Diversité entomologiques des jardins familiaux
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Diversité entomologique des jardins familiaux François Meurgey Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes Importance des abeilles sauvages dans la pollinisation des potagers Quelques notions liminaires Il existe environ 1000000 d'espèces d'insectes dans le Monde, Ils représentent 85 % de la diversité animale sur la Terre, Ils sont très nombreux ! Ils ont colonisé l'ensemble des écosystèmes et, à ce titre, ils jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des écosystèmes : Pollinisation des végétaux Contribution à la dégradation des matières organiques Consommation d'autres insectes Nourriture pour d'autres espèces animales Rôle des insectes dans les écosystèmes Dégradation, qui consiste à rendre les déchets organiques assimilables par les microorganismes du sol, pour finir de les dégrader et créer les sols, – Les bois, – Les litières, – Les excréments Consommation des végétaux (notion de régulation). Notion de ravageurs et de nuisibles Prédation sur les autres insectes ou invertébrés, Mais tout ceci ne peux fonctionner que dans le cadre d'un fonctionnement global adéquat, les actions humaines modifient cet équilibre. Rôle des insectes dans les écosystèmes La pollinisation ; – Il existe trois grands types de reproduction chez les végétaux ; • L'anémogamie • L'hydrogamie • La zoogamie Une grande majorité des plantes à fleurs sont zoogames et parmi celles-ci la plupart sont entomophiles, elles attirent les insectes pour se reproduire. La pollinisation par les insectes est issue d'une coévolution unique sur notre planète qui a vu se développer presque simultanément les plantes à fleurs et les insectes pollinisateurs. Diversité des insectes dans les jardins familiaux La diversité entomologique en ville est très souvent la plus importante dans les jardins familiaux ; – Parce que les milieux y sont variés, – Parce que les ressources alimentaires pour les insectes y sont plus abondantes et plus longtemps disponibles, – Parce que (normalement) les pollutions y sont moindres Diversité des insectes dans les jardins familiaux Les papillons (lépidoptères) Cet ordre comprend environ 5000 espèces en France (175000 dans le Monde), Insectes à métamorphose complète en quatre phases ; œuf, chenille, chrysalide et papillon, Ordre très diversifié, les adultes se nourrissent du nectar des fleurs, les chenilles consomment les végétaux, La plupart des papillons ne vivent que sur une ou deux plantes qui leurs sont spécifiques, Ils peuvent contribuer à la pollinisation des végétaux. Le Porte-queue azuré, Lampides boeticus, Le Gazé, Aporia crataegi, sur Rosaceae La Carte géographique, Araschnia levana sur Fabaceae (pois, haricots) (Prunellier, aubépine..) sur orties Les Coléoptères Cet ordre comprend environ 10000 espèces en France (400000 dans le Monde), Le plus important ordre d'insectes au Monde, Les coléoptères ont colonisés l'ensemble des milieux et montrent la plus grande diversité de régimes alimentaires, – Xylophages – Saproxylophages – Prédateurs – Phyllophages – Racidivores – Coprophages – ... Les Coléoptères Le Rhinoceros, Oryctes rhinoceros. L'Onthophage taureau, Onthophagus taurus. Saproxylophage (arbres ceux, compost) Coprophage (excréments de mammifères) Le Carabe doré, Carabus auratus. Carnivore (escargot, larves de coléoptères) Le Clyte, Clytus arietis. Xylophage (bois mort ou mourant) Les Libellules (Odonates) Cet ordre comprend environ 85 espèces en France (6500 dans le Monde), Insectes à métamorphose incomplète en deux phases ; larve et libellule, La larve est aquatique et la libellule est aérienne, Insectes prédateurs à tous les stades, principalement de moustiques, Les libellules ont besoin de milieux aquatiques, surtout stagnants, La Nymphe au corps de feu, Pyrrhosoma nymphula L'Aeshne bleue, Aeshna