I - THÉATRE ET ENSEIGNEMENT
(Marc Souchon)
Le théâtre est un genre littéraire très ancien. C’est aussi, comme le conte et la
poésie, un genre transculturel, à l’intérieur duquel des singularités (mais aussi des
parentés) peuvent se déployer. A tous ces titres, il peut intéresser l’enseignant de
français langue étrangère, et l’enseignant de langue vivante en général. Mais il va de
soi que ces quelques pages ne sont qu’une modeste introduction à ce genre, dans le
but d’en montrer l’intérêt en classe de langue, en même temps qu’on rappelle
quelques connaissances de base.
On notera que, comme tout genre, le texte théâtral peut contenir des séquences
variées, de récit, de dialogue, de monologue. Il peut être ou non versifié (les pièces
classiques sont en vers). On peut le définir pourtant dans des spécificités fortes.
1.1. LES SPECIFICITES DU THEATRE
Pour l’essentiel…
Le théâtre est d’abord caractérisé par la double énonciation : dans le dialogue
théâtral, ce qui est dit s’adresse à un autre personnage, et aussi au public. Il y a
cependant des exceptions : parfois un des acteurs jouant tel ou tel personnage,
s’adresse directement au public, c’est un aparté.
Ensuite, une pièce de théâtre est à la fois texte écrit et représentation, et chacune
de ces représentations est unique (même si, aujourd’hui, on peut filmer une pièce de
théâtre), comme est unique la communion des spectateurs et des acteurs jouant les
personnages engagés dans une histoire. Cette représentation peut inclure des
chants et des danses (voir les Grecs antiques, ou Molière, ou, plus près de nous la
comédie musicale). Le texte écrit comporte, en plus des dialogues et monologues
(parfois), des didascalies, qui sont des indications destinées au metteur en scène,
aux acteurs et aux lecteurs. Elles peuvent porter sur le décor, le jeu des acteurs,
leurs déplacements, le ton de la voix à employer.
Le théâtre met en scène, donne vie à une histoire engageant une ou plusieurs
personnages, avec une intrigue, des péripéties et un dénouement. Par écrit, on
reconnaît la mise en page d’une pièce de théâtre : chaque réplique est précédée du
nom du personnage qui parle.
Qui parle ? Des « je », qui sont des personnages et aussi des acteurs. Et parfois
un ou des commentateurs, notamment dans le théâtre antique (avec le chœur et son
chef, le coryphée). Il faut en outre, à partir du XXe siècle, mentionner le metteur en
scène, qui prend un rôle véritablement créatif ou re-créatif.
Précisons un peu : le personnage de théâtre répond à un nom, parfois porteur de
sens et d’image (par ex. Estragon, l’un des clochards dans En attendant Godot, de
Samuel Beckett), ou parfois seulement à une lettre de l’alphabet qui le distingue
d’autrui (par ex. dans Le Silence, de Nathalie Sarraute, le personnage silencieux est
désigné seulement une initiale, et dans Pour un oui pour un non, du même auteur,