRVM composite a progressé de 20% et le BRVM 10 de 27%, passant de 143,70 à 182,96 points. La capitalisation a dépassé son niveau de décembre 2008 avec près de 3500 milliards FCFA fin décembre 2010 pour les actions, contre 3400 en début d’année. La crise touche tous les secteurs, en premier lieu celui de la distribution et de la consommation. A terme, l’activité en général étant réduite, le secteur bancaire ne sera pas épargné. LA : Avez-vous des espoirs d’un rapide retour à la normale de la BRVM ? JPG : Nous avons bon espoir que la situation redevienne rapidement stable. Avec une normalisation de la situation, les potentialités de la zone redeviendront vite attrayantes. LA : Pour une première dans l’histoire du marché obligataire de la BRVM, un contrat de liquidité a été signé le 30 novembre 2010 entre la CBAO-Attijari et le port autonome de Dakar. De quoi s’agit-il et quels sont les objectifs visés ? JPG : Le marché secondaire des obligations est assez peu animé, et souvent les petits porteurs ont des difficultés pour retrouver leur liquidité, même pour de petites quantités de titres. Le contrat de liquidité permettra d’assurer une meilleure fluidité dans la cotation et de répondre aux attentes de ces investisseurs. LA : Qu’est-ce qui explique selon vous cette timidité des banques, principale- « Les indices ont bien résisté du fait de la hausse des cours du caoutchouc et de l’huile de palme qui sont représentés par des valeurs ivoiriennes cotées. » utilise le marché très régulièrement depuis plus de dix ans pour financer son développement sur toute la région. Les BOA du Sénégal et du Mali devraient rejoindre les autres BOA du groupe à la cote d’ici un à deux ans. LA : La capitalisation boursière du marché obligataire accuse une baisse de 3,92% à 453 milliards FCFA en décembre 2010. La donne a-t-elle changé entre-temps ? JPG : La capitalisation boursière des obligations varie en fonction des remboursements et des nouvelles introductions. Or, il se trouve que nous avons à introduire plusieurs emprunts début 2011, dont celui de l’Etat du Sénégal, de la BIDC, etc. Après ces introductions, la capitalisation dépassera les 500 milliards FCFA. Propos recueillis par Ismael Aidara Impressionnantes hausses des valeurs bancaires à Casablanca Après deux années successives de contre-performances, la Bourse de Casablanca a renoué avec la hausse en 2010. Les valeurs bancaires y ont joué un rôle moteur, à l’instar de BCP et d’Attijariwafa Bank. L ’année 2010 marque la reprise à la Bourse de Casablanca qui a enregistré une hausse supérieure à 20% pour ses deux indices, le MASI (composite) et le MADEX (valeurs cotées en continu). Du coup la capitalisation boursière (579 milliards de dirhams) se rapproche de la barre des 600 milliards, largement dépassée avant le déclin commencé à la mi-2007. Avec un indice sectoriel en hausse de 35%, les banques ont sans doute été les moteurs de cette reprise, à l’image d’Attijariwafa Bank, dont le titre s’est apprécié de 50% à 407 dirhams. Plus impressionnant encore, la BCP, qui pulvérise la moyenne du secteur avec une envolée de 72%. A l’inverse, le titre BMCE Bank s’est contracté de 1,51% à 261 dirhams. Volumétrie en forte augmentation Pour sa part, Maroc Télécom, première capitalisation du marché, cotée à Casablanca et à Paris, a bouclé l’année avec une hausse de 10%. Le secteur bancaire pèse pour près de 30% de la capitalisation boursière de la place, suivi des télécoms (22,7%). C’est toutefois l’indice du secteur minier qui a réalisé la meilleure performance de l’année, soit 122%. Cette tendance reflète plutôt une année 2009 désastreuse où, suite à des pertes liées aux contrats de couverture, beaucoup de minières ont accusé des bilans dépréciés. Le meilleur indicateur de reprise reste sans doute la volumétrie, en forte augmentation par rapport à 2009. En 2010, la place casablancaise a traité 238 milliards de dirhams de transactions, grâce en partie à des opérations exceptionnelles comme le retrait de l’ensemble ONA-SNI de la cote. Le marché central a attiré une bonne moitié du chiffre d’affaires des transactions du compartiment actions (103 milliards) comparé au marché de blocs (59 milliards). Le compartiment obligataire a traité pour une valeur de 12,6 milliards sur le marché central et 6 milliards dans le marché de blocs. Les transactions exceptionnelles comme les introductions nouvelles ont été plutôt en retrait. Outre la Tunisienne Ennakl cotée le 13 juillet 2010, la place casablancaise a connu l’introduction en bourse (par cession d’actions) de la CNIA-Saada, du groupe Saham, le 22 novembre dernier. Au niveau des big caps, la hiérarchie n’a pas été bouleversée, Maroc Télécom restant avec 131,8 milliards de dirhams au 31 décembre 2010 la plus grande capitalisation boursière du marché, concentrant 22,8% de la capitalisation totale. Attijariwafa Bank suit avec 78,5 milliards (13% du marché). La hausse au rendez-vous en 2011 A noter que les bons résultats enregistrés en 2010 ont toujours été obtenus grâce à une bonne fin novembre et à un exceptionnel mois de décembre propice aux allers et retour et aux Windows dressing. La performance hebdomadaire de 3% enregistrée par le MASI et le MADEX au terme de la première séance de janvier laisse supposer que la croissance continue, même si la fièvre a baissé d’intensité. Le démarrage d’un nouveau cycle boursier en 2011 dépendra en grande partie de l’annonce d’opérations stratégiques, à commencer par les introductions en bourse. A.W. 10 Bourses - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 La Bourse de Tunis gagne 19,13% en 2010 Avec un gain de 19,13% en 2010, la Bourse de Tunis arrive au 4ème rang des places financières les plus performantes en Afrique. E n dépit de sa réputation de place financière exiguë et peu liquide dont elle peine à se défaire, la Bourse de Tunis vient de connaître sa huitième année consécutive d’euphorie. Le Tunindex, indice composite de la place, a progressé de 19,13% en 2010, pour atteindre son plus haut niveau historique, à 5112,52 points. Selon un bilan officiel, la progression de l’indice phare de la Bourse de Tunis a atteint 38,32%, à loi de Finances 2011, ont, toutefois, interrompu le rallye haussier du marché. En dépit de ce coup de tabac consécutif à un « panic selling », la Bourse de Tunis a occupé le 4ème rang des places financières africaines les plus performantes en 2010, après celles de Nairobi (+36,5%), d’Accra (+35,9%,) et de Casablanca (+22,1%), selon un classement réalisé par Thaddeus Investment Advisors & Research Ltd, un cabinet nigérian de conseil fi- « L’introduction imminente de deux principaux acteurs du secteur télécommunications, qui sont des sociétés ayant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de dinars, devrait donner une autre dimension au marché tunisien. » 5681,39 points, durant les neuf premiers mois de l’année, grâce notamment à l’abondance du papier frais et à une forte demande locale. Des révélations relayées début octobre par la presse sur l’imposition des plus-values provenant de la cession des valeurs mobilières, prévue par la nancier spécialisé dans les marchés frontières. Pour sa part, la capitalisation du marché tunisien est passée de 12,22 milliards de dinars (1 dinar = 0,52 euro) à la fin 2009 à 15,22 milliards durant la dernière séance du mois de décembre 2010. Pour expliquer la croissance du marché tunisien durant l’exercice écoulé, les professionnels mettent en avant l’arrivée sur la cote de cinq nouvelles sociétés. « En 2010, la machine a été relancée grâce à d’importantes introductions, dont celles de la cimenterie Carthage Cement et du concessionnaire automobile Ennakl », précise le bureau d’études Tustex dans sa rétrospective de l’année boursière. Bon comportement des valeurs financières Les experts estiment également que le bon comportement des valeurs financières, qui représentent plus de 60% de la capitalisation du marché, a été également l’un des catalyseurs de la spirale haussière caractérisant la place de Tunis. Le secteur du leasing a, en effet, enregistré une hausse de 60,4%, suivi par les assurances (+42,3%) et les banques (+20%). Les secteurs des industries chimiques (+16,9%), de l’agroalimentaire (+14,4%) et de l’immobilier (+15,3%) ont, de leur côté, réalisé des performances « honorables », alors que l’industrie pharmaceutique a fait figure de lanterne rouge, avec un repli de 20,3%. En termes de variation des cours des sociétés cotées, l’année 2010 a été marquée par 43 hausses et 13 baisses. La société spécialisée en ingénierie et travaux d’infrastructures pour les télécoms Servicom a signé la plus forte hausse de l’année en voyant son cours bondir de +136,5%. La compagnie de réassurance Tunis-Ré a occupé la deuxième marche du podium avec un gain de +116,2%, devant la Société tunisienne des industries pneumatiques (+107,1%). Liées essentiellement à la dégradation de la conjoncture économique, les baisses ont notamment concerné les laboratoires pharmaceutiques Adwya (-22,6%), Tunisair (-18,9%) et la Société tunisienne de verreries (-18,6%). Les professionnels estiment que 2011 s’annonce sous les meilleurs auspices. Arrivée imminente des valeurs télécoms S’agissant des perspectives de la place de Tunis, les professionnels estiment que 2011 s’annonce sous les meilleurs auspices. D’autant plus que pas moins de cinq opérations d’introduction d’envergure sont prévues. Outre la société d’ingénierie et de conseil dans l’innovation et les hautes technologies Telnet, la Compagnie tunisienne de navigation et la Société nationale de distribution du pétrole, l’arrivée sur la cote des opérateurs télécoms Tunisiana et Tunisie Télécom est très attendue par les investisseurs, les professionnels et l’ensemble de l’économie du pays. « L’introduction imminente de deux principaux acteurs du secteur télécommunications, qui sont des sociétés ayant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de dinars, devrait donner une autre dimension au marché tunisien », indique Axis Bourse dans une récente note de recherche sur les perspectives 2011 de la Bourse de Tunis. Selon les analystes de cette société de bourse majoritairement détenue par la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), ces « méga introductions » devraient aussi placer davantage la place dans le viseur des fonds d’investissements internationaux tournés vers les marchés émergents. Walid Kéfi, Tunis Les services de renseignements africains attendus sur le front économique Les scandales d’espionnage économique qui éclatent plus souvent dans les pays industrialisés depuis la guerre froide ne signifient pas que l’Afrique est à l’abri. Au contraire. Partout dans le monde, les services de renseignement sont désormais attendus sur le front de la guerre économique. Y compris en Afrique. Guy Gweth Conseil en intelligence économique, Knowdys D ’après les analystes, seuls l’Afrique du Sud, la Libye, Maurice, le Nigeria, le Rwanda et, dans une moindre mesure, l’Algérie sont dotés – au sein de leurs services de renseignement – d’unités spécialisées qui sont (ou s’apparentent à) des dispositifs d’intelligence économique acceptables. Ce dernier qualificatif renvoie, dans notre nomenclature, à un niveau égal ou supérieur à 5/10 au regard des défis économiques du pays concerné. Dans la quasitotalité des autres Etats africains, les services de renseignement restent encore largement absorbés par l’anticipation et la gestion des troubles à l’ordre public et à la surveillance de « l’ennemi intérieur ». De 2005 à 2010, par exemple, les services intérieurs et extérieurs des six pays de la zone CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) ont consacré 70 à 80% de leurs budgets aux opérations liées à l’ordre public, d’après notre estimation. Quelle protection pour les businessmen ? Contrairement aux apparences, plusieurs catégories d’hommes d’affaires et de donneurs d’ordres africains, ainsi que leurs proches, font régulièrement l’objet de surveillances, comme nous le verrons plus loin. Face à l’exacerbation de la concurrence internationale, certains expriment de plus en plus le besoin d’être accompagnés par les services de renseignement ou des cabinets d’intelligence économique nationaux, comme on peut le voir dans d’autres pays. Pour répondre à ce besoin, les Renseignements du Royaume-Uni ont par exemple conçu un manuel de protection destiné aux businessmen britanniques qui se rendent en Chine (Security Advice for Visitors in China) en 1990. On y apprend, entre autres, que « les visiteurs en Chine devraient savoir que tous leurs documents privés ou professionnels sont en péril s’ils restent dans les bureaux ou les chambres d’hôtel (même s’ils sont enfermés à double tour dans une valise) ». « Nous traquons vigoureusement la corruption » La Chine n’est évidemment pas un cas isolé. Loin s’en faut. En 1947 déjà, en pleine guerre froide, les Etats-Unis et le Royaume-Uni signèrent un accord secret de coopération des personnels et systèmes de renseignement électronique (UKUSA) qui devint célèbre sous le nom de code Echelon. Lorsqu’au début des années 50 l’Europe entreprit de critiquer ce gigantesque dispositif d’écoutes, James Woolsey, ancien directeur de la CIA, fit cette réponse : « Nous traquons vigoureusement la corruption. Et on peut dire que l’Europe est la capitale mondiale de la corruption. Les entreprises européennes ont l’habitude de décrocher des contrats par la corruption en Asie, en Amérique latine et au Proche-Orient, qu’ils ne pourraient pas obtenir en respectant les règles du jeu… » Les cibles africaines sont « profilées » Qu’ils soient décideurs, opérateurs économiques d’importance – comme nous l’annoncions plus haut –, responsables d’ONG, leaders syndicaux, journalistes de renom, ou représentants au sein des organisations internationales, un certain nombre de cibles africaines sont « profilées » (profiling) de la pointure de leurs chaussures à leurs hobbies et goûts alimentaires, en passant par l’adresse de leurs coiffeur, médecin ou banquier, ainsi que leurs orientations religieuse et sexuelle, etc. Dans trois cas sur quatre, ce travail complémentaire de collecte et d’analyse du renseignement, réalisé sur commande par des services étatiques ou des cabinets d’intelligence économique (à des fins de compétitivité), est décisif dans les affaires. Ses résultats sont visibles dans les signatures de contrats stratégiques, la recherche et le développement, le lancement de produits, la maîtrise d’un environnement hostile, la déstabilisation d’un concurrent, ou le succès d’une opération d’influence. Les mobiles cachés des marques d’attention Invités tous frais payés à des colloques internationaux, à des voyages d’affaires ou à des sessions de formation à l’étranger, un grand nombre d’acteurs économiques et de leaders d’opinion africains se méprennent quelque- fois sur les mobiles de ces marques d’attention. Au nom de « l’amitié entre les peuples », de « la réduction de la fracture numérique » ou des cadeaux d’affaires, d’aucuns reçoivent des ordinateurs, caméras, clés USB, etc. aux fonctionnalités un peu particulières... Sans pour autant leur insuffler la paranoïa liée à leur métier, il est urgent que les Renseignements africains aient un terrain de dialogue avec le monde des grandes entreprises pour les sensibiliser et les accompagner. Les services de renseignement, rappelons-le, ont principalement pour mission de protéger les intérêts de leur pays et leurs ressortissants partout dans le monde, d’empêcher les puissances étrangères de collecter les secrets de leur Etat, et de collecter les leurs. La protection du patrimoine économique et scientifique national entre parfaitement dans leur champ de compétence. L’aide des services spéciaux n’est pas de trop Que ce soient pour les besoins de protection des acteurs économiques, de défense des secteurs névralgiques ou de promotion des économies africaines, les services de renseignement sont plus que jamais attendus sur le front économique. C’est ce qu’a bien compris Vladimir Poutine, Premier ministre de Russie, lorsque le 18 décembre 2010 il a solennellement convié les Renseignements extérieurs russes à contribuer activement au développement de leur pays. « Alors que nous avons des objectifs de modernisation économique, l’aide des services spéciaux n’est pas de trop », a conclu l’ancien officier opérationnel du KGB. http://africadiligence.com * www.knowdys.com Bourses Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - Les contrats à terme sur les matières premières sont-ils un risque pour l’Afrique ? De nombreux pays disposeront bientôt de places financières développées. Après l’Afrique du Sud, c’est le Maroc qui a lancé le projet le plus ambitieux. Casablanca proposera bientôt des contrats à terme à ses clients. Risque ou opportunité ? core le Malawi réfléchissent actuellement à l’idée de créer des plateformes de trading, première pierre posée pour l’édification de réelles places boursières. A Il est paradoxal de voir ces produits se développer alors qu’ils concentrent depuis trois ans les accusations d’avoir été à l’origine de la crise, de la crise alimentaire de 2008 notamment. Les opposants aux produits dérivés craignent en particulier