CONCEPTION ET MISE EN PAGE :PAUL MILAN 31 mars 2017 à 13:51
Chapitre 11
De la socialisation de l’enfant à celle de
l’adulte
Introduction
La structure sociale a un impact sur les individus. Les individus vont à leur tour
par leurs interactions modifier la structure sociale.
Les sociétés sont influencées par le système culturel. Le mot culture a plusieurs
significations :
au sens courant, il renvoie à « la culture savante », connaissance des arts, de la
philosophie, des sciences, . . .
au sens anthropologique, à des savoir-faire acquis (outils. . .)
au sens sociologique, à un système de valeurs, de normes, de représentations
Normes : comportements espérés.
Le professeur doit-il consulter son portable ? Mettre ses pieds sur le bureau ?
Valeurs : raisons pour lesquelles on va avoir certains comportements (idéaux. . .)
Le professeur doit respecter ses élèves.
La socialisation désigne le processus par lequel l’individu reçoit et s’approprie les
normes et les valeurs propres à un groupe social.
Elle permet aux membres d’une société de co-exister et de vivre ensemble. Elle
transforme les êtres biologiques en êtres sociaux, capables d’interargir avec au-
trui. Elle doit conduire à intérioriser les rôles liés aux statuts.
Le statut désigne la position objective occupée par un individu (statut d’épouse,
statut de médecin . . .). Chaque statut appelle un rôle, c’est-à-dire un comporte-
ment type correspondant aux attentes d’autrui et répondant à un ensemble de
normes. La socialisation a lieu au contact des autres par l’imitation consciente et
inconsciente. Elle se poursuit tout au long de la vie.
Nous sommes d’abord socialisés par nos parents qui occupent une place précise
dans la stratification sociale. Les classes ont des modes de vie différents.
Être socialisé conduit en partie à la reproduction sociale. Mais les différents groupes
culturels sont amenés à se rencontrer.
1 La socialisation, un apprentissage de la société et de
ses règles
A Un apprentissage nécessaire
En fonction des gens à qui nous nous adressons et/ou de l’endroit où nous nous
trouvons nos conduites différent. Nos interactions révèlent la nature variable de
notre identité personnelle et sociale et toute relation est déterminée alors par des
statuts, des attitudes et des fonctions qui créent des distances entre les individus.
OLIVIER MOREAU 1ÉCONOMIE PREMIÈRE ES
1 LA SOCIALISATION, UN APPRENTISSAGE DE LA SOCIÉTÉ
A certains moments, je suis d’abord homme ou vieux. . .
L’identité d’un individu se résume schématiquement au statut et au rôle qu’il a
dans la société.
Le statut est la place qu’un individu occupe dans un système à un moment donné.
Le rôle est l’ensemble des modèles associés à un statut donné. Il englobe les atti-
tudes, les valeurs et les comportements que la société assigne à un individu. On
différencie le rôle prescrit et le rôle subjectif. Le rôle prescrit d’un individu est
l’ensemble des conduites attendues de lui à un moment donné en fonction de son
statut, du contexte social et de la situation. Le rôle subjectif d’un individu cor-
respond à ses attentes vis-à-vis de ses propres conduites, lorsqu’il interagit avec
d’autres individus de statut différent du sien.
La socialisation permet l’adaptation des individus à leur société, à leur culture,
en leur permettant d’acquérir les rôles et normes comportementales nécessaires
pour être membres de cette société.
L’attitude en psychologie sociale n’est pas contrairement à la définition populaire
une façon de se tenir, mais plutôt un état d’esprit à l’égard d’une valeur (quelle est
votre attitude par rapport à l’écologie ?), une disposition envers un objet social.
L’objet social peut être un concept (la liberté), un individu (le voisin), un groupe
(les homosexuels), une contrainte (le travail), ou un fait social (le chômage).
La socialisation doit permettre d’intérioriser les valeurs, les normes de sa société.
Valeurs : principes généralement d’inspiration morale, appelés à orienter l’ac-
tion des hommes en société, en leur fixant des buts, des idéaux. Par exemple,
la société française est fondée sur des valeurs politiques telles que la liberté
et l’égalité.
Mais les valeurs sont trop abstraites pour se traduire concrètement dans
les actions des individus, il faut donc qu’elles soient en quelque sorte tra-
duites en règles pratiques de conduite, qui sont les normes partagées par
les membres d’une société ou d’un groupe.
Normes : règles de conduites, plus ou moins institutionnalisées fondées sur des
valeurs. Par exemple, en application de la valeur liberté, nul ne peut être ar-
rêté arbitrairement et en application de la valeur d’égalité, chacun est sou-
mis aux mêmes règles de droit.
L’application des normes est assortie de sanctions.
