La Terre organisme vivant - Bio

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Mouvement de Culture Bio-Dynamique
Fédération francophone des organismes régionaux de Culture Bio-Dynamique
La Terre,
organisme vivant
Walther CLOOS
DOSSIER TECHNIQUE
La Terre, organisme vivant
Walther CLOOS
Mouvement de Culture Bio-Dynamique
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Edition originale :
Lebenstufen der Erde
2nd Edition, Verlag Freies Geistesleben, Stuttgart
Traduction sous la houlette de Serge BELLELLE
Dossier technique
Mouvement de culture Bio-Dynmique
5 place de la Gare - 68000 Colmar
tél. 03.89.24.36.41. – fax. 03.89.24.27.41
www.bio-dynamie.org
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SOMMAIRE
INTRODUCTION.............................................................................................................4
1 - STRUCTURE PRIMORDIALE DU MONDE DES ROCHES ..................................................9
2 - PREMIERES ETAPES DE LA VIE DE LA TERRE ............................................................13
3 - LE MONDE DES VEGETAUX-MINERAUX & LEUR « SIGNATURE » ................................. 19
4 - LE VEGETAL ANIMAL UNVERSEL & SA SIGNATURE ................................................... 25
5 – LA NATURE VEGETALE ET LES SCHISTES ................................................................. 35
6 – LA NATURE ANIMALE ET LE CALCAIRE ..................................................................... 40
7 – L’ETRE HUMAIN ET LE SEL ...................................................................................... 45
8 – LE MYSTERE DU PETROLE....................................................................................... 50
9 – LES ROCHES SEDIMENTAIRES................................................................................. 55
10 – LE VOLCANISME ET LA NAISSANCE DU FEU TERRESTRE ......................................... 60
11 – LA RADIOACTIVITE & LE PROCESSUS DE GERMINATION......................................... 65
12 – LES PHENOMENES METEORIQUES ......................................................................... 70
13 – QUELLE EST LA COMPOSITION MINERALE DE NOS ROCHES.................................... 75
14 – LES METAUX DANS LA VIE DE LA TERRE ................................................................ 80
15 – LE DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE & LES PROCESSUS DE BASE DE LA FORMATION
DES ROCHES ............................................................................................................... 89
16 – LE TEMPS DANS L’EVOLUTION DE LA TERRE .......................................................... 94
17 – LA TERRE, SEMENCE D’UN NOUVEAU MONDE......................................................... 99
TABLEAU DES FORMATIONS GEOLOGIQUES ................................................................ 104
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INTRODUCTION
Le promeneur, qui embrasse du regard le spectacle de la vie foisonnante des plantes et des
animaux, jusqu’à celui de la masse minérale de la Terre, ne réalise pas toujours que les
traces et les vestiges de la vie passée, se trouvent dans les roches et les éboulis.
Relativement peu nombreux sont les endroits, à la surface de la Terre, où l’on peut voir que
les roches contiennent des restes fossilisés d’animaux, ressemblant à des moules et à des
escargots. Ces derniers, et d’autres de forme apparentée, constituent de loin la majeure
partie de ce qui est clairement identifié comme des traces de vie. D’autre part, il est évident
que les roches contenant de telles traces de vie sont pour la plupart des calcaires ou des
« shales » (argiles compactées) calcaires, ou des marnes, ou des schistes argileux en
couches intercalées dans des calcaires.
Si l’on prend la peine d’examiner du calcaire sous un verre grossissant ou un microscope, il
est facile de constater que la majeure partie est composée de minuscules coquilles (tests) de
protozoaires (protistes), organismes qui habitent nos océans encore à ce jour. Le zoologiste
Hertwig écrit : « Aucun groupe d’animaux n’a contribué, autant qu’ils l’on fait, à la formation
de nouvelles strates, dans le présent et dans le passé ».
Nous trouvons les protozoaires dans les couches intercalées entre les gisements de charbon,
comme le calcaire à fusulines, et surtout dans le Muschelkalk, dans les calcaires jurassiques,
la craie, et les calcaires à nummulites du début de l’ère tertiaire.
Si nous évoquons les plateaux montagneux du Jura, les falaises de craie blanche de la côte
sud de l’Angleterre, de la côte balte près de Rügen et beaucoup plus loin, les immenses
plaines centrales du continent américain qui reposent sur des milliers de mètres de craie,
nous devons réaliser que ces impressionnantes couches de calcaire sont composées en
grande partie d’organismes minuscules.
Certes, nous trouvons encore aujourd’hui dans les océans des myriades de ces petites
créatures qui déposent leurs coquilles calcaires (tests) pour former la vase des fonds marins,
mais nous ne pouvons plus observer la formation de formidables dépôts de calcaire comme
ceux du passé. À l’évidence, le foisonnement de la vie est moindre, l’intensité de ces
processus a diminué, et de plus, ces petites créatures tendent à êtres encore plus petits
qu’elles ne l’étaient dans le passé.
Toutes ces observations donnent à penser qu’à l’époque de la formation de ces calcaires, les
processus de vie étaient de loin plus étendus, que les océans où ils se produisirent
prédominaient et que la Terre, dans son ensemble, était beaucoup plus chargés d’eau. Cette
idée s’appuie sur le fait que, dans quelques-unes de ces strates calcaires, nous trouvons les
restes de grands animaux qui, d’abord, ressemblent quelque peu à des poissons, des tritons,
des crocodiles, et ensuite prennent les formes étranges de sauriens géants.
D’après le changement intervenu dans ces formes de la vie animale, nous pouvons constater
que cette époque fut une période de transition significative. La domination de la mer cessa
d’être absolu, du fait de la formation progressive de la terre ferme. Comme nous l’avons vu,
les organismes les plus menus en furent les principaux responsables, du moins en ce qui
concerne ces strates calcaires.
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Si nous nous détournons de la craie, des calcaires jurassiques et du Muschelkalk, et que
nous pénétrons plus profondément dans la terre, nous observons que les couches de calcaire
deviennent plus rares, et nous rencontrons des roches, dont les ardoises bleues utilisées
pour les toitures sont un exemple typique. Dans ces ardoises, nous trouvons des restes
d’animaux marins dont beaucoup ont aujourd’hui disparu. D ‘après ces formes animales il est
évident que même si l’eau a joué un rôle important lors de la formation des roches, l’océan
devait être d’une nature très différente car il n’a pas seulement déposé des lits de calcaire
mais aussi de la boue argileuse. En effet l’ardoise est composée principalement de silicate
d’aluminium, avec un mélange de carbone et de fer.
Les ardoises alternent avec les grès, ou quelquefois avec des calcaires, ou des shales
calcaires (shale = argile compactée). Si l’on pénètre plus en profondeur, en approchant des
tous premiers temps de la Terre, ces roches sont remplacées par les micaschistes scintillants,
et par le gneiss. À la fin de la période du schiste et de l’ardoise, quelque chose de très
particulier apparaît : les gisements de charbon. Ils indiquent une vie plus végétale,
contrastant avec la vie animale de la période du calcaire.
Si l’on descend encore plus en profondeur, et plus loin dans le temps, au-delà des périodes
du schiste et du gneiss, on parvient à la véritable roche primitive dont le granite et les roches
apparentées sont les exemples. Ces roches sont grenues, et plus ou moins uniformément
composées de quartz, de mica, de hornblende, et de feldspath. Il est important de se
souvenir que les roches les plus anciennes, comme le granite, ont une structure grenue, que
les schistes, les ardoises et les shales sont feuilletés, et que le calcaire est caractérisé par
des lits épais.
Dans les couches plus profondes de shales, intercalées entre des calcaires, des grès et des
dépôts de sel, se trouve l’un des plus importants vestiges de la vie ancienne, le pétrole. Ce
dernier, toutefois, ne constitue qu’une partie du pétrole dans son ensemble. Le pétrole, en
effet, apparaît de nouveau à l’Ere Tertiaire. Il en est de même avec le charbon, il réapparaît
au Tertiaire en tant que charbon brun.
Dans les profondeurs où les roches commencent à devenir cristallines (micaschistes et
gneiss), les dernières traces de vie sous forme de fossiles et d’empreintes disparaissent.
Cependant, même ici nous trouvons entre les strates des couches énormes de marbre et de
dolomite (un carbonate double de calcium et de magnésium qui indiquent de formidables
processus de vie végétale et animale et peuvent avoir étés produits par quelque chose de
similaire à nos algues actuelles).
Avec cet exposé sommaire des trois principales périodes de la Terre, sur lesquelles nos
prochaines études seront basées, nous n’avons, en aucune façon, englobé toutes les roches
qui constituent la croûte dure de notre Terre. On doit y ajouter le groupe connu en tant que
roches ignées.
Ces roches ignées, parmi lesquelles nous mentionnerons seulement le granite, les roches
vertes (ophiolites), le porphyre, le trachyte, le basalte des plateaux et les laves, ont depuis
les temps les plus anciens remonté, traversé, et recouvert les couches de grès, d’ardoises et
de calcaires. Elles sont étroitement associées à la formation des chaînes de montagnes, bien
qu’évidemment, toutes les montagnes ne soient pas d’origine volcanique.
Pour se représenter la masse des différents types de roches ainsi que des couches, il est
nécessaire de donner quelques chiffres. L’Américain F.W. Clarke a fait des calculs
intéressants à ce sujet. Il a calculé le poids des parties connues de l’écorce terrestre jusqu’à
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une profondeur de 6000 m. On peut considérer aujourd’hui que cette profondeur est connue
car les forages vont jusqu’à 6000 m et plus (pour la recherche de pétrole dans toutes les
parties du monde). Et, d’autre part, lors des puissants plissements de montagnes ces
couches profondes sont apparues au jour, se retrouvant aujourd’hui dans les hautes
montagnes à des milliers de mètres au-dessus du niveau de la mer. Si l’on ajoute à ce poids
de la terre solide, le poids de l’eau des océans et le poids de l’atmosphère, on arrive aux
pourcentages suivants pour les parties connues de la terre : l’écorce terrestre constitue
93,06 % du poids total, l’enveloppe aquatique 6,91 % et l’enveloppe aérienne 0,03 %.
Ces 93,06 % des parties connues ou accessibles de la couche terrestre solide sont composés
de 88,4% des roches éruptives évoquées ci-dessus, 3,7 % de schistes, 0,7 % de grès et
seulement 0,2 % de calcaire.
Ces valeurs relatives trouvées par de multiples recherches ne représentent pas des valeurs
absolues mais permettent de constater que les roches que nous avons décrites ci-dessus
comme roches « granuleuses » dominent très largement.
Ces roches se sont formées à partir d'un état liquide chaud que l’on peut comparer à l’état
d’une gelée ou d’une gélatine.
Par contre, les roches sédimentaires (grès, conglomérats, schistes et calcaires) se sont
formées à partir d’une solution liquide, de dépôts alluviaux, de débris et autres, en grande
partie aussi par des processus plus ou moins organiques. Elles non plus n’étaient jadis pas
aussi solides qu’aujourd’hui mais se trouvaient dans un état plus ou moins mou, gélatineux
qui a progressivement durci.
La proportion entre ces roches éruptives et les roches sédimentaires est toute différente si
l’on ne tient pas compte de l’intérieur de la terre. En effet la surface terrestre est recouverte
aux trois quarts de ces roches sédimentaires et les roches éruptives n’émergent que sur un
quart de la surface.
Une autre mesure que l’on peut utiliser pour saisir ces différentes couches de roche est
l’épaisseur des différentes couches.
Si l’on observe ce phénomène sans préjugé, on commence par s’étonner et cet état d’âme
est celui qui est le seul point de départ de toute véritable recherche scientifique.
L’épaisseur des couches de roche est telle qu’il faut tout simplement se demander : d’où
viennent ces masses ?
Pour expliquer, nous donnons quelques chiffres : l’épaisseur et la puissance de la croûte
terrestre granitique ne sont absolument pas connues. A partir des observations faites lors de
séismes naturels et artificiels (explosions), on l’évalue entre 15 000 et 25 000 m. Mais ces
chiffres sont totalement hypothétiques.
Sur cette couche granitique de base qui émerge parfois à la surface de la terre sous forme
de bouclier, reposent les épaisses couches des roches sédimentaires et éruptives plus
récentes. On connaît de tels boucliers au Canada, en Baltique (bouclier finno-scandinave), en
Asie du Nord-Est (bouclier d’Angara) en Bohème et en Afrique.
Sur le boulier canadien reposent plusieurs milliers de mètres de gneiss et de schistes verts.
Dans l’Est du Canada on trouve de 1000 à 2000 m de marbres calcaires et de dolomies. Les
couches de l’Algonkien qui suivent commencent avec encore une épaisseur de 2000 m
d’éboulis de granit et de pierres vertes solidifiées. Puis suivent 5000 m de dépôts sableux et
argileux. Toutes ces masses ont été, semble-t-il, plissées en une montagne, de nouveau
emportées puis recouvertes de 5000 m de dépôts schisteux contenant du minerai de fer. Ce
sont les gisements contenant des milliards de tonnes de minerais de fer dans la zone du Lac
Supérieur en Amérique du Nord. Vers la fin de l’époque évoquée ci-dessus, l’ère algonkienne,
des couches de conglomérats rouges de grès et de basaltes se déposent successivement
dans cette région ; ces dépôts avaient une épaisseur globale supérieure à 10 000 m.
D’autres plissements provoquèrent la formation d’une profonde cuvette rocheuse dans
laquelle se déposent environ 10 000 m de calcaires (provenant d’algues). Ces couches ne se
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formèrent qu’autour du bouclier canadien, qu’il faut se représenter comme un dos rond
aplati sortant de terre.
En Afrique, on connaît surtout la situation dans le sud car c’est là que l’on trouve les plus
grandes mines d’or de la terre. Dans la région du Witwatersrand au Cap on connaît des
couches rocheuses d’une épaisseur de 8000 m formées de conglomérats et de grès qui
contiennent l’or. Dans la région montagneuse de l’Otavi au Transvaal reposent sur la
montagne granitique originelle des couches de calcaires et de minerai de fer aussi épaisses
que celles du Lac Supérieur.
Ces quelques chiffres pour les couches les plus anciennes de la terre de deux zones
délimitées peuvent montrer que nous avons à faire à des masses rocheuses inimaginables. Si
l’on étudie ensuite dans des manuels de géologie l’épaisseur des couches des époques
géologiques plus récentes jusqu’à l’époque actuelle on pourra facilement reconnaître que les
épaisseurs diminuent lentement. Alors qu’à «l’ère du schiste» quelques 1000 m n’étaient pas
rares, à l’époque du calcaire, on descend nettement sous la limite des 1000 m pour arriver à
quelques centaines de m au tertiaire. Naturellement, il ne faut prendre ces chiffres que
comme des moyennes. Il existe des exceptions qui s’éloignent de ces valeurs, en particulier
pour les époques et les régions où ont lieu d’importantes formations de montagnes. C’est
surtout le cas au tertiaire, où, lors de l’érection des montagnes alpines (Alpes et Himalaya)
apparaissent soudain de nouveau des épaisseurs de plus de 1000 m suite à la destruction et
l’accumulation de grandes masses de roches accumulées dans les failles et les fossés (fossé
rhénan 5000 m, fossé du Jourdain).
Le problème de l’origine des masses rocheuses est aussi ancien que la science. L’ancienne
querelle entre les Neptuniens qui expliquaient que tout était sorti de l’eau et les Plutoniens
qui voyaient l’origine dans des processus originels de feu et de fusion n’est pas encore
éteinte aujourd’hui. Dans le fond, la science actuelle est dominée par la représentation que
l’origine de la matière rocheuse remonte à un état gazeux brûlant qui composait la terre à
son époque stellaire. Ce gaz se serait refroidi pour donner un liquide en fusion et c’est ainsi
que se serait formé le «magma originel», un liquide en fusion similaire au basalte. Lors de la
poursuite du refroidissement, l’eau se serait formée sur la croûte figée en surface et cette
eau aurait contribué, en interaction avec le magma encore bouillonnant sous terre, à la
différenciation de l’innombrable diversité des roches.
Ce point de vue considère les roches sédimentaires de l’ère du schiste et du calcaire
simplement comme résultant des débris et des substances dissoutes du magma original
refroidi. Même les énormes masses calcaires qui ont été utilisées par les foraminifères pour
construire leurs coquilles sont censées provenir finalement du calcaire contenu dans le
magma originel et sont censées avoir été dissoutes dans l’eau océanique.
Cette approche de l’origine des roches laisse une question fondamentale ouverte : celle de
l’origine de la vie.
L’origine de la vie est un problème auquel la science actuelle ne répond que de manière
absolument insatisfaisante. On a parlé et on parle encore de bactéries volant dans l’univers
qui, sous la pression du rayonnement solaire, auraient pénétré dans l’atmosphère terrestre
refroidie apportant ainsi la première vie sur terre. Des théories plus récentes supposent une
formation originelle de substances protéinées simples qui se seraient formées dans
l’atmosphère originelle chaude à partir de méthane, gaz carbonique, ammoniaque et eau,
sous l’influence de tensions électriques. L’évolution aurait débuté avec ces bactéries ou ces
« protéines originelles » semblables à des virus et se serait ensuite déployée jusqu’à l’être
humain sous l’influence de facteurs extérieurs.
Il y a plusieurs théories de génération spontanée, mais elles omettent toutes la chose la plus
importante ! « Il n’y a pas seulement la vie sur la Terre, mais aussi la vie dotée d’une âme,
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et plus encore, la vie dotée d’une âme consciente d’elle-même en tant qu’être spirituel,
l’Homme ».
Si l’on considère l’homme sur la Terre, doté d’âme et d’esprit, et que l’on tente de concilier
ce fait avec les points de vue scientifiques de la géologie, on arrive à une impasse. En
pratique, il en est ainsi parce qu’aujourd’hui nous avons coutume d’observer uniquement les
processus physiques et chimiques à l’œuvre dans les roches, et non plus les processus de
vie, bien que les montagnes calcaires portent témoignage des processus de la vie antérieure.
Dans la plante, l’animal et l’homme, le minéral est une substance vivante, dotée de
sentiment et de pensée, et, en tant que tel, il n’est pas assujetti aux lois chimiques et
physiques qui s’exercent sur le monde des roches. Mais, lorsqu’une plante, un animal ou un
homme meurt, et abandonne son corps, alors les lois chimiques et physiques reprennent leur
action sur lui, et le décomposent.
S’il y avait une minuscule créature capable d’étudier les processus de décomposition d’un
cadavre, tout en étant incapable de voir l’ensemble et de comprendre l’origine organique de
ce cadavre, elle serait dans la même situation que l’homme d’aujourd’hui, vis-à-vis des
roches de la Terre. De la même façon, cette petite créature trouverait uniquement les lois
physiques et chimiques. La question de l’origine de la masse minérale la préoccuperait,
quand elle rencontrerait les quantités de phosphate de calcium qui constituent notre
squelette. Elle trouverait aussi dans le cadavre du fer, du magnésium, du sodium et du
carbone, éléments qui sont tous largement répartis dans nos roches.
Si toutefois cette petite créature remarquait que toutes ces substances étaient disposées
dans un certain ORDRE, qu’il y avait des couches et des zones dans lesquelles l’une ou
l’autre substance prédominait ou diminuait, elle pourrait arriver à la conclusion que, derrière
cet ordre, il y avait une IDEE, un principe qui l’avait établi.
Face au monde des roches, nous trouvons un plan ordonné. Goethe, dans ses études
géologiques, parvint à la conclusion que la classification parfaite n’est pas faite par l’homme ;
la Nature elle-même l’a déployée devant ses yeux. Cette classification, ou ordre, reconnu de
toute évidence par la Géologie moderne, il faut continuer à la suivre et à l’approfondir, sans
laisser obscurcir son regard par les idées préconçues, et essayer « d’expliquer le passé par le
présent ».
Rudolf Steiner, dans sa cosmologie, a désigné « l’idée » derrière la formation du monde des
roches, de telle façon que l’on peut voir comment « les dépôts minéraux de la Terre, sont les
restes transformés de la vie ancienne ».
Cette vie antérieure, qui n’avait aucune ressemblance avec celle d’aujourd’hui, s’est
transformée pour arriver aux règnes supérieurs de la nature existant de nos jours ; mais elle
a aussi laissé son cadavre derrière elle. Si nous voulons non pas disséquer ce cadavre, mais
le considérer comme un tout, alors la grandeur originelle de cette ancienne vie apparaîtrait
et les couches du passé deviendraient les feuilles d’un livre que nous pourrions apprendre à
lire lentement, mais sûrement.
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1 - STRUCTURE PRIMORDIALE DU MONDE DES ROCHES
Quel que soit le lieu dans le monde où l’on rencontre les plus anciennes roches cristallines de
la Terre, elles présentent très peu de différences. Qu’elles soient à la surface ou en
profondeur dans la Terre, elles sont de simples compositions de quartz, de feldspath, de
mica ou de hornblende. Les différences résident principalement dans la taille des grains
cristallins et dans la couleur. La couleur dépend de la quantité relative de mica et de
feldspath, et de certains métaux, principalement le fer et parfois le manganèse.
Cette uniformité est très caractéristique de ces périodes les plus anciennes. La différenciation
ne commence que plus tard. Ainsi, nous avons une époque dans l’histoire où ni l’ardoise, ni
le calcaire ni le charbon n’étaient formés. Il y avait seulement un « processus primordial »
que nous pouvons appeler « formation du granite ».
Immédiatement au-dessus du granite, l’interpénétrant et l’entourant, le gneiss présente la
première modification de la structure cristalline. Le gneiss n’est pas structuré aussi
uniformément que le granite. Bien qu’il soit encore grenu, il est disposé en lits. Il peut être
relativement homogène, avec des lits formés de petites paillettes de mica et de feldspath
plus ou moins séparés les uns des autres. On a la nette impression que ce qui s’est formé en
tant que mica, a donné sa structure à la roche entière. Cet « effet mica » est le critère de
reconnaissance de la période suivante, de la même façon que la structure grenue l’était pour
le granite.
Faisant suite à cette modification, une évolution nouvelle apparaît dans le micaschiste, où le
feldspath a presque complètement disparu et où le quartz est disposé en lits épais dans les
schistes. À la même période, une évolution ultérieure du granite lui-même (quartz, feldspath,
et mica ou hornblende) se produit. Ces nouvelles roches granitiques, les roches vertes
(ophiolites) syénite, diabase, gabbro et serpentine ne contiennent pas de quartz. La syénite
et la diorite restent encore très « granitiques » au point que le profane peut facilement les
confondre. Toutes ces roches sont composées de feldspath et de mica ou de hornblende, et
peuvent se présenter sous des formes différentes allant du gneiss au micaschiste.
Le magnésium joue un rôle important. Le mica foncé de la syénite, contenant du fer, et les
hornblendes vertes ainsi que les minéraux apparentés, sont essentiellement des ferrosilicates de magnésium. Ces derniers donnent aux roches, en particulier la diorite, la diabase
et le gabbro, leur couleur verte ou gris vert.
Il semble qu’il y ait eu un antagonisme à ce stade entre deux tendances formatrices, l’une
pour produire des roches schisteuses feuilletées, l’autre des roches granitiques grenues.
Ainsi, il arrive que la syénite, la diorite, la diabase et le gabbro, puissent apparaître feuilletés
ou grenus.
Il est donc incorrect de parler du granite comme une roche ignée, comme on le faisait
habituellement, car ce que nous appelons aujourd’hui le « processus éruptif » a lui-même
subi une évolution comme toute chose dans la nature. Le début de cette évolution se
rencontre dans le gneiss, dans les schistes cristallins et les ophiolites (roches vertes). Plus
tard, nous verrons que c’est à partir de ces roches, en particulier les ophiolites, que les
véritables roches éruptives, comme les basaltes et les autres laves, se forment.
De même au troisième stade de cette évolution, que l’on peut considérer comme une
différenciation de tendances à l’intérieur du granite primitif, nous voyons apparaître les grès,
les ardoises, et les calcaires. Le granite est composé de quartz, de feldspath, et de mica ou
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de hornblende. Ce qui était le quartz est maintenant le grès, ce qui était le mica ou la
hornblende est devenu ardoises et argiles schisteuses, et à la place du feldspath, nous
trouvons le calcaire. (Le mica contient beaucoup d’aluminium et de magnésium ; et dans le
granite, le feldspath porte en lui « les forces formatrices du calcaire »). La triple composition
du granite devient la grande division en trois parties de roches sédimentaires grès, argiles
schisteuses, et calcaires.
Le granite apparaît comme une sorte de Protée, un précurseur renfermant les possibilités de
la future évolution.
Les processus de la formation des roches deviennent de plus en plus diversifiés, et comme
l’unité primordiale disparaît, les roches grenues primitives passent aussi par une nouvelle
évolution. Nous avons indiqué comment, alors que le quartz disparaissait plus ou moins, le
granite devenait syénite, diorite et toutes les autres roches vertes (ophiolites) grenues.
Après cette « période roches vertes », de toutes nouvelles formes de roches apparaissent :
les porphyres. Ces porphyres peuvent quelquefois ressembler à du granite, mais ils sont en
général granulés plus finement, ou même vitreux, avec de grands cristaux de feldspath. Ils
contiennent peu ou pas de mica, mais de la hornblende et du quartz à la place, qui, dans les
véritables porphyres, sont pris dans une masse vitreuse.
Ces porphyres apparaissent presque en même temps que les premiers grès, les premières
argiles schisteuses, et les premiers calcaires. Plus tard, les calcaires prennent le pas sur les
grès et les argiles schisteuses. Nous savons que le calcaire est le produit de la vie animale. Il
est donc une véritable roche sédimentaire, comme le sont aussi les grès et les argiles
schisteuses qui l’accompagnent. À ce stade, les roches éruptives comme le trachyte, le
basalte et la lave apparaissent aussi. Nous discuterons de leur origine plus tard.
Nous nous sommes efforcés de réduire à l’essentiel la grande complicité des roches. Toutes
les roches sont très diversement réparties sur la terre, et il y a de nombreuses régions où les
unes ou les autres sont complètement absentes. Il est donc évident que le processus
uniforme d’origine, qui avait produit le granite, s’est différencié, de sorte que, dans une
région, l’évolution s’est orientée vers les roches feuilletées (schistes, etc…), dans une autre
vers les calcaires, et dans une autre encore vers les roches vertes (ophiolites).
Nous pouvons résumer ceci dans le tableau suivant :
1 – GRANITE : grenu
2 – Gneiss : commencement des structures feuilletées
OPHIOLITES : à la fois grenue et feuilletées.
3 – Grès, SHALES et calcaires : la formation du granite est interrompue.
ARDOISES/SHALES prédominent
PORPHYRES.
4 – Grès, shales et CALCAIRES : LE CALCAIRE prédomine TRACHYTE, BASALTE et LAVE.
En se basant sur la composition du granite, nous avons :
quartz
mica
feldspath
hornblende
Dans l’évolution des roches sédimentaires, ceci devient :
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grès
shales
calcaire.
Les roches « ignées » correspondantes, selon le tableau ci-dessus, sont les suivantes :
(Formations plus anciennes) :
(Formations plus jeunes) :
granites
trachyte
ophiolites
basalte
porphyres
autres laves
Une telle disposition ne correspond pas à celle de la géologie classique. Elle n’essaie pas
d’être complète, mais elle prend en compte le phénomène de base. Un tel schéma peut être
d’un grand secours pour trouver plus tard son chemin dans la complexité des phénomènes.
Si l’on considère uniquement ces phénomènes élémentaires, on se heurte à une difficulté
lorsqu’on étudie les formations du calcaire et du charbon. Nous savons que le calcaire est le
produit de la vie animale, et que le charbon provient de la vie végétale. Leurs dépôts se
trouvent tous les deux dans les strates jeunes ou anciennes et sont toujours disposés entre
des couches qui semblent s’être produites de la même façon que ce que nous observons
aujourd’hui, quand le sable ou la boue se déposent dans l’eau ou quand la lave en fusion
coule d’un cratère volcanique. Mais aujourd’hui, le sable ne produit plus de grès, et l’argile
ne forme plus davantage en roche grenue cristalline.
Nous avons déjà vu que les énormes quantités de calcaire ne peuvent se comprendre que si
nous admettons une vie beaucoup plus intense que celle qui existe aujourd’hui dans nos
mers.
Il en est de même avec le charbon. On a calculé qu’une forêt tropicale d’aujourd’hui ne
donnerait, si elle était soudainement détruite par une catastrophe naturelle, qu’une couche
de charbon de quelques millimètres d’épaisseur. Ici, nous sommes confrontés à la question :
A quel point a dû être extraordinaire cette vie végétale, pour produire ainsi des centaines de
mètres de charbon.
Aujourd’hui, nous ne connaissons pas de processus de vie d’une intensité telle qu’elle puisse
former des centaines de mètres de calcaire ou de charbon, dans une période de temps
concevable. Peut-être des conditions tout à fait différentes existaient-elles alors sur la Terre,
qui ne correspondent pas aux processus naturels d’aujourd’hui ? La recherche moderne
n’offre aucune réponse satisfaisante. Les réponses données parlent seulement d’immenses
périodes de temps, de hautes températures à l’intérieur de la terre, de hautes températures
qui ont transformé les matériaux. Les expériences semblent appuyer ces théories. Mais les
expériences seules ne sont pas satisfaisantes, puisqu’elles prennent comme point de départ
des substances dénuées de vie, qui sont considérées comme l’origine de toutes choses.
Il n’existe nulle part la possibilité d’observer que la vie se développe à partir de substances
inorganiques. Au contraire, nous voyons que la vie se décompose en matières inorganiques
qui ne reviennent pas à la vie. Les organismes vivants peuvent absorber des substances
inorganiques mais ces substances ne doivent pas toutes avoir été nécessairement d’origine
minérale.
Dans la biologie moderne, les expériences de Warburg montrent que les plantes sont
capables de recueillir des substances dispersées de manière extrêmement fine dans
l’atmosphère ou le sol (la physique parle de conditions hautement ionisées) et de les
condenser en quantités mesurables. Dans l’agriculture bio-dynamique introduite par Rudolf
Steiner, on a tenu compte de ce fait depuis plus de 40 ans. Cette méthode démontre tout à
fait clairement que le sol vivant, avec sa végétation, est capable de reconstituer ses
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nutriments de base, sans utilisation d’engrais minéraux. Si l’on analyse des sols traités en
culture bio-dynamique depuis 40 ans, on trouve que le phosphore, le potassium et l’azote
existent en quantités nécessaires, et dans le sol, et dans a végétation. Bien que les plantes
semblent les retirer du sol année après année, ces substances ne diminuent pas.
L’inconvénient de l’utilisation d’engrais minéraux est que les plantes ne peuvent plus être en
harmonie avec l’ordre originel de la vie. Une plante qui, pendant des décennies et au cours
de nombreuses générations, a été cultivé sur un sol traité aux engrais minéraux a tout
simplement perdu la capacité de prélever ses propres substances ; cette plante a dégénéré,
et elle suit les mêmes lois que l’expérimentateur lui a imposées. C’est le secret d’une des
erreurs fondamentales de notre temps, et l’erreur jette une ombre jusque dans nos idées sur
l’évolution passée de notre Terre.
Si ces idées nous mènent à la conviction que, en premier lieu, il y avait la Vie, et qu’à partir
de cette vie, les substances inorganiques et inanimées se sont condensées, alors, nous
sommes à même de prendre les recherches de Rudolf Steiner sur le passé de la Terre,
comme la base de nos prochaines observations.
12
2 - PREMIERES ETAPES DE LA VIE DE LA TERRE
Si l’on présume, suivant l’investigation spirituelle de Rudolf Steiner, qu’en premier lieu il y
avait la Vie, et que, faisant partie d’un processus de déclin et de mort, la matière minérale
morte a été rejetée comme une dépouille, la question surgit : D’où vient la Vie. La réponse à
cette question n’entre pas dans le domaine de notre discussion, car nous traitons plus
particulièrement de l’origine du règne minéral et de ses formes. Pour cette réponse, nous
nous reportons habituellement à la cosmogonie de Rudolf Steiner, dans son livre « La
Science de l’Occulte ». Les étapes du passé de la Terre, décrites par Rudolf Steiner dans cet
ouvrage, doivent toutefois nous concerner car elles constituent la base de ces processus
terrestres vitaux, qui entrent le non-encore « sensible » dans a forme minérale visible. Ces
processus sont également à l’origine de la loi biogénétique fondamentale d’Ernst Haeckel,
énonçant que le développement des organismes individuels récapitule l’évolution du monde
dans sa totalité. (Comme Haeckel le formule, le développement de l’embryon est la
récapitulation du développement de l’arbre de Vie tout entier).
La préhistoire de la Terre est récapitulée dans le développement embryonnaire de la plante,
de l’animal, et de l’homme. C’est uniquement cela qui leur permet d’apparaître sous leur
forme actuelle. Cette récapitulation est obscure, et ne peut être observée directement, car
elle a lieu dans les plus petits et les plus délicats règnes de la vie. Rudolf Steiner a suggéré
que, en étudiant les processus physiologiques du développement embryonnaire, il serait
possible d’obtenir une véritable représentation de toute l’évolution passée de la Terre.
Ce sera la tâche des générations futures, de découvrir les secrets de cette évolution passée
de la Terre, en étudiant tout particulièrement la physiologie humaine.
Il n’en est pas de même en ce qui concerne le règne minéral. Puisque ses formes sont
réellement des déchets que la vie a rejetés, nous avons affaire à quelque chose qui est fini
et non pas à des phénomènes « en devenir », dont nous pourrions étudier les processus
physiologiques. Nous sommes toutefois certains de pouvoir trouver, dans cette œuvre
élaborée à l’état de repos qu’est le règne minéral, des images évoquant les processus de vie
du passé de la Terre tels que les a décrites Rudolf Steiner.
Les découvertes effectuées dans le règne minéral, nous montrent que dans les couches de
roches sédimentaires plus récentes, des restes de processus de vie animale prédominent,
tandis que dans les couches plus anciennes, ce sont des restes de vie végétale (charbon),
que l’on trouve en majorité. Dans les roches les plus anciennes, il n’y a plus aucune trace de
vie.
Cela nous indique seulement que, parmi les organismes vivants, certains étaient
suffisamment denses pour rester en état de conservation, mais cela ne signifie pas que
d’autres formes de vie n’existaient pas. L’absence apparente de traces de vie dans les roches
primitives, est seulement l’absence de ces formes connues comme la manifestation de la vie
dans des périodes ultérieures. Comment peut-on établir un rapport entre les processus de
vie dans les tous premiers temps de la Terre, avant la minéralisation et ce qui, plus tard,
précipitera et deviendra roche ? Nous pouvons nous en faire une idée en observant
comment, dans l’animal et dans l’homme, nous trouvons d’une part les processus
métaboliques, et de l’autre, le produit final de ces processus, déposé sous forme de
substance telles que les os, les nerfs, le cerveau etc…
13
Ces derniers, par comparaison avec les organes tels que le foie, les poumons, les reins et le
cœur, sont dotés seulement d’un minimum de vitalité. Par exemple, des fragments de nerfs
et de cerveau endommagés du fait d’une blessure, n’ont pas la possibilité de se régénérer.
Dans le monde végétal, nous avons des processus comparables dans la formation de la fleur
et de la graine d’une part, et dans la formation du bois et des racines, d’autre part. La
formation de la fleur et de la graine correspond au métabolisme de l’homme, le bois et les
racines aux os, aux nerfs et au cerveau.
D’après ces exemples vivants, nous pouvons voir comment les processus de vie sont en
rapport avec des structures que la nature vivante a abandonnées. En d’autres termes, on ne
peut étudier convenablement le règne minéral sans tenir compte des règnes végétal, animal
et humain. Ces derniers ont, au cours de leur évolution, déposé le règne minéral de la même
façon que l’homme et l’animal forment leurs os, leurs nerfs et leur cerveau, et que les arbres
forment le bois de leurs troncs.
Celui qui considère le règne minéral seul, sans inclure les processus de vie qui l’ont formé,
ressemble à quelqu’un qui essaierait d’expliquer les os, les nerfs et le cerveau isolément, ou
à un expert en bois qui ne demanderait pas comment, ou dans quel endroit pousse le bois.
En 1923, Rudolf Steiner écrivit dans un de ses carnets quelques notes établissant un lien
entre le monde minéral et l’évolution des règnes de la nature et de l’homme.
Le contenu de ces notes est le pur résultat de l’investigation spirituelle scientifique, et il
exprime en quelques mots l’évolution de la nature et de l’homme dans leur totalité.
Rudolf Steiner avait mentionné ce thème dans de nombreuses conférences lors des
précédentes décennies, mais nulle part il n’est traité en entier et en détail. On a l’impression
que ces notes sont l’ébauche d’un cycle de conférences qui ne furent jamais données. Le
texte énonce ce qui suit :
Dans le porphyre, le végétal-animal universel expire,
Puis dans le schiste, la nature végétale,
Et dans le calcaire, la nature animale.
Dans le sel, l’être humain s’éteint.
Le pôle contraire est le soufre (sulphur), dans lequel
Le minéral est brûlé et consumé.
Le minéral est consumé dans le soufre,
Le végétal répand de la chaleur dans les couches du schiste,
Le végétal-animal imprègne le porphyre de sensibilité,
L’animal conserve les formes dans le calcaire,
L’homme concrétise les pensées dans le sel.
Avec le soufre ardent, l’homme fait son apparition sur terre,
Dans les couches schisteuses, il fait de la terre son domicile,
Par l’éveil de la sensibilité (tel le porphyre), il perçoit ses
membres, et prend sa forme d’homme dans le calcaire,
pour trouver le support de la pensée dans le sel en dépôt.
In Porphyr erstirbt das Welten-Pflanze, Tier
Dann erstirbt in schifer das Planzenwesen
im Kalk das Tierwesen
und im Salz erlischt das menschenwesen
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Der andere Pol ist der Scwefel in dem das Mineral verbrennt.
Mineral verbrennt im schwefel
Planze schichtet Wärmein Schiefer
Planzen Tier Körnt Empfindung im Porphyr.
Tier bewahrt Formgebild im Kalk
Mensch dichtet Gedanken in das Salz
Sulphurisch tritt der Mensch ins Irdische
Schiefrig macht er sich die Anpassung ans irdische zurecht
Empfindung weckend (porphyrartig) gliedert er sich und
formt sich menschlic im Kalk,
um in Salz Einlagerung die Gedankengrundlagen zu schffen.
Dans ce texte, un rapport concret s’établit entre les processus de vie et la formation des
roches. De nouveaux concepts apparaissent, tels que « végétal-animal », et combustion de
minéraux dans le soufre ; il est indiqué ensuite, de manière significative, comment l’homme
est relié aux cinq processus principaux en action dans la formation des roches. Nous
approfondirons ces nouveaux concepts par la suite afin de comprendre ce qui est, à
première vue, nouveau et plutôt surprenant.
La première partie du texte ci-dessus parle d’un phénomène de dépérissement comme base
de la formation des roches. On ne doit pas s’imaginer que cette « nature végétale-animale
universelle », que ces « êtres animaux, « êtres végétaux », et « êtres humains », étaient des
organismes vivants isolés, qui moururent en masses, et formèrent les roches de leurs corps.
Lorsque nous parlons dans ce sens de « nature végétale-animale universelle », et de l’être
de la plante, de l’animal et de l’homme, nous faisons référence à quelque chose d’universel,
qui comprend ces règnes de la nature, mais n’est pas encore différencié individuellement.
Cet « être » englobe tout, dans le sens où sa vie forme la Terre entière.
La Terre, elle-même, vécut autrefois en tant que nature végétale-animale universelle. Elle
était entièrement être végétal, être animal, être humain. Tandis que cette entité originelle
globale meurt et disparaît, surgit celle qui, plus tard, deviendra les roches et les formes
individuelles des plantes, des animaux et de l’homme.
Afin d’imaginer dans l’espace cet état primitif de la Terre, on doit se
dernière à cette époque, avec une circonférence s’étendant largement
planétaires. Dans une conférence aux ouvriers du Goeheanum du 23
Rudolf Steiner déclare que la Terre était énorme, et « en fait, presque
Jupiter ».
représenter cette
dans les sphères
septembre 1922,
aussi grande que
La Terre s’est contractée énormément, elle s’est desséchée, a dépéri, et sa première forme
de vie est morte. À l’origine, cette vie était active à la périphérie. Dans le processus de
dépérissement et de contraction, les résidus de cette vie retombèrent depuis la périphérie, et
plus tard se condensèrent et durcirent jusqu’à la consistance de roche.
La Terre commença à se contracter dans un passé très lointain. Les principales étapes de
l’évolution terrestre, décrites par Rudolf Steiner dans sa « Science de l’Occulte », en tant que
phases de Saturne, du Soleil et de la Lune, s’étendaient dans l’espace jusqu’aux orbites
actuelles de Saturne, de Jupiter et de Mars. Dans ce processus de contraction, nos planètes
actuelles se détachèrent et de distancèrent. Il en fut de même pour le Soleil. Le corps
calorique originel de l’Ancien Saturne ce contrat, et devient le corps gazeux de l’Ancien Soleil,
et ce dernier se contracta ultérieurement, pour donner le corps fluide de l’Ancienne Lune.
15
Avant chaque nouvelle évolution, selon la loi biogénétique, eut lieu une récapitulation des
étapes précédentes de ces incarnations passées de la Terre.
Au début de l’évolution de notre Terre actuelle, il y eut aussi une récapitulation de ces
précédentes étapes. Puis, ce qui était particulier à notre terre émergea, et aboutit finalement
à la formation des roches à l’état solide. Nous voyons ainsi que nous avons affaire à des
phénomènes rythmiques, ou à des répétitions, chacune à un niveau plus élevé que la
précédente.
La Terre a commencé tout d’abord par un phénomène de chaleur pure. La substance de
chaleur, offerte en sacrifice par une hiérarchie d’êtres créateurs, est à l’origine de l’évolution
matérielle de la phase de l’Ancien Saturne. Le résultat de cette évolution de Saturne fut
l’apparition de l’homme à l’état de germe, sous forme d’entités sans vie individuelle. Cette
vie ne fut incorporée que sur l’Ancien Soleil.