que ces produits ne renforcent la spéculation sur les matières premières au lieu de permettre de s’en protéger. Sur ce sujet, Yves Simon nous rappelle que la volatilité est davantage corrélée au degré d’ouverture et de libéralisation des marchés qu’au développement des marchés dérivés. « Si les produits dérivés offrent de meilleures opportunités de spéculation à court terme, les marchés non boursiers des matières premières, comme le fer ou la bauxite, connaissent les mêmes phénomènes de volatilité. » Si les marchés dérivés ne sont donc pas une source de déstabilisation en soit, M. Simon souligne qu’ils doivent pourtant être strictement encadrés. Plusieurs points sont soulignés. Au préalable, les opérateurs de marché doivent posséder la maîtrise technique de ces instruments. Les bourses doivent également posséder des Chambres de compensation efficaces. Enfin, les opérateurs doivent pouvoir obtenir des garanties financières suffisantes, fournies par une gestion adaptée des « initial margin » (dépôt de garantie) et des « variation margin » (appel de marge). Pour l’instant, la plupart des pays africains sont encore handicapés par leur manque d’infrastructures, comme les structures de stockage, et par la faible liquidité de leur production. Dans l’hypothèse d’un développement des économies africaines, la réussite de l’introduction des dérivés en Afrique dépendra des capacités des pays africains à accompagner cette introduction par une politique agricole pertinente dans les domaines de la production, du stockage et de la commercialisation. Comme le rappelle Yves Simon, il faut d’abord faciliter la commercialisation des productions en facilitant la rencontre de l’offre et de la demande. La création des marchés à terme arrive « en bout de ligne, lorsque le besoin s’en fait sentir ». à l’image des futures et des options. Les acteurs et les opérateurs peuvent aussi intervenir sur les marchés de gré à gré (OTC), où les échanges sont peu, voire pas du tout contrôlés. Si ces produits se différencient entre eux sur des questions de standardisation ou de transparence, tous ont en commun de permettre un règlement différé de la livraison physique. Ce mécanisme permet aux producteurs ou aux négociants d’avoir une meilleure visibilité sur leur activité. Les délais peuvent aller jusqu’à plusieurs années (par exemple les SWAP). Ces produits ne sont pourtant pas accessibles à tout le monde. La technicité qu’ils requièrent, la maîtrise du risque ainsi que l’assurance financière qu’ils exiPour Yves Simon, « les gent les réservent à de grands producteurs africains organismes publics chargés de commercialisation, ou à des doivent d’abord être incités lagrands groupes privés agroalimentaires. Pour Yves Simon, à se rapprocher entre il peut même s’avérer « daneux. Il faut qu’ils soient gereux » de s’aventurer sur ces produits pour les petits producassez forts pour pouvoir teurs. Pour ce professeur dont les imposer leur prix, un prix produits dérivés sur les matières sont un objet d’étude adapté au niveau des cours premières depuis 30 ans, « les producteurs africains doivent d’abord être mondiaux ». incités à se rapprocher entre eux. Il faut qu’ils soient assez forts Les émeutes de la faim ont joué notam- pour pouvoir imposer leur prix, un prix ment un rôle d’électrochoc, déclenchant adapté au niveau des cours mondiaux ». A une réflexion sur les meilleurs moyens terme pourtant, il est très probable que de contrer la volatilité des prix. De ma- les bourses africaines se doteront des innière générale, avec une population afri- frastructures boursières suffisantes pour caine en majorité rurale, le besoin de se pouvoir développer les produits dérivés. « couvrir » contre la fluctuation des prix De nombreux pays disposeront bientôt agricoles est devenu un enjeu majeur de places financières développées. Après pour bon nombre de gouvernements l’Afrique du Sud, c’est le Maroc qui a lancé le projet le plus ambitieux. Casablanca africains. proposera bientôt des contrats à terme à ses clients. Une Chambre de compenUn élément de protection Dans cette réflexion, le professeur Yves sation devrait également être créée pour Simon, de l’Université Paris Dauphine, encadrer ces opérations. Une échelle en confirme que les produits dérivés sont dessous, plusieurs petits pays africains un élément utile de protection contre commencent à leur tour à monter des la volatilité des cours. Deux types de plateformes de trading, afin de fluidifier produits existent. Les produits que l’on la commercialisation de leur production. trouve d’abord sur les marchés boursiers, L’Ile Maurice, le Kenya, l’Éthiopie ou enlors que les grandes places boursières internationales voient naître depuis quelques années des produits dérivés sur toutes sortes de produits agricoles, l’Afrique commence à peine à mettre en place des infrastructures financières pour les accueillir. Les marchés à terme, les marchés de gré à gré ou encore les SWAP demeurent des termes encore rares sur le continent. Seule la Johannesburg Stock Exchange peut proposer aux investisseurs tout un éventail de produits dérivés. Le développement des infrastructures financières s’est cependant accéléré depuis deux ans. Risques de spéculation Editeur Edition Financière du Sud (Paris), filiale à 100% de Les Afriques Edition et Communication SA. Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Directeur de la Rédaction Adama Wade Siège Social Groupe Les Afriques Edition & Communication S.A Société anonyme au capital de 2 200 000 CHF 11, Rue de la Rôtisserie, 1204 Genève- Suisse Tél : +41.22.816.38.50, Fax : +41.22.816.38.59 Assistante Administrative Groupe : Mlle Sabrina Simi - [email protected] Filiale Maroc Les Afriques Communication & Edition SARL (Maghreb), 219 bis, Bd Zerktouni - Casablanca Tél : 05.22.23.34.77 - Fax : 05.22.23.35.01 Président administrateur délégué Abderrazzak Sitaïl Rédacteur en chef, Chérif El Walid Seye, Dakar. Grand Reporter, Ismaïla Aidara, Paris, Dakar. Conseiller de la rédaction, intelligence économique, Guy Gweth, Paris. Conseiller de la rédaction, environnement, Thierry Téné, Lille. Banques et Assurances: Walid Kefi, Tunis (chef de rubrique), Hance Gueye, Dakar. Bourses et marchés: François Bambou, Yaoundé. Matières premières et négoce: Bénédicte Chatel, Paris, Anne Guillaume-Gentil, Paris, Veronique Narame, Ouagadougou. Industrie & Services: Louis Amédée, Abidjan (chef de rubrique), Olivier Tovor, Lomé, Willy Kamdem, Yaoundé, Achille Pibasso, Douala. Florent Detroy 11 KPLC (Kenya) et Standard Bank dans un projet d’échange de carbone Le Mécanisme de développement propre (MDP) se vulgarise un peu plus au Kenya. Le cabinet Kenya Power and Lighting Company (KPLC) vient en effet de signer un accord d’échange de carbone avec la Standard Bank qui définit la voie à la production d’énergie propre au Kenya. Selon nos sources, c’est l’aboutissement d’un processus qui a commencé après plusieurs tentatives de partenariats initiées par KPLC afin de promouvoir le développement du MDP. Joseph Njoroge, directeur général de KPLC, a souligné lors de la cérémonie de signature que l’accord ouvre une nouvelle source de revenus à la société. Il a ajouté : « Nous estimons que ce projet nous permettra d’éviter l’émission d’environ 90 000 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère par an, ce qui atténue les changements climatiques… » Campagne de nettoyage de l’île de Mussulo (Angola) après les fêtes Coordonnée par Fátima Jardim, ministre de l’Environnement, et organisée par le Réseau Maiombe, une campagne de nettoyage et de sensibilisation a été menée, dimanche 2 janvier, sur l’île de Mussulo. A la lumière du programme des « Ecologic de Noël », la campagne a consisté en la collecte de déchets solides dispersés sur cette île habitée par environ 10 000 citoyens. Rafael Neto, secrétaire général du Réseau Maiombe, a justifié cette action par la grande quantité de déchets produits sur cette île après les fêtes de fin d’année. Les exportations marocaines en hausse de 26% à fin novembre Les dernières statistiques de l’Office des changes révèlent que les exportations marocaines de marchandises (FOB) se sont élevées à plus de 132,11 milliards de dirhams à fin novembre 2010, contre 104,26 MMDH une année auparavant. Cela représente une hausse de 26,7%. Ces bons résultats émanent surtout de la bonne tenue des exportations de phosphates et dérivés (+88,1%, soit 99,98 MMDH contre 87,19 MMDH). Aussi, les indicateurs mensuels des échanges extérieurs de l’OC font ressortir qu’excepté le repli de 5,6% des exportations de produits alimentaires, les autres groupements d’utilisation ont progressé, particulièrement les demi-produits (+60,1%), les produits bruts (+85,6%) et les produits finis d’équipement (+28,4%). Néanmoins, la balance commerciale (biens) s’est aggravée, se soldant par un déficit estimé à 138,21 MMDH, contre 135,09 MMDH en glissement annuel. En effet, les importations de marchandises, exprimées CAF, se sont appréciées de 12,9%, atteignant, au terme de novembre dernier, 270,32 MMDH contre 239,36 MMDH à fin novembre 2009. Edition Maroc Daouda Mbaye, Casablanca. Mohamed Baba Fall, Casablanca. Khalid Berrada, Casablanca Edition Internet - en français Adama Wade, Casablanca. Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Edition Internet - en anglais François Conradie, Cape Town. Dave Barraud, Londres. François Bambou, Yaoundé Chroniqueurs Economie : François Konan, New York. Matières premières & coton : Philippe Bourgeois, Paris. Courrier de l’Asie : Mahacine Mokdad, Ceylan Opérateur Séquence Media SA Tél : +41 22 301 96 15 – www.sequencemedia.com Abonnement et distribution Sarah Modnak, Casablanca : [email protected] Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Ecoprint, Casablanca (Maroc). Diffusion Presstalis, Sapress, RoyalAir Maroc, SN Brussel. Direction marketing et commerciale Ibrahima Thiam, Casablanca ([email protected]) Responsable e-marketing : Khalid Essajidi, Casablanca Dépôt légal : janvier 2011 © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur Edition internationale : Commission paritaire 1012 C 89135 Edition Maroc : Bulletin Officiel : Décret n° 2-08-121 du 9 rabii 1429 (7 mars 2008) portant autorisation de l’édition du journal, « Les Afriques » au Maroc, paru dans le B.O.N° 5618-26 rabii 1429 (3-4-2008) 12 Entreprises et marches - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Total accélère son développement en Afrique La production du groupe français en Afrique devrait passer d’ici 2015 de 750 000 à 1 million de barils de pétrole par jour. Q ui a dit qu’il n’y avait bientôt plus de pétrole ? L’Afrique est sur le point de devenir un nouvel eldorado pour les compagnies pétrolières. Première d’entre elles, Total. Jacques Marraud des Grottes, directeur Afrique du géant pétrolier, a annoncé cette année que le groupe compterait de plus en plus sur l’Afrique pour accroître sa production de pétrole. La production du groupe devrait passer de 750 000 barils de pétrole produits par jour en Afrique, soit un tiers de sa production, à 1 million de barils d’ici 2015. Installé historiquement en Afrique de l’Ouest, le groupe a ainsi multiplié ces dernières années ses projets sur tout le contient. Le vrai tournant stratégique a été sa décision d’étendre de 20% son domaine minier sur le continent en explorant en priorité les pays peu ou mal connus. Le pétrolier s’est bien installé dans le golfe de Guinée. Déjà présent au Nigeria, Total a fait une entrée remarquée en Angola, et guette impatiemment la mise aux enchères des blocs prometteurs de Kwanza en 2011. Surtout, le vrai tournant stratégique a été sa décision d’étendre de 20% son domaine minier sur le continent en explorant en priorité les pays peu ou mal connus. Cette décision constitue une petite révolution pour le groupe, longtemps critiqué pour sa trop grande prudence. Après la Côte d’Ivoire et Sao Tomé, le groupe pourrait investir prochainement en Mauritanie. Ces évolutions sont sous-tendues par l’amélioration des techniques de forage en offshore profond, ainsi que par la hausse tendancielle du baril remarquée ces dernières années. Total étend son réseau de distribution Si l’Afrique est dépendante des technologies de Total, Total l’est tout autant de l’Afrique pour sa croissance. Total y a trouvé de belles marges de progression pour ses activités de distribution, quand ces mêmes activités déclinaient en Europe. Cette dépendance risque de s’accentuer dans les années à venir, car le groupe français s’est peu diversifié en direction de l’Asie, comme l’on fait Shell ou BP. C’est pourquoi Total s’accroche à ses 12% de parts de marché en Afrique. Le groupe a d’ailleurs révélé en début d’année qu’il entendait atteindre 15% dans les cinq ans. Total a notamment décidé d’investir prioritairement dans les régions à forte croissance. C’est le sens donné au rachat du réseau de distribution de Chevron au Kenya, après celui d’Ouganda. De manière globale, le groupe a l’intention de capitaliser sur sa présence historique sur le continent et sur sa maîtrise des infrastructures, notamment des capacités de stockage dans les ports. Total mise également sur son organisation interne par région, plutôt que par type d’activité, qui lui permet d’être davantage au contact du terrain. Il faut noter que le dynamisme de Total en Afrique détonne dans le milieu des pétroliers, qui a plutôt eu tendance à se désengager du continent ces dernières années. Shell a récemment vendu ses activités de distribution dans 21 pays. BP a également cédé ses stations en Namibie et au Zimbabwe. Total s’octroie 99% sur le sous-sol malgache Total mène actuellement un projet très controversé à Madagascar. L’exploitation des réserves d’hydrocarbures, sous forme de sables bitumineux, a commencé il y a deux ans sur l’île. Total a dépensé 100 millions de dollars pour acquérir 60% des parts du gisement de Bemolanga. Les termes du contrat d’exploitation ont été révélés par le Guardian en novembre dernier. Le groupe français, avec son partenaire Madagascar Oil, bénéficie de condi- Florent Detroy La Société générale de banques Sénégal injecte 10,2 milliards Fcfa dans Senstock Avec un investissement de 35 milliards Fcfa, l’entreprise Senstock, filiale de Diprom (Distribution des produits métalliques), vient de bénéficier d’une ligne de refinancement à hauteur de 10,2 milliards Fcfa de la SGBS pour la sécurisation du marché du gaz butane. Le closing du financement a été arrangé par la banque d’affaires Blackpearl (ex-Bmce Capital) et le groupe marocain BMCE Capital. L a société Senstock, qui fait figure de premier distributeur de gaz sur le marché sénégalais, respire. Après plusieurs rounds de négociations avec des partenaires, la Société générale de banques Sénégal, seule banque commerciale qui a marqué son intérêt dans cette opération de renflouement, a décidé de venir à la rescousse de Senstock en injectant 10,2 milliards Fcfa dans l’optique de faire face aux récurrentes pénuries de gaz. Bouffée d’oxygène Plombée par un endettement estimé à plus de 6,5 milliards Fcfa contracté auprès de la Société africaine de raffinage, ce crédit permet à la filiale Diprom d’apurer sa lourde dette vis-à-vis de ses créanciers et de relancer son plan d’activités à court et moyen termes. Une bouffée d’oxygène pour ce premier distributeur de gaz qui est en voie de finalisation d’un nouveau montage de financement, conformément à son ambitieux programme d’investissements. Selon le ministre sénégalais de l’Energie, Karim Wade, ce refinancement va aug- « Nous portons grâce à ce fonds la capacité de stockage à 167 000 m3 d’hydrocarbures, avec un dépôt de sécurité étalé sur un mois et cinq jours contre huit jours », a précisé Karim Wade. menter la capacité de stockage de l’entreprise Senstock, en dessous aujourd’hui de la demande exponentielle du marché. « Nous portons grâce à ce fonds la capacité de stockage à 167 000 m3 d’hydrocarbures, avec un dépôt de sécurité étalé sur un mois et cinq jours contre huit jours », a précisé Karim Wade. Sécuriser le marché Selon nos informations, Senstock, qui a pris de la voilure via cette ligne de crédit d’une banque offshore, devra à court terme intégrer à son tour de table de tions d’exploitation inédites dans le secteur, puisque les termes de l’accord accordent aux opérateurs étrangers 99% des recettes tirées de la vente du pétrole pendant dix ans. L’État se contente donc de ... 