Quel est l`intérêt, actuellement, de lutter contre l`inflation?

IEP Rennes
Conférence de méthode d’économie : Quel est l’intérêt, actuellement, de lutter contre l’inflation ?
Mme Gaulard
Milan Raab
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Quel est l’intérêt, actuellement, de lutter contre l’inflation?
Introduction
Depuis leur indépendance, l’objectif principal des banques centrales est de lutter contre
l’inflation, c’est-à-dire la montée générale des prix. En théorie, on distingue plusieurs
mécanismes, susceptibles de faire monter le niveau général des prix. Le plus souvent,
l’inflation est caractérisée comme un phénomène d’origine monétaire, c’est-à-dire qu’il existe
une forte relation entre la masse monétaire et l’évolution des prix : Ces derniers augmentent
lorsque l’injection de liquidité s’accélère. Cependant, la hausse des prix peut aussi venir d’un
problème de demande : Dans une situation la quantité demandée d’un bien est supérieur à
la quantité offerte, les prix ont tendance à monter, ce qui semble être une des raisons pour la
hausse du prix du pétrole. Dans un autre cas de figure, la rémunération des facteurs de
production, lorsqu’elle est supérieure à celle de leur productivité, tend à augmenter les prix de
ventes, ce que l’on appelle l’inflation par les coûts. En outre, des facteurs structurels peuvent
être à l’origine d’une hausse des prix, par exemple, quand la concurrence est faible. Cela
limite l’ajustement entre offre et demande par la baisse des prix, ceux-ci risquent donc de
monter.
Les mesures prises pour lutter contre l’inflation sont qualifiées de désinflation, c’est-à-dire
la diminution du taux de croissance du niveau général des prix. L’inflation par la monnaie est
peu probable à l’heure actuelle, grâce au contrôle strict de la masse monétaire par les banques
centrales. à une grande rigueur salariale, la plupart des consommateurs ne vont pas non
plus pouvoir supporter une hausse trop importante des prix des biens dont la demande est plus
forte que l’offre, mais ils vont davantage chercher des produits de substitution. Vue que la
concurrence internationale fait pression sur les prix de la plupart des biens, les entreprises
doivent essayer de gagner en productivité grâce au progrès technique, plutôt que d’augmenter
leurs prix de vente. C’est aussi cette concurrence mondiale, en concert avec la
déréglementation des marchés mondiaux qui rend la création de monopoles, qui pourraient
imposer des prix trop élevés, plus difficiles.
Si une bonne partie des facteurs susceptibles d’entraîner l’inflation a donc disparue, quel
est l’intérêt, actuellement, de lutter contre l’inflation? Y a–t-il risque d’inflation à l’heure
actuelle qui justifierait, par exemple, l’augmentation récente des taux d’intérêt par la BCE?
Ou est-ce que de telles politiques monétaires restrictives sont plutôt inadéquates aujourd’hui ?
I) Y a-t-il risque d’inflation à l’heure actuelle ?
I.1) La hausse de prix du pétrole est-elle un risque d’inflation ?
Comme nous l’avons vu auparavant, l’inflation peut avoir plusieurs causes.
Une étude menée en 2005 par la BCE a eu comme résultat que sur le moyen terme, les
taux d’inflation mondiaux ont tendance a « attiré » les taux d’inflation d’une zone ou
d’un pays. Ce phénomène serait dû à la mondialisation des marchés financiers.
Parmi les déterminants de l’inflation affectant le monde entier, se trouvent les prix des
matières premières telle que le pétrole brut.
C’est là, l’une des raisons avancées par M. Tricher pour avoir augmenté les taux
d’intérêts pour la sixième fois au cour d’une année.
M. Trichet a jugé qu'il existait des risques de dérapage inflationniste, issus (je cite) :
"d'une transmission de la hausse passée des prix du pétrole (...), de la possibilité d'une
nouvelle hausse des cours du pétrole, et de l'effet de taxes indirectes".
Ces appréhensions sont-t-elles justifiées ?
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Tout d’abord nous tendrons à dire que la hausse du prix de pétrole augmentera aussi
les coûts de production dans des branches de production pour lesquelles le pétrole est
une matière première directe ou une source d’énergie.
Regardons donc d’un peu plus prés les causes de l’évolution du prix du pétrole.
Dans la période 2001 à 2005 le prix du pétrole brut a augmenté de 100%.
Les raisons pour cette hausse du prix sont :
1. La demande qui croit plus rapidement que les capacités de production mondiale.
2. Les coûts de production tendent à augmenter, parce que le pétrole devient de plus
en plus rare, l’exploitation devient donc plus difficile.