À la même époque, la chaleur se densifia, et se raréfia. Les gaz et la lumière apparurent.
Durant la phase suivante de l’Ancienne Lune, l’homme fut doté de sensibilité, l’état gazeux
se densifia jusqu’à devenir fluide, et d’autre part, le son commença à exister. C’est
seulement pendant la phase terrestre que l’homme commença à développer une conscience
humaine individuelle, et que le solide se sépara du fluide. Plus tard, apparut le principe de la
forme, né du son, capable de façonner la substance physique solide.
Ainsi, nous pouvons voir rétrospectivement une succession de phénomènes évolutifs, dont la
nature et la complexité se déroulent rythmiquement, s’élevant plus haut à chaque répétition.
La substance calorique originelle, qui fut réellement le début de ce qui devint plus tard le
minéral solide, fut pénétrée par la vie pendant la seconde phase. Le règne végétal fut conçu.
Durant la troisième phase, cette substance fut dotée de sensibilité, et devient le tout début
du règne animal. C’est seulement pendant la quatrième phase, sur la Terre, que cette
substance devint le support de la pensée consciente et que l’être humain apparut.
Ce qui précède est une esquisse très brève de l’évolution de notre Terre au cours des
époques pré-géologiques. Le sujet requiert une étude approfondie et détaillée, avant d’être
vraiment appréhendé.
Lorsque Rudolf Steiner, dans ses notes, parle de ces êtres collectifs végétaux, animaux, et
humains, venant à expiration et extinction, il signifie par-là que, à partir de cette substance
végétale vivante qui envahissait tout, les plantes individuelles commencent à apparaître. Il
en est de même avec la substance animale vivante et sensible indifférenciée, à partir de
laquelle les animaux individuels commencent à naître.
En ce qui concerne l’homme, Rudolf Steiner n’emploie pas le mot « expire » ou dépérit et
meurt, mais « s’éteint ». Cela suggère que, dans l’homme, ce qui s’est éteint peut aussi se
raviver. Car c’est la tâche de l’homme de ramener sur terre, en plein éveil de la conscience,
la réalité essentielle dans laquelle il vit avant la naissance et après le mort.
Ce passage, dans les notes de Rudolf Steiner, rappelle un adage tiré des extraits de l’œuvre
de Novalis : « Lorsqu’un esprit meurt, un homme naît. Lorsqu’un homme meurt, un esprit
naît ».
L’homme est « un citoyen de l’univers, et un ermite sur la Terre », comme l’a dit un jour
Rudolf Steiner. L’homme est en réalité dans son véritable élément avant la naissance et
après la mort. Avec la naissance terrestre, l’être humain, qui faisait auparavant étroitement
16
partie de l’univers tout entier, s’éteint. Mais sur terre, il peut essayer de retrouver dans sa
conscience ce qu’il a éprouvé avant la naissance et ce qu’il éprouvera après la mort. Il peut
réanimer en lui-même son être véritable. À l’origine, l’homme était en permanence englobé
dans la vie de l’univers entier. Lorsque le phénomène de la naissance commença, tandis que
l’homme émergeait de cette existence où il flottait, semblable à celle dont il fait l’expérience
aujourd’hui dans l’utérus avant la naissance, il apparut sous une forme physique solide. À la
même époque, les roches et les sels émergèrent de la terre fluide en se solidifiant.
Nous voyons ainsi les conditions existant sur la Terre, au moment où certains groupes de
substances furent réellement imprégnées de vie. La substance était fluide, parcourue de
courants chauds, gazeux et lumineux. C’était l’atmosphère primitive albumineuse dont parle
Rudolf Steiner dans ses conférences sur les Mystères. Dans cette albumine originelle, les
substances qui ont donné plus tard les roches étaient encore dissoutes. Les substances
minérales provenant de la vie de ce végétal-animal universel se sont déposées et ont donné
le « porphyre ». Les substances qui se sont déposées de l’être végétal universel ont donné le
schiste, et celles provenant de l’animal, le calcaire. Ce n’est qu’après le dépôt de toutes ces
substances minérales à partir de l’albumine originelle et la mort de leur vie « essentielle »
que les formes de vie actuelles sont apparues dans leur unité et leur différenciation.
Avec l’apparition de l’homme a lieu comme dernière étape le dépôt du sel issu de l’eau
universelle ; simultanément les autres roches encore tendres commencent à se durcir. Les
océans du globe, avec leur teneur élevée en sels, sont un reste de cette « eau universelle »,
cette atmosphère d’albumine universelle. Mais on en trouve aussi un reste par exemple dans
le liquide amniotique dans lequel nagent l’homme et l’animal avant leur naissance, ce liquide
qui contient du sel comme l’eau de mer mais aussi beaucoup de sucre et de protéines.
Dans le sang, l’animal et l’homme ont intégré quelque chose de cette albumine originelle en
eux. La teneur en sel du sang est approximativement la même que celle de la mer. Ici les
êtres vivants supérieurs ont conservé en eux quelque chose de la substance originelle
vivante et sensible d’une étape passée de la terre, pour l’utiliser, transformée, comme
fondement de leur vie sensible et consciente.
Dans la dernière phrase de la première partie des notes évoquées, il est question du « soufre
qui consume le minéral ». C’est une terminologie qui est devenue totalement étrangère à
notre pensée moderne abstraite. Le concept de « soufre » n’a dans un premier temps rien à
faire avec le soufre que nous connaissons dans le règne minéral. « Soufre » est un terme
alchimique ancien qui signifie feu ou chaleur. Avec ce terme de « soufre », on veut évoquer
un processus qui s’est déroulé dans la chaleur. On disait par exemple que la floraison des
plantes est un « soufre » végétal. Rudolf Steiner emploie ce concept ici pour évoquer le feu
vivant dans lequel se consume le minéral.
Il indique ainsi qu’à partir de l’albumine originelle, certaines substances minérales comme
par exemple la silice, les argiles, le magnésium, etc. à travers un processus de chaleur
vivante, ont commencé à se déposer sous forme de minéraux précis et de substances
concrètes. Mais ceci ne signifie par encore que des cristaux se forment. Dans cette
"combustion » apparaissant les premières ébauches de nos futurs minéraux, qui composent
avant tout le granit et les roches vertes. Dans un autre contexte, Rudolf Steiner a présenté
cette « combustion » du minéral comme un processus de floraison embrassant la terre
entière. Il part d’un monde de végétaux minéraux qui est répété à partir d’étapes
précédentes de la vie de la terre.
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Plus loin, en allant plus dans les détails, nous verrons que l’élément floral et végétal de ce
« processus de combustion » peut encore être découvert sous forme d’image dans le monde
minéral.
Mais le fait que ce monde minéral-végétal ne soit encore absolument pas typiquement
terrestre explique que Rudolf Steiner ne parle pas du granit et des roches vertes dans ses
notes.
Ce processus de vie du monde minéral-végétal est très ancien ; il a déjà eu lieu une fois lors
du stade lunaire de la Terre (voir la Science de l’occulte de R. Steiner). Jadis, il était encore
vivant, aujourd’hui dans sa répétition sur terre, il arrive à sa mort et forme le fondement
terrestre de notre Terre en se déposant dans les granites et les roches vertes.
18
3 - LE MONDE DES VEGETAUX-MINERAUX & LEUR
« SIGNATURE »
Dans le chapitre précédant, nous avons parlé d’une phase antérieure de la vie sur notre
Terre, qui se manifesta dans toute sa plénitude lors d’une précédente incarnation de la
Terre, que Rudolf Steiner, dans sa Science de l’Occulte, appelle l’Ancienne Lune.
Cette Ancienne Lune était un “corps fluide”, qui ne contenait pas encore de minéraux durs,
mai se présentait come une manifestation de vie d’une croissance exubérante, s’étendant de
toutes parts. Rudolf Steiner décrit ce monde végétal-minéral de l’Ancienne Lune comme une
substance ressemblant à de la tourbe, proliférant de l’intérieur. Cette description, bien
entendu, nous en donne seulement une idée car nos tourbières modernes ne prolifèrent pas
de l’intérieur, la vie ne s’y manifeste qu’à la surface et sur les bords. Les tourbières actuelles
sont un phénomène terrestre, qui n’apparut que plus tard, lorsque la vie réelle de la Terre
fluide fût limitée à la surface, et que les substances mortes eurent coulé au fond et durcirent
plus tard en constituant les roches.
Un autre phénomène moderne, qui est peut-être plus proche de la croissance effrénée de
l’Ancienne Lune, est la façon dont une tumeur cancéreuse se développe dans le corps d’un
homme ou d’un animal. Nous voyons là, de manière pathologique, le fait remarquable de la
croissance de la cellule, qui n’est plus contrôlée par l’ensemble de l’orgaisme avec sa
structure différenciée, mais devient indépendante et frénétique.
Il est significatif qu’une tumeur cancéreuse présente souvent des formes embryonnaires qui
appartiennent, à un stade précédent du développement de l’organisme. Dans cette maladie,
l’homme, d’une certaine façon, régresse donc à un stade antérieur de l’évolution, il
développe dans son corps quelque chose de la nature de l’Ancienne Lune et il n’est plus
capable de contrôler la croissance dans des organes et des tissus déterminés.
La croissance proliférante du monde minéral—végétai de l’Ancienne Lune, présentait une
nette différenciation, provenant du fait que cette Ancienne Lune, au commencement de son
évolution, s’étendait jusqu’à une sphère qui, aujourd’hui, contiendrait la trajectoire du soleil
actuel. C’était alors un corps céleste, qui comprenait le Soleil actuel, la Lune et la Terre. A
cette période, l’Ancienne Lune récapitulait tout d’abord ces états précédents de la Terre, que
nous avons appelé l’Ancien Saturne et l’Ancien Soleil. Durant la récapitulation de l’état de
l’Ancien Saturne, la vie du monde minéral—végétal était pénétrée de chaleur et ressemblait à
une floraison. Lorsque nous voyons, en haute montagne, des coussins épais couverte de
fleurs minuscules, émergeant entre les rochers arides, et environnées de nuées d’insectes,
nous avons une image des processus de vie dont parle Rudolf Steiner. Si nous pouvons
imaginer des myriades de ces coussins de fleurs s’interpénétrant les uns les autres avec
exubérance, cela nous donne quelque idée de cette vie remarquable.
La qualité florale de la vie de l’Ancienne Lune, qui était une répétition de l’évolution de
l’Ancien Saturne, devint graduellement plus arborescente. Elle ne se présentait pas toutefois
sous forme de branches et de feuilles, nais sous des formes vivantes ressemblant aux cercles
annuels de nos arbres contemporains.
D’autres formes ressemblant au bois et aux racines apparurent, qui se densifièrent jusqu’à
une consistance de corne, et puis se dissolvèrent, se diluèrent et disparurent à nouveau. Ces
19
formes de vie, en couches fibreuses, n’étaient ni dures, ni vraiment stables, mais elles
étaient perpétuellement changeantes ou fluctuantes. Cette croissance végétale arborescente
fut une récapitulation de la phase Ancien Soleil de l’évolution de la Terre.
Avec ces 2 récapitulations, nous abordons seulement les formes et les processus minéraux et
végétaux. La nature animale n’est pas encore présent. Puis survient la séparation du Soleil et
de la Terre. Le Soleil devient un corps céleste indépendant, autour duquel gravite l’Ancienne
Lune. Cette Ancienne Lune commence alors sa propre évolution, et une partie de la
substance minérale-végétale acquiert une certaine sensibilité. Le nouveau règne du végétalanimal apparaît. Mais dans ce règne également, la vie est un déroulement sans cesse
fluctuant, ne prenant jamais de formes fixes. Le Soleil, agissant sur l’Ancienne Lune de
l’extérieur, effectue une sorte de fertilisation dans la vie des végétaux-animaux.
Durant toute la vie de l’ancienne Lune, il n’y a pas de formes fixées en permanence,
seulement des densifications d’une consistance cornée, qui se dissolvent bientôt, et
retournent à l’état de fluide. Vers la fin de l’évolution de l’Ancienne Lune, dont nous avons
donné un bref exposé afin de rendre compréhensible les phases ultérieures de l’évolution
terrestre, les deux corps célestes du Soleil et de l’Ancienne Lune se réunirent et entrèrent
dans une période de repos, un ‘Pralaya”.
Au début de l’évolution terrestre, il y eut une récapitulation de toutes les phases précédentes
de l’Ancien Saturne, de l’Ancien Soleil, et de l’Ancienne Lune, selon la loi biogénétique, avant
que cette évolution terrestre proprement dite ne commence. La “Terre” qui au début était un
corps céleste unique, comprenant le Soleil et la Lune, passa d’abord par un état de chaleur
pure, caractéristique de l’Ancien Saturne, passa ensuite à l’état de corps gazeux et lumineux
de l’Ancien Soleil, et finalement à l’état de corps fluide de l’Ancienne Lune. Ces trois phases
furent également séparées par des périodes de repos. Après la troisième période de repos,
commença la quatrième partie de l’évolution terrestre, ayant pour but la densification, qui a
donné progressivement à tout ce qui était survenu auparavant, une existence matérielle,
physique, tri-dimensionnelle.
Dans cette quatrième étape de l’évolution terrestre, les états de l’Ancien Saturne, de l’Ancien
Soleil et de l’ancienne Lune se reproduisirent en se renforçant et en se métamorphosant. Ces
récapitulations furent également séparées par des périodes de repos. Après la troisième
période de repos, le développement physique commença vraiment et aboutit à l’état cristallin
solide d’aujourd’hui, après avoir de nouveau récapitulé l’état calorique de l’Ancien Saturne,
l’état gazeux et lumineux de l’Ancien Soleil et l’état fluide de l’Ancienne Lune.
Rudolf Steiner décrit cette triple récapitulation de façon très détaillée dans son livre
« Chronique de l’Akasha ». Nous en avons tracé les grandes lignes, afin de donner une idée
de la complexité extraordinaire de l’évolution qui précéda l’apparition de la matière physique
du règne minéral.
Dans cette triple récapitulation sur la Terre, le monde des végétaux-minéraux réapparut,
passant par toutes les étapes de densification, depuis la chaleur pure, à travers les états
gazeux et fluides, jusqu’à un quatrième état : le solide. Dans cette constitution des roches à
l’état solide, nous pouvons distinguer les formations plus anciennes et plus récentes du
granite et des roches vertes (ophiolites), et la formation du trachyte et du basalte.
Dans les plus anciennes formations du granite et des ophiolites, nous voyons les vestiges de
la première récapitulation ; dans la plus récente formation de ces mêmes roches se trouvent
les vestiges de la seconde récapitulation, et dans les trachytes et les basaltes, les vestiges de
la troisième récapitulation.
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Dans toutes ces récapitulations, les phases passent de la chaleur au fluide. L’évolution tout
entière est reliée étroitement au développement de l’organisme humain. Durant la troisième
récapitulation le minéral se condense en un état de fluide vaporeux et gélatineux que Rudolf
Steiner décrit comme “l’atmosphère albumineuse” de la Lémurie.
En imaginant ces solidifications et ces raréfactions progressives, on doit se rappeler qu’elles
ont également un aspect spatial. Rudolf Steiner a dit que, dans son évolution pré-physique,
la Terre s’étendait très loin dans l’espace planétaire et que, par un processus de contraction
progressive et rythmée, elle a atteint ses dimensions actuelles. Durant ces phénomènes, la
vie, qui au débat occupait la Terre entière, se retira de plus on plus à la périphérie de la
planète où existait alors une atmosphère dans laquelle elle pourrait se développer
davantage.
Telle était l’atmosphère albumineuse de la Lémurie. Elle comprenait tous les processus de vie
et de substances dans un état indifférencié. Elle était l’enveloppe protectrice qui nourrissait,
éclairait et réchauffait la Terre vivante. La “nature végétale-animale universelle", ainsi que
l’être essentiel de la plante, de l’animal et de l’homme vivait en elle, et constituaient la vie de
la Terre.
La forme de vie la plus ancienne de cette atmosphère albumineuse vivante était le monde
des végétaux-minéraux provenant de L’Ancienne Lune lors des récapitulations décrites plus
haut et qui maintenant se terminent dans une grandiose combustion. Ce processus de
combustion décrit par Rudolf Steiner dans les notes citées au chapitre II était, dans un autre
contexte, caractérisé par lui comme une sorte de processus de floraison. Four comprendre
cela, nous devons examiner les phénomènes se déroulant dans les fleurs de nos plantes
actuelles. Les plantes annuelles, en particulier, montrent clairement ce que nous entendons
par-là. Prenons des plantes comme la camomille ou le souci (Calendula). Il se forme dans
ces fleurs une matière colorante et une forte senteur. La plante qui avant de fleurir est toute
croissance et développement, a besoin soudain d’une pause pour faire place à un
phénomène que l’on peut seulement comparer à une combustion, un embrasement, une
altération (désintégration). De cette décomposition proviennent les huiles essentielles. Elles
sont inflammables et brûlent avec des flammes brillamment colorées.
Il convient de noter que chaque fleur a une température beaucoup plus haute que ce qui
l’entoure. Nous avons là en réalité un processus organique do combustion. Ce processus ne
va pas aussi loin que la combustion minérale. Nous ne sentons pas de fumée, seulement
l’odeur des fleurs ; nous ne voyons pas de flammes, seulement la couleur des fleurs; nous
ne voyons pas de cendres mais les graines qui résultent de cette remarquable combustion
végétale.
La vie du végétal-animal était un phénomène de pure floraison que Rudolf Steiner dans ses
notes appelle : « le minéral se consumant dans le soufre ». Ni les feuilles, ni les racines
n’appartiennent à ce phénomène de floraison. Le végétal-animal était un organisme qui
flottait dans la substance vivante et nutritive de l’atmosphère albumineuse, ouvert aux forces
environnantes du Cosmos et du Soleil.
Depuis les sphères entourant la Terre, s’égouttait et s’écoulait en imprégnant la vie du
végétal-minéral, cette substance qui plus tare se densifia pour devenir le quartz et les
minéraux siliceux. La vie, de ce fait, se densifia en formes fluctuantes qui dans un continuel
mouvement de va-et-vient, permettaient aux substances siliceusest
plus
ou
moins
constituées
21
de se décanter. Ces processus étaient accompagnés d’un phénomène de lumière scintillante
et verdoyante qui apparaissait et disparaissait.
Rudolf Steiner décrit cette vie du végétal-minéral dans ses conférences des « Centres
Initiatiques » (Novembre/Décembre 1923), où il montre que la connaissance de cette vie sur
la Terre à des époques depuis longtemps révolues, faisait l’objet de l’enseignement dans les
temples pré-chrétiens et les centres de Mystères en Grèce et en Irlande.
Il souligne aussi le fait que, dans les roches actuelles, certaines formes sont en quelque sorte
des souvenirs de ces temps anciens.
Il dit « Celui qui a contemplé tant soit peu la nature, sait très bien que l’on peut aujourd’hui
rencontrer dans le monde minéral certains indices ressemblant à des vestiges d’une époque
antérieure. Nous trouvons des pierres, nous les prenons dans nos mains, nous les examinons
attentivement, et nous découvrons en elles quelque chose ressemblant aux contours d’une
forme végétale ».
Avant d’approfondir ce fait, et de décrire le phénomène s’appliquant aux roches, nous
devons mentionner que Rudolf Steiner, dans ses toutes premières conférences en 1917 et
plus tard, dans ses conférences aux ouvriers du Goethéanum et lors de rencontres avec
des professeurs à L’Ecole Waldorf, fit observer que les minéraux qui composent le granite et
le gneiss (quartz, mica et feldspath) doivent être considérés comme les restes du processus
de floraison de ces minéraux-végétaux.
La structure feuilletée du mica scintillant suggère les bractées, et le feldspath des formes
ressemblant au pistil. Le quartz se présente conne le « remplissage » entre ces formes.
La hornblende qui apparaît dans ces roches anciennes peut aussi être considérée comme
une métamorphose de ces formes ressemblant à des bractées.
Tandis que Rudolf Steiner parle de ces « souvenirs » des temps anciens, nous pourrions
ajouter que le mica se trouve souvent dans des agrégats ressemblant à des rosettes : les
roses de mica (voir planches 5 et 6). Il n’y a là une disposition inhabituelle de cristaux de
mica isolés, qu. normalement forment des petits prismes hexagonaux.
L’auteur a trouvé de telles roses de mica dans le Fichtelgebirge de la Forêt-Noire. Elles sont
parfois encastrées dans la masse de la roche, mais elles peuvent également se trouver dans
les fissures et les cavités comme des groupes de cristaux libres. Ces derniers, en particulier,
donnent fortement l’impression d’être assemblés selon des formes propres aux plantes et
aux calices.
Près de Hermannsschlag, en Moravie, on trouve des structures en boule (Glimmerkugeln)
dans lesquelles le mica brun alterne avec l’actinole fibreuse et la néphrite (jade). Près de
Rozerta, en Moravie, on trouve des prismes pailletés verts de Sinnwaldite (lithium de mica),
clivés en hexagones à arêtes vives, et couronnés de lamelles de cristaux disposées en
rayons. Près de Skogböle en Finlande, on trouve des lamelles de mica courbées en formes
sphériques. Ces quelques exemples, dont on trouve encore les descriptions dans les anciens
manuels classiques, nous montrent ce qu’on entend par-là. Il peut y avoir bien d’autres
formes de mica rappelant les bractées des fleurs, mais on a considéré ces phénomènes
comme accidentels, on les a ignorés et considérés comme étant sans importance, ils n’ont
donc pas été décrits. Ce sera la tache des générations futures de rassembler et de décrire de
tels phénomènes, que Rudolf Steiner appelait des “souvenirs” afin d’apporter des preuves
concrètes aux investigations de sa science spirituelle.
Ces “souvenirs” sont encore plus évidents dans les minéraux qui composent les ophiolites et
les schistes. Les minéraux de base sont l’augite (pyroxène) et la hornblende (amphibole).
22
Ces derniers mettent en lumière la phase du développement du végétal-minéral que nous
décrivions comme prenant l’apparence du bois et des arbres, ce qui indique la récapitulation
des conditions de l’Ancien Soleil.
À la fin de cette évolution qui mène de l’apparence florale du monde végétal-minéral à son
apparence boisée et arborescente, nous trouvons la serpentin qui, avec les deux variétés de
sa structure écailleuse et fibreuse, établit la relation entre le mica feuilleté et les minéraux
fibreux (ressemblant à de longues aiguilles) du pyroxène et du groupe des amphiboles.
Cette transition succède à deux grandes séries de roches : l’une allant du granite, en passant
par le gneiss, jusqu’aux schistes cristallins qui comprennent une partie des ophiolites
schisteuses ; l’autre allant du granite, en passant par la syénite et la diorite, jusqu’à la
diabase. A la fin de ces deux séries, nous trouvons la serpentine qui, en tant que serpentine
écailleuse (antigorite) nous mène, en passent par le chlorite, jusqu’au mica, et en tant que
serpentine fibreuse (chrysolite), jusqu’à la hornblende.
Dans ces groupes de roches, qui se présentent dans la nature sous toutes les variétés à la
fois, nous voyons évoluer, par une métamorphose impressionnante, la forme fondamentale
grenue du granite, jusqu’à la forme fondamentale feuilletée et fibreuse qui apparaît plus tard
dans le monde végétal. Le point de départ de cette évolution est le mica, cette pâle image
de la feuille primitive, laissée comme un souvenir du commencement de la vie.
Nous verrons plus tard que ce principe formateur originel du mica est encore actif
aujourd’hui, non seulement dans la Création du monde végétal, mais aussi dans la formation
du sol vivant, support de la plante.
La triple récapitulation des états précédents, sur leur long chemin à travers de nombreuses
métamorphoses développant les formes fondamentales foliacées et fibreuses, ont laissé à
leur suite une multitude de formes qui portent témoignage de ces métamorphoses. A partir
de la simplicité relative du granite, une profusion de roches et de minéraux s’est formée,
comparable à la richesse de notre monde végétal actuel.
Dans les structures ligneuses largement répandues des schistes cristallins et des ophiolites,
qui se présentent encastrés dans la Terre connue les cercles annuels d’arbres géants, se
dissimulent d’innombrables petits « souvenirs ». Le plus évident est l’amiante, ce minéral
très fibreux qui peut être filé et tissé comme des fibres végétales. Nous trouvons la
bissolithe, le lin de montagne, le cuir de montagne, le liège de montagne, minéraux tous
apparentée à l’amiante, minéraux qui sont souples comme le cuir, et qui flottent sur l’eau
connue le liège.
Puis il y a la chrysolite verte, en couches très fibreuses dans le gabbro et les ophiolites, les
fibres brunes et chatoyantes de la bronzite, le diallage vert et le diopside, la pistacite verte et
la néphrite qui tous, lorsqu’ils sont inclus dans la stéatite, le schiste ou le quartz, présentent
des structures semblables à de l’herbe ou à des plantes. Sur les plans de clivage des
micaschistes, on trouve les délicats cristaux de néphrite et de hornblende sous les formes
ravissantes d’éventails et de ramilles (garbenschiefer) et de motifs ressemblant aux nervures
des feuilles.
Le plus beau, sans doute, parmi ceux que Rudolf Steiner appelle “souvenirs”, se présente
sous les formes exquises d’algues vertes de l’agate mousse. Dans cette pierre, les fils
bleuâtres translucides de l’amiante-hornblande ou du chlorite micace, sont inclus dans une
23
calcédoine semblable à de la gélée. Si l’on coupe ce minéral en fines tranches de quelques
millimètres d’épaisseur que l’on les éclaire par derrière, on a l’impression de voir des formes
de plantes vertes flottant comme les algues dans l’océan.
Il est frappant de constater que la plupart des miéraux que nous avons appelé “souvenirs”
sont verts. Lorsque nous examinons les substances de ces “souvenirs”, il devient apparent
que la nature végétale de leur origine s’y manifeste également. Le composant principal de
tous ces minéraux cités plus haut, y compris les roches apparentées (schistes cristallins,
ophiolites, gabbro, serpentine…) est le silicate de magnésium, et la couleur verte est causée
par le silicate de fer. Nous avons là trois substances qui sont essentielles à notre monde
végétal actuel. D’abord le magnésium qui, dans la chlorophylle des plantes vertes,
correspond au fer dans l’hémoglobine du sang humain. Puis le fer lui-même qui doit être
présent dans le sol et l’air environnant la plante, pour permettre à la chlorophylle de se
produire. Et finalement la silice, qui non seulement permet à la plante d’absorber la lumière,
mais encore édifie sa forme rigide et sa structure.
D’après ce qui précède, il est clair que l’ancien monde minéral-végétal, originaire des phases
de vie passées de la Terre, renfermait déjà en lui-même l’essence des minéraux actuels. Afin
que la plante vivante puisse se développer davantage comme une entité et s’élever à de plus
hauts niveaux d’existence, la vie de cet ancien monde devait mourir. Son cadavre, nous le
trouvons dans une profusion de rochers et de minéraux remarquables qui, ainsi que des
“souvenirs”, nous parlent encore dans un langage que nous pouvons comprendre.
24
4 - LE VEGETAL-ANIMAL UNVERSEL & SA SIGNATURE
Le « végétal-animal » est une notion qui, pour notre façon moderne de penser, est aussi
évasive que celle du végétal-minéral dont nous avons tenté de donner un aperçu dans le
chapitre précédent.
Si nous voulons approfondir cette notion, nous devons nous rappeler que Rudolf Steiner luimême caractérisait par le terme de « végétal-animal universel » cet état indifférencié de
l’évolution de la vie, englobant tout. Ce qui suggère un processus de vie embrassant la Terre
entière, et non pas les règnes différenciés de la nature, existant l’un à côté de l’autre.
Nous avons déjà mentionné que ce processus de vie avait atteint sa plus grande intensité
dans la phase « Ancienne Lune » de l’évolution de la Terre, et puis qu’il avait réapparu sous
une forme modifiée durant les récapitulations, au début de l’évolution de la Terre actuelle.
Ce qui s’est passé réellement dans ce processus de vie du végétal-animal, ne peut-être
traduit par des concepts scientifiques modernes. Cela est dû au fait que la nature
d’aujourd’hui avec ses formes différenciées, n’existait tout simplement pas.
Nous pourrions être incités à demander : Qu’est-il advenu du végétal-animal au cours de
l’évolution ? Quelle sorte de signature a-t-il laissée derrière lui, et où devons-nous chercher
les formes actuelles de vie qui se sont développées à partir de lui ?
Dans le végétal-minéral, nous avons pu reconnaître les deux processus vitaux que nous
trouvons aujourd’hui dans les fleurs et dans les arbres. Nous avons montré qu’à partir de la
forme grenue originelle du granite d’autres formes feuilletées et fibreuses se sont
développées, comme celles que l’on trouve dans la serpentine feuilletée et la serpentine
fibreuse. Si nous observons la transformation correspondante du végétal animal, cela se
complique davantage.
Si nous voulons en avoir une idée la plus juste possible, nous devons nous représenter la
relation commune du monde végétal actuel, d’une part avec le monde des insectes et d’autre
part avec le sol vivant sur lequel il se développe. Nous ne devons pas oublier qu’il y a non
seulement une interdépendance entre le monde des insectes et la fleur ( et de même avec
les autres parties de la plante au-dessus de la surface de la Terre) mais encore que les
larves d’une multitude d’insectes sont également nécessaires à la propre vie du sol où vivent
les racines des plantes.
Si nous pouvons considérer l’interaction et l’interdépendance du monde des insectes, du
monde végétal et du sol comme une unité vivante, nous pouvons dire : voici ce qui s’est
développé au cours des temps, à partir de l’ancien « végétal-animal universel ».
L’interaction de ces trois règnes qui embrassent la Terre entière est maintenant, comme
autrefois, à la base de toute existence animale et humaine et son origine se trouvent dans le
végétal-animal universel. Tous les phénomènes participant à ce que nous appelons symbiose
dans le règne végétal et le règne des animaux inférieurs, sur la terre, dans l’eau et dans l’air,
et même dans la flore et la faune intestinale de l’homme et de l’animal, trouvent leur origine
dans le végétal-animal universel. Ils en sont les vestiges et les traces métamorphosées.
Il est alors possible d’ajouter quelque chose qui est toujours en rapport avec la notion de
végétal-animal. Jusqu’à présent, nous avons considéré les formes résultant des anciens
processus vitaux du minéral-végétal, et du végétal-animal. Pour les premières, ce sont les
25
processus de floraison des plantes supérieures, et la formation du tronc et des racines de
nos arbres. Pour les dernières, c’est ce que nous avons décrit ci-dessus comme les relations
vivantes entre les insectes, les plantes, et le sol. Il y a également les roches, qui doivent être
considérées comme des résidus rejetés et abandonnés.
Cependant, dans chaque évolution, il existe une troisième possibilité : les anciens processus
vitaux peuvent subir une légère transformation, et se prolonger dans le présent.
Un bref résumé peut nous le faire comprendre :
Le minéral-végétal :
- a laissé derrière lui, sous forme de roches : les granites, les roches vertes, les
schistes.
- Il s’est transformé, pour donner ultérieurement les arbres et les fleurs des plantes
supérieures.
Le végétal-animal :
- a laissé derrière lui sous forme de roches : les porphyres et roches apparentées.
- Il s’est transformé pour donner plus tard naissance à la grande communauté vivante
des insectes, des plantes et du sol.
La troisième possibilité se trouve entre les deux précédentes. Il doit donc y avoir un
processus existant entre les roches mortes et les phénomènes vitaux des plantes et des
insectes.
Nous devons chercher ce processus dans le sol, là où se trouvent les racines des plantes, et
où les insectes passent leur état larvaire.
Ce qui se produit dans ces processus vitaux vraiment très obscurs de la formation de l’humus
mérite d’être considéré comme un autre règne de la nature, et bien que ce royaume
souterrain soit intimement lié au minéral, au végétal, et aux insectes, il a cependant ses
propres lois vitales. Ce sont les lois primitives du végétal-animal, qui appartenait à la phase
« Ancienne Lune » de la Terre et qui, transformé au cours des récapitulations, est
maintenant devenu le sol, le support de la vie. Notre sol d’aujourd’hui correspond à
l’atmosphère vivante de la « Terre-Lune » aux premières périodes de notre Terre actuelle.
Lorsque nous considérons la formation de l’humus, trois processus fondamentaux deviennent
alors évidents. Le premier, apparemment minéral, se produit lors de la désagrégation des
roches dues aux intempéries. Le deuxième processus a lieu dans les résidus des plantes et
des animaux morts. Ce second processus est provoqué par l’intermédiaire des organismes
végétaux et animaux inférieurs, tels que les algues, les bactéries, les champignons et les
protozoaires. Le troisième processus est l’unification et la combinaison des résultats du
premier et du second processus, par les larves des insectes et par les vers de terre.
Le premier, le processus minéral, doit commencer par une dissolution et une désagrégation.
Les constituants des roches, quartz, mica, feldspath, hornblende, se décomposent sous
l’effet de la désagrégation par l’eau, l’air, la chaleur et le froid en leurs éléments constitutifs.
Les produits finaux qui en résultent sont la silice finement dispersée, l’oxyde d’aluminium, les
oxydes de fer et de magnésium, et les sels alcalins de calcium, de sodium, et de potassium.
Sous l’action de l’eau les imprégnant entièrement ces substances, en particulier la silice,
l’aluminium, le magnésium et les oxydes de fer, deviennent des colloïdes qui sont
extraordinairement instables et qui retournent facilement à l’état cristallin.
26
Sous certaines conditions, que l’on rencontre aujourd’hui presque exclusivement dans les
forêts vierges ou le sol des steppes, commence maintenant le rôle de reconstitution de ce
processus apparemment minéral. A partir des substances colloïdes mentionnées plus haut,
apparaissent des minéraux tout à fait nouveaux. Sous ces conditions, en apparence
entièrement minérales, seuls de sels minéraux devraient en réalité se former. Cependant on
note un fait remarquable, ces substances se présentent sous des composés très complexes :
les minéraux argileux secondaires.
Ces minéraux argileux secondaires, formés de façon très élaborée, possèdent la structure
interne (moléculaire) du mica. Mais ces minéraux semblables au mica, ne sont pas cristallins
comme le véritable mica, ils sont colloïdaux comme les substances originelles résultantes
d’une désagrégation. Cela signifie avant tout qu’ils ont une capacité extraordinaire à retenir
l’eau.
La reconstitution de minéraux à partir des produits d’une désagrégation, ayant pour résultat
la formation d’autres minéraux entièrement nouveaux (de structure gélatineuse, semblable
au mica), est un véritable processus vital de la Terre car il ne suit pas les lois chimiques
ordinaires (sinon le résultat serait les sels), mais les lois de vie du monde minéral végétal.
Cela est indiqué par le fait qu’apparaissent des structures identiques au mica donc
feuilletées, et que, en plus de l’argile et de la silice, le magnésium et le fer jouent un rôle
majeur dans la formation de ces nouveaux minéraux.
Nous avons ainsi tenté d’esquisser le troisième aspect du minéral-végétal, existant
aujourd’hui en tant que processus vital entre ce qui a été abandonné sous forme de roche et
ce qui a évolué ensuite avec la formation des fleurs et des arbres.
L’autre aspect de la vie du minéral-végétal est le second processus fondamental de la
formation de l’humus décrit plus haut. C’est la transformation des résidus végétaux et
animaux dans la partie organique de l’humus. Cette partie organique de l’humus, qui donne
à nos sols leur couleur sombre, est une remarquable substance vitale.
Elle est étroitement apparentée aux tanins que l’on trouve dans l’écorce et le bois de nos
arbres et dans les racines de nombreuses plantes.
Si l’on examine la constitution chimique de cette substance, il est intéressant de constater
qu’elle est également en rapport avec certaines substances trouvées dans les parfums et les
huiles essentielles de nombreuses plantes. Ainsi nous voyons le fait remarquable que dans
les tanins comme dans l’humus, se trouve l’essence métamorphosée du processus de
floraison. Ce fait met en lumière les observations de Rudolf Steiner montrant que la vie du
minéral-végétal était un phénomène vital de floraison et d’épanouissement. Toutefois, cette
floraison a lieu sous la surface de la Terre et ce ne sont donc pas les huiles essentielles qui
en sont le produit, mais la partie organique de l’humus. Toute une foule de minuscules
organismes est occupée à produire le sombre humus à partir des restes des végétaux morts,
du bois et de la cellulose aussi bien que des protéines végétales et animales.
Il y aune répartition du travail très bien organisée entre les algues, les bactéries et les
champignons, recevant et transmettant des substances aux stades appropriés, de telle façon
qu’à partir des restes des végétaux et des animaux les plus divers, il en résulte finalement un
humus uniforme.
Dans les dernières décennies tous ces processus ont été étudiés de manière approfondie par
les chercheurs russes. Des scientifiques allemands comme Laatsch et d’autres, ont repris ces
études et sont arrivés à des conclusions importantes en ce qui concerne la création et la
structure de la partie organique de l’humus. Le fait particulièrement important à noter est
que l’humus a une ressemblance avec le mica comme les minéraux argileux secondaires
27
décrits précédemment, et que sa constitution physique est colloïdale, comme les minéraux
argileux.
On ne peut surestimer le fait étrange que ces deux phénomènes se produisent maintenant
en raccourci dans la nature. L’un, en apparence purement minéral, mène à la formation de
nouveaux minéraux argileux secondaires. L’autre par les processus de digestion des
organismes inférieurs, produit de l’humus. Ces substances sont toutes deux composées,
comme le mica, de paillettes minuscules et elles sont gélatineuses, colloïdales.
Chacune de ces deux substances est, en raison de sa structure colloïdale, extraordinairement
instable et très sensible aux conditions changeantes d’humidité, d’acidité ou de chaleur du
sol.
Sous l’effet d’un changement même faible, toutes deux peuvent perdre leur état colloïdal et
devenir cristallines. Dans ce cas, les minéraux argileux secondaires se transformeront en
pierre, et l’humus se transformera progressivement en tourbe ou en charbon.
Cela signifie que ces substances sortiront de l’influence des forces vitales car ces dernières
ne peuvent êtres actives et formatrices que sur des substances à l’état colloïdal.
Les deux processus de formation des minéraux argileux et de l’humus en tant que
substances vivantes et colloïdales, peuvent êtres facilement perturbés ou même arrêtés par
des pratiques incorrectes en agriculture (abaissement de la nappe phréatique par le
drainage, abattage total des bois, monocultures) et, par-dessus tout, par la fertilisation au
moyen d’engrais chimiques. Les sels détruisent l’état colloïdal des sols parce que les colloïdes
sont floculés par les sels. Les sols ne peuvent plus alors servir de support aux forces vitales.
Les forces vitales du végétal-animal agissent sur les minéraux argileux et sur l’humus à l’état
colloïdal. Il est de la plus haute importance que ces substances soient toutes deux mangées
par la faune du sol. Les organismes sont, selon la nature du sol (bois, prairies ou terre
arable), les cloportes, les acariens, les podures, les larves des insectes, et surtout les vers
de terre.
Ces créatures dévorent la terre, elles cherchent les endroits où les deux substances sont
produites. Leur vie consiste à combiner les deux substances au moyen de leur processus
digestif et métabolique pour donner un humus sûr et stable. Elles sont les grands artisans
qui, dans leurs minuscules intestins, achèvent l’amalgame complet des toutes petites
particules de minéraux argileux et d’acides humiques, les combinant avec l’azote, le calcium
etc… de façon à créer une substance que les racines des plantes peuvent absorber
directement comme nourriture.
Ce produit final, l’humus stable, est encore colloïdal. Il a sa propre vie, réelle bien que
simple, exprimée dans son extraordinaire capacité de retenir l’eau et à restituer, depuis son
environnement, ce que les plantes ont absorbé. Si ces substances dans le sol sont
ménagées, elles constituent un trésor caché qui, telle une source intarissable, ne fera jamais
défaut.
Avec ce qui précède, nous avons décrit le troisième processus dans la formation de l’humus.
Nous avons vu que le premier stade de ces trois processus a lieu dans le règne purement
minéral (les minéraux argileux secondaires). Le second intervient principalement dans le
monde végétal (les acides humiques) et dans le troisième processus, l’animal prend suite et
crée quelque chose de nouveau à partir du matériau minéral et végétal, qui n’est ni minéral,
ni végétal, ni animal.
28
La vie de cet humus est une synthèse du minéral-végétal et du végétal-animal, en relation
étroite avec les organismes individuels vivant dans le sol.
Maintenant, nous pouvons compléter notre bref résumé :
Le minéral-végétal :
- À laissé derrière lui, sous forme de roches : les granites, les ophiolites, les schistes
etc…
- Il est actif aujourd’hui dans la formation des minéraux argileux secondaires, et les
acides humiques organiques.
- Il a poursuivi son évolution dans les arbres et les fleurs des plantes supérieures.
Le végétal-animal :
- À laissé derrière lui, sous forme de roches : les porphyres et roches similaires.
- Il est actif aujourd’hui dans l’assemblage des éléments constructeurs de l’humus
(minéraux argileux et acides humiques)
- Il a poursuivi son évolution dans la grande communauté vivante des insectes, des
plantes, et du sol.
Cette présentation de la relation vivante entre les roches et les règnes de la nature tels qu’ils
existent aujourd’hui dans toute leur variété n’est pas seulement importante pour notre étude
sur les roches. Si nous savons vraiment appréhender ces liens, nous obtenons la base
nécessaire à la compréhension des applications pratiques du système agricole découlant des
recherches de Rudolf Steiner.
Une agriculture et une sylviculture ne tenant pas compte de ces relations contribueront dans
le futur au déclin de la valeur nutritive de nos plantes, nos forêts et nos récoltes deviendront
de plus en plus la proie des insectes et des parasites. Ces nuisances sont une révolte de la
nature contre la perturbation de l’équilibre entre le sol, les plantes et les insectes. La
perturbation de cet équilibre a commencé lorsque la fertilisation au moyen de sels est
devenue une pratique généralisée entraînant un bouleversement de la vie naturelle du sol.
