FACULTE DES SCIENCES & TECHNIQUES U.F.R Sciences & Techniques : S.T.M.I.A Ecole Doctorale : Informatique Automatique Electrotechnique Electronique Mathématiques Département de Formation Doctorale : Electrotechnique Electronique Thèse présentée pour l’obtention du titre de Docteur de l’Université Henri Poincaré, Nancy-I Spécialité : Génie électrique par Gaëtan DIDIER Modélisation et diagnostic de la machine asynchrone en présence de défaillances Soutenue publiquement le 29 Octobre 2004 devant la commission d’examen composée de Président : A. Rezzoug Professeur à l’Université Henri Poincaré - Nancy I Rapporteurs : G. Barakat Maı̂tre de conférences à l’Université du Havre - HDR J. C. Trigeassou Professeur à l’Université de Poitiers Examinateurs : H. Razik Directeur de Thèse Maı̂tre de conférences à l’IUFM de Lorraine - HDR A. Richard Professeur à l’Université Henri Poincaré - Nancy I H. Henao Maı̂tre de conférences à l’Université d’Amiens Groupe de Recherche en Electrotechnique et Electronique de Nancy Faculté des Sciences et Techniques - B.P. 239 - 54506 Vandoeuvre-lès-Nancy Remerciements Je tiens à remercier tout d’abord le Professeur Abderrezak REZZOUG, directeur du Groupe de Recherche en Electrotechnique et Electronique de Nancy, pour m’avoir accueilli au sein de son laboratoire et pour m’avoir fait l’honneur de présider mon jury. Je remercie également Monsieur Jean Claude TRIGEASSOU, Professeur à l’Université de Poitiers, et Monsieur Georges BARAKAT, Maître de conférences HDR à l’Université du Havre, pour l’intérêt qu’ils ont porté au travail effectué en acceptant d’être rapporteurs de cette thèse. Merci à Monsieur Alain RICHARD, Professeur à l’Université Henri Poincaré - Nancy I et à Monsieur Humberto HENAO, Maître de conférences à l’Université d’Amiens, pour avoir accepté de participer à ma soutenance en tant qu’examinateurs. Je remercie aussi Monsieur Hubert RAZIK, mon directeur de thèse, pour ses remarques pertinentes, nos longues discussions scientifiques et pour le temps qu’il a su me consacrer tout au long de ces trois années passées au GREEN. Je ne pourrai jamais remercier suffisamment Olivier CASPARY et Eric TERNISIEN, Maîtres de conférences au Centre de Recherche en Automatique de Nancy, pour leur gentillesse, leur soutien moral et scientifique, leurs idées et le temps qu’ils ont su m’accorder tous les lundis matins à l’IUT de Saint Dié des Vosges. Je leur dois énormément, et dans tous les cas cette page. Merci à Denis NETTER pour m’avoir appris les subtilités de l’enseignement supérieur lors de mes premières heures aux fonctions de moniteur du CIES de Lorraine. Je tiens à remercier aussi Francis WEINACHTER pour avoir développé divers programmes et utilitaires qui m’ont permis de gagner un temps précieux tout au long de ma thèse. Je ne peux oublier les personnes qui ont su m’aider à un moment ou à un autre pour les formalités administratives. Je pense plus particulièrement à Sandrine VANZO et Sandra KLEIN. Merci aussi à tous mes collègues et amis du laboratoire qui se reconnaîtront ici (en particulier, les expatriés du 4éme étage). Je leur exprime ma profonde sympathie et leur souhaite beaucoup de chance pour les années futures. Un grand merci à toute ma famille et plus particulièrement à mon père, ma mère, ma soeur et mon frère pour m’avoir soutenu et aidé tout au long de mes études. Merci enfin à mes amis, Anne-Laure Marchal (Monique ou Brigitte as you want), Olivier Munsch et Stéphane Munier (Polo) pour qui faire une thèse consiste à se lever tard, faire acte de présence au bureau, et repartir le plus tôt possible. Ce n’est pas grave, qu’ils en soient excusés. Pour terminer ces premières pages, merci à Mathworks pour avoir développé Matlab et à Donald E. Knuth et Leslie Lamport pour avoir créé Tex et LaTex. Rêves de grandes choses, cela te permettra d’en faire au moins de toutes petites. Jules Renard, Nouvelles Table des matières Introduction générale I Etat de l’art Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.1 Eléments de constitution de la machine asynchrone . . . . . . . I.1.1 Stator . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.1.2 Rotor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.1.3 Paliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.2 Les défaillances de la machine asynchrone . . . . . . . . . . . . I.2.1 Défaillances d’ordre mécanique . . . . . . . . . . . . . . I.2.1.1 Défaillances des roulements . . . . . . . . . . . I.2.1.2 Défaillances du flasque . . . . . . . . . . . . . . I.2.1.3 Défaillances de l’arbre . . . . . . . . . . . . . . I.2.2 Défaillances d’ordre électrique . . . . . . . . . . . . . . . I.2.2.1 Défaillances des circuits électriques statoriques . I.2.2.2 Défaillances des circuits électriques rotoriques . I.3 Méthodes de traitement des signaux . . . . . . . . . . . . . . . . I.3.1 Transformée de Fourier discrète . . . . . . . . . . . . . . I.3.2 Transformée de Fourier rapide . . . . . . . . . . . . . . . I.3.3 Périodogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.3.3.1 Périodogramme simple . . . . . . . . . . . . . . I.3.3.2 Périodogramme modifié . . . . . . . . . . . . . I.3.3.3 Biais et variance du périodogramme . . . . . . I.3.4 Estimateurs spectraux à variance réduite . . . . . . . . . I.3.4.1 La méthode de Bartlett . . . . . . . . . . . . . I.3.4.2 La méthode de Welch . . . . . . . . . . . . . . I.3.5 Analyse spectrale en ligne . . . . . . . . . . . . . . . . . I.3.5.1 Transformée de Fourier glissante . . . . . . . . I.3.5.2 Effet zoom en analyse spectrale . . . . . . . . . I.4 Méthodes de diagnostic actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . I.4.1 Analyse temps-fréquence et temps-échelle . . . . . . . . . I.4.1.1 Analyse temps-fréquence . . . . . . . . . . . . . I.4.1.2 Analyse temps-échelle . . . . . . . . . . . . . . I.4.2 Analyse cepstrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.4.3 Analyse spectrale à haute résolution . . . . . . . . . . . I.4.4 Diagnostic des défauts par estimation paramétrique . . . I.4.5 Diagnostic des défauts par reconnaissance des formes . . 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 9 9 10 10 12 12 13 13 13 13 14 14 15 16 16 17 17 17 18 19 19 20 20 21 21 22 23 23 23 24 25 25 26 27 2 Table des matières I.4.6 I.4.7 Diagnostic des défauts par analyse du vecteur de Park . . . . . . Diagnostic des défauts par le suivi des grandeurs mesurables . . . I.4.7.1 Analyse fréquentielle des courants statoriques et du flux de dispersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.4.7.2 Analyse fréquentielle du couple électromagnétique et de la vitesse rotorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.4.7.3 Analyse fréquentielle de la tension de neutre . . . . . . . I.4.7.4 Analyse fréquentielle de la puissance instantanée . . . . I.4.8 Technique additionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Objectif de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II Modélisation de la machine asynchrone Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.1 Méthodes de modélisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.1.1 Méthode des éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.1.2 Méthode des réseaux de perméance . . . . . . . . . . . . . . . . . II.1.3 Méthode des circuits électriques magnétiquement couplés . . . . . II.2 Modèle de la machine en absence de défaillance . . . . . . . . . . . . . . II.2.1 Hypothèses de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.2 Structure du stator . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.3 Structure du rotor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.4 Equations différentielles associées . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.4.1 Equations différentielles du stator . . . . . . . . . . . . . II.2.4.2 Equations différentielles du rotor . . . . . . . . . . . . . II.2.4.3 Equations mécaniques de la machine . . . . . . . . . . . II.2.5 Prise en compte des harmoniques d’espace dans le calcul des inductances de la machine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.5.1 Induction d’entrefer statorique . . . . . . . . . . . . . . II.2.5.2 Induction d’entrefer rotorique . . . . . . . . . . . . . . . II.2.6 Calcul des inductances du modèle de la machine . . . . . . . . . . II.2.6.1 Inductance de magnétisation d’une phase statorique . . . II.2.6.2 Inductance mutuelle entre phases statoriques . . . . . . II.2.6.3 Inductances mutuelles entre les phases statoriques et les boucles rotoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.6.4 Inductance de magnétisation d’une boucle rotorique . . . II.2.6.5 Inductances mutuelles entre les boucles rotoriques . . . . II.2.6.6 Synthèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.7 Détermination des paramètres de la machine asynchrone en vue de sa simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.8 Alimentation de la machine asynchrone . . . . . . . . . . . . . . . II.2.8.1 Modélisation du convertisseur statique . . . . . . . . . . II.2.8.2 Méthode des départements . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2.8.3 Couplage de la machine asynchrone . . . . . . . . . . . . II.2.9 Exploitation du modèle de la machine asynchrone en absence de défaillances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.3 Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances . . . . . . . . 27 . 30 . 30 . . . . . . 31 31 32 34 35 36 . . . . . . . . . . . . . 37 37 38 38 39 39 40 40 41 42 44 44 45 47 . . . . . . 48 48 51 51 51 52 . . . . 52 53 53 54 . . . . . 54 56 56 57 57 . 60 . 64 Table des matières 3 II.3.1 Exploitation du modèle en présence de barre(s) rotorique(s) cassée(s) II.3.1.1 Alimentation de la machine par le réseau triphasé . . . . . II.3.1.2 Alimentation de la machine par un convertisseur statique . II.3.2 Analyse harmonique du vecteur de sortie . . . . . . . . . . . . . . . II.3.2.1 Analyse des spectres dans la plage [0 - 100] Hz . . . . . . II.3.2.2 Analyse des spectres dans la plage [100 - 1000] Hz . . . . . Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.1 Étude théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.1.1 Analyse du courant statorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.1.2 Analyse de la puissance instantanée . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2 Application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2.1 Banc d’essai et mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2.2 Alimentation de la machine par le réseau triphasé . . . . . . . . . III.2.2.1 Calcul du glissement de la machine . . . . . . . . . . . . III.2.2.2 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2.2.3 Méthodes complémentaires pour le calcul du glissement de la machine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2.3 Alimentation de la machine par un variateur de vitesse . . . . . . III.2.3.1 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2.3.2 Calcul du glissement de la machine . . . . . . . . . . . . III.2.3.3 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.2.3.4 Approche complémentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV Diagnostic de défaut sans référence Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.1 Phase du spectre du courant statorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.1.1 Influence d’un défaut rotorique sur la phase du spectre du courant statorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.1.2 Utilisation de la phase pour le diagnostic de défaut rotorique . . . IV.1.2.1 Méthode de diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.1.2.2 Critère de détection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.1.2.3 Calcul du glissement de la machine asynchrone . . . . . IV.1.3 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.1.3.1 Alimentation de la machine par le réseau triphasé . . . . IV.1.3.2 Alimentation de la machine par un variateur de vitesse . IV.1.4 Bilan de cette approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.2 Transformée de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.2.1 Définitions de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.2.2 De la transformée de Hilbert à la théorie de modulation . . . . . . IV.2.3 La transformée de Hilbert pour le diagnostic de défaut rotorique . IV.2.4 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.2.4.1 Alimentation de la machine par le réseau triphasé . . . . IV.2.4.2 Alimentation de la machine par un variateur de vitesse . 68 68 72 72 74 78 82 . . . . . . . . . 83 83 84 84 91 95 95 96 100 102 . . . . . . . 124 128 129 132 134 143 145 147 . 147 . 148 . . . . . . . . . . . . . . . . 