3. Les spéculations à la hausse sur le prix du pétrole influencent aussi cette
l’évolution du prix.
4. Les tensions dans les grands pays producteurs comme la guerre en Irak, ou les
tensions avec l’Iran créent des incertitudes.
Quoique le prix du pétrole ait baissé depuis 2005, il va rester relativement élevé pour
les raisons citées ci-dessus qui tendent à persister.
Pour ce qui est des conséquences : elles ne seront probablement pas aussi importantes
que dans les années 70, car même si il y a de forte ressemblances de situation
beaucoup de changements ont eu lieu depuis.
Comme par exemple : les banques centrales sont devenu indépendantes et veillent
beaucoup plus sur les prix qu’avant, et en outre, il y a de plus en plus d’énergies de
substitution ce qui diminue la dépendance vis-à-vis du pétrole.
L’impact d’une hausse de prix du pétrole sur le niveau général des prix sera donc
relativement faible, mais il serait faux de le négliger, ce qui explique la vigilance des
banques centrales.
I.2) Est-ce que la croissance dans la zone euro favorise l’inflation ?
A côte de ce risque d’inflation mondiale, dû à une hausse du prix du pétrole, M.
Trichet invoque une deuxième raison, cette fois-ci propre à la zone euro, qui pourrait
favoriser une inflation.
Selon lui, les pressions salariales pourraient être plus fortes que prévu.
La bonne croissance et (je cite) « des signes positifs en provenance du marché du
travail » risqueront d’encourager les demandes de révision des salaires.
En effet, la zone euro connaîtra une croissance au delà de 1,9% la prochaine année. Ce
sont là les perspectives tracées par la Commission européenne, l’OCDE et le FMI.
Donc, les demandes d’augmentation des salaires pourraient effectivement avoir lieu.
Pour prendre un exemple : la croissance allemande atteindra un niveau supérieure à
2% cette année. Le mois dernier, la grande coalition et les syndicats ont fait appel aux
entreprises pour faire participer les salariés à la croissance économique. De plus
l’augmentation de la TVA début 2007, devrait d’avantage inciter les salariés à
demander une hausse des salaires.
Or, ces hausses salariales ne risquent pas d’être excessives.
D’une part, il n’y aura pas d’effet inquiétant sur le court terme, puisque la progression
des salaires reste modérée en Europe (environ 2 %), il n’a donc pas de risques
d’inflation immédiate.
D’autre part vient s’ajouter une politique de « compétitivité désinflationniste » en
provenance de l’Allemagne. Cette stratégie consiste à réduire fortement les coûts du
travail pour rendre le cite économique allemand plus compétitif et pour gagner des
marchés d’exportations.
Par la suite, les autres pays européens pourraient se voir forcés d’entamer la même
stratégie pour conserver leur place sur les marchés mondiaux.
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Par conséquent, cette politique pourrait au pire aboutir à une déflation salariale au sein
de l’U.E., au mieux, la croissance économique européenne permettra une légère
hausse des salaires.
En tout cas, il n’y a pas de véritable risque d’inflation venant de la hausse des salaires
à moyen terme.
En sommes on pourrait dire que le risque d’un choc pétrolier est présent, mais que
celui d’une inflation par la demande salariale serait plutôt réduit. La BCE n’est
pourtant pas la seule banque centrale à avoir augmenté ses taux. (La Bank of England
et la Fed américaine l’ont fait aussi, par exemple.). Vue que le risque d’une inflation
forte à l’échelle globale est relativement faible (c’est aussi la concurrence mondiale, et
particulièrement celle des pays émergents, qui font pression sur les prix dans de
nombreux secteurs économiques), on pourrait donc se demander si les mesures prises
par les banques centrales sont adéquates.
II) La lutte contre l’inflation est-elle toujours adéquate?
II.1) La politique monétaire des banques centrales est-elle toujours adéquate ?
L’objectif majeur d’une banque centrale est de nos jours de maintenir le taux
d’inflation bas et stable.
De cette manière, elle rassure les préteurs, qui donnent des crédits à long terme, qu’il
n’y ait pas de fortes hausses de prix à long terme.
Par contre, si elle n’y parvient pas, les créanciers pourront anticiper une inflation dans
le futur qui détériorerait leur patrimoine.
Ainsi, les taux d’intérêts fixés par les marchés risqueront d’être élevés à LT.
Cet effet freine la croissance et doit être évité.
L’exemple de la Fed montre que les autorités doivent être vigilants dans leurs
décisions.