Les lois qui gouvernent la vie du minéral-végétal et du végétal-animal sont les lois
fondamentales de la Terre entière et des règnes de la nature. Ces lois sont originaires d’un
lointain passé de la Terre et, avec de nombreuses transformations, elles ont perduré jusqu’à
aujourd’hui. Nous avons été amenés à les connaître par l’interaction des minéraux, des
végétaux et des insectes. Dans cette interaction, les insectes apparaissent comme les
gardiens de cet équilibre. Les formes ailées de ces véritables végétaux-animaux, avec les
abeilles à leur tête, contrôlent cet équilibre en réunissant au-dessus de la terre le pollen né
de l’air et du soleil avec l’ovaire né des forces humides de la Lune. La graine qui en résulte
ne peut cependant germer que lorsque, dans la terre, les larves des insectes maintiennent
l’équilibre entre les substances liées au soleil (silice, magnésium) des minéraux argileux, et la
substance sombre reliée à la lune : l’humus.
Le second processus est encore plus important. C’est la fertilisation de la Terre. Ce que
l’abeille accomplit, au-dessus de la terre, le ver de terre l’accomplit, dans la terre.
Le ver de terre est roi parmi tous ceux qui font fructifier la terre parce qu’il est resté une
« larve » et qu’il a donc renoncé à la chance de devenir un « papillon ». Son sang rouge,
contenant du fer, montre que son développement est bien en avance sur celui des formes
voisines. Il est le représentant de l’ancien végétal-animal universel parce qu’il sait le mieux
29
comment recréer sous forme d’humus la vie du minéral-végétal qui s’est désintégré pour
donner les minéraux et les plantes.
Avant de poursuivre la description des rôles et des processus des règnes qui sont en rapport
avec les anciennes phases de la vie de la Terre, considérons ce qui suit :
Dans les processus en relation avec la formation de l’humus, à côté des bactéries des
champignons et des algues ( les organismes végétaux les plus simples ), il existe un groupe
d’animaux inférieur qui joue un rôle important : les protozoaires. Ils comprennent les
rhizopodes avec leurs sous-groupes (radiolaires, amibes, foraminifères etc…) Il y a
également les flagellés dont certains, comme les plantes, produisent de la chlorophylle ou
possèdent une enveloppe de cellulose. Les trypanosomes (maladie du sommeil) et les
spirochètes (syphilis), qui provoquent des maladies chez les humains et les animaux, sont
des flagellées. Le dernier groupe de ces animalcules unicellulaires est celui des infusoires.
Parmi ces créatures quelques-unes vivent dans le sol et contribuent à la fabrication de
l’humus, d’autres vivent en parasites dans les organismes supérieurs. Ces animaux inférieurs
présentent, dans leur métabolisme, des similitudes extraordinaires avec les végétaux comme
le montrent la chlorophylle et la cellulose qu’ils contiennent.
Quelques-uns d’entre eux sont toutefois en rapport étroit avec le minéral, les radiolaires par
exemple, construisent leurs tests avec de la silice et les foraminifères avec du calcaire. Ce
sont là des organismes qui forment un pont entre le minéral-végétal et le végétal-animal.
Ainsi, chez les protozoaires, nous voyons des organismes où le minéral-végétal et le végétalanimal se manifestent clairement. Ce sont des métamorphoses de ces anciennes formes de
vie sur la Terre. Toutes les symbioses (telles qu’il en existe entre les racines et certains
champignons) qui contribuent à l’édification de la grande famille de la nature, sont
également de véritables métamorphoses de ces formes anciennes. Les parasites toutefois
n’ont pas suivi cette évolution harmonieuse. Ils sont restés en arrière et subsistent aux
dépens des formes de vie supérieures.
Nous trouvons une autre transformation du végétal-animal universel chez les animaux d’eau
douce et d’eau salée, connus sous le nom de cœlentérés. Ils constituent un group d’animaux
que la zoologie moderne elle-même appelle animaux-plantes car ils sont pour la plupart
attachés en permanence au fond marin et ont l’aspect extérieur des plantes. À ce groupe
appartiennent les éponges, les polypes, les méduses et les coraux. Lorsque, dans un
aquarium, on contemple ces animaux très anciens, on est transporté loin en arrière à une
époque où, depuis la vie indifférenciée de la Terre entière apparurent les premières formes
fugaces, flottantes, colorées et transparentes. Dans les océans, nous pouvons voir ces
premiers essais de création dans toute leur beauté florale. Ils révèlent une capacité à
produire des formes qui surpassent de loin l’art humain. Celui qui désirerait approfondir cela
devrait étudier « kunstformen der Natur » de Haeckel. (Les formes artistiques de la Nature).
Les traces et les « souvenirs » que la vie du végétal-animal universel a laissés dans les
roches sont très divers. Afin de comprendre mieux la nature de ces traces, nous devons
observer les caractéristiques particulières de la « nature animale » et voir comment elle se
manifeste chez les animaux inférieurs, et également dans le développement embryonnaire
des animaux supérieurs. Les formes primitives de la vie sont sphériques. Nous n’avons qu’à
penser à la graine, à l’œuf des oiseaux, ou à l’ovule des animaux supérieurs qui sont appelés
« œufs » en dépit de leur petite taille.
30
Dans chacun de ces ovules, ou chacune de ces graines, l’organisme retourne à son origine
primitive, lorsque les formes individuelles de la nature commençaient à surgir du corps de la
vie universelle. À partir de cette origine primitive de la graine, la nature végétale se
développe dans les surfaces planaires des feuilles et dans la formation linéaire des tiges et
des structures vasculaires internes. L’élément essentiel de la vie végétale est la feuille plate,
par laquelle elle se nourrit.
Avec l’apparition de la fleur, un nouvel élément se présente qui va au-delà de la feuille. il
arrive alors qu’un certain nombre de feuilles s’unissent pour former une cavité plus ou moins
distincte ( l’ovaire ) dans laquelle se forment les graines. Le fait de créer de telles cavités
n’est pas un processus végétal typique. Ce fait survient parce que dans la floraison et la
formation du fruit, un élément d’une nature supérieure agit sur la plante ; un élément de
nature animal. Ce principe est visible dans la relation de la fleur à l’insecte. La fleur et
l’insecte vont de pair parce qu’ils sont tous deux originaires du végétal-animal. Ce principe
animal ou astral se manifeste dans le monde animal par la formation de cavités dans le
corps, telles que la vessie, l’estomac, l’utérus etc…
Dans le développement embryonnaire des animaux, la formation des cavités par invagination
peut être observée à tous les stades. La caractéristique de l’animal est ainsi sa capacité des
former des organes, qui sont des cavités, par investigation et évagination. Par ce
phénomène, certains processus du milieu environnant sont attirés à l’intérieur du corps.
Tandis que la plante est capable d’absorber de nombreuses substances de l’air ambiant, par
la surface de ses feuilles, l’animal a entraîné une surface extérieure à l’intérieur de son corps,
et formé ainsi le passage de l’estomac et de l’intestin. C’est seulement au moyen de ces
feuilles repliées « en dedans » qu’il peut digérer et utiliser sa nourriture.
Un autre principe formateur chez les animaux se manifeste par la différenciation des organes
internes, en ce qui concerne leur structure et leur fonction. Les organes internes, qui sont
tous des cavités dans une certaine mesure, sont tous également composée de cellules. Mais
ces cellules se diversifient en cellules hépatiques dan le foie, en cellules rénales dans les
reins, en cellules pulmonaires dans les poumons, et ainsi de suite. Toutes les cellules sont
formées d’après le même schéma, mais leurs formes et leurs fonctions diffèrent
fondamentalement dans chaque organe particulier. Par l’invagination, l’animal crée la cavité
et même temps la structure interne et la fonction particulière de l’organe. De la même façon,
l’embryon, après la simple croissance du début, se différencie en un monde interne
d’organes qui, dans leurs fonctions, dépendent les uns des autres.
Cette formation de cavités et cette différenciation (on pourrait même l’appeler
individualisation) a une image correspondante dans le monde des roches. Pour l’étudier à ses
tous débuts, nous devons parcourir les montagnes anciennes de roches cristallines qui
forment l’épine dorsale de la Terre. En Europe, ce sont par exemple le massif Bohémiens, la
Forêt Bavaroise, le Fichtelgebirge, l’Odenwald et le Massif central en Auvergne. Dans les
immenses carrières de ces montagnes, nous pouvons souvent observer que dans la masse
granitique uniforme, apparaissent des « veines et des nids » dans lesquels les composants
particuliers du granite sont de plus grande taille. La granulation uniforme composée de
cristaux de quartz, de mica et de feldspath de l’ordre du millimètre, est interrompue
soudainement. Aux abords de ces sillons et de ces « nids », les grains deviennent de plus en
plus gros, jusqu’à remplir une veine ou émerger sous forme de cristaux libres dans la cavité.
Cette formation dans une roche cristalline est appelée pegmatite. Elle ne se produit pas dans
les failles et les fissures causées par les tensions et les soulèvements montagneux, mais on
la trouve dans les masses rocheuses compactes. On ne peut donc pas confondre ce
31
phénomène avec les anfractuosités et les fentes comportant des cristaux, qui se trouvent
dans les roches cristallines plus jeunes comme dans les Alpes. Les cristaux de pegmatite
peuvent varier de minuscule au gigantesque et ils ne sont pas toujours associés aux cavités.
Les plus larges pegmatites peuvent présenter des plaques de mica de plus d’un mètre de
diamètre, ainsi que d’énorme blocs de quartz, de quartz rose et de feldspath. Dans les monts
Ourals, on dit qu’il existe une carrière de feldspath dans une pegmatite composée d’un
unique cristal.
La formation de la pegmatite était un processus qui œuvrait de l’intérieur, sur la masse fluide
gélatineuse de la roche en train de se constituer. Le volume de cette masse gélatineuse de la
roche était des centaines de fois supérieur à celui de la roche solidifiée finale. La formation
des énormes cristaux n’était en aucune façon liée aux cavités existantes, mais elle s’opéra à
l’intérieur de la masse gélatineuse. Si l’on trouve des cavités où les cristaux se sont formés,
on doit admettre que ces cavités étaient beaucoup plus grandes, et que, avec la solidification
et l’assèchement de la roche, elles ont rétréci extraordinairement. La pegmatite compacte,
où d’énormes cristaux de quartz, de mica et de feldspath sont serrés aussi étroitement que
dans un granite finement grenu, a cette particularité de présenter des formes plus grandes
que les filons de pegmatite qui serpentent à travers la roche.
En plus des cristaux qui constituent la majeure partie du granite (quartz, mica et feldspath)
bon nombre d’autres minéraux cristallins apparaissent dans les cavités de la pegmatite. Ce
sont principalement les pierres précieuses topaze, beryl, tourmaline, et les corridons
précieux, tels que les saphirs et les rubis. A première vue, il semble que ces minéraux
précieux soient présents seulement dans les cavités, mais en observant de plus près le
granite à grain fins alentours, on découvre que ces minéraux précieux sont répartis en
menues particules dans la masse de la roche. Les grands cristaux des pierres citées plus
haut, semblent avoir été extraite de la masse granitique pour être entraînée dans les cavités.
Ces deux phénomènes ( la formation des cavités et la différenciation/individualisation des
cellules des organes que nous avons trouvé associé aux formes des fleurs chez les plantes,
et à celles des organes chez les animaux) nous les rencontrons maintenant dans le monde
des roches. Si nous nous rappelons la remarque de Rudolf Steiner sur la formation du
granite qui remonterait au processus de floraison de l’ancien monde minéral-végétal, alors
ces phénomènes peuvent être compris comme les premières traces d’un principe animal
(astral), supérieur à celui du végétal. Dans la masse tourbeuse, proliférant de l’intérieur, de
ce monde minéral-végétal, apparurent des cavité dans lesquelles le principe
d’individualisation de la formation du cristal a pu œuvrer. Les cristaux qui se développèrent
dans ces cavités semblables à des organes, sont « les organes sensoriels interne de la
Terre ».
En même temps que cette structure de la pegmatite, une autre se produit, tout à l’opposé.
Dans le granite et les autres roches grenues, on trouve des filons remplis d’un matériau à
grains très fins. Si ce matériau ressemble au granite très finement grenu, de couleur claire,
on l’appelle aplite. S’il est foncé et riches en fer (hornblende et augite), c’est le lamprophyre.
L’aplite n’est rien d’autre qu’un granite presque entièrement dépourvu de mica, et le
lamprophyre est une roche composée principalement de feldspath et de hornblende ainsi
que d’augite, et ne comportant pas de quartz.
Il existe un nombre considérable de ces roches nommées d’après leur localisation et leurs
variétés et il n’est pas nécessaire de les énumérer toutes. Ce qui importe est d’appréhender
les processus qui mènent à leur formation. Si, en partant d la pegmatite ainsi que de l’aplite
et du lamprophyre, on peut suivre le processus dans son ensemble et son extension, ainsi
32
que ces ramifications dans toutes les roches cristallines y compris le gneiss et les schistes
cristallins, on peut comprendre que nous sommes là en présence d’un processus grandiose,
que l’on peut désigner par formation du porphyre. La différentiation et la multiplicité infinie
de ces roches est le signe évident que, au lieu des processus vitaux qui ont formé de simple
granite, nous avons affaire ici à d’autres forces vitales plus diverses. Les veines, filons et
sillons de ces aplites et lamprophyre se déploient à travers la masse rocheuse compacte,
comme les membres d’un animal gigantesque ou les branches d’un arbre immense. Ils se
fragmentent progressivement, se ramifient, et transforment l’unité primordiale en
multiplicité ; une multiplicité non seulement de substances, mais aussi de formes. Ce
phénomène commence avec la pegmatite, et culmine avec les mélaphyres amygdalaires qui
prédominent ensuite.
Que s’est-il passé exactement ? Les deux processus, l’un produisant des cavités et l’autre
« individualisant » certains minéraux dans ces cavités, ont agi sur la masse gélatineuse de ce
qui est devenu roche par la suite, et ont différencié cette masse au sein d’un processus de
croissance proliférant de l’intérieur. Si l’on voulait bien considérer ces phénomènes avec
impartialité, personne ne viendrait à imaginer que ces masses aient jamais été brûlantes et
en fusion. L’impression immédiate est celle de quelque chose qui a « poussé » dans le vrai
sens du mot. Nous trouvons ce terme toujours en usage dans le langage simple des mineurs
et des carriers.
Le processus du porphyre dans toute sa diversité est l’expression du pouvoir formateur du
végétal-animal universel, ainsi que Rudolf Steiner le nomme. Il agit sur presque toutes les
roches cristallines et son effet est plus évident dans les formes qu’il produit que dans la
substance réelle. Quelles sont les caractéristiques de cette structure ou de cette forme du
porphyre ? Rappelons-nous une fois encore la pegmatite avec ces cristaux isolés, et puis
l’aplite et le lamprophyre, tous deux avec leur masse informe à grains fins. D’un côté, nous
voyons la force formatrice la plus grande, et de l’autre, l’établissement d’une masse où la
forme est absente. Au début, les deux parties du processus se déroulent séparément. En
partant de la pegmatite, les grandes masses granitiques évoluent vers le granite
porphyrique, dans lequel le quartz et le mica se présentent en petit cristaux, et le feldspath
en plus grands cristaux. À partir de l’aplite, et du lamprophyre, se produit une multitude de
types voisins, trop nombreux pour les nommer. Le quartz et le feldspath dominent dans
l’aplite, le feldspath et la hornblende dans le lamprophyre, le mica étant presque absent.
Lorsque le mica disparaît, c’est toujours le signe que la nature végétale se retire, et qu’un
élément animal-végétal prend la suite avec la hornblende.
Les deux courants, commençant à partir de la pegmatite et à partir de l’aplite et du
lamprophyre, peuvent êtres considérés comme porphyrique ; mais le véritable porphyre
apparaît là où les deux courants se réunissent, et forment une roche qui contient de grands
cristaux de feldspath, bien formés, inclus dans une masse compacte à grains fins, ou même
dans une masse vitreuse. Des formes individualisées apparaissent dans le milieu plus ou
moins informe. Dans ce véritable porphyre, le mica a presque disparu. Le granite a cessé
d’exister, et a été transformé par le processus porphyrique. Les feldspaths, les cristaux les
plus apparents des porphyres, sont cet élément du granite que, d’après les descriptions de
Rudolf Steiner, nous pouvons reconnaître comme le pistil dans le processus de floraison du
minéral-végétal. Dans le feldspath, toutefois, le principe de floraison est si proche de la
nature animale qu’ il présente une partie calcaire alcaline dans sa composition chimique.
Dans son cours aux agriculteurs, Rudolf Steiner explique que les alcalis – le potassium, le
sodium et le calcium – sont le signe du végétal-animal universel.
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Dans une autre ligne d’évolution qui part du granite, des formes globulaires ou sphériques
sont prises dans la masse compacte de la pegmatite. En continuant dans cette direction,
nous trouvons la diorite orbiculaire, la norite orbiculaire, (roches sombres constituées de
calcium, de feldspath, d’augite, de diopside et d’olivine), et le gabbro orbiculaire. Ces
nodules sphériques que nous trouvons inclus dans la roche sont tout à fait remarquables. Le
cœur des nodules, très visible dans une section polie, consiste quelquefois en une substance
étrangère, ou plus souvent en cristaux ou en groupes de cristaux.
Dans un tel nodule, le feldspath peut rayonner depuis le centre et être entouré d’un anneau
concentrique de mica. Des bandes claires de feldspath peuvent alterner avec le mica foncé.
Une image essentiellement organique se dégage de la section transversale lisse. Si nous
nous rappelons que le feldspath était le pistil dans la « fleur » de l’ancien monde minéralvégétal, et le mica, le calice, nous voyons dans cette section transversale l’image d’une fleur
avec le pistil (feldspath) dans le centre, et le calice (mica) disposé concentriquement autour
de lui.
L’alternance de couches claires et foncées nous montre le phénomène de la « croissance
inter-pénétrante » dont parle Rudolf Steiner. Cette croissance est exprimée également par la
forme sphérique. La « fleur » était pour ainsi dire contenue dans un espace clos, et elle s’est
développée de l’intérieur.
Ces roches orbiculaires rappellent les agates, plus récentes. De fait, dans l’évolution de ces
processus qui s’est poursuivis, nous trouvons le mélaphyres amygdalaire, matrice de l’agate.
Les mélaphyres sont des roches de couleur foncée qui ressemblent au basalte, et qui sont
composées principalement de minéraux apparentés à la hornblende et à l’augite, avec un
peut de feldspath. Le mica et le quartz sont absents. Dans le mélaphyre amygdalaires, on
trouve ces créations merveilleuses appelées agates amygdalaires. Les cavités d’origine, en
forme d’amande, ou bien son complètement remplies de très fines couches de silice, ou bien,
dans le creux laissé par l’amande incomplètement remplie, font apparaître les plus
merveilleux cristaux d’améthyste et autre minéraux.
Nous vous voyons là de nouveau le principe de la formation de cavité que, au début du
processus porphyrique, nous avons rencontré dans la pegmatite. Si l’on coupe
transversalement une de ces agates amygdalaires, on a immédiatement l’impression d’une
forme organique. De fines couches de calcédoine alternent avec des couches d’opale jusqu'à
7000 fois dans un centimètre. Chaque « amande » a un orifice par lequel la substance
siliceuse été aspirée dans ces « organes creux ». Ces agates sont ainsi les images qui, par
leur remplissage de fines couches de silice disposées comme des cercles annuels d’arbres,
parlent du monde végétal, et qui, par leur forme «d’organe », évoquent des forces
formatrices animales.
C’est le dernier signe et le « souvenir » du végétal-animal universel.
(on peut trouver d’autres considérations sur les agates dans le livre de l’auteur : Kleine
Edelsteinkunde).
34
5 – LA NATURE VEGETALE ET LES SCHISTES
Dans les schistes, dit Rudolf Steiner dans son carnet de notes (voir Chapitre 2), l’être de la
planète vient mourir. Ce qu’on entend ainsi par schistes n’est pas une simple roche, mais un
processus qui forma ces substances minérales gélatineuses, dont la vie a décliné, et qui sont
mortes. Tandis que le processus porphyrique forme des cristaux isolés et des cavités, les
schistes, eux, présentent en général une structure stratifiée. Si nous admettons que le
processus porphyrique commence dans le granite avec la pegmatite, nous pouvons dire que
le processus schisteux commence avec le gneiss qui, souvent, se trouve immédiatement audessus du granite. Nous voyons là le même phénomène que dans la pegmatite. Le gneiss est
composé des même minéraux que le granite tout proche, à savoir le quartz, le feldspath et le
mica (ou la hornblende), mais la roche n’est plus uniformément grenue, car ces minéraux
commencent à se séparer en couche.
En observant de plus près, nous pouvons voir que c’est le mica, ou la hornblende, qui sont
responsables de cette disposition en couches. Dans le gneiss, le mica ne se présente plus
comme un ensemble de petits feuillets individuels, mais les lamelles de mica sont disposées
séparément en fines couches entre le quartz et le feldspath. La hornblende qui, dans le
granite, forme des cristaux à grains grossier présente dans le gneiss des faisceaux et des
éventails de longs cristaux en lames, et elle est disposée à plat dans la même direction que
les couches de la roche. Il est évident que le mica et la hornblende sont les deux minéraux
qui régissent la structure de la roche entière. Le quartz et le feldspath doivent s’adapter à la
manière dont ces minéraux sont disposés.
Nous avons signalé plut haut que le mica et la hornblende sont associés avec la formation
des pétales et des feuilles de l’anciens monde minéral-végétal. Si nous remarquons que ces
deux minéraux semblent déterminer la structure de la roche stratifiée, alors nous pouvons
conclure que les forces formatrices relèvent principalement de la nature végétale. Dans le
véritable mica et les schistes à hornblende, ainsi que dans les phyllites, cela paraît encore
plus évident.
De même que pour le processus porphyrique, nous avons là une diversité extraordinaire de
roches, mais toutes présentent une structure stratifiée et schisteuse. Quelquefois, les
processus porphyriques et schisteux se recouvrent, et le résultat est un schiste porphyrique
schisteux.
Tandis que le développement des séries des schistes/argiles se poursuivait, le processus
devint de plus en plus prédominant, si bien qu’à une certaine époque, les couches d’une
épaisseur énorme qu’il avait produites, recouvraient de vastes étendues sur la Terre. Dans
les séries Silurienne et Dévonienne les ardoises prédominent, mais le processus ne produit
plus de schistes cristallins. Les ardoises sont des roches les plus souvent sombres, à grain
fin, ou lamellaires, qui peuvent êtres délités en feuilles minces. Les ardoises de toiture, et les
ardoises pour écrire en sont faites. En Allemane, on les trouve principalement en Thuringe et
dans le Schieferbrige rhénan, dans les montagnes du Hartz, et le Fichtelbebirge. Les ardoises
sont composées de près de 75% de silicate d’aluminium, qui est lamellaire, comme le mica.
Il contient également un grand nombre d’autres minéraux à grains et à cristaux minuscules
qui, la plupart, sont chimiquement identiques à ceux que l ‘on trouve dans le granite où les
autres roches plus anciennes mais leur structure est entièrement différente.
Lorsqu’on examine le processus de formation de l’ardoise dans le monde entier, on se
demande comment il s’est produit. Il est particulièrement tentant de conclure que ces
35
ardoises proviennent uniquement des circonstances extérieures que sont la désintégration
des roches plus anciennes et leurs reconstitution à partir des sédiments apportés par de
puissants cours d’eau. Cela est contredit par le simple fait que ce processus de l’ardoise n’est
pas un phénomène localisé, mais qu’il s’est poursuivi pendant d’immenses périodes de temps
et qu’il a eu lieu sur la terre entière.
Rudolf Steiner dit que dans cette formation de l’ardoise, la nature végétale meurt. Nous
trouvons deux preuves importantes pour appuyer cette assertion, l’une est le fait que, à la
fin de la grande période de l’ardoise, les gisements de charbon apparaissent, et l’autre est
que l’ardoise présente une structure incontestablement organique.
Celui qui est familiarisé avec les schistes et les ardoises doit être frappé par la richesse infinie
des formes qui rappellent celles du bois de nos troncs d’arbres. Cette structure semblable au
bois, que nous avions déjà remarqué dans les roches vertes, réapparaît ici en formes
gigantesques. Des montagnes entières de gneiss ou de schistes cristallins pourraient presque
paraître de grandes masses de bois pétrifiées. Dans les magnifiques plissements présentant
des couches claires et foncées de quartz, de mica, de hornblende et de feldspath, il semble
que la substance primitive, molle et malléable, qui plus tard est devenue roche se soit
formée par une sorte de croissance rythmique.
Il ne faut cependant pas imaginer que les masses rocheuses actuelles ont toujours occupé le
même espace qu’aujourd’hui. Elles étaient considérablement plus grandes ; leur consistance
était molle, elles étaient mouvantes, et elles se sont progressivement effondrées, contractées
et desséchée. Dans cette sphère terrestre vivantes, s’étendant de toute part, les premières
formes inférieures de la vie animale se développèrent progressivement.
Nous trouvons dans les ardoises sombres à toitures des animaux ressemblant à des crabes,
les trilobites, maintenant disparus. Nous trouvons des coquillages, des créatures semblables
à des escargots, et des poissons. Les poissons dévoniens à carapace qui ont un squelette
extérieur, se rencontrent tout particulièrement dans les argiles schisteuses (shales).
Vers la fin de cette période des shales, apparaît un phénomène qui montre que la période
entière est soumise à une force formatrice végétative prédominante : les gisements de
charbon. Nous avons signalé plus haut (Chapitre I), que la formation du charbon, avec ses
énormes couches, ne saurait s’expliquer comme provenant simplement des restes de forêts
anciennes. Le charbon ne s’est pas produit à partir des végétaux réellement formés, mais il
est issu d’une période prolongée d’abandons et de rejet, phénomène fondamentalement
assez semblable à celui de la formation des roches. Dans les gisements de charbon, nous
avons une illustration évidente de la transition du monde minéral-végétale, au monde des
plantes supérieures qui fait suite. Ici, ce n’est pas seulement la roche qui a précipité, ou a
été rejetée hors des processus vitaux de la Terre, mais la matière organique qui reste en
tant que carbone. Nous trouvons ce carbone sous forme de graphite et des traces de
charbon dans les shales plus anciennes que les gisements de charbon. C’est ce carbone qui,
avec des traces de fer, donne souvent à l’ardoise sa couleur foncée.
Dans les gisements houillers, on trouve tous les états de transition depuis les shales jusqu’au
charbon pur. En observant cela, on peut voir qu’il y a une réelle transition entre la formation
des roches et celle du charbon. La nature du processus vital sous-jacent devient de plus en
plus végétative. On peut la comparer avec la croissance du bois de nos arbres qui forme des
cercles année après année. Cette texture qui était déjà visible dans le gneiss, les schistes
cristallins et les ardoises, devient maintenant tout à fait évidente : la Terre entière tend à
devenir arborescente. Dans les formations d’ardoise, de shale et de charbon, nous avons
affaire à une période arborescente de la vie de la Terre.
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Lors de discutions avec les professeurs à l’Ecole Waldorf de Stuttgart, Rudolf Steiner
soulignait le fait que le charbon ne provient pas de végétaux constitués de substance solide,
tels que nous les trouvons sur la Terre aujourd’hui. Ce que nous rencontrons sous forme de
feuilles, d’écorce, de troncs ou autres, ne sont que des formes transitoires en émergence
qui, tandis qu’elles apparaissent, s’affaissèrent brusquement et furent pétrifiées.
Il y a des apparences de vie qui se manifestèrent comme les dessins du vent sur le sable ou
les rides sur le rivage marin. On pourrait peut-être dire qu’elles représentent les premiers
essais de la création pour façonner des formes végétales élaborées.
Ce qui se transforma en charbon provenait de la sphère vitalisée à la périphérie la plus
extérieure de la couche fluide de la Terre. Le caractère rythmique de la formation du
charbon peut se reconnaître par le très grand nombre de couches successives. Près d’Aix-laChapelle, on compte 15 couches, et dans le bassin de Donetz en Russie, jusqu’à 225, l’une
au-dessus de l’autre, et séparées par d’autres strates. Plus leur nombre est grand, plus les
couches sont minces. L’épaisseur moyenne des couches de charbon est de 30 à 125 cm,
mais il y en a qui atteignent 10 mètres d’épaisseur.
À la fin de l’époque Carbonifère, vint un temps de surrection de chaîne de montagnes,
période d’activité de la Terre qui peut être comparée à l’activité volcanique d’aujourd’hui.
Nous reviendrons plus tard sur la question de ce volcanisme primitif. De puissants
mouvements de la Terre, en partie solidifiée, provoquèrent la fracture de chaînes entières de
montagnes dont les débris durcirent plus tard pour donner le grès et les conglomérats. Mais
ces phénomènes, dont l’intensité augmenta pendant toute la période de l’ardoise, et qui
ensuite disparurent, sont en étroite relation avec ce que nous avons désigné comme
« L’étape arborescente de la Terre ». Afin de comprendre cela, nous devons examiner la
nature des arbres d’aujourd’hui.
On peut se rendre compte du caractère particulier d’un arbre, si l’on compare une plante
annuelle ordinaire comme la bourrache, avec ces belles fleurs bleues, à un sapin de Norvège
(notre arbre de Noël). La bourrache est une herbe pleine de sève, velue, avec une tige molle
et fragile. Elle donne une profusion de graines, mais les premières gelées la tuent, et au
printemps, les graines produisent de nouvelles plantes qui poussent et fleurissent
rapidement.
Par contraste, le sapin de Norvège met plusieurs années avant de fleurir, et il a besoin d’une
année de plus avant que les graines dans les cônes soient mûres. Il ne craint pas l’hiver, il
ne perd même pas ses feuilles, mais reste toujours vers. Pour son existence, le sapin ne
dépend pas des saisons. Pour sa croissance et sa floraison uniquement, il a besoin du
printemps et de l’Eté. tout cela montre que le sapin, comme tous les conifères, a dû
apparaître lors d’une période où il n’y avait pas de saisons comme celles que nous
connaissons. Cela signifie donc que le Soleil et la Lune avaient des rapports différents avec la
Terre.
Alors, au temps de la naissance des conifères, la Terre et la Lune formaient encore un corps
cosmique unique. C’était la période dont nous venons de parler : ce fut en effet pendant la
période de l’ardoise que le Soleil se sépara de la Terre, provoquant cette phase de transition,
que nous avons décrite comme a période Carbonifère. Bien entendu, les conifères de cette
époque n’avaient pas les formes consistantes qu’ils ont à présent, mais les premiers arbres
commencèrent progressivement à prendre formes après cette période. Leurs vestiges nous
sont restés, par exemple, dans le bois et les troncs d’arbres silicifiés, magnifiquement
colorés, de la formation Permienne en Arizona, aux USA : le bois mou, pulpeux, fût imprégné
de silice fluide et se transforma complètement en agate.
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Mais revenons à nos arbres d’aujourd’hui. Dans l’une de ses conférences aux ouvriers du
Goethéanum (du 31 Octobre 1923), Rudolf Steiner, en parlant de la nature des arbres, décrit
le bois comme étant un durcissement et un dessèchement du fluide qui monte des racines.
La sève entraîne des minéraux qui sont déposés comme une matière morte. Dans son Cours
aux agriculteurs, il compare l’arbre à un monticule de terre, au sommet duquel les plantes
poussent. On sait par expérience qu’un amas de terre qui s’élève au-dessus du niveau du sol
environnant devient plus fertile, grâce à une meilleure pénétration par l’air, l’humidité et la
chaleur.
Tous les jardiniers utilisent ce procédé lorsqu’ils confectionnent leurs tas de compost.
Certains processus vitaux se déclenchent et forment l’humus à partir de la terre et des
résidus végétaux. Nous avons déjà mentionné ce phénomène. Dans le cas de l’arbre (que
selon Rudolf Steiner, nous devons imaginer comme « un monticule de terre ») cela se
produit également. A la périphérie du tronc, qui est de la « terre fluide », solidifiée, l’écorce
commence à se former, et sous l’écorce, la couche de cambium.
Ce cambium est quelque chose de très compliqué, il provient de la sève qui s’écoule depuis
la cime feuillue. Dans cet état, nous pouvons le reconnaître chez beaucoup d’arbres en tant
que gomme ou résine. Si toutefois il demeure dans l’arbre, il devient le cambium qui
constitue une sorte de racine amorphe. À partir de cette couche vitale le bois se développe
de l’intérieur, l’épiderme, de l’extérieur. Cet épiderme n’est cependant pas encore la matière
morte que nous connaissons en tant qu’écorce. Là où l’on peut voir le mieux ce que cet
épiderme représente, c’est lorsqu’on va dans une forêt en hiver et que l’on écorche la couche
extérieur d’un tout jeune arbre, alors qu’il n’a pas encore d’écorce morte, ou de même la
couche extérieure d’un bouleau adulte qui ne fabrique jamais une écorce épaisse véritable.
On découvre alors que, sous l’épiderme, il y a une couche verte qui, même après la chute
des feuilles, contient encore de la chlorophylle et reste vivante. Cette couche est le véritable
épiderme qui enveloppe le tronc d’arbre entier comme une feuille géante. Sur le côté
extérieur de cet épiderme se forme l’écorce morte minéralisée. Cette dernière consiste en
une matière boisés très ridée et plissée, contenant du tanin et certaines huiles. Qu’est ce
donc cette écorce en réalité ?
Nous avons vu comment, à partir du cambium et de l’épiderme, il se forme le bois à
l’intérieur, et l’écorce à l’extérieur. Le cambium peut se comparer avec la nature de la racine,
et l’épiderme vert avec la feuille. Mais où se trouve la « fleur » de ce « monticule » de sol
vivant, de ce tronc d’arbre ? Elle n’est rien d’autre que l’écorce qui dépérit. Cela peut sembler
surprenant et hypothétique, mais la fleur se montre de façon évidente dans ces écorces qui
produisent des huiles essentielles, comme par exemple le cannelier. L’écorce est le résultat
d’un processus de dépérissement comme l’est la fleur d’une plante, mais ce processus
n’amène pas la senteur et la couleur, il produit au contraire des matières plus denses telles
que le tanin, les résines et les huiles.
Si nous examinons ces substances, nous découvrons que dans leur composition chimique,
elles ressemblent étroitement aux parfums et aux couleurs de fleurs. Le « dépérissement »
de l’écorce survient du fait des forces astrales œuvrant de l’extérieur, comme elles le font
dans les cimes des arbres en fleurs, ou dans les plantes herbacées ordinaires. Les feuilles et
les fleurs poussent sur les rameaux de la cime du tronc vivant ( ce « monticule de Terre » )
de même que les plantes herbacées poussent sur la terre ferme en dessous. La forme
sphérique de la cime reproduit la surface arrondie de la Terre.
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Ce que nous avons décrit ici comme étant la nature d’un arbre, est l’image réelle d’un
processus vital qui autrefois se déroulait sur la Terre entière. C’était l’époque où la Terre
était encore pleine de vie, lorsqu’elle avait une sorte de cambium ou une couche
épidermique à partir de laquelle se développèrent d’abord les schistes et les ardoises, et
ensuite les gisements de charbon. Aujourd’hui, nous retrouvons cela en miniature dans la
formation du bois d’un tronc d’arbre, avec ses cercles de croissance annuels.
Une fois que cet « arbre-terre » eut atteint une certaine dimension et une certaine
consistance, d’autres forces de l’extérieur pénétrèrent la croûte durcie, et par de formidables
mouvements, les premières montagnes se soulevèrent de terre. (Rudolf Steiner fait observer
que les montagnes et les soulèvements volcaniques ne sont pas causés par une pression de
l’intérieur, mais par une succion des forces environnantes). C’est de cette façon que se
forma l’écorce sur « l’arbre-terre ». Aujourd’hui encore, nous pouvons étudier les mêmes
forces formant les « chaînes de montagne en miniature » sur l’écorce des arbres de nos
forêts. Le secret des arbres, c’est qu’ils ont conservé en miniature un état antérieur qui
régnait sur toute la Terre
Maintenant, nous pouvons enfin comprendre ce que disait Rudolf Steiner dans son Cours aux
Agriculteurs, sur ce que représentent les schistes et les ardoises pour les plantes
supérieures. Pour les plantes herbacées, ces roches jouent le même rôle que celui du bois de
l’arbre pour ses propres fleurs et feuilles. Cela signifie que les schistes et les ardoises de la
Terre sont « le tronc de l’arbre » sur lequel poussent les plantes herbacées. D’une autre
façon, on peut dire que, du fait que la Terre a été autrefois « une sorte d’arbre », il est
devenu possible à la plupart de nos plantes nourricières de se développer.
D’autre part, lorsque nous considérions les roches qui sont associées à la formation de
l’écorce de cet ancien « arbre-terre » ( les séries maintenant familières du granite au
porphyre ), il devenait évident que ces roches sont responsables de la floraison des plantes
herbacées et des arbres. La floraison du monde végétal-minéral, et la vie de l’animal-végétal
universel, ont dû se transformer en pierre afin que, à partir de la dépouille de « l’arbreterre », les nouvelles plantes à fleurs puissent apparaître, environnées d’abeilles et de
papillons.
39
6 – LA NATURE ANIMALE ET LE CALCAIRE
Nulle autre roche au monde ne montre aussi clairement son origine que le calcaire.
Considérons par exemple le calcaire carbonifère. Aux premiers jours de l’histoire de la Terre
(Pré-Cambrien) on trouve des calcaires, des marbres et des dolomies, qui doivent leur
origine à des animaux inférieurs tels que les cœlentérés (animaux-plantes) et des
mollusques, de même que des formes inférieures de la vie végétale, telles que certaines
algues, caractérisées précédemment comme des formes de transition entre la plante et
l’animal.
La période où ces premiers calcaires apparaissent, correspond au début de la période des
schistes. Sur la terre entière, on peut observer que partout où le gneiss ou les schistes
cristallins suivent le granite ou l’une de ses métamorphoses, on doit s’attendre à trouver
également du calcaire et de la dolomie entre les autres roches. Naturellement, les roches
vertes et les porphyres les accompagnent dans leurs formes variées, car c’est l’époque où
commença la grande différenciation de la vie.
Les traces de vie dans ces calcaires les plus anciens sont très dispersées. En raison de leur
inconsistance et de leur fragilité leurs formes furent détruites. L’état gélatineux de la matière
contribua également à cette destruction. Cependant, il n’est pas besoin de rechercher des
formes animales concrètes. L’origine organique de ces calcaires est évidente d’après les
grandes quantités d’acide carbonique qu’ils contiennent. Une autre substance d’origine
organique qui joue un grand rôle dans ces anciens calcaires est le graphite. En tant que pur
carbone, il indique davantage un processus végétatif, on doit se rappeler que c’était juste à
cette époque que le végétal-animal commença à se différencier en végétal et en animal.
Il n’y avait pas encore de division nette entre les différents processus vitaux et les formes, il
en est donc résulté une interpénétration de roches prêtant à confusion. On peut voir
l’énorme étendue de ces processus et de ces formations dans la province de l’Ontario, au
Canada. Nous trouvons là une région où les calcaires cristallins et les marbres ont une
épaisseur de 15000 mètres. Entre les calcaires et les marbres, souvent colorés, il y a des
couches de quartz, de gneiss et de serpentine. Le marbre lui-même contient du mica, de la
hornblende, de la serpentine et surtout du graphite. La proportion de graphite dans le
calcaire peut varier de 3 à 10 %. Il y a des filons de graphite d’un à quatre mètres
d’épaisseur. Dans cet endroit, il semble y avoir plus de carbone (en tant que graphite), que
celui qui fut déposé (beaucoup plus tard) durant toute la Carbonifère sur la Terre entière.
Si l’on pouvait se représenter quelle quantité de charbon est extraite journellement, par
rapport à celle qui gît encore dans les profondeurs de la Terre, il serait possible de se faire
une image approximative de la surabondance des forces vitales derrière la formation de ces
masses de calcaire et de graphite.
Ce que nous rencontrons, dans ces premiers temps, en tant que calcaire sans fossiles, est le
premier signe d’un processus puissant qui a attiré l’animalité vers la terre, avec l’aide du
calcium. Rudolf Steiner étudie ce processus dans ses conférences des « Centres
Initiatiques » que nous avons mentionnées plus haut. On ne doit pas imaginer que ce
processus a commencé seulement lorsque la nature végétale est apparue. L’Histoire de la vie
de la Terre n’est pas une succession d’évènements que l’on peut suivre pas à pas dans les
couches des roches, comme si l’on tournait les pages d’un livre. Elle relève plus d’un
40
mélange, d’une interpénétration d’évènements. Il est cependant tout à fait évident que
certains processus vitaux ont nettement prédominé à certaines époques.
A partir de ces premiers temps, le calcaire augmente, tandis que les roches siliceuses
diminuent. Cela signifie que l’animal apparaît et s’affirme. Depuis ces périodes reculées, à
travers les époques cambriennes, siluriennes et dévoniennes, qui sont les véritables périodes
des ardoises et des shales (argiles schisteuses), jusqu’aux gisements de charbon, nous
trouvons, entre les ardoises et les grès, des couches toujours plus grandes de calcaire et de
roches calcaires. Lorsque la nature végétale atteignit en quelque sorte un maximum
d’activité dans la formation des roches, le calcium prédomina. Cela se produisit après la
période de grès bigarré (Bundsanstein).
Dans le Muschelkalk nous rencontrons des masses de calcaire compactes, qui s’étendent sur
de vastes étendues comme une maçonnerie souterraine massive. Là où le Muschelkalk est
exploité dans de grandes carrières, on peut observer sa remarquable structure. Elle consiste
en bandes de calcaire bleu noir d’une épaisseur de près d’un demi-mètre, en alternance
avec des bandes étroites de marne plus sombre de quelques centimètres d’épaisseur. Des
jointements verticaux donnent l’impression d’une maçonnerie. La coloration est due à du
sulfure de fer finement disséminé, et à des substances bitumineuses. Entre ces couches, se
présentent des bandes épaisses de dolomite plus dure (carbonate de calcium et de
magnésium).