148 156 156 157 157 159 160 164 167 168 168 170 171 179 179 184 4 Table des matières Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 Conclusion générale 189 Annexes A Analyse des forces électromotrices A.1 Énergie . . . . . . . . . . . . . . . A.2 Couple . . . . . . . . . . . . . . . A.3 Vitesse . . . . . . . . . . . . . . . A.4 Force électromotrice . . . . . . . A.5 Analyse des expressions . . . . . . 193 en . . . . . . . . . . présence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . d’un défaut rotorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B Description et identification du banc d’essai et mesure B.1 Description du banc d’essai et mesure . . . . . . . . . . . B.2 Identification des paramètres de la machine asynchrone . B.2.1 Essais classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B.2.2 Essai en continu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195 . 196 . 197 . 197 . 198 . 200 . . . . 201 201 203 203 203 Bibliographie 215 Contribution personnelle 221 Introduction générale Le diagnostic des machines électriques s’est fortement développé dans le monde industriel car la volonté d’obtenir une chaîne de production de plus en plus sure devient, pour certaines applications, indispensable. Les chaînes de production doivent être dotées de systèmes de protection fiables car une quelconque défaillance, même la plus anodine, peut mener à un dommage matériel ou corporel inévitable. C’est pour éviter ces problèmes que la recherche, sur le plan mondial, s’emploie depuis plusieurs dizaines d’années à élaborer des méthodes de diagnostic. Celles-ci ont pour premier objectif de prévenir les utilisateurs d’un risque possible pouvant apparaître en un point particulier du système. Le travail proposé s’attarde sur le diagnostic des machines asynchrones triphasées à cage d’écureuil. La croissance de ce type de machine électrique, essentiellement due à sa simplicité de construction, son faible coût d’achat et de fabrication, sa robustesse mécanique ou encore sa quasi-absence d’entretien, est telle que nous la trouvons maintenant dans tous les domaines industriels et en particulier dans les secteurs de pointe comme l’aéronautique, le nucléaire, la chimie ou encore les transports ferroviaires. A titre d’exemple, aux Etats-Unis, 70 millions de moteurs asynchrones sont fabriqués chaque année pour une population d’environ 300 millions de personnes. Toute proportion gardée, il est clair ces moteurs nous conduisent à porter une attention de plus en plus sérieuse quant-à leur fonctionnement et leur disponibilité. En effet, l’apparition d’un défaut conduit le plus souvent à un arrêt irrémédiable de la machine asynchrone entraînant, en conséquence, un coût de réparation non négligeable pour l’entreprise (cas des machines de fortes puissances) sans oublier la perte de production occasionnée. Dans le domaine nucléaire, par exemple, il est indispensable d’assurer le sécurité des personnes et du matériel car aucun système, qu’il soit simple ou complexe, n’est à l’abri d’un dysfonctionnement. 6 Introduction générale Le premier chapitre de ce document rappelle le contexte de l’étude : le diagnostic de défaut rotorique dans les machines asynchrones à cage d’écureuil. Nous présentons dans un premier temps les éléments de constitution de ce type de machine en précisant les différents défauts pouvant survenir sur chacun d’eux (causes et effets). Dans un deuxième temps, nous énumérons quelques outils nécessaires à l’analyse de signaux temporels dans le domaine fréquentiel, domaine de prédilection pour la détection des défauts de la machine asynchrone. Nous terminons ce chapitre par une analyse des différentes techniques de diagnostic existantes en présentant leurs points faibles et leurs points forts. Le deuxième chapitre est consacré à la présentation du modèle de simulation. Nous utilisons un modèle basé sur le couplage magnétique des circuits électriques pour analyser le comportement de la machine en absence et en présence de défaillances. Ce type d’approche offre un modèle de machine flexible, un temps de calcul raisonnable et ne nécessite aucun recours au calcul de champ. Les inductances de la machine prennent en compte les harmoniques d’espace les plus importants dans le but d’obtenir des résultats encore plus proche de la réalité. Nous analysons ensuite l’influence du défaut sur les grandeurs temporelles de la machine pour permettre de développer des méthodes de surveillance et de diagnostic appropriées. Le troisième et le quatrième chapitres de ce document sont consacrés à la description de trois nouvelles méthodes de diagnostic. La première méthode est basée sur l’évaluation d’un indice de défaillance pour détecter la présence du défaut au sein de la cage rotorique. Cet indice est calculé à partir de l’amplitude des composantes créées par le défaut rotorique dans les spectres fréquentiels du courant statorique et de la puissance instantanée d’une phase de la machine. Une comparaison de l’évolution de cet indice avec celui obtenu lorsque cette dernière présente une cage saine permet d’effectuer un diagnostic de l’état du rotor de la machine asynchrone. La deuxième et la troisième méthodes utilisent respectivement l’information donnée par la phase du spectre du courant statorique et l’information donnée par la phase de la transformée de Hilbert du module du spectre du courant statorique pour diagnostiquer la présence d’une barre rotorique cassée. Ces méthodes, contrairement aux approches habituelles, ont la particularité de n’utiliser aucune référence - référence habituellement obtenue avec le rotor sain - pour détecter la présence du défaut au sein de la cage d’écureuil. Introduction générale 7 Un banc d’essai et mesure, composé de plusieurs machines asynchrones, permet de valider les trois méthodes de diagnostic proposées. Deux niveaux de défaillances sont analysés, une barre partiellement cassée et une barre complètement cassée lorsque la machine est alimentée, soit par le réseau triphasé, soit par un variateur de vitesse industriel. Nous terminons ce mémoire par une conclusion portant sur les travaux effectués et par une présentation des perspectives de recherche pouvant être envisagées. Chapitre I Etat de l’art Introduction Dans ce chapitre, nous décrivons le système étudié qui se limite, dans notre cas, à la machine asynchrone triphasée à cage d’écureuil. Après avoir rappelé les éléments de constitution de cette machine, nous effectuons une analyse des différents défauts pouvant survenir sur chacun d’eux. Nous présentons ensuite divers outils issus des techniques de traitement du signal pouvant être utilisés pour la détection d’un défaut électrique et/ou mécanique. Pour finir, nous discutons des méthodes de diagnostic actuellement appliquées à la machine asynchrone en précisant leurs avantages et leurs inconvénients. I.1 Eléments de constitution de la machine asynchrone On se propose, dans cette partie, de donner quelques précisions sur les éléments de constitution des machines asynchrones. Cette description va nous permettre de comprendre de quelle façon le système est réalisé physiquement. Les machines asynchrones triphasées peuvent se décomposer, du point de vue mécanique, en trois parties distinctes : – le stator, partie fixe de la machine où est connectée l’alimentation électrique ; – le rotor, partie tournante qui permet de mettre en rotation la charge mécanique ; – les paliers, partie mécanique qui permet la mise en rotation de l’arbre moteur. 10 Chapitre I : Etat de l’art I.1.1 Stator Le stator de la machine asynchrone est constitué de tôles d’acier dans lesquelles sont placés les bobinages statoriques. Ces tôles sont, pour les petites machines, découpées en une seule pièce alors qu’elles sont, pour les machines de puissance plus importantes, découpées par sections. Elles sont habituellement recouvertes de vernis pour limiter l’effet des courants de Foucault. Au final, elles sont assemblées les unes aux autres à l’aide de boulons ou de soudures pour former le circuit magnétique statorique. Une fois cette étape d’assemblage terminée, les enroulements statoriques sont placés dans les encoches prévues à cet effet. Ces enroulements peuvent être insérés de manière imbriqués, ondulés ou encore concentriques [1]. L’enroulement concentrique est très souvent utilisé lorsque le bobinage de la machine asynchrone est effectué mécaniquement. Pour les grosses machines, les enroulements sont faits de méplats de cuivre de différentes sections insérés directement dans les encoches. L’isolation entre les enroulements électriques et les tôles d’acier s’effectue à l’aide de matériaux isolants qui peuvent être de différents types suivant l’utilisation de la machine asynchrone. Le stator d’une machine asynchrone est aussi pourvu d’une boîte à bornes à laquelle est reliée l’alimentation électrique. Nous représentons sur la figure I.1 les différentes parties de constitution du stator d’une machine asynchrone. Nous pouvons visualiser la présence d’ailettes de ventilation assurant le refroidissement la machine lorsque celle-ci fonctionne en charge. I.1.2 Rotor Tout comme le stator, le circuit magnétique rotorique est constitué de tôles d’acier qui sont, en général, de même origine que celles utilisées pour la construction du stator. Les rotors de machines asynchrones peuvent être de deux types : bobinés ou à cage d’écureuil. Les rotors bobinés sont construits de la même manière que le bobinage statorique (insertion des enroulements dans les encoches rotoriques). Les phases rotoriques sont alors disponibles grâce à un système de bagues-balais positionné sur l’arbre de la machine. En ce qui concerne les rotors à cage d’écureuil, les enroulements sont constitués de barres de cuivre pour les gros moteurs ou d’aluminium pour les petits. Ces barres sont courtcircuitées à chaque extrémité par deux anneaux dit "de court-circuit", eux aussi fabriqués PSfrag replacements Tôles statoriques Encoches statoriques ailettes de refroidissement Carter en fonte avec de refroidissement Ventilateur Roulements à billes Tôles + Cage rotorique Fig. I.1 : Eléments de constitution d’une machine asynchrone à cage d’écureuil [2] bobine statorique Tête de court -circuit Anneaux de Ailette de ventilation Boite à bornes I.1 : Eléments de constitution de la machine asynchrone 11 12 Chapitre I : Etat de l’art en cuivre ou en aluminium. Il existe différentes structures de rotor à cage qui dépendent principalement de la taille du moteur et de l’application qu’il en sera faite [3]. Nous donnons à la figure I.1 les différents éléments de constitution d’un rotor à cage d’écureuil. Nous pouvons visualiser l’arbre sur lequel les tôles sont empilées, les deux anneaux de court-circuit ainsi que les barres d’aluminium formant la cage d’écureuil. Très souvent, ces barres sont uniformément inclinées pour limiter les harmoniques et ainsi diminuer très fortement le bruit lors de l’accélération de la machine asynchrone. L’isolation des barres avec les tôles magnétiques n’est en général pas nécessaire du fait de la faible tension induite aux bornes de chacune d’entre elles. De plus, la résistivité de l’alliage utilisé pour la construction de cette cage est suffisamment faible pour que les courants ne circulent pas à travers les tôles magnétiques, sauf lorsque la cage rotorique présente une rupture de barre [4]. Le rotor de la machine asynchrone est aussi pourvu d’ailettes de ventilation pour permettre un refroidissement de la cage le plus efficace possible comme le montre la figure I.1. I.1.3 Paliers Les paliers, qui permettent de supporter et de mettre en rotation l’arbre rotorique, sont constitués de flasques et de roulements à billes insérés à chaud sur l’arbre. Les flasques, moulés en fonte, sont fixés sur le carter statorique grâce à des boulons ou des tiges de serrage comme nous pouvons le visualiser sur la figure I.1. L’ensemble ainsi établi constitue alors la machine asynchrone à cage d’écureuil. I.2 Les défaillances de la machine asynchrone Bien que la machine asynchrone à cage d’écureuil soit réputée robuste, elle peut parfois présenter différents types de défauts. Ces défauts peuvent être soit d’origine électrique, soit d’origine mécanique. Un problème minime à l’étape de fabrication peut être à l’origine d’un défaut tout comme une utilisation non conforme de la machine. Certaines fois, nous pouvons aussi incriminer le milieu dans lequel la machine est utilisée (milieux corrosifs et/ou chimiques hostiles). I.2 : Les défaillances de la machine asynchrone I.2.1 13 Défaillances d’ordre mécanique Les défaillances d’ordre mécaniques sont, en général, les plus rencontrées parmi tous les défauts que compte la machine asynchrone. Ces défauts peuvent apparaître au niveau des roulements à billes, des flasques ou encore de l’arbre moteur. Nous énumérons, dans la suite du document, certains de ces défauts sans pour autant en donner les détails. Nous pouvons trouver dans la littérature des ouvrages très complets qui traitent de ces