Quel est l’intérêt, actuellement, de lutter contre l’inflation?
Introduction
Depuis leur indépendance, l’objectif principal des banques centrales est de lutter contre
l’inflation, c’est-à-dire la montée générale des prix. En théorie, on distingue plusieurs
mécanismes, susceptibles de faire monter le niveau général des prix. Le plus souvent,
l’inflation est caractérisée comme un phénomène d’origine monétaire, c’est-à-dire qu’il existe
une forte relation entre la masse monétaire et l’évolution des prix : Ces derniers augmentent
lorsque l’injection de liquidité s’accélère. Cependant, la hausse des prix peut aussi venir d’un
problème de demande : Dans une situation où la quantité demandée d’un bien est supérieur à
la quantité offerte, les prix ont tendance à monter, ce qui semble être une des raisons pour la
hausse du prix du pétrole. Dans un autre cas de figure, la rémunération des facteurs de
production, lorsqu’elle est supérieure à celle de leur productivité, tend à augmenter les prix de
ventes, ce que l’on appelle l’inflation par les coûts. En outre, des facteurs structurels peuvent
être à l’origine d’une hausse des prix, par exemple, quand la concurrence est faible. Cela
limite l’ajustement entre offre et demande par la baisse des prix, ceux-ci risquent donc de
monter.
Les mesures prises pour lutter contre l’inflation sont qualifiées de désinflation, c’est-à-dire
la diminution du taux de croissance du niveau général des prix. L’inflation par la monnaie est
peu probable à l’heure actuelle, grâce au contrôle strict de la masse monétaire par les banques
centrales. Dû à une grande rigueur salariale, la plupart des consommateurs ne vont pas non
plus pouvoir supporter une hausse trop importante des prix des biens dont la demande est plus
forte que l’offre, mais ils vont davantage chercher des produits de substitution. Vue que la
concurrence internationale fait pression sur les prix de la plupart des biens, les entreprises
doivent essayer de gagner en productivité grâce au progrès technique, plutôt que d’augmenter
leurs prix de vente. C’est aussi cette concurrence mondiale, en concert avec la
déréglementation des marchés mondiaux qui rend la création de monopoles, qui pourraient
imposer des prix trop élevés, plus difficiles.
Si une bonne partie des facteurs susceptibles d’entraîner l’inflation a donc disparue, quel
est l’intérêt, actuellement, de lutter contre l’inflation? Y a–t-il risque d’inflation à l’heure
actuelle qui justifierait, par exemple, l’augmentation récente des taux d’intérêt par la BCE?
Ou est-ce que de telles politiques monétaires restrictives sont plutôt inadéquates aujourd’hui ?
I) Y a-t-il risque d’inflation à l’heure actuelle ?
I.1) La hausse de prix du pétrole est-elle un risque d’inflation ?
• Comme nous l’avons vu auparavant, l’inflation peut avoir plusieurs causes.
• Une étude menée en 2005 par la BCE a eu comme résultat que sur le moyen terme, les
taux d’inflation mondiaux ont tendance a « attiré » les taux d’inflation d’une zone ou
d’un pays. Ce phénomène serait dû à la mondialisation des marchés financiers.
• Parmi les déterminants de l’inflation affectant le monde entier, se trouvent les prix des
matières premières telle que le pétrole brut.
• C’est là, l’une des raisons avancées par M. Tricher pour avoir augmenté les taux
d’intérêts pour la sixième fois au cour d’une année.
• M. Trichet a jugé qu'il existait des risques de dérapage inflationniste, issus (je cite) :
"d'une transmission de la hausse passée des prix du pétrole (...), de la possibilité d'une
nouvelle hausse des cours du pétrole, et de l'effet de taxes indirectes".
• Ces appréhensions sont-t-elles justifiées ?