Cette dolomite est souvent silicifiée. Dans certaines couches, on trouve des « bancs » de
concrétions d’algues (produits par des algues bleu-vert), et dans d’autres couches, des
quantités de moules, de térébratules (ancêtres des brachiopodes qui ne vivent aujourd’hui
que dans les profondeurs de la mer), et des segments de tiges de lys de mer. Ces restes
visibles d’animaux du Muschelkalk sont très pauvres en espèces, mais très riches en
individus. Le nom de Muschelkalk provient du fait que ce petit nombre d’espèces, les fossiles
de moules tout particulièrement, se trouvent en énormes quantités.
La particularité la plus remarquable du Muschelkalk consiste en ses couches alternées de
calcaire et de marne, qui le font ressembler à une maçonnerie massive. Lorsqu’on réalise
que le Muschelkalk en Europe s’étendait à l’origine depuis l’Héligoland (sud de la mer du
nord) jusqu’à l’Afrique du Nord, et depuis l’Ouest de l’Espagne jusqu’à la mer Caspienne, on
se demande comment il fût possible que cette stratification rythmique ait pu avoir lieu sur
une si grande superficie. L’épaisseur de la formation varie de près de 10 mètres à l’extrémité
de cette superficie, à près de 250 mètres en son milieu.
La stratification du Muschelkalk ressemble quelque peu à celle des schistes et des shales
(argiles schisteuses). Mais au lieu de formations siliceuses, nous avons ici principalement des
roches calcaires alternant avec les couches de marne (la marne est plus ou moins de l’argile
calcaire). Le calcium dans ces strates est indubitablement d’origine animale, et les couches
de marne contiennent beaucoup de sulfure de fer et de substances bitumineuses, qui leur
donnent leur couleur foncée.
Cette stratification rythmique est une véritable énigme pour la géologie moderne, énigme qui
ne peut être résolue par l’application des lois physiques et chimiques actuelles.
En réponse aux questions qui lui étaient posées par les ouvriers du Goethéanum, Rudolf
Steiner donna une conférence (Les tous premiers états de la Terre). Dans cette conférence,
il parla de l’époque qui suivit immédiatement l’évènement de la séparation de la Lune et de
la Terre. Il n’y avait alors pas de roches solides sur la Terre. Tout était à l’état de matière
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fluide et gélatineuse, disposée en couches épaisses. Plus tard cette masse se rétrécit, se
dessécha, et se transforma en roches en se solidifiant. Rudolf Steiner a décrit les formes de
vie gigantesques qui vivaient sur cette terre visqueuse. Ces créations gigantesques qui
étaient si énormes qu’on aurait pu superposer l’étendue de la France entière ou de la Suisse
sur leur dos ressemblaient quelque peu à des huîtres avec une surface écailleuse comme
celle de la carapace d’une tortue.
Ces grands animaux secrétaient leur carapace à leurs surfaces supérieures, et laissaient
derrière eux une traînée baveuse comme les escargots le font aujourd’hui. Ils ne laissèrent
toutefois aucun reste fossilisé.
Ce qui importe pour nous dans cette image, c’est l’idée d’un processus de vie qui a abouti à
la formation des coquilles carapaçonnées de ces animaux. Ce processus n’était pas localisé à
un endroit en particulier, mais il s’étendait sur la Terre entière, et faisait partie de la vie de la
Terre.
La formation de cette carapace, ressemblant à celle des tortues et des huîtres, est un
processus de vie de la Terre dans sa totalité, comme le fut la formation des schistes. De
même que nous ne pouvons considérer les schistes comme des « restes » d’arbres, de
même, nous ne pouvons considérer la disposition en couches régulières du Muschelkalk
comme les « restes » d’huîtres géantes. Au contraire, la remarquable structure du
Muschelkalk, avec ses bandes alternées de calcaire et de marne, devient intelligible en tant
qu’un processus organique ayant gardé en quelque sorte une image résiduelle des carapaces
de ces animaux géants.
Si l’on étudie une coquille d’huître d’aujourd’hui, on remarque qu’elle est faite comme le
Muschelkalk sur une petite échelle. Dans la coquille d’huître, les couches de calcaire
alternent avec une substance remarquable appelée conchioline. Elle est apparentée à la
chitine de l’exosquelette des insectes, et elle est composée d’albumine et de cellulose.
Chacune des minces lamelles de calcaire de la coquille de l’huître ou de l’escargot est
enrobée dans un mince voile de cette conchioline. Les couches sont disposées comme des
tuiles à toiture se recouvrant les unes les autres. La construction du Muschelkalk est
similaire, sauf le fait que tout est à une échelle géante, et que, en raison de la pétrification,
l’origine organique de la stratification est masquée.
La stratification remarquable du Muschelkalk est une « image » du processus vital dans
lequel s’inséra ultérieurement de la matière inorganique. C’est fondamentalement le même
phénomène que celui de l’agate-mousse, décrit dans le chapitre sur le végétal-animal et sa
signature. Là comme ici, la matière minérale s’infiltra, laissant une image de l’ancien
processus de vie dans l’enveloppe abandonnée.
Les véritables formes animales que nous trouvons dans le Muschelkalk : moules, escargots,
crinoïdes etc… proviennent d’une époque plus récente, et ces animaux ont vécu dans les
vestiges abandonnée de l’ancienne vie.
Ainsi, dans le Muschelkalk, nous avons découvert une image qui représente un processus de
vie que nous pourrions appeler l’étape « Huître » de la Terre. Elle a constitué l’étape
préparatoire pour la différenciation ultérieure du monde animal. Les formes géantes
disparurent, et la vie de la Terre dans sa globalité se dispersa en formes minuscules, qui par
la suite édifièrent les couches calcaires imposantes de l’époque Jurassique et de l’époque de
la craie.
42
A la même époque apparurent progressivement les nouvelles formes géantes des Sauriens.
C’est là que débute la nouvelle transition qui aboutit à l’ère des mammifères. Après la
précipitation du calcium dans la craie, la vie de la Terre commence à décliner. Les roches de
la période Tertiaire (Atlantide) ne peuvent qu’à un degré très limité, être considéré comme
de nouvelles formations de la Terre, organisme vivant. A partir du milieu de cette période, la
dissolution a commencé, la désagrégation de ce qui avait été formé.
Précédemment, nous avons tenté d’esquisser les processus vitaux en rapport avec le
carbonate de calcium. Il est à noter que c’est sous cette forme que le calcium est associé
aux animaux inférieurs et aux plantes inférieures (algues). Ces organismes inférieurs sont les
premières formes de vie qui ont été conservées jusque dans les strates les plus anciennes.
Dans les conférences sur « Les Centres Initiatiques » mentionnées plus haut, Rudolf Steiner
donne une description très vivante de la façon dont ces premières formes animales surgirent
de la Terre alors fluide et sans consistance. Dans cette atmosphère d’albumine aqueuse et
raréfiée précédemment décrite, existaient non seulement les processus végétatifs, mais aussi
les premières ébauches de formes animales, aussi transitoires et fugitives que l’étaient les
formes végétales. Il dit comment le calcaire avait la capacité de « s’évaporer » comme l’eau
après avoir été incorporé à la Terre fluide. Ce fut un mouvement rythmique de montée et de
descente du calcaire, comme celui de la vapeur et de la pluie. Tandis que le calcaire
descendait et se densifiait, il enveloppait les formes animales molles, les entraînant sur la
Terre.
Ainsi, ces premières formes, tendres, molles, « fluidiques », furent enveloppées de coquilles
et de carapaces protectrices et elles apparurent sur terre sous des formes plus solides. En
tant que mollusques et poissons à plaques osseuses, nous les trouvons dans les strates
anciennes. Bien des mollusques n’ont guère changé à ce jour, mais les poissons ont disparu.
Ils constituaient la forme primitive d’un groupe qui a depuis lors continuer son évolution.
Bien que la description faite par Rudolf Steiner du calcaire s’évaporant et précipitant puisse
paraître surprenante, le calcaire garde encore cette propriété aujourd’hui. Nous devons nous
rappeler que ce phénomène n’a pas eu lieu dans une atmosphère comme la nôtre, mais dans
une atmosphère « fluide ». Naturellement, le calcaire n’enrobe plus désormais les formes
animales fugitives, et ne les entraîne plus sur la Terre, mais il a la capacité particulière, à des
basses températures, avec l’aide du gaz carbonique, de se dissoudre dans l’eau pour donner
du bicarbonate de calcium et, quand cette eau est chauffée, de précipiter en calcaire solide.
C’est un processus qui se déroule continuellement dans la nature, et qui joue un rôle
extrêmement important dans le maintien de la vie des plantes et des animaux. Comme on
l’imagine, si le calcaire était aussi insoluble que la silice, aucun organisme vivant ne pourrait
absorber cette substance qui est si importante, à la fois comme support et comme
nutriment.
Il y a une autre forme de calcium dans les roches qui, quantitativement, ne peut se
comparer avec le carbonate de calcium, c’est le phosphate de calcium. Alors que le
carbonate de calcium est principalement le résultat des processus vitaux des organismes
inférieurs, le phosphate de calcium constitue la substance du squelette des vertébrés et de
l’homme.
Dans les roches, le phosphate de calcium se présente sous deux formes, d’abord celle de
l’apatite, bien connue, (phosphate de calcium naturel avec en plus ou du fluor ou du chlore),
puis celle de la phosphorite. L’apatite est un composant de la pegmatite et de beaucoup
d’ophiolites. On la trouve également dans le basalte plus jeune et dans d’autres laves.
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D’autre part, la phosphorite s’est formée dans les roches sédimentaires (grès, shales, marnes
et calcaire) à partir des os et des protéines des animaux morts. Elle est indubitablement
d’origine organique.
L’apatite minérale, qui se présente souvent sous forme de merveilleux cristaux dans les
roches ignées grenues, a exactement la même composition chimique que la substance
osseuse chez l’animal et chez l’homme. C’est là un fait très remarquable, car ici, les animaux
supérieurs ont intégré dans leurs corps un processus minéral très clairement défini. On peut
reconnaître la structure cristalline de l’apatite dans la section mince d’un os. Elle est présente
tout à fait indépendamment des cellules osseuses.
Nous découvrons à présent deux métaux en particulier qui sont associés à l’apatite : le fer et
l’étain. Les énormes dépôts de minerai de fer magnétique trouvée dans le Nord de l’Europe,
en Laponie et au Nord du Canada, sont complètement imprégnés de grandes quantités
d’apatite. Et dans cette apatite, on trouve de petites quantités de phosphate de plomb.
Si l’on observe les os humains de la façon dont Rudolf Steiner l’a fait dans ses conférences
médicales, on voit que ces trois métaux (le fer, l’étain et le plomb) jouent un rôle important
dans la formation et le fonctionnement du système osseux.
Depuis l’intérieur de l’os, le fer se met à circuler dans le sang nouvellement formé. Dans les
articulations, qui permettent le mouvement dans le squelette rigide, et qui sont remplies de
synovie et maintiennent ainsi un équilibre entre le fluide et le solide, l’étain est actif. (Cela ne
signifie pas que l’étain est présent en tant que substance). Dans le durcissement de l’os, le
plomb est actif. Un empoisonnement chronique par le plomb produit la calcification des
vaisseaux sanguins et, en certaines circonstances, un durcissement excessif des os. Dans de
tels cas, le plomb se dépose dans les os. Toutefois, dans les os normaux et sains, on ne
trouve pas de plomb.
Dans l’apatite, nous avons un autre exemple montrant comment un processus organique,
(dans ce cas, la formation de l’os et sa fonction) est le prototype, dans le règne minéral
apparemment privé de vie, de phénomènes qui autrement nous paraîtraient étranges et
énigmatiques.
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7 – L’ETRE HUMAIN ET LE SEL
Jusqu’à présent, nous avons examiné à grands traits la majeure partie des roches de notre
Terre, et nous avons essayé de montrer comment ces formations désormais mortes, ont
dans le passé émergé des processus de vie de la Terre tout entière. Nous avons découvert
comment ces processus, qui autrefois englobaient tout, se sont transformés pour apparaître
aujourd’hui dans certains phénomènes et sous certaines formes de vie dans les différents
règnes de la nature.
Lorsque Rudolf Steiner met la formation du sel en rapport avec cet être qui a rejeté et laissé
derrière lui les animaux, les végétaux-animaux, les végétaux et les minéraux, à savoir :
l’Homme, il n’est pas très facile de voir cette relation, comme avec les autres formations
rocheuses. Si l’on veut comprendre cette relation, on doit porter son attention sur
l’importance du sel dans les processus vitaux de l’homme. C’est le sel qui contribue non
seulement à sa nutrition, à sa croissance et à ses forces régénératrices, mais encore à cette
autre partie de sa vie que nous connaissons en tant que conscience, imagination et pensée
Pour nous rendre compte combien le sel est important pour la constitution de l’homme dans
son ensemble, nous n’avons qu’à priver complètement une personne en bonne santé du sel
qu’elle utilise pour l’assaisonnement. Le premier symptôme qui apparaît est la perte
d’appétit. Ceci est dû au fait que le sel à la particularité de faire ressortir les différents goûts
de tous les aliments et, par l’intermédiaire du goût dans la zone de la bouche et de la
langue, il agit profondément sur les fonctions inconscientes des glandes internes reliées à la
digestion dans l’estomac et dans les intestins.
Ainsi, grâce au sel, quelque chose devient conscient, tout en fonctionnant inconsciemment
sur la digestion et la nutrition. Le goût « interne » est stimulé et, selon Rudolf Steiner, il se
propage jusque dans le foie.
Ce goût « interne », qui ne se révèle consciemment que dans l’appétit, est relié avec une
autre particularité du sel. Il guide les différentes substances nutritives jusqu’aux endroits
appropriés de l’organisme.
La demande réduite en liquide pour une personne soumise à un régime sans sel, montre que
l’organisme a besoin de retenir le sel présent dans les liquides corporels. Normalement, le sel
dans le sang et les humeurs des tissus doit donner lieu à des échanges continuels. D’ailleurs,
dans ce processus qui introduit régulièrement du sel nouveau dans le système, réside l’une
des plus importantes fonctions biologiques reliées à la digestion et à la nutrition.
La privation de sel a un autre effet significatif sur l’homme. Il se fatigue, devient apathique
et voit sa faculté de penser s’altérer. Ces phénomènes ont tous un rapport avec l’autre
aspect de sa vie : sa conscience. La nature de ces deux processus est diamétralement
opposée. La digestion et la nutrition construisent, tandis que la conscience résulte d’un
processus de destruction. Physiologiquement, la conscience et la perception de soi détruisent
ce qui est construit, et cette destruction a lieu presque entièrement dans nos nerfs et notre
cerveau. Dans ce système neuro-sensoriel tel que Rudolf Steiner le décrit, l’homme est
capable de concentrer les substances nutritives jusqu’à la densité minérale et à l’absence de
vie, mais il est aussi capable de les dissoudre de nouveau, de les détruire et de la rejeter
hors de son organisme. Ces « processus de mort » physiologiques sont spécifiquement
humains, ils ne se produisent pas chez les animaux.
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Dans les temps anciens, on appelait cela « le processus SAL ». Cela signifiait que, à partir
d’une solution, une substance solide précipitait. Dans ce sens, on pourrait de même appeler
la formation de toutes les roches et de tous les minéraux de la Terre un « processus SAL ».
Mais on doit remarquer que la plupart des roches et des minéraux ne sont pas solubles dans
l’eau, en tout cas pas dans la proportion des véritables sels. Seuls les vrais sels sont solubles
dans l’eau.
Ainsi, chez l’homme, nous trouvons le sel sous deux états : d’abord en solution dans le sang,
et puis en tant que processus dans le cerveau et le système nerveux, qui l’amène à se
déposer, et par-là constitue la base physiologique de la conscience.
L’exemple le mieux connu de ce processus est l’acervule de la glande pinéale qui, lorsqu’il
est absent ou anormal, provoque l’idiotie ou la déficience mentale.
Là où le sel est en solution, comme dans le sang et les sucs digestifs de l’homme et de
l’animal, il est dans son état primordial, tel que nous le trouvons naturellement dans l’eau de
mer. Les océans ne sont que les vestiges de cette atmosphère albuminoïde de la Terre que
nous avons décrite auparavant. Dans ce « liquide amiotique » de la Terre, organisme vivant,
les formes vivantes des règnes de la nature ont évolué. Elles ont rejeté la partie minérale
dans le monde minéral, et attiré à l’intérieur de leurs systèmes, une partie de cette
atmosphère vivante, comme le sang et les autres liquides du corps. Ainsi la vie originelle de
la Terre a elle-même été répartie en formes différentes dans les règnes de la nature.
Lorsque l’ancienne atmosphère albuminoïde se décomposa progressivement, il en ressortit
les eaux actuelles des océans et l’air de l’atmosphère. Lorsque l’albumine (protéine) se
décomposa, les substances présentes dans l’eau de mer et dans l’air apparurent alors, à
savoir les sels, l’eau, l’oxygène, le dioxyde de carbone et l’azote.
Les océans sont encore aujourd’hui un véritable « liquide amiotique » pour une multitude
d’organismes. C’est un liquide physiologique dans lequel la plupart des formes de vie les plus
anciennes et les plus primitives ont pu perdurer jusqu’à aujourd’hui. On peut voir combien la
substance de l’eau de mer est proche de la vie, d ‘après les proportions des sels solubles
qu’elle contient ( en particulier le sodium, le potassium, le magnésium et les sels de
calcium). Ces proportions ressemblent à celles du sang de l’animal et de l’homme. On peu
donc utiliser de l’eau de mer pure, diluée au niveau du taux de sel dans le sang humain,
pour la mélanger à des extraits médicinaux d’origine végétale ou animale, afin de les injecter
dans le courant sanguin.
En contraste avec cet état primitif du sel, encore aujourd’hui relié étroitement à la vie, nous
devons également considérer un processus tout à fait différent, qui a fait se déposer le sel
dans la Terre, en couches cristallines solides comme des roches.
Les énormes gisements de sel gemme (roche saline), à l’intérieur de la Terre, sont répartis
sur tous les continents, et nous les trouvons depuis les époques cambrienne et silurienne,
jusqu’à l’ère tertiaire.
Le moment où le sel a commencé à se déposer dans la Terre coïncide plus ou moins avec
celui de la différenciation des organismes vivants et des roches, dont nous avons parlé à
propos des ardoises. C’est l’époque où le calcaire et la dolomite commencèrent à apparaître.
Les dépôts ont continué lors des formations suivantes, atteignant un premier maximum
immédiatement après les gisements de charbon dans le système permien. Les célèbres
gisements de potasse et de sel gemme de Stassfurt appartiennent à ce système.
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La formation du sel atteignit ensuite un autre maximum à l’ère tertiaire, lorsque la
constitution de nouvelles roches et de nouvelles strates à partir des processus vitaux
originels approchait de sa fin.
Les gisements de potasse du Bassin du Haut-Rhin, de la Pologne et de l’Espagne,
appartiennent à cette période.
En considérant la grande quantité de sel gemme et les vastes étendues où il s’est produit, on
doit se rappeler que le sel est une substance soluble dans l’eau, qui a pris l’apparence d’une
roche. Mais nous devons noter également que, si le sel est soluble aujourd’hui, cela ne
signifie pas que ces énormes gisements se soient formés à partir d’une solution liquide telle
que l’eau de mer. Comme Rudolf Steiner le remarque de manière significative, cette
solubilité des minéraux que nous observons pour le sel est dans le règne minéral la
caractéristique la plus récente qui soit apparue.
Cette observation devient intelligible lorsque nous nous rappelons que toutes les roches
étaient à l’origine dans un état gélatineux colloïdal. Les gels et les colloïdes ne sont pas des
solutions, mais des états originels de la matière. Ils ont une parenté étroite avec la matière
vivante ( la protéine ).
Les dépôts de sel sous tous leurs aspects nous suggèrent que cette « roche saline » ( de
même que les ardoises et les gisements de charbon ) a été rejetée d’un processus vital
majeur de la Terre. Le sel gemme se présente en couches et ( comme par exemple dans les
sels Permiens = Zechstein ) il alterne avec des sels de potassium et des couches d’anhydrite
intercalées, plus ou moins épaisses. Les dépôts de sel sont presque partout recouverts de
couches massives d’anhydrite qui sont, dans la moitié des cas, accompagnés de dolomite.
Ces roches recouvrantes sont imperméables, si bien que ni les eaux de surface, ni les eaux
souterraines ne peuvent normalement pénétrer jusqu’aux couches de sel. Nous voyons donc
ce fait curieux d’une substance solide à l’intérieur de la Terre, ainsi protégée du contact avec
l’eau.
On peut imaginer ce que cela signifierait si tout le sel enterré dans la terre était exposé à
l’influence de l’eau, étant donné que la quantité du sel gemme est approximativement égal à
celle du sel en solution dans les océans, soit des millions de billions de tonnes. Puisque les
océans représentent 70 % de la surface de la Terre, et la Terre ferme seulement 30 %, le
sel gemme, s’il n’était pas protégé, imprègnerait le sol d’une solution saline rendant toute vie
impossible.
Le fait que cela ne se produise pas, laisse supposer un processus organique rationnel dans la
formation des gisements de sel. Ce processus est en relation avec l’homme, de la même
façon que l’ardoise l’est avec la plante et le calcaire avec l’animal.
Dans les notes de Rudolf Steiner mentionnées au chapitre 2, il dit : «dans le sel, l’être
humain universel s’éteint ». Cela signifie que la première apparition du sel est reliée au fait
que l’être humain universel ; jusqu’alors partie de la Terre comme un tout, commence
maintenant à se différencier en êtres humains individuels. Afin que l’homme en tant
qu’individu puisse se développer à partir de cet être universel, la nature animale, la nature
végétale et le végétal-animal ont dû « mourir » et le minéral a dû se consumer dans le
soufre.
Au même moment, commença la différenciation des règnes de la nature, qui est reflétée de
manière si frappante dans la diversité des roches. Avec le porphyre, les schistes, les ardoises
et le calcaire, le sel lui aussi est apparu dès le début comme l’expression du fait suivant : un
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être commençait à agir, capable de surmonter le durcissement de la matière par le pouvoir
dissolvant de l’eau vivante.
L’homme est le seul être capable d’utiliser cette décomposition minérale dans la physiologie
de son système nerveux et cérébral, afin de développer la conscience de lui-même et le
pouvoir de la pensée. L’image de cette capacité humaine est réfléchie dans le monde
extérieur à l’homme par la disposition des dépôts de sel au milieu des roches. Avant que
l’homme ne soit descendu complètement sur terre, il a « concrétisé les pensées dans le sel »
Grâce au pouvoir de sa pensée, il a banni les forces de mort du sel à l’intérieur de la Terre.
Ce sel était dans un état qui n’avait rien à voir avec sa solubilité actuelle. C’était encore un
colloïde qui obéissait aux lois organiques.
Cette notion qu’une substance ( aujourd’hui très soluble dans l’eau ) était alors un colloïde
gluant qui gonflait en absorbant de l’eau mais qui ne se dissolvait pas, est certainement très
inhabituelle. Il y a des phénomènes actuels qui justifient cette idée.
Dans de nombreux dépôts de sel, particulièrement dans le sel gemme, nous trouvons entre
les couches de sel grossier, des filons lenticulaires ou des lits de quelques mètres d’épaisseur
de « sel clair » d’une transparence proche de celle du verre, à peine rayé ou dépoli. Si l’on
place une lumière derrière un tel bloc dans une mine, le bloc tout entier est illuminé comme
une masse vitreuse, et l’on peut voir la source de lumière à travers le sel clair. Si le sel avait
cristallisé dans les lagunes et les baies peu profondes sous l’influence des températures des
déserts tropicaux, comme le postule la théorie de la grande inondation d’Oxénius et Van
Hoff, il n’aurait jamais eu cette structure limpide, mais il se serait déposé en masses
granuleuses de petits cristaux.
Il existe un autre phénomène qui met en évidence l’état malléable colloïdal du sel. En 1937,
tandis que l’on prospectait le pétrole dans la région de Celle-Hanovre, on effectua un forage
qui pénétra un dôme de sel à la profondeur de 475 mètres, et qui s’enfonça jusqu’à 3818
mètres sans atteindre le fond de ce dôme. A cette profondeur de 3818 mètres, le sel avait
une température de 130° C, et il formait une masse malléable et pâteuse, dans laquelle le
trépan s’immobilisa. Etant donné que la fusion du sel gemme est de plus de 800° C, c’est là
un phénomène étrange qui jette une lumière significative sur l’état du sel dans les
profondeurs de la Terre. A ce propos, il est intéressant de noter qu’en creusant le tunnel du
Simplon on a trouvé du quartz cristallin au cœur de la montagne, en même temps qu’un
acide silicique colloïdal gélatineux – une silice qui se trouvait encore dans un état primitif
similaire (avant cristallisation).
Avec la découverte de ce dôme de sel mentionné plus haut, de plus de 3 kilomètres
d’épaisseur, nous sommes confrontés avec les formidables dimensions de ces gisements de
sel. Des centaines d’autres forages ont été effectués au Nord de l’Allemagne, et l’on sait
maintenant que les gisements de sel du Zechstein à eux seuls, couvrent une surface de près
de 100 000 kilomètres carrés. Ils s’étendent depuis la Côte de la Mer du Nord entre Brême et
Lubeck, vers l’Est jusqu’à Berlin, et du Sud jusqu’à Erfurt. La potasse et le magnésium sont
extraits depuis 250 puits environ, et sont transformés en engrais et en produits chimiques.
Ces gisements de sel gemme du Zechstein ( dont seule la partie supérieure est
accompagnée des précieux sels de potasse ) reposent à des profondeurs allant de quelques
centaines de mètres, jusqu’à un millier et plus. Sous ces gisements se trouvent actuellement
des couches de sel gemme plus anciennes, qui ne sont toutefois pas exploitées, étant donné
qu’il y a assez de sel pur en des endroits plus facilement accessibles.
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En Europe, les gisements de sel du Zechstein s’étendent depuis cette partie de l’Allemagne
jusqu’en Angleterre vers l’Ouest, et jusqu’en Pologne vers l’Est, tandis que 2000 kilomètres
plus à L’Est, se trouvent les grands gisements de sel de l’Oural.
Les sels du Zechstein constituent seulement les gisements les plus anciens de cette zone.
Plus haut, nous trouvons les sels du Bundsandstein et du Muschelkalk. Ces derniers
s’étendent depuis le district de Magdebourg en passant par la Thuringe, le Schweinfurt,
Heilbronn et l’Est de la Forêt-Noire jusqu’à la frontière suisse.
Des sels de potasse tertiaires et des sels gemmes très récents se rencontrent dans le Bassin
Rhénan supérieur, entre Bâle et Fribourg, à une profondeur de 500 à 1000 mètres. On
trouve d’énormes dépôts de sel en Russie, en particulier au Kazakhstan, où l’on rencontre de
1500 à 1800 gisements différents, à quelques centaines de mètres seulement de la surface,
mais qui s’enfoncent à des profondeurs de 5000 mères. Le gisement de Dossor a 12
kilomètres de long, 8 kilomètres de large, et 5 kilomètres de profondeur. Celui d’Iskine
occupe une surface de 30 kilomètres carrés, et il a une épaisseur d’un kilomètre et demi du
Sud, et près de 5 kilomètres au Nord. Un autre gisement près d’Osinki couvre 70 kilomètres
carrés.
A travers l’Asie Centrale Russe, on rencontre des milliers et des milliers de gisements de sel
plus ou moins grands. Ils sont reliés aux gisements de Turquie, de Syrie, d’Irak et de
Palestine. Ce dernier comprend la Mer Morte avec ses quarante mille millions de tonnes de
sel en solution, un des plus étranges et des plus remarquables phénomènes terrestres
concernant le sel.
Une des régions les plus riches est constituée par l’Iran et les îles du Golfe Persique. Sur ces
dernières, il y a des mines de sel à ciel ouvert, ou plutôt des montagnes de 5 à 10 kilomètres
d’épaisseur, parcourues et creusées par des glaciers de sel.
L’Inde est célèbre pour la chaîne du sel à l’est de l’Indus, où du sel très ancien gît en
énormes quantités à une très grande profondeur.
Les grands gisements de sel de l’Amérique du Nord se trouvent tout particulièrement au
Nouveau-Mexique et au Texas, où de profonds forages de pétrole ont révélé des gisements
de 300 à 500 mètres d’épaisseur, sur une surface de 200 000 kilomètres carrés.
En prospectant le pétrole dans le golfe du Mexique, on rencontra des centaines de dômes de
sel si épais, que le forage fût abandonné. Les masses de sel des « Cinq Iles » sont célèbres.
Elles dominent la plaine et s’étendent sous terre à une profondeur de plusieurs centaines de
mètres.
Nous avons mentionné seulement les plus importantes formations de sel, ce qui pourra peutêtre donner une idée des phénomènes formidables et remarquables des roches salines de la
Terre.
49
8 – LE MYSTERE DU PETROLE
Après avoir considéré les étapes du végétal-minéral et du végétal-animal, nous devons à
présent introduire une autre notion, inséparable de la vie de la Terre : L’origine du pétrole et
des substances apparentées, telles que l’asphalte, le bitume et la cire minérale.
De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer l’apparition de ces substances en
quantités énormes dans certaines régions et au cours de certaines périodes géologiques.
Une des premières théories a tenté d’attribuer l’origine du pétrole à des processus purement
inorganiques, tels qu’on peut les produire en laboratoire à partir des composés métalliques
du carbone, c’est-à-dire des carbures qui, au contact de l’eau, deviennent des
hydrocarbures. Il y a par exemple le méthane (gaz des marais), ou l’acétylène, qui se
dégagent lorsque l’eau provoque la décomposition du carbure de calcium. Mais étant donné
que le pétrole se compose d’éléments beaucoup plus complexes, cette théorie a été
rapidement abandonnée. De plus, on venait de démonter entre temps, que la formation de
composés complexes à partir de simples hydrocarbures ne pouvait se produire qu’à de
hautes températures, et sous haute pression ; or, il ne pouvait être question ici de hautes
températures.
Plus tard, on a admis que la formation du pétrole provenait de la distillation de déchets
organiques comme le charbon et la tourbe par une action volcanique à l’intérieur de la Terre.
Cette théorie a dû elle aussi être rejetée quand il devient toujours plus évident, au fur et à
mesure de la découverte de nouveaux gisements, que le pétrole ne se trouve jamais éloigné
de son lieu d’origine, et que, à proximité de ce lieu, on ne rencontre jamais de roches
volcanique.
Le pétrole à la particularité de n’apparaître qu’à une certaine période, et seulement dans les
roches sédimentaires comme le grès, les sables, les schistes, les marnes et les calcaires. On
ne l’a jamais trouvé dans les roches métamorphiques qui sont, pour la plupart, nettement
cristallines. Aujourd’hui, on admet généralement que le pétrole est d’origine organique. On
peut faire remonter cette origine à la transformation de déchets végétaux et animaux dont
les protéines et les graisses, sous l’influence d’une pression et d’un échauffement modéré
pendant de longues périodes, sont devenues le pétrole actuel. A ces facteurs, les théories les
plus récentes ajoutent l’activité de certaines bactéries trouvées dans l’eau salée des puits de
pétrole.
Ces bactéries du pétrole ont des particularités bien définies. On sait depuis la fin du siècle
dernier que certains organismes bactériens peuvent créer des hydrocarbures simples comme
le gaz des marais à partir de déchets organiques dans des conditions anaérobies. Le
métabolisme de ces bactéries anaérobies n’a pas besoin de l’oxygène ambiant de
l’atmosphère car il est capable de prendre cette substance vitale dans les déchets
organiques, tels que la lignine, les protéines ou les graisses (qui contiennent toutes de
l’oxygène sous une forme ou une autre). La matière organique est ainsi dissociée en
hydrocarbures et en eau. Par contre les bactéries aérobies ont besoin de l’oxygène
atmosphérique pour vivre, et elles dégagent du gaz carbonique. Nos levures qui
« transforment par fermentation » le sucre en alcool, en gaz carbonique et en eau, agissent
de façon similaire.
Au cours des premières décennies de ce siècle, on a découvert des bactéries pouvant
« digérer » le caoutchouc ainsi que certains hydrocarbures volatiles, comme le benzol, le
50
toluol (toluène) etc…On a remarqué par la suite que certaines bactéries anaérobies restaient
en vie dans les hydrocarbures, et ne disparaissaient pas.
Au milieu des années 20, on a découvert pour la première fois des bactéries dans les puits
de pétrole et dans l’eau salée qui s’y trouvent. Ces bactéries provenaient d’une profondeur
de milliers de mètres et elles ont du vivre ainsi à l’intérieur de la Terre depuis d’innombrables
millénaires. Elles sont restées en vie dans les solutions salines de concentrations variables
qui accompagnent le pétrole. Ni les hautes pressions que l’on peut imaginer à ces
profondeurs, ni les températures relativement élevées, n’ont pu les détruire.
On a établi que dans un milieu nutritif recrée en laboratoire, certaines de ces bactéries
étaient capables de se multiplier en anaérobie totale, à des températures en dessous de
zéro, d’autres à 85° C.
Un grand nombre de ces bactéries constituaient des variétés entièrement nouvelles, et tout à
fait inconnues à la surface de la Terre. Certaines souches étaient capables de décomposer
n’importe quelle matière organique en substances pétrolières. D’autres encore, ont
transformé ces substances, par métabolisme, en hydrocarbures simples. Les chercheurs
furent, en fait, confrontés à une pléthore de nouveaux phénomènes pour lesquels on ne
pouvait trouver un dénominateur commun. De plus, on a découvert dans le pétrole des
substances qui empêchaient la croissance des bactéries, sans toutefois les tuer. En
examinant ces substances de plus près, on a été surpris de découvrir des composés organométalliques contenant des métaux lourds comme le cuivre, le nickel, le fer, le molybdène et
le vanadium. Ces composés ressemblent de très près à l’hémoglobine, à la chlorophylle, et
aux substances curieuses que l’on trouve dans le sang des mollusques et des échinodermes
(l’hémocyanine qui contient du cuivre), ainsi qu’au pigment sanguin des oursins (contenant
du vanadium). Dans les nitrobactéries, formant des nodules attachés aux racines des
légumineuses, se trouve un colorant rouge contenant du molybdène. Ce colorant est
également tout à fait semblable à l’hémoglobine présente dans le sang des animaux
supérieurs et dans celui de l’homme, qui toutefois contient du fer.
Au début des années 40, à la suite de la découverte de tous ces phénomènes, un groupe de
scientifiques américains décida d’approfondir le sujet. Au cours de cette recherche, la
question se posa : pourquoi, durant des milliers d’années, tout le pétrole n’avait-il pas été
entièrement « dévoré » par ces bactéries, pour être transformé en hydrocarbures simples
comme le méthane, etc…? Les chercheurs ont tenté d’expliquer ce phénomène par la
présence de l’eau salée, des substances inhibitrices citées plus haut, et par le pétrole luimême.
Les scientifiques considèrent que la réponse à cette question n’a toujours pas été trouvée.
Mais, en fait, la réponse est donnée si nous observons ce qui se passe lorsque certaines
méthodes de forage sont employées.
Lorsqu’on creuse un puits, il est nécessaire d’injecter continuellement de l’eau dans le creux
de la tige de forage, afin d’évacuer les fragments de roche détachés par le trépan. Lorsque
les premières traces de pétrole apparaissent dans l’eau ramenée à la surface, on sait qu’on a
atteint une nappe pétrolifère. Afin d’évacuer les débris plus efficacement, certaines
substances ont souvent été ajoutées à l’eau. Dans certains cas, lorsque les roches étaient
plus denses, on a observé qu’après un premier jaillissement, le pétrole se tarissait
progressivement. En injectant de l’eau dans le trou de forage pour faire sortir le pétrole hors
de la roche poreuse, c’est le contraire qui se produisait, le puits se tarissait malgré la
présence de grandes quantités de pétrole.
51
Après de longues recherches, on a découvert que l’eau redonnait une nouvelle vie au monde
des bactéries et que les produits de leur métabolisme changeait la viscosité du pétrole et de
l’eau salée, au point que les pores de la roche se bouchaient, empêchant l’écoulement du
pétrole.
Ce fait est d’une très grande portée pour la compréhension des bactéries et de leurs
activités. Il montre que les bactéries dans le pétrole et dans les eaux qui l’accompagnent
sont alors dans un état d’activité interrompue, mais cela ne signifie aucunement qu’elles
aient toujours été inactives. Les énormes quantités de gaz qui se trouvent dans la plupart
des champs pétrolifères, et qui consistent principalement en méthane, indiquent très
clairement que les bactéries ont vraiment transformé une partie du pétrole. Mais ce
processus d’une vie révolue dans les profondeurs de la Terre est parvenu à une pause, à un
certain équilibre. Au moment où, en injectant de l’eau, les conditions sont modifiées pour les
bactéries en sommeil, leur activité se réveille.
Nous trouvons donc, associés au pétrole, une vie bactérienne extraordinaire, riche et variée,
qui paraît être plus ou moins à l’état de repos. Dans le pétrole lui-même, on découvre des
substances très voisines de certaines substances vitales qui nous sont familières dans la
nature aujourd’hui. Mis à part quelques composés organo-métalliques, il en existe aussi qui
ont un effet d’œstrogène, c’est-à-dire que ces substances agissent sur les organes sexuels
des organismes supérieurs, comme le font les hormones. Les autres constituants du pétrole
sont des composés rappelant les résines, les cires, et les huiles essentielles des plantes, ainsi
que des substances contenant du soufre et de l’azote, et suggèrent davantage les protéines
animales. Si des matières semblables à l’humus sont présentes, les pétroles sont de couleur
très foncée et riche en asphalte (bitume).
Si l’on examine le pétrole à l’état brut, ou si l’on isole ses constituants simples, on observe
dans chaque cas qu’ils ont des propriétés optiques. Un rayon de lumière polarisé effectue
une rotation en traversant le fluide. C’est une particularité des substances qui proviennent de
processus vitaux. On ne l’observe pas pour les substances inorganiques et synthétiques.
Puisqu’il est maintenant certain que le pétrole est originaire de processus de vie, nous
pouvons nous demander de quelle sorte de vie qu’il s’agissait : était-elle de nature végétale
ou plutôt de nature animale ? Les constituants du pétrole font supposer qu’il s’agit parfois de
l’une, parfois de l’autre. Peut-être est-il possible d’éclaircir la question en imaginant, même
approximativement, le développement considérable de cette vie dont le pétrole est issu.
Pendant 85 ans, entre 1870 et 1955, 2000 millions de tonnes de pétrole ont été extraites
dans le monde entier. Il est difficile de se représenter de telles quantités. Par des recherches
approfondies effectuées sur toute l’étendue de la Terre, on sait que les quantités dix fois
plus importantes restent dans le sol, soit près de 25 800 millions de tonnes. Ces chiffres se
rapportent uniquement aux sources de pétrole qui s’écoulent naturellement, ou qui peuvent
être pompées, parce qu’elles sont situées dans des sables, des grès, ou des calcaires poreux,
En plus de ces sources, il y a les vastes couches de schistes bitumineux, qui contiennent des
quantités de pétrole estimées, pour les seuls U.S.A. à 10 000 millions de tonnes. Ces schistes
bitumineux se rencontrent partout sur la terre, mais leur pétrole ne peut être extrait qu’au
moyen d’exploitations minières car les schistes finement grenus, retiennent le pétrole comme
une éponge. La quantité de pétrole contenue dans ces schistes est au moins aussi grande
que celle qu’on a estimée par les sables et les grès.
A côté de tout cela, il y a des milliers de puits qui, en plus du pétrole, produisent des millions
de mètres cubes de gaz, ainsi que des forages qui ne donnent que du gaz. L’existence de
52
tous ces gisements est due à l’activité des bactéries du pétrole. En plus des chiffres
incroyables des quantités estimées, il faut également tenir compte de l’épaisseur des
couches pétrolifères : elles varient de 500 à 4000 mètres.
Le puits de forage le plus profond du monde, dans le Comté de Plaquemines en Louisiane, a
atteint le pétrole à 6880 mètres en 1956. Ce pétrole se trouve dans des couches
relativement jeunes. Dans le Comté du Kern, en Californie, un puits de forage a atteint le
pétrole à une profondeur de 5437 mètres.
De telles épaisseurs sont comparables à celles des anciennes roches, des ardoises et de la
craie. Si l’on considère les périodes géologiques au cours desquelles les couches pétrolifères
se sont formées, on peut distinguer deux époques principales. La première va de la période
de l’ardoise des systèmes Silurien et Dévonien, jusqu’aux gisements houillers. Les quantités
de pétrole remontant à cette époque sont estimées à environ un tiers du total mondial. Les
deux tiers restants appartiennent à une seconde période qui commence vers le Crétacé, et
continue très avant dans le Tertiaire.
La plus grande partie du pétrole de la première époque est localisée dans le Centre Ouest du
continent Nord Américain, tandis que les pétroles récents du Tertiaire se trouvent
principalement sur le continent Eurasien, avec leur plus forte concentration dans le Golfe
Persique. Une partie des pétroles plus récents s’étend le long d’une ligne qui part du
Wyoming et de la Californie, traverse le Golfe du Mexique, et aboutit au Venezuela.
On ne trouve aucun reste d’animaux ou de plantes de grande taille dans les sables, les grès,
les shales et les calcaires pétrolifères. Les sables ne présentent aucune trace de fossiles
pétrifiés tels que des moules etc… Les calcaires sont eux aussi relativement pauvres en
fossiles. Seuls les shales sont souvent entièrement constitués de minuscules coquilles
d’organismes d’eau de mer ou d’eau douce, tels que nos diatomées ou radiolaires actuels.
Si le pétrole provenait seulement des quantités massives de ces restes d’organismes marins
morts, nous devrions les trouver dans toutes les roches pétrolifères. Inversement, il existe de
nombreux dépôts de restes similaires, qui ne contiennent pratiquement aucune trace de
pétrole.
Pour cette raison, les chercheurs ont tenté d’expliquer la présence du pétrole par la
décomposition d’algues en quantités massives, mais le pétrole contient trop de substances
d’origine animale pour que cette hypothèse soit valable. Il se peut néanmoins que la
décomposition de masses d’organismes microscopiques comme les algues, les diatomées ou
les radiolaires, soit en partie responsable de la formation du pétrole. La majeure partie du
pétrole des deux époques citées a trouvé son origine dans la vie foisonnante qui s’est
littéralement épanouie dans l’élément tiède et aqueux de la Terre vivante dans son
ensemble, telle qu’elle se présentait alors. Revenons à la « nature fleur » du minéral-végétal
et du végétal-animal de la jeunesse de la terre, que nous avons décrit dans les chapitres
précédents. Dans le pétrole, nous trouvons les résidus organiques de la formidable
désagrégation d’une vie non encore différenciée en formes végétales et animales diverses.