divers problèmes [5] [6] [7]. I.2.1.1 Défaillances des roulements Les roulements à billes jouent un rôle très important dans le fonctionnement de tout type de machines électriques. Les défauts de roulements peuvent être causés par un mauvais choix de matériau à l’étape de fabrication. Les problèmes de rotation au sein de la culasse du roulement, causés par un roulement abîmé, écaillé ou fissuré, peuvent créer des perturbations au sein de la machine. Nous savons que des courants électriques circulent au niveau des roulements d’une machine asynchrone ce qui, pour des vitesses importantes, peut provoquer la détérioration de ces derniers. La graisse, qui permet la lubrification et la bonne rotation des roulements peut, dans certaines applications, se rigidifier et causer une résistance à la rotation. L’analyse vibratoire de la machine ou l’analyse harmonique des courants statoriques permet de détecter ce type de défaillances. I.2.1.2 Défaillances du flasque Les défauts créés par les flasques de la machine asynchrone sont le plus généralement causés à l’étape de fabrication. En effet, un mauvais positionnement des flasques provoque un désalignement des roulements à billes, ce qui induit une excentricité au niveau de l’arbre de la machine. Il est possible de détecter ce type de défaillance par une analyse vibratoire ou une analyse harmonique des courants absorbés par la machine. I.2.1.3 Défaillances de l’arbre L’arbre de la machine peut laisser paraître une fissure due à l’utilisation d’un mauvais matériau lors de sa construction. A court ou long terme, cette fissure peut mener à 14 Chapitre I : Etat de l’art une fracture nette de l’arbre provoquant ainsi un arrêt irrémédiable de la machine asynchrone. Les milieux corrosifs peuvent aussi affaiblir la robustesse de l’arbre de la machine. Par exemple, l’humidité peut provoquer des micro-fissures et conduire à une destruction complète de la machine. Une excentricité statique, dynamique ou mixte peut induire des efforts considérables sur l’arbre moteur, amenant ainsi une fatigue supplémentaire. Une analyse vibratoire, une analyse par ultrason, une analyse fréquentielle des courants absorbés ou simplement une analyse visuelle de l’arbre de la machine permet de détecter ce type de défaillance. I.2.2 Défaillances d’ordre électrique Les défaillances d’origine électrique peuvent, dans certain cas, être la cause d’un arrêt de la machine (au même titre que les défaillances d’ordre mécanique). Ces défaillances se séparent en deux catégories bien distinctes. Nous pouvons citer les défaillances qui apparaissent au niveau des circuits électriques statoriques et celles qui apparaissent au niveau des circuits électriques rotoriques [8]. I.2.2.1 Défaillances des circuits électriques statoriques L’apparition d’un défaut au niveau des circuits électriques statoriques de la machine asynchrone peut avoir des origines diverses. Nous pouvons citer, par exemple, les défauts de type courts-circuits inter-spires qui apparaissent à l’intérieur des encoches statoriques. Ce type de défaut peut être causé par une dégradation des isolants des spires du bobinage statorique. Nous pouvons citer aussi les courts-circuits apparaissant entre une phase et le neutre, entre une phase et la carcasse métallique de la machine ou encore entre deux phases statoriques. Ces défauts ont le plus souvent une origine mécanique. En effet, des vibrations excessives peuvent mener à un desserrement des boulons de la plaque à bornes de la machine créant ainsi le court-circuit. Une cosse mal serrée à la jonction du câble d’alimentation et des bornes de la machine peut être à l’origine d’une ouverture de phase. Le défaut le plus couramment rencontré reste encore la fusion d’un fusible de protection. Ces défauts peuvent être détectés par une analyse harmonique des courants absorbés par la machine. I.2 : Les défaillances de la machine asynchrone I.2.2.2 15 Défaillances des circuits électriques rotoriques Deux types de défaillances peuvent apparaître au rotor d’une machine asynchrone à cage d’écureuil. La cage étant composée de barres et d’anneaux de court-circuit d’aluminium ou de cuivre, une rupture partielle ou totale d’un de ces composants peut être considérée comme un défaut électrique rotorique. L’apparition de ce type de défaut peut être d’origine diverse. En effet, la rupture d’une barre ou d’un segment d’anneau de courtcircuit peut être due à plusieurs phénomènes qui sont souvent indépendants les uns des autres. Nous pouvons citer par exemple une mauvaise utilisation de la machine asynchrone (charge trop importante) ou encore l’environnement hostile dans lequel elle fonctionne. Parmi les causes premières, nous pouvons énumérer [9] : – des contraintes mécaniques causées par des forces électromagnétiques ou des vibrations mécaniques excessives ; – des démarrages trop fréquents induisant des courants élevés dans les barres ou dans les segments d’anneaux ; – des contraintes environnementales causées par une contamination ou une abrasion de la cage rotorique (industrie chimique par exemple). Une défaillance au niveau de la cage rotorique se situe généralement à la jointure entre une barre et un anneau de court-circuit. En effet, les barres rotoriques et les anneaux de court-circuit ne pouvant pas être construits d’un seul bloc (sauf pour les machines de petites puissances), une soudure est pratiquée aux extrémités de chaque barre pour relier ces dernières aux deux anneaux de court-circuit. La fragilité de ces soudures, par rapport aux barres et aux anneaux fabriqués d’un seul bloc, provoque, à ces endroits précis, une fragilité de la cage d’écureuil. Tout comme les défauts statoriques, les défauts rotoriques peuvent être détectés par une analyse harmonique des courants statoriques. Une analyse vibratoire de la machine asynchrone permet aussi détecter ce type de défaillances. Comme la détection de la majorité des défauts d’une machine asynchrone repose sur une analyse vibratoire de la machine ou sur une analyse harmonique des courants absorbés au stator, la partie suivante est dédiée aux différents outils nécessaires à l’analyse fréquentielle des signaux révélateurs d’un défaut mécanique et/ou électrique. 16 Chapitre I : Etat de l’art I.3 Méthodes de traitement des signaux Nous présentons ici les méthodes classiques d’estimation de la Densité Spectrale de Puissance d’un signal, notée DSP, fondées sur la transformée de Fourier discrète dont nous rappelons les équations dans la section I.3.1. Nous donnons par la suite les caractéristiques importantes d’un estimateur que sont le biais et la variance ainsi que leur impact sur le spectre fréquentiel résultant. Cela nous amènera à présenter quelques méthodes permettant de diminuer la variance pour obtenir une meilleure estimation de la densité spectrale de puissance du signal observé. Rappelons, au préalable, que toutes les méthodes présentées font partie de la famille des méthodes d’estimation spectrale non-paramétriques. I.3.1 Transformée de Fourier discrète La transformée de Fourier discrète, généralement notée TFD, d’une suite finie de P échantillons {ps (0), ps (1), . . . , ps (P − 1)} se calcul grâce à la relation : N −1 2πnk 1 X ps (n) e−j N pour k = 0, . . . , N − 1 F (k) = N n=0 (I.1) où le terme N représente le nombre de points de calcul de la TFD. Ce terme joue sur la précision du tracé alors que le terme P est lié à ce que l’on appelle la résolution en fréquence. En pratique, on essaye d’avoir un nombre de point P de la suite p s (n) supérieur ou égal au nombre de point de la TFD (P ≥ N ). Si ce n’est pas le cas, on utilise une technique appelée zero−padding qui consiste a compléter la suite ps (n) avec (N −P ) zéros, ce qui permet d’obtenir autant de point pour la suite temporelle que le suite fréquentielle. La transformée de Fourier Inverse, notée ITFD, se calcul grâce à la relation : ps (n) = N −1 X F (k) ej 2πnk N (I.2) n=0 En décomposant l’exponentielle de l’équation I.1, le nombre complexe F (k) peut se mettre sous la forme : N −1 N −1 1 X 2πnk 2πnk 1 X −j ps (n) cos ps (n) sin F (k) = N n=0 N N n=0 N (I.3) I.3 : Méthodes de traitement des signaux 17 Cette équation nous permet ainsi de définir la transformée de Fourier en cosinus, notée TDF-cos grâce à l’équation suivante : N −1 2πnk 1 X ps (n) cos Fc (k) = N n=0 N (I.4) Ainsi que la transformée de Fourier en sinus, notée TFD-sin, calculée avec l’équation : N −1 2πnk 1 X (I.5) ps (n) sin Fs (k) = N n=0 N Ces deux transformées permettent d’obtenir des temps de calcul réduits lorsqu’elles sont implantées dans un algorithme de calcul. I.3.2 Transformée de Fourier rapide La transformée de Fourier rapide, notée TFR, est un algorithme de calcul rapide de la TFD élaborée en 1965 par J. W. Cooley et J. W. Tuckey. L’algorithme de base de cette transformée utilise un nombre de points N égal à une puissance de 2, ce qui permet d’obtenir un gain en temps de calcul, par rapport à un calcul avec la TFD, de : Gain = N log2 (N ) (I.6) Cette transformée de Fourier rapide est très utilisée lorsqu’il est indispensable d’obtenir une analyse fréquentielle "en ligne" dans certains processus au travers d’une fenêtre glissante d’observation. I.3.3 I.3.3.1 Périodogramme Périodogramme simple En considérant une suite de variables aléatoires réelle de longueur quelconque p s (n), nous pouvons montrer que la densité spectrale de puissance P̂ps (f ) de la suite ps (n), sous l’hypothèse d’ergodicité, repose sur l’équation [10] : 2 N 1 X −j2πf n p (n) e P̂ps (f ) = lim E s N →∞ (2N + 1) n=−N 1 avec − 2T ≤ f ≤ 1 2T (I.7) et T la période d’échantillonnage. La nécessité d’appliquer l’espé- rance mathématique E provient du caractère aléatoire des signaux. En pratique, pour un 18 Chapitre I : Etat de l’art ensemble de données ps (n) disponibles de n = 0 à N − 1, le calcul de la DSP s’effectue avec la relation : 1 P̂ps (f ) = N 2 N −1 X ps (n) e−j2πf n n=0 (I.8) Cet estimateur est appelé périodogramme. Nous pouvons noter qu’il est proportionnel au carré de l’amplitude de la TFD de la séquence observée (équation I.1). L’estimation de la DSP peut être vue comme un filtrage du signal d’entrée par un banc de filtres du type passe-bande, dont chaque filtre élémentaire possède la réponse fréquentielle H(f ) suivante [11] : H(f ) = sin(N π(f − f0 )) j(N −1)π(f −f0 ) e N sin(π(f − f0 )) (I.9) Le signal de sortie d’un filtre élémentaire est ensuite échantillonné et son amplitude est élevée au carré pour déterminer la puissance de sa bande spectrale. La largeur de bande à −3 dB de ces filtres est d’environ 1 . N Lorsque N tend vers l’infini, la puissance de sortie du filtre correspond à celle d’une composante spectrale de fréquence f0 du signal d’entrée. Dans ce cas, l’estimateur est non biaisé, ce qui n’est pas le cas lorsque le nombre d’échantillons N est connu. I.3.3.2 Périodogramme modifié Le fait de se limiter à un nombre d’échantillons N peut être vu comme la multiplication terme à terme de la totalité du signal par la suite ω(n) = 11{0,...,N −1} (n). On donne à cette dernière le nom de fenêtre rectangulaire. Ce fenêtrage introduit des ondulations parasites (noyau de Dirichlet) dans le spectre fréquentiel résultant comme il l’est montré dans [11]. Il est donc très courant d’utiliser des fenêtres dites de pondération pour permettre une meilleure visualisation des composantes du spectre fréquentiel. En conséquence, l’expression de la DSP donnée à l’équation I.8 devient : N −1 2 1 X −j2πf n P̂ps (f ) = ω(n) ps (n) e N n=0 (I.10) Le terme ω(n) rajouté dans l’équation représente l’expression mathématique de la fenêtre de pondération choisie. Les fenêtres de pondération les plus connues sont la fenêtre de Hanning, celle de Hamming ou encore celle de Blackmann. Chacune d’elle permet de choisir le rapport souhaité entre la largeur du lobe principal et l’atténuation de la hauteur du plus grand lobe secondaire du spectre fréquentiel. I.3 : Méthodes de traitement des signaux 19 Le périodogramme ou le périodogramme modifié comporte deux caractéristiques importantes : le biais et la variance. Ces deux caractéristiques, décrites ci-après, jouent un rôle très important dans l’estimation du spectre fréquentiel. I.3.3.3 Biais et variance du périodogramme Pour un nombre d’échantillons N limité, nous savons que la largeur de bande d’un filtre élémentaire est déterminée. Il se produit alors un biais entre la localisation de la composante sur le spectre et la fréquence réelle de celle-ci. L’espérance mathématique du périodogramme qui permet de déterminer le biais ou le décalage peut être calculée selon : h i Z 21 ωtri (f − g) Pps (f ) dg (I.11) E P̂ps (f ) = − 12 Elle est obtenue par convolution de la DSP réelle avec la transformée de Fourier à temps discret de la fenêtre triangulaire, notée ωtri dans l’équation précédente. Cette équation permet de nous