Le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, avait annoncé, fin avril
qu’il n’y aurait plus d’augmentation du taux d’intérêts pour le moment.
Le 10 mai, la banque centrale américaine à quand même augmenté les taux tout en
étant « incertaine quant au niveau de la prochaine hausse, si tant est qu’il y en ait
une ».
Ces incertitudes de la part de la banque centrale en ont créé d’avantage chez les
marchés financier.
S’ils surréagissent, les marchés pourraient faire monter brutalement les taux d’intérêt
aux Etats-Unis.
Vu l’importance de l’économie américaine, l’Europe risquera d’être contaminé à son
tour.
Finalement Bernanke est réintervenu en clarifiant qu’il craignait plutôt l’inflation que
le ralentissement de la croissance.
Cet exemple a montré ce qu’il vaudrais mieux ne pas faire : créé de l’incertitude.
Nous pouvons donc en conclure qu’une politique monétaire trop restrictive ou mal
gérée déconcerte les préteurs et les marchés et ferait par la suite augmenter les taux
d’intérêt à long terme, ce qui nous amène à la question, si une telle désinflation
excessive ou mal gérée ne risque pas d’aboutir à une déflation.
II.2) Une politique monétaire excessive ou mal gérée ne risque-t-elle pas d’aboutir à une
déflation ?
D’après certains économistes, le risque d’une déflation existe en effet, vue que la
hausse des taux d’intérêt freine la croissance et donc aussi la demande. (En
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augmentant les taux d’intérêt : moins d’investissements seront placé, plus l’épargne
augmentera et moins les gens consommeront.)
En situation de demande faible et de forte concurrence international (venant surtout
des nouvelles puissances économiques telles que la Chine, l’Inde et le Brésil) les
entreprises seront obliger de baisser leurs prix ou de délocaliser.
Le chômage risque donc d’augmenter, la demande recule encore et, par conséquent,
nous nous voyons effectivement confrontés au risque d’une baisse du niveau général
des prix, ce qui est la déflation.
Si on en revient à la zone euro, on pourrait dire, qu’elle est plus vulnérable à la
déflation étant donné que sa marge de manœuvre en terme de politiques
macroéconomiques est limitée, car selon l’économiste et éditorialiste au New York
Times, Paul Krugman, les banques centrales sous-estiment parfois les risques de
déflation.
Or, qu’en est-il de la BCE ? Sous-estime-t-elle le risque de déflation avec sa politique
monétaire restrictive ?
A en croire M. Trichet (je cite)"la politique monétaire continue d'être accommodante"
et la BCE "agira d'une manière ferme et à temps pour assurer la stabilité des prix à
moyen terme".
Selon les prévisions de la BCE, même après cette hausse, la croissance économique
dans la zone euro va rester relativement élevée dans les années à venir : 2,7 % en
2006, 2,2 % en 2007 et 2,3 % en 2008
Comme la BCE est confiante dans la croissance économique et inquiète des risques
inflationnistes, elle continuera dans le même sens : certains pensent qu'elle pourrait
aller jusqu'à 4 % en 2007 (deux hausses d'un quart de point chacune).
Cela ne choque pourtant pas les économistes : selon le directeur des études
économiques chez Natexis Asset Management, Philippe Waechter, cette hausse des
taux est (je cite)"normale compte tenu de l'activité […]. La BCE agit comme toute
banque centrale l'aurait fait", et son action est "d'autant plus justifiée que les
perspectives pour les prochains mois suggèrent que l'activité va rester forte"
Aussi d’après l’opinion du journaliste de la revue Alternatives Economiques, Christian
Chavagneux, la situation n’est pas inquiétante tant que les hausses des taux restent
prévisibles et à petits pas.
La politique menée par la BCE irait dans le bon sens, car elle chercherait à maîtriser la
situation en augmentant régulièrement les taux d’intérêt de 0,25 point de base en 0,25
point de base.
Conclusion
La politique mené par la BCE apparaît adéquate puisqu’elle ne semble de ni freiner la
croissance, ni aboutir à une déflation. Il ne faut pourtant pas négliger le risque d’une déflation,
toujours présent de nos jours étant donné la forte concurrence internationale. En luttant contre
l’inflation, les banques centrales du monde entier devront être capable d’adopter en même
temps des mesures préventives pour empêcher la déflation de s’installer, car celle-ci peut être
encore plus difficile à combattre que l’inflation. Vue que l’inflation est bien maîtrisée à
l’heure actuelle, ne serait-il pas mieux de se poser la question : quel est l’intérêt, actuellement,
de lutter contre la déflation ?
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