1%. On est loin des 60-65% avancés par le Ministère des mines en 2008. Lorsque l’on sait que l’exploitation des sables bitumineux est l’une des industries les plus polluantes au monde, on peut craindre pour l’environnement déjà très fragile de l’île malgache. nouveaux et crédibles actionnaires susceptibles de drainer des investissements et de sécuriser le marché du gaz butane au Sénégal. La société était contrainte depuis plusieurs années de faire recours à des rotations pour le débarquement des tankers au port de Dakar et au niveau des cuves de la SAR pour approvisionner le marché en gaz butane. D’autre part, la Société africaine de raffinage, qui vient de signer un accord d’octroi de financement de quelque 6,5 milliards Fcfa avec la Banque isla- Ce crédit permet à la filiale Diprom d’apurer sa lourde dette vis-à-vis de ses créanciers et de relancer son plan d’activités à court et moyen termes. mique du Sénégal et qui peine à se remettre en selle malgré les financements conséquents mis à sa disposition (Saudi Bin Laden, UBA, BIS), aura désormais sous son pavillon le dossier des importations de toute la gamme des hydrocarbures, en lieu et place de l’Etat, qui avait jusque là la main mise sur la filière des pétroliers et dérivés. Ismael Aidara Une compagnie turque découvre du pétrole en Libye La Compagnie nationale du pétrole libyen (NOC) a déclaré, lundi 2 janvier, dans un communiqué, que la Turkish Petroleum Company Overseas (TPOC), détenue par TPAO, la société pétrolière et de gaz de la Turquie, a fait une découverte de pétrole sur la zone 147 d’une concession qui lui a été décernée en 2005. Les tests ont montré un débit de 685 barils par jour (bpj). TPOC détient une participation de 9,7% dans la concession, tandis que la NOC détient les 90,3% restant. A noter que plus de 50 compagnies pétrolières internationales opèrent en Libye en collaboration avec les filiales de la National Oil Corporation libyenne (NOC). Ce pays a les plus importantes réserves prouvées de pétrole en Afrique, avec 42 milliards de barils de pétrole et plus de 1,3 milliard de mètres cubes de gaz, et une capacité de production actuelle de 2 m b/j. Raffermissement de la coopération sinoougandaise dans le secteur pétrolier SE Sun Heping, ambassadeur de Chine en Ouganda, a déclaré vendredi 31 décembre à Kampala que la Chine continuera d’aider l’Ouganda dans le développement des infrastructures et de l’industrie du pétrole. Il a notamment précisé que le gouvernement chinois attache une grande importance au développement des infrastructures en Afrique, en Ouganda en particulier, et qu’il en a fait l’un des domaines clés de coopération dans le cadre du Forum de coopération Chine-Afrique. Ainsi, la coopération repose sur des échanges qui aboutissent à la mise en œuvre de plusieurs projets portant sur l’infrastructure, l’éducation ou la santé, et financés par des subventions et des prêts préférentiels. 14 Agriculture - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Louis Yinda, PDG de la Sosucam, Cameroun « De juin à décembre 2010, les cours mondiaux du sucre ont augmenté de 110% » A l’occasion de la 17ème journée de l’AFCAS (Association française de la canne à sucre) à Paris, Louis Yinda, PDG de la Sosucam au Cameroun, dont Somdiaa (groupe Vilgrain) est actionnaire à 77%, explique l’incidence de la flambée des cours mondiaux sur son groupe. L es Afriques : Le sucre flambe sur le marché international. Quelle incidence cela a-t-il sur la Sosucam ? Louis Yinda : Depuis quasiment deux ans, nous assistons à une explosion des cours mondiaux du sucre : de juin 2010 à maintenant (au 13 décembre 2010, NDLR), ils ont augmenté de 110%. C’est énorme ! Sur la Sosucam, cela a une conséquence directe : tous ceux qui ne nous achetaient pas de sucre reviennent vers nous. clients se sont multipliés par deux ou par trois. Et nous n’avons pas assez de sucre pour satisfaire cette demande. LA : Vous pourriez vendre quel volume ? LY : Comme nos prix sont particulièrement bas par rapport au cours mondial, une partie de ce sucre ne reste pas à l’intérieur du pays. Ceux qui nous achètent du sucre à 26 000 FCFA le sac le revendent par exemple au Nigeria à 44 000 FCFA. Le sucre ne reste pas chez nous : il est vendu dans les pays limitrophes ! Ceci a créé au Cameroun ce que j’appelle une LA : C’est-à-dire ? LY : Certains opérateurs, qui ont des pénurie artificielle, puisqu’en fait si notre autorisations pour importer du sucre, sucre vendu restait à l’intérieur du pays il qui ne sont pas nos clients habituels, n’y aurait pas cette pénurie. Mais on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque acheteur. Car ce n’est « Je suis un industriel, je pas nous qui exportons ! produis et je vends. Et si je vous vends et que la nuit vous emmenez votre sucre en Centrafrique, je n’y peux rien ! » viennent nous en acheter. Car lorsque les cours internationaux sont très élevés, cela coûte cher, il faut faire la queue au Brésil pour avoir une cargaison, etc. Résultat : tout le monde se tourne vers la Sosucam car nos prix sont encadrés. LA : Quel est le prix de votre sucre ? LY : Aujourd’hui, nous vendons notre sucre sortie usine – car nous ne vendons qu’aux grossistes – à 410-420 FCFA le kilo. Or, actuellement le cours mondial est à environ 730 euros la tonne. Et si vous rajouter la prime de raffinage – qui a baissé dernièrement – vous pouvez arrondir à 800 euros. C’est beaucoup ! A cela s’ajoutent le transport, la manutention, l’emmagasinage, etc. LA : Quel est votre volume de production ? LY : Environ 120 000 t de sucre par an, toutes qualités confondues, qu’il soit raffiné ou blanc. Actuellement on vous achète les deux. Or, aujourd’hui, vu que les cours ont littéralement explosé, nos Source : Sucre & Denrées LA : Il faudrait donc un prix pour le marché local et un pour l’international ? LY : Mais vous ne saurez jamais ce qui reste et ce qui part. Le gouvernement ne veut pas qu’on suive l’augmentation du cours du sucre, car il veut contrôler l’inflation. Mais du coup, on ne profite pas des cours élevés et on ne peut pas investir nousmêmes. LA : Par un contrôle efficace des frontières ? LY : Mais ceci ne relève pas de nous ! Je suis un industriel, je produis et je vends. Et si je vous vends et que la nuit vous emmenez votre sucre en Centrafrique, je n’y peux rien ! Moi, j’ai 120 000 t que je peux vendre à un grossiste. C’est ensuite au gouvernement de faire en sorte qu’il n’aille pas ailleurs. C’est tout ! J’ai des clients traditionnels, comme les Brasserie du Cameroun, où là il n’y pas de problème : je sais que le sucre est utilisé au Cameroun pour la fabrication de boissons gazeuses. Mais j’ai aussi des grossistes privés qui m’achètent du sucre, et là, je ne sais pas où ils le revendent. C’est au gouvernement de faire en sorte que le sucre n’aille pas ailleurs. LA : Donc, pour vous, la seule façon de bénéficier de ces cours internatio- « Nous avons obtenu du gouvernement de porter nos plantations, qui sont de 20 000 ha actuellement, à 27 000, voire 30 000 ha. » naux élevés serait d’augmenter votre production ? LY : Nous sommes obligés de maintenir notre production locale avec les moyens du bord. L’année dernière, nous avons eu une sécheresse épouvantable qui a brûlé un tiers des plantations et on n’a pas eu de quoi faire face. Ce qui fait que nous sommes obligés de gérer au plus serré, limiter les charges pour pouvoir dégager des résultats bénéficiaires malgré cette situation difficile. L’idéal serait que lorsque les cours montent sur le marché international, nous puissions augmenter aussi, et que lorsqu’ils baissent nous puissions baisser aussi. LA : Si vous aviez des capitaux, quelles seraient vos priorités ? LY : Nous voulons augmenter la production et la porter à 150 000-200 000 t. Pour ce faire, nous avons obtenu du gouvernement de porter nos plantations, qui sont de 20 000 ha actuellement, à 27 000, voire 30 000 ha. Mais pour ça, il faut des capitaux nouveaux pour passer progressivement, d’ici trois à quatre ans, à 150 000-160 000 t. Il est évident que si demain matin le gouvernement me dit d’augmenter mes prix, ne serait-ce que de 20 à 30%, ce serait une bouée qui nous permettrait d’être plus à l’aise dans les investissements nouveaux. Je suis obligé de gérer au plus serré, de visser les charges, de faire en sorte d’avoir une montée progressive de production, et surtout de convoquer mon conseil d’administration pour lui dire que je ne peux pas augmenter mes prix, mais qu’il accepte que je passe en charge l’augmentation progressive de la production. LA : Le cours du sucre risque de baisser avant que vous n’ayez pu bénéficier de quoi que ce soit… LY : C’est fort possible ! Je ne demande pas beaucoup, juste que l’Etat réagisse en m’autorisant à augmenter ne serait-ce que de 20 à 25%, ou même de 15 à 20% le prix du sucre. Bénédicte Châtel, Paris L’agriculture moderne a augmenté la production de lait rwandaise Dr Théogène Rutagwenda, directeur de l’Autorité de développement des ressources animales du Rwanda (RARDA), a révélé, lundi 3 janvier, que la disponibilité généralisée des vaches hybrides a considérablement augmenté la production de lait dans les districts de Nyagatare, Gatsibo et Kayonza. De son avis, après l’introduction de races modernes de bovins, la production de lait a été multipliée par trois dans ces trois districts. Enfin, il a soutenu que les agriculteurs ont adopté l’idée de l’agriculture moderne holistique, et n’hésitent pas à vendre, par exemple, 40 races traditionnelles pour acheter dix vaches exotiques. Une bonne campagne agricole attendue dans la région de Fès-Boulemane La direction régionale de l’agriculture a estimé, mardi 4 janvier, que les pluies d’automne enregistrées à l’échelon de la région Fès-Boulemane augurent d’une bonne campagne agricole 2010-2011. Pour la mise en place des différentes spéculations, ces précipitations ont été bénéfiques. Des cultures d’automne (céréales, légumineuses alimentaires, fourrages, maraichage) à semer aux céréales, ces pluies sont salutaires. Selon le document de la direction régionale, le volume pluviométrique moyen enregistré jusqu’au 30 décembre de l’année écoulée dans les stations météorologiques installées au niveau de la région varie de 62 mm dans la zone de Missour Outat El Haj à 255 mm à Séfrou, soit une augmentation de 13% au niveau de Fès et Séfrou, et un déficit de 17% au niveau de la province de Boulemane, en comparaison avec la précédente campagne agricole. Les importations nigérianes de tomates concentrées et traitées dépassent 77 millions $ par an En dépit d’une production de tomates qui représente environ 1,3% de la production mondiale, le Nigeria en perd près de la moitié suite au manque de conservation. Parallèlement, le pays importe de la tomate concentrée à hauteur de 65 809 tonnes, évaluées à 77,167 millions $ par an. Pour le professeur Mohammed Abubakar, ministre des Sciences et Technologies, cela constitue une énorme fuite des rares réserves de change du pays. S’exprimant au cours d’une conférence de presse à Abuja, lundi 3 janvier, il a souligné que c’est pour pallier une telle situation que l’Institut fédéral de recherche industrielle Oshodi (FIRO) développe des technologies appropriées de traitement pour la conservation de la tomate : purée, pâtes, ketchup, conserves de tomates entières ou en poudre. Il a aussi assuré que pour améliorer le contenu nutritionnel des plantes locales, FIRO a produit des aliments pour petit-déjeuner enrichis à partir de ces plantes, qui ont été diffusés dans les écoles de l’Etat de Lagos depuis l’année dernière. L’Egypte entame l’importation de viande kenyane Ahmed Nazif, Premier ministre égyptien, a annoncé mercredi 29 décembre lors d’entretiens avec le vice-président kenyan que les inspecteurs de son pays visiteront, au cours du mois de janvier, les abattoirs du Kenya pour préparer leur certification à l’importation. Ce sont là les premiers résultats des discussions, jugées fructueuses, menées par une délégation du Kenya dirigée par le vice-président Kalonzo Musyoka. L’Egypte va donc bientôt commencer à importer de la viande en provenance du Kenya et accroître ses importations de thé. Le Premier ministre, qui doit se rendre au Kenya en ce début d’année, a promis de mobiliser les entreprises égyptiennes afin d’investir plus dans le pays, et d’accroître les échanges dans les transports, l’agriculture, l’ingénierie de l’eau et l’approvisionnement en énergie. Entreprises et marches Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - De Beers : poursuite de la success story du diamant au Botswana La compagnie De Beers, dont le siège est basé à Londres, poursuit par l’entremise de Debswana, la société minière qui opère au Botswana, son aventure minière. De Beers a donc lancé le 10 décembre son projet Cut 8 à la mine de Jwaneng, considérée comme la plus riche mine de diamant au monde. L e projet de la relance Le projet Cut 8 est en réalité une extension des activités de la mine de Jwaneng jusqu’en 2025. 102 millions de carats de diamant seront exploités, à condition d’investir 15 milliards de dollars sur cette même période. Il s’agit donc du projet minier le plus gigantesque de l’histoire du Botswana, leader mondial dans l’exploitation du diamant. Au cours des quinze prochaines années, la compagnie minière Debswana, détenue majo- « Cela montrera au monde le potentiel économique du pays et sa capacité à entreprendre de tels projets, même pendant une période de récession économique. » ritairement par De Beers, débourserait quelque trois milliards de dollars pour les études de faisabilité, le design et le déroulement du projet, jusqu’à l’achat des équipements. Ce projet est déjà très avancé, car 20% des constructions prévues sont déjà réalisées, et d’ici fin 2011 tout devrait être achevé, avant le lancement effectif de la production. Le projet créera de nombreux emplois. La mine emploie déjà 2500 personnes, dont 86% sont citoyens botswanais. 51% des contrats attribués le sont aux sociétés du pays. Cette société minière, la Debswana, par ces projets miniers, fait énormément pour le développement économique du pays, d’autant que les affaires locales prospèrent énormément autour des sites miniers, stimulant davantage l’économie nationale. La plus grande mine de diamant au monde Cut 8 fera du Botswana l’un des plus grands sites miniers à ciel ouvert au monde, démontrant ainsi le leadership botswanais dans ce domaine, en Afrique et même audelà du continent. C’est pourquoi le président botswanais Seretse Khama, qui participait au lancement officiel des travaux de cette mine aux côtés de Nick Oppenheimer, président du groupe De Beers, dira que le lancement officiel de cette opération minière marque l’histoire du pays, et particulièrement de son secteur privé : « Cela montrera au monde le potentiel économique du pays et sa capacité à entreprendre de tels projets, même pendant une période de récession économique. » Les diamants, il faut le dire, ont contribué a transformé le pays, qui était en 1966 un pays sous-développé, en un pays a revenu intermédiaire. Au cours des 41 dernières années, le Botswana a surtout fait dans ce domaine de la prospection, de l’exploitation et le triage du diamant, classé ensuite par valeur. Aujourd’hui, il faut, dira le président botswanais, « ajouter encore plus de valeur à notre diamant avant son exportation ». Le gouvernement botswanais vise maintenant à encourager la création d’entreprises spécialisées dans la coupe et la purification (nettoyage) du diamant brut avant sa commercialisation vers les grandes entreprises de bijouterie. Seize entreprises existent déjà dans ce secteur, mais d’autres devraient suivre sur ce segment porteur pour l’économie nationale. La success story se poursuit Ainsi, aux yeux de l’opinion internationale, le diamant botswanais continuera d’être une success story. La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a récemment déclaré que le Botswana « était un bon exemple d’un pays qui utilise ses richesses pour le développement et le bien-être de tous ses citoyens ». Nick Oppenheimer, le président du groupe De Beers, a également rappelé l’importance des investissements et des bénéfices tirés de cette industrie en faveur de toute la population. Il a souligné que son groupe était ravi d’être partie prenante d’un tel partenariat, cité en exemple très souvent à travers le monde. Un exemple à suivre dans les autres pays africains. Le Ghana semble avoir mis les gardefous nécessaires pour faire de l’exploitation de son pétrole un exemple « à la Botswanaise ». Souhaitons-lui tout le succès qu’il mérite au regard des grands progrès réalisés dans le domaine du développement au cours des dernières années. Dave Barraud Un cours du coton intéressant en position FOB ports d’Afrique de l’Ouest E n ce début d’année, le Comité consultatif international du coton fait le point sur les statistiques de l’offre, de la demande mondiale, et des projections sur les prix que ces changements impliquent pour l’année 2011. Ce document de projection et prospective intéresse toute la filière, qui tente de voir de quoi demain sera fait après une fantastique année 2010. La récolte de 2010/2011 est pratiquement vendue dans sa totalité, les prix de vente de ces six derniers mois ont atteint des sommets encore jamais vus, que ces prix s’expriment en $, en € ou en CFA. Des stocks de clôture relativement bas, une offre de coton limitée et une solide demande en Extrême-Orient ont fait passer l’indice A de Cotlook de 86 cts/lb le 2 août 2010 à 172 cts/lb au 31 décembre 2010, mettant ainsi le kilo de fibre à plus de 1600 FCFA/kilo en position FOB ports d’Afrique de l’Ouest. A l’évidence, la programmation des emblavures pour la prochaine campagne devrait être sensible à cette hausse sans précédant des prix en 2010, avec une production mondiale qui atteindrait plus de 27 millions de tonnes, soit une hausse de 15% par rapport à l’an passé. Il est donc probable que les prix quittent les cimes, sans pour autant rejoindre le fonds