rendre compte que le périodogramme est un estimateur biaisé car l’espérance mathématique de P̂ps (f ) n’est pas la vraie DSP. La variance est la seconde caractéristique importante d’un estimateur spectral. D’après [12], le calcul de celle du périodogramme, dans le cas particulier d’un bruit blanc gaussien, conduit à la relation suivante : " var[P̂ps (f )] ≈ Ppp (f )2 1 + ce qui nous amène, pour toute fréquence f = k , N sin(2πN f ) N sin(2πf ) 2 # (I.12) à la relation : var[P̂ps (f )] ≈ Ppp (f )2 (I.13) La variance du périodogramme est alors indépendante du nombre de point N . D’une autre façon, lorsque le nombre de points N augmente, le biais du périodogramme diminue mais sa variance reste identique, ce qui donne des spectres relativement bruités. Pour se prémunir de cette contrainte, il est possible d’utiliser des estimateurs spectraux à variance réduite. I.3.4 Estimateurs spectraux à variance réduite Nous avons vu précédemment que le nombre de points N du signal à analyser n’avait aucune influence sur la variance du périodogramme. Une solution à ce problème est l’uti- 20 Chapitre I : Etat de l’art lisation d’estimateurs spectraux à variance réduite tels que le périodogramme de Bartlett ou encore le périodogramme de Welch dont nous présentons les caractéristiques ci-après. I.3.4.1 La méthode de Bartlett Le signal de taille N est divisé en S sections de M échantillons. On évalue sur chaque section s l’estimateur spectral par la méthode du périodogramme modifié (équation I.10) grâce à la relation : 1 P̂pss (f ) = M L’estimation moyennée devient alors : 2 M −1 X ω(n) ps (n) e−j2πf n n=0 P̂pBar (f ) s S−1 1X s = P̂ (f ) S s=0 ps (I.14) (I.15) Dans ce cas, la variance est approximativement égale à celle du périodogramme divisée par le nombre de sections S. Si, pour un nombre de points N constant, nous augmentons le nombre de sections S, nous constatons que la variance du périodogramme de Bartlett diminue. L’utilisation de cette méthode implique une résolution fréquentielle plus faible par rapport à un calcul avec le périodogramme modifié. I.3.4.2 La méthode de Welch La méthode de Welch est un autre type d’estimateur qui exploite le périodogramme modifié [13]. Elle est basée sur la même idée que la méthode de Bartlett. Cependant, la différence réside dans le fait que les segments S peuvent se chevaucher dans un rapport allant généralement de 50% à 75%. Le calcul du périodogramme de chaque section s s’effectue grâce à la relation mathématique suivante : 2 M −1 X 1 ω(n) ps (n + (s − 1) C) e−j2πf n P̂pss (f ) = M n=0 (I.16) avec 1 ≤ s ≤ S, et C le nombre d’échantillons permettant le chevauchement avec C ≤ M . L’estimateur de Welch se calcule ensuite avec la relation : P̂pWs el (f ) S−1 1X s = P̂ (f ) S s=0 ps (I.17) En autorisant le recouvrement des séquences, nous pouvons augmenter le nombre de segments S pour une taille N donnée. Cette solution permet non seulement de réduire la I.3 : Méthodes de traitement des signaux 21 variance de l’estimateur mais aussi d’augmenter la résolution en fréquence en choisissant un nombre d’échantillons M plus grand que celui utilisé avec la méthode de Bartlett. Il a été montré que, si le chevauchement des segments est de 50%, la variance de l’estimateur de Welch est approximativement égale à 9/16 de la variance de l’estimateur de Bartlett [14]. Cette méthode est très utilisée de nos jours et beaucoup d’auteurs en ont montré l’intérêt et l’efficacité [15]. Il existe d’autres estimateurs pour calculer la densité spectrale de puissance d’un signal. Nous pouvons citer par exemple le corrélogramme qui nécessite l’estimation de la séquence d’autocorrélation du signal à analyser avant le calcul de la DSP, ou encore la méthode de Blackman-Tukey, décrite dans [14]. I.3.5 Analyse spectrale en ligne L’analyse en ligne ("on-line" en anglais) de certains processus devient indispensable de nos jours. En effet, une détection précoce et surtout rapide de la défaillance permet ainsi d’éviter au système d’évoluer vers un mode dangereux qui peut être fatal pour l’installation dans laquelle il fonctionne. Le principal objectif de cette section est de donner une méthodologie permettant de mettre en œuvre un système de surveillance en ligne basé sur la transformée de Fourier discrète glissante. I.3.5.1 Transformée de Fourier glissante Le principal inconvénient, en ce qui concerne le calcul de la TFD d’un signal, est qu’il est nécessaire d’avoir les N échantillons pour commencer le traitement des données. Pour obtenir un calcul rapide il est souvent nécessaire d’utiliser la TFR, ce qui permet de limiter le nombre de calculs pour obtenir le spectre fréquentiel du signal à analyser. Comme nous l’avons vu précédemment, ce type de transformée impose un nombre d’échantillons égal à une puissance de 2, ce qui fixe la précision du tracé à ∆f = Fe . N Par conséquent, cette précision dépend en grande partie de la fréquence d’échantillonnage Fe utilisée. Ces deux inconvénients peuvent être en partie éliminés en utilisant une technique qui se base sur une approche glissante. Cette méthode "glissante" permet de calculer la TFD à l’arrivée de chaque échantillon en prenant en compte la transformée précédente. La seule contrainte de cette technique concerne la durée du calcul qui doit rester inférieure à la période 22 Chapitre I : Etat de l’art d’échantillonnage du signal. Cette condition respectée, l’algorithme conduit alors à une analyse spectrale du signal dite en temps réel. Nous ne donnerons pas les différentes équations relatives à l’implantation de cette méthode car beaucoup de travaux ont déjà été effectués sur le sujet [10] [16]. I.3.5.2 Effet zoom en analyse spectrale L’effet zoom consiste à observer, de manière plus précise et donc plus détaillée, une partie du spectre initial obtenu avec une fréquence d’échantillonnage F e et un nombre de points N fixés. Cette approche ne peut se faire que par une diminution de la précision en fréquence ∆f = Fe . N La solution consiste à changer artificiellement la fré- quence d’échantillonnage pour obtenir une précision inférieure à ∆f . Cette opération de sous-échantillonnage, appelée "décimation", consiste à prélever un échantillon sur d avec d = 2, 4, 8, . . . de la série d’origine ps (n) obtenue à la fréquence Fe . Après avoir effectué la décimation des échantillons, on reconstitue une série de taille N (par exemple, si d = 2, on utilise les N/2 échantillons précédents), ce qui nous permet d’obtenir une nouvelle précision en fréquence ∆fd = Fe dN [10]. Cependant, du fait de la diminution artificielle de la fréquence d’échantillonnage, la largeur de bande B que l’on obtient est réduite et s’étend de : Fe Fe B= − ; + 2d 2d Par conséquent, il y a donc risque de recouvrement spectral si le signal avant décimation présente des composantes fréquentielles en dehors de cette bande B. Il est donc impératif de filtrer le signal avant l’opération de décimation. Si nous prenons le cas d’un défaut rotorique, nous savons qu’une augmentation de l’amplitude des composantes situées à des fréquences caractéristiques dans le spectre du courant statorique révèle la présence d’une ou plusieurs barres cassées. Pour les machines de forte puissance, ces composantes peuvent être relativement proches de la composante fondamentale fs des courants statoriques, ce qui rend leur détection difficile avec une résolution fréquentielle non adaptée. Dans ce cas, l’effet zoom devient indispensable lorsque l’on ne peut agir ni sur la fréquence d’échantillonnage Fe ni sur le nombre de points N . Son implantation dans l’approche glissante décrite précédemment est relativement simple comme le montre notamment Abed dans [16]. I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles I.4 23 Méthodes de diagnostic actuellement utilisées pour détecter les défauts électriques et/ou mécaniques Afin de mieux situer notre travail, il a été nécessaire de regarder quelles sont les différentes méthodes de diagnostic actuellement utilisées pour détecter la présence d’une anomalie au sein d’une machine asynchrone. Comme les chercheurs de part le monde travaillent sur ce sujet depuis un certain nombre d’années, beaucoup de travaux ont vu le jour. Dans cette partie, nous avons choisi de décrire les méthodes les plus couramment rencontrées pour le diagnostic des défauts électriques et/ou mécaniques en précisant leurs points faibles et leurs points forts. I.4.1 Analyse temps-fréquence et temps-échelle La non-stationnarité des signaux est une propriété très courante mais difficile à maîtriser. Si nous prenons le cas d’une machine asynchrone, certaines utilisations obligent cette dernière à fonctionner sous des couples de charges variant très souvent dans le temps. C’est pour cette raison que des techniques de traitements temps-fréquence et temps-échelle ont vu le jour. I.4.1.1 Analyse temps-fréquence Le courant du moteur asynchrone peut être assimilé à un signal non-stationnaire dans certaines applications (variation aléatoire du couple de charge modifiant la valeur efficace du courant absorbé). De plus, nous savons que les techniques qui utilisent la transformée de Fourier ne sont pas suffisantes pour représenter ce type de signal. Durant ces dernières années, l’avancement des méthodes statistiques de surveillance de signaux a fourni des outils efficaces pour traiter les signaux non-stationnaires. En particulier, les transformations temps-fréquence donnent un cadre mathématique optimal pour l’analyse des signaux non-stationnaires [17][18]. Par exemple, la transformation de Wigner-Ville permet d’obtenir une représentation temps-fréquence permettant d’effectuer un diagnostic relativement précis de l’état du système analysé. Cette transformation est une fonction réelle qui définie une distribution d’énergie dans le plan temps-fréquence. Le temps de calcul d’une telle représentation peut être prohibitif et l’interprétation de l’image résultante est souvent 24 Chapitre I : Etat de l’art difficile, ce qui rend la détection de défaut complexe. C’est pour cette raison qu’en 1999, une méthode d’analyse temps-fréquence adaptative pour détecter les barres rotoriques cassées et les défauts de roulements a été proposée. L’idée clé dans cette méthode est de transformer le courant du moteur en une représentation temps-fréquence pour capturer la variation dans le temps des composantes spectrales comme nous le montre la figure I.2. Ensuite, une analyse statistique du spectre fréquentiel est effectuée pour distinguer les conditions de défaut par rapport aux conditions de fonctionnement normales du moteur. Puisque chaque moteur a une géométrie distincte, une approche particulière est alors utilisée. Dans cette approche, l’algorithme est programmé pour identifier le fonctionnement normal du moteur avant la détection réelle du défaut [19]. PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) (1 + 2g)fs (1 − 2g)fs 0 −50 −100 −150 −200 35 30 60 25 55 20 15 50 10 45 5 0 Temps (sec) 40 Fréquence (Hz) Fig. I.2 : Représentation temps-fréquence du courant statorique lors d’une variation du couple de charge (Résultats de simulation avec une barre cassée) I.4.1.2 Analyse temps-échelle Ce mode d’analyse est utilisé pour détecter des phénomènes qui se déroulent sur des échelles de fréquences différentes rencontrées dans un signal. L’idée fondamentale est de décomposer le signal à l’aide de fonctions analysantes particulières construites à partir d’une ondelettes mère oscillante et à moyenne nulle [20]. A partir de l’ondelette mère, il est possible de créer des ondelettes analysantes centrées autour d’une valeur et à échelle variable limitée. I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles 25 Une technique de fenêtrage avec une région de taille variable est utilisée pour améliorer l’analyse du signal, ce signal pouvant être par exemple le courant statorique du moteur asynchrone. L’analyse par ondelettes permet l’utilisation d’intervalles de temps longs, pour avoir une information basse fréquence la plus précise possible, et d’intervalles de temps plus courts, pour avoir une information riche en hautes fréquences. La capacité d’exécuter l’analyse locale est un des dispositifs les plus intéressants de la transformation en ondelettes. L’utilisation des ondelettes pour la surveillance des défauts et le diagnostic des moteurs asynchrones est un avantage car cette technique permet d’améliorer l’analyse du courant statorique pendant les phases transitoires. Les ondelettes peuvent être utilisées pour une analyse localisée dans le domaine temps-fréquence ou temps-échelle. C’est par conséquent un outil adéquat pour la surveillance et le diagnostic de défaut des machines électriques lorsqu’il est indispensable de les utiliser à vitesse variable [21]. I.4.2 Analyse cepstrale Le mot "cepstre" a été initialement proposé par Bogert en 