Sanctions : peines infligées à ceux qui transgressent les normes et récompenses
accordées à ceux qui s’y conforment de manière exemplaire.
Les sanctions ne sont pas nécessairement juridiques ou institutionnelles : les
manifestations de réprobation (raillerie. . .) ou d’approbation (félicitations)
des membres du groupe à l’égard du comportement d’un individu assurent
aussi efficacement le respect des normes.
La socialisation est donc nécessaire à la société dans son ensemble. Elle permet
en effet la perpétuation de la société et aussi son fonctionnement quotidien. La
régulation sociale est l’ensemble des mécanismes (élaboration et application des
régles sociales notamment) permettant le fonctionnement correct de la société
(réduction des conflits, coexistence pacifique des individus et des groupes. . .)
Sans l’intériorisation par les individus des valeurs et des normes, la société ne
pourrait fonctionner.
Mais il est important de souligner que sans transgression des normes, il n’y aurait
pas d’évolution sociale : la société serait routinière et totalement figée.
OLIVIER MOREAU 2ÉCONOMIE PREMIÈRE ES
2 LES INSTANCES DE SOCIALISATION : AGENTS ET MILIEUX
B Un apprentissage complexe et multidimensionnel
La socialisation se déroule tout au long de l’existence, mais elle est particulière-
ment intense lors de l’enfance.Le psychosociologue Piaget, l’anthropologue Mead
et le fondateur de la psychanalyse Freud ont particulièrement étudié ce phéno-
mène.
Pour Piaget (1896-1980) la socialisation s’effectue dans un double mouvement
d’assimilation et d’accommodation. Par l’assimilation, l’enfant soumet le monde
extérieur à ses structures mentales et affectives. L’accommodation consiste pour
l’enfant à adapter ses strutures mentales au monde extérieur.
Cette construction de la personnalité d’un individu s’effectue de manière inter-
active, c’est-à-dire dans le cadre de relations réciproques entre l’individu et la
société. Mead (1863-1931) a mis en évidence l’importance de l’apprentissage des
rôles sociaux dans la formation de la personnalité de l’enfant. Cet apprentissage
se réalise dans le cadre des jeux. L’enfant joue d’abord librement avec lui-même
en s’inventant un personnage imaginaire qui lui permet de jouer le rôle de ses
proches. Vers 3 ans, notamment à l’école maternelle, il s’engage dans des jeux
réglementés (football : le goal doit rester dans ses « cages ») dans lesquels il est
contraint à la fois d’intérioriser des règles et de se réprésenter comme faisant par-
tie d’un ensemble (l’équipe). L’enfant se découvre ainsi comme membre d’une
collectivité réglementée en même temps que comme individu singulier. De ce fait
il accède vraiment à la personnalité sociale.
De plus la socialisation recèle une dimension affective incontestable. Freud (1856-
1936) a montré l’importance de l’identification des enfants à leurs parents dans
leur formation psychologique et sociale. Cette identification ne se fait pas sans
conflit ; c’est le complexe d’Œdipe, contraint de se séparer de sa mère dont il est
amoureux pour ressembler à son père (rôle masculin, le petit garçon éprouve des
sentiments ambigus à l’égard de ce dernier). D’une part il ressent de l’admiration
et de l’amour pour son père, d’autre part il vit avec lui une forme de rivalité par
rapport à sa mère.
L’objectif essentiel de la socialisation réside dans l’adaptation des individus à la
société dont ils sont membres. Néanmoins des phénomènes d’inadaptation et de
contestation sociale qualifiés de déviance (la délinquance) ou d’innovation (la
libération sexuelle des années 60-70 par exemple) existent toujours parallèlement.
2 Les instances de socialisation : agents et milieux
Traditionnellement on distingue les agents socialisateurs dont l’action est directe
(la famille).
A Les agents explicitement socialisateurs
A.1 La famille
La famille conjugale n’exerce plus aujourd’hui qu’un nombre limité de fonctions :
La consommation et la transmission du patrimoine sur le plan économique
La socialisation, l’héritage culturel, l’épanouissement personnel sur le plan so-
cial.
Bien que concurrencée par l’école, la famille demeure en matière de socialisation,
l’institution fondamentale. En effet, l’acquisition des premiers rôles masculins et
OLIVIER MOREAU 3ÉCONOMIE PREMIÈRE ES
2 LES INSTANCES DE SOCIALISATION : AGENTS ET MILIEUX
féminins ou encore l’identification ont la famille pour cadre principal. Les mu-
tations dans les structures de la famille ne peuvent donc manquer d’avoir des
répercussions sur sa fonction socialisatrice. La multiplication des familles mono-
parentales, résultant notamment de l’augmentation des divorces, prive de nom-
breux enfants de la présence permanente de leurs parents, leur père le plus sou-
vent. Or, l’absence du père peut déstabiliser un garçon adolescent manquant d’un
modèle masculin d’identification et d’une figure d’autorité.
