Crowdfunding : un mirage pour les porteurs de projet

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Crowdfunding : un mirage pour les
p o rt e u rs d e p roj e t ?
GERALDINE DAUVERGNE |
LE 15/12/2015 À 07:30
Les logiques qui président à la réussite d’un projet entrepreneurial resteraient les mêmes, qu’il soit financé par le crowdfunding ou non. - Ollyy
Shutterstock
Le financement participatif de projets connaît une croissance
exponentielle en France et dans le monde. Une étude récente émet
pourtant de sérieuses réserves sur les bienfaits de ce système, fer de
lance de l’économie collaborative et solidaire.
Il y avait 28 plateformes de crowdfunding en France en 2012. On en dénombre aujourd’hui 141. Ce
mode de financement participatif, qui consiste à mettre en relation des porteurs de projets avec des
particuliers souhaitant placer leur épargne dans une perspective solidaire, suscite un engouement
proche de l’euphorie. Une étude de l’Observatoire Alptis de la protection sociale (1) émet pourtant de
sérieuses réserves sur les bienfaits de ce système, fer de lance de l’économie collaborative et solidaire.
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« En permettant l’accès rapide à des fonds, le crowdfunding agit comme un outil désinhibiteur de
création d’entreprise », observe Jérémy Vachet, chercheur associé ANR (Agence nationale de
recherche) – CNRS et auteur de l’étude. Ce mode de levée de fonds se présente comme l’alternative
aux financements par les banques ou les subventions de l’Etat, perçus comme élitistes et réservés aux
projets de grande envergure. Or, selon le jeune chercheur, les logiques qui président à la réussite d’un
projet restent les mêmes, qu’il soit financé par le crowdfunding ou non. « Le financement participatif a
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fait apparaître une nouvelle génération d’entrepreneurs particulièrement précaires, dont les revenus
n’atteignent pas le SMIC, » souligne-t-il. Toutes les formes de crowdfunding n’apportent pas les mêmes
garanties, aux financeurs comme aux entrepreneurs. Certaines plateformes pratiquant le prêt rémunéré
de particuliers à entreprises (appelé « crowdlending ») via la souscription de titres sélectionnent
rigoureusement les projets à financer.
Sur la plateforme Unilend, par exemple, seuls 2,2% d’entre eux passent le filtre des demandes de
financement proposées à la communauté. Résultat : il s’agit de TPE-PME déjà bien installées,
cherchant à se développer, en mesure de présenter des informations et un business plan solides. A
l’inverse, des plateformes comme hellomerci ou Babyloan sont spécialisées dans les financements de
projets très modestes sous forme de dons avec ou sans rétributions, et n’offrent aucune garantie de
remboursement des sommes empruntées. Sur ces plateformes, 90% des donateurs ne financent qu’un
projet, porté dans le cadre d’un cercle d’amis restreint.
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Ces plateformes de crowdfunding usent d’une sémantique bien rodée et séduisante, héritée de la
contre-culture des milieux artistiques qui furent les premiers à y avoir recours. Les auteurs de l’étude
d’Alptis dénoncent cependant une illusion. « Pour réussir une levée de fonds participatifs, il faut savoir
faire la promotion de soi et prendre à bras le corps le projet personnel que l’on porte. La communication,
la logique de célébrité, importent plus que l’utilité sociale ou l’aboutissement du projet lui-même. »
Dans un contexte de crise économique, le développement du financement participatif prend appui sur
cette injonction à se réaliser par le travail. « Le développement du financement participatif s’inscrit dans
la logique très positive de l’entrepreneuriat qui a cours depuis 2008, estime Jérémy Vachet. Le porteur
de projet se trouve en fait dans la contrainte de créer son propre emploi, par l’entrepreneuriat. La très
grande majorité de ces porteurs de projet qui ont recours au crowdfunfing se lancent dans une première
création d’entreprise, ou sont en reprise d’activité après une période de chômage. »
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Le peu de recul dont disposent les acteurs du financement participatif ne permettrait pas à ce jour
d’évaluer le taux réel de remboursement des prêts. « Les plateformes n’ont pas non plus intérêt à se
faire de la mauvaise publicité, » rappelle l’expert. « Avec le crowdfunding, il est devenu relativement
simple de réaliser une première levée de fonds. Mais les porteurs de projets qui y ont recours disposent
rarement d’une formation en gestion et ne sont pas du tout préparés à gérer « l’après » de cette
première levée de fonds : les risques d’échecs sont énormes. D’autant que les plateformes ne
proposent aucun accompagnement pour assurer la pérennité des entreprises. Réussir une campagne
d’amorçage n’est pas construire un projet entrepreneurial sur la durée. Le développement d’une
entreprise nécessite par exemple de savoir financer de nouveaux investissements. » Qui seront les
perdants du crowdfunding ? « Ceux qui apportent les fonds donnent peu et perdent peu, estime l’expert.
En revanche les entrepreneurs à qui l’on a fait miroiter la réussite risquent d’y perdre plus que de
l’argent. L’échec et les charges imprévues peuvent avoir des conséquences sociales et psychologiques
importantes, lorsqu’ils se retrouveront seuls face à eux-mêmes. »
(1) « Le crowdfunding : mutation ou mirage pour l’entrepreneuriat ? », Observatoire Alptis de la
protection sociale, novembre 2015
Des statistiques nombreuses mais peu fiables
« Le financement participatif connaît un développement récent et exponentiel », souligne Jérémy Vachet,
chercheur associé ANR (Agence nationale de recherche) – CNRS, et auteur de lʼétude. «Toutes les statistiques
qui circulent sur internet vont dans ce sens, mais à lʼorigine de ces chiffres, il nʼy a que des sources peu fiables et
tendancieuses. Elles émanent de cabinets dʼexperts, qui en réalité font tous du lobbying en faveur de certaines
plateformes. Même les données qui ont servi de base en France à la législation sur le financement participatif
sont sujettes à caution ! »
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