cyanea La Libellule déprimée, Libellula depressa Les Hyménoptères Cet ordre comprend environ 8000 espèces en France (120000 dans le Monde), Comprend, notamment, les principaux insectes pollinisateurs, Ordre très diversifié ; certaines espèces sont parasites, phytophages, prédatrices ; – Les guêpes et frelons – Les abeilles – Les fourmis Abeille domestique, Apis mellifera Quelques hyménoptères aux jardins Frelon commun, Vespa crabro Guêpe gauloise, Polistes gallicus Frelon à pattes jaunes, Vespa velutina Scolie hirsute, Scolia hirta Fourmi noire Abeilles sauvages et abeille domestique Les abeilles (Apoïdes) comptent environ 20000 espèces dans le Monde et 1000 en France. Dans notre région, leur nombre est estimé à plus de 200 et plus d'une trentaine vivent dans nos villes. Une seule espèce est sociale en France et vit en colonies ; Apis mellifera, tandis que toutes les autres sont dites solitaires et ne font pas de colonies pérennes, Les abeilles sauvages montrent des écologies variées en relation avec la flore butinée ; – Espèces monolectiques (une seule espèce végétale exploitée) – Espèces polylectiques (plusieurs espèces végétales exploitées) Diversité des abeilles sauvages dans les jardins nantais Anthophora plumipes (Fabaceae) Nomada lathburiana Andrena cineraria (Fabaceae) Nomada goodeniana (parasite) Eucera longirostris (Fabaceae) Coelioxys tridentata Autres espèces d'abeilles sauvages La Collete du lierre, Colletes hederae L'Andrène de la bryone, Andrena florea La Melitte de la salicaire, Melitta nigricans L'abeille de la Lysimaque, L'abeille charpentiere, L'Osmie cornue, Macropis europeae Xylocopa violacea Osmia cornuta Les Megachiles (Abeilles tapissières) femelle Assez fréquentes dans les parcs urbains, Les femelles possèdent une brosse à pollen ventrale, Nidifient dans les talus, le sol et les murs, Pollinise principalement les espèces locales, La femelle tapisse la galerie de nidification de feuilles coupées Les Bourdons Ce sont bien des abeilles ! Et sans doute les meilleurs pollinisateurs, – Corps velu (collecte de pollen), – Vol puissant (buzz pollination), – Apparaissent dès le mois de mars, Les Bourdons sont eusociaux (colonies annuelles), Nécessitent des plantes locales à proximité. Colonie de Bombus pascuorum et pots à miel Les Bourdons Bourdon des pierres Bombus lapidarius Bourdon des champs Bombus terrestris Bourdon de pâques Bombus pascuorum Bourdon des haies, Bombus hortorum Bourdon parasite Bombus vestalis Les Anthidies (abeilles cotonnières) Anthidium manicatum Assez fréquentes dans les parcs urbains, Les femelles collectent les poils végétaux, Nidifient dans les talus, le sol Pollinisent principalement les espèces locales, Grands traits biologiques Pour nourrir leur progéniture, les abeilles ont besoin de nectar, qu'elles prélèvent sur les fleurs, La plante fourni le nectar et en échange, profite de ces insectes volant pour disséminer son pollen et assurer sa propre reproduction, Plante et insecte sont dans ce cas indispensables l'un à l'autre, D'autres espèces consomment du nectar et contribuent au transport du pollen, mais ne sont pas si inféodées à cette ressource, Grands traits biologiques On distingue deux types d'abeilles ; les abeilles à longue langue et les abeilles à langue courte, Chacune de ces deux catégories possède sa stratégie de butinage, adaptée aux plantes ; – Les abeilles à langue courte butinent les fleurs au nectar accessible, – Les autres butinent les fleurs à corolle profonde au nectar moins accessible. – Ces différences morphologiques assurent la reproduction d'un grand nombre d'espèces végétales. Rôle des abeilles sauvages dans la pollinisation de la flore indigène Hyper spécialisées ou bien généralistes, les abeilles sauvages jouent un rôle central dans le maintien de la biodiversité de nos territoires. Elles sont garantes de la stabilité des écosystèmes en