Cette vie a suivi son cours dans des conditions atmosphériques que nous trouvons
aujourd’hui uniquement sous leur forme densifiée de rivières et d’océans ; il peut arriver
aujourd’hui qu’une « floraison », comme on pourrait l’appeler, se produise dans des eaux
tièdes. Certaines conditions climatiques ( courants chauds etc… ) peuvent soudain provoquer
une prolifération énorme d’organismes inférieurs, comme un flot submergeant tout et
disparaissant ensuite rapidement. De nos jours, le pétrole ne provient pratiquement plus de
cette « floraison de vie foisonnante ». Bien que, dans certaines régions tropicales, on voie
53
quelquefois miroitier à la surface de l’eau, une fine couche irisée de nature huileuse, la
production réelle de pétrole appartient à des époques où l’exubérance de la vie était bien
supérieure à celle que nous connaissons sur terre aujourd’hui, en quelque lieu que ce soit.
Dans ses conférences sur les « Centres Initiatiques » citées précédemment, Rudolf Steiner
divise la création de la vie en trois grandes périodes. De la première période, aucune trace
de vie ne subsiste jusqu’à nos jours, si ce n’est les plus anciennes formations rocheuses de la
Terre. De la seconde période, proviennent les plus anciens pétroles (dont les gisements sont
situés principalement en Amérique), le charbon et les roches de la période de l’ardoise
(palézoïque), avec leurs traces de vie végétale et animale. De la troisième période de la
création, proviennent les pétroles plus récents, allants du Crétacé au Tertiaire, les grès et les
calcaires du « moyen âge » de la Terre, ainsi que la lignite. Au crétacé, nous trouvons les
sauriens, et au tertiaire, les restes de végétaux et d’animaux, ancêtres de ceux aujourd’hui.
Lorsque, pendant la période tertiaire, et avant le début de l’évolution atlantéenne, la vie de
« l’organisme terrestre lui-même » a commencé à disparaître progressivement, ce qui restait
de l’atmosphère vivante précipita en impressionnants dépôts organiques. Ces derniers
constituent les quantités considérables des pétroles plus récents du Tertiaire. Leur
composition montre qu’ils ont une origine plutôt végétale. La transformation de ces restes de
vie en pétrole est donc toujours un processus de vie de l’organisme terrestre dans son
ensemble. C’est un processus que l’on peut observer encore aujourd’hui, lorsque nos plantes
produisent des huiles essentielles et des résines. Ces substances ainsi créées, ressemblent
étroitement au pétrole. Il n’est donc pas surprenant que Rudolf Steiner ait dit, au cours
d’une de ses conférences médicales, que la Terre était capable de créer du pétrole et que ce
pétrole présentait quelque peu des similitudes avec les huiles végétales.
Lors d’une de ses conférences aux ouvriers (9/9/1924), Rudolf Steiner évoqua une
production d’huile d’une autre sorte. Elle a lieu au cours de la formation de l’humus, et elle
joue un rôle important dans les processus de floraison des plantes. Nous voyons ainsi que
cette « floraison d’une vie proliférante » existe encore aujourd’hui, bien que très diminuée et
transformée. Elle ne produit plus de pétrole comme auparavant, mais elle est utile à ces
parties de la plante qui produisent des huiles. La substance huileuse de l’humus, mentionnée
plus haut, se retrouve également dans les huiles bitumineuses de couleur très foncée, et
dans l’asphalte lui-même. Ainsi, nous pouvons constater que, partout, la vie de l’organisme
terrestre est descendue de l’atmosphère environnante, pour venir œuvrer sur la Terre.
54
9 – LES ROCHES SEDIMENTAIRES
Jusqu’ici, nous avons considéré les roches qui avaient précipité directement à partir de
processus vitaux de la Terre, et qui n’avaient subi que peu ou pas de changements
mécaniques avant de se solidifier.
Si nous observons maintenant des formations donnant l’impression de provenir entièrement
de la désagrégation d’autres roches et du filtrage des particules sous l’action de l’eau et de
l’air, nous devons nous garder de commettre l’erreur d’attribuer ces formations aux
processus actuels tels que l’érosion, la désagrégation et la précipitation. Les grès véritables
ne représentent que 0,7 % de la totalité des roches, ce qui montre quelle faible proportion
de la roche originelle a été érodée pour les édifier.
Il faut tout d’abord nous représenter comment les grès sont répartis dans le temps tout au
long des différentes époques géologiques. On peut situer la première apparition du grès au
début de la période du schiste. Au même moment, apparaissent les premiers véritables
calcaires. Pourtant, ni le calcaire ni le grès ne sont caractéristiques de cette période. Dès
l’époque des gisements houillers, d’épaisses couches de calcaire apparaissent : les calcaires
carbonifères et des gisements de grès se rencontrent entre les veines de charbon.
C’est après le Carbonifère, au Permien, que commence la première grande période des grès.
Elle comprend les grès et les conglomérats de la formation du Rotliegende, attenants aux
couches massives et épaisses des grès bigarrés (Bundsandstein). (Dans ce paragraphe, c’est
la succession allemande qui est décrite. En France et en Grande-Bretagne, les premiers grès
sont tout aussi importants.)
Alors que les roches de la formation du Rotliegende sont entièrement rouges du fait de
l’oxyde de fer qui forme avec l’argile ou la silice un ciment ou un mortier entre les particules
de sable, les grès bigarrés sont multicolores ( gris, jaunâtres, verdâtres ou rouges ). Cette
première période du grès est suivie de celle du calcaire du Muschelkalk. Pendant la formation
du Keuper qui lui succède, on assiste à une seconde époque du grès qui prend fin peu à peu
avec les sables noirs du Jura.
A la suite de la réapparition du calcaire dans le Jurassique blanc, nous trouvons pour la
troisième fois du grès dans les dépôts crétacés et tertiaires. (Quader Sandstein)
Ce rythme entre les grès et les résidus de processus organiques animaux est l’image
véritable de l’étendue et de la mobilité constante des processus vitaux de la Terre. D’un côté,
avec les calcaires ainsi que les ardoises et les anciennes roches granitiques, nous voyons une
« retombée » directe d’un processus vivant qui crée la roche ; d’un autre côté, nous
assistons pour la première fois avec les grès, les conglomérats et les marnes, à un effet de
forces mécaniques qui effritent et désagrègent ces anciennes roches. On ne devrait classer
en vraies roches sédimentaires que celles qui, de toute évidence, sont le résultat d’une
désagrégation et d’un nivellement mécaniques de différentes formations. En observant de
plus près les grès et les conglomérats (masses de galets cimentés), nous pourrons mieux
comprendre l’origine de ces roches.
Les grès sont composés essentiellement de petits grains de quartz, légèrement usés, mais
aux arêtes saillantes pour la plupart, qui sont cimentés ensemble. Le liant de ces grains de
sable est constitué soit par une forme de silice, ou une substance argileuse, ou du carbonate
de calcium, ou de la dolomite, ou encore, mais plus rarement, par de l’oxyde de fer. Le liant
des conglomérats est également varié. La nature du liant ne dépend pas de l’âge de la
55
formation. Les différents grès (siliceux, argileux, calcaires) peuvent être présents depuis les
plus anciennes époques jusqu’au Tertiaire, et on trouve souvent plusieurs sortes de liant
dans une même formation par exemple dans le Bundsandstein (grès bigarrés).
De fines paillettes de mica sont plus ou moins visibles sur la plupart des grès. Les seuls qui
font exception sont quelques grès entièrement siliceux, composés jusqu’à 98 % de grains de
quartz soudés par de la silice, le reste étant constitué par du fer et d’un peu d’eau
(quartzites).
Les paillettes de mica et le liant argileux indiquant que la roche est le produit de débris de
roches cristallines plus anciennes, comme le granite ou le gneiss. Les gisements massifs des
grès permiens et des grès bigarrés, ainsi que leurs conglomérats, sont disposés
habituellement juste au-dessus des anciennes roches cristallines d’où ils proviennent.
On peut maintenant se demander quelle était la nature et la dureté des roches dont les
débris ont formé les grès. Les grains anguleux et les morceaux d’éboulis dans la brèche,
montrent que les roches-mères étaient relativement dures. Les conglomérats ont une origine
similaire, mais la forme des grains de sable et des galets, indique que le matériau d’origine
était quelquefois moins dur, et plus facilement usé par l’action de l’eau. Ce phénomène est
une confirmation frappante de ce que Rudolf Steiner décrit dans ses conférences aux
ouvriers en Septembre 1922 – soit la condition de la Terre peu avant et peu après la
séparation de la Lune. Il parle de la matière visqueuse de la Terre en cours de solidification
progressive, se densifiant jusqu’à la consistance de la corne d’un sabot de cheval, pour se
dissoudre ensuite à nouveau. Ainsi les densités variaient alternativement et la solidification
des roches n’était pas un processus linéaire, mais un phénomène rythmique, progressant
vers l’état solide.
Cette alternance est un quelque sorte l’expression de la vie de la Terre dans son ensemble.
On peut ainsi voir que même un matériau comme les grains de sable provenant de la
fragmentation de roches primitives, était dans une certaine mesure soumis à la mise en
ordre rythmique de la vie terrestre. La forme qui résulte de ces lois imite la structure des
anciennes roches cristallines à savoir la structure grenue.
A l’époque précédente, période du schiste et de l’ardoise, ces lois avaient une influence plus
grande encore sur la structure des roches. Les schistes sont souvent composés des mêmes
substances que le granite et le gneiss. Dans ces roches, dominent ces forces de l’univers
environnant que sont les corps célestes, et à partir du magma primitif malléable, elles font
naître, comme un reflet enchanté, les cristaux dans le granite et dans le gneiss. Dans les
schistes, ce sont les forces de vie de la Terre elle-même qui déterminent l’aspect ligneux de
la roche. Les forces terrestres ont un rôle encore plus important dans la formation des grès,
des conglomérats et des brèches. A partir des forces sédimentaires vivantes de la période du
schiste et de l’ardoise, se développent progressivement les forces purement mécaniques de
la sédimentation.
Après la période du schiste et de l’ardoise, la vie de la Terre elle-même a évolué de l’état
végétal vers un état plus animal. Cela s’est manifesté par l’accroissement continuel des
couches de calcaire. Les forces de l’univers environnant qui prédominaient au
commencement de la formation des roches, se retirent peu à peu, tandis que les roches
siliceuses sont attirées dans la sphère d’influence des forces purement terrestres. On peut
suivre ce processus dans toutes ses étapes. Nous trouvons des grès dans lesquels les
surfaces fracturées des grains se sont recristallisées, comme si chaque grain s’efforçait de
reformer un cristal complet. Dans ces grès là, nous découvrons de superbes nids de quartz
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cristallin, qui toutefois ne présentent que des extrémités pointues et pas de corps comme
dans les autres roches. On trouve dans les grès bigarrés des fissures tapissées de ces
cristaux de quartz pointus. Il est par contre bien difficile d’en découvrir dans les grès des
formations du Keuper et du Crétacé. Dans ces dernières roches, le pouvoir de cristallisation
diminue de plus en plus car les forces déclinantes de la Terre prédominent.
Ce serait cependant une grande erreur d’admettre que les forces de ces corps célestes de
l’univers environnant n’ont plus continué à agir sur la formation des roches. Ce que nous
venons de décrire à propos des roches sédimentaires ne s’applique pas à toutes les autres
roches, nous voyons pourquoi en revenant aux ères géologiques les plus anciennes. Les grès
et les conglomérats ont un passé remarquable. Dans des strates anciennes, on trouve une
série de roches dont certaines présentent ce qui ressemble à de gros galets aplatis, pris dans
une masse cristalline uniforme. Ces gros galets sont constitués des mêmes matériaux que les
roches sous-jacentes. Ils font de toute évidence partie de la roche primitive fragmentée,
dont les morceaux détachés ont formé des galets, qui se sont donc incorporés dans les
couches sédimentaires suivantes. Nous avons là une toute première forme de conglomérat.
Il peut également arriver que le granite ou le gneiss soit entièrement fragmenté, et que les
composants ( quartz, mica et feldspath ) soient cimentés de nouveau ensemble pour former
une sorte de granite reconstitué ; appelé arkose.
Ces roches, ainsi que les conglomérats du Rotliegende, les grès permiens et les grès
bigarrés, apparaissent lors d’une période de volcanisme intense et de soulèvement de
chaînes montagneuses.
Nous n’avons connaissance de ces soulèvements que par les plissements, cachés
généralement dans les profondeurs de la Terre. Mais nous pouvons les découvrir dans les
mines, et quelquefois lorsqu’ils apparaissent à la surface. Les reliefs de ces chaînes sont
depuis longtemps érodés et leurs restes fragmentés se trouvent dans les différentes roches
sédimentaires que nous avons décrites.
Les roches qui formaient ces montagnes n’étaient pas aussi dures que nos roches actuelles.
Elles avaient encore la consistance de la cire, comme le précisait Rudolf Steiner. Ces roches
ont été désagrégées par l’eau. Cette désagrégation était moins un éclatement qu’un
effritement, car le processus de cristallisation venait juste de commencer et les différents
cristaux n’étaient pas encore solidement agrégés. Les fragments étaient suspendus dans une
sorte de bourbe assez épaisse, contenant beaucoup de matières en solution. Dans des temps
plus anciens, ce qui s’est solidifié à partir de cette bourbe est devenu de la roche compacte
comme par exemple le quartzite, où il est impossible de voir qu’il est composé de particules
minuscules soudées ensemble.
Tous les stades intermédiaires existent, allant du quartzite en grès véritable, où les grains
semblent avoir été durs et solides depuis le début.
Ces chaînes de montagnes, comme celles qui ont précédé l’époque des grès bigarrés, se
sont de nouveau soulevées par la suite. Les chaînes plus jeunes ont bien gardé leurs formes
et on les reconnaît à leur profil abrupt et anguleux. Les croupes des anciennes montagnes
sont ensevelies, ou bien arrondies et usées comme l’Erzgebirge, les massifs bohémiens et
bavarois et bien d’autres. Les chaînes plus jeunes sont les Alpes, le Caucase, l’Himalaya, et
en Amérique du Sud la Cordillère des Andes.
Ces montagnes récentes montrent que, lorsque les masses rocheuses ont surgi des
profondeurs, elles étaient encore dans un état semblable à celui des roches cristallines
primitives à l’origine, comme le granite et le gneiss. Les roches plus jeunes étaient encore, à
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l’évidence, dans un état très malléable, puisque leurs schistes présentent de superbes plis,
comme pour les roches plus anciennes. Ce qui est étrange, c’est que certaines des roches
plus jeunes se sont formées de telle façon qu’elles ont l’apparence de roches très anciennes.
En Europe par exemple, il existe une ardoise du Lias qui s’est transformée en véritable
micaschiste alors que l’ardoise habituelle du Lias, telle qu’on la trouve au pied du Jura
Souabe, a une structure feuilletée friable. Pendant longtemps, on a confondu cette ardoise
transformée avec du schiste cristallin ancien, jusqu’à ce qu’on découvre qu’elle contenait les
mêmes fossiles que ceux du Lias.
On expliquait qu’une jeune formation était ainsi transformée en structure de roche ancienne
par l’effet des pressions énormes exercées lors des plissements des chaînes montagneuses.
Il est plus vraisemblable de penser que l’état de la roche était beaucoup plus malléable et
vitalisé durant la formation de ces jeunes montagnes. Les forces de cristallisation provenant
du Cosmos environnant pouvaient alors les façonner ; cela est confirmé par le fait que les
plus grands cristaux de roche connus ont été trouvés, et le sont toujours, dans ces
montagnes plus récentes. Si ces cristaux gigantesques avaient été formés avant le
plissement des chaînes montagneuses, ils auraient été broyés et réduits en fragments
méconnaissables.
Nous voyons ainsi que même à une époque relativement récente, à certains endroits de la
Terre, la roche n’était pas encore durcie au point de ne pouvoir réagir à ces forces
cosmiques. Dans les régions de massifs montagneux plus jeunes, la Terre a connu une
certaine vitalité, qui a influencé toutes les roches environnantes.
Essayer de décrire ici toutes les vraies roches sédimentaires n’est pas possible. Cependant, il
existe encore des phénomènes remarquables qui nous donnent un aperçu de l’état primitif
de ce qu’on appelle aujourd’hui « roche ». En voici deux exemples.
Dans la province de Minas Geraes au Brésil, et près de Delhi en Inde, se trouve une roche
appelée Itacolumite ou grès flexible. Extérieurement, il ressemble à du grès ardoisier, avec
cette particularité que des plaques assez épaisses peuvent être pliées jusqu’à un certain
point sans casser. Si on l’étudie au microscope, on découvre que ce grès est composé de
grains très irréguliers, grands et petits, imbriqués de façon très précise. Entre ces grains, se
trouve une fine pellicule d’une substance ressemblant au talc qui ne cimente pas les grains
mais agit comme un fluide ou un lubrifiant sur un assemblage parfaitement ajusté, afin d’en
faciliter le mouvement. Ce grès flexible contient des diamants, de l’or à l’état natif, du fer
spéculaire, et du minerai de fer magnétique.
Ici, la nature a laissé un témoignage de l’état antérieur de la matière. Il ne fait aucun doute
que les grains de quartz étaient si malléables lors de la formation de la roche, qu’ils se sont
mutuellement façonnés, comme on le voit au microscope. Cependant leur densité était telle
qu’ils ne se sont pas mélangés à cette substance semblable au talc, qu’on retrouve entre les
grains de quartz tendres, mais celle-ci est restée dans les interstices.
Le deuxième exemple montre que même les formations de roches plus récentes, comme le
Flysch dans la région des Pré-Alpes, contiennent des variétés de roches qui n’avaient pas
encore durci.
Le Flysch est un conglomérat originaire d’une grande chaîne montagneuse, déjà très érodée
avant le plissement qui a produit les Alpes. Cette roche ressemble à un béton grossier, avec
des galets de rivière usés, étroitement cimentés par un liant calcaire et sablonneux. Le
Flysch se compose d’une énorme variété de roches allant du granite et du gneiss aux
schistes, aux calcaires, aux grès etc… On trouve souvent, sur les galets calcaires et argileux,
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des enfoncements dans lesquels les galets avoisinants s’emboîtent à la perfection. Certains
de ces galets n’étaient pas aussi durs qu’ils le sont aujourd’hui, tandis que d’autres l’étaient
assez pour laisser des empreintes dans la matière plus tendre.
Dans le cas des roches argileuses et des marnes qui présentent autant de variétés que les
grès et les conglomérats, on peut étudier toutes les transitions, depuis les ardoises
véritables, jusqu’aux dépôts de boue proprement dits
Dans les roches argileuses, le silicate d’aluminium, élément de base de l’ardoise, prédomine.
Dans les marnes, celui-ci est mélangé à de la chaux ou à de la dolomie. Ici, également, des
substances se dégagent de l’emprise des forces de vie formatrices, pour tomber sous la
domination de la gravité, qui contribue, de façon purement physique, au dépôt des
sédiments. La structure de ces « roches », si on peut les appeler ainsi, montre clairement
quelles sont les forces qui les ont façonnées. Les cristaux parfaitement formés qu’elles
contiennent, indiquent qu’il restait encore des matières sur lesquelles les forces célestes
pouvaient agir. Une schistosité joliment feuilletée, évoque pour nous la vie végétative de
l’ancienne Terre, tandis que la poussière et les débris recouvrant les plus beaux cristaux de
gypse et du sulfure de fer, indiquent les forces de mort de la gravité et de la pesanteur qui
envahissent le monde minéral.
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10 – LE VOLCANISME ET LA NAISSANCE DU FEU TERRESTRE
Le volcanisme ( les volcans actifs en éruption tels que nous les connaissons aujourd’hui ou
d’après des documents historiques ) n’existait pas lorsque les roches ont commencé à se
former. De même que tous les autres phénomènes de la nature, vivante et « morte », sont
passés par des étapes d’évolution, de même en est-il pour le volcanisme.
Comme nous l’avons déjà fait remarquer, il n’est plus possible de soutenir la théorie de la
Terre en tant que magma primitif en fusion, surtout lorsqu’on considère la structure des plus
anciennes roches comme le granite, le gneiss, les gabbro, la pegmatite etc… Nous avons
également expliqué comment le stade préalable de la roche était gélatineux, malléable ou
fluide, tandis que la chaleur y était active comme dans un organisme vivant. A partir de cet
état primitif ; la roche qu’on qualifie aujourd’hui d’ignée, a subi un processus de
durcissement progressif, par des répétitions rythmiques. Parfois la masse de roches molles
se densifiait, d’autres fois elle redevenait complètement fluide. Le processus de durcissement
était provoqué par une perte d’eau, d’air et de chaleur. En réabsorbant l’eau, l’air et la
chaleur, la roche se re-liquéfiait.
De tels changements, qui ont eu lieu sur la planète entière, doivent être considérés comme
des processus vitaux de la Terre. La masse rocheuse, du fait de sa nature plus ou moins
vitalisée, a pris des formes en s’écoulant, qui peuvent ressembler étrangement à celles des
coulées de lave des volcans actuels en activité.
D’autre part, il est évident que ces masses de granite, de roches vertes et de porphyres en
mouvement, ne sont jamais devenues des volcans ; elles n’ont que partiellement pénétré les
masses malléables de la roche recouvrante, pour se durcir ensuite progressivement. Ainsi
sont apparues les laccolites, filons et veines « plutoniques » si caractéristiques de ces
roches.
Dans une autre étape du volcanisme en évolution, cette masse malléable a fait une percée
jusqu’à la surface et s’est étalée en nappes impressionnantes sur de grandes étendues. De
telles nappes de basalte sont fréquentes au Groenland. De là, elles s’étendent jusqu’en
Islande et les îles occidentales de la Grande-Bretagne. On trouve une autre énorme nappe
de basalte en Inde dans les montagnes du Deccan. Elle atteint une hauteur de 130 mètres et
recouvre une superficie de 10 000 km2. La structure de cette roche révèle quelle a été
l’épaisseur et la viscosité de la masse d’origine ; au Groenland, on trouve des couches de
basalte empilées en escalier et formant des dômes escarpés de plusieurs centaines de
mètres de haut. Un autre phénomène montre également la viscosité de la roche qui
s’écoule : lorsque cette masse ne parvient pas à déborder du cratère ou d’une fissure et
durcit sur place, formant ainsi d’énormes dômes basaltiques escarpés.
Dans ces plateaux basaltiques, on ne trouve jamais les quantités du tufs, de scories et de
bombes volcaniques produites par les volcans modernes. Une solidification lente en colonnes
énormes a donné la Chaussée des Géants en Irlande et la célèbre Grotte de Fingal au large
de la Côte Ouest de l’Ecosse.
Si l’on se demande quelle était la « température » de ces coulées de roches lors de leur
éruption, on verra, d’après leur effet sur les roches qu’elles ont pénétrées, que ces coulées
n’ont jamais atteint la chaleur d’un volcan actuel. Les roches voisines de ces coulées chaudes
sont modifiées, il est vrai (elles sont pénétrées, silicifiées, et le calcaire est devenu cristallin)
mais certains fragments des roches encaissantes, qui ont été détachés et emportés, n’ont
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eux, pas fondu. La proportion d’eau contenue aujourd’hui dans toutes les roches de cette
nature, est également l’indice d’une basse température.
Bien sûr, les roches encaissantes voisines elles-mêmes n’avaient pas encore durci, et de ce
fait, elles subissaient bien davantage l’action de la chaleur et de l’eau. On sait maintenant
que lorsqu’une telle coulée pénétrait dans un gisement de charbon, des changements
avaient lieu, qui peuvent être reproduits expérimentalement à une température de 500° C.
Mais le point de fusion réel d’une telle coulée de roche, serait aujourd’hui de 1100° C !
Il est donc évident que les propriétés physiques et chimiques actuelles ne permettent pas de
déterminer avec précision la température réelle.
Ce problème trouve ainsi sa solution : avec cet ancien « volcanisme » nous avons affaire à
un état de la matière qui n’existe plus aujourd’hui, sinon à une certaine profondeur de la
Terre. Le point capital est qu’il existait alors une union beaucoup plus intime de la matière
minérale avec l’eau, les gaz et la chaleur, dans la roche fluide. L’union des quatre éléments
était due à une vitalité beaucoup plus grande de la Terre entière. L’écoulement des roches
molles constituait un processus de vie de l’organisme terrestre.
L’interaction organisée des quatre éléments est caractéristique de toute créature à sang
chaud. Chez les animaux supérieurs et chez l’homme, les parties minérales (os et sels), ainsi
que l’eau et les gaz, sont maintenus dans une union vivante avec la chaleur. Aucun de ces
quatre éléments ne pourrait à lui seuil constituer la vie.
Certains phénomènes volcaniques actuels montrent que le magma est projeté hors des
volcans sous une forme qui ne peut être que de façon très approximative, reproduite
artificiellement en laboratoire. Des mesures prises par le géophysicien américain A.L. DALY
dans le lac de lave du Kilauea à Hawaï, ont indiqué une température d’environ 1200° C à la
surface de la lave bouillante ; cependant, huit ou dix mètres environ sous la surface de cette
lave en fusion, la température tombait de 100° C.
Les températures les plus élevées (1300-1350° C), provenaient de flammes de gaz de quatre
mètres de haut survolant la surface du lac. Ces gaz en combustion contenaient environ 60 %
d’eau, 10 % d’oxyde de carbone et 3 % d’oxygène, le reste étant de l’azote et du gaz
carbonique. La température moyenne de la lave en fusion à l’intérieur du lac, était d’environ
1050° C.
D’autres mesures, prises dans un volcan africain, ont donné des résultats semblables.
Les différents constituants de cette lave sont l’olivine (un silicate de magnésium), le
feldspath calcique, la hornblende, ainsi que d’autres minéraux. Leurs points de fusion
individuels varient entre 1900° C et 200° C, mais la teneur importante en eau et en gaz de la
lave réduit considérablement son propre point de fusion. Il existe là une interpénétration si
étroite des quatre éléments qu’elle nous fait prendre conscience de la nature très particulière
de cette lave. La chaleur latente est libérée au contact de la lave avec l’atmosphère. L’état
originel est alors rompu, la chaleur se dégage, la vapeur et les gaz s’échappent. Il est
également important de noter que la lave en fusion contient de nombreux composés ferreux
qui, au contact de l’air, se transforment en composés ferriques, ce qui engendre encore plus
de chaleur. Il en résulte une incandescence résiduelle des coulées de lave, qu’on peut
observer sur bon nombre de volcans, une heure ou même une semaine après une éruption.
Si on essaie de reproduire artificiellement une telle roche en fusion avec sa teneur en eau et
en gaz, on ne peut le faire qu’en chauffant le tout dans un récipient clos, sous une pression
énorme. Sous une telle pression, la roche fond effectivement aux environs de 1050° C. Dans
la nature, si toutefois une telle pression existait dans un lac de lave, cette lave en fusion
serait projetée à des centaines de mètres dans les airs. Pourtant le lac reste relativement
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calme, avec des projections de lave de quelques mètres de haut seulement, dont le vent
emporte des lambeaux et les façonne en filaments vitreux, appelés par les indigènes « les
cheveux de Pelé ».
On a parfois observé de tels lacs de lave bouillonnante sur le Vésuve et sur d’autres volcans.
La chaleur dégagée est inimaginable. On a estimé que le lac de lave Halemaumau à Hawaï,
produit 300 millions de calories par seconde et l’on peut se demander d’où provient cette
chaleur.
Le second phénomène que nous voudrions mentionner, est celui de l’éruption d’un mélange
épais, « émulsifié », de roches incandescentes et de gaz, sans lave en fusion. Ce mélange
est parfois si lourd qu’il peut dévaler la montagne comme une coulée de lave, en détruisant
tout sur son passage. C’est une violente éruption de ce type qui a détruit la ville de SaintPierre de la Martinique et tué ses 26 000 habitants le 8 mars 1902. Un bouchon de lave, qui
entravait le cratère de la Montagne Pelée, a provoqué une explosion latérale. Un nuage noir
de cendres et de pierres, transpercé d’éclairs, a alors jailli et a dévalé les flancs de la
montagne. Atteignant une vitesse de 150 mètres à la seconde, cette nuée ardente s’est
abattue sur la ville située à une dizaine de kilomètres et l’a anéantie en quelques secondes.
La chaleur dégagée accusa une température de 800° C. Le col d’une bouteille de vin se
tordit comme une bougie chauffée, des cuves métalliques furent transpercées par des
pierres. Des planches de bois sectionnèrent des troncs d’arbres.
Le seul survivant fut un prisonnier dont la cellule était souterraine.
Ces « Nuées » de matières incandescentes, révèlent une nature en contradiction avec toutes
les lois physiques. En fait, ces nuées sont une sorte d’émulsion de solides, de gaz et de
chaleur.
Ce mélange se comporte quelquefois comme un liquide, quelquefois comme un gaz, et
d’autres fois encore, comme un corps solide. Cependant, il constitue une unité et possède
même son propre centre orageux.
Le phénomène des éclairs, habituel au cours d’autres éruptions, montre que dans le
voisinage d’un volcan, au moment du phénomène, il existe des conditions atmosphériques
particulières.
Cela nous amène à une importante remarque de Rudolf Steiner, relative aux causes des
éruptions volcaniques. Dans deux conférences aux ouvriers (1/6/23 et 18/9/24), il décrit
l’activité volcanique comme dépendant de forces qui agissent depuis l’espace extérieur, du
fait du Soleil et de certaines configurations. Il donne comme exemple le phénomène bien
connu des solfatars au nord du Vésuve, qui se mettent à fumer lorsqu’on allume un morceau
de papier à proximité. L’air chaud dégagé par le papier qui brûle produit une légère baisse
de pression atmosphérique à la surface du sol, si bien que les gaz se mettent à sortir plus
fortement.
Une baisse locale de pression, occasionnée par des configurations astronomiques, est la
cause réelle d’une éruption. Pour cette raison, il arrive également qu’un orage local et une
averse de pluie surviennent sur le volcan en éruption, même si le ciel est sans nuages.
Dans la seconde de ses conférences aux ouvriers, Rudolf Steiner s’élève contre la théorie
suivant laquelle l’intérieur de la Terre est en fusion, et il fait remarquer que cela est
incompatible avec le poids spécifique de la Terre : la Terre est trop lourde pour que son
centre soit en fusion.
D’après cela, on peut se représenter comment des concentrations de chaleur se produisent
et sont libérées, après une longue incubation, par une configuration particulière des corps
célestes.
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Ces processus de chaleur surviennent localement, en des endroits particuliers. Une telle
explication contredit bien entendu les concepts et les théories de la science moderne, qui fait
de chaque cratère embrasé un haut fourneau chauffé par-dessous.
Ce phénomène naturel est considéré ici comme étant réellement de nature organique. Selon
cette conception, la Terre est étroitement reliée avec le monde environnant. Dans ce sens,
nous pouvons considérer le volcanisme sous sa forme actuelle, comme un processus vital de
la Terre. L’ancien volcanisme était tout à fait différent. Il était également une expression de
la vie de la Terre, mais il ne présentait pas le caractère violent qu’il a de nos jours.
L’éveil des forces de feu de la Terre eut lieu très tard.
Ce que nous avons décrit au début du chapitre, s’applique en particulier aux roches ignées
les plus jeunes telles que le trachyte et le basalte. Ce sont des formes intermédiaires qui, au
début, ressemblaient beaucoup à celles des roches granitiques. Les trachytes sont des
roches de couleur claire, à texture grossière, composées de feldspath, de hornblende, et
d’un peu de mica. Le Siebengebirge, qui domine le Rhin, est presque entièrement constitué
par du trachyte. Les composants de cette roche ont des teneurs en eau suffisantes pour
indiquer qu’elle n’a jamais été en fusion. Même si le trachyte n’est pas aussi répandu que le
basalte, il présente cependant de nombreuses formes et états intermédiaires qui le
rattachent d’une part aux porphyres plus récents, et d’autre part aux basaltes qui lui
succèdent. Il y a également la phonolite bien connue (ou roche sonore), qui est si compacte
qu’elle rend un son métallique lorsqu’on la frappe.
Dans l’incroyable variété de ces roches éruptives récentes (qui atteint avec les basaltes et les
laves actuelles des chiffres astronomiques), nous avons un phénomène comparable à celui
des lamprophyres etc… dont nous avons parlé à propos des métamorphoses du granite.
Décrire toutes ces variétés dépasserait l’objet de ce livre.
Nous retiendrons seulement celles qui se rapportent particulièrement à notre sujet.
Le trachyte clair, siliceux et pauvre en fer, représente une « récapitulation » transformée des
roches granitiques et des anciennes roches grenues.
Ce qui caractérise le basalte, c’est qu’il contient beaucoup moins de silice et généralement
davantage de fer. Pour cette raison, presque tous les basaltes sont foncés, ou même noirs.
Leur teneur en minéraux, consistant principalement en augite, en feldspath calcique, et en
minerai de fer magnétique, apparentent étroitement ces roches avec les roches vertes
(gabbro, diabase, serpentine). Cela se remarque de manière frappante.
Souvenons-nous que les roches vertes sont en relation avec l’étape « végétale » de la vie de
la Terre. Nous y trouvons de nombreuses formes minérales qui rappellent le bois, comme
par exemple dans l’amiante fibreuse. Dans le basalte, cette structure fibreuse est simplifiée
jusqu’à des dimensions gigantesques, et elle produit les orgues basaltiques. Les colonnes
prismatiques de 5 à 8 côtés qui peuvent atteindre jusqu’à 100 mètres de haut, n’ont rien à
voir avec la formation du cristal, même si ces forces sont également nées de forces agissant
sur la Terre depuis l’extérieur.
De même que les plantes sont, dans un certain sens, « tirées » par leurs tiges hors de la
Terre grâce au pouvoir du Soleil, de même les milliers de colonnes des formations
basaltiques, telles des tiges, sont également attirées par le pouvoir du Soleil.
En imagination, on peut se représenter les colonnes basaltiques comme les sauriens du
monde des roches. Elles apparaissent principalement à l’époque des sauriens (Crétacé et
début du Tertiaire). Rudolf Steiner a décrit la formation du basalte, comme un processus
libérant la Terre des forces excessives de la Lune.
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A la suite du basalte, au cours du Tertiaire jusqu’à l’époque des glaciations, se développèrent
progressivement les laves des volcans actuels en activité, dans lesquelles l’union organique
existant étroitement entre les éléments à l’origine, s’est désintégrée.
Le Feu terrestre est né ainsi du monde des roches, juste au moment où les grandes masses
d’eau naissaient de l’atmosphère brumeuse de l’Atlantide, et, dans leur retombée,
engloutissaient ce continent, provoquant le terrible refroidissement de l’âge glaciaire.
Dans les laves, on peut reconnaître certains éléments de base. Ils sont essentiellement
trachytiques ou basaltiques, montrant ainsi que le processus de la lave s’est développé à
partir des processus précédents. Mais, en réalité, il y a autant de laves différentes qu’il y a
de volcans actifs. Cela est dû au fait que, maintenant, le feu terrestre a une emprise sur
toutes les roches et qu’il les transforme. Le résultat de ces transformations consiste en
matériaux scoriacés, poreux, tels que la pierre ponce, et les formes innombrables des laves,
cordées ou en blocs, des cendres, des scories et des bombes volcaniques. Presque tous ces
matériaux sont plus ou moins poreux et alvéolaires, et ils prennent parfois des formes
grotesques.
Les innombrables cavités dans les laves sont dues à l’échappement des gaz de la masse en
fusion visqueuse, immédiatement après sa projection ou son épanchement hors du cratère.
La structure spongieuse de la lave solidifiée montre que cette masse visqueuse était pleine
de gaz, et lors de la solidification de la coulée de lave, la roche se forma, présentant des
cavités qui rappellent clairement celles des mélaphyres et de quelques porphyres, avec les
magnifiques agates et minéraux qu’ils renferment. Mais ces dernières structures, évoquant
les formes organiques crées par la Terre vivante grâce aux processus de chaleur, d’air et
d’eau, ne peuvent plus se reproduire dans la lave. Le feu terrestre est devenu l’ennemi de la
vie.
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11 – LA RADIOACTIVITE & LE PROCESSUS DE GERMINATION
En étudiant les roches sédimentaires, nous avons décrit une étape de l’évolution qui n’était
que désagrégation et désintégration. Ce processus, que nous pouvons encore observer
chaque jour en montagne, chaque heure dans les ruisseaux et les rivières des terres en
contrebas, se déroule sur la deuxième moitié de toute l’histoire de notre planète. Nous avons
tenté de retracer dans ses grandes lignes la première moitié de cette histoire, en la décrivant
comme la période de l’édification des anciennes étapes de vie de la Terre. Ce processus
d’édification s’est arrêté il y a quelques dizaines de milliers d’années, et à l’époque où nous
vivons, l’âge de la terre correspond à celui d’un homme qui viendrait juste de dépasser le
milieu de sa vie.
Le milieu d’une vie humaine se situe aux alentours de 35 ans. Au-delà de cet âge, commence
le déclin des forces, qui se fait ensuite ressentir de plus en plus. Cela est cependant
nécessaire pour que l’homme puisse accomplir sa pleine maturité. Si, à cette période de la
vie, il n’a pas accompli physiquement et spirituellement ce qui devrait l’être pour poursuivre
son évolution, il ne peut plus le réaliser plus tard.
Lorsque les forces de croissance de la jeunesse commencent à diminuer, c’est seulement ce
que l’homme a été capable de transformer en qualités spirituelles qui lui permet d’arriver à
sa maturité de façon harmonieuse.
De même que l’homme, à partir du milieu de sa vie, s’est « pris en main » en pleine
conscience pour éviter de « s’enliser dans une ornière », c’est également en pleine
conscience qu’il doit apprendre à s’opposer aux forces de mort de la Terre, afin qu’elle reste
hospitalière pour quelque temps encore. Il n’est point nécessaire de craindre une mort par la
glace ou la chaleur pour la Terre vieillissante : l’avenir de la Terre suit une évolution
absolument parallèle à celle de l’homme.
Lorsque finalement la Terre parviendra au terme fixé pour son existence, alors l’homme, en
tant qu’être spirituel, se sera libéré de ses contingences terrestres actuelles, et il sera
capable d’accéder à un état d’existence différent.
A présent, toutefois, l’homme pense très peu à s’opposer aux forces de désagrégation de la
Terre. Au contraire, il fait de plus en plus usage de ces forces. Ce qui, pendant des milliers
d’années, était provoqué uniquement par l’érosion des roches, il le poursuit par l’exploitation
minière, la déforestation, l’altération des cours d’eau, et par des méthodes artificielles de
culture et d’élevage. « Le viol de la Terre », c’est ainsi que le sociologue et économiste
Alfred Weber qualifia récemment notre monde actuel. L’homme a franchi le dernier et très
dangereux pas vers la désintégration de la Terre quand il a commencé à faire usage de la
puissance de la désintégration de la matière avec la radioactivité.
Nous n’avons pas l’intention de critiquer les résultats de la science et de la technologie parce
qu’elles agissent de façon destructive sur la vie de la Terre. Une telle avancée est nécessaire
car, à partir des résultats négatifs de ce « progrès », nous pouvons nous-même apprendre à
agir positivement. Dans ce but, nous devons nous demander ce qu’est réellement la
radioactivité.
Les réponses données peuvent être des plus diverses. Nous essaierons d’en découvrir une
d’après les phénomènes naturels eux-mêmes, sans référence à aucune des théories existant
sur la nature de la radioactivité. Naturellement ; il y a d’autres possibilités, mais nous les
laisserons de côté pour le moment.
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Parmi les nombreux éléments chimiques, il y en a quelques-uns uns qui, depuis une
cinquantaine d’années, sont connus pour émettre différentes radiations. Ces rayonnements
invisibles produisent soit des phénomènes électriques (rayons Beta et Gamma), ou bien sont
perceptibles par des effets lumineux qu’ils provoquent dans certaines autres substances
(particules Alpha). Les principaux éléments qui émettent ces radiations sont l’uranium et le
thorium. Comme autre exemple, on peut citer l’élément potassium, si largement répandu (et
si nécessaire à la vie), et les éléments rares du rubidium et du samarium, qui ont aussi des
propriétés radioactives, beaucoup moins cependant que l’uranium et le thorium.
Les radiations de ces éléments sont accompagnées par la désintégration de l’élément
originel. Celui-ci se transforme en une série de substances radioactives avec des durées de
vie variables et qui (dans le cas de l’uranium et du thorium), deviennent finalement du
plomb. Ce produit final de la désintégration n’est plus radioactif. Un autre produit final de
cette désintégration de l’uranium et du thorium est l’hélium, gaz inerte, qui également n’est
plus radioactif.
La radioactivité de ces éléments, c’est-à-dire leur désintégration continue, ne peut être
influencée par un processus chimique ou physique quelconque. On peut chauffer un
morceau d’uranium au point de fusion, ou le refroidir à –200° C, ou le soumettre à une
pression de 1000 atmosphères, sa désintégration n’est ni accélérée, ni ralentie ; pas
davantage elle ne peut être arrêtée.
Ces éléments fortement radioactifs que sont l’uranium et le thorium, proviennent des plus
anciennes roches primitives de la Terre : les granites et les pegmatites. Dans ces roches, ils
sont répartis en quantités extrêmement faibles, et relativement rares sont les endroits où ils
sont suffisamment concentrés pour pouvoir être exploités dans des carrières ou des mines.
Du fait de cette désagrégation mécanique subie par les roches avant qu’elles ne se soient
entièrement solidifiées, l’uranium et le thorium s’infiltrèrent dans des roches plus récentes
telles que les fameux grès carnotite du Colorado. Les principales sources d’uranium et de
thorium pour la production de l’énergie atomique se trouvent toutefois presque
exclusivement dans les granites et les pegmatites.
