possibilité éventuelle de match nul ou, plus fréquemment, le moyen de déterminer un seul vainqueur
dans les cas d’égalité. Ce système des scores, qui caractérise la compétition, est l’un des éléments-
clefs du système sportif.
. Terminons par un quatrième critère, plus malaisé à identifier et souvent incompris : le
sport est un fait institutionnel, c’est-à-dire un fait dûment accrédité par les Instances Officielles,
notamment par des Fédérations et autorisé par l’Etat. Cette consécration, nationale et plus encore
internationale, va permettre le déploiement de dispositifs institutionnels extrêmement puissants :
monopole de l’organisation, de la réglementation des épreuves et de la délivrance des diplômes,
exclusivité de la détermination du calendrier des rencontres, du choix des retransmissions télévisées,
de la codification du matériel et des espaces. La décisive médiatisation du spectacle sportif dépend
étroitement de cette consécration. En dernier ressort, c’est le label de l’institution et l’approbation des
Instances Officielles qui accordent ou non, à une activité physique, le statut de sport.
Cette dimension institutionnelle, de type sociologique, est souvent passée sous silence. Il faut
bien comprendre que l’insolente réalité du sport, c’est de fixer la motricité légitime de tout citoyen. La
réalité brute revient bel et bien à cet étonnant constat. Le sport détient une responsabilité exorbitante,
car ce sont les instances sportives qui nous proposent, et qui finalement nous imposent, les modalités
de la mise en jeu corporelle de loisir qui seront reconnues comme légitimes dans notre société.
Nous voici donc en mesure de proposer une définition précise : le sport, c’est l’ensemble
des situations motrices, codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées. Nous
constatons que ces quatre critères s’appliquent aisément aux multiples activités classiques de notre
environnement sportif : ainsi, qu’il s’agisse de football, de tennis, de saut en hauteur ou de planche à
voile, chacun de ces sports sollicite une action motrice dans le cadre de règles précises définissant
une compétition, et tous quatre sont explicitement régis par des instances officielles, fédérations et
instances olympiques, gardiens sourcilleux de leur organisation.
Nous pouvons désormais identifier, par opposition, ce qui est du non-sport. Ne répondant pas à des
situations motrices, les jeux de société tels les jeux de pions et les jeux de cartes ne sont pas des
sports. Les jeux physiques qui ne sont pas institutionnels non plus. Ainsi ne sont pas des sports tous
les jeux dits par convention « traditionnels », fussent-ils séculaires et bien plus anciens que les sports
tels le jeu d’Epervier, le jeu de Drapeau ou le jeu de Barres. On en dira de même des jeux de rue, des
exercices pédagogiques et de toutes les activités physiques informelles que nous dénommons les
« quasi-jeux sportifs ». Ces quasi-jeux qui ne sont pas des sports, sont des activités motrices
informelles, non réglementées, qui se déroulent au gré des pratiquants, comme le jogging, le ski , la
bicyclette, le canoë ou la baignade, par pur plaisir ou par pur loisir. C’est dans cet immense vivier
foisonnant que les Instances sociales ont choisi les activités qu’elles ont décidé d’ennoblir et de porter
au pinacle sportif.
On remarque que s’insinue ici une fâcheuse ambiguïté, car, quand nous disons « ski » ou
« canoë », nous renvoyons à des activités, primitivement libres et informelles, qui sont devenues des
sports. Il faut bien comprendre qu’un très grand nombre de pratiques ludomotrices jouissent de deux
statuts : du statut de « quasi-jeu » d’activité libre ou informelle, et du statut de « sport » dans la
mesure où les Instances officielles les ont récupérées, annexées et réglementées, avec les
inconvénients et les avantages que cette mise sous tutelle implique. C’est là une des grandes sources
de confusion du débat sportif.
Nous constatons ainsi que le sport ne représente qu’un petit sous-ensemble de tout
l’ensemble des activités physiques possibles. L’identité du sport ayant été mise au clair au sein de ce
fourmillement d’activités, peut-on alors, en connaissance de cause, se prononcer quant à son rôle
éducatif, notamment sous l’angle de l’Education nouvelle ? Afin d’être cohérent avec notre démarche,
nous allons prendre en compte successivement chacun des quatre critères précédemment envisagés.
CONDUITES MOTRICES ET PERSPECTIVES EDUCATIVES
Si l’on embrasse d’un seul regard tout le paysage des situations motrices relatives aux
activités physiques et sportives, on s’aperçoit que celles-ci partagent une même propriété : elles
mettent toutes en jeu de façon constitutive l’activité corporelle de leurs adeptes. Le premier critère de
la définition représente le dénominateur commun que nous cherchons : tous les sports et tous les
exercices physiques fondent leur pertinence sur l’accomplissement des conduites motrices de leurs
pratiquants. Par conduite motrice, on entend ce que fait et ce que ressent la personne qui agit,
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