1963 [22]. Le cepstre est un anagramme du mot spectre. La raison de ce choix est que nous obtenons le cepstre en effectuant une analyse spectrale supplémentaire sur le spectre fréquenciel du signal observé. En d’autre mots, le cepstre est défini comme étant la puissance spectrale du logarithme du spectre de la puissance. L’intérêt du cepstre est de pouvoir détecter une périodicité dans le spectre de fréquence d’un signal et de la transformer en un pic unique sur l’échelle des quéfrences [23]. Pour être capable de distinguer une périodicité dans un spectre, il est nécessaire qu’un nombre suffisant de périodicités suffisamment espacées soit présent dans le spectre. Le cepstre est plus particulièrement utilisé dans les analyses vibratoires des machines tournantes. Les principales applications concernent la détection des défauts dans les roulements, les turbines ou encore les engrenages. I.4.3 Analyse spectrale à haute résolution Les méthodes, dites à haute résolution (HR) fréquentielle, restent en pratique largement sous employées par rapport aux méthodes plus classiques qui reposent, comme nous l’avons vu précédemment, sur le calcul de la transformée de Fourier. Les principaux obstacles à l’utilisation plus large des méthodes HR sont essentiellement liés au choix des 26 Chapitre I : Etat de l’art paramètres libres (en particulier l’ordre du modèle) et à la dégradation des performances de ce type de méthodes en présence de signaux complexes (grand nombre de composantes, très proches et d’amplitudes très différentes). Ce type d’analyse est utilisé lorsque le nombre d’échantillons du signal est relativement faible (nombre de points compris entre quelques dizaines et quelques centaines). En effet, pour un nombre de points fixé, les méthodes hautes résolutions permettent d’obtenir une meilleure résolution fréquentielle par rapport à une analyse par transformée de Fourier classique. Notons aussi que les méthodes à haute résolution requièrent des hypothèses sur la nature du bruit et sur le modèle du signal. I.4.4 Diagnostic des défauts par estimation paramétrique Cette méthode de diagnostic utilise les paramètres structuraux d’un modèle de connaissance et extrait par la suite les paramètres du système à partir des lois de connaissance pour détecter et localiser les défaillances. Le point essentiel dans l’efficacité de cette méthode est le choix du modèle de connaissance. En effet, le type de défaut que l’on voudra détecter sera fonction du modèle utilisé. Les premiers travaux relatant de l’estimation de paramètres ont débuté avec des modèles relativement simples (modèle de Park par exemple [24]) utilisés depuis plusieurs années pour la commande des machines électriques. Ces modèles n’ont besoin que de quatre paramètres pour effectuer le diagnostic de défaut ce qui, dans certain cas, ne permet pas de localiser avec précision la défaillance. L’étape suivante est donc nécessairement le passage à un modèle de connaissance plus fin de la machine, tout en gardant la possibilité d’identifier les paramètres souhaités. Ces modèles peuvent être des modèles triphasés, qui s’affranchissent de l’hypothèse d’une machine magnétiquement équilibrée, ou encore des modèles à n phases, capables de refléter le fonctionnement de la machine sur une large bande de fréquences [25]. Des algorithmes spécifiques ont été élaborés pour l’estimation séquentielle de paramètres. Le filtre de Kalman apparaît comme le plus adéquat de tous mais aussi le plus délicat à mettre en œuvre. Tout d’abord, en tant qu’algorithme d’identification en temps réel, le filtre de Kalman étendu délivre un modèle adaptatif, capable de prendre en compte les évolutions normales des paramètres de la machine telles que la variation des résistances I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles 27 (en fonction de la température) ou encore la variation des inductances (en fonction du niveau de saturation). Par ailleurs, les paramètres estimés, eux-mêmes, permettent une première analyse des conditions de fonctionnement de la machine. Par exemple, une augmentation anormale de la valeur des résistances statoriques peut signifier un échauffement excessif et donc une dégradation progressive des enroulements. I.4.5 Diagnostic des défauts par reconnaissance des formes Les méthodes de diagnostic qui utilisent la reconnaissance des formes sont peu nombreuses à ce jour. Un vecteur de paramètres, appelé vecteur de forme, est extrait à partir de plusieurs mesures. Les règles de décisions adoptées permettent de classer les observations, décrites par le vecteur de forme, par rapport aux différents modes de fonctionnement connus avec et sans défaut. Pour classer ces observations, il faut obligatoirement être en mesure de fournir les données pour tel ou tel mode de fonctionnement (fonctionnement avec un rotor sain à 0% de charge ou alors fonctionnement avec une barre cassée à 100% de charge par exemple). Pour cela, il faut disposer d’une base de données, ce qui permettra ensuite de construire la classe correspondante au défaut créé (possible pour les machines de petites et moyennes puissances). Une autre voie consisterait à calculer les paramètres du vecteur de forme en effectuant des simulations numériques de la machine étudiée (indispensable pour les moteurs de fortes puissances). Dans la dernière configuration, il faut un modèle comportemental de la machine relativement précis pour obtenir des paramètres les plus proches possibles de la réalité. Le choix de la classe à laquelle appartient le vecteur de forme mesuré s’effectue par exemple grâce à des algorithmes de type k-PPV (k plus proches voisins) ou par une approche utilisant les frontières de séparation [26]. I.4.6 Diagnostic des défauts par analyse du vecteur de Park Une représentation en deux dimensions peut être utilisée pour décrire le phénomène des moteurs asynchrones triphasés. Une des plus connues et des plus appropriées repose sur le calcul des courants dits de Park [27]. En fonction des courants de phase isa (t), isb (t) et isc (t), les courants de Park id (t) et iq (t) peuvent être calculés grâce aux deux relations 28 Chapitre I : Etat de l’art suivantes [28] : r 2 1 1 isa (t) − √ isb (t) − √ isc (t) 3 6 6 1 1 iq (t) = √ isb (t) − √ isc (t) 2 2 id (t) = (I.18) (I.19) Nous représentons sur les figures I.3(a) et I.3(b) le tracé du courant id (t) en fonction du courant iq (t) pour un fonctionnement de la machine avec un rotor sain et un rotor défaillant (une barre cassée). Nous apercevons que le défaut rotorique induit un épaississement du contour du cercle, ce qui permet d’établir un diagnostic de défaut en effectuant une surveillance des déviations de ce cercle par rapport au modèle de base. Cette méthode de détection donne des résultats satisfaisants lorsque la machine fonctionne à son couple nominal. Dans le cas d’un fonctionnement à vide, les courbes obtenues ne permettent pas de diagnostiquer un défaut rotorique car l’épaississement créé par la rupture d’une ou plusieurs barres ne modifie quasiment pas l’épaisseur du cercle de base. En 1998, une nouvelle implantation de l’approche par vecteur de Park a été proposée [29]. En présence d’une barre cassée, le courant absorbé par le moteur asynchrone contient des composantes latérales de part et d’autre de sa composante fondamentale dont les fréquences sont données par la relation (1 ± 2 k g)fs (dans cette relation, g représente le glissement de la machine et fs la fréquence fondamentale des courants statoriques). Ces composantes seront, par conséquent, aussi présentes dans les courants de Park id (t) et iq (t) (équations I.18 et I.19). Dans ces conditions, il est très simple de montrer que le spectre p du module des courants de Park ( id (t)2 + iq (t)2 ) contient une composante continue gé- nérée par la composante fondamentale du courant statorique plus des composantes de fréquence 2 k gfs . De cette façon, le spectre des courants de Park, en éliminant préalablement la composante continue, ne contiendra que les composantes spécifiques au défaut de la machine. Il sera alors plus facile de détecter ces composantes et de diagnostiquer la présence d’un défaut rotorique. La figure I.4(a) montre qu’en absence de défaut, le spectre du module du vecteur de Park est caractérisé par l’absence de composantes spectrales significatives. En revanche, l’analyse du spectre fréquentiel de ce vecteur lorsque la cage d’écureuil est défaillante (figure I.4(b)) montre la présence des composantes spécifiques au défaut rotorique aux fréquences 2 k gfs . 29 15 15 10 10 5 5 Courant iq (A) Courant iq (A) I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles 0 0 −5 −5 −10 −10 −15 −15 −10 −5 0 Courant id (A) 5 10 −15 −15 15 (a) Rotor sain −10 −5 0 Courant id (A) 5 10 15 (b) Rotor avec une barre cassée Fig. I.3 : Vecteur de Park des courants statoriques pour 100% de charge avec une 2gfs 4gfs 0 0 −10 −10 −20 −30 −40 −50 −60 PSfrag replacements −70 −80 Densité spectrale de puissance (dB) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) alimentation non sinusoïdale (Résultats expérimentaux) −40 −50 −60 −70 −80 −90 −90 −100 0 10 Fréquence (Hz) 15 20 4gfs −30 −100 0 5 2gfs −20 (a) Rotor sain 5 10 Fréquence (Hz) 15 20 (b) Rotor avec une barre cassée Fig. I.4 : Spectre fréquentiel du module du vecteur de Park des courants statoriques pour 100% de charge (Résultats expérimentaux) 30 Chapitre I : Etat de l’art I.4.7 Diagnostic des défauts par le suivi des grandeurs mesurables A ce jour, c’est l’analyse fréquentielle des grandeurs mesurables qui est le plus souvent utilisée pour le diagnostic de défaut rotorique. Les grandeurs accessibles et mesurables d’une machine asynchrone peuvent être : – les courants absorbés ; – le flux de dispersion ; – la tension d’alimentation ; – la tension de neutre (neutre alimentation - neutre machine) ; – le couple électromagnétique ; – la vitesse rotorique ; – les vibrations. Beaucoup de travaux ont été effectués sur les vibrations de la machine asynchrone. La plupart des défauts connus peuvent être détectés avec ce type d’approche. Cependant, l’équipement nécessaire pour l’acquisition des signaux reste encore coûteux. I.4.7.1 Analyse fréquentielle des courants statoriques et du flux de dispersion L’analyse des courants statoriques dans le domaine fréquentiel reste la méthode la plus couramment utilisée car le spectre résultant contient une source de renseignement sur la majorité des défauts électriques et magnétiques pouvant apparaître au sein d’une machine asynchrone. Nous savons que le suivi de l’amplitude des composantes caractéristiques de fréquence (1 ± 2 k g)fs dans le spectre du courant permet de se renseigner sur l’état de la cage ro- torique. A titre d’exemple, nous présentons sur les figures I.5(a) et I.5(b) le spectre du courant statorique lorsque la machine fonctionne avec un rotor sain et un rotor défaillant (une barre cassée). Nous apercevons une nette augmentation de l’amplitude de ces composantes, ce qui traduit la présence d’un défaut au sein de la cage d’écureuil. Certains auteurs se sont penchés sur l’analyse du flux de dispersion de la machine asynchrone pour la détection des courts-circuits entre spires statoriques. Ils ont montré que l’apparition de ce type de défaut induisait des composantes additionnelles dans le spectre fréquentiel du flux de dispersion [30]. Cette nouvelle approche permet de détecter, tant un défaut statorique, qu’un défaut rotorique en utilisant un capteur de flux relativement peu coûteux. (1 − 2 k g )fs 31 0 0 −10 −10 −20 −30 −40 −50 −60 −70 PSfrag replacements −80 −90 −100 −110 0 (1 + 2 k g )fs Densité spectrale de puissance (dB) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles −20 (1 + 2 k g )fs (1 − 2 k g )fs −30 −40 −50 −60 −70 −80 −90 −100 20 40 60 Fréquence (Hz) (a) Rotor sain 80 100 −110 0 20 40 60 Fréquence (Hz) 80 100 (b) Rotor avec une barre cassée Fig. I.5 : Spectre du courant statorique (Résultats expérimentaux) I.4.7.2 Analyse fréquentielle du couple électromagnétique et de la vitesse rotorique Lorsqu’une rupture de barre apparaît, les spectres fréquentiels de la vitesse rotorique et du couple électromagnétique laissent paraître des composantes supplémentaires situées aux fréquences 2 k g fs . Cependant, il s’est avéré que l’analyse de ces composantes ne nous renseigne pas aussi bien sur le défaut rotorique que celles présentes dans le spectre du courant statorique (augmentation des amplitudes moins significative). De plus, l’acquisition de ces deux signaux nécessite un équipement assez coûteux par rapport à un simple capteur de courant, ce qui limite leur utilisation pour le diagnostic de défauts des machines asynchrones. Certains systèmes reconstruisent une image du couple électromagnétique à partir des tensions et des courants mesurés sur la machine, mais cette approche reste