Aujourd’hui, on connaît plus de 100 minéraux qui contiennent de l’uranium, et près de 50 qui
contiennent du thorium. Dans les minéraux radioactifs qu’on pourrait appeler « originels »
(c’est-à-dire dont la plupart des autres ont tiré leur origine, minéraux tels que la pechblende,
la thorianite, la thorite, la brôggerite, la cleveite et d’autres), il se produit un phénomène que
l’on rencontre uniquement dans les minéraux radioactifs : les cristaux, qu’ils soient inclus
dans la roche ou libres ( tout en semblant, de l’extérieur, parfaitement formés ) présentent à
l’intérieur l’apparence d’une sorte de gelée solidifiée, ou d’une substance semblable à de la
poix. Si, au moyen de rayons X, on fait un diagramme du réseau de ces « cristaux », on
constate, à l’intérieur, l’absence de structure cristalline. En minéralogie, ces cristaux sont dits
isotropes. Si l’on chauffe ces cristaux isotropes, ils émettent de la lumière et le réseau, qui
selon leur forme extérieure devrait exister, apparaît alors quand on l’examine aux rayons X.
Nous voyons ici le fait remarquable de ces minéraux, qui autrefois étaient cristallins, devenir
gélatineux ou colloïdaux, par suite de leur décomposition radioactive. Ces minéraux
radioactifs, en fait, comme tous les autres minéraux, se sont cristallisés à l’origine à partir
d’un état gélatineux. On peut le constater d’après la forme extérieure du minéral. La
radioactivité a renversé le processus, et ils sont revenus intérieurement à l’état de gel
amorphe.
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Le fait que ces minéraux isotropes reprennent, lorsqu’ils sont chauffés, une structure
cristalline, est une preuve supplémentaire que la théorie fondée sur les roches primitives en
fusion, n’est pas soutenable.
L’apparition des minéraux radioactifs dans les roches primitives et cet isotropisme que nous
avons décrit, sont, à notre opinion, d’importants phénomènes fondamentaux, qui nous font
comprendre l’un des aspects de la radioactivité.
Toutefois, pour parvenir à cette compréhension, nous devons nous tourner vers un sujet
apparemment sans aucun rapport : le processus de germination de la plante. En effet, en
observant les processus vitaux d’aujourd’hui, nous pouvons retrouver quelque chose de la
vie de la Terre dans les temps passés.
La formation de la graine est un processus extraordinairement complexe, dont une partie
ressemble à une sorte de minéralisation. Lorsque la graine dans l’ovaire a atteint le stade où
elle est encore entièrement verte, tandis que le processus de mûrissement est sur le point de
commencer, on dit alors qu’elle est « laiteuse ».
Les premiers petits pois que nous apprécions au printemps sont à ce stade, de même que les
« Grünkern » de l’Allemagne du Sud, composés d’épeautre encore vert. Les graines vertes et
laiteuses ne sont pas viables si elles sont récoltées et séchées, car il leur manque un
processus vital qui n’a lieu que pendant la maturation.
Dans la graine laiteuse, la plantule est tout à fait formée, mais les substances nutritives qui
l’accompagnent sous forme d’amidons, de protéines et de graisses, sont encore à l’état
colloïdal ou gélatineux. En examinant une telle graine, il est facile de voir qu’elle ne contient
encore de très peu de matières minérales.
Pendant le mûrissement qui suit, non seulement la graine se dessèche de façon évidente,
mais encore les amidons et les protéines commencent à se former, et à durcir
progressivement à partir de l’état colloïdal et gélatineux. L’amidon forme des grains typiques,
avec leurs fines couches concentriques et leurs formes rondes ou polygonales. Les protéines
se coagulent en véritables cristaux, connus comme cristalloïdes. (Par exemple les grains
d’aleurone de nos céréales, dont la valeur nutritive est si importante).
En même temps que ce dessèchement et ce mûrissement, un autre phénomène se produit.
L’amidon et les corps protéiniques s’imprègnent de certains minéraux tels que le calcium, le
magnésium, le potassium, l’acide phosphorique, la silice etc… On peut donc caractériser le
mûrissement comme une sorte de minéralisation de la graine. Non seulement sa substance,
mais aussi sa structure interne tout entière devient semblable à de la roche ou de la terre.
Ceci est nécessaire parce que la plantule, qui n’est pas affectée par le processus de
dessèchement, aura besoin plus tard quand elle germera, de cette « qualité de terre » de la
graine. Chaque graine, en mûrissant, bâtit pour elle-même sa propre petite terre, qui
entretient la vie précoce de la plantule, jusqu’à ce qu’elle s’unisse à la Terre elle-même.
Si l’on sème une graine mûre au Printemps, elle comme d’abord par gonfler sous l’influence
de la chaleur et de l’humidité et, après quelques jours, la première chose qui apparaît est le
radicule. Cependant, avant que le radicule ne sorte, un phénomène important a lieu dans la
substance nutritive de la graine. L’amidon et les protéines ont changé leur état de structure
minéralisée, et sont retournés à l’état gélatineux.
Le nouvel état gélatineux de la graine en train de germer a une grande ressemblance avec
l’état laiteux, mais il n’est pas, cette fois, suivi de mûrissement. La substance nutritive de la
graine se désintègre pendant la germination, en eau, dioxyde de carbone, ammoniaque et
67
sel. Nous n’aborderons pas ici la façon dont les stades intermédiaires de cette désagrégation
affectent la plantule.
Ce processus de désintégration progressif de la substance nutritive et la croissance de la
racine qui y est associée, s’accompagne d’un phénomène qui n’est pas visible
extérieurement. « La graine en train de germer émet des radiations ». L’existence de ces
radiations provenant de la germination et de la croissance ont été découvertes par des tests
biologiques et physiques. Le premier scientifique à décrire cela avec précision, fut le savant
russe Gurwitsch.
Ces radiations sont étroitement liées aux rayons ultra-violets en ce sens qu’elles peuvent
traverser les cristaux de quartz, mais pas le verre ordinaire. Elles ont un effet favorable sur
la croissance des autres organismes vivants et sur les organes des plantes. Il est probable
que la coutume traditionnelle d’attacher un grain de blé à une bouture avant de la mettre en
terre, n’est pas seulement en rapport avec les substances de croissance que nous
connaissons (les auxines), mais aussi avec des radiations dues à la germination.
« Ainsi nous voyons, dans les processus qui ont lieu entre l’état laiteux et la germination, un
véritable reflet de ces autres processus que nous rencontrons dans le monde minéral avec
les composés radioactifs ».
Si nous nous rappelons ce qui a été dit au chapitre 3 en ce qui concerne les processus de vie
qui ont conduit à la formation du granite et des roches apparentées, et si nous considérons
ensuite ce mûrissement et cette germination des graines, une image très significative surgit.
Suivant les suggestions de Rudolf Steiner, nous avons essayé de montrer quelle était
l’origine de ces roches primitives : elles provenaient de cette impressionnante phase de
floraison, encore indifférenciée à cette époque, de l’être de la Terre dans sa totalité. Vu de
cette façon, nous pourrions dire que la nature des anciennes roches cristallines a quelque
chose de commun avec une graine.
Si l’on considère que ces roches constituent près de 90 % de la masse de la Terre, l’idée
peut surgir que la Terre, dans sa totalité, est une graine géante. Cette Terre « semence » a
mûri pendant la période qui s’écoula entre l’état gélatineux primitif des roches, et leur état
solide actuel. Cette solidification des roches constitue toutefois un processus très progressif,
et à différentes époques et en différents lieux, elle alterne avec des états moins consistants.
Il paraît évident qu’aux périodes des grands soulèvements des chaînes de montagne, la
masse rocheuse, en certains endroits, se trouvait encore dans un état malléable ou y état
revenue, sinon les cristaux et les minéraux dans le creux des cavités auraient été
complètement écrasés.
Une autre preuve de la solidification tardive des roches cristallines, se trouve dans les
constructions destinées aux cultes des premières civilisations, comme par exemple en
Egypte et au Pérou, où les pierres étaient taillées sans l’aide d’outils en fer, dans le basalte,
la diorite, le granite etc… Ces constructions datent entre 3000 avant J. C. jusqu’à 1000 après
J. C.
La solidification, ainsi que la formation minérale, a continué tout au long de l’Ere Chrétienne,
mais les processus de désintégration, d’érosion et de désagrégation mécanique des roches, a
commencé beaucoup plus tôt. Il a commencé depuis le moment où il n’y eut plus de
nouvelles roches formées sous l’action de processus vitaux.
Les minéraux qui aujourd’hui sont radioactifs, étaient présents dans les roches primitives
pendant tout le processus de solidification. Ils sont à l’évidence une sorte de ferment qui,
68
réparti en très petite quantité, contribue à la dissolution de la « Terre en tant que
semence ». On pourrait dire que la « Terre semence » commence à «germer » afin que, à
partir de cette dissolution, une nouvelle existence puisse advenir. Nous ne débattrons pas ici
de la nature de cette existence. Dans l’œuvre de Rudolf Steiner, ce sujet est traité très
souvent.
Nous allons maintenant aborder un autre sujet. D’après les recherches de Rudolf Steiner, il
apparaît que, avant notre époque actuelle, il y eut deux autres grandes époques culturelles
qui disparurent sans laisser de traces. Dans la plus ancienne des deux, l’époque Lémurienne,
les conditions d’existence étaient complètement différentes. L’homme avait encore la
capacité d’influencer la forme de l’animal. Il exerçait un pouvoir sur les forces reproductives
des animaux. L’époque Lémurienne disparut pour avoir fait un mauvais usage de ces
pouvoirs.
Dans l’époque Atlantéenne qui suivit, sur un continent entre l’Europe et l’Amérique, l’homme
exerçait un pouvoir de création sur le monde végétal. Il avait un contrôle sur les forces de
germination et de croissance des plantes, qu’il pouvait utiliser à des fins techniques. Le
continent Atlantéen et sa civilisation périrent pour avoir fait mauvais usage de ces forces,
entre le 11ème et le 8ème millénaire avant J. C.
Nous devons remercier ces deux époques préhistoriques pour nos animaux domestiques et
pour les plantes nourricières.
Notre propre culture est basée entièrement sur la maîtrise du règne minéral.
De nos jours, toutefois, après la découverte de l’énergie atomique, qui est basée sur la
radioactivité de certains minéraux, notre époque commence à faire usage, pour les
minéraux, des pouvoirs équivalents à ceux de la germination.
Si l’on fait un mauvais usage de ces forces, alors notre civilisation périra elle aussi. Au
moment où cela arrivera, l’homme devra avoir atteint des niveaux d’existence nouveaux. La
désintégration, la destruction et la mort, sont les fondations d’une nouvelle vie.
69
12 – LES PHENOMENES METEORIQUES
De nos jours, sur la Terre, toute vie active a cessé dans le monde des roches, pour ne
continuer que chez les plantes et les animaux et, dans une certaine mesure, dans l’air et
dans l’eau. Mais il reste encore un domaine où la vie active se manifeste dans le monde des
roches et des métaux : la formation des météores dans l’atmosphère.
Avant de considérer la nature de ce processus, nous devons bien préciser ce que cela
signifie. On entend généralement par phénomènes météoriques toutes les étoiles « qui
tombent », c’est-à-dire les étoiles filantes, les météores et les aérolithes, à l’exception
cependant des comètes, dont le comportement est tout à fait différent.
Au cours des dernières décennies, des recherches astronomiques sur les météores, en
particulier les travaux de Hoffmeister (Sonneberg, Thuringe), ont montré que, dans le ciel
entier, parmi toutes les directions d’où partent les étoiles filantes, les aérolithes et les
météores (radiants), il n’existe qu’une seule région stellaire d’où proviennent presque tous
les météores atteignant la Terre sous forme de météorites pierreuses ou de sidérites. Cette
région se trouve dans la constellation du Scorpion.
Lorsqu’aux environs du 12 Août, chaque année, on voit la pluie d’étoiles filantes des
Perséïdes, il faut bien comprendre que ce sont là des phénomènes lumineux qui n’entraînent
pas la chute de météorites ou de sidérites sur la Terre. Il en est de même pour toutes les
étoiles filantes tout au long de l’année.
La chute des météorites (pierreuses ou ferriques), est toujours accompagnée de bruits
retentissants (détonations, souffles violents, sifflements) ainsi que de phénomènes lumineux
intenses, et dans le cas des aérolithes ; de la formation d’une queue.
Le coup de tonnerre qui accompagne l’extinction de lumière de la météorite, n’est pas dû à
une explosion, mais plutôt à une « implosion » de l’espace lumineux. Ce qui va par la suite
former la météorite métallique ou pierreuse, entre dans l’atmosphère sous forme de lumière
(ou comme le disent les physiciens, dans un état fortement ionisé ou « plasma »), pour se
condenser soudain en matière solide au moment de l’implosion.
Au cours de l’observation de la météorite Treysa, près de Cassel, le 3 Avril 1916, un aérolithe
de 1000 mètres de diamètre a été signalé à une hauteur de 50 km. Ce diamètre a ensuite
diminué rapidement pour n’être plus que de 400 mètres à une altitude de 16 km, puis
l’aérolithe a implosé, et est tombé sous la forme d’une sidérolithe de 63 kg, ayant 36 cm de
diamètre.
La pluie de sidérolithes de Pultusk en Pologne en 1968, qui a éparpillé quelques centaines de
milliers de pierres, provenait d’un phénomène lumineux de 300 mètres de diamètre, à une
altitude de 50 km.
Il semble donc q’un immense corps de lumière se condense soudain et se solidifie, un peu
comme dans le cas d’une sublimation, à l’image de la transformation d’une substance
gazeuse en cristaux solides. La marque de cette solidification soudaine est visible dans la
structure des sidérites et des météorites pierreuses.
Dans le cas des sidérites, on a une combinaison élaborée de grands cristaux à l’intérieur des
météorites, constituée de fer et de nickel dans des proportions variables. Cette structure dite
« Widmannstetter », ne peut être reproduite artificiellement. De fait, si l’on chauffe un
morceau de sidérite présentant une structure Widmannstetter, celle-ci sera complètement
70
détruite autour de 900° C, et ce qui reste ne se distinguera pas du fer terrestre ordinaire.
Ceci tend à prouver que la sidérite n’était pas en fusion avant de durcir. Elle provient d’une
substance de nature bien différente de celles qu’on connaît sur la Terre.
Dans le cas de météorite pierreuse, la solidification soudaine est évoquée par la texture
unique en son genre, des chondrites. Ces chondrites contiennent des petits corps globulaires
appelés chondrules, dont la taille varie du microscopique à la grosseur d’un pois, et qui ont
souvent une structure interne fibreuse rayonnante. Ils sont encastrés dans une matrice de
même composition. D’autres chondrites n’ont pas de structure cristalline, mais ressemblent à
du tuf, c’est-à-dire qu’elles sont poreuses. « Le phénomène des chondrites se limite
entièrement aux météorites pierreuses, et ne se produit dans aucune roche terrestre ».
Ces chondrites sont en fait une sorte d’émulsion de fer et autres minéraux finement répartis,
qui ne peuvent avoir été formés que dans un champ non soumis à la gravitation. Les
composants les plus lourds et les plus légers ne sont pas séparés selon la loi de la pesanteur,
mais ils sont restés mélangés comme une émulsion d’eau et d’huile. Par contraste, bien que
tout granite, syénite ou diorite soient essentiellement composés de minéraux lourds et
légers, on n’y trouvera jamais de chondrules si caractéristiques des roches météoriques. De
plus, dans ces roches terrestres, on ne trouve que des agrégats de cristaux de différents
minéraux. C’est précisément cette formation des chondrules, qui explique cette condensation
rapide en forme de gouttes.
Avec les étoiles filantes, le processus entier ne dépasse pas le stade de la luminosité, tandis
que les pluies de météorites de la constellation du Scorpion, se densifient et deviennent
matière. Cela ne signifie pas qu’aucune substance matérielle provenant d’étoiles filantes
n’atteindra jamais la Terre. Mais leur masse propre, calculée d’après leur luminosité et leur
vitesse, n’atteint guère plus qu’une fraction de gramme. Il serait peut-être imprudent de tirer
des conclusions relatives à la « masse », à partir de purs phénomènes de lumière et de
vitesse dans l’espace, mais il existe probablement des particules extrêmement fines d’étoiles
filantes réparties dans l’atmosphère terrestre.
Les pluies d’étoiles filantes diffèrent des pluies de météorites sous d’autres rapports. Les
étoiles filantes ont une vitesse moins grande ( 41,6 km/seconde en moyenne ) et une
trajectoire presque parabolique, tandis que les grosses météorites atteignent la Terre à une
vitesse de plus de 62 km/seconde, en suivant une trajectoire hyperbolique. De plus, la
plupart des pluies d’étoiles filantes ont un lien indiscutable avec des comètes désintégrées,
alors qu’on n’a jamais remarqué que l’origine d’une pluie météorique ait un rapport avec les
comètes.
La chute annuelle des météorites atteint un maximum en Juin, lorsque le soleil est dans la
constellation du Taureau. Cette période correspond à un minimum pour les étoiles filantes.
Le nombre des météorites commence à augmenter en Avril, puis ce nombre décroît en
Juillet, en dessous du chiffre d’Avril. Il faut bien se rendre compte qu’en Juin, le soleil est
dans la constellation du Taureau, alors que c’est de la direction opposée, la constellation du
Scorpion, que se forment les météores, qui deviennent en tombant des sidérites et des
météorites pierreuses.
Cela ne signifie pas que de telles pluies se produisent seulement d’Avril à Juin, car il y a un
certain degré d’activité tout au long de l’année venant de la direction du Scorpion, mais cette
activité n’atteint son maximum que lorsque le soleil est en Taureau. Ces variations au cours
de l’année, évoquent un processus organique vivant qui ne se prête pas au calcul avec plus
de précision que la croissance d’un arbre.
71
Pour compléter ce tableau, il faut noter que l’espace céleste compris entre les constellations
du Scorpion et du Taureau est caractérisé par des zones sans étoiles et par des nébuleuses
obscures. La science moderne, basée sur l’observation, est arrivée à la conclusion qu’il doit y
avoir une plus grande « densité de matière » dans ces zones, qui ferait écran aux étoiles se
trouvant derrière.
Que savons-nous sur l’origine des météorites ? Commençons par ce qu’on peut apprendre de
la composition des météorites pierreuses, plus fréquentes que les sidérites. La plupart des
météorites sont des chondrites qui se composent, comme on le sait, d’un mélange de petites
quantités de fer et de roche finement entremêlées.
Les minéraux dont se compose cette roche, sont curieusement toujours les mêmes. Quelles
sont donc ces pierres qui « tombent du ciel » ? On peut répondre : généralement de la
diabase ( une roche de la famille des ophiolites, que nous avons vue au chapitre 3 ).
Dans cette famille des roches vertes ou ophiolites, les gabbros et les serpentines sont les
plus anciens parents de la diabase, le basalte étant un parent plus récent. De même,
certaines météorites ressemblent au gabbro, d’autres au basalte. Elles contiennent
également un ensemble caractéristique de minéraux en supplément.
Des diamants sont présents très occasionnellement, le graphite plus souvent. Il y a
également du ferro-nickel, du sulfure de fer, (pyrotine magnétique), présent ici sous la forme
de troilite, de magnétite et de chromate de fer (chromite). Tous ces minéraux sont
également présents sur la Terre, dans les différents gabbros, diabases et basaltes.
Cependant, les météorites pierreuses et certains fers météoriques contiennent aussi des
minéraux inconnus parmi les roches terrestres. On trouve par exemple l’oldhamite, la
daubreelite, la schreibersite et la rhabdite. Les principaux minéraux qui constituent la roche
des météorites sont le plagioclase (feldspath calco-sodique), l’enstatite, la bronzite et
l’hypersthene (tous silicates de fer et de magnésium), le diopside (silicate de calcium et de
mangésium), l’augite (silicate de magnésium, de fer, d’aluminium et de calcium), l’olivine
(silicate de fer et de magnésium), la fostérite (silicate de magnésium). Ce sont ces mêmes
minéraux qui constituent également les gabbros, diabases et basaltes terrestres. L’olivine
joue un rôle particulièrement important dans les pierres météoriques (elle a été trouvée sous
forme de pierre précieuse (chrysolite) dans la météorite de Krasnojarsk en Sibérie).
Le fait remarquable est que l’on trouve du ferro-nickel dans les roches terrestres comme la
dunite et la péridotite, composées principalement d’olivine. Comme exemple de ferro-nickel
terrestre, nous pouvons citer l’awarvite de Nouvelle-Zélande, la joséphinite de l’Oregon aux
U.S.A., et la souésite de Colombie Britannique. Il y a également le ferronickel que l’on trouve
dans les basaltes de l’Ile de Disco (à l’Ouest du Groenland), et du Habichtswald à Bühl près
de Weimar.
En rassemblant tous ces faits, nous constatons l’analogie qui existe entre les météorites
pierreuses et les roches vertes enfouies au plus profond de la Terre, entre le granite, le
gneiss et les schistes cristallins.
Rappelons-nous que les roches vertes sont, par leur nature même et leur structure, reliées
de très près à l’étape arborescente de la Terre. Nous avons déjà fait remarquer que la
structure organique ressemblant à du bois et la composition de ces minéraux (silicates de fer
et de magnésium de couleur verdâtre) sont la « signature » de l’étape végétale de la Terre.
Nous avons mentionné que les précédentes phases de la vie de la Terre furent suivies de
récapitulations ; dans ce cas précis : la phase où la Terre, le Soleil et la Lune ne formaient
72
qu’un seul corps céleste. Nous avons alors décrit comment cette phase a été suivie par la
formation des schistes et des ardoises, et comment, après la séparation de la Terre-Lune du
Soleil, sont apparus les gisements houillers. La formation des roches vertes se situe toutefois
entièrement dans la période précédant la séparation Terre-Lune du Soleil, et avant la
formation des gisements houillers. Les basaltes sont des transformations plus tardives des
roches vertes, comme nous l’avons décrit au chapitre sur le volcanisme.
Ainsi, nous pouvons dire que l’origine des roches vertes est liée à l’évolution solaire de la
Terre, et que leur diversité provient du fait de la triple récapitulation des phases de vie
antérieures.
Rudolf Steiner a spécifié que la substance des météorites et des étoiles filantes rayonnait
depuis le Soleil dans l’espace. Ce rayonnement doit être compris comme un processus
lumineux, une substance à l’état de lumière. Un physicien moderne parlerait d’un état
hautement ionisé de la matière qui existerait dans l’espace. Ce rayonnement de substance
lumineuse depuis le Soleil est en relation avec les tâches solaires. On pourrait considérer ce
phénomène comme une réaction à la formation des tâches solaires. La substance lumineuse
émise depuis le soleil apparaît dans notre système solaire sous forme de météores et
d’étoiles filantes.
Cette observation, fruit des recherches de la science spirituelle, a été relatée pour la
première fois en 1923 par Rudolf Steiner. Elle a été confirmée au début des années 40 par
les travaux de Bengt Edlen, B. Strömgren et M. Waldmeier qui, au moyen d’une analyse
spectrale, ont trouvé que la lumière émanant de la couronne et des contours des tâches
solaires, montrait aussi bien qualitativement que quantitativement, les mêmes substances
(éléments) que celles que nous trouvons dans les météores. (Ce phénomène était attribué à
la chute de météores dans le globe « incandescent » du Soleil, mais en réalité, c’est
exactement l’inverse qui se produit).
Il est donc évident que de nos jours, sur le soleil, des « substances » se forment de la même
façon que pendant la phase de vie antérieure de la Terre, lorsque les deux corps n’en
faisaient qu’un. Grâce à l’interaction vivante du Soleil et de la Terre, la famille des roches
vertes est apparue. Ce qui, en ces temps-là, fût réalisé progressivement au cours de longues
périodes par l’interaction de la Terre et du Soleil, est aujourd’hui un processus émanant du
Soleil seul, et affectant la vie de la Terre et de l’Homme.
La formation des pierres météoriques est une métamorphose de ce processus antérieur qui a
produit une famille particulière de roches sur la Terre. Comment se fait-il alors que les
météorites soient formées pour la plupart à l’intérieur de la constellation du Scorpion, et
proviennent de sa direction ? Suivons l’indication donnée par Rudolf Steiner quand il décrit
comment les grandes périodes d’évolution sont soumises à la « loi » de régions particulières
du Zodiaque.
Pour l’Ancien Saturne, c’était le Lion ; pour l’Ancien Soleil, le Scorpion (autrefois appelé
l’Aigle) ; pour l’Ancienne Lune, le Verseau, et pour la Terre, le Taureau. Il faudrait se
représenter ces régions comme le « siège » de ces forces spirituelles créatives, guidant
chaque étape particulière d’évolution.
La période du Soleil se trouvait donc sous le signe du Scorpion, et la période actuelle de la
Terre sous le signe du Taureau. Ainsi, c’est à partir du Scorpion que sont actives les forces
qui autrefois « gouvernaient » la vie commune du Soleil et de la Terre. La « vie solaire » de
la Terre émanait du Scorpion, et la « substance » qui en était secrétée pour se condenser
directement à l’état minéral, recevait son impulsion de cette région. Ce qui rayonne
73
aujourd’hui depuis les tâches solaires comme « substances lumineuses » est reçu par la
constellation du Scorpion, et de là se réfléchit sur la Terre. Le Taureau, signe de la Terre, est
situé exactement à l’opposé du Scorpion. Sur cette ligne Scorpion-Taureau, de l’autre côté
de l’espace et de notre système solaire, se trouve le champ des zones sans étoiles et des
nébuleuses obscures dont nous avons parlé plus haut. On ne peut comprendre ce
phénomène que si l’on considère les différences qualitatives qui existent dans la direction
spatiale, à l’intérieur du Zodiaque. La direction Scorpion-Taureau est la ligne le long de
laquelle a lieu la densification de la « substance lumineuse solaire » en roches et métaux
terrestres.
Les astronomes savent que les pluies météoriques du Scorpion sont les seules qui
proviennent de l’espace interstellaire sans avoir aucun rapport avec les comètes, mais ils ne
peuvent expliquer pourquoi. Ils savent également que les pierres météoriques se composent
toujours des matériaux des roches vertes, et jamais de granite, de gneiss, de schiste ou de
calcaire, mais de nouveau ils ne peuvent expliquer pourquoi. Si on rassemble les découvertes
de la science naturelle, et celles de la science spirituelle, tout s’explique alors, et se met en
place.
74
13 – QUELLE EST LA COMPOSITION MINERALE DE NOS ROCHES
Environ 95 % des roches connues sont du type igné. Il est remarquable de constater que la
formation de notre Terre consiste en une classe particulière de roches caractérisées par une
structure cristalline grenue. La quantité d’ardoises et de shales qui, pour la plupart, du fait
de leur composition de base, sont proches des roches ignées, est négligeable ( seulement
3,7 % ). De même les grès, contenant une moyenne de silice supérieure à 80 %, ne forment
qu’à peu près 0,7 % de l’ensemble. En fin, les calcaires ( 0,2 % ) sont constitués pour à peu
près 80 % de carbonate de calcium.
Nous considèrerons ensemble ces quatre principaux groupes de roches, afin de voir de quels
minéraux elles sont composées. Dans un premier temps, nous ne nous intéresserons pas à la
constitution des diverses roches, mais aux minéraux qui sont les principaux matériaux de
construction du monde des roches dans son ensemble.
Les données numériques qui vont suivre, sont l’aboutissement de décennies de recherches.
Elles sont le résultat de centaines et de milliers d’analyses faites par des méthodes capables
de détecter des fractions de milligrammes de substances présentes dans les échantillons.
Une des découvertes les plus importantes est que les feldspaths constituent plus de la moitié
(59,5 %) de nos roches. La plus grand groupe qui vient ensuite, comprenant les pyroxènes
(augite), les amphiboles (hornblende), les oéridots (olivine) et les micas, en constitue
20,6%. Après ces minéraux, tous composés de silice, vient le quartz pur (trouvé aussi sous
forme de cristal de roche), les grès et les sables, avec 12,6 %. Ces trois groupes de
minéraux siliceux forment ensemble 92,7 % de la masse totale des roches.
Le reste, à peu près 7 %, comprend approximativement 4 % de métaux ferreux, 1,6 % de
calcite et de dolomie, 1 % d’argiles (loess, glaise, argile de potier, kaolin…) accompagnées
de minéraux très dispersés tels que grenats, apatite, zircon, minéraux de titane et de
manganèse qui constituent le restent. De prime abord, ces chiffres apparaissent très
abstraits et sans signification, mais ils commencent à nous parler lorsqu’on les considère en
relation avec les étapes passées de la vie de la Terre.
Que signifie le fait que près de 60 % des roches soit composées de feldspaths ? Afin de
reporter cela à notre étude antérieure des phases minérales-végétales et végétales-animales
de la vie de la Terre, nous devons considérer la composition de ce minéral.
Le feldspath et les minéraux apparentés, incluant les feldspathoïdes, se rangent en trois
groupes fondamentaux différents. Ce sont : le feldspath potassique (l’orthose ou
aluminosilicate de potassium), le feldspath sodique ( l’albite ou aluminosilicate de sodium), le
feldspath calcique (l’anorthite ou aluminium de calcium). Ces aluminosilicates n’apparaissent
de toute façon pas à l’état pur dans la nature, car tous les feldspaths contiennent deux des
autres composants cités, en plus ou moins grande proportion. Ces deux composants sont
soit le potassium et le sodium, soit le sodium et le calcium. Ainsi, le feldspath potassique
(orthose), est pratiquement un feldspath potasso-sodique avec peu de sodium, tandis que le
feldspath sodique (albite), contient toujours une certaine quantité de calcium. De même le
feldspath calcique (anorthite) contient toujours un peu de sodium. Tout cela tend à montrer
que dans la nature il n’existe pas de substances pures telles que l’homme, avec son besoin
de classification, aimerait l’imaginer.
75
Entre l’orthose et l’albite, nous trouvons la sanidine et les perthites et entre l’albite et
l’anorthite, la série des plagioclases telles que l’oliclase, l’andésine, le labrador et la
bitownite.
A côté d’eux, il y a les feldspathoïdes tels que la leucite, la néphéline, la sodalite, la noséane
et l’haüyne. La leucite est en réalité un feldspath potassique contenant peu d’acide silicique,
tandis que la néphéline est un feldspath sodique, pauvre également en silice. La sodalite, la
noséane et l’haüyne sont des néphélines contenant respectivement du chlorure de sodium,
du sulfate de sodium, et du sulfate de calcium.
On ne doit pas être dérouté par tous ces noms, au fond, sans importance ; ils sont
mentionnés à l’attention de ceux qui aimeraient poursuivre l’étude de ce sujet plus en détail.
On peut s’apercevoir que les séries feldspathiques ci-dessus, telles que nous les avons
décrites, sont une expression du développement des roches en rapport avec leurs processus
vitaux sous-jacents. Le passage du feldspath potassique au feldspath sodique, jusqu’au
feldspath calcique, est identique à la progression allant des plus vieux granites aux ophiolites
(roches vertes) et aux porphyres, jusqu’aux trachytes, aux basaltes et aux laves. Ici, dans
les minéraux nous observons la même progression que dans les roches : l’augmentation du
calcium, et la diminution de la silice. Il s’agit là de la transition dans les processus de vie
sous-jacente, entre le minéral-végétal et végétal-animal, jusqu’aux processus de la vie
animale, plus ou moins réalisée. Si l’on prend en considération le fait que ce sont les
feldspaths qui doivent leur origine à l’ancienne étape de « floraison » de la vie de la Terre, il
est clair que la nature végétale qui s’exprime de la manière la plus pure dans le feldspath
potassique, est graduellement remplacée par une tendance animalisante exprimée par les
feldspaths riches en sodium et en calcium.
Ainsi, nous trouvons le feldspath potassique (orthose), principalement dans le granite, le
gneiss, la syénite, quelques porphyres et le trachyte, alors que le feldspath calco-sodique
(plagioclase), dans ses modifications variées se trouve dans les ophiolites (roches vertes), les
schistes cristallins, les porphyres et les basaltes. Les étranges feldspathoïdes (leucite,
néphéline et sodalites) se rencontrent principalement dans les jeunes roches volcaniques et
les laves récentes.
On ne doit pas considérer une telle classification rudimentaire, comme un système rigide ; ce
n’est qu’une ligne directrice, en perpétuel changement à travers la variabilité des
phénomènes vivants. Ce sont précisément ces exceptions à la règle qui montrent à coup sûr
que les processus formateurs des roches n’ont pas suivi à l’origine les lois chimiques, mais
les lois du vivant, différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. Si les lois
chimiques avaient été les seules à dominer, le monde des roches présenterait une uniformité
et une simplicité plus grandes.
En ce qui concerne les feldspaths, il faut mentionner que leur structure cristalline et
moléculaire interne possèdent, du point de vue de la chimie minérale, une particularité
décrite par le géochimiste russe VERNADSKY. La structure interne d’un feldspath est basée
sur un anneau (le noyau de kaolin) formé d’oxyde d’aluminium (alumine) et l’acide silicique.
Cette substance apparaît naturellement sous forme de kaolin, ou argile à porcelaine. Elle
constitue aussi la base de toutes les argiles plastiques, argiles de poterie, argiles à briques,
etc… Il est significatif que cette substance plastique possède une structure interne qui ne se
trouve nulle part ailleurs dans le soi-disant monde inorganique. On trouve une structure
annulaire, notamment dans la substance qui constitue le fondement de toute vie (la
76
protéine) et qui est la plus plastique des substances connues. Ce phénomène indique que les
feldspaths ont gardé l’empreinte de la vie qui les a fait progresser.
En abordant le deuxième grand groupe de minéraux, les micas pyroxènes augite, les
amphiboles (hornblende) et les péridots (olivine), nous rencontrons des matériaux et des
structures, de formes totalement différentes. Tandis que chez les feldspaths, l’alumine joue
un rôle majeur, ce rôle devient insignifiant dans le second groupe de minéraux. A la place de
l’alumine, deux substances essentielles apparaissent : le magnésium et le fer.
Le mica forme la transition entre le premier et le second groupe. Dans le mica subsiste
toujours le noyau kaolinique, donc cette substance si importante qu’est l'alumine. La
muscovite lumineuse et argentée, pratiquement exempte de fer, est un mica potassique
typique (alumino-silicate de potassium). On la trouve exclusivement dans les granites, les
pegmatites, les gneiss, les micaschistes, ainsi que dans les phyllites, et elle est souvent
accompagnée par le feldspath potassique (orthose). La muscovite est toutefois
complètement absente des ophiolites (roches vertes), du groupe des porphyres et des
schistes verts.
Dans certaines pegmatites, les feuilles de mica mesurent jusqu’à un mètre de large, sans
atteindre cependant la taille énorme des cristaux de feldspaths trouvés dans ces roches.
(Nous avons mentionné dans l'Oural, une carrière entière exploitée dans un seul gigantesque
cristal).
Le mica sodique (paragonite), et le mica calcique (margarite), ne jouent qu’un rôle local et
secondaire, de même que le mica lithinifère (lépidolite), et ferrolithinifère (zinnwaldite).
Toutefois, ce dernier forme la transition avec les micas ferro-magnésiens colorés : la biotite
et la phlogopite. La phlogopite est le mica qui forme probablement les plus grands cristaux,
comme par exemple à Sydenham, dans l’Ontario, où l’on rencontre des cristaux de 1,5 x 2,5
x 5 mètres, donnant ainsi des feuilles de 1,5 x 2,5 mères.
Le véritable mica magnésien, la biotite, est le composant plus ou moins important de
nombreuses roches granitiques, de quelques gneiss et micaschistes, de même que de
syénites micacées et de diorites, de porphyres et de trachytes. Les couleurs de ces micas
ferromagnésiens sont toujours sombres (brun, vert, ou noir).
Les chlorites sont apparentées aux micas magnésiens. Ces sont des minéraux verts sous
forme de fines paillettes, portant plusieurs noms. La fine pellicule verte que l’on observe sur
de nombreux cristaux de roche et de feldspaths dans les Alpes, est due aux chlorites.
D’autres minéraux ont une structure quelque peu micacée : ce sont le talc (stéatite ou pierre
de savon, un silicate de magnésium poreux colorés en par le fer) et la serpentine, sous
forme de serpentine foliée (antigorite).
Il existe une autre forme de serpentine qui fait la liaison avec les pyroxènes (augite…) et les
amphiboles (hornblende…). C’est le chrysolite fibreux, une serpentine verte qui, lorsque sa
structure ligneuse devient massive, forme la matrice de l’asbeste bois de roche et cuir de
montagne.
On parvient ici à un point significatif où les forces formatrices végétales de la Terre vivante
tout entière, se révèlent le plus clairement dans le règne minéral. Dans l’asbeste serpentine,
tout comme dans l’asbeste amphibole, les forces formatrices cristallines émanant du cosmos
environnant sont presque complètement neutralisées par les forces formatrices de la vie de
la Terre elle-même.
Les groupes des pyroxènes et des amphiboles sont divisés en silicates ferromagnésiens et
silicates sodiques. La plupart de ces minéraux sont d’une couleur verte plus ou moins
sombre ou même presque noirs. Certains présentent une nuance brunâtre. Beaucoup d’entre
eux ont tendance à présenter des plans de clivage formés de fibres et de lamelles, ce qui
leur confère un éclat satiné comme le nacre. On a l’impression que ces minéraux, de la
77
même façon que le chrysotile et l’asbeste, ont été modelés par des forces formatrices
organiques, et très peu influencés par les forces formatrices de cristaux.
Les silicates magnésiens et ferromagnésiens (enstatite, bronzite, hypersthène), sont les
composants typiques de nombreux gabbros, norites, mélaphyres et basaltes. On peut leur
ajouter les silicates calcomagnésiens, le dispside et l’augite, tous deux contenant du fer et
apparaissant dans les mêmes roches, aussi bien dans les schistes cristallins que dans les
ophiolites. L’aegyrine, un silicate ferrosodique pouvant former des agrégats de fibres aussi
fines que des cheveux, se rencontre dans les granites, les pegmatites et les syénites.
La transition entre les gneiss et les schistes cristallins et ophiolitiques, est caractérisée par
les amphiboles, auxquelles appartient la hornblende. Elles possèdent une structure fibreuse
typique, souvent assez fine, pour être classées en asbestes. L’anthophyllite trouvée près
d’Hermansschlag en Moravie, forme de remarquables amas fibro-radiés gris jaunâtre dans
des boules micacées, et dans le Transvaal, elle est exploitée en grandes quantités sous
forme d’asbeste fibreuse. L’anthophyllite est un silicate ferromagnésien.
Dans les schistes cristallins, on trouve l’actinote, la tremolite, la néphrite (jade) et la
grünerie. L’actinote est une des amphiboles les plus répandues, d’un beau vert profond, en
amas radiaires de cristaux acidulaires. On la trouve dans les talcsschistes et chloritoschistes
du Zillertal. Elle forme également les actinolitoschistes et, sous forme de smaragdite vert
gazon associée à un grenat rouge sang, elle donne sa coloration unique à la peu commune
éclogite. L’actinote est aussi le minéral qui forme l’œil de chat, pierre semi-précieuse
d’amiante, de même que la laine des montagnes (byssolite), le cuir des montagnes, le liège
des montagnes et le bois de roche.
Le hornblende (silicate calco-ferromanésien), bien qu’apparaissant dans les schistes
cristallins, se trouve aussi dans les roches de transition entre les granites à hornblende et les
véritables ophiolites (riches vertes). La hornblende sodique, l’arfvedsonite, avec un taux de
fer supérieur à 30%, est un silicate ferrosodique qui, avec la néphéline (feldspathoïde
sodique), forme bon nombre de syénites et roches similaires. Très proche de l’arfvedsoninte,
nous avons la riebeckite, dans les cristaux semblables à ceux de la tourmaline, apparentent
étroitement cette gemme à la hornblende. La crocidolite est peu différente de la riebeckite.
Elle n’apparaît que dans les schistes cristallins. Ses variétés comprennent une asbeste et
deux pierres semi-précieuses : l’œil de tigre et l’œil de faucon. Le premier est jaune, le
second bleu verdâtre terne.
Dans ce groupe, reste encore l’olivine, un silicate de magnésium, de fer et de nickel, qui
indépendamment, forme des roches telles que la dunite et la péridotite (du groupe des
ophiolites), ou constitue aussi bien une grande part des gabbros, diabases, mélaphyres,
basaltes de même que de nombreux schistes cristallins. L’olivine est un des minéraux
caractéristiques des météorites pierreuses. La chrysolite en est une variété précieuse.
La caractéristique de ce groupe des micas, pyroxènes et amphiboles, est que le magnésium
et le fer y jouent les rôles majeurs. Le magnésium exprime les forces formatrices végétales.
Il est le principal agent de la formation de la chlorophylle. Le fer est présent surtout sous sa
forme ferreuse et donne à ces minéraux leur nuance verte plus ou moins sombre.
La structure, la couleur, et la composition de ces minéraux considérés ensemble, montrent
clairement que les forces végétales et végétales-animales étaient actives dans la formation
des ophiolites et des schistes cristallins. Les forces formatrices animales se montrent ellesmêmes dans l’apparition progressive du sodium et du calcium.
78
Les minéraux de fer constituent entre 4 % et 5 % des roches terrestres, 4 % apparaissent
sous forme d’oxydes de fer, le restant sous forme de pyrites ou de silicates de fer.
Les plus grandes quantités de minerais d’oxyde de fer (qui comprennent le minerai de fer
magnétique – la magnétite, le minerai de fer et de titane – l’ilménite, et le minerai de fer et
de chrome – la chromite) se trouvent le plus souvent très finement réparties dans les
ophiolites, en particulier dans le gabbro, la diabase et les basaltes. La magnétite donne la
couleur sombre, presque noire, à beaucoup de ces roches, particulièrement au basalte. Les
minerais de fer sont les seuls minerais métalliques qui prennent une part active dans la
formation des roches, montrant ainsi que le fer joue un rôle aussi important dans la Terre en
tant qu’organisme, que dans le règne vivant de la plante, de l’animal et de l’homme
L’apparition croissante du fer dans la transition des granites aux ophiolites, est intimement
liée à la première différenciation de la vie. Le fer donne l’impulsion vers l’individualisation des
formes dans les règnes de la nature.