des vallées des années passées. Le marché à termes de New York confirme pour le moment cette direction baissière pour la prochaine campagne par un déport important de la valeur des contrats de mars 2011 par rapport à mars 2012. Les perspectives de correction des prix, après une année faste, sont toujours un casse-tête pour les sociétés cotonnières qui doivent fixer en juin les prix de la prochaine campagne en devant tenir les deux bouts de la corde : hausse de la production et réalisme dans la fixation du prix du coton graine. L’évolution de la consommation mondiale de coton est selon le CCIC impactée par la hausse des cours de 2010, aussi l’institution projette une augmentation modeste d’environ 350 000 t en 2010/2011. Reste à souhaiter que la zone CFA profitera de cette hausse des prix en aug- Les prix de vente de ces six derniers mois ont atteint des sommets encore jamais vus. mentant sa production qui ne représente à ce jour qu’environ 550 000 t pour un total du négoce mondial de 8,3 m/t. Il y a certainement des parts de marché à reprendre lorsque l’on se rappelle les niveaux du million de tonnes produites en Afrique centrale et de l’Ouest au début des années 2000. C’est possible, même si la lucidité oblige à dire que la crise politique en Côte d’Ivoire présente un sérieux danger logistique pour la sous-région. Mais je préfère conclure de façon plus positive en citant Bergson : « Le temps est l’invention continue de l’imprévisible nouveauté. » Philippe Bourgeois 15 Un milliardaire indien promet un énorme coup de pouce au tourisme tanzanien Après une brève rencontre, samedi 1er janvier, avec Ezéchiel Maige, ministre tanzanien des Ressources naturelles et du Tourisme, Mukesh Ambani, l’un des hommes les plus riches du monde, a décrit le Serengeti National Park comme un « don de Dieu » et a promis d’investir en Tanzanie dans le secteur du tourisme. Impressionné par les efforts entrepris par la Tanzanie pour préserver la nature, notamment la riche faune du Serengeti, il a déclaré, après une visite de trois jours dans le parc au cours de laquelle il a entrepris des safaris de nuit : « Le vaste et magnifique Serengeti est un don de Dieu, les citoyens du monde doivent le préserver. » Allant jusqu’à assimiler le parc à la 8ème merveille du monde, devenue sa destination favorite pour les fêtes de fin d’année depuis sa première visite dans les années 1990, le milliardaire indien a lancé un appel à sa protection pour le bénéfice des générations présentes et futures. Année de records pour le secteur ougandais des télécommunications Le secteur des télécommunications a connu des avancées remarquables en Ouganda. L’époque du quasi-monopole de Celtel, qui offrait un service élitiste seulement accessible aux riches, est révolue. L’année 2010 a été celle d’un afflux de nouveaux acteurs tels que MTN, Uganda Telecom, Warid Telecom, Telecom Orange, Smile, etc. Dans la ruée vers le gain de parts de marché, les clients se sont frottés les mains. Dans une guerre des prix qui a fait rage pour survivre et prospérer dans le marché local, ils ont profité de meilleurs rapports qualité/prix. Airtel compte améliorer son infrastructure en 2011 en Afrique Bharti Airtel a dévoilé, lundi 3 janvier, ses plans pour améliorer son infrastructure de télécommunications en Afrique en 2011. IBM a été sélectionné pour gérer la technologie de l’informatique et des services, devant assurer la modernisation du réseau mobile. Il sera aussi dévolu à cette société le déploiement et la gestion des technologies de l’information (TI) et des applications. A ce titre, IBM prévoit de déployer des technologies de pointe créées par IBM Research, y compris le Web parlé, une voix Internet activée qui permet aux utilisateurs d’accéder aux informations et de partager en parlant au téléphone, une technologie particulièrement convaincante pour les populations peu alphabétisées ou analphabètes, ayant une déficience visuelle, ou qui n’ont pas accès aux ordinateurs. Des contenus multimédias tels que musique et vidéo sur des appareils mobiles, tout en facilitant la croissance de la communauté des développeurs d’application en Afrique, sont envisagés. Aussi, des partenariats stratégiques avec Ericsson, Huawei et NSN visant à améliorer la qualité du réseau à travers le paysage africain et à élargir l’empreinte de la 2G et 3G sont en cours. Premiers appareils de Sénégal Airlines opérationnels en janvier Après la récente visite de reconnaissance, à Perpignan, de Karim Wade, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, sur le premier avion dont s’est doté la compagnie Sénégal Airlines pour constituer sa flotte, Me Abdoulaye Wade, président de la République, a annoncé vendredi 31 décembre à Dakar la réception, au début de ce mois de janvier, des premiers appareils de la nouvelle compagnie et le démarrage des activités dans les toutes prochaines semaines. Cette révélation, faite à l’occasion du traditionnel message de Nouvel An, est venue s’ajouter à celle de la livraison de l’aéroport international Blaise Diagne dans les délais convenus. Pour rappel, ce projet d’un coût global est estimé à 237 milliards FCFA débouchera sur une gestion de l’aéroport par Fraport (exploitant de l’aéroport de Franckfort sur-le-Main). 16 - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Entreprises et marches Flambée des cours du pétrole : et si on supprimait les subventions aux énergies fossiles ? Avec un baril qui a atteint 90 dollars le 5 janvier, les cours du pétrole sont repartis à la hausse avec une répercussion sur les prix à la pompe. Dans les pays développés comme dans ceux en développement, le tarif de l’énergie est une question politique très sensible. M ême si le consommateur ne le perçoit pas suffisamment, les Etats subventionnent largement les énergies fossiles. Au Cameroun par exemple, pour maintenir les prix inchangés, le gouvernement a décaissé près de 140 milliards FCFA (soit 215 384 615 euros). D’après l’Agence internationale de l’énergie, au niveau mondial les subventions aux énergies fossiles ont représenté 312 milliards de dollars en 2009. Le paradoxe est que le montant des aides est plus élevé dans les pays exportateurs de pétrole. Ceci s’explique par la volonté politique de maintenir les prix bas malgré l’évolution des cours du brut. Il est en effet difficile pour les citoyens des pays producteurs d’or noir d’acheter des énergies fossiles très chers, alors qu’elles sont produites sur leur propre territoire. Mais est-il vraiment juste que les prix à la pompe ne reflètent pas le prix réel du marché ? Une fausse bonne idée Presque tous les décideurs en sont convaincus : la subvention aux énergies fossiles est une aide indispensable à l’accessibilité énergétique des populations les plus démunies. Malheureusement la situation est plus complexe et crée parfois l’effet contraire à celui recherché. Prenons le cas du Tchad, qui dépense près de 100 000 euros par jour pour ses besoins énergétiques alors même qu’il est producteur de pétrole. Ceux qui profitent le plus des subventions sont logiquement ceux qui consomment le plus d’énergie. Il s’agit en général des citoyens qui ont un pouvoir d’achat et les re- venus les plus élevés : détenteur, de véhicules 4x4, maisons climatisées, consommateurs de matériels électriques et électromagnétiques. On notera que ces derniers se trouvent principalement dans les grandes villes comme N’Djamena. Pour les populations rurales qui consomment peu d’énergie, elles bénéficient qu’on soit en ville ou en campagne à cause des raisons évoquées. Les chiffres confirment ces observations. D’après le FMI, en Afrique, 65% des subventions énergétiques profitent aux 40% les plus aisés de la population. Mais les avantages procurés par les subventions varient aussi sensiblement d’un produit à l’autre. Les subventions à l’essence sont les plus régressives : plus de 80% de l’aide qu’elles apportent bénéficient aux 40% de la population les plus riches. Les inconvénients de la subvention En plus de l’inéquité pauvres/riches face aux aides, les subventions aux énergies fossiles présentent Ceux qui profitent le plus des de nombreux autres inconvénients. Le premier est la perte subventions sont logiquement de recettes fiscales pour les Etats, d’autant que les aides ceux qui consomment le plus sont alignées sur les cours d’énergie. Il s’agit en général du baril de brut. Comme le rappelle le Fonds monétaire des citoyens qui ont un pouvoir international dans sa revue d’achat et les revenus les plus Finances & Développement1 parue en juin dernier, au niélevés : détenteurs de véhicules veau mondial la hausse du cours du pétrole de 29 dollars 4x4, maisons climatisées, le baril en moyenne en 2003 à consommateurs de matériels environ 145 dollars en juillet a fait passer le coût des électriques et électromagnétiques. 2008 subventions aux produits pétroliers de 54 milliards de doldonc moins des subventions. De plus, à cause lars en 2003 à un record annualisé de 518 mildu transport du carburant des centres urbains liards à la mi-2008, dont les deux tiers dans les vers les zones reculées et enclavées, les ruraux pays exportateurs. Un jackpot pour les majors achèteront le pétrole lampant plus cher que pétrolières. des urbains qui n’ont pas accès à l’électricité. Le deuxième effet négatif est probablement Même les pauvres des villes sont plus avanta- la surconsommation d’énergie. On ne le dira gés que les habitants des villages. La produc- jamais assez, l’énergie la moins chère est celle tion électrique à partir des groupes électrogè- qu’on ne consomme pas. Il n’est donc pas surnes présenterait les inégalités similaires selon prenant que l’Afrique soit parmi les continents où l’on fait le moins attention à l’efficacité énergétique. Pourtant, une étude de la Banque mondiale a démontré qu’il était possible de générer 19 milliards de dollars par an grâce à la mise en place d’une politique ambitieuse d’économie d’énergie. Le troisième inconvénient est l’impact sur l’émergence des énergies nouvelles. Puisque les prix finaux des énergies fossiles ne représentent pas les prix réels à cause des subventions, il est difficile d’impulser des stratégies ambitieuses d’énergies nouvelles, surtout dans les pays producteurs de pétrole et d’autres énergies fossiles. Ce n’est donc pas un hasard si les pays africains les plus ambitieux dans ce domaine sont ceux qui dépendent le plus des combustibles fossiles. Ainsi, le Maroc et l’Ile Maurice, qui importent plus de 80% de leurs énergies, mettent en place des politiques très volontaristes dans le domaine des énergies nouvelles et de l’efficacité énergétique. D’après le PNUE, la suppression de ces subventions permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 6% par an, tout en contribuant à une augmentation de 0,1% du PIB mondial. L’Agence internationale de l’énergie estime également que cette disparition des subventions permettrait de réduire de 5% la consommation d’énergie primaire de la planète en 2020 par rapport au scénario actuel. Elle renforcerait aussi la sécurité énergétique et réduirait la pollution atmosphérique. Mais cette décision sur un sujet politique très sensible est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Nous y reviendrons. Thierry Téné 1) Finances & Développement est publiée chaque trimestre en anglais, en arabe, en chinois, en espagnol, en français et en russe par le FMI. La première « voiture algérienne » devrait être une Renault Les Algériens, qui attendent depuis plus de 25 ans l’installation d’une usine de montage automobile dans le pays et qui ont vu, dans ce domaine, différents projets annoncés, négociés puis finalement abandonnés, ont appris à être prudents. P positions. Il a examiné avec beaucoup plus d’intérêt les attentes de la partie algérienne. Nous pensons que, de ce point de vue, le projet de Renault est beaucoup plus acceptable pour nous. » L’offre de Renault, précise le ministre algérien, « nous paraît intéressante. Il propose de produire 75 000 véhicules par an avec une gamme plus variée comportant quatre modèles, contre 50 000 véhicules pour M. Benmeradi a créé la deux modèles dans la version première du projet. Renault a également accepté surprise en affirmant que le nos conditions pour avoir un taux d’ingroupe Volkswagen « insiste tégration plus important et des engagements pour que ce taux augmente également beaucoup pour au fur et à mesure de la réalisation de l’investissement. » venir investir en Algérie et Bien que M. Benmeradi prenne la prépropose même de considérer caution de préciser qu’« il est encore prématuré de se prononcer sur la date l’Algérie comme son point de lancement du projet », le ton inhad’appui pour le marché bituellement conciliant du principal responsable algérien de la gestion africain ». de ce dossier semble indiquer que la décision des autorités algériennes de de deux années. Cet optimisme est motivé l’approuver a été prise. Une impression renpar les déclarations récentes du ministre al- forcée lors de la visite effectuée en novemgérien de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, bre dernier par Jean Pierre Raffarin à Alger, qui révélait à la presse, le 2 janvier dernier : au cours de laquelle le « Monsieur Algérie » « Renault est revenu avec de nouvelles pro- désigné par l’Elysée pour gérer les questions our beaucoup de spécialistes, la réunion prévue le 15 janvier prochain entre les autorités algériennes et les représentants de Renault devrait ouvrir la voie à l’installation du constructeur automobile français en Algérie au terme de négociations qui durent maintenant depuis prés économiques entre les deux pays avait jugé le projet « en bonne voie ». Un contexte particulièrement favorable La conclusion de cet accord semble bénéficier aujourd’hui d’un contexte particulièrement favorable. Côté algérien, il devrait permettre de redonner des couleurs à un bilan des IDE hors hydrocarbures en chute libre depuis l’adoption d’un nouveau train de mesures d’encadrement de l’investissement étranger au cours de l’été 2009. Il pourrait également donner, pour la première fois, un contenu concret à la volonté du gouvernement algérien de relancer une industrie mécanique nationale en régression constante depuis près de deux décennies. Pour un ancien dirigeant d’une grande entreprise du secteur « il s’agit en réalité de créer les conditions favorables pour permettre à la SNVI, qui sera le partenaire algérien de Renault, d’aboutir à un partenariat avec un grand constructeur mondial et de garantir un taux d’intégration substantiel ». De son côté, le groupe Renault, qui avait dans le passé posé des conditions difficiles à accepter – notamment le rétablissement du crédit à la consommation – semble être revenu à de meilleurs sentiments et prêt à accepter la garantie de conserver, voire de développer, sa position de leader sur un marché algérien dont il représente un peu moins du quart des ventes et dont la taille s’est stabilisée autour de 200 000 véhicules en 2010. Renault, qui propose de livrer ses premiers véhicules de production locale en 2012, pourra en outre bénéficier, avec son partenaire algérien, des Jean Pierre Raffarin, le « Monsieur Algérie » désigné par l’Elysée pour gérer les questions économiques entre les deux pays. mécanismes mis en place par les autorités algériennes pour avantager la production locale. Tout en imposant la règle du 51/49%, le gouvernement a pris des mesures fiscales incitatives : TVA préférentielle et des droits de douane à taux zéro pour les intrants des productions locales. A quoi s’ajoute une « préférence nationale » en matière d’équipement des entreprises publiques et des administrations. Des marchés importants gagnés d’avance par les constructeurs qui s’établiront sur place. Outre Renault, deux autres projets sont en discussion entre l’Algérie et des partenaires étrangers. Les discussions les plus avancées concernent un projet d’usine de camions et voitures de type 4x4 à Tiaret avec MercedesBenz. Par ailleurs, M. Benmeradi a créé la surprise en affirmant que le groupe Volkswagen « insiste également beaucoup pour venir investir en Algérie et propose même de considérer l’Algérie comme son point d’appui pour le marché africain ». Astuce de négociateur ou véritable projet de partenariat ? Affaire à suivre. Hassan Haddouche Entreprises et marches Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - 4 milliards FCFA pour sauver la société sénégalo-malienne Transrail SA En butte à un endettement massif de 12 milliards FCfa, la société ferroviaire sénégalo-malienne Transrail SA a lancé le 31 décembre 2010 un nouveau plan de sauvetage d’un coût de 4 milliards FCFA, accepté par les bailleurs de fonds. T ransrail SA, une entreprise au bord de la cessation de paiement, va très mal. Les successions de pertes d’exploitation se sont enchaînées ces dix-huit derniers mois. Le constat fait à Bamako par les ministres malien et sénégalais en charge des Transports a abouti au lancement d’un plan de sauvetage d’urgence. Le groupe des bailleurs de fonds, les deux pays partenaires et le groupe français Advens (actionnaire à hauteur de 51% du capital) ont donné une suite favorable à ce plan de relance. Ce nouveau plan d’urgence va donc venir