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L’aménagement au Québec : quelle place y a-t-il pour les architectes ?
Devant leur avenir professionnel, les étudiants, les diplômés, les stagiaires
et les jeunes architectes font face à des perspectives contradictoires. D’un
côté, dans une perspective internationale, ils constatent que l’architecture
contribue à la conception du monde actuel, définit l’image du futur et
constitue une part importante de la qualité de vie et de l’expression
culturelle des sociétés. D’un autre côté, dans le contexte québécois, ils
observent une certaine indifférence, voire de l’incompréhension, de la
part de leur famille et de leurs amis, à l’égard de l’apport de l’architecte
et de l’architecture au domaine de la construction ou du marché
immobilier.
Ce rendez-vous manqué entre les architectes et la société d’ici, dont ils
font partie et qu’ils entendent servir, soulève plusieurs questions qui sont
discutées dans les ateliers du Forum. En guise d’introduction, nous
proposons quelques constats contrastés sur la reconnaissance de
l’architecte en ce qui regarde les perspectives du marché de la
construction.
Y a-t-il une place pour les architectes au Québec ?
Au Québec, les architectes ont joué un rôle historique indéniable dans la
conception et la construction d’une large part du patrimoine bâti; les
institutions publiques et privées, en particulier religieuses, mais aussi les
bâtiments vernaculaires, commerciaux et résidentiels avant 1950.
La Révolution tranquille des années 60, avec son programme de
nouveaux édifices publics – polyvalentes, cégeps, hôpitaux, immeubles
administratifs et commerciaux – a, durant une quinzaine d’année, assuré
une reconnaissance socioéconomique exceptionnelle à une nouvelle
génération de jeunes architectes fraîchement diplômés entre 1955 et
1970.
Cette génération, aujourd’hui retraitée ou contemplant ces dernières
années de pratique active, constate le bouleversement des quatre
dernières décennies d’où deux tendances émergent;
- la place des architectes s’est fragilisée dans la reconnaissance
de leur compétence technique et esthétique, et les honoraires
sont inférieurs alors que les responsabilités sont plus élevées,
tant en ce qui regarde le détail technique qu’en ce qui touche
les garanties légales;
- les clients ont évolué, passant de façon paradoxale une
commande qui se veut toujours « meilleur marché » avec des
solutions génériques, mais aussi toujours plus performante avec
des solutions optimales et adaptées aux projets.
Le modèle de développement du Québec moderne semble donc se
conclure par une relative marginalisation des architectes et de
l’architecture face au marché des services de conseillers en construction et
en aménagement.