79
14 – LES METAUX DANS LA VIE DE LA TERRE
Celui qui se promène avec un regard attentif ne peut manquer d’observer que les sols et les
roches ont souvent des couleurs très prononcées. Bien que les nuances de brun et de
jaunâtre des couches exposées en surface prédominent, on trouve cependant, plus en
profondeur, toutes les autres couleurs. Ces couleurs ne sont évidemment pas aussi vives que
celles des minéraux purs, telles que la cinabre (vermillon), le bleu cobalt et le vert chrome,
mais, sur de grandes surfaces ensoleillées, elles peuvent paraître plus lumineuses. En plus
des grès roses et des marnes du Keuper rouge vif, il y a la palette riche en couleurs des
granites. Ils sont bleus dans le Kosseine du Pitchelgebirge, roses à Baveno en Italie, verts
dans les Alpes Centrales, et rouges dans les montagnes de Scandinavie.
Dans le Grand Canyon de l’Arizona, les rayons du soleil couchant jouent de façon magique
sur les roches multicolores allant de l’or au pourpre, faisant apparaître des nuances
transparentes sans cesse renouvelées. Si l’on demande quelle est l’origine de ces couleurs
dans les roches, les pierres et les sols, la réponse est toujours : le fer.
Le fer avec ses couleurs, pénètre la Terre tout entière. Dans les roches anciennes, il est
souvent réparti avec une telle finesse dans ses composés avec la silice, l’oxygène et le
soufre, qu’il semblerait qu’un puissant souffle cosmique chargé de fer, eût imprégné la Terre
vivante, encore fluide et gazeuse. La Terre a absorbé ce fer, elle l’a incorporé et l’a
transformé de multiples façons. C’est ainsi qu’apparurent les différentes couleurs.
Le fer que la Terre a absorbé en premier lieu a donné les verts et les bleus. Déjà, dans
quelques granites, mais surtout dans les roches vertes (ophiolites), nous trouvons ce fer
« vert ». Vu sous cet aspect, le fer est très voisin du nickel qui lui aussi donne une couleur
verte aux minéraux lorsqu’il est présent en très petites quantités.
Il y a ensuite le chrome qui produit de même les nuances de vert dans les gemmes des
émeraudes, des jades et des néphrites. Ces métaux se trouvent tous les trois ensemble dans
les roches vertes (ophiolites), mais c’est le « processus du fer » qui est responsable de leur
couleur.
Dans les ophiolites plus anciennes, dont quelques-unes ressemblent au granite, et dans
certains schistes de même que dans les basaltes (descendants des ophiolites), le fer se
trouve non seulement en tant que silicate vert, mais aussi sous la forme de minerai de fer
magnétique. Ce dernier contient beaucoup d’oxygène, c’est une combinaison remarquable
d’oxyde ferreux et ferrique, une sorte de fer à moitié « consumé ». Il ne faut pas s’imaginer
que ce minerai provient d’un métal chauffé au rouge. Lorsque le forgeron retire le fer
rougeoyant du feu et le façonne avec son marteau, les petits fragments qui volètent
(martelures), ressemblent chimiquement à ce fer à moitié consumé, mais le minerai de fer
magnétique (ainsi nommé parce qu’à l’état naturel il est magnétique), ne provient pas d’une
forge. De tels minerais dans les roches anciennes, révèlent les processus vitaux qui les ont
formés.
Le fer que la Terre a inhalé, a été absorbé par ces processus vitaux. L’homme absorbe
également aujourd’hui de très petites quantités de fer dans l’air. Surtout à la fin de l’été et
en automne, lorsque les pluies d’étoiles filantes illuminent le ciel nocturne. C’est pourquoi la
proportion de fer dans le sang humain commence à augmenter au moment de l’hiver, ce qui
fait que le sang contient beaucoup plus de fer en plein hiver qu’au milieu de l’été.
Le fer que nous inhalons est absorbé par notre sang et le rend fluide. Dans la moelle de
certains os se trouvent les vaisseaux qui produisent le sang. De petites cellules se détachent
des parois de ces vaisseaux. A l’origine, les cellules sont incolores et elles possèdent un
80
noyau. Aussitôt que le fer pénètre dans ces cellules, leur noyau disparaît et elles forment des
globules rouges. Ce premier sang est toutefois une sorte de sang vierge. Il n’a pas traversé
les poumons ni le foie. Il n’est encore ni sang veineux bleu ni sang artériel rouge. Le sang
veineux bleuâtre ressemble à un « sang végétal ». Il est saturé de gaz carbonique qu’il
relâche dans les poumons afin de prendre de l’oxygène et de devenir le sang artériel rouge
vif.
Dans le sang veineux, le fer est présent sous la forme bivalente (ferreuse) apparenté au
végétal, forme correspondant au silicate de fer vert. Dans le sang artériel, le fer est rouge
grâce à l’oxygène, et de ce fait, il est transformé afin qu’un être doté d’une âme puisse
exister au sein de ce processus de la respiration. En d’autres termes, le fer s’est
« animalisé ». Dans le règne minéral, le fer « rouge » est toujours trivalent (ferrique, pour
employer le langage de la chimie).
L’oxyde de fer « ferreux » dans le minerai de fer magnétique, correspond au sang veineux ;
l’oxyde de fer « ferrique » au sang artériel. Ainsi, dans le minerai de fer magnétique, nous
trouvons une forme minérale du fer correspondant à ce qui, chez l’homme et chez l’animal,
est le fer du sang « vierge » de la moelle osseuse. Le sang vierge n’est ni veineux ni artériel,
il est le précurseur des deux. Le minerai de fer magnétique occupe une position similaire
dans la vie de l’ancienne Terre ; il est l’origine et le commencement. Il constitue le minerai
de fer le plus important et le plus ancien et il est réparti très finement à l’intérieur de
nombreuses roches.
De la même façon que le sang nouvellement formé et enrichi de fer entre dans le cycle de
vie artériel et veineux, nous voyons dans l’évolution des roches qui se poursuit, l’apparition
des grès colorés par le fer rouge, et du minerai de fer rouge (hématite). Tout ce fer est de
l’oxyde trivalent. Il est combiné avec l’oxygène (comme le sang artériel). A la même époque,
la forme bivalente apparaît, combinée avec le dioxyde de carbone dans l’énigmatique
sidérite, ou carbonate de fer (à comparer au sang veineux).
Il peut sembler surprenant d’essayer de relier l’origine d’un minéral, tel que le minerai de fer,
à des processus vitaux d’un ordre supérieur. C’est toutefois une continuation de la ligne que
nous avons adoptée depuis le début en observant le monde des roches. Cette comparaison
s’applique particulièrement au fer, car il occupe une position tout à fait centrale dans tous les
processus vitaux. Le fer est impliqué dans l’évolution organique tout entière. Les minerais et
les autres formes sous lesquelles le fer se présente dans le monde minéral ont été façonnés
par la vie. Même les phénomènes naturels impliquant le fer, comme sa désagrégation et son
infiltration dans les sources et l’humus vivant des sols nourriciers de la plante, peuvent être
considérés comme des processus vitaux de la Terre entière.
La Terre a inhalé et incorporé ce métal afin que la vie, qui autrement serait invisible, se
manifeste dans toute la diversité de ses différentes formes.
Il existe d’autres minerais de fer qui jouent également un rôle dans la formation des roches.
Ce sont les composés sulfurés du fer : pyrite, marcasite et pyrrhotite (pyrites magnétiques).
La pyrite se trouve principalement dans les schistes cristallins et les ardoises bleues à toiture
de l’époque paléozoïque. On la trouve également finement répartie dans les granites et dans
le fissures des roches les plus anciennes. Ce qui démontre à nouveau comment ce lourd
minerai de fer était en suspension dans l’ancien état gélatineux, et comment il a ensuite
cristallisé progressivement en petits cristaux.
Cela montre également que le fer ne vient pas des profondeurs, mais qu’il est originaire des
sphères environnantes. C ‘est aussi pourquoi on ne trouve pratiquement aucun gisement de
81
minerai de fer exploitable dans les roches les plus anciennes. Le fer, à l’origine, a pénétré
l’atmosphère dans un état de telle dispersion, qu’il n’a pu s’accumuler en grandes quantités.
Il y avait toutefois, dans cette atmosphère que nous avons décrite précédemment comme le
monde du végétal minéral, une substance que l’on ne trouve plus dans l’atmosphère
actuelle : le soufre. S’il était resté dans l’atmosphère terrestre, des formes de vie supérieures
n’auraient pu se développer ultérieurement. Quelle était la provenance de ce soufre ? Toute
protéine contient une petite quantité de soufre, mais l’albumine primordiale contenait, avec
le soufre, tous les minéraux que l’on trouve dans les roches aujourd’hui. Tandis que
l’ancienne vie commençait à dépérir, l’albumine se décomposa ; les minéraux furent
précipités, et le soufre se répandit dans l’atmosphère. Il n’aurait jamais disparu de
l’environnement de la Terre, si les métaux n’étaient pas « descendus » sur terre depuis
l’extérieur, en entraînant le soufre vers le bas avec eux. Tous les sulfures métalliques furent
originaires de ce processus. Les pyrites, la galène et le cinabre etc… n’apparurent pas
aussitôt sous la forme cristalline, mais passèrent par l’état gélatineux. Rudolf Steiner appelle
ce phénomène « l’état de paternité », qui a donné naissance aux minéraux par la suite. On
ne doit pas imaginer que le processus du soufre se combinant avec les métaux était
simplement une action chimique au sens moderne. Au contraire, c’était un processus de vie
organique de la Terre.
Le processus dans son ensemble présuppose un état des métaux qu’on pourrait décrire
comme « aériforme ». Où trouvons-nous la preuve que, dans ces premières phase de la
Terre, les métaux étaient en effet si finement « vaporisés » qu’on aurait pu les dire gazeux ?
Dans la coloration des gemmes et des autres minéraux.
Rudolf Steiner a décrit ces toutes premières phases de la Terre, où les métaux flottaient
autour de la Terre comme des nuages colorés et progressivement se condensaient à partir
de cet état éthéré. Nous voyons le souvenir de ce temps passé dans les couleurs des pierres
précieuses. Les couleurs sont occasionnées par des métaux finement répartis, en particulier
le fer, le manganèse, et le chrome et le titane apparentés au fer.
Les métaux se voient rarement à l’état pur, à l’exception de l’or et du cuivre. Tous les autres
métaux n’ont pas de couleurs aussi intenses que ces deux derniers. Toutefois, il est possible
de réduire les métaux purs en des états fluides ou gazeux lorsque, en tant que colloïdes, ils
présentent des couleurs intenses. De cette façon, les métaux sont, dans un sens, retournés à
un état antérieur.
Ainsi, tout ce qui est métallique est né de l’air. Si l’on demandait la provenance des métaux
qui, sous cet état aériforme, descendirent sur la Terre, nous pourrions faire référence aux
expériences de L. Kolisko. Pendant plusieurs décennies, elle étudia le comportement des
métaux en faisant monter par capillarité des solutions de sels métalliques dans des bandes
de papier filtre, pendant les différentes configurations planétaires (conjonctions, éclipses,
oppositions etc…). D’après les chromatogrammes qui en résultèrent, on a découvert que
certains métaux dépendent de certaines planètes. On a remarqué par exemple que, lorsqu’il
y avait une occultation de Mars par la Lune (une conjonction), les solutions de sulfate de fer
et de nitrate d’argent se comportaient différemment, et présentaient des images différentes
de celles obtenues quand les deux astres étaient séparés dans le ciel. On a pu ainsi
déterminer que le plomb était en relation avec Saturne, l’étain avec Jupiter, le fer avec Mars,
l’or avec le Soleil, le cuivre avec Vénus, le mercure avec Mercure, et l’argent avec la Lune.
Plusieurs de ces expériences ont été reproduites par d’autres chercheurs. Elles montrent
que, lorsque les métaux sont en solution, ils reviennent à nouveau sous l’influence de la
sphère planétaire appropriée.
82
Le métal solide ou le minerai ne révèle pas son origine. Il est pour ainsi dire « gelé » et
repose dans le sol comme une graine. Mais dès qu’il est dissout sous forme d’une solution
claire ou d’un colloïde, il devient sensible à la sphère planétaire à laquelle il appartient. Si les
conditions de cette sphère changent (visiblement en tant qu’aspects planétaires
astronomiques) alors on constate que des variations se produisent également sur terre, dans
certains caractères chimiques des solutions métalliques correspondantes. Ainsi, pour la
première fois, les correspondances entre les métaux et les sphères planétaires ont été
démontrées scientifiquement. La relation entre les métaux et les planètes fait partie du
savoir humain à travers les siècles. Pour les anciens Indiens, Perses, Egyptiens, Babyloniens
et Grecs, c’était un fait fondamental. Rudolf Steiner le confirma par ses propres recherches,
et il encouragea des expériences analogues à celles qu’entreprit L. Kolisko, grâce auxquelles
cela a pu être mis en évidence.
Comment fût-il possible que les métaux aient pu atteindre la Terre sous un état aériforme,
étant donné que les différents corps célestes de notre système planétaire sont si éloignés de
la Terre ? Rappelons-nous comment dans les premiers temps, et dans des conditions
révolues, la Terre était beaucoup plus grande et englobait tous les autres corps de notre
système solaire. Au début de « l’ évolution terrestre », ce globe dans sa totalité occupait un
espace qui s’étendait jusqu’à l’orbite du Saturne actuel. Dans cette phase, c’était un
organisme de chaleur pure, qui avait toutefois commencé à se différencier. Quand cette
phase fût achevée, le corps terrestre se contracta progressivement jusqu’à l’orbite du Jupiter
actuel et se détacha de la planète Saturne, qui devint un corps céleste séparé. La Terre
devint alors une planète de chaleur, d’air et de lumière. Comme cette seconde phase se
terminait, une autre contraction eut lieu, qui provoqua la séparation de Jupiter et le laissa
sur son orbite. A la troisième phase, Mars se détacha. Plus tard, au cours de l’évolution de la
Terre, le Soleil se sépara, et les planètes intérieures, Mercure et Vénus, se détachèrent du
corps solaire.
Pendant cette période, la Terre s’était réduite approximativement à l’orbite de la Lune. C’est
seulement après que la Lune se fût elle aussi séparée de la Terre, que pût apparaître cette
couche de roches et de minéraux qui est le sujet de notre livre.
Nous avons ainsi ébauché brièvement la cosmogonie de notre système planétaire. Rudolf
Steiner l’a étudié en détail dans les deux livres mentionnés précédemment : la Science de
l’occulte, et la Chronique de l’Akasha.
L’extraordinaire complexité et la diversité de la création de l’univers, ne peut être
qu’effleurée ici. Nous l’avons présentée afin de montrer que le système planétaire est une
évolution organique et non pas une nébuleuse en spirale qu’un deus ex machina imaginaire
fit tournoyer, afin d’en expulser les planètes comme des nuages de gaz incandescents, ainsi
que le soutient la théorie de Kant-Laplace.
Nous présentons cette image d’une cosmogonie organique, afin de montrer comment les
métaux sous leur forme primitive, furent apportés sur terre de l’extérieur dans un état
aériforme ; comment les planètes en se retirant, laissèrent derrière elles, pour ainsi dire, des
semences dans la Terre, et ces semences étaient, et sont toujours les différents métaux. Vus
dans cette optique, les métaux sont les dons des différentes planètes, et leur présence sur
Terre est comme un souvenir des phases révolues de la Terre.
Naturellement, cela peut soulever bien des objections. On pourrait dire que si les métaux ont
été incorporés dans la Terre dans une suite si bien ordonnée, on devrait également les
83
trouver disposés en ordre dans les couches terrestres. Un autre dira qu’il existe bien d’autres
métaux en plus des sept mentionnés ici comme ayant rapport à l’évolution.
A la première objection, nous pourrions répondre que cela n’aurait pas pu se produire,
puisque la Terre était, et est toujours un organisme vivant, et que la nature métallique fût
incorporée comme un processus vivant et non mécanique. La Terre dut assimiler les métaux
afin que ces dons planétaires puissent être utilisés par les processus vitaux. A partir de
l’absorption des métaux, il s’est produit une croissance organique, comme chez les plantes et
les animaux, et non pas une mise en ordre mécanique.
A la seconde objection, nous pourrions répondre que les sept métaux fondamentaux
représentent quelque chose comme les sept notes d’une gamme. De même qu’il existe une
grande variété de tons intermédiaires dans la gamme, de même on peut reconnaître des
tonalités intermédiaires entre les métaux. Les sept métaux fondamentaux constituent une
harmonie, qui fut créée par les influences purement planétaires sur la Terre. Par la suite, les
planètes entrèrent en relation les unes avec les autres selon des aspects (trigone, carré,
opposition, conjonction etc…). En conséquence, ces aspects produisirent de nouvelles
variations d’influences planétaires conjointes, et de fait, apparurent les autres métaux.
Il est possible de déterminer la relation de ces autres métaux avec les métaux purement
planétaires, par la façon dont ils étaient, et sont toujours, reliés avec certains processus
organiques.
Lorsqu’on considère que les métaux sont nés de la lumière et de l’air, comme nous l’avons
fait, on peut comprendre comment les couleurs, en tant que « actions et souffrance de la
lumière » (Goethe), sont apparues dans le monde.
Au cours des dernières décennies, des découvertes toujours nouvelles et surprenantes ont
été faites au sujet de la relation des métaux avec les substances vivantes et les processus
organiques.
A la longue, on a constaté que, parmi les métaux lourds, il y en a fort peu que l’on ait pas
trouvé en petites quantités dans le charbon et le pétrole, en plus du fait qu’ils jouent un rôle
décisif dans la vie des plantes, des animaux et de l’homme.
Nous choisirons quelques exemples : il y a d’abord les métaux apparentés au fer. Citons le
manganèse, qui est très largement répandu, et que l’on trouve en petites quantités dans les
roches les plus anciennes. Dans les formations de schistes et d’ardoises, les minerais de
manganèse présentent les mêmes modes de gisements que ceux du fer. Les silicates de fer
et de magnésium, que nous avons décrits au chapitre 13 comme des minéraux constitutifs
des roches, sont particulièrement riches en manganèse. Lorsqu’on considère que les
processus vitaux à l’origine de ces ardoises et de ces roches vertes font réellement partie de
la vie végétale, il semble alors que dans le passé, le manganèse a dû jouer le rôle du « fer
pour le monde végétal ». Le manganèse a une particularité notable : a l’état naturel il ne se
combine pratiquement jamais avec le soufre (contrairement au fer), mais presque
exclusivement avec l’oxygène. Il se combine également avec la silice pour donner la
rhodonite, et avec le dioxyde de carbone, pour donner la rhodochrosite.
La relation qu’un métal a avec d’autres substances dans la nature, indique dans quelle
mesure il a été en rapport avec la vie, et donc s’il peut l’être à nouveau, ou s’il a été rejeté
des processus vitaux du végétal-minéral. On peut presque toujours dire des minerais
combinés avec l’oxygène, qu’ils sont des rejets de processus végétatifs. D’autre part, les
minerais sulfurés indiquent un processus de vie qui englobait tout, et ils ont un effet
84
purificateur pour préparer le sol à des formes de vie supérieures. Nous avons déjà
mentionné cela au sujet des pyrites de fer. Les silicates et les carbonates métalliques
expriment ainsi une nature qui rappelle davantage la plante, tout comme le font les oxydes.
Il ne faut donc pas s’étonner si les restes organiques du passé de la Terre : asphalte, pétrole
et charbon, sont riches en manganèse. Les gisements massifs de ce métal se trouvent,
comme nous l’avons dit, dans les ardoises et les strates plus récentes, déposés alors que
l’ancienne vie dépérissait de plus en plus. Nous trouvons aussi le manganèse sous forme de
pyrolusite et de psilomélane, toujours associés à la limonite (oxyde de fer). Ce sont les
minerais oxydiques.
Le manganèse est nécessaire à de nombreuses plantes aujourd’hui. Les carences en
manganèse provoquent des maladies chez certains végétaux, et empêchent les tomates de
fleurir.
Tous les organismes vivants forment des enzymes spécifiques, et des substances similaires,
qui jouent le rôle de médiateur dans les processus de digestion et de respiration. Dans ces
substances, il y a toujours à la base une protéine complexe combinée avec un métal. Ce sont
de véritables composés de protéines et de métaux, dont le contenu métallique révèle des
propriétés fonctionnelles tout à fait étonnantes, en rapport avec la transformation d’autres
substances. Nous rencontrons là, sans aucun doute, cet état primitif de la vie où tout ce qui
était minéral était inclus dans la protéine. Des formes de vie différenciées plus récentes, ont
gardé quelque chose de cet état, comme base de leurs processus de vie les plus essentiels.
Il serait tout à fait erroné d’imaginer qu’un composé métal-protéine possède des propriétés
chimiques inorganiques, dont l’interaction produise, pour ainsi dire, des « fonctions vitales ».
Tel n’est pas le cas. Ce qui se produit, c’est que la protéine organique agit comme une sorte
de « fenêtre » pour les forces qui se répandent continuellement sur la Terre depuis les
étoiles environnantes. Grâce aux métaux en suspension à l’état fluide (ou colloïdal) dans les
protéines ces forces deviennent sensibles.
Ce fait peut être comparé aux expériences de L. Kolisko. Le métal enfoui dans la protéine
vivante, devient de nouveau sensible à l’influence de la planète dont il est originaire. De
cette façon, grâce aux métaux, la protéine vivante devient perméable aux forces émises
depuis les corps célestes environnants. Les cieux étoilés influencent la vie. Mais la vie et les
forces d’âme de l’organisme individuel, peuvent également œuvrer sur ses propres fonctions
corporelles, grâce à ces métaux enfouis.
Lorsqu’on considère que les métaux font, dès l’origine, partie de la vie et lui sont
indispensables, on commence à trouver des solutions à bien des problèmes difficiles à
expliquer d’un strict point de vue scientifique. Il existe un petit nombre de métaux présents
sur la Terre, plus abondants que ne le sont par exemple l’antimoine, l’uranium, l’argent, le
bismuth, le mercure, l’or et le platine ; néanmoins ils ne constituent pas de vastes
gisements, mais ils sont si finement répartis, qu’il est impossible d’en extraire la moindre
quantité. On les découvre par l’analyse spectroscopique. Parmi ces derniers, il y a le
scandium, une terre rare dont on trouve les traces infinitésimales dans presque tous les
minéraux qui constituent le granite stannifère. Il est également présent dans tous les
minéraux argileux, et il est facilement détectable par le spectroscope. Le scandium était donc
déjà présent dans les tous premiers temps de la Terre, lorsque le granite commençait à se
former à partir du végétal-minéral. Comme nous l’avons dit auparavant, cette vie végétaleminérale était d’un ordre inférieur et relativement indifférenciée. D’une certaine façon, elle
85
pourrait être comparée avec les plus petits des fongiques qu’on trouve actuellement dans le
sol ; une forme de vie qui n’a pas évolué ultérieurement, mais est restée stationnaire.
Le scandium était à l’évidence important pour ces forme de vie inférieures. En étudiant les
propriétés biologiques de ce métal, on a trouvé en effet que de simples moisissures comme
l’aspergillus, ne pouvaient vivre et croître sans lui. Lorsqu’on voit la façon dont ces
moisissures semblent pousser partout, on peut réaliser à quel point le scandium était
largement répandu.
Le gallium est un autre exemple parmi ces métaux. On le trouve dans les minerais de blende
et de cuivre gris (tetrahedrite), en quantités suffisantes pour être extrait. Tous les minéraux
argileux contiennent ce métal. Ses propriétés, comme celles du scandium, montrent une
relation avec l’étain, le zinc et l’aluminium. Puisque les silicates d’aluminium furent les
substances les plus importantes dans la vie de l’ancien végétal-minéral, on comprend que le
gallium soit vital pour l’existence de tous les végétaux. Si, avec précaution, on prive de
gallium des plantes pendant leur croissance, la baisse de la récolte peut atteindre 40 %.
Un autre métal, bien connu depuis le développement de la technique des transistors, est le
germanium. On le trouve dans les gisements de minerais d’étain et de cuivre, mais les plus
grandes quantités de ce métal précieux proviennent du charbon. Il doit avoir joué un rôle
important dans les formes fluctuantes des plantes, et dans les processus vitaux de l’époque
carbonifère. Il est suffisamment abondant dans le charbon, pour être extrait des cendres.
Même dans les anciens charbons précédant la véritable époque carbonifère, on trouve
souvent des concentrations inhabituelles de métaux, montrant que ceux-ci doivent avoir joué
un rôle important dans les processus vitaux qui produisirent les charbons.
Nous trouvons ainsi, associé aux pegmatites canadiennes, un charbon bitumeux compact
connu sous le nom de thucolite, qui contient des quantités non négligeables d’uranium et de
thorium radioactifs. De même il existe un très ancien charbon suédois, dont les cendres
contiennent, en plus de l’uranium radioactif, des autres métaux comme le nickel, le cuivre, le
zinc, le molybdène, le vanadium, le plomb, l’étain et le bismuth. Ces anciens charbons se
découvrent parfois dans les roches granitiques. Ils appartiennent donc à l’époque où la vie
n’était pas encore différenciée. Si l’on considère que, aujourd’hui encore, les plantes
inférieures telles que les algues peuvent emmagasiner et « digérer » l’uranium et le radium,
on peut comprendre que dans les temps reculés, la vie a inclus bien d’autres quantités de
substances métalliques.
D’abord on a supposé que ce contenu métallique et minéral de la cendre avait été apporté
par l’eau dans le charbon, à une date ultérieure. La présence de telles quantités apparaissait
inhabituelle, car on ne savait pas que les métaux étaient nécessaires à la vie. Entre-temps,
on a découvert que ces métaux étaient également présents dans le pétrole, associés à des
matières organiques complexes. Des métaux tels que le nickel, le vanadium, le cuivre et le
molybdène se trouvent dans le pétrole combinés avec des porphyrines. La composition des
porphyrines ressemble à celle de l’hémoglobine rouge du sang animal et humain, et elle est
également reliée étroitement à la chlorophylle verte des plantes. On voit ainsi que dans ces
temps primitifs, les métaux avaient avec la vie des rapports beaucoup plus larges que
maintenant. La longévité et la résistance des porphyrines du pétrole contenant des métaux
sont telles qu’elles sont restées inchangées jusqu’à ce jour, et qu’elles ne sont même pas
affectées par les hautes températures auxquelles on les soumet dans le processus du
raffinage. On les découvre encore dans les essences et les huiles de graissage, où elles
peuvent avoir des effets nocifs.
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Lorsque nous considérons que le vanadium et le molybdène sont nécessaires aux bactéries
de l’azote sur les racines des légumineuses telles que les haricots, les pois, le trèfle etc…,
que le tungstène est nécessaire à d’autres bactéries, nous pouvons réaliser à quel point le
rôle des métaux est vital aujourd’hui encore, bien que dans de moindres quantités que dans
le passé.
Un autre métal, qui en quantité vient après le fer, est le titane. La teneur en titane des
roches est d’environ le 1/10 de celle du fer. Il apparaît habituellement combiné avec le fer en
tant qu’ilménite ; il peut aussi se trouver non combiné au fer, en tant que rutile associé au
quartz, pour donner les magnifiques « Flèches d’Amour » ou « Cheveux de Vénus ».
Cela montre que ce métal occupe une position intermédiaire entre le fer et la silice.
L’ilménite (minerai de fer et de titane), le rutile et les autres minerais de titane, sont
habituellement présents dans les plus anciennes roches, qui contiennent beaucoup de silice.
Ils sont généralement dispersés finement, et ne forment pas de gisements. Ainsi, on ne peut
obtenir le titane, que lorsqu’il a été désagrégé et emporté, et que ses particules lourdes se
sont déposées en tant que sable d’ilménite. Ces sables foncés sont largement répandus sur
de nombreuses côtes. Par sa présence dans les plus anciennes roches siliceuses, le titane
montre sa relation avec la vie du végétal-minéral, et aujourd’hui encore, presque toutes les
feuilles des plantes contiennent du titane.
Le Chrome se trouve également associé au fer dans le minerai de fer chromique (chromite).
Il constitue peu de gisements et se rencontre surtout finement dispersé dans la serpentine et
les autres roches vertes. Il donne leur couleur aux rubis ainsi qu’aux émeraudes. Le chrome
est un métal dur et nous le trouvons dans les roches les plus compactes et les plus dures,
appartenant à ce que nous avons appelé la phase arborescente de la Terre.
Tous ces métaux (qui sont apparentés au fer), comprenant le vanadium, le molybdène, le
tungstène, le cobalt et le nickel, se rencontrent dans les strates les plus anciennes. Ils sont
présents en quantités perceptibles, combinés aux protéines, dans les fluides corporels et les
organes des organismes vivants, où ils sont connus comme oligo-éléments. On peut
percevoir l’effet de quantités infimes de ces métaux, mais ces effets ne peuvent être
expliqués par la simple chimie. L’importance de ces effets est due à leur dilution et de leur
dispersion, c’est-à-dire l’étendue énorme de leur zone d’influence. Les forces alors qui
entrent en action, n’ont rien à voir avec la chimie ordinaire.
En franchissant un autre pas, on parvient à un domaine ignoré de la science moderne et on
arrive aux effets des métaux que nous n’avons pas encore étudiés, c’est-à-dire le plomb,
l’étain, l’or, l’argent, le mercure etc… Ces métaux se trouvent, comme le fer et le cuivre,
dans des gisements très abondants.
L’or seul tend à se disperser finement. Pour comprendre le rôle de ces métaux dans la vie de
la Terre, on devrait plus ou moins connaître leur origine planétaire et leur relation avec les
organes internes des formes supérieures de la vie. Fondamentalement, les métaux
planétaires devraient être considérés comme les organes de la Terre, et les grands
gisements de minerais comme les restes morts de ces organes. Ils étaient un courant vivant
et actif de forces spirituelles créatrices, qui se figèrent ensuite en matière terrestre dense.
Partout où nous trouvons de grandes quantités de ces minerais métalliques concentrés et
enfouis dans les roches, nous devons nous représenter, dans les temps anciens, ces
puissantes forces planétaires affluant depuis les sphères extérieures. Ainsi, en nuages
colorés, les métaux descendirent sur Terre. Ils se condensèrent plus tard jusqu’à l’état
liquide, et s’écoulèrent dans les fissures de la Terre. Ceci explique pourquoi tous les grands
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gisements métalliques disparaissent quand on les cherche plus en profondeur dans la Terre.
C’est une erreur de penser que les métaux proviennent de l’intérieur de la Terre ; ils sont
venus de l’extérieur, comme le fer météorique le fait encore aujourd’hui.
C’est également une erreur de tirer des conclusions au sujet de la constitution de la Terre à
6000 km de profondeur, alors que l’on connaît seulement quelques kilomètres de la croûte
terrestre.
La dissémination des métaux dans les roches profondes, et la disparition soudaine, en
profondeur, de presque tous les gisements d’une certaine étendue, suggère une toute autre
image. A l’origine, tous les métaux étaient dans un état éthéré autour de la Terre. En se
répandant, aux premiers âges de la vie de la Terre, ils sont devenus processus vitaux, et ils
se sont disséminés dans les roches. Ce n’est que plus tard, lorsque la vie commença à se
différencier, à la période du schiste et de porphyre, que les métaux constituèrent des
gisements de minerais.
C’est pourquoi les principaux gisements coïncident avec la période de transition allant des
roches primitives aux ardoises, aux schistes, aux ophiolites et aux porphyres.
Les « organes » de la Terre se formèrent d’abord au sein d’un état fluide et vivant. Puis le
plomb a agi sur la structure interne de la Terre (l’étain a créé le juste milieu entre la solidité
et la fluidité ; l’or, avec sa tendance à se disperser, a maintenu l’équilibre entre la pesanteur
et la légèreté, dans la couche vivante de l’ancienne atmosphère ; l’argent a régularisé la
chaleur, et le mercure la circulation des fluides dans la Terre vivante).
Tous les organismes vivants ont gardé du passé, quelque chose de l’influence vivante des
métaux, qui s’étend au-delà de la simple substantialité à l’état brut.
Pour comprendre la « vie des métaux » dans la création de la Terre, on doit rechercher leur
action chez l’homme, l’animal et la plante. Là, ils sont encore aussi actifs qu’ils l’étaient
autrefois sur la Terre dans sa totalité. Reconnaître les effets des oligo-éléments, c’est faire
un pas dans la bonne direction. Ces éléments à l’état de « traces » recèlent toutefois des
secrets encore plus grands, dissimulés derrière la matière minérale brute, dans la création de
l’homme, de l’animal et de la plante.
La science de l’avenir devra donc essayer de résoudre les énigmes du monde minéral, en
étudiant le développement embryologique des organismes vivants, et de l’homme en
particulier.
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15 – LE DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE & LES PROCESSUS
DE BASE DE LA FORMATION DES ROCHES
Le but essentiel de la création, depuis ses origines les plus lointaines, a été l’évolution et
l’avènement de l’homme.
Les règnes minéral, végétal, et animal que nous observons autour de nous, ne sont pas les
ancêtres de l’homme d’aujourd’hui, mais les dépouilles d’une entité qui englobait tout, et qui
a du abandonner son enveloppe, pour se libérer des contraintes de sa propre évolution.
La nature s’est élevée, afin de donner à l’être spirituel la possibilité de se rendre indépendant
de la matière et de rechercher, en toute liberté, son origine spirituelle. Cependant, au sein
de ce monde créé comme une totalité, apparaît l’homme qui, dans la mesure où il est un
être faisant partie de la nature, est capable d’oublier son origine spirituelle.
Depuis qu’il est conscient de la nature en lui-même, l’homme est libre de rester une créature
de la nature, ou de poursuivre l’évolution du côté spirituel de son être. Si l’homme choisit la
première option, il immobilise ce qui devrait être une phase de développement et il se sépare
complètement du monde en évolution. Cela conduit au durcissement, à la mort et à l’autodestruction, ainsi que l’état actuel de l’humanité ne le suggère que trop clairement.
Si toutefois il se reconnaît comme un être spirituel, et qu’il domine et transforme la nature
qui est en lui, il retourne à sa source comme un être spirituel libre, afin de prendre sa place
parmi les forces de création et de progrès de l’Univers.
Le corps physique de l’homme est soumis aux lois inexorables de la naissance et de la mort,
de la croissance et de la nutrition.
Ce corps est imprégné de substances minérales solides, de liquides, d’air et aussi de chaleur.
Comme nous l’avons vu, ces quatre éléments sont aussi les étapes que la Terre a franchies
pour exister.
La création n’a pas commencé par la matière minérale visible, mais par la chaleur. Tout au
début de la création, l’esprit humain existait au sein de la chaleur. Ce corps n’était doté ni de
vie ni de sensibilité, et il n’offrait pas davantage la possibilité de développer la conscience de
soi. Le minéral d’aujourd’hui est à ce degré de conscience. Le monde des roches est resté
tout entier à ce stade, laissé en arrière, pourrait-on dire. Rudolf Steiner a appelé cette
première étape de l’évolution de la Terre et de l’Homme : « L’Ancien Saturne ».
La phase suivante, appelée « Ancien Soleil », apporta la vie à ce corps de chaleur, et avec
elle, la formation de la lumière et de l’air. L’homme devient un être semblable au végétal,
avec un corps de chaleur et d’air. Le monde végétal d’aujourd’hui est resté tout entier à ce
stade. Ainsi, une partie de ce qui fût créé à l’origine avança d’un pas, l’autre partie restant en
arrière. Cette nouvelle évolution dût provenir d’une récapitulation brève de l’étape
précédente, sous des conditions modifiées.
A la troisième phase, appelée « L’Ancienne Lune », le « corps » humain fût doté de
sensibilité, et il fût alors constitué de chaleur, d’air et d’eau. En plus de l’élément fluide, le
son commença à exister sur cette « Lune-Terre ». L’homme évolua vers le stade animal. Ce
qui resta en arrière à ce stade forma plus tard le règne animal.
Tandis que l’être humain s’insérait dans l’évolution de la « véritable Terre », il eut d’abord à
récapituler, une fois encore, les phases précédentes, afin d’incorporer la matière minérale
solide dans cette forme physique visible d’aujourd’hui, qui est devenue la base de sa
conscience de lui-même.
89
Dans ces récapitulations, nous découvrons la loi biogénétique bien connue, proposée par
Ernest Haeckel, qui établit que le développement organique d’un organisme individuel, est
une récapitulation condensée de l’histoire de sons espèce. (Ontogénèse § Phyllogénèse ,
N.D.T.)
L’histoire de l’espèce humaine n’est pas celle du développement allant de la bactérie à
l’homme, mais celui d’un germe spirituel entouré de chaleur, évoluant jusqu’à la forme
visible minéralisée du corps humain actuel, capable d’être le support d’un être spirituel
conscient de lui-même. Le « corps » de l’homme est sa plus ancienne possession, et la plus
proche de la perfection.
Lorsque l’individualité humaine se prépare à entrer de nouveau dans une existence terrestre,
elle a besoin de l’aide de toutes les forces créatrices qui ont pris part à la création du corps
humain mais depuis le début. Dans l’élaboration de son corps, niché dans le sein maternel,
toute l’évolution de l’homme et de la Terre est récapitulée.
Nous pouvons suivre les processus de l’évolution de la « vrai Terre » dans le développement
embryologique de l’homme, où l’on reconnaît trois stades : Le premier est le stage de la
morula, où, à partir de l’œuf unicellulaire fécondé, une structure globulaire se forme,
ressemblant quelque peu à une mûre (morula). Elle n’a ni intérieur, ni extérieur : on pourrait
la décrire comme étant « granulaire », formée de nombreuses cellules identiques.
Le second stade est celui où le germe présente une couche périphérique à surface plane.
Avec lui, commence la différenciation des organes. Par invagination et renflement, les cavités
de l’appareil digestif et du canal vertébral se forment.
Le troisième stade commence avec le dépôt de calcium dans le squelette cartilagineux, en
d’autres mots, avec l’ossification.
Si l’on observe ces trois étapes du développement embryonnaire à son début, jusqu’au
moment où l’ossification du squelette commence, on a, en ce qui concerne la structure et la
forme, une image fidèle de la structure de base du monde des roches tel que nous l’avons
décrit. Il y a la structure grenue des roches primitives, en particulier les granites, qui est
suivie par la disposition en couches plates des schistes et des ardoises, sur laquelle agissent
aussitôt les processus formateurs de cavités du porphyre ; puis le calcium s’infiltre
progressivement, et devient prédominant à la période du Jurassique.
Il est important de réaliser que dans ce parallèle, l’évolution humaine est le phénomène
originel, et les événements du monde des roches en sont les résultats. Ce fait présente les
roches d’un autre point de vue. Elles sont les enveloppes abandonnées, et les résidus de
cette forme en train de se constituer.
L’homme toutefois n’est pas seulement une forme, il possède aussi la vie, la sensibilité, et la
pensée consciente. On pourrait se demander : Où peut-on trouver les dépouilles
abandonnées lors de l’évolution de la vie et de la sensibilité ? Nous devons nous rappeler
que l’homme, durant son évolution, a laissé également derrière lui les règnes végétal et
animal. De même que le règne minéral correspond au développement de la « forme » de
l’homme, le règne végétal correspond à l’évolution de sa « vie », et le règne animal à
l’évolution de son âme et de ses sentiments. Dans le royaume de la pensée individuelle
consciente, toutefois, l’homme s’élève au-dessus des règnes de la nature, vers ce qui est
spécifiquement humain.
Pour revenir à l’embryologie et au roches ; nous avons parlé de trois processus : le stade de
la morula, le stade de la couche périphérique du germe (différenciation des organes), et le
commencement de la calcification. On trouve également une tripartition dans le second
90
stade. Trois couches différentes se développent : le feuillet extérieur du germe ou
ectoderme, le feuillet médian (mésoderme et mésenchyme), et le feuillet interne ou
endoderme.
Chacun de ces feuillets prend part à la formation de certaines régions et organes du corps
humain. L’ectoderme donne naissance à la majeure partie des organes des sens, la peau, les
cellules nerveuses, et également le cristallin et l’humeur vitrée des yeux.
Tout cela montre une relation particulière avec les processus de la silice, si manifestes dans
le granite. Ces organes, en très grande partie, contiennent de la silice, ou, au moins, des
processus siliceux jouent un rôle important dans leurs fonctions.
Le feuillet médian correspond principalement à la création des organes de la respiration et
de la circulation sanguine - cœur, vaisseaux et cellules sanguins. Mis à part le cristallin et
l’humeur vitrée des yeux, il contribue à l’édification, pour tous les organes, de toutes les
surfaces apparentées principalement à la peau. Les membranes créées par le mésoderme,
représentent le processus du schiste et de l’ardoise à l’intérieur de l’homme. Le
mésenchyme, qui fait partie de ce feuillet médian, édifie les tissus de soutien et de
remplissage dans les espaces formés par les autres feuillets. Pour cette raison, le
mésenchyme est aussi responsable des tissus qui forment les os.
La calcification des os provient toutefois du feuillet interne (endoderme) qui forme le
système de la nutrition de l’organisme en développement. La membrane interne tapissant
tout l’appareil digestif, provient de l’endoderme.
Le mésenchyme du feuillet médian donne naissance à l’important processus de la formation
des cavités. Il contribue également à donner au différents organes leurs caractéristiques
structurelles et fonctionnelles. Tous les organes renfermant des cavités, y compris les os,
proviennent du mésenchyme. Nous trouvons la contre-partie de ce processus embryonnaire,
dans les formations porphyriques des roches.
Grâce à l’activité du feuillet médian tout entier, consistant à former des surfaces et des
cavités, il se développe un système d’organes qui est le reflet de l’interaction du système
planétaire environnant : l’homme dans son développement, a incorporé en lui-même tout ce
qui était autour de lui. Non seulement il participe des règnes inférieurs de la nature, mais
aussi du monde environnant des étoiles. Nous ne pouvons qu’effleurer ce sujet ici. Rudolf
Steiner l’a traité de façon très étendue dans ces écrits et ses conférences.
