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Dennison, 1980 ;Lynch et Jefferies, 1982 ;Endt et Ortner, 1984). Ces premières études
utilisaient des méthodes de dosage de l’azote nécessitant une quantité relativement impor-
tante de matériel, de 50 milligrammes à plusieurs grammes d’os. Nous avons systématisé
cette approche pour tous les spécimens osseux et dentaires que nous avons été amenés à
traiter pour la mesure des teneurs en isotopes stables du carbone et de l’azote (plus de
2000 spécimens à ce jour), au Laboratoire de Biogéochimie Isotopique (LBI) de l’Univer-
sité Paris-6 entre 1994 et 2001, et depuis juillet 2001 à l’Institut des Sciences de l’Évolu-
tion de l’Université Montpellier-2 (ISEM). Cette mesure est effectuée à partir d’une prise
d’essai de deux (ISEM) à cinq (LBI) milligrammes de poudre d’échantillon, et permet de
connaître les pourcentages de carbone et d’azote présents dans l’échantillon. La mesure est
réalisée par un analyseur élémentaire CHN Carlo Erba NA1500 (LBI) ou un analyseur
élémentaire CHN Eurovector (ISEM). Dans les deux cas, l’échantillon, pesé précisément
dans une capsule d’étain, subit un flash combustion en présence d’oxygène, les gaz obtenus
sont poussés par un flux d’hélium ultra pur à travers un four de combustion puis un four de
réduction. Les gaz traversent ensuite un piège retenant l’eau (hydrazone) puis une colonne
de chromatographie, ce qui permet de séparer les pics correspondant à l’azote (N
2
)etau
gaz carbonique (CO
2
). La quantification de ces gaz est effectuée par un cataromètre (détec-
teur de conductivité thermique). Au LBI, le calcul des teneurs en N et C de l’échantillon
était réalisé par comparaison des aires mesurées pour N et C de l’échantillon avec une
droite de régression obtenue pour un acide aminé de référence (tyrosine) et recalculée pour
chaque série d’analyses (tous les 50 échantillons). À l’ISEM, le traitement des aires mesu-
rées est réalisé à l’aide du logiciel CALLIDUS, avec une calibration effectuée au début de
chaque série (tous les 40 échantillons) sur cinq échantillons d’un acide aminé de référence
(alanine). La précision obtenue est de 0,1 %.
2.2. La teneur en azote des ossements reflète la quantité de collagène conservée
Le pourcentage d’azote mesuré dans des ossements modernes (54 spécimens d’origines
géographiques diverses, essentiellement des mammifères ainsi que quelques reptiles) varie
de 2,6 à 5,7 %, avec une moyenne de 4,3 ± 0,6 %. Les différences observées correspondent
à des états de fraîcheur variables, ainsi qu’à des différences physiologiques et des différen-
ces dans les traitements subis par les ossements entre le décès des animaux et l’obtention
des ossements.
Les teneurs en azote mesurées sur des spécimens préhistoriques montrent une grande
variabilité, entre les sites et au sein des sites, comme cela est illustré par les exemples de la
Fig. 1. La gamme des résultats couvre l’ensemble des valeurs attendues, depuis des valeurs
de 0 % correspondant à une absence d’azote, et donc de collagène conservé, jusqu’à des
valeurs de l’ordre de 4 %, similaires à celles d’os frais. Une telle gamme peut s’observer
dans un seul site, comme le site néolithique moyen de Bercy (Bocherens et al., 1997b).
Cependant, la gamme des valeurs observée pour la plupart des sites est nettement plus
réduite. Dans certains cas, tous les échantillons analysés présentent des pourcentages d’azote
correspondant à la présence d’au moins un dixième du collagène initial (≥0,4 %). C’est le
cas de la couche 1A de la grotte Scladina (Belgique), datée d’environ 40 000 ans BP (Boche-
rens et al., 1997a). Dans le cas de la couche Ejop sup de Saint-Césaire, d’âge châtelperro-
nien (environ 36 000 ans BP), les pourcentages d’azote sont tous inférieurs à 0,8 %, avec
559H. Bocherens et al. / L’anthropologie 109 (2005) 557–567