en appoint au plan de règlement préventif appliqué depuis août 2009 par l’entreprise. Un régime tiré du droit malien qui a permis jusque-là à l’entreprise d’être à l’abri de ses créanciers, avant de retrouver une meilleure santé financière. Les deux gouvernements vont présenter dans les meilleurs délais une requête commune à l’appréciation des bailleurs de fonds. Cette manne financière que la société s’apprête à recevoir servira notamment à l’acquisition de nouvelles locomotives pour l’amélioration de la capacité de traction, à l’achat de pièces de rechange pour la remise en état du matériel, ou à la réhabilitation de certains tronçons de voie, de même qu’à la réhabilitation de plusieurs ouvrages d’art. Hormis l’acquisition des 4 milliards FCFA, il est prévu la recapitalisation prochaine de la société, la réduction des charges d’exploitation, l’érection d’un fonds de roulement et la reprise des décaissements de la Banque africaine de développement (BAD). Moderniser le réseau Les deux Etats se sont aussi engagés à payer les dettes et à payer l’avenant de la convention fiscale et douanière au plus tard le 31 janvier 2011. Transrail s’engage à moderniser le réseau ferré dans le corridor Dakar-Bamako, qui assure 40% des échanges entre les deux Obama condamne l’attentat du réveillon pays, contre 30% pour l’axe BamakoAbidjan, aujourd’hui délaissé à cause de la crise politique ivoirienne. Malgré ces difficultés, Transrail est parvenue à assurer annuellement le transport de 400 000 tonnes de fret entre les deux pays frontaliers d’Afrique de l’Ouest. Un chiffre d’affaires de 17 milliards fCFa a aussi été réalisé lors de l’exercice dernier. Hormis le groupe agroalimentaire Advens (51% du capital), les autres ac- Malgré ces difficultés, Transrail est parvenue à assurer annuellement le transport de 400 000 tonnes de fret entre les deux pays frontaliers d’Afrique de l’Ouest. tionnaires de l’entreprise sont les privés (20%), le Mali (10%), le Sénégal (10%), de même que les travailleurs qui détiennent 9% des parts. Mohamed Ndiaye Alstom à l’entame d’une réelle industrie dans le ferroviaire au Maroc Au cours d’une cérémonie présidée par Mohammed VI au palais royal d’Agadir, une convention de partenariat a été signée, jeudi 6 janvier, entre le gouvernement du royaume du Maroc et le groupe Alstom dans le domaine du transport ferroviaire. Portant sur des engagements financiers de 9,5 milliards de dirhams, ce protocole devrait générer en dix ans quelque 5000 emplois. S uite aux récents accords portant sur les garanties de financement de la ligne de TGV Casablanca-Tanger, les bases d’une nouvelle industrie ferroviaire, à même d’assurer la fourniture de matériels roulants et équipements ferroviaires, sont en train d’être mises en place au Maroc. Une convention de partenariat entre le groupe Alstom et le Maroc a effectivement été signée, jeudi 6 janvier à Agadir, pour garantir le développement des métiers en relation avec le ferroviaire. Paraphée conjointement par les ministres marocains Ahmed Réda Chami, de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, et Karim Ghallab, de l’Equipement et du Transport, et par Patrick Kron, PDG d’Alstom, elle porte sur des investissements de 9,5 milliards de dirhams à l’horizon 2020. Ce partenariat, qualifié de gagnant-gagnant par les deux parties, a été présidé par le souverain chérifien, et scellé en présence de deux de ses conseillers, Zoulikha Nasri et Omar Kabbaj, mais aussi de plusieurs membres du gouvernement, des directeurs d’établissements publics et autres personnalités. tiers (les tramways de Raba-Salé et de Casablanca, réalisation des lignes de TGV) pour un chiffre d’affaires contractuel de 646 millions d’euros, prend plusieurs engagements. Primo, il devra acquérir des équipements destinés, notamment aux usines d’assemblage de matériels roulants et équipements ferroviaires européens, auprès de fournisseurs marocains, pour un montant pouvant atteindre jusqu’à 6 milliards DH, soit 535 millions d’euros. Secundo, Alstom s’engage à investir dans une nouvelle unité industrielle devant réaliser sur la période de la convention pas moins de 3,5 milliards DH, soit 310 millions d’euros, d’exportations. Mais aussi, il faudra que le leader du ferroviaire de l’Hexagone contractualise avec une société d’offshoring installée au Maroc, pour créer 65 postes d’emploi dans l’assistance informatique. Tertio, cet industriel veillera à conclure des accords pour soutenir des universités marocaines et participera, avec ses partenaires marocains, à la création et à l’animation d’un Institut de formation aux métiers du ferroviaire. L’éveil d’un secteur Rappelons que le Maroc a déjà mis en place un programme pluriannuel de développement des infrastructures ferro- Dans le détail, le groupe français, déjà bien présent au Maroc sur d’autres chan- Un appoint aux efforts déjà entrepris 17 Le Maroc veut développer une industrie ferroviaire. viaires. Aujourd’hui, cet effort d’investissement, scellé par un protocole d’accord avec Alstom, vient renforcer d’autres initiatives telles que le Pacte national pour l’émergence industrielle. Si les ministres marocains signataires de la convention ont salué une avancée pour le développement économique et humain de toutes les régions du royaume et la mise en œuvre optimale des stratégies sectorielles, le PDG d’Alstom a mis l’accent sur la détermination du groupe français à cheminer, dans le long terme, avec ce pays, et à mettre son savoir-faire à sa disposition afin d’accompagner son émergence industrielle. A noter qu’à l’issue de la cérémonie de signature, ce dernier, qui formule déjà le vœu d’étendre les champs d’application du partenariat sur d’autres secteurs, tels que l’éolien, a été décoré par SM le roi Mohammed VI du Ouissam Alaouite de l’ordre de Commandeur. Daouda MBaye Dans un communiqué publié dimanche 2 janvier par la Maison Blanche, le président Barack Obama, tout en présentant ses condoléances aux familles des personnes tuées, a déclaré que les Etats-Unis sont aux côtés du peuple nigérian en ces temps difficiles. En effet, le texte révèle que le président des Etats-Unis a fermement condamné l’explosion d’une bombe pendant le réveillon de la Saint Sylvestre à proximité d’une caserne, à Abuja. Le communiqué souligne qu’il a également offert de l’aide des États-Unis au Nigeria, afin de traduire les auteurs de tels actes ignobles en justice. Pour mémoire, une semaine plus tôt, plusieurs attentats à la bombe à Jos, capitale de l’Etat du Plateau, avaient coûté la vie à au moins 80 personnes et blessé plusieurs autres grièvement. Me Wade satisfait du Festival mondial des arts nègres Dans son message à la nation à l’occasion du Nouvel An, Me Abdoulaye Wade, président de la République, s’est déclaré satisfait du 3ème Festival mondial des arts nègres que le Sénégal vient d’abriter durant trois semaines. Il a notamment souhaité qu’il puisse servir de viatique à l’Afrique et à sa diaspora, et inspirer les jeunes. Resté sourd aux critiques de compatriotes estimant qu’il y avait d’autres urgences telles que la fourniture correcte du pays en électricité, par exemple, il a plutôt insisté sur les retombées qui, selon lui, sont positives sur l’économie du pays. Pour lui, le festival a permis aux 6000 participants venus de 70 pays à travers le monde de méditer sur l’avenir de l’Afrique et de sa diaspora, et a contribué à enclencher une dynamique irréversible de l’histoire de l’Afrique. Une Sénégalaise lauréate en Sicile Depuis vingt ans, chaque année les autorités locales de la région sicilienne élisent quatre Hipprogrifos d’Oro parmi les meilleurs travailleurs, employeurs et Siciliens de l’étranger. C’est une cérémonie au cours de laquelle on choisit des personnes qui travaillent pour l’intégration des communautés. Pour la première fois, une Sénégalaise, Aïda Fall, a été honorée en décembre. Native de Pikine Khourounar, cette opératrice économique qui œuvre pour l’intégration entre les communautés réside en Sicile depuis plus de huit ans. Vice-présidente de l’association de la communauté sénégalaise basée à Catania, sa distinction n’a pas surpris les Italiens et étrangers qui l’ont fréquentée. Appel du président somalien pour l’élaboration rapide d’une Constitution Au moment où les insurgés islamistes multiplient leurs attaques pour fragiliser le gouvernement et le dispositif onusien, Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, président de la Somalie, a appelé, samedi 1er janvier, à l’élaboration de la Constitution nationale, avant la fin de la période transitoire du gouvernement. A Mogadiscio, capitale somalienne, il a souhaité que les préparatifs pour mettre en place cette nouvelle Constitution nationale s’achèvent d’ici 30 jours pour sortir de la crise. El Béchir se rend à Jouba Plusieurs fois annoncée et reportée, la visite d’Omar el Béchir, président soudanais, mardi 4 janvier au Sud-Soudan, avant le référendum d’autodétermination (du 9 janvier), a été source de nombreuses interrogations. Benjamin Barnaba Marial, ministre sud-soudanais de l’Information, au cours de son discours célébrant l’anniversaire de l’indépendance du Soudan, a affirmé que Khartoum reconnaîtra les résultats du référendum, et qu’en cas de sécession des liens forts devraient être tissés entre les deux pays. Les autorités du Sud-Soudan ont apprécié à leur juste valeur de tels propos. Néanmoins, pour plusieurs analystes, le véritable point d’achoppement se situe dans l’après référendum, à savoir la citoyenneté, la frontière non démarquée, et surtout la région contestée d’Abyei et le partage des revenus pétroliers. 18 Entreprises et marches - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Algérie : 6 milliards d’euros injectés dans les entreprises publiques C ’est Ahmed Ouyahia lui-même qui livrait pour la première fois à la fin du mois de décembre dernier, devant les sénateurs algériens, un bilan global de l’opération, en cours, d’assainissement financier des entreprises publiques. Selon le Premier ministre algérien : « Près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de 600 milliards de dinars (6 milliards d’euros), dont notamment près de injections massives de capitaux dans un certain nombre d’entreprises réputées stratégiques, mais également par le maintien sous perfusion de plusieurs centaines d’entreprises financièrement déstructurées. Au chapitre des secteurs stratégiques, le processus a été engagé dès juillet 2009 avec un des enfants chéris des pouvoirs publics algériens, le groupe des cimenteries publiques, à qui on a attribué, par le biais du Fonds national d’investissement (FNI), un prêt d’un montant de 1,8 milliard d’euros à échéance de plus « La direction des de 20 ans. En contrepartie, l’objectif assigné au secteur est de porter la entreprises publiques production annuelle de 11 millions de tonnes actuellement à 18 milcontinue d’être lions de tonnes en 2014. davantage choisie sur La dernière opération en date est toute fraîche et a été annoncée à la le critère de la fidélité fin du mois de décembre 2010. Il politique que sur celui de s’agit de faire « accompagner finan51 entreprises étatiques la compétence technique cièrement » relevant du secteur des travaux publics. Le financement sera assuré, et managériale. » sur injonction, par deux banques commerciales publiques : le CPA 500 milliards de crédits à long terme et et la BDL, partenaires traditionnels des entreprises de ce secteur. Il porte au fortement bonifiés. » Depuis le milieu de l’année 2009, et au total sur 1,2 milliard d’euros répartis rythme de leur examen par le Conseil entre 500 millions d’effacement de detdes participations de l’Etat (CPE), ins- tes et 700 millions d’investissements de titution représentant l’Etat actionnaire modernisation. et présidée par le Premier ministre, il ne La liste est loin d’être close et l’opération se passe pas de mois sans qu’on annonce va se poursuivre au cours des prochains de nouvelles mesures de financement mois. Des dizaines d’entreprises sont portant sur des dizaines de milliards de concernées. Parmi les dossiers les plus dinars au profit d’un groupe d’entrepri- importants que le CPE devrait examises publiques. L’objectif affiché par cette ner prochainement figure en particulier démarche est d’enrayer le déclin de l’in- celui de la SNVI, fleuron de l’industrie dustrie algérienne, qui ne représente plus mécanique algérienne, pour laquelle on évoque un financement de plus de 700 aujourd’hui que 5% du PIB. millions d’euros. Les conséquences macroéconomiques de Injonctions aux banques cette démarche sont déjà lisibles en clair publiques Cette préférence pour le secteur pu- dans les bilans établis par la Banque d’Alblic s’exprime non seulement par des gérie, qui indiquaient récemment que la part du secteur public dans les crédits bancaires à l’économie a bondi à près de 58% au premier semestre 2010. Une efficacité contestée Cette priorité réservée au secteur public a fait de longue date l’objet de nombreuses critiques de la part de beaucoup d’économistes et d’entrepreneurs algériens qui considèrent qu’en favorisant, selon la formule de l’un d’entre eux, « l’ancienne économie au détriment de la nouvelle économie », elle retarde la nécessaire restructuration de l’économie algérienne et constitue la principale explication d’une croissance économique globale qui reste inférieure à ses potentialités. Au cours des cinq dernières années, la croissance économique algérienne s’est située entre 2 et 3%, alors qu’elle a été en moyenne de près de 5% dans les pays voisins. Cette nouvelle opération à laquelle on fixe pour objectif d’enrayer le déclin de l’industrie aura-t-elle plus de succès que les précédentes ? Il est permis d’en douter. Pour un économiste aussi réputé qu’Abdelmadjid Bouzidi : « La démarche initiée depuis près de dix-huit mois par les pouvoirs publics constitue historiquement la quatrième vague d’assainissement financier des entreprises publiques depuis la fin des années 80. » A. Bouzidi, fin connaisseur du secteur public algérien, dont il a été longtemps l’un des principaux défenseurs, ne se fait pas beaucoup d’illusions sur son efficacité : « Cette nouvelle génération de restructuration financière de nos entreprises publiques ne servira à rien. Ce qui est en cause, c’est la forme étatique directe de gestion des entreprises publiques. L’Etat est un mauvais gestionnaire d’entreprises de production, d’autant plus que les managers à qui il confie la direction de ses entreprises publiques continuent d’être davantage choisis sur le critère de la fidélité politique que sur celui de la compétence technique et managériale. » Hassan Haddouche Algérie : le cocktail explosif libéralisme-nationalismeprotectionnisme Les manifestations contre la vie chère en Algérie sont la conséquence d’une série de contre-réformes libérales entrées en vigueur en janvier 2011 et qui ont provoqué une inflation des prix sans précédent. Analyse. L e virage de l’économie algérienne vers le libéralisme connaît depuis le mois de septembre quelques tangages. La décision inscrite dans la dernière loi de Finances 2011 de taxer les super profits des activités télécoms, des banques, de la pharmacie, de l’agroalimentaire et du blé dur a abouti à une flambée sans précédent des prix des denrées de base. Ainsi, le litre d’huile a augmenté de 50% pour atteindre 200 dinars. Idem pour le lait, le sucre et la farine, en hausse vertigineuse depuis le 1er janvier. Intenable dans un pays où le SMIG est de 15 000 dinars et où le taux de chômage est élevé. Pour les observateurs, ce sont les conséquences sociales de ces mesures contre-libérales du gouvernement qui expliquent les émeutes de Bab El Oued où, depuis le 5 janvier, des jeunes affrontent les forces de l’ordre. Les émeutes ont gagné les 48 départements du pays alors que le gouvernement, impassible au départ, a convoqué une réunion ministérielle d’urgence samedi dernier. Va-t-on vers l’allègement de la logique pure et dure du patriotisme économique ? Se dirige-t-on vers une nouvelle vision des importations réduite aujourd’hui sous l’angle réducteur de la « fuite de devises » et des richesses nationales ? Sur le plan intérieur, le gouvernement avait interdit le crédit à la consommation et restreint le champ d’action des banques étrangères. A la longue, le pays, qui totalise 55 milliards de dollars d’exportation de pétrole et de gaz, se retrouve face à un basique problème d’approvisionnement en denrées de base à prix abordable. Au-delà de cette conjoncture, c’est la difficile transition d’une économie étatique vers l’économie de marché qui pose problème. Après de réelles ouvertures dans la première moitié des Le litre d’huile a augmenté de 50% pour atteindre 200 dinars. Idem pour le lait, le sucre et la farine, en hausse vertigineuse depuis le 1er janvier. Intenable dans un pays où le SMIG est de 15 000 dinars et où le taux de chômage est élevé. années 2000, l’économie algérienne s’est considérablement refermée à partir de la mi-2007, avec une sorte de campagne contre les investisseurs internationaux (Sonatrach avec l’Espagnol Repsol, l’Egyptien Orascom) suivie depuis par une ana- RDC : le Parlement se penche sur le mode de scrutin En perspective de la