moins efficace que les méthodes précédemment citées. I.4.7.3 Analyse fréquentielle de la tension de neutre En 1998, Cash a utilisé la tension présente entre le neutre de la source d’alimentation et le neutre de la machine asynchrone1 pour détecter des courts-circuits entre spires dans le bobinage statorique [31]. Une analyse similaire a été effectuée par nos soins dans le but de détecter un défaut rotorique dans les machines asynchrones [32] [33]. Nous avons montré que l’information donnée par la tension présente entre les deux neutres était pertinente pour le diagnostic des défauts rotoriques. Cette technique a tout 1 à condition que la machine soit couplée en étoile sur l’alimentation 32 Chapitre I : Etat de l’art d’abord été testée sur différents essais de simulation pour être ensuite validée sur des essais expérimentaux. L’information la plus significative pour permettre un diagnostic fiable de la cage rotorique se situe au niveau des composantes harmoniques de fréquence fbt± = [3 (1 − g) ± g]fs . Nous présentons sur les figures I.6(a) et I.4(b) le spectre fréquentiel de cette tension lorsque la machine asynchrone fonctionne avec une cage saine et une cage 0 0 −10 −10 + fbt −20 −30 − fbt −40 PSfrag replacements −50 −60 −70 100 120 140 160 Fréquence (Hz) (a) Rotor sain 180 200 Densité spectrale de puissance (dB) g replacements Densité spectrale de puissance (dB) présentant une barre cassée (essais effectués à charge nominale). + fbt − fbt −20 −30 −40 −50 −60 −70 100 120 140 160 Fréquence (Hz) 180 200 (b) Rotor avec une barre cassée Fig. I.6 : Spectre de la tension de neutre (Résultats expérimentaux) Nous avons remarqué, à partir des essais expérimentaux, que l’augmentation de l’amplitude de ces composantes est plus significative que celle présente à la fréquence (1−2 g)f s dans le spectre fréquentiel du courant statorique lorsque le défaut rotorique apparaît. De plus, l’acquisition de ce signal reste aussi simple que le courant statorique. Cependant, il est préférable que le neutre de la source d’alimentation ne doit pas être trop éloigné de celui de la machine. I.4.7.4 Analyse fréquentielle de la puissance instantanée La quantité d’information donnée par la puissance instantanée d’une phase, qui n’est autre que le produit de la tension d’alimentation et du courant absorbé par le moteur, est plus importante que l’analyse du courant seul [34] [35]. En effet, en plus de la composante fondamentale et des deux composantes latérales, le spectre de la puissance instantanée contient une composante additionnelle située à la fréquence de défaut comme le montre I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles 33 la relation suivante : π mVLL IL h cos (2 ωs − ωf ) t − ϕ − ps (t) = ps0 (t) + 2 6π i π + cos (2 ωs + ωf ) t − ϕ − + 2 cos ϕ + cos(ωf t) 6 6 avec ps0 (t) = VLL ILL h (I.20) π π i cos 2 ωs t − ϕ − + cos ϕ + 6 6 (I.21) Dans cette expression, ps (t) représente la puissance instantanée d’une phase statorique, m l’indice de modulation, VLL la valeur RMS de la tension entre phase, IL le courant de ligne et ωf la pulsation d’oscillation (pulsation de défaut) exprimée en radians. Les termes ωs et ϕ représentent respectivement la pulsation des courants d’alimentation exprimée en radians et l’angle de déphasage entre le courant absorbé par le moteur et la tension. Les figures I.7(a) et I.7(b) montrent clairement la présence de ces composantes basses fréquences lorsque la cage de la machine présente une défaillance (essais effectuées à charge nominale). Le fait de retrouver ces composantes dans une bande fréquentielle bornée facilite leur détection et permet donc d’améliorer le diagnostic de défaut. Cette représentation rappelle celle obtenue avec l’analyse fréquentielle du module du vecteur de Park mais la différence, avec l’analyse de la puissance, réside dans le fait que seule l’acquisition d’un courant et d’une tension est nécessaire. Ce type de signal est aussi utilisé pour détecter les défauts d’origine mécanique (variation du couple de charge par exemple) ou encore les courts-circuits entre spires statoriques [36] [37] [38]. −30 0 2gfs 4gfs 6gfs 8gfs 2gfs −50 PSfrag replacements −60 −70 −80 −90 Densité spectrale de puissance (dB) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 −40 −20 4gfs −30 6gfs −40 −50 8gfs −60 −70 −80 −90 −100 0 5 10 15 20 Fréquence (Hz) (a) Rotor sain 25 30 −100 0 5 10 15 20 Fréquence (Hz) 25 (b) Rotor avec une barre cassée Fig. I.7 : Spectre de la puissance instantanée (Résultats expérimentaux) 30 34 Chapitre I : Etat de l’art I.4.8 Technique additionnelle Récemment, une technique intéressante a été proposée par J. Milimonfared pour la détection de barres cassées dans les moteurs asynchrones [39]. Cette technique est basée sur un test d’ouverture de phase lorsque la machine asynchrone fonctionne à vide. Au moment où les trois phases statoriques de la machine sont déconnectées de l’alimentation, nous savons que les courants rotoriques induisent des tensions dans les bobinages statoriques. Lorsque le rotor de la machine est sain, la force magnétomotrice produite par les courants des barres rotoriques après la déconnexion de la source d’alimentation est à prédominance sinusoïdale. Par conséquent, les tensions générées dans les bobinages statoriques ne contiennent pas ou peu d’harmoniques significatifs, mise à part l’harmonique fondamental ou encore les harmoniques créés par l’encochage rotorique. Si la cage d’écureuil présente une ou plusieurs barres cassées, la tension induite dans les bobinages statoriques n’est plus sinusoïdale ce qui provoque l’apparition de composantes harmoniques supplémentaires spécifiques au défaut rotorique. Nous donnons aux figures I.8(a) et I.8(b) les spectres fréquentiels de la tension composée Uab présente aux bornes de la machine lors d’une déconnexion de la source d’alimentation. Comme prévu par les auteurs, nous avons une augmentation de l’amplitude des 0 Densité spectrale de puissance (dB) Densité spectrale de puissance (dB) 0 −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 200 400 600 Fréquence (Hz) 800 (a) Rotor sain 1000 −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 200 400 600 Fréquence (Hz) 800 1000 (b) Rotor avec une barre cassée Fig. I.8 : Spectre de la tension composée Uab après déconnexion de la source d’alimentation (Résultats expérimentaux) composantes harmoniques de rang (6 m ± 1) (m = 0, 1, 2 . . .) lorsque la cage rotorique présente une défaillance. La quantification du défaut reste cependant difficile étant donné que le spectre de la tension composée obtenue pour un rotor sain présente des composantes I.4 : Méthodes de diagnostic actuelles 35 harmoniques de fréquences identiques. Cependant, la technique proposée est intéressante puisqu’elle se dégage des perturbations (harmoniques de temps) et des déséquilibres générés par la source d’alimentation. De plus, cette méthode requiert peu de points pour le calcul de la transformée de Fourier car il ne faut prendre que les premières périodes de la tension composée pour considérer le signal comme étant stationnaire. Le principal inconvénient est l’impossibilité d’utiliser cette méthode sur des machines faisant partie intégrante d’un système de production. Cette technique peut cependant être intéressante pour le diagnostic des défauts rotoriques dans une entreprise de fabrication de machines électriques (diagnostic de la machine en sortie de chaîne de production par exemple). La détection d’un défaut naissant avec cette technique reste, à l’heure actuelle, encore difficile. Conclusion Nous avons montré que les principaux éléments de constitution d’un machine asynchrone triphasée peuvent présenter des défaillances qui induisent, pour la plupart d’entre elles, un arrêt intempestif de la machine asynchrone. C’est pour pallier ce problème que le diagnostic de défaut a pris une importance de plus en plus grandissante dans les milieux industriels. Cet essor a fait naître des techniques de diagnostic dans le but de se prémunir de ces arrêts imprévisibles. Nous avons vu que la détection d’un défaut, qu’il soit mécanique ou électrique, s’effectue majoritairement par la surveillance de l’amplitude de composantes spécifiques dans le spectre fréquentiel d’une grandeur mesurable. C’est pour cette raison que nous avons présenté quelques estimateurs classiques de la densité spectrale de puissance d’un signal temporel. Dans la continuité de la présentation, nous avons abordé les méthodes de détection existantes en discutant de leurs atouts et de leurs faiblesses. Dans la majorité des cas étudiés, les techniques conventionnelles de diagnostic, qui utilisent la transformée de Fourier rapide, suffisent. Cependant, il s’avère que lorsque le signal à analyser est non-stationnaire, les transformations temps-fréquence et temps-échelle fournissent un outil plus adapté pour la détection et le diagnostic de défauts. En effet, ces techniques montrent quelques avan- 36 Chapitre I : Etat de l’art tages dans des applications particulières où la vitesse rotorique change rapidement. Objectif de la thèse Nous avons constaté que la majorité des méthodes utilisées pour le diagnostic des défauts de la machine asynchrone ne permettent pas de détecter un défaut naissant. Par exemple, la détection d’une barre partiellement cassée reste quasiment impossible à ce jour. De plus, il s’est avéré que les méthodes de diagnostic basées sur la surveillance des composantes du spectre fréquentiel des grandeurs temporelles de la machine utilisent toujours une référence, référence obtenue en analysant le spectre fréquentiel du moteur sain, pour diagnostiquer la présence d’un défaut. En complément de ces remarques, nous trouvons peu de travaux consacrés au diagnostic de la machine asynchrone lorsque celleci est alimentée par un convertisseur statique. Ceci est paradoxal car les applications industrielles utilisent de plus en plus de systèmes où les machines asynchrones fonctionnent à vitesse variable. C’est donc dans ce sens que nous avons donc décidé d’orienter notre travail. Comme la détection d’un défaut rotorique au sein des machines asynchrones a déjà fait l’objet de plusieurs études au sein du laboratoire, il a été décidé de poursuivre dans cette voie [40] [41]. L’objectif fixé en début de thèse consistait à étudier les différents phénomènes qui apparaissent au niveau des grandeurs temporelles de la machine lorsque la cage rotorique présente un défaut de type rupture d’une ou plusieurs barres. Pour ce faire, le développement d’un modèle de machine le plus fidèle possible a du être envisagé (sa description fait l’objet du chapitre suivant). Après avoir analysé ces grandeurs dans le domaine fréquentiel et déterminé les composantes créées par ce type de défaut, nous avons porté notre attention sur l’élaboration de méthodes de diagnostic permettant la détection d’un défaut rotorique naissant (une barre partiellement cassée) et d’un défaut rotorique établi (une barre complètement cassée) lorsque la machine asynchrone est alimentée par le réseau triphasé ou par un convertisseur statique. Chapitre II Modélisation de la machine asynchrone Introduction Il y a quelques années, les programmes de simulation faisaient intervenir la transformation de Clarke ou celle de Park pour pouvoir effectuer une simulation de la machine asynchrone dans un temps relativement court [16] [42]. A ce jour, grâce à l’évolution des technologies informatiques et des processeurs en particulier, nous pouvons nous passer de ces transformations, ce qui permet, dans le cas de la machine asynchrone à cage d’écureuil, de calculer tous les courants de barres rotoriques et d’anneaux de court-circuit. Ce chapitre présente un modèle de la machine asynchrone à cage d’écureuil dont la particularité est de n’introduire aucune transformation. Dans un premier temps nous discutons des méthodes couramment utilisées pour modéliser ce type de machine électrique. Nous introduisons ensuite les outils nécessaires à la résolution du modèle choisi. Nous montrerons que ce modèle est composé essentiellement de résistances et d’inductances, ce qui nous amènera à présenter les méthodologies existantes pour déterminer la valeur de ces paramètres. Des résultats de simulation, dans le cas d’un fonctionnement sain et défaillant de la machine, seront présentés ainsi qu’une analyse harmonique des grandeurs temporelles telles que le couple électromagnétique ou le courant statorique. 