Les organes internes de l’Homme correspondent d’une certaine façon à ce que représentent
les métaux pour la Terre ; comme nous l’avons montré, ces métaux sont originaires des
sphères planétaires.
Tout comme, à l’intérieur de l’homme, ces organes proviennent du feuillet médian
(correspondant aux processus du schiste, de l’ardoise et du porphyre dans les roches), nous
trouvons de même les principaux gisements des sept métaux planétaires, dans les roches
schisteuses et prophyriques de la terre. On ne cherchera jamais de gisements métalliques
importants dans les granites typiques, ni dans les calcaires jurassiques. C’est là où le granite
commence à céder la place au gneiss et au schiste, ou dans les premiers porphyres
(pegmatites), que les métaux apparaissent d’abord, en filons, gisements et veines. Dans les
véritables granites primitifs, les métaux sont disséminés de manière extrêmement fine,
comme nous l’avons vu.
Dans les véritables formations calcaires, les métaux se font de nouveau plus rares, et nous
les trouvons uniquement lorsque le calcaire est intercalé avec les ardoises, les grès et les
91
roches volcaniques. Dans la plupart des cas toutefois, ces gisements de minerais plus récents
sont de nature secondaire, c’est-à-dire qu’ils ont été formés par la désagrégation, la
dissolution, puis la constitution de nouveaux dépôts de strates métallifères plus anciennes.
Avec ces gisements calcaires plus récents, nous abordons un processus extérieur à l’homme,
qui correspond chez lui à l’origine des organes de la digestion, pendant le stade des couches
périphériques de l’embryon (gastrula). Nous avons vu que la membrane tapissant ces
organes provient du feuillet interne ou endoderme. Ceci s’applique particulièrement au canal
alimentaire et à ses glandes, aux tissus internes du foie et du pancréas, aux membranes
internes des poumons, et d’une partie des organes du goût. Dans la formation et le
fonctionnement de ces organes, les forces nutritives et structurantes du calcium sont actives,
mais dans ce cas, pas jusqu’au point de former et de déposer le calcium en tant que
substance.
Si l’on se remémore l’origine des montagnes calcaires, on peut comprendre que le calcium,
d’une part, recèle des forces nutritives et structurantes, et d’autre part, donne à l’homme
son ossature minérale interne. La relation du calcium avec le monde animal est évidente,
lorsqu’on considère que les principaux gisements qu’il a formés au Jurassique et au Crétacé,
sont dus à d’immenses quantités de coquilles de petits organismes, provenant de cette
période révolue de la Terre où la vie proliférait démesurément. Une telle abondance de vie
qui prend « forme », n’est possible que grâce à l’excès des forces nutritives et structurantes
du calcium. La vie antérieure de la Terre avec ses végétaux-minéraux et ses végétauxanimaux, dépendant essentiellement de la silice, ne ressemblait pas à cette vie
surabondante, et elle n’a pas laissé de formes concrètes derrière elle, mais seulement des
impressions de formes ébauchées.
A partir des processus siliceux du passé, se sont développées les forces formatrices agissant
à la périphérie du corps humain, tandis que la structure interne de ce corps, est due aux
processus de calcium. Il est particulièrement intéressant de remarquer comment le calcium
se transforme lorsqu’il pénètre la structure du squelette. Le calcium qui forme nos os n’est
pas du carbonate de calcium comme celui des montagnes calcaires, mais du phosphate de
calcium principalement. Le carbonate de calcium est beaucoup plus relié aux processus de la
vie végétative, tandis que le phosphate de calcium montre de façon évidente le processus
nutritionnel actif de l’organisme animal qui a incorporé le calcium. Le phosphore joue un rôle
très important dans notre métabolisme tout entier. Nous notons ce fait en passant, sans
l’étudier plus avant.
L’ossification, qui commence à partir de la fonction nutritionnelle de l’endoderme, ne se
poursuit pas de façon ininterrompue. En ce qui concerne les processus très complexes de
cette ossification du squelette, on a constaté certains faits qui corroborent le principe de la
récapitulation. On a démontré que dans l’embryon, ce processus se met en action quatre
fois, puis s’interrompt complètement trois fois. L’ossification commence trois fois à partir de
différents types de tissus (cartilage et tissu conjonctif) et avant de recommencer, chaque fois
le calcium se retire complètement. C’est lors de la quatrième répétition, que l’ossification se
poursuit sans interruption jusqu’à la période post-natale.
Ce fait, incompréhensible d’un point de vue utilitaire, peut s’expliquer si l’on contemple, dans
cette quadruple répétition, l’image de toute la création de l’homme et de la Terre.
Ce qui s’est déroulé dans les étapes de la création de l’homme, depuis l’enveloppement du
germe spirituel humain dans la chaleur, en passant par son corps composé d’air et de vie,
puis par son corps fluide et sensible, jusqu’à son corps actuel imprégné de substance
92
minérale, support de sa conscience et de sa capacité de penser, tout cela se reflète dans le
développement embryonnaire.
Cette approche de l’étude de la géologie, fondée sur le développement de l’homme (qui
n’est que brièvement ébauchée ici) n’est pas seulement de la plus haute importance, mais
de la plus grande difficulté. Cette importance sera reconnue si, à l’avenir, on considère que
les règnes végétal et animal sont reliés à l’évolution humaine.
C’est dans la réunion des données des sciences naturelles avec les résultats des recherches
de la science spirituelle, que réside cette universalité que tant de personnes s’efforcent
d’atteindre.
La création elle-même est une unité, elle est dirigée vers un seul but : l’humanité.
93
16 – LE TEMPS DANS L’EVOLUTION DE LA TERRE
Dans les chapitres précédents, rien n’a été dit à propos d’un facteur très important en
géologie moderne, à savoir : le temps.
La pensée humaine a fait dépendre sa propre mesure du temps de la trajectoire de la Terre
autour du Soleil, de celle de la Lune autour de la Terre, et du parcours du Soleil sur le
Zodiaque. Ces mouvements répétés régulièrement au cours des milliers d’années, en
remontant jusqu’aux plus anciennes civilisations connues, correspondent aux calculs faits à
notre époque. Cela a conduit, non sans justification, à l’idée que ces rythmes familiers du
temps ( années, mois, semaines, jours et heures ) sont les mêmes depuis des millions
d’années, et resteront ainsi lors des millions d’années à venir.
Toutefois, en plus de cette conclusion parfaitement logique, il en existe une autre tout aussi
valable, à savoir que tous les évènements répétés s’orientent vers quelque chose de vivant,
en évolution, et qui se renouvelle sans cesse. Par contraste, le règne minéral (cristaux,
minerais et roches) que la vie a rejeté, présuppose une durée, une tendance à perdurer dans
la même forme.
Cette tendance à rester sous une même forme est, jusqu’à un certain point, une illusion. En
effet, comme nous l’avons vu, la matière minérale en se désagrégeant et en se dissolvant
peut-être ramenée dans le courant de la vie.
En examinant les choses de plus près, nous tenterons de montrer, à la fin de ce chapitre,
que cette durée du monde minéral fait partie d’un rythme bien plus grand que ce que nous
imaginons habituellement. Il n’y a rien de réellement mort dans le monde ; il n’y a que des
cycles variables d’apparition, d’existence, puis de disparition.
Nous pouvons cependant, pour ce qui est de la période actuelle, dire ce qui suit : La Vie
existe dans le temps et ce qui provient de la vie existe dans la durée. Curieusement
pourtant, même dans les rythmes de notre temps, il y a un élément de durée, dans la
mesure où la périodicité de ces rythmes est calculable. Finalement, tous les rythmes des
êtres vivants quels qu’ils soient, sont malgré tout imprévisibles.
Partant du fait que ce que nous appelons le « temps » (déterminé par la relation de la Terre
avec les étoiles qui nous entourent) a une certaine périodicité, il s’ensuit que tous les
participants aux phénomènes rythmiques se trouvent liés l’un à l’autre par une relation
vivante ; c’est-à-dire qu’ils doivent être eux-mêmes des entités vivantes.
Tous les êtres vivants sont le résultat d’une évolution qui, depuis le passé, s’avance dans le
futur, et ils ont, dans les premières phases de leur existence, des rythmes de croissance
différents de ceux qu’ils auront au milieu et à la fin de leur vie. Il nous suffit à ce propos, de
comparer le pouls et la respiration d’un bébé avec ceux de l’adulte ou de la personne âgée.
La Terre, comme nous l’avons vu, est passée par les étapes d’une évolution dues aux actions
créatives d’êtres spirituels. Ces étapes ont commencé à se dérouler dans le Cosmos qui
n’était pas dans l’état de stabilité où il se trouve de nos jours. Pour permettre à l’organisation
actuelle de notre système solaire de se créer, il a fallu que les planètes l’une après l’autre,
puis le Soleil et la Lune, se séparent de la Terre en cours d’évolution (celle-ci incluait
l’homme et les règnes de la nature qui commençaient à apparaître). Ainsi, jusqu’à la
séparation de la lune, le « temps » ne pouvait pas se calculer en années telles que nous les
connaissons aujourd’hui, puisque la Lune ne faisait pas encore partie du système solaire en
94
tant que corps céleste. C’est seulement après l’événement de la séparation de la Lune, que
notre système planétaire a pu commencer à s’organiser dans l’ordre et avec les rythmes
actuels, impliquant sa relation avec le Zodiaque.
Entre la séparation de la Lune et notre époque où l’on parvint aux périodes des révolutions
telles qu’elles sont actuellement calculables, les périodes de temps se sont rapprochées de
plus en plus des années actuelles ; elles ne peuvent cependant pas se compter en années
exactes.
A cet égard, Rudolf Steiner a fait observer à plusieurs reprises que les tournants vitaux de
l’évolution, tel que celui qui marqua le début du « temps », dans le sens moderne de
rythmes calculables, sont toujours « reliés à certaines positions des corps célestes ».
(conférence du 31/12/1911)
Naturellement, de telles constellations ne pouvaient pas apparaître avant que le Soleil ne fût
séparé de la Terre et eût commencé sa course sur le Zodiaque. Toutefois, l’établissement
d’une trajectoire prévisible et exacte ne s’est pas produit immédiatement après la séparation
du Soleil. Nous pouvons dire qu’il a fallu des milliers et des milliers d’années (bien qu’on ne
puisse pas les mesurer en années puisqu’elles n’existaient pas) avant que les périodes de
jour et de nuit, et avec elles, des rythmes annuels approximatifs, ne s’harmonisent.
Pour achever le processus organique vers un « temps » calculable, il a fallu que la Lune se
sépare de la Terre et commence sa trajectoire sur son orbite propre, exerçant alors son
influence de l’extérieur.
Pour ceux qui s’intéressent au côté astronomique, nous recommandons le livre de E. VREEDE
« Anthroposophie und Astronomie » (Fribourg/Br. 1954*). Cet ouvrage, qui étudie les
résultats des recherches de Rudolf Steiner, traite de la précession des équinoxes de l’aphélie
et de la périhélie, des variations de l’excentricité de l’orbite terrestre, de l’obliquité de
l’écliptique (angle de l’axe de la Terre) etc.
Il ressort de cette étude que, au 20ème millénaire avant Jésus Christ, il devint possible de
compter le temps en années, dans un univers qui était désormais en mouvement selon les
lois de la mécanique.
Cette période correspond approximativement au milieu de l’époque Atlantéenne, et par
conséquent au milieu de l’évolution de la Terre.
Près de 4000 ans plus tard, soit dans le 16ème millénaire avant J.C. commença l’âge glaciaire.
Cette période de l’évolution Atlantéenne a connu des variations climatiques extraordinaires,
avec des alternances de glaciations très étendues, et des conditions quasi subtropicales. Ces
phénomènes ne sont pas seulement dus aux constellations (aspects planétaires) dont nous
avons parlé, mais ils sont également reliés à l’évolution de l’humanité.
Il n’y a guère plus de quelques milliers d’années que l’homme, sous sa forme actuelle, a
foulé la Terre. Les pré-hominiens qui ont été découverts sur tous les continents, étaient des
créatures dont les formes s’étaient durcies trop tôt, mais il n’ont rien à voir avec cette partie
des humains qui ont différé la solidification de leur corps jusqu’à ce qu’ils puissent devenir
les véhicules appropriés pour des âmes dotées de la conscience de soi.
Les alternances climatiques étaient les instruments de la création qui pouvaient, soit éduquer
l’homme, soit le faire disparaître s’il était trop faible.
Au cours de l’Age Glaciaire, non seulement les zones climatiques s’organisèrent
différemment, mais l’atmosphère connut également une transformation complète.
Dans son livre « Chronique de l’Akasha », Rudolf Steiner décrit comment l’atmosphère
atlantéenne contenait beaucoup plus d’eau qu’aujourd’hui.
95
L’air était plus « épais » et l’eau plus « légère », l’interaction de ces deux éléments étant, de
ce fait, complètement différente. Cela se traduit par les terres embrumées de l’Atlantide du
Nord, dont le climat a été déterminant pour l’évolution de l’homme blanc.
Dans la mythologie nordique, l’Atlantide du Nord est décrite comme le « Niflheim » (le pays
de la brume) et l’Atlantide du Sud, plus chaude, comme le « Muspelheim » (le pays du
soleil). Les terres brumeuses de l’Atlantide ne connaissaient pas les arcs-en-ciel car le soleil
ne pouvait pas pénétrer la brume épaisse. Ce n’est qu’après le Déluge du 10ème millénaire
avant J.C, et la fin de l’Age Glaciaire, que l’eau est tombée de l’atmosphère en précipitation
massives, et que sont apparus le ciel clair et le premier arc-en-ciel, comme le rapporte la
Bible.
Cela nous démontre qu’il y a certaines limites à la validité de notre calcul du temps. Lorsque
nous observons des phénomènes naturels tels que le dépôt des boues et du sable dans les
lacs, les estuaires ou les baies (ou même la désintégration radioactive) il est de la plus
grande importance d’avoir conscience des limites de la durée de notre échelle du temps, afin
de ne pas tomber dans l’erreur de projeter les lois de la Terre actuelle, vieillissante, dans une
époque où la jeune Terre était en train de se former.
Ce serait comme si un scientifique, après avoir noté le pouls et le rythme d’un adulte
pendant une année, établissait ensuite un graphique et, de la projection de la courbe,
déduisait ce qu’auraient été son pouls et sa respiration 300 ans avant, et ce qu ‘ils seraient
300 ans plus tard. Les observations de ce scientifique sont indiscutablement exactes, ainsi
que ses calculs, mais le pouls et respiration de l’homme observé ne se déroulent
évidemment pas sur 600 années.
Il en est de même lorsque des astronomes prennent pour base de leurs calculs les légers
changements observés actuellement pour la précession des équinoxes, l’angle de l’axe de la
Terre, l’aphélie et la périhélie. Ces observations demeurent indubitablement valables pendant
25000 ou 30000 ans. Mais, lorsque ces astronomes projettent ces rythmes sans limites dans
le passé, ou dans le futur, ils arrivent à des conclusions fausses.
De cette manière, des calculs faits en remontant jusqu’à 900 000 ans, ont donné une courbe
de l’intensité de la radiation solaire. Dans le domaine de la géologie, on a pu retrouver une
série correspondante de dépôts glaciaires pour une partie de cette période, qui met en
évidence un parallélisme remarquable. Ce n’est pas ce parallélisme qui doit être remis en
question, mais seulement le fait de savoir si on peut le mesurer en années.
Un autre exemple est celui du calcul de l’âge de la Terre, déduit de la vitesse actuelle de
désintégration des éléments radioactifs.
Ces calculs partent de la supposition que la désintégration des éléments radioactifs a
« commencé » en même temps que la formation de ces éléments dans le processus
cosmique de solidification. Donc, puisque les quantités de résidus produits en un temps
donné par la désintégration sont calculables, on peut déterminer l’ « âge » d’un minéral
particulier, et, de ce fait, l’âge que doit avoir la Terre dans son ensemble.
Ces calculs donnent des âges variant de 200 millions d’années pour une pechblende
d’uranium de Joachmistal en Bohëme, à 2600 millions pour une monazite provenant d’une
pegmatite de Rhodésie. Des différences tout aussi impressionnantes dans la vitesse de
désintégration des éléments radioactifs sur une période donnée se produisent lorsque les
calculs sont basés sur des phénomènes contemporains. De cette façon on obtient la demi-
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durée de vie radioactive, c’est-à-dire le temps mis par un certain nombre d’atomes d’une
substance donnée pour se réduire de moitié.
Ces temps varient de millions d’années dans le cas de l’uranium et du thorium, à des
fractions de seconde pour le radium C, un produit de décomposition du radium.
Un phénomène extrêmement intéressant, en rapport avec les vitesses de décomposition, est
le fait que plus la vie de l’élément radioactif est courte, plus la pénétration des particules
alpha est forte. L’intensité de radiation est sans le moindre doute en relation avec le temps.
Cela soulève les questions suivantes : pourquoi la désintégration de différents éléments
radioactifs est-elle si variable en temps ; pourquoi les atomes ne se désintègrent-ils que par
étapes lorsqu’ils libèrent l’énergie, et pourquoi cette désintégration ne se produit-elle pas
tout d’un coup ? Il n’y a pas de réponses simples à ces questions aussi longtemps que seule
est considérée la radioactivité qui se produit dans la nature.
Si étonnant que cela paraisse, l’Homme a été capable de contrôler le facteur temps de la
désintégration radioactive et de réguler, ou de maîtriser le processus naturel. Il a été
également capable de produire des radiations artificielles éléectro-magnétiquement. Le
principe de base consiste à maîtriser les processus, en immergeant de grandes quantités de
petites unités de substances radioactives pures, telles que l’uranium, dans du graphite ou de
l’eau lourde.
En revanche, les changements qui se déroulent très lentement dans la nature, du fait de la
faible dissémination de ces substances à l’intérieur des roches, peuvent être accélérées et
renforcées de façon impressionnante, lorsque de grandes quantités de matière radioactive
sont mises au contact les unes des autres, ce qui provoque une réaction en chaîne
catastrophique.
Nous avons ainsi, d’une part le principe du réacteur nucléaire produisant de l’énergie par une
désintégration contrôlée, et d’autre part la bombe atomique.
L’intensité de la désintégration dépend de la concentration de la masse de matière. Le
processus naturel, extrêmement lent, de la transformation de l’uranium 238 en plutonium
239, peut-être utilisé pour la production d’énergie, dans la période de temps la plus
adéquate à l’intérieur du réacteur nucléaire, ou bien on peut le provoquer quasi
instantanément en une fraction de seconde dans la bombe atomique.
Un petite quantité, par exemple 200 grammes d’uranium 235, ou de plutonium 239, est sans
danger, mais si on l’augmente jusqu’à plusieurs kilogrammes (la dimension d’une noix de
coco), la réaction en chaîne se déclenche pour aboutir à la détonation.
En pratique, cette réaction est provoquée en portant au contact l’un de l’autre, deux
hémisphères d’uranium 235 ou de plutonium 239. Il est clair qu’il y a là une relation entre le
poids d’une substance radioactive pure, et le temps qu’elle met à se désintégrer.
Puisque les substances pures ne se trouvent pas dans la nature, l’intensification qu’on peut
obtenir uniquement à partir de l’uranium ou du plutonium purs, n’aura jamais lieu. Une
substance radioactive relativement pure est nécessaire pour une rapide désintégration, de
sorte que seule une partie de la radiation liée à la formation de neutrons, peut être
détournée, en étant absorbée par une matière étrangère stable. Etant donné que ces
substances ne se trouvent pas dans la nature à l’état pur, ce type de réactions violentes ne
risquera jamais de se produire.
97
Il est toutefois concevable que la radioactivité naturelle n’a pas toujours existé avec la même
intensité qu’aujourd’hui. La vitesse de désintégration de certains éléments a pu augmenter
au cours des âges, et n’a pas forcément gardé une valeur constante depuis la nuit des
temps. Cette hypothèse peut paraître incompatible avec la présence de plomb et d’hélium
dans les minéraux radioactifs, puisque ces éléments sont présumés être les produits stables
résultant de la désintégration telle qu’on l’observe aujourd’hui. Cela semble se justifier par le
poids atomique de ce plomb, qui est différent de celui du minerai de plomb éloigné de toute
radioactivité. Toutefois, il se pourrait bien également que l’hélium, que l’on trouve partout, et
le plomb, aient toujours été présents dans ces minéraux. Il est donc possible que la
radioactivité ne soit pas si ancienne qu’on le suppose généralement. Des erreurs comme
celle-ci se produisent lorsqu’on projette les phénomènes d’aujourd’hui dans le passé, ou dans
le futur.
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17 – LA TERRE, SEMENCE D’UN NOUVEAU MONDE
L’élément solide de notre planète Terre (les roches) nous apparaît comme un règne qui
semble complètement immobile, et non plus en cours d’évolution. Les sommets rocheux des
montagnes sont restés presque inchangés pendant des milliers d’années, même si, dans les
prochains millénaires, l’érosion va réduire le monde créé en poussière. L’érosion est due aux
éléments à partir desquels la vie se développe (L’eau, l’air et la chaleur). La vie qui se révèle
dans les règnes supérieurs de la nature (les végétaux, les animaux et l’Homme) ne
ressemble en rien à l’état calme et stable que présentent les roches. La vie s’active dans la
plante entre la graine et le fruit, chez l’animal entre la naissance et la mort, et elle guide
l’homme au-delà de la naissance et de la mort, vers la voie de son origine spirituelle, à un
niveau d’existence supérieur.
La période pendant laquelle les roches sont apparues s’est terminée il y a des milliers
d’années. Aujourd’hui, la Terre est à une étape de sa vie comparable à une graine mûre
tombée sur le sol, et qui demeure dans ce sol hivernal en attendant la germination. Cette
étape actuelle trouve sa meilleure expression dans ces images empruntées au monde
végétal, car la graine d’une plante représente elle-même une étape complète qui peut rester
au repos pendant des périodes plus ou moins longues. La graine est également quelque
chose de dur et de minéralisé et elle ne renferme qu’un minimum de vie. Le mûrissement est
un processus microcosmique de minéralisation, qui correspond au processus macrocosmique
de cristallisation et de durcissement du mode des roches. Le durcissement de la graine,
comme le durcissement des roches, est la condition requise et inévitable à l’émergence d’une
nouvelle plante ou d’une nouvelle Terre.
Que se passe-t-il lorsqu’une graine germe ? L’eau, l’air et la chaleur agissent sur la graine
durcie, décomposant ses substances en d’autres substances non-organiques. C’est
seulement après cette dissolution et cette chaotisation, que les forces formatrice,
constructives et revivifiantes de la plante interviennent, et font sortir la plantule.
Dans une de ses dernières « Lettres aux Membres » de Janvier 1925, Rudolf Steiner a posé
cette question : « Que représente la Terre, en réalité, dans le macrocosme ? ». Sa réponse
est la suivante : La recherche spirituelle révèle que l’état originel du macrocosme était
rempli, de façon extraordinaire, d’une vie qui a dépéri progressivement. Le macrocosme est
devenu de plus en plus soumis à des lois calculables. La vie qui a disparu du macrocosme,
est devenue microcosmique, et on la retrouve partout où, dans la nature, les graines
germent et les embryons se développent.
La Terre actuelle, avec les règnes de la nature et de l’Homme, s’est développée à partir du
processus de dépérissement. Le dépérissement du macrocosme a été la condition nécessaire
à l’évolution de l’homme en tant qu’être conscient de son individualité. Grâce à ces
processus, l’homme et toute la nature transmettent des forces de germination dans le futur.
A la fin de la Lettre aux Membres citée plus haut, Rudolf Steiner appelle la Terre « le début
embryonnaire d’un nouveau cosmos qui doit naître ». Dans la vie microcosmique des règnes
de la nature, il y a aujourd’hui une surabondance de graines et d’œufs qui périssent, et l’on
peut bien se demander ce qu’il advient de ces forces perdues. Selon Rudolf Steiner, les
forces germinatives du monde végétal qui sont en surplus fournissent la « substance » d’une
nouvelle image d’un macrocosme organisé. Les forces en surplus du monde minéral,
emportent celles du monde végétal jusqu’aux places qui leur sont attribuées dans le
99
macrocosme. Les forces germinatives surabondantes dans le monde animal, agissent de telle
façon que tout ce qui est réalisé par les forces minérales – à partir du monde végétal jusque
dans l’univers – est maintenu à l’intérieur d’un sphère (un globe), de manière à présenter
l’aspect d’un macrocosme arrondi de toutes part et renfermé sur lui-même. (publiée sous le
titre : le Mystère de Mickaël – 1956)
Ici Rudolf Steiner désigne sans équivoque les forces de germination dans le règne minéral.
Où allons-nous découvrir ces forces, si nous approfondissons l’étude de la nature à la
lumière d’une cosmogonie spirituelle ? Nous avons vu que toutes les roches terrestres
proviennent initialement de formidables processus de vie, végétaux et animaux. Ces
processus étaient, en prédominance ceux des végétaux-minéraux et des végétaux-animaux.
Cela peut se reconnaître par le fait que plus de 90% de la masse rocheuse est composée de
minéraux siliceux, et environ 0,2% seulement, est constitué de calcium, c’est-à-dire de
résidus animaux. Les roches sont donc formées en prédominance par des processus de vie
végétaux. Les strates calcaires récentes ne représentent qu’une fine pelure ou une coquille,
couvrant la Terre de façon discontinue.
Tout ce qui provient d’une végétation qui meurt, contribue à une nouvelle vie. Cela
s’applique non seulement aux graines, mais aussi aux feuilles tombées, et en fait à la plante
entière qui se flétrit et meurt. La graine peut devenir une nouvelle plante, ou bien elle peut,
ainsi que le reste de la plante, pourrir et être absorbée par l’humus vivant du sol. Dans des
conditions naturelles, la plante qui meurt contribue toujours à quelque chose qui entretient
la vie dans le sol. La nature germinative de ce processus de décomposition n’est pas
apparente, elle se révèle seulement lors de la formation de l’humus, quand les résidus
végétaux s’unissent aux minéraux de la Terre.
Au début, la plante tend à se dessécher et à durcir, puis elle se décompose, et fournit la
matière pour les activités des organismes inférieurs. Les substances qui en résultent
ressemblent à de la matière inorganique, sans devenir réellement minérales. Ces processus
ressemblent fondamentalement à ce qui advient lorsqu’une graine se forme, et qu’après le
repos de l’hiver, elle se met à germer. Il y a bien sûr de grandes différences en ce qui
concerne les substances présentes, mais les processus sont étroitement apparentés.
Lorsqu’on transpose ces processus de maturation et de dépérissement de la plante à l’échelle
macrocosmique de la Terre entière, on en vient à l’idée de la naissance des roches. La silice
alors a joué un rôle similaire à celui que joue actuellement le carbone dans la plante
aujourd’hui.
Le processus de la formation des roches s’est terminé vers le milieu de l’Atlantide ; il y a
environ 15000 ans, selon Rudolf Steiner (conférences aux ouvriers du 17/2/1923). Les
roches à cette époque n’étaient pas aussi dure qu’elles le sont aujourd’hui. Le processus de
durcissement se poursuivit pendant des milliers d’années.
Jusqu’au dernier millénaire avant J.C., d’énormes bâtiments furent érigés par nombre de
peuples différents. Ils utilisèrent des roches cristallines qui sont aujourd’hui excessivement
dures. Aucun de ces peuples ne connaissait le fer ou l’acier, cependant les blocs de pierres
étaient taillés avec une telle précision, qu’il était impossible d’insérer une lame de couteau
dans les joints sans mortier. Cela laisse bien supposer que les roches n’étaient pas aussi
dures à cette époque là.
Aujourd’hui encore, on sait que du granite, du grès, de l’ardoise et du calcaire qui viennent
d’être extraits, sont plus tendres et peuvent être taillés avec plus de précision que les mêmes
roches après exposition à l’air pendant quelque temps. L’air et la chaleur dessèchent la roche
et provoque souvent des modifications chimiques. Un des exemples les plus frappants de ce
100
processus de durcissement que l’on peut rencontrer aujourd’hui est celui de l’émeraude. En
certain lieux, on découvre ces gemmes enchâssées dans des micaschistes tendres. En les
extrayant, on s’aperçoit qu’en dépit de leur grande beauté et de leur limpidité, elles sont si
tendres qu’on peut les écraser entre les doigts en une poudre humide. Ces cristaux tendres
doivent être maniés avec beaucoup de précaution et gardés pendant quelques semaines
dans une caisse en bois fermée pour y sécher lentement. Ils deviennent alors aussi durs que
du cristal de roche. C’est la raison pour laquelle bien des émeraudes montrent un réseau de
fissures très fines.
Le durcissement des roches n’est pas un processus continu. Il présente des phases
d’alternance et d’accumulation. Dans une de ses conférences aux ouvriers (20/9/1922),
Rudolf Steiner a dit que le durcissement a commencé après la séparation de la Lune à
l’époque lémurienne. En certains lieux, la Terre se solidifia jusqu’à la consistance du sabot
d’un cheval, et après un certain temps, elle se ramollit. Le durcissement recommença alors
dans une autre région, et ainsi de suite. Dans une conférence ultérieure (17/2/1923), Rudolf
Steiner décrivit ce processus rythmique sous un aspect différent, montrant comment l’état de
la Terre est dépendant de la course du Soleil à travers le Zodiaque.
Ainsi, il y a 25920 ans (une année platonicienne), la Terre était dans un état assez semblable
à celui que présente les roches aujourd’hui. Alors, comme maintenant, le Soleil était dans la
constellation des Poissons à l’équinoxe de Printemps. Cela coïncidait avec la fin de la
Lémurie. Les processus alternant entre le durcissement et le ramollissement qui débutèrent
après la séparation de la Lune, avaient, à la fin de l’époque lémurienne, abouti à un état
comparable à celui d’aujourd’hui.
Dans la même conférence du 17/2/1923 ; il est dit qu’au milieu de cette période, lorsque le
Soleil (à l’équinoxe de printemps) était dans la Balance, la Terre était redevenue molle et
souple, et ressemblait à une plante vivante.
C’était l’époque, il a environ 15000 ans comme nous l’avons mentionné, qui a marqué la fin
de la période où des roches nouvelles se formaient. A partir de ce moment là , a commencé
le durcissement qui a atteint sa phase maximale à notre époque. En fait, cette phase a déjà
été dépassée.
A la fin de l’année universelle platonicienne en cours (qui va de l’équinoxe de printemps il a
environ 15000 ans, jusqu’à son retour dans la Balance dans 11000 ans environ) la Terre sera
de nouveau dans un état de vie semblable à celui d’une plante.
D’après toutes ces considérations, il devient évident que l’état minéral actuel des roches
n’existe que pendant le cours d’une année universelle platonicienne. Au commencement de
cette année universelle, lorsque l’équinoxe de printemps était dans la Balance, il y avait un
équilibre entre les états fluides et solides des roches. Le processus de durcissement n’a pas
complètement pénétré à l’intérieur de la Terre, même de nos jours, comme on l’a vu plus
haut en observant l’effet de l’air sur les roches amenées à la surface.
Avant que les roches ne deviennent si dures et si sèches que les éléments de la vie
(chaleur, air et eau) ne puissent plus agir sur elles, la désintégration a commencé du fait de
l’érosion et des autres forces destructives. La radioactivité naturelle fait bien sûr partie de
ces dernières - l’auto-destruction des matériaux les plus denses de la Terre. La radioactivité
a même le pouvoir d’inverser la cristallisation et de transformer les matériaux cristallins en
substance gélatineuse. (voir Chapitre 11).
Nous vivons sur une Terre qui s’achemine déjà vers l’époque où l’équinoxe de printemps sera
de nouveau dans la Balance, et où la Terre sera dans l’état d’équilibre où elle était 15000 ans
auparavant.
101
L’existence de cet état minéral n’est donc qu’une phase transitoire. Ce n’est pas un état de
mort définitif, mais une étape prolongée où la vie est réduite ; la vie retrouvera de nouveau
toutes ses forces, mais elle aura pris d’autres formes.
Nous devons maintenant revenir à notre comparaison avec la graine en sommeil.
Dans la lettre aux membres précédemment citée, Rudolf Steiner a insisté sur la signification
de l’excédent des forces germinatives dans les règnes de la nature. Ce qui provient du
monde végétal fournit en un sens la matière pour une nouvelle représentation du
macrocosme, c’est-à-dire pour la Terre future.
Ce qui est originaire de la plante, sera transféré à la place appropriée, et façonné par
l’excédent des forces minérales. Ce qui provient de l’excédent des forces reproductives du
règne animal, agit sur ce qui est originaire des règnes minéral et végétal, et le façonne en
une sphère, l’entourant et la maintenant afin qu’elle donne l’image d’un macrocosme fermé
sur lui-même.
Rudolf Steiner désignait ainsi une loi macrocosmique qui jette la lumière sur nombre de
phénomènes naturels. Cette loi révèle la signification profonde de l’interaction des trois
règnes de la nature. La mise en œuvre, ainsi décrite, des forces de ces règnes de la nature,
en vue de réaliser le macrocosme futur, doit aussi trouver son reflet dans le microcosme.
Rappelons-nous l’ancien adage hermétique : « Tout ce qui est en haut est comme ce qui est
en bas ».
Si l’on accepte cette loi, il est alors légitime de se demander où elle se manifeste dans le
monde des plus petites entités. C’est ici que l’esprit du savant se tourne vers le monde
complexe des symbioses, du commensalisme et autres relations intimes qui existent entre les
trois règnes de la nature ; un monde plein d’énigmes, dont les lois peuvent être établies,
mais non pas expliquées.
Il y a un processus fondamental dans lequel l’interaction harmonieuse des trois règnes de la
nature suit la loi macrocosmique, et on peut voir ce phénomène se refléter sur le plan
microcosmique. Il s’agit de la formation de l’humus, le sol vivant dans le quel les plantes
peuvent pousser, et qui entretient les formes supérieures de la vie.
Nous avons montré précédemment que cette formation de l’humus est la transformation
d’un processus du passé (Chapitre 4). Nous pouvons maintenant montrer comment, vu sous
un autre aspect, ce processus correspond à la loi macrocosmique.
Nous avons fait observer que tout ce qui procède de la plante qui meurt, porte en soi la
possibilité d’une vie future. Cela peut-être considéré comme un surplus de puissance
germinative. Tout ce qui se flétrit et meurt a le pouvoir de participer à la vie germinative. Si
l’on fait brûler les restes de la plante, ces forces potentielles s’unissent pour représenter le
nouveau macrocosme. En revanche, si on les intègre dans un compost avec de la terre,
comme l’a indiqué Rudolf Steiner dans son Cours aux Agriculteurs, les forces excédentaires
des plantes s’unissent à celles qui proviennent de la décomposition des minéraux. Ces forces
rappellent en quelque sorte ce qui se produit lors de la germination. Le résultat final de la
décomposition complète de la substance minérale peut se voir sous forme d’eaux boueuses
dans nos ruisseaux. Cette décomposition en fines particules se produit également de
manière continue dans un sol qui n’a pas été retourné, grâce aux excrétions des racines des
plantes. Il apparaît une substance assez semblable à un lait minéral. De nouveaux minéraux
se forment dans cette substance ; cependant ils ne se cristallisent pas, mais restent dans un
état qui rappelle le lait caillé. Cette « gelée » est porteuse des forces germinatives latentes
des minéraux, mentionnées plus haut. Cette étrange substance « voudrait » devenir
cristalline, mais elle reste à l’état de gelée, et on peut la trouver dans le sol en même temps
102
que l’humus formé des résidus végétaux. Elle a une attraction surprenante pour la partie
organique de l’humus, et s’unit à elle.
Lorsque les minéraux absorbent de cette façon les substances végétales, il s’ensuit une
certaine stabilité qui n’existait pas dans les diverses substances quand elles étaient séparées.
Ainsi, ce qui provient de la plante « est transféré à la place qui lui était attribuée ».
Il existe toutefois un troisième processus. Le caractère relatif de cette stabilité, implique un
phénomène incomplet, non encore achevé. Pour lier ces substances et former un humus
stable, le monde animal doit alors intervenir. La matière minérale-végétale est absorbée et
digérée par certains animaux inférieurs. Ce sont, soit de vraies larves d’insectes, soit des
animaux qui restent leur vie durant à un stade larvaire (germinatif), comme les vers de terre.
Au cours du processus digestif de ces animaux, la substance minérale-végétale est
mélangée, liée, et façonnée en boules de substance stabilisée, grâce à la coopération des
forces de croissance germinative des trois règnes de la nature ; il se forme là quelque chose
de tout à fait nouveau : le support de la vie pour la Terre entière. Dès maintenant sur la
Terre, ces forces oeuvrent pour le futur.
En observant ces processus formateurs du sol vivant et en les comparant à la description du
processus macrocosmique dont parle Rudolf Steiner, il n’est pas difficile de reconnaître la loi
macrocosmique qui régit et entretient la vie sur la Terre.
Ainsi, l’état minéral lui-même apparaît comme une force embryonnaire pour le futur,
englobant tout, tout autant que les autres règnes de la nature. L’Homme, toutefois, est le
« Sel de la Terre » ; il est le gardien de toutes les forces germinatives de la Terre. Il lui est
donné de travailler main dans la main avec les créateurs du monde, pour l’avenir de la Terre.
Grâce à une connaissance spirituelle du microcosme et du macrocosme, il apprendra à traiter
la Terre comme le font les forces créatrices de la croissance des plantes qui, à chaque
printemps, éveillent de nouveau le processus microcosmique du sel dans la formation de la
racine, à partir duquel la nouvelle plante peut pousser. Alors, grâce aux soins que l’Homme
apporte à la Terre actuelle, une Terre nouvelle pourra naître dans le futur.
103
TABLEAU DES FORMATIONS GEOLOGIQUES
Ces tableaux, regroupant les roches en 12 formations sédimentaires et 7 formations ignées
furent établis par Rudolf Steiner en 1890 lorsqu’il collabora à la production de Pierers
Lexikon, éditée par J . Kürschner. Ils sont tirés de Literarschen Frühwerk Vol. IV, Livre 19,
Dornach 1941.
(Les ajouts de l’auteur sont italiques).
A . SEDIMENTAIRE
V - ANTHROPOZOIQUE ou QUATERNAIRE RECENT
12 . QUATERNAIRE
b) Alluvions marins et d’eau
douce
a) Dillurium –
Dépôts glaciaires
Et périglaciaires
3. Grands mammifères dont
Mammouth, ours des
Cavernes, homme primitif
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------IV - CENOZOIQUE
11.NEOGENE(Pliocene Miocene
Tourbe, calcaire, sel, gypse)
10 . PALEOGENE (Oligocene -
Eocene basalte, pétrole)
c) Dépôts d’eau douce
2.Grands mamifères dont le
b) Dépôts de tourbières
Mastodonte, dinothérium,
Acerathérium,
grands
a)
Dépôts
marins
méditerranéens
singes,
Lézards géants, palmier,
Figuier, orme, bouleau
b) Calcaires, grès, argiles et
marnes
1.Grands mammifères dont
le
Paléothérium, mummulites
et fucoïdes
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104
III - MESOZOIQUE
9 . CRETACE (pétrole)
8. JURASSIQUE
c) Grès, argiles, calcaires,
Brèches,
craie
du
cénomanien,
turonien
et
sénonien,
formation
de Gosau
b) Calcaires, grès, marnes et
marnes rouges
a) Calcaires, grès, argiles et
marnes
d) Couches de transition du
Wealdien
c) Malm ou Jurassique brun
b) Dogger ou Jurassique brun
a) Lias ou Jurassique noir
Dernières belemnites et
ammonites
Premiers arbres à feuilles
Caduques
Eponges, foraminifères,
spatangues, ammonites,
belemnites, rudistes
Sauriens géants
Récifs coralliens, premiers
Poissons osseux (oiseaux)
Marsupiaux
Belemnites, ammonites,
Sauriens marins,
cryptogames
7. RHETIEN
Montagnes
dolomitiques
Calcaire et dolomie du
Dachstein, argiles compactes de
Kossener
Restes des plus anciens
mammifères (microlestes
antiquus)
6. TRIAS
c) Lettenkohle Keuper (marnes,
Dinosaure
bipède,
crocodiles
Lys de mer, cératites,
premières
écrevisses
queues
de
cheval
géantes,
conifères,
Premières traces d’oiseaux.
Grès, gypse)
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II – PALEOZOIQUE
5. PERMIEN
b) Couches blanches et grises du Premiers amphibiens
Kupferschiefer
poissons téléostéens
a) Rothliegendes ou totliegendes fougères,
palmiers,
conifères
(sel)
4. CARBONIFERE
b) Couche de charbon
Cryptogames terrestres,
105
Exploitable (pétrole)
a) Culm- Grès meulier
Premiers
conifères,
araignées et insectes.
Derniers trilobites,
producteurs
Calcaire de Mountain
(pétrole)
3. DEVONIEN (pétrole)
c) Calcaire coquillier ardoises à
Poissons cuirassés
Cypridées, grès rouge anciens
b) Calcaire de l’Eifel
Brachiopodes
a) Granwackes
Plantes terrestres
Primitives, coraux
2 . SILURIEN
c) Silurien supérieur
Calcaires, ardoises
b) Silurien inférieur, quartzite,
Shales (pétrole)
a) Ordovicien, granwackes et
ardoises
1. CAMBRIEN
Conglomérats, quartzites, shales
Algues marines, coraux,
lys de mer, brachiopodes
premières
traces
de
poissons
Tribbites, brachiopodes
Premiers restes organiques
indiscutables
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I - PRECAMBRIENS
d) Ardoises primaires
Eozoon canadense dans
Un calcaire primitif est le
Plus vieux fossile connu
S’il
est
réellement
d’origine
organique
c) Micaschistes
b) Gneiss Laurentien
a) Gneiss de Bojische
106
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B – IGNEE
III - CENOLITHIQUE
7. Trachytes et basaltes récents
II MESOLITHIQUE
6. Porphyres récents
5. Ophiolites récentes
4. Granites récents
I - PALEOLITHIQUE
3. Porphyres anciens
2. Ophiolites anciennes
1. Granites anciens
107
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