présidentielle de novembre prochain, les partis politiques s’activent autour du mode de scrutin. Si pour la majorité il est plus judicieux d’instaurer un scrutin à un tour, Baudouin Mayo de l’Union pour la nation congolaise (UNC), nouveau parti de l’opposition dirigé par Vital Kamerhe, trouve qu’« aujourd’hui, revenir d’un mode de scrutin à deux tours au profit du scrutin majoritaire à un tour ne répond qu’aux besoins de la majorité présidentielle, qui voudrait faire un passage en force ». D’ores et déjà, Joseph Kabila, président de la RDC, a commencé à rallier ses troupes en se rendant le 2 janvier à Lubumbashi pour rencontrer les parlementaires locaux. Blaise Kaboué, de la mouvance présidentielle, trouve le scrutin à deux tours onéreux et qu’il impacte « négativement sur la vie politique, compte tenu des comportements des politiciens… » Dans tous les cas, il revient au Parlement de donner une réponse à la démarche de la majorité. Maroc : taux de croissance de 3% à T3-2010 D’après les dernières estimations du Haut Commissariat au plan (HCP), au cours du 3ème trimestre 2010 l’économie nationale a réalisé un taux de croissance de 3%, comparativement aux 4,9% réalisés un an auparavant. Toutefois, à prix courants, le produit intérieur brut (PIB) a marqué une augmentation de 3,4% en glissement annuel, soit une hausse du niveau général des prix à 0,4%. Il ressort aussi de ces agrégats nationaux qu’excepté la pêche (-1,4% contre +14,4%), tous les secteurs d’activité non agricoles ont enregistré des hausses plus ou moins importantes par rapport au 3ème trimestre 2009. Ainsi les activités minières (+21,7% contre - 21,9%), les industries de transformation (+2,7% contre -0,1%), le BTP (+1% identique à T3-2009). D’ailleurs, l’activité économique a été marquée par l’augmentation en volume du PIB hors agriculture (+4,7% au lieu de 1,5% durant le même trimestre de 2009), et une diminution de la valeur ajoutée agricole de 8,4% contre une hausse de 29,4%. Le Parti des communistes italiens soutient l’initiative marocaine d’autonomie A l’issue d’une entrevue avec Khalid Naciri, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Oliviero Diliberto, secrétaire général du Parti des communistes italiens, a déclaré lundi 3 janvier à Rabat, à la MAP : « Nous sommes contre une indépendance au Sahara, mais nous sommes pour une large autonomie administrative dans la région. » Il apporte ainsi un soutien sans équivoque de sa formation à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara, plan proposé par le royaume en vue de parvenir à un règlement définitif de ce conflit. Il a notamment insisté sur le fait qu’ils défendent absolument l’Etat-nation (...). De son avis, ce qu’on doit combattre avec une très grande détermination, c’est la tendance impérialiste qui consiste à diviser les Etats en tribus et en ethnies. Au lendemain de l’attentat d’Abuja, la tension monte L’attentat à la bombe survenu sur un marché le 31 décembre à Abuja, la capitale fédérale nigériane, qui a fait quatre morts et 26 blessés, n’a toujours pas été revendiqué. Néanmoins, il n’en continue pas moins de faire des remous. L’enquête avance timidement, mais nombre d’observateurs craignent une montée de la violence dans les semaines et mois à venir, or 2011 est une année électorale... L’anxiété monte d’un cran ! Pour sa part, le Mend, Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger, principal mouvement armé de la zone pétrolifère du Nigeria, a nié le 2 janvier toute responsabilité dans ce carnage. La question, qui revient tel un leitmotiv, est de savoir qui sont les commanditaires des différents attentats et ce qu’ils cherchent. chronique règle des 51% qui freine le secteur privé dans son effort de modernisation. Aussi, avec ses réserves de change extraordinaires (150 milliards de dollars), investies dans les bons de Trésor américain, l’Algérie de la vieille garde du FLN croyait avoir définitivement réglé la perpétuelle ambivalence sur l’utilité ou l’inutilité des investisseurs étrangers. Les émeutes de Bab El Oued montrent en tout cas que le cocktail libéralisme, nationalisme et protectionnisme est détonnant. A.W. Economie - Politique Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - 19 Soudan : après la victoire, la négociation Le vote pour l’indépendance du sud semble inéluctable, mais la victoire ne clôt pas le chapitre des relations avec le nord. Au contraire, après la victoire, il va falloir négocier. qui a tranché en faveur de Khartoum, en 2008, le contentieux sur la région d’Abyei que les deux parties se disputaient. Sans pétrole, le Soudan peut être utilement obligé de tirer meilleure partie de ses excellentes terres, qu’il se contente actuellement de louer ou de vendre à des pays comme l’Arabie saoudite, l’Indonésie ou la Corée du Sud, en continuant à importer 80% de sa consommation de blé. Le ministre de l’Agriculture soudanais Abdel Halim al-Mutaafi annonce déjà la relance de l’agriculture pour une autosuffisance en blé dans les cinq prochaines années. Le pari ne sera probablement pas tenu, mais la volonté est déjà proclamée. Carte maîtresse Les centaines de milliers de Sud-Soudanais établis au nord, fonctionnaires parfois, sont également une carte maîtresse, délicate il est vrai, dont El Bechir pourrait se servir dans la négociation, longue, difficile, que la sécession ouvrira nécessairement. Khartoum s’avère moins démuni qu’on ne l’a cru. Même le Sans pétrole, le Soudan peut être utilement obligé de tirer meilleure partie de ses excellentes terres, qu’il se contente actuellement de louer ou de vendre à des pays comme l’Arabie saoudite, l’Indonésie ou la Corée du Sud. Q uatre millions d’électeurs votent depuis dimanche dernier pour ou contre l’indépendance du Sud Soudan. L’issue du référendum semble ne pas faire l’objet du moindre doute. La seule incertitude concernait la décision du président Omar El Bechir de respecter sa signature et d’organiser la consultation, comme l’y contraignait l’accord de paix de 2005 qui a mis momentanément un terme à l’un des plus vieux conflits du continent africain. Depuis son indépendance en 1956, le Soudan a connu des affrontements armés la moitié du temps. Jusqu’à dimanche prochain, le vote se poursuivra, mais n’apportera pas immédiatement les réponses aux nombreuses questions que pose la sécession du sud. A commencer par l’attitude du nord. Après avoir longtemps montré beaucoup de mauvaise volonté pour organiser le référendum, El Bechir, sans en donner les raisons, a changé de tactique. Il semble avoir choisi ou s’être résigné à un divorce par consentement mutuel, plutôt que contentieux. « Notre préférence est l’unité, mais, au bout du compte, nous respecterons le choix des citoyens du sud… On sera tristes de cette séparation, mais toutefois heureux d’assister à la « Notre préférence est l’unité, mais, au bout du compte, nous respecterons le choix des citoyens du sud… On sera tristes de cette séparation, mais toutefois heureux d’assister à la paix. » paix », a-t-il assuré au cours d’un voyage plusieurs fois reporté avant d’avoir eu lieu le 4 janvier dernier. Réalisme, mince espoir de séduire des Sudistes et d’empêcher les partisans de la sécession d’obtenir les 60% de participation pour valider les résultats ? Ou encore parce que Khartoum a plus d’atouts qu’il ne le pensait ? Fin joueur Certes, El Bechir sait qu’il perdra avec le sud 70% des richesses pétrolières qui ont placé son pays, avec 500 000 barils/jour, parmi les cinq premiers producteurs africains, et 90% de ses recettes d’exportation. Mais tout cela ne se perd pas automatiquement. Le sud, qui a l’essentiel des ressources, ne peut les exporter sans le concours du nord car il n’a pas d’accès à la mer et les pipelines appartiennent au nord. El Bechir, fin joueur, cache peut-être son jeu en annonçant « devoir se prémunir contre l’impact (...) de la perte des recettes pétrolières ». Déjà, il peut compter sur le riche bassin pétrolier de Heglig, qui est revenu au nord suite à la décision de la Cour d’arbitrage de La Haye, contrecoup diplomatique qu’aurait pu constituer la perte de ses réserves pétrolières est moins évident. La Chine, qui a pris fait et cause pour le Soudan au Conseil de sécurité pour garantir son propre approvisionnement énergétique, continuera à avoir besoin de Khartoum, passage obligé d’un pétrole qui ne lui appartiendrait plus. Le sud, qui devrait longtemps savourer sa victoire, pourrait rapidement déchanter. Le pétrole seul ne lui suffira pas pour combler ses handicaps en matière d’infrastructures. La donne politique est encore plus complexe. Unis face à l’ennemi commun, les Sudistes, une mosaïque de peuplades, pourraient rapidement redécouvrir leurs différences entre Sudistes du centre, de l’est, de l’ouest. Salva Kiir, promu à la tête de la région après l’accident tragique du charismatique John Garang, aura besoin de toute l’habilité de son mentor disparu pour négocier le virage d’après-victoire. Chérif Elvalide Sèye 20 Economie - Politique - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 Guinée : 100 jours pour convaincre Quelques jours après sa prestation de serment, l’ex-opposant historique guinéen Alpha Condé (72 ans), nouveau locataire du palais Sékoutouréya, a mis en place un gouvernement de 37 ministres, dont sept ministres d’Etat, conduit par Mohamed Said Fofana, déjà cible de critiques. S elon la rue, « has been », « éminences grises », « personnalités peu connues du public » font leur entrée et vont partager l’attelage gouvernemental. Entre les attentes des populations et les ambitions d’un nouveau chef d’Etat démocratiquement élu à l’épreuve de la gestion du pouvoir, les enjeux sont énor- Kassory Fofana, une personnalité emblématique issue de la Basse côte, allié du président Condé et ex-ministre sous le régime Lansana Conté. L’ancien Premier ministre guinéen, d’avant celui d’Ahmed Tidiane Souaré, Lansana Kouyaté, poids lourd de la scène politique, dont le soutien au second tour à Alpha Condé a été décisif, n’a pas été consulté, ni associé. Ses partisans croisent les doigts. Pour l’instant, Kassory Fofana n’a pas été mis à contribution dans le gouvernement de Said Fofana. Que se passe-t-il ? L’égérie, Hadja Daran Kaba, seule candidate à la présidentielle, qui a aussi soutenu le candidat Alpha Condé, attend son heure. Une galaxie multicolore Cellou Dalein, qui a battu le rappel des troupes depuis Paris au lendemain de la mise en place du gouvernement Fofana, s’inscrit déjà dans le sillage des élections législatives et municipales prochaines. mes. L’homme fort de Conakry, successeur du président intérimaire Sékouba Konaté, sait que le temps lui est compté. Le peuple a déjà annoncé la couleur et ne cache point ses préoccupations. Eau, électricité, assainissement, santé, bonne gouvernance publique et financière. Une tâche difficile à laquelle devra faire face le gouvernement de Mohamed Said Fofana. Cette nomination au poste tant convoité de chef du gouvernement, récompense politique à la Basse côte (une des quatre Mohamed Said Fofana devra répondre à de nombreuses attentes. régions naturelles du pays) qui a voté massivement pour Alpha Condé lors du second tour de la présidentielle contre un fils du terroir, Sidya Touré (allié de Cellou Dalein), ne fait pas toujours l’unanimité dans les cercles influents de cette région, fief de l’ethnie soussou. Ici, les cartes ont changé de main. A grande vitesse. Pour ironiser la débâcle électorale de Sidya Touré, les Soussous disent qu’il a « jeté le bébé avec l’eau du bain ». Grand commis de l’administration guinéenne, expert dans les négociations commerciales internationales, Mohamed Said Fofana, Soussou bon teint, ne s’attendait pas à cette subite propulsion à la tête du premier gouvernement sous l’ère Alpha Condé. Car, même s’il est crédité d’un enviable cursus et a longtemps arpenté les couloirs de la haute administration du pays, M. Fofana ne convainc pas bon nombre d’observateurs. L’a priori n’est pas, c’est le moins que l’on puisse dire, positif. Pour un nouveau gouvernement aux défis immenses, il s’agit d’un handicap de taille. Les laissés pour compte En fait, beaucoup avaient misé sur des carapaces comme, entre autres, Au palais de Conakry, on estime que toutes les expertises seront mises à contribution. A priori, le chef de l’Etat a réussi le jeu de l’équilibre régional au regard de la configuration gouvernementale. En réalité, le gouvernement de Fofana est constitué de personnalités peu connues du public, peu familières de la gestion des affaires de l’Etat. Dans la galaxie gouvernementale, les proches d’Alpha Condé gardent la haute main en héritant des portefeuilles stratégiques : économie et finances, mines, énergie, infrastructures, éduca- Ali Bongo annonce une batterie de chantiers en 2011 réhabiliter les casernes, à mieux former les militaires et les paramilitaires pour être au service de l’Etat. Bon nombre d’infrastructures seront confiées au génie militaire, a annoncé Alpha Condé. Dans le domaine de la restauration de l’autorité de l’Etat et de la sécurisation des biens et des personnes, le gouvernement Said Fofana entend mettre les pendules à l’heure. Les Guinéens attendent de ce gouvernement des résultats pour juguler des fléaux tels que la contrebande frontalière, la criminalité, le trafic de drogue : une mission délicate pour le général Toto Camara, ministre de la Sécurité publique. A la Banque centrale de Guinée, cœur de l’économie guinéenne, une révolution sous l’ère Condé s’opère. L’exgouverneur Alhassane Barry a cédé son fauteuil à un ancien ministre, Loncény Nabé. Il devra résoudre l’épineux problème de la dépréciation de la monnaie guinéenne sur le marché international. Quid des seigneurs de la finance informelle dont une grande frange appartient à l’ethnie peulh ? Les Guinéens veulent qu’on leur régule le marché du change à la merci des caprices des opérateurs. Faux bond de l’alliance Cellou Dalein Malgré le vœu pieux du président Alpha Condé de former un gouvernement d’union nationale, l’alliance Cellou Dalein Diallo a décliné l’offre. Le président de l’UFDG a estimé que le nouveau chef de l’Etat a décidé de former un gouvernement à sa dévotion. Ni les partisans de Cellou Dalein, ni ceux de Sidya Touré ou d’Abé Sylla ne seront « L’année 2011 sera celle de la réalisation des grands projets d’intérêt collectif. Le développement des infrastructures énergétiques et routières, de l’agriculture et du tourisme, la distribution de l’eau et l’exploitation des matières premières seront parmi les priorités du gouvernement de la république », c’est ce qu’a déclaré Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, dans son allocution de vœux de fin d’année, samedi 1er janvier à Libreville. Outre les infrastructures énergétiques et routières, qui, de son avis, sont et doivent être à la base du développement, il compte hâter le lancement des travaux des barrages hydroélectriques de l’Okano et de Fougamou pour permettre le démarrage rapide d’autres projets économiques. La route, catalyseur de multiples activités industrielles et autres initiatives économiques, ne sera pas en reste. Alpha Condé dévoile son plan quinquennal Alpha Condé, président de la République de Guinée, a exposé, vendredi 31 décembre, dans son premier message de Nouvel An, les projets qu’il ambitionne de réaliser au profit de son peuple au cours de son mandat. Ils vont de la réconciliation nationale et la renaissance à la sécurité (condition première de la liberté), en passant par la gouvernance locale, la réforme des forces armées, un soutien aux secteurs porteurs de croissance, une production d’électricité adéquate, le lancement de programmes sociaux de logements, la promotion de la culture… Afin de réaliser cet ambitieux programme, le Pr Alpha Condé a dit tendre une main fraternelle à l’ensemble de l’élite guinéenne, sans exclusive. Selon ses propres propos, il s’agit de toutes les franges de la société guinéenne (toutes sensibilités politiques et confessions religieuses confondues). Les contrats miniers passés avec les multinationales étrangères (Hyperdynamics, Kenya : des hommes Rio Tinto, Rusal, Vale) sous les politiques sur la corde raide enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI) portant régimes précédents intéressent Les sur les suspects dans les violences postélectorales et sur la lutte contre la corruption mettent un certain nombre de politikényans sur la corde raide. Cette année, trois ministres les Guinéens qui veulent y ciens – dont deux se sont déclarés intéressés par l’élection présidenl’année prochaine – sont confrontés à la CPI, alors qu’au voir clair. tielle moins quatre autres sont présumés impliqués dans des cas de tion nationale, affaires étrangères, environnement, etc. Les contrats miniers passés avec les multinationales étrangères (Hyperdynamics, Rio Tinto, Rusal, Vale) sous les régimes précédents intéressent les Guinéens qui veulent y voir clair. Le chef de l’Etat a fait la promesse au peuple de passer au peigne fin tous ces accords. Au niveau de la grande muette, le président, Alpha Condé, conserve le poste de ministre de la Défense, pour, dit-il « régler les problèmes de l’armée ». L’armée a toujours été une énigme pour les régimes précédents