38 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.1 Méthodes de modélisation A ce jour, les modèles qui décrivent le fonctionnement de la machine asynchrone à cage d’écureuil peuvent être décomposés en deux parties bien distinctes : – les modèles dits "physiques" ; – les modèles dits "comportementaux". En ce qui concerne les modèles physiques, ce sont les lois régissant l’électromagnétisme qui sont utilisées pour décrire le fonctionnement de la machine asynchrone. Ces modèles sont divers et peuvent varier en complexité et/ou en précision selon la méthode de modélisation utilisée [43]. Nous ne les citerons pas tous mais nous pouvons énoncer les plus populaires dont ceux basés sur : – la méthode des éléments finis ; – la méthode des réseaux de perméance ; – la méthode des circuits électriques magnétiquement couplés. Les modèles comportementaux, quant à eux, reprennent les modèles physiques en y incluant des paramètres supplémentaires. Ces paramètres permettent la détection, et pour certains d’entre eux, la localisation du défaut observé. Nous introduisons alors une description exhaustive de ces différentes méthodes de modélisation pour permettre une compréhension adéquate des problèmes propres à chacune d’entre elles. II.1.1 Méthode des éléments finis La méthode des éléments finis est une approche qui requiert un temps de calcul important. Le circuit magnétique de la machine est découpé en plusieurs éléments de dimension faible pour permettre de considérer le matériau magnétique linéaire sur les surfaces correspondantes. L’utilisation des équations de Maxwell, à partir des formes locales, permet de résoudre le problème. La résolution analytique correspondante est complexe et ne permet de traiter le phénomène de saturation que de façon approchée [4]. De nombreux logiciels ont vu le jour pour permettre d’aborder cette approche difficile. Nous pouvons citer Flux 2D, Flux 3D ou encore Maxwell. Le but principal de ces logiciels est, rappelons le, de déterminer la cartographie du champ magnétique présents dans les machines électriques dans l’objectif d’optimiser le dimensionnement de ces dernières. II.1 : Méthodes de modélisation II.1.2 39 Méthode des réseaux de perméance La méthode des réseaux de perméance est basée sur la décomposition en tubes de flux élémentaires du circuit magnétique de la machine asynchrone. Chaque tube ainsi obtenu est caractérisé par sa perméance suivant qu’il se trouve dans le fer ou dans l’air. A partir de cette décomposition, on construit un réseau dit de perméance. Ces réseaux peuvent être assimilés à un circuit électrique habituel à la différence près que ce sont les flux et les différences de potentiels magnétiques qui entrent en jeu à la place des courants et des différences de potentiels électriques. Cette approche permet de prendre en compte les caractéristiques du fer utilisé pour la construction de la machine asynchrone. En effet, le calcul des différentes perméances ne peut se faire qu’en fixant une valeur précise pour la perméabilité relative du fer µr . Le mouvement de rotation de la machine est pris en compte par l’intermédiaire de perméances d’entrefer variables selon la position du rotor de la machine. II.1.3 Méthode des circuits électriques magnétiquement couplés Les inductances propres et mutuelles entre le stator et le rotor de la machine prennent une place importante dans cette méthode de modélisation car elles contiennent la signature des différents phénomènes pouvant apparaître au sein de la machine asynchrone. Une modélisation précise de ces inductances mènera à un apport d’informations supplémentaires sur les signaux tels que le courant statorique ou encore la vitesse rotorique. Cette approche offre un bon compromis en terme de précision du modèle et de temps de calcul. De plus, ce type de modélisation permet de prendre en compte un certain nombre de défauts d’origine électromagnétique tels que les défauts de court-circuit entre spires statoriques, les défauts de type rupture de barre rotorique et/ou de portion d’anneau de court-circuit. Nous pouvons aussi intégrer à ce type de modèle les défauts d’excentricité statique et dynamique. 40 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.2 Modèle de la machine en absence de défaillance Dans notre étude, nous utiliserons la méthode des circuits électriques magnétiquement couplés pour simuler le fonctionnement de la machine asynchrone. Les travaux déjà effectués au sein de notre équipe depuis 1996 et les facilités apportées par cette approche pour étudier les défauts magnétiques nous ont semblé être les plus adéquates pour analyser l’influence d’une rupture de barre sur le fonctionnement de la machine asynchrone. Dans cette méthode, les inductances peuvent être calculées soit en utilisant les fonctions de bobinage comme l’ont fait les laboratoires du GREAH et du LEII, en sachant que cela impose une connaissance précise de la forme du bobinage de la machine [44] [45] [46], soit en utilisant une décomposition en séries de Fourier de l’induction d’entrefer de la machine [47]. Cette dernière approche nous a semblé la plus adéquate étant donné que nous n’avons pas les informations nécessaires pour calculer les inductances de la machine par la méthode des fonctions de bobinage. En effet, le calcul de ces inductances par une décomposition en séries de Fourier ne nécessite pas de connaissance précise du bobinage de la machine car les termes relatifs à l’étalement, au raccourcissement, à l’inclinaison du bobinage sont intégrés au calcul des inductances à travers des coefficients spécifiques. Ce type de modélisation permet donc de prendre en compte les harmoniques des inductances souhaités (simulation possible au fondamental de l’induction ou avec les harmoniques d’espace les plus importants). Tout type de modélisation ne peut se faire sans effectuer quelques hypothèses qui font l’objet de la suite de cette partie. Nous développerons ensuite les équations des circuits électriques statoriques et rotoriques pour permettre la résolution numérique du modèle proposé. II.2.1 Hypothèses de départ Le premier objectif de cette modélisation est de mettre en évidence l’influence des défauts électriques sur les grandeurs temporelles de la machine asynchrone (courants, vitesse, couple, ...). Pour ce faire, il est indispensable de poser certaines hypothèses qui ont pour but de faciliter la mise en équations des circuits électriques de la machine. Cependant, étant donné que le modèle de la machine asynchrone à cage est développé en II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 41 vue de la surveillance et du diagnostic, il faut imposer un minimum d’hypothèses si nous voulons que le vecteur de sortie (grandeurs temporelles) soit le plus exploitable possible. Dans l’approche proposée, nous avons supposé la linéarité du circuit magnétique (perméabilité relative du fer très grande devant 1). Cette hypothèse nous a permis d’introduire le concept d’inductance propre et mutuelle entre les bobinages statoriques et rotoriques. L’effet de peau, dans cette approche, a été négligé. Nous avons supposé que les barres rotoriques étaient isolées les unes des autres ce qui permet d’éliminer les courants inter-barres et leurs effets au sein même de la cage rotorique. De plus, les pertes fer de la machine, les effets capacitifs et les effets thermiques ont été négligés dans la construction du modèle de la machine asynchrone à cage d’écureuil. Le modèle exposé prend en compte les harmoniques d’espace du bobinage statorique les plus importants ainsi que l’inclinaison des barres rotoriques. Les harmoniques de temps créés par un réseau d’alimentation triphasé ou par un convertisseur statique ont été incorporés dans la modélisation de l’alimentation de la machine asynchrone. II.2.2 Structure du stator Le stator de la machine étudiée est un stator triphasé de m encoches statoriques. Une phase statorique est composée de plusieurs bobines logées dans les encoches du stator. PSfrag replacements R Ces bobines statoriques sont placées de sorte à obtenir une distribution de la force mala Lla gnétomotrice la plusRlbsinusoïdale possible le long de l’entrefer. La figure II.1 donne une Llb Rlc représentation de la Lmodélisation choisie pour les trois phases statoriques de la machine lc e sa e sb e sc Js1 Js2 Js3 Rs a υsa ila ilb ilc isa Rs b υsb Ls a isb Rs c υsc Ls b isc Ls c Fig. II.1 : Circuits électriques adoptés pour la modélisation des trois phases statoriques 42 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone asynchrone. La valeur des inductances est fonction du nombre de bobines ainsi que du type de bobinage mis en place dans les encoches statoriques (concentrique, imbriqué, ...), celle des résistances dépend essentiellement de la longueur, de la section et du type de cuivre utilisé. II.2.3 Structure du rotor La cage d’écureuil de la machine se compose de Nr encoches rotoriques qui peuvent être soit ouvertes soit fermées sur l’entrefer. La cage rotorique peut se décomposer en (Nr + 1) circuits électriques rotoriques indépendants. En effet, si nous considérons deux barres rotoriques adjacentes ainsi que les segments d’anneau de court-circuit les reliant, nous obtenons une boucle rotorique fermée qui peut être étudiée sous forme de circuit électrique. Un des anneaux de court-circuit crée par conséquent une boucle supplémentaire ce qui porte le nombre de boucle totale à (Nr +1). Nous associons à chacune de ces boucles un courant, ce qui nous amène à calculer (Nr + 1) courants rotoriques. Chaque barre rotorique est modélisée par une inductance en série avec une résistance, tout comme chaque segment d’anneau de court-circuit [48]. La figure II.2 nous donne la forme des circuits électriques adoptée pour la modélisation de la cage d’écureuil rotorique. Pour permettre une compréhension adéquate du modèle de la cage d’écureuil de la machine, on nomme : – Rrbk la résistance d’une barre rotorique k ; – Lrbk l’inductance de fuite d’une barre rotorique k ; la résistance du segment d’anneau de court-circuit extérieur k ; – Raext k – Lext ak l’inductance de fuite du segment d’anneau de court-circuit extérieur k ; la résistance du segment d’anneau de court-circuit intérieur k ; – Raint k – Lint ak l’inductance du segment d’anneau de court-circuit intérieur k ; – irbk le courant circulant dans la barre rotorique k ; – iint ak le courant dans le segment d’anneau de court-circuit intérieur k ; – iext ak le courant dans le segment d’anneau de court-circuit extérieur k ; – jrk le courant circulant dans la boucle rotorique k ; – jrcc le courant circulant dans l’anneau de court-circuit intérieur. II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 43 ext Ra jrk-1 ext La k+2 iaext Lrb k+2 Lrb k+2 Nr iaext Nr Nr-1 ext La ext Ra k+2 irb Lrb ext Ra irb k+2 jrk+2 k+1 Rrb Rrb k+2 Nr Nr-1 Lrb jrNr Nr ext Nr-1 La k+1 irb k+1 Rrb iaext Rrb k+1 irb Nr iaext 1 k+1 i aintk+2 R int La k+2 jrk+1 ext La k+1 Lrb Rrb k irb i aintk+1 k R R i aintk jr k Rrb k-1 int La k int Ra k-1 int La k-1 int jr 1 int int a k+1 int ak i aintNr int a Nr ext Ra La Nr R int a1 i aint1 Rrb Lrb 1 irb int int ext k int a k+2 La k+1 k R Ra 1 Nr jrcc La 1 R 1 int a2 int La 2 i aint2 ext Rrb La jr 2 2 i a k-1 iaext irb k Lrb irb k-1 k-1 Rrb ext La iaext 2 2 Lrb 2 ext k-2 k jrk-1 irb Lrb ext Ra k-2 k-2 k-1 ext a k-1 i ext La 1 1 k-1 Fig. II.2 : Circuits électriques adoptés pour la modélisation de la cage rotorique Ra 2 2 44 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.2.4 Equations différentielles associées II.2.4.1 Equations différentielles du stator Ces équations différentielles vont nous permettre d’associer le vecteur tension, le vecteur courant ainsi que le vecteur flux pour les trois phases statoriques s a , sb et sc . En appliquant la loi d’Ohm sur les trois phases statoriques, nous obtenons : [Vs ] = [Rs ] [Is ] + d [Φs ] dt (II.1) où [Vs ] représente le vecteur tension, [Is ] le vecteur courant, [Φs ] le vecteur flux tel que : v sa [Vs ] = vsb v sc i sa [I ] = i sb s i sc φ sa [Φ ] = φ sb s φ sc (II.2) La matrice des résistances [Rs ], où sont regroupées les résistances de chacune des phases statoriques, se met sous la forme suivante : R sa [Rs ] = 0 0 0 R sb 0 0 0 R sc (II.3) Les trois phases statoriques sont non seulement magnétiquement couplées entre elles mais également avec les circuit électriques rotoriques. Par conséquent, les courants de boucles rotoriques notés ici [Jr ] interviennent dans les équations des trois flux statoriques comme le montre l’équation ci dessous : [Φs ] = [Ls ] [Is ] + [Msr ] [Jr ] (II.4) La matrice inductance [Ls ] se compose des inductances propres, de magnétisation, de fuites et mutuelles des trois phases statoriques. Elle peut se mettre sous la forme : L Ms a s b Ms a s c sa sa [Ls ] = Msb sa Lsb sb Msb sc Ms c s a Ms c s b L s c s c où L s a s a = L m sa sa + L f sa sa L s b s b = L m sb sb + L f sb sb L s c s c = L m sc sc + L f sc sc (II.5) II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 45 La matrice des inductances mutuelles [Msr ] entre les trois phases statoriques et les (Nr +1) boucles rotoriques se met sous M sa r 1 [Msr ] = Msb r1 Ms c r 1 la forme matricielle suivante : Ms a r 2 · · · M sa r k · · · Msa rN r Msa rcc Ms b r 2 · · · M sb r k · · · Msb rN r Msb rcc Ms c r 2 · · · M sc r k · · · Msc rN r Msc rcc Le vecteur [Jr ] regroupe les (Nr + 1) courants de boucles rotoriques : [Jr ] = h jr1 jr2 . . . jrk . . . jrN r jrcc iT (II.6) (II.7) Les équations des trois phases statoriques de la machine étant maintenant décrites, les équations associées aux circuits électriques de la cage rotorique sont maintenant abordées. II.2.4.2 Equations différentielles du rotor Tout comme pour les équations du stator de la machine asynchrone, les équations natives des circuits électriques rotoriques peuvent se mettre sous une forme matricielle. Nous relions les tensions de chacune des boucles rotoriques avec les courants et les flux grâce à l’équation : [Vr ] = [Rr ] [Jr ] + d [Φr ] dt (II.8) Le vecteur [Φr ], donné dans l’équation précédente, se décompose de la façon suivante : [Φr ] = h φr1 φr2 . . . φrk . . . φrN r φrcc iT (II.9) Nous devons noter que dans le cas particulier de la machine asynchrone à cage d’écureuil, le vecteur tension [Vr ] est nul. Les résistances des (Nr + 1) boucles rotoriques sont regroupées dans la matrice [Rr ] qui est décrite à l’équation II.11. Les boucles rotoriques étant magnétiquement couplées aux phases statoriques, le vecteur flux [Φr ] dépend non seulement des courants de boucles rotoriques mais aussi des courants de chacune des phases statoriques si bien que : [Φr ] = [Lr ] [Jr ] + [Mrs ] [Is ] (II.10) où la matrice inductance [Lr ], décrite à l’équation II.12, se compose des inductances propres, de magnétisation, de fuite et mutuelles de chaque boucle rotorique. La matrice [Lr ] = [Rr ] = Rrt1 Nr −Rrb1 . .. 