participant à la pollinisation des plantes sauvages et cultivées. Elles ont un rôle économique important à côté des Abeilles domestiques qui sont considérées comme la « force de butinage », alors que les abeilles sauvages sont complémentaires en temps que spécialistes, développant des techniques et caractéristiques particulières de pollinisation Dans nos régions, les abeilles sauvages garantissent à elles seules la moitié de notre biodiversité floristique. Leur perte entraînerait une véritable catastrophe pour le patrimoine végétal et par voie de conséquence pour les espèces animales. Rôle des abeilles sauvages dans la pollinisation des cultures Alors que l’on a longtemps considéré que seule l’Abeille domestique pollinisait efficacement les cultures, une série d’études récentes tend à prouver le rôle complémentaire et important des pollinisateurs sauvages. Ces diverses études réalisées dans différents pays de la planète et sur diverses cultures montrent que plus les pollinisateurs sauvages (essentiellement des abeilles) visitent une fleur, plus la fructification augmente, et cela quel que soit le système de culture (Klinger, 2013). Avec l’augmentation du nombre de visites effectuées par la seule Abeille domestique, la fructification n’augmente que dans 14% des systèmes étudiés. L’augmentation de fructification induite par les abeilles sauvages est, quant à elle, deux fois plus élevée que celle induite par leur cousine domestique. Les résultats de ces études montrent que la fructification maximale n’est atteinte que si les fleurs sont visitées à de nombreuses reprises à la fois par des Abeilles domestiques et par des abeilles sauvages. Diversité des types de nidification Les abeilles sauvages montrent autant de variations dans leur morphologie que dans leur mode de nidification ; – Rubicoles (tiges creuses) – Xylicoles (bois mort) – Terricoles (terriers creusés ou trous existants), Diversité des types de nidification Propositions de mesures favorables aux abeilles dans les jardins familiaux Végétalisation en plantes indigènes à préférer aux plantes ornementales, Pérennisation des plantations de zones fleuries et augmentation de la floraison dans l'année, Diversification des plantations (nature, surfaces..) Augmentation des surfaces végétalisées surtout dans les sites isolés, et connexions des habitats entre eux, Limitation des ruchers à Apis mellifera en milieu urbain….oui, oui je sais... (problèmes de compétition parfois) Propositions de mesures favorables aux abeilles dans les jardins familiaux Favoriser les sites de nidification naturels ou les restaurer ; – Zones nues, gazons « troués », – Zones non fréquentées, ni piétinées, – Sol meubles et de nature différentes (matériaux), Laisser les vieux murs, ou les restaurer, Favoriser les plantes matériaux (tiges creuses, arbustes..) Un hôtel à insectes ? Un excellent moyen de sensibiliser les jeunes publics aux problématiques sur les abeilles et autres insectes, Mais ne peut être mis en place sans favoriser des habitats naturels – Sans nourriture à proximité, les abeilles s'y reposent ou nidifient, mais les populations ne sont pas pérennisées, – Les hôtels à insectes ne favorisent que les espèces les plus courantes (écologiquement), Le Frelon à pattes jaunes Le Frelon à pattes jaunes est une espèce exogène arrivée en France fortuitement, Son caractère invasif est encore à démontrer (une propagule à 1 chance sur 1000 de devenir invasive), – Actuellement stabilisation basse à tendance décroissante des populations (normal), Aucune étude n'est disponible sur son réel impact écologique et le détruire renforce sa stratégie de multiplication ! Ne pas piéger les reines fondatrices ! Principalement préoccupant dans les villes ; – Peu de prédateurs, – Multiplication des ruches, – Impact de la Pie bavarde en ville, à mieux cerner Se nourrit d'abeilles, mais pas que, et loin de là !
