Quand les mots se heurtent aux maux : portrait d`un - CSSS-IUGS

Quand les mots se heurtent aux maux :
portrait d’un discours morcelé
Étude portant sur l’expérience des personnes utilisatrices de
services de santé mentale au Québec.
Introduction
Recherche menant à une thèse de doctorat en service social, cherchant à expliciter
l’expérience et le savoir de l’usager des services de santé mentale au Québec.
L’organisation des services de santé, ainsi que celle des services sociaux structurent
de façons multiples la vie quotidienne des personnes ayant reçu un diagnostic
psychiatrique.
Ainsi, en prenant part à la vie quotidienne des individus alors qu’ils « utilisent » les
services de santé mentale, cette recherche tentera de dégager des contraintes
organisationnelles leur vécu subjectif, afin de leur offrir l’espace qu’ils devraient
remplir.
Les pratiques institutionnelles et systémiques seront donc interrogées à travers
l’expérience de l’usager.
Vivre dans la dignité
«Je crois que la dignité, nous en sommes, nous personnes en bonne
santé, nous personnes qui entourons une personne malade, nous
sommes responsables de la dignité de cette personne. C’est la façon
dont on va la considérer, c’est la façon dont on va accompagner sa
maladie, percevoir ses faiblesses, ses fragilités, ses handicaps qui
génèrent ou pas la dignité. »
Propos d’Anne-Dauphine Julliard à l’émission Médium
large du mardi 25 juin 2013, à la Première chaîne de Radio-
Canada. (extrait audio disponible sur le site de l’émission:
http://www.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2012-
2013/chronique.asp?idChronique=299964)
Problématique de recherche
À travers le « regard » biomédical se trace le portrait du malade; à
l’issu d’un diagnostic psychiatrique, l’homme ordinaire deviendra
un patient, « usager » des services de santé mentale.
C’est donc au sein du « regard » de l’autre que le vécu s’objective;
les comportements et les paroles des patients sont dorénavant
abordés en tant que signes et symptômes d’une pathologie
particulière.
De ce fait, le discours du patient sur son expérience, vidé de son
contenu affectif, est interprété par l’ « expert » comme l’expression
même de sa maladie.
Le savoir de la personne utilisatrice sur elle-même - sensible,
expérientiel - se trouve alors positionné à l’extérieur du pouvoir et
de la raison, exclu en grande partie du traitement auquel elle doit se
soumettre.
Problématique de la recherche
L’organisation des services en santé mentale au Québec ne fait guère
exception et n’offre qu’un espace restreint au discours de l’usager.
Cependant, le sens fondamental de l’expérience vécue ne peut être réduit
aux symptômes; l’individu entretient un rapport intime et nuancé à sa
« maladie », à son parcours d’infortune.
Le vécu ne peut être traduit par une série de données mesurables, il ne
s’insère donc pas nécessairement dans les impératifs de fonctionnalité
désirés d’un système, d’une structure.
Ainsi, trop souvent, le rôle de la subjectivité de la personnes utilisatrices
devient secondaire. Son savoir émique est tenu à l’écart de sa prise en
charge, lui soustrayant de ce fait une partie de son pouvoir et de ses droits
fondamentaux.
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