0 .. . −Rrb −Raint 1 −Rrb1 Rrt2 . .. 0 .. . 0 −Raint 2 0 −Rrb2 . .. 0 .. . 0 −Raint 3 avec ··· ··· . .. ··· .. . ··· ··· Rrt1 . .. 0 0 . .. −Rrb .. . 0 k−1 −Raint k−1 = . .. = .. . Rrtk .. . ··· ··· . .. Rrtk .. . 0 0 0 . .. −Rrb k .. . 0 ··· ··· . .. ··· .. . ··· ··· 0 0 . .. N r−1 0 .. . −Rrb −Raint N r−1 + Raint + Raext 1 1 . .. −Raint k+1 b1 k + Rrb + Raint + Raext k k + Rr −Raint k Rr k−1 bN r R rb .. . −Rrb 0 . .. 0 .. . Nr RrtN r −Raint Nr −Raint 1 −Raint 2 . .. −Raint k .. . Raint k −Raint Nr Nr k=1 Mr1 rN r−1 + Raint + Raext Nr Nr ··· Mr2 rN r−1 Nr Mr1 rk+1 + R rb Mr2 rk+1 N r−1 M r1 rk R rb M r2 rk ··· . . . ··· . . . = Mr1 rk−1 . . . ··· . . . RrtN r ··· Mr2 rk−1 . . . Mrk rk+1 − Lf bk ··· −L M r1 r3 . . . Lrrk . . . f b1 ··· . . . . . . Lrr2 M r2 r3 − L f b2 . . . Mr r − Lf bk−1 k k−1 . . . M r1 r2 . . . M rk r3 ··· . . . Lrr1 M r2 r1 − L f b1 . . . M rk r2 ··· MrN r rN r−1 . . . M rk r1 . . . MrN r rk+1 int −La N r−1 − . . . M rN r rk − . . . MrN r rk−1 Lf bN r−1 M rN r r3 L f bN r M rN r r2 M rN r r1 int −La k+1 Lmb1 + LrbN r int + Lext + Lrb1 + La a1 1 . . . ··· int −La k Lmbk + Lrbk−1 int + Lext + Lrbk + La ak k . . . − L f bN r M r2 rN r M r1 rN r . . . 0 . . . LrrN r int −La Nr (II.11) int −La 1 int −La 2 . . . int −La k . . . int La k int −La Nr Nr k=1 int −La k−1 = . . . = . . . int + Lext LmbN r + LrbN r−1 + LrbN r + La aN r Nr ··· Lrr1 . . . . . . = Lrrk LrrN r int −La 3 int −La 2 int −La 1 avec Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone 46 (II.12) II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 47 [Mrs ], décrite à l’équation II.13, se compose des inductances mutuelles entre les (Nr + 1) boucles rotoriques et les trois phases statoriques. Mr 1 s a Mr 1 s b Mr 1 s c Mr 2 s a Mr 2 s b Mr 2 s c .. .. .. . . . [Mrs ] = Mrk sa Mrk sb Mrk sc .. .. .. . . . Mr N r s a Mr N r s b Mr N r s c Mrcc sa Mrcc sb Mrcc sc (II.13) Notons qu’à travers la réciprocité des inductances mutuelles entre les phases statoriques et les boucles rotoriques, nous avons [Mrs ] = [Msr ]T . Les équations électriques des (Nr +1) boucles rotoriques étant décrites, nous abordons la description des équations mécaniques de la machine asynchrone. II.2.4.3 Equations mécaniques de la machine Les équations mécaniques qui régissent le fonctionnement de la machine asynchrone peuvent se mettre sous la forme : Jt dΩ = Cem − fv Ω − Cr dt dθ Ω = dt (II.14) (II.15) où Jt représente le moment d’inertie de la machine étudiée, Ω sa vitesse rotorique, C em son couple électromagnétique, fv son frottement visqueux et Cr son couple de charge. L’équation II.15 lie la vitesse rotorique Ω à la position du rotor θ. Les paramètres Jt , fv et Cr dépendent directement de la machine étudiée et de sa charge. Le calcul du couple électromagnétique est déterminé en étudiant la coénergie magnétique avec l’équation : Wco = [Is ] T [Ls ] 1 2 [Jr ] [Mrs ] [Msr ] [Lr ] [Is ] [Jr ] (II.16) Si cette coénergie est exprimée en fonction des différents courants de phases de la machine, le couple électromagnétique se calcule en dérivant cette dernière par rapport à la position 48 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone θ que prend le rotor vis-à-vis du stator. L’expression du couple électromagnétique C em peut finalement être déterminée grâce à la relation : Cem = T 1 [Is ] d [Ls ] [Msr ] [Is ] 2 dθ [Mrs ] [Lr ] [Jr ] [Jr ] (II.17) Nous proposons ci-après un récapitulatif des équations électriques et mécaniques qui régissent le fonctionnement de la machine asynchrone à cage. II.2.5 d [Φs ] dt [Φs ] = [Ls ] [Is ] + [Msr ] [Jr ] d [Φr ] [Vr ] = [Rr ] [Jr ] + dt [Φr ] = [Lr ] [Jr ] + [Mrs ] [Is ] T [I ] [L ] [M ] [I ] 1 s s sr d s Cem = 2 dθ [Jr ] [Mrs ] [Lr ] [Jr ] 1 dΩ = (Cem − fv Ω − Cr ) dt Jt dθ Ω= dt [Vs ] = [Rs ] [Is ] + (II.18) Prise en compte des harmoniques d’espace dans le calcul des inductances de la machine Les harmoniques d’espace apparaissent lorsque la forme de la force magnétomotrice n’est pas sinusoïdale le long de l’entrefer. Pour intégrer ce phénomène au modèle de la machine asynchrone, une méthode consiste à calculer les différentes inductances de la machine à partir de l’expression de l’induction d’entrefer créée par chaque phase statorique [49] [50] [51]. L’induction d’entrefer, qui dépend de la force magnétomotrice créée par les trois phases statoriques, est décomposée en séries de Fourier pour permettre de prendre en compte les harmoniques les plus importants. II.2.5.1 Induction d’entrefer statorique Une forme possible de la force magnétomotrice créée par la phase statorique sa de la machine asynchrone est représentée sur la figure II.3. La décomposition en séries de S19 S20 S21 S22 S23 S24 S25 S26 S27 S28 S29 S30 S31 S32 S33 S34 S35 S36 II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 49 Fmma nI 2 5nI 12 nI 3 nI 4 nI 6 nI 12 θs 0 − nI 12 θs − − Nπr nI 6 − nI 4 π − nI 3 Nr π − 5nI −π 12 + Fr1 − nI 2 − Fr1 0 Fig. II.3 : Forme de la force magnétomotrice d’une phase statorique d’une machine asynchrone ayant 36 encoches statoriques et une paire de pôle Fourier de cette force magnétomotrice donne : ∞ X 2 ne I (−1)k Fmma (θs ) = cos((2k + 1) p θs ) π p 2k + 1 k=0 (II.19) où p, θs et ne représentent respectivement le nombre de paire de pôle, l’angle mécanique et le nombre de spires par encoche. En considérant le fait que le stator et le rotor de la machine sont lisses, l’expression de l’induction d’entrefer créée par la phase statorique s a devient alors : ∞ X 2 ne I (−1)k µ0 Fmma (θs ) = µ0 cos((2k + 1) p θs ) Bsa (θs ) = e π p e 2k + 1 k=0 (II.20) où e représente la longueur moyenne de l’entrefer et µ0 la perméabilité relative de l’air. Comme le bobinage de la machine asynchrone peut prendre différentes formes, nous devons introduire plusieurs coefficients tels que le coefficient d’étalement kse2k+1 , le coefficient d’inclinaison ksi2k+1 et le coefficient de bobinage ksr2k+1 propre à chaque phase statorique dans l’expression II.20. Ces coefficients sont fonction du rang de l’harmonique de l’induction d’entrefer considéré, leurs expressions mathématiques sont données ci-après : sin (2k + 1)p me Nπs kse2k+1 = (II.21) me sin (2k + 1) p Nπs ksi2k+1 sin p (2k + 1) = p (2k + 1) α2 α 2 (II.22) 50 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone ksr2k+1 π π = sin (2k + 1) δ sin (2k + 1) 2 2 (II.23) où les termes me , Ns , δ, α représentent le nombre d’encoches par pôle et par phase, le nombre d’encoches statoriques, la valeur du raccourci utilisée pour le bobinage statorique et la valeur de l’inclinaison des encoches statoriques et/ou rotoriques. Par conséquent, en introduisant un coefficient global ksw2k+1 égal au produit des trois coefficients précédemment décrits (ksw2k+1 = kse2k+1 ksr2k+1 ksi2k+1 ), nous obtenons pour l’induction d’entrefer finale de la phase statorique sa : ∞ X 2 Nsw I (−1)k Bsa (θs ) = µ0 ksw2k+1 cos ((2k + 1) p θs ) π p e 2k + 1 k=0 (II.24) La forme que prennent les inductions d’entrefer des phases sb et sc est identique à celle de la phase sa sauf qu’elles sont déphasées de ± 23 πp . La figure II.4 nous montre le niveau d’amplitude des différents harmoniques créés par la distribution de l’induction d’entrefer en fonction du raccourcissement choisi pour le bobinage statorique. Nous pouvons noter qu’un raccourcissement des bobinages statoriques de 2/3 a pour effet d’annuler les harmoniques d’espace de rang 3 k, il n’influe pas sur l’amplitude des autres. Par contre, en ce qui concerne le raccourci 5/6, il permet d’atténuer l’amplitude de tous les harmoniques d’espace mais n’en n’annule aucun [52]. PSfrag replacements Amplitude (% du fondamental) 25 Raccourci 1 Raccourci 2/3 Raccourci 5/6 20 15 10 5 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 Rang harmonique Fig. II.4 : Niveau d’amplitude des différents harmoniques d’espace S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12 S13 S14 S15 S16 S17 S18 S19 S20 S21 S22 S23 S24 S25 S26 S27 S28 S29 S30 S31 S32 S33 S34 S35 S36 II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance II.2.5.2 51 Induction d’entrefer rotorique La distribution de la force magnétomotrice d’une boucle rotorique est telle qu’elle ne prend seulement que deux valeurs suivant que nous sommes à l’intérieur ou à l’extérieur de la boucle (figure II.5). Par conséquent, nous obtenons deux types d’inductance : – l’inductance magnétisante d’une boucle rotorique ; – l’inductance mutuelle entre deux boucles rotoriques. L’expression de l’induction d’entrefer créée par une boucle rotorique nous donne, en supposant une perméance d’entrefer constante : Brk (θr ) = nI 2 5nI 12 nI 3 nI 4 nI 6 nI 12 − nI 2 − 5nI 12 − nI 3 − nI 4 nI −6 − nI 12 µ0 Frk (θr ) e (II.25) C’est à partir de cette induction que les inductances de magnétisation des boucles rotoriques ainsi que les inductances mutuelles entre chaque boucle seront calculées. Fr k + Frk Fmm1 0 − Nπr −π 0 π Nr π θr − Frk Fig. II.5 : Forme de la force magnétomotrice d’une boucle rotorique II.2.6 Calcul des inductances du modèle de la machine Les inductions d’entrefer étant connues, nous pouvons calculer l’expression des inductances statoriques et rotoriques de la machine en déterminant le flux propre et le flux mutuel de chacune des phases. II.2.6.1 Inductance de magnétisation d’une phase statorique Le calcul du flux magnétisant d’une phase statorique s’effectue grâce à la relation : I φ si sj = Nsw Bsi (θs ) dS avec dS = L R dθs (II.26) i=j S 52 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone où les indices i et j peuvent se substituer indépendamment à la lettre a, b ou c. Les termes L et R représentent la longueur active du circuit magnétique et le rayon moyen à l’entrefer. L’expression du flux d’une phase statorique donne : π p φsi sj = Nsw ksw2k+1 L R i=j φ si sj i=j Z2 Bsi (θs ) dθs (II.27) − 2πp ∞ 2 X 4 1 I Nsw = µ0 2 LR k2 2 sw2k+1 π p e (2k + 1) k=0 (II.28) ce qui nous permet d’obtenir l’expression de l’inductance magnétisante correspondante : L m si sj i=j ∞ 2 2 X ksw 4 Nsw 2k+1 = µ0 2 L R π p e (2k + 1)2 k=0 (II.29) où le terme (2k + 1) représente toujours le rang de l’harmonique d’espace considéré. II.2.6.2 Inductance mutuelle entre phases statoriques Pour le calcul de ces inductances, il suffit d’introduire l’angle mécanique ϕ si sj dans le calcul du flux. Cet angle représente l’écart angulaire entre la phase i et la phase j statorique. L’expression de l’inductance mutuelle entre deux phases statoriques nous donne : Ms i s j = i6=j ∞ 2 X ksw 4 N2 2k+1 cos((2k + 1) p ϕsi sj ) µ0 2sw L R 2 π p e (2k + 1) k=0 (II.30) où l’angle ϕsi sj est égale à ± 23 πp pour un stator triphasé. II.2.6.3 Inductances mutuelles entre les phases statoriques et les boucles rotoriques Le calcul de ces inductances s’effectue en introduisant le coefficient global rotorique krw2k+1 (notre rotor étant à cage, seul le coefficient d’inclinaison est pris en compte) et l’angle mécanique ϕrm si entre la phase statorique i et la boucle rotorique m pour le calcul du flux, ce qui nous donne : π φrm si = Nrw krw2k+1 L R ZNr − Nπ r Bsi (θs − ϕrm si ) dθr (II.31) II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance avec θs = θr + θ et ϕrm si = (i − 1) 53 2π 2π − (m − 1) 3