Le travail féminin est un autre facteur important de mutation de la socialisation
par la famille. L’extension du travail féminin influence les formes de socialisation
par la famille dans au moins deux directions :
Les rôles masculins et féminins évoluent peu à peu. L’éducation des garçons et
celle des filles ont longtemps divergé, parce que les fonctions assumées par les
hommes et les femmes dans la société différaient. Aujourd’hui, les femmes ac-
cédent peu à peu aux fonctions de décision et les filles sont plus nombreuses à
poursuivre leurs études que les garçons. Ces mutations engendrent la tendance
au rapprochement des rôles de la fille et du garçon.
Les réseaux de parenté sont réactivés. La situation fragilisée de la famille nu-
cléaire a souvent occulté la permanence, voire la vigueur des réseaux de pa-
renté. Les relations entre les générations sont nombreuses et régulières (garde
des enfants). Pour éclairer plus globalement l’empreinte familiale que les indi-
vidus reçoivent lors de leur socialisation, on peut se référer à la notion d’habi-
tus de Bourdieu.
Habitus = Ensemble des gôuts, des comportements, des manières de percevoir,
de ressentir et de dire qu’un individu reçoit de sa famille et de son milieu social.
La socialisation est un processus qui se poursuit aussi à l’âge adulte, y compris
dans la famille. Ainsi dans les familles immigrées, il n’est pas rare de voir les
enfants socialiser leurs parents à la culture du pays d’accueil. C’est bien souvent
par leurs enfants que les parents acquièrent sa langue, la connaissance des ses
valeurs et de ses normes ou des ses institutions sociales à travers les démarches
administratives qu’ils aident à accomplir. Quant aux enfants eux-mêmes, c’est
surtout à travers l’école qu’ils se socialisent.
A.2 Le système éducatif
L’école exerce une puissante action de socialisation qui selon les cas peut être
complémentaire ou concurrente de celle de la famille.
Pour les enfants des catégories sociales dominantes, l’école renforce la culture
familiale et permet généralement la réussite scolaire. Par contre pour les enfants
des catégories défavorisées, la culture véhiculée par l’école ne coincide pas avec
leur culture d’origine. Dès lors ils subissent des socialisations concurrentes qui
contribuent à expliquer leur échec scolaire plus fréquent.
A.3 Le groupe de pairs
La quête d’identité qui caractérise l’adolescent l’amène à rechercher, voire à accu-
muler les appartenances à des groupes de pairs, c’est-à-dire de personnes ayant
le même statut que lui.
Des relations privilégiées existent donc entre les adolescents de même sexe et
d’une même classe d’âge, et par conséquent dans les groupes de copains de
toute nature, des influences socialisatrices multiples s’exercent. Néanmoins ces
OLIVIER MOREAU 4ÉCONOMIE PREMIÈRE ES
2 LES INSTANCES DE SOCIALISATION : AGENTS ET MILIEUX
groupes adoptent souvent des valeurs et des normes innovantes par rapport à
celles en vigueur dans la société et contribuent ainsi à son évolution.
Mais en dépit des efforts des familles et de l’intervention de l’école de fortes in-
égalités relatives à la scolarisation demeurent.
B Les agents implicitement socialisateurs
B.1 L’entreprise
Elle constitue non seulement un lieu de travail mais aussi un facteur d’identité
professionnelle et d’appartenance sociale. Elle participe aussi à la socialisation de
son personnel, à travers par exemple, le respect d’un horaire régulier, l’obligation
de coopérer dans le travail
B.2 Les médias
La presse et surtout la télévision qui dispose de la puissance de l’image, exercent
une influence grandissante sur la vie sociale. Les valeurs diffusées pat la télévi-
sion participent à la socialisation effective.Face à la télévision, les familles n’ont
pas toutes la même attitude. La grande majorité des familles dominantes l’ac-
ceptent, tout en s’efforçant d’en faire une utilisation sélective et contrôlée. Cette
pratique s’oppose nettement à l’usage permanent et souvent non contrôlé d’une
bonne part des familles culturellement défavorisées
C Les milieux de socialisation
Une première distinction peut être effectuée entre les milieux auxquels appar-
tiennent les agents de socialisation.
a) Le milieu géographique
Certains psychologues ont pu constater un développement culturel plus pré-
coce en milieu urbain, mais plus stable en milieu rural
b) Le milieu ethnique
La socialisation ne s’effectue pas de la même manière dans les différents mi-
lieux ethniques.
c) Le milieu social
Habitus
d) Le milieu de référence.
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