qu’elle prenait en otages. En guise de signal fort, le chef de l’Etat solde ses comptes. Le général Nouhoum Thiam, chef d’état-major des armées, a été destitué et remplacé par le général Kéléfa Diallo. Ce dernier, réputé intègre, est un allié sûr du chef de l’Etat qui lui voue respect et admiration. Le président Condé s’est engagé à assis à la table gouvernementale. L’exPremier ministre, Cellou Dalein, qui a battu le rappel des troupes depuis Paris au lendemain de la mise en place du gouvernement Fofana, s’inscrit déjà dans le sillage des élections législatives et municipales prochaines. Une épreuve délicate qu’il compte mettre à profit pour imposer à l’actuel président une cohabitation au sommet aux premières heures du mandat Condé. « Le chef de l’Etat n’aura les coudées franches qu’après ces échéances décisives », commente l’entourage présidentiel. En attendant, les premiers cent jours du gouvernement Said Fofana s’annoncent délicats. Le peuple guinéen a donné son quitus au nouvel homme fort de Conakry qui devra rassurer, et convaincre. Le grand oral d’Alpha Condé ne fait que commencer. Ismael Aidara corruption dans leurs départements ministériels. Aussi, quatre députés sont poursuivis pour une éventuelle implication dans le commerce de drogue. Ces politiques, qui risquent d’être partagés entre leur défense au niveau local ou à La Haye et leur avenir politique, sont confrontés à leur survie dans l’arène politique, qui sera probablement déterminée par les résultats de ces investigations. Kenya : une enveloppe de 6 milliards de shillings à l’enseignement secondaire Avec la rentrée scolaire de lundi 3 janvier, le programme libre d’apprentissage va bénéficier de 6 milliards de shillings, a indiqué, dimanche 2 janvier à Nairobi, James ole Kiyiapi, secrétaire de l’Education permanente au gouvernement. En vertu de la nouvelle Constitution, les institutions vont démarrer cette année de profondes réformes dans la gestion de l’éducation. Des efforts conséquents sont annoncés pour améliorer la performance dans les écoles publiques. Ce représentant du gouvernement a tout de même précisé que cette première enveloppe de 6 milliards de shillings serait destinée à l’école secondaire, tandis que les écoles primaires recevront leurs fonds cette semaine. Economie - Politique Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - 21 Tunisie, quand un vendeur ambulant fait craquer un modèle économique Un jeune diplômé chômeur s’asperge d’essence et craque une allumette, et c’est le modèle économique, tant vanté par les forums économiques, les classements et les indices, qui prend feu. Comment en est-on arrivé là ? L es satisfecits récurrents de l’économie tunisienne faisaient d’elle la favorite des classements de performances réalisés régulièrement par des organismes internationaux à la recherche des meilleures reproductions du modèle libéral euro-américain au sud de la Méditerranée, en Asie et sous les tropiques. Un pays où plus de 60% des habitants sont propriétaires de leur logement. Un pays sans bidonville où presque tous les enfants sont scolarisés. Une société arabe où la femme est libre, avec les mêmes chances que l’homme. Une vitrine économique qui conjugue modernisme des infrastructures avec de fortes croissances du PIB, adossée à une lutte implacable contre le fondamentalisme religieux qui forçait l’admiration des néoconservateurs américains à la recherche d’un modèle pour le rêve abandonné du grand Moyen-Orient. Un pays régulièrement félicité par la Banque mondiale et le FMI. Régulièrement apostrophé pour ses carences démocratiques. Le pays de Zine Abedine Ben Ali n’a jamais été à l’abri des contestations sociales. Les milliers de jeunes bien formés et qui sortent des universités et des grandes écoles avaient de plus en plus de mal à s’insérer dans une économie, certes en croissance forte, mais qui, à l’instar de celles des pays développés, ne crée plus suffisamment d’emplois pour préserver la stabilité et la paix sociale. L’escalade Il a fallu qu’un vendeur ambulant, diplômé, issu de ces écoles modernes, interpellé pour exercice illégal sur la voie publique, décide de s’asperger d’essence devant le siège du gouvernorat de sa ville pour que le modèle économique vanté par le Forum de Davos, le classement Doing Business et les indices IDH du PNUD prenne feu. Mohamed Bouazzizi, qui s’était immolé le 17 décembre, est décédé le 4 janvier dans cette région déshéritée du centre, peu touchée par le miracle tunisien. Son geste sera réédité par un autre marchand ambulant, âgé de 50 ans et père de famille, qui s’est aspergé à l’essence à Sidi Bouzid, samedi 8 janvier. Dimanche 9 janvier, des sources non officielles faisaient état d’au moins quatre morts à Tunis, rattrapée à son tour et pour la première fois par les émeutes signalées dans plusieurs localités. L’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) est montée au créneau, apportant son appui aux revendications « légitimes » des manifestations de Sidi Bouzid et d’ailleurs. Jusque-là à l’écart, le patronat est lui aussi sorti de son silence et, par la voix de Hédi Djilani, président de l’Union tunisienne de l’industrie, annonce la création de 50 000 emplois dans une campagne d’embauche qui donnera la priorité aux jeunes diplômés dans quatre à huit semaines. La prophétie de DSK De son côté, fidèle à sa doctrine, le gouvernement dénonce une « cabale médiatique » contre la Tunisie et déroule les statistiques, indiquant dans un documentaire que la région de Sidi Bouzid, point de départ de la contestation, a englouti 2,35 milliards de dinars d’investissements depuis 1987. Des parcs technologiques, des fonds d’investissements, des réfections d’infrastructures, certes, mais qui n’ont jamais permis d’enclencher un taux de croissance d’emplois en rapport avec les effectifs annuels de cadres diplômés. L’offshoring, les nombreuses entreprises françaises et européennes délocalisées en Tunisie, arrière-cour de l’Europe, le tourisme de masse peu pourvoyeur d’emplois de Hammamet à Sfax, n’ont pas permis d’absorber une demande de plus en plus forte et dont la Tunisie n’a pas l’apanage. En novembre 2010, Dominique Strauss-Khan, directeur général du FMI, rappelait à raison que les cinq pays du Maghreb doivent assurer 1,8 million d’emplois aux jeunes et en urgence s’ils veulent relever les défis du développement durable. Le problème de l’emploi peut entraîner « l’instabilité sociale, provoquer des conflits ou des guerres et une perte de confiance en la démocratie », avertissait le quasi-candidat aux présidentielles françaises de 2012. Facebook Pour l’heure, ce qui n’était qu’un mouvement social menace de se transformer en revendications politiques à cause, sans doute, d’une réponse jugée ultra-sécuritaire du gouvernement, qui tente de noyauter l’internet, de mesurer les moyens de communication et d’étouffer les contestations dans les facultés. La toile offre un nouvel espace de dissidence. L’appel à la grève lancé lundi sur Facebook et Twitter a été relayé par 100 000 personnes, entraînant des restrictions immédiates. Les messages virulents des cyberdissidents dénoncent l’oppression, quand ils ne s’en prennent pas simplement aux sites du gouvernement. En réaction, une chasse sans merci est engagée contre ces blogueurs, et même contre quelques rappeurs aux chansons hostiles. Aussi spectaculaires qu’elles puissent paraître, ces scènes de contestation sont plutôt estudiantines, artistiques, se déroulant loin des sphères politiques et syndicales. Contrairement aux émeutes du pain de 1984 sous l’ère Bourguiba, mais comme pour les poussées de colère de 2008 à Gafsa et les émeutes de Ben Guerdane d’août 2010 à la frontière libyenne (pour protester contre des restrictions au commerce transfrontalier), les contestations parties de Sidi Bouzid ne sont pas animées par des organisations syndicales, mais par un ras-le-bol de la jeunesse. Ce sont essentiellement de jeunes diplômés chômeurs, soutenus par les étudiants, qui tiennent en respect un système surpris par la vigueur des revendications. Samedi, certaines organisations faisaient état d’un millier d’arrestations, preuve du niveau réponse sécuritaire. Rares sont les économistes tunisiens contactés par nos soins qui accepteront de commenter ces événements. Sans doute parce qu’il est encore trop tôt pour en tirer les conclusions ou faire le lien entre la panne du modèle tunisien et les conséquences de la crise financière internationale. La vague de restructuration sans précédent engagée en Europe depuis 2008 a non seulement freiné les investissements dans les pays périphériques, mais aussi poussé de nombreuses entreprises à migrer vers l’Asie. Ajoutons à cela un marché du travail européen ultra-verrouillé où les Tunisiens et les Maghrébins en général sont de moins en moins tolérés et un accord d’association signé avec l’Europe et dont le diagnostic économique et social n’a jamais été entrepris avec rigueur. Les corps des deux Français enlevés vendredi à Niamey ont été retrouvés sans vie moins de 24 heures plus tard. La piste AQMI est privilégiée. L En novembre 2010, Dominique Strauss-Khan, directeur général du FMI, rappelait à raison que les cinq pays du Maghreb doivent assurer 1,8 million d’emplois aux jeunes et en urgence s’ils veulent relever les défis du développement durable. médias), et, à la base de la pyramide, le renvoi des employés municipaux qui avaient confisqué le matériel du jeune marchand ambulant ainsi que la révocation du gouverneur de Sidi Bouzid, entrent dans ce second cas de figure. Suffiront-ils pour faire revenir le calme dans la rue ? Est-ce le début d’une remise en question qui touche, en filigrane, la candidature de Ben Ali à sa propre succession en 2014, naguère soutenue par les puissants barons du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), parti au pouvoir, fort de 2 millions d’adhérents (soit un Tunisien sur cinq), inaudible depuis le début des émeutes ? Kamal B. L’Afrique du Sud entre au Conseil de sécurité Et 2014 ? Niamey : l’ombre d’AQMI sur l’assassinat des deux Français es deux Français qui étaient en train de dîner dans un restaurant du quartier Plateau ont été emmenés de force par les ravisseurs, sous les regards impuissants de quelques passants, témoins de l’enlèvement. Selon un témoin, qui s’est exprimé à la télévision nationale vendredi soir, les ravisseurs parlaient arabe. Dès les premières heures du rapt, les autorités nigériennes ont mis en alerte maximum l’armée pour sécuriser les frontières. Et le Quai d’Orsay a aussi mis à contribution ses services de Ne reste plus pour parfaire le mal-être tunisien que cette réponse ultra-sécuritaire à une problématique sociale. Au final, ces événements devront logiquement ou précipiter l’agenda politique tunisien et accélérer l’ouverture de l’espace public au débat, ou, au contraire, déboucher sur une saison de chasse aux boucs émissaires. Le remaniement ministériel, le limogeage du ministre de la Communication Oussama Romdhani, remplacé par Samir Labidi (ancien étudiant contestataire, rompu à la psychologie des renseignement et ses réseaux au Niger. Le porte-parole du gouvernement nigérien, Dan Dah, avait même annoncé que le commandement militaire du nord, notamment sur le corridor Ouallam et la frontière malienne, avait encerclé les ravisseurs. A l’issue d’un accrochage samedi, à l’arme lourde, entre l’armée nigérienne et la bande des preneurs d’otages, les corps des deux Français ont été retrouvés sans vie. Derrière cette opération de rapt, l’ombre d’AQMI semble être privilégiée dans les cercles diplomatiques étrangers. « Nous privilégions plus la piste de bandes armées incontrôlées agissant pour des chefs rebelles au nord. AQMI ne peut pas transférer si rapidement son combat dans une capitale, cœur de l’administration militaire. C’est exposer leur stratégie », nous a déclaré un officiel nigérien. Y a-t-il collusion entre mouvements rebelles nigériens du nord et la présence d’AQMI sur le territoire nigérien ? « Tout au début de leur présence en 2000, l’organisation s’est appuyée sur des groupuscules d’individus armés aux fins de les recycler. Ceux-là étaient plus dans la contrebande caravanière que dans des batailles idéologiques », a avoué notre source. Ismael Aidara Parmi les pays qui sont entrés la semaine dernière au Conseil de sécurité de l’ONU, en tant que membres non permanents, on compte, à côté de l’Allemagne et de l’Inde, l’Afrique du Sud. Rappelons que ce principal pays émergent d’Afrique souhaite devenir membre permanent du Conseil de sécurité. Il s’agit d’une réforme de plus en plus désirée sur le continent, mais qui toutefois se fait toujours attendre. Depuis la création de l’ONU en 1945, ce conseil n’est constitué que de cinq pays, à savoir la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie, détenteurs du droit de véto. Des BRIC aux BRICS L’Afrique du Sud, géant africain, vient de faire son entrée dans le groupe des grands pays émergents constitué du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine (BRIC). En effet, le 24 décembre dernier, la Chine, qui assure actuellement la présidence tournante du groupe, et conformément à un accord avec les autres États membres, a effectivement invité le pays arc-en-ciel à devenir un membre à part entière du BRIC, qui devient BRICS (le S correspond à l’orthographe en anglais de l’Afrique du Sud). Rien de vraiment surprenant étant donné que l’Afrique du Sud est la première économie africaine, avec un produit intérieur brut équivalant à un quart de celui de l’Inde, et qui représente 25% de celui du continent africain. Classé 34ème au classement Doing Business de la Banque mondiale de 2011, ce pays est considéré comme favorable aux affaires, car il a su ouvrir son économie au monde entier et attirer ainsi de nombreux grands groupes industriels internationaux, comme le géant de l’alimentation américain Walmart et General Motors. 22 - Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 L’africain de la semaine « Le partenariat Sud-Sud est nécessaire au développement de l’Afrique » Opérationnelle depuis janvier 2010 seulement, la compagnie communautaire régionale Asky est en train de prendre de l’attitude dans le ciel africain. Dans les lignes qui suivent, le principal acteur de la création de la compagnie, Gervais Koffi Djondo, président de Asky, retrace quelque peu le chemin parcouru. Interview. L es Afriques : Après une longue période d’attente, Asky a fini par prendre son envol. Gervais Koffi Djondo : C’est vrai que d’août 2005, quand a été arrêté au siège de la BCEAO l’idée de la création d’une société en vue de la promotion d’une compagnie communautaire, à juin 2010, où la compagnie a effectivement pris son envol, la période d’attente a été longue. Nous sommes parvenus à nos fins parce que notre détermination et notre volonté d’entreprendre tout ce que nous estimions nécessaire pour le développement de l’Afrique sont restées intactes. Car si les soutiens divers ne nous ont pas fait défaut tout au long de la réalisation du projet, nombreux auront été les obstacles. Je dirais même qu’il y en a eu beaucoup… Tellement que j’en suis arrivé à des conclusions personnelles sur nos organisations régionales dites de développement. Je note, à cet effet, avec beaucoup d’amertume que les grands fonctionnaires des ces institutions, par leur manière de travailler, ne servent pas véritablement la cause du développement du continent. Bref, ce n’est pas l’objet de nos propos. Asky est venue apporter et prendre sa part dans la dotation de l’Afrique de compagnies aériennes fortes, sûres et fiables dont le continent a grand besoin pour son intégration et sa participation au commerce mondial. LA : Face à la floraison des compagnies nationales en Afrique, quels sont les atouts de Asky pour faire son trou sur le marché africain ? GKD : Ils sont nombreux, les atouts de Asky. Le fait de ne pas être une compagnie nationale, mais plutôt une compagnie régionale communautaire à vocation africaine est l’un des tous premiers. Son partenariat avec un groupe africain fiable, Ethiopian Airlines, la plus ancienne des compagnies aériennes de notre continent, qui a une grande expérience du transport aérien, en est un autre. A ce sujet, d’ailleurs, ma conviction est que ce type de partenariats Sud-Sud est nécessaire au développement de l’Afrique. Toujours au nombre de nos atouts, Asky opère avec des aéronefs de nouvelle génération, des Boeing 737-700 NG. Ce qui fait que la moyenne d’âge des appareils de Asky est la plus jeune dans l’industrie du transport aérien. Pour soutenir tous les facteurs de compétitivité que j’ai cités tantôt, nous avons adopté une politique de gouvernance de type privé. De par son actionnariat, Asky est une compagnie privée. Et il importe que cela soit traduit dans son fonctionnement. Prête pour la concurrence, Asky, dans le cadre sa stratégie, a prévu également de mettre en œuvre avec les autres compagnies aériennes opérationnelles de longues dates une coopération dynamique. Il est évident que notre compagnie ne peut atteindre les objectifs globaux de desser- « Dans un second temps nous visons le développement en international avec la desserte de l’Europe, des Amériques et de l’Asie. Mais pour le moment, notre priorité, c’est l’Afrique. » te des pays de la sous-région que si elle conjugue ses moyens, coordonne son réseau, ses programmes et ses horaires avec toutes les compagnies aériennes de la sous-région. LA : Vous parliez tantôt de « coopération dynamique », de « conjuguer les moyens »… Comment appréciez-vous donc que sur le continent africain l’heure soit encore à l’émergence de compagnies nationales, alors que la tendance internationale est au regroupement des pavillons ? GKD : Il est évident qu’au moment où le ciel de notre continent est littéralement assailli par les grandes compagnies aériennes internationales, qui y réalisent leurs plus grands profits, s’allier, regrouper leurs moyens, reste pour les compagnies africaines la clé pour constituer des ensembles forts capables d’offrir aux passagers des services de standing international. Nous ne semblons pas emprunter cette voie et c’est vraiment dommage. Cela l’est d’autant que l’actionnariat de ces compagnies nationales les prédispose à une faillite certaine, à court ou moyen terme. Il s’agit essentiellement de compagnies à capitaux majoritairement étatiques, donc exposés aux aléas budgétaires publics, et dont la gestion ne peut que prendre des allures bureaucratiques, forcément moins rigoureuses en termes de management, d’organisation opérationnelle, de gestion technique (sécurité, sûreté, maintenance, qualité de service...). Nous aurions dû tirer toutes les leçons de la faillite de certains fleurons tels qu’Air Afrique, Nigeria Airways, Ghana Airways, Camair, Air Gabon, pour ne citer que ces quelques exemples. La multiplication des compagnies nationales, j’allais dire d’Etat, Gervais Koffi Djondo : « La multiplication des compagnies nationales en Afrique me paraît totalement absurde, antiéconomique et contreproductive. » GKD : Prometteur, je serais tenté de dire. Nous sommes agréablement surpris des résultats obtenus au cours des mois passés. En effet, nous sommes en réalité en avance sur toutes nos prévisions (étude de faisabilité et d’ajustement). A six mois d’activité, Asky affichait un taux de remplissage de ses vols de 60%. Un taux largement au-dessus des 40 à 45% sur lesquels nous tablions dans nos plans. Nous avons dû, de ce fait, enrichir la flotte de la compagnie – composée de deux avions au démarrage de ses activités en janvier 2010 – d’un troisième aéronef, toujours de nouvelle génération, pour satisfaire la forte demande. Dans nos projections, cette perspective n’était envisagée que vers la fin de l’année. Dans la foulée, il faut préciser que nous avons augmenté nos dessertes. Du fait de notre vocation africaine, nos destinations actuelles sont continentales. L’avenir immédiat pour Asky, c’est la consolidation de son réseau Afrique. Et puis dans un second temps le développement en international avec la desserte de l’Europe, des Amériques et de l’Asie. Avec la couverture de ces régions du monde, Asky aura atteint son objectif. Mais pour le moment, notre priorité, c’est l’Afrique. Car nous sommes très engagés à améliorer les échanges interafricains. Interview réalisée par Louis S. Amédé « Notre objectif nº 1 est de faire d’Asky une compagnie efficace au service, dans un premier temps, des femmes, des hommes et des jeunes de l’Afrique. » me paraît donc totalement absurde, antiéconomique et contreproductive. Surtout dans le contexte actuel. Déjà que le morcellement obère la capacité de ces compagnies à atteindre la taille critique pour être compétitives ; les circonstances font qu’elles sont sous-capitalisées et contraintes, du fait de leurs maigres moyens, à exploiter des marchés pour le moins étroits et à faibles revenus pour des coûts d’exploitation élevés. Une situation qui n’est pas durablement tenable. Galerie Les Afriques LA : Le transport aérien étant fortement capitalistique, pensez-vous objectivement qu’une compagnie aérienne propriété exclusive de privés est durablement viable sur le continent ? GKD : Si votre préoccupation est relative à l’implication des Etats dans le transport aérien, j’aime mieux vous rassurer tout de suite pour dire que l’Etat n’est jamais absent de tout ce qui touche au transport aérien. Qu’il ne soit pas actionnaire physique dans une compagnie ne saurait occulter sa présence dans l’activité. Les infrastructures, les taxes aéroportuaires, les droits de trafic sont autant d’éléments qui symbolisent bien la forte implication de l’Etat dans le business. Et les entreprises ont besoin de cet important agent économique. LA : A l’état de projet, Asky était supposée suppléer la disparition de la multinationale Air Afrique. Maintenant que la compagnie est opérationnelle, cette vision de départ est-elle toujours d’actualité ? GKD : Absolument ! La vision de départ est toujours d’actualité. C’est pour cela que Asky est une compagnie communautaire régionale à vocation africaine. C’est toujours conformément à cette vision que l’actionnariat de la compagnie est aussi varié qu’ouvert sur toute l’Afrique, avec la participation d’institutions financières communautaires engagées dans le développement du secteur privé. C’est encore parce que nous sommes dans cette vision initiale que le gouvernement de la république du Togo nous a accordé un accord de siège qui permet de bénéficier temporairement de certains avantages et facilités, notamment fiscaux. Dans l’esprit de la vision que nous avions au début, notre objectif nº 1 est de faire d’Asky une compagnie efficace au service, dans un premier temps, des femmes, des hommes et des jeunes de l’Afrique, donc de l’intégration économique et des populations du continent en général, et singulièrement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). LA : Comment s’apprécie, à la lumière de son passé récent, l’avenir pour Asky ? The mill of the century Collage papier. Signée en bas à droite. 2000. 50 x 40 cm. 2000/2500 euros Godfried Donkor (Ghana, 1964) Vit et travaille en Angleterre. C’est à travers l’Histoire de la négation de l’identité de l’homme noir que Godfried développe un langage plastique proche du Pop Art laissant la place à la notion d’icône en utilisant les clefs de la présentation publicitaire. Godfried Donkor collecte, enregistre et réinterprète des moments historiques de la destinée du peuple noir au travers de la peinture, du collage et de la photographie. Il utilise les images des galions transportant les esclaves noirs aux USA en leur faisant transporter des pin-up Noires ou des boxeurs légendaires créant ainsi une juxtaposition de l’industrie du sexe et du sport avec comme point commun l’exploitation de l’homme noir et de la femme. Ses peintures, ses collages sont des résumés visuels, des synthèses rapides de la société : le corps magnifié, le corps acheté et l’être nié. Economie - Politique Les Afriques - N° 144 - 13 au 19 janvier 2011 - « Un escadron de douze personnes est venu chez moi » Touré Al Mustapha était le président de l’association J’aime Gbagbo. Comme le Premier ministre Guillaume Soro, il a choisi de reconnaître la victoire électorale d’Alassane Ouattara. Visiblement, ses anciens amis lui en tiennent rigueur… Depuis son refuge à l’étranger, il raconte. L es Afriques : Vous êtes l’une des figures des Jeunes patriotes. Comment s’explique aujourd’hui votre « défection » du camp de Laurent Gbagbo ? Touré Al Mustapha : Je n’ai pas fait défection. J’ai, en tant que citoyen ivoirien, opté pour la reconnaissance du suffrage populaire. Il est vrai que je suis un membre actif des Jeunes patriotes. J’accompagne et je soutiens Laurent Gbagbo depuis dix ans. J’admire son courage. Tout cela étant, j’ai choisi de sortir des rangs et de parler. Il ne faut pas se taire lorsque notre voix peut aider à faire triompher la vérité. LA : Comment cette prise de position a été accueillie par le camp Gbagbo ? TAM : Après la proclamation de la soidisant victoire de Laurent Gbagbo par le Conseil constitutionnel, tous les leaders des Jeunes patriotes se sont empressés de faire des déclarations publiques de soutien. J’ai été le seul à ne pas le faire et cela LA : Donc, il est encore possible qu’il quitte pacifiquement le pouvoir ? TAM : Non, je ne crois pas à cette éventualité. Au fil des jours, les positions se radicalisent. Pourtant, il y a deux semaines, il a failli partir en Angola. L’information a circulé dans le camp présidentiel. « Je constate que depuis mon départ Charles Blé Goudé n’arrive plus à rassembler les jeunes. J’ai transmis un message à plusieurs d’entre eux leur demandant de refuser de se faire envoyer à l’abattoir pour Charles Blé Goudé. » a suscité plusieurs rumeurs. Lors de l’investiture de Laurent Gbagbo, j’ai donc été accueilli froidement à la présidence. La sécurité m’a même bloqué avant de se raviser. Dès que j’ai franchi les grilles présidentielles, j’ai été reçu par Charles Blé Goudé en personne qui m’a fait signifier qu’il y a beaucoup de rumeurs qui évoquent mon soutien à Alassane Ouattara. Il m’a alors demandé de faire une déclaration de soutien au président Gbagbo. J’ai dit que j’avais compris. Par la suite, j’ai reçu des avertissements musclés. Un escadron de douze personnes est venu chez moi. J’ai tout juste eu le temps de m’échapper par une porte de derrière. Ma maison a été saccagée et brûlée. Idem pour mon complexe hôtelier. L’Onuci est venue faire le constat. A travers ces représailles, c’est un message clair envoyé à tous les pro-Gbagbo qui s’aviseraient de reconnaître la victoire de Ouattara. LA : Quel a été votre rôle au sein de la galaxie des patriotes ? TAM : J’étais le numéro deux du mouvement des Jeunes patriotes. Je constate que depuis mon départ Charles Blé Goudé n’arrive plus à rassembler les jeunes. J’ai transmis un message à plusieurs d’entre eux leur demandant de refuser de se faire envoyer à l’abattoir pour Charles Blé Goudé. Dommage d’ailleurs que le camp Ouattara n’ait pas pris langue avec LA : Quels sont aujourd’hui ceux des proches de Gbagbo qui sont les plus opposés à son départ ? TAM : Il y a bien évidemment Charles Blé Goudé, leader des Jeunes patriotes, la première dame, le président du FPI, Pascal Affi Nguessan, le secrétaire général de la présidence, Désiré Tagro. En fait, ce sont les têtes de liste de la fameuse liste noire. Ce sont là les faucons. Quant à ceux qui pensent le contraire et qui sont susceptibles d’aider Gbagbo à reconsidérer la situation, ils sont tout aussi nombreux. J’ai cité Mamadou Coulibaly, président de l’Assemblée nationale. Il y aurait aussi Laurent Donat Fologo. LA : Quid de l’armée ivoirienne ? Estelle vraiment fidèle à Laurent Gbagbo ? TAM : L’armée est divisée. D’ailleurs elle a voté Ouattara à 63%. C’est la Garde républicaine qui joue les principaux rôles depuis longtemps. Le chef d’état-major, le général Mangou, est effacé et ne gère pas vraiment la situation. Ce sont les éléments du général Bruno Dogbo Blé (Ndlr : chef de corps de la Garde républicaine) qui bloquent l’accès menant à l’hôtel du Golf, où sont retranché Alassane Ouattara et son gouvernement. LA : De l’extérieur, on a été un peu surpris de voir l’appel à la grève lancé par Alassane Ouattara recueillir peu d’échos ? TAM : C’est compréhensible. Il faut savoir qu’Abidjan ville reste un bastion de Gbagbo. Il a gagné dans cette ville au premier et au deuxième tours. Ouattara est populaire à Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, dans les villes de l’intérieur en général. LA : Des hommes armés étaient à vos trousses. Y-a-t-il des escadrons de la mort à Abidjan ? TAM : Non, pas encore. Par contre, il y a des miliciens libériens qui avaient com- Verbatim Pandore « Nous sommes totalement engagés à l’égard du référendum, nous sommes totalement engagés à l’égard de son résultat, mais cela ne m’empêche pas de dire que c’est très dommage, cela va ouvrir une boîte de Pandore pour l’Afrique. » L’ambassadeur soudanais à l’ONU, Dafa-Alla El Haj Ali Osman. Mensonge « Je ne sais pas d’où vient ce mensonge contre moi. Le fait que j’occupe la présidence de l’Uemoa ne me donne pas la mainmise sur les ressources de cette institution. » Amadou Toumani Touré, démentant avoir aidé au paiement du salaire des fonctionnaires ivoiriens pour le mois de décembre. ces patriotes qui ne sont pas aussi acquis à la cause de Blé Goudé qu’on le pense. LA : Comment voyez-vous l’issue de cet imbroglio politique en Côte d’Ivoire ? TAM : Malheureusement, les émissaires de la CEDEAO n’ont pas eu l’idée d’associer aux pourparlers des proches de Laurent Gbagbo et des leaders du FPI comme Mamadou Coulibaly, l’actuel président de l’Assemblée nationale, ou encore Abderrahmane Sangaré, sa seconde épouse, etc. Il y a un certain nombre de personnalités emblématiques qui peuvent influencer Gbagbo. Une rencontre en terre neutre (Burkina Faso par exemple) entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pourrait décanter la situation. 23 Touré Al Mustapha : « J’ai été partisan de Gbagbo pendant dix ans, mais là c’est trop. » battu la rébellion et qui vivent depuis près de la frontière. On fait appel régulièrement à ces miliciens. LA : Avez-vous été surpris de la position de Guillaume Soro ? TAM : Non, à vrai dire non. Le Premier ministre a rempli sa mission qui était de préparer les élections. Ce n’est pas facile de travailler avec Laurent Gbagbo. Guillaume Soro a été d’un sens de responsabilité hors du commun, allant même jusqu’à fermer les yeux sur un attentat qui visait son avion. Il a fait son devoir de défendre le vote des Ivoiriens. LA : Est-ce que dans le camp de Laurent Gbagbo, ce scénario de rejet des élections était écrit d’avance ? TAM : Oui. Il n’était pas question de perdre. Notre slogan le résume : « On gagne ou on gagne. » Soit c’était par les urnes, soit par la force. Toutes ces négociations, discussions que Gbagbo souhaite aujourd’hui, c’est pour gagner du temps et avoir la communauté internationale à l’usure. On doit respecter la voix du peuple. La légitimité prime sur le droit. J’ai été partisan de Gbagbo pendant dix ans, mais là c’est trop. On ne peut pas annuler d’un trait le résultat de sept départements. C’est du jamais vu dans l’histoire. LA : A quel moment le camp de Gbagbo a su que Ouattara avait gagné ? TAM : Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, le 28 novembre 2010. Entre 23h30 et 1 heure du matin, nous étions au courant qu’Alassane Ouattara avait gagné. Le comptage se faisait presque en simultané depuis le QG installé au sous-sol du siège, où l’on recevait par téléphone tous les résultats, bureau de vote par bureau de vote. Le lendemain à 10 heures, on avait reçu tous les résultats. Une grande agitation régnait chez les leaders. Décision fut prise d’empêcher la CEI de publier les résultats coûte que coûte. C’est là que certains, dont moi-même, avons dit que ce serait suicidaire sur le plan de la communication, compte tenu de la présence des médias internationaux. Finalement, la consigne était d’empêcher la CEI de publier les résultats jusqu’à l’expiration du délai de trois jours. Et là toutes formes de contestations furent utilisées, jusqu’à l’empêchement physique, filmé heureusement par une caméra et qui a fait le tour du monde. Le reste n’est pas surprenant. Le président du Conseil constitutionnel, député FPI, ancien ministre de la Sécurité, proclame la victoire de Gbagbo… Propos recueillis par Adama Wade Militaire « L’option d’une intervention militaire, c’est pour venir chercher Laurent Gbagbo ! Ce n’est ni attaquer la Côte d’Ivoire, ni les Ivoiriens. Et des opérations de ce genre ont déjà eu lieu en Afrique, comme en Amérique latine. Ce n’est pas très compliqué. Si les chefs d’état-major de la CEDEAO décident de le faire, ils ont les moyens de le faire et de le soustraire, tout simplement, de son palais. » Alassane Ouattara. Succulent « En 2003, il y a un chef d’Etat d’un pays voisin qui a dit que je méritais la Cour pénale internationale. Venant de lui, c’est succulent. Moi j’aurais dû me faire élire à 80% et on n’en parlerait plus. » Laurent Gbagbo. Somalie « Nous sommes vivement préoccupés par la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire à la suite d’un processus électoral tant attendu et que plusieurs observateurs ont reconnu comme crédible. Après ce processus électoral, il ne serait pas responsable pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne et pour la communauté internationale de laisser ce riche pays se transformer en une autre Somalie. » Denis Sassou Nguesso, président du Congo. Ambition « J’envisage de revenir en Guinée en bonne santé parce que c’est mon pays. Je souhaite être utile à mon pays et au nouveau président, mais je n’ai pas besoin d’entrer en politique. Ce n’est pas mon ambition pour le moment. » Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire en Guinée. Corse « Imaginez un ou deux Mahmoud Ahmadinejad (président d’Iran) arrivant au pouvoir en Algérie, en Tunisie ou au Maroc. (...) C’est entre cinq et dix millions de personnes qui quitteraient l’Afrique du Nord, en bateaux, à la nage, sur des radeaux, pour venir en Corse, en Sardaigne, en Sicile, sur la Côte d’Azur. » Tarak Ben Ammar, homme d’affaires et producteur tunisien. Désaccord « Il n’y a pas de désaccord ni de lutte de pouvoir avec (mes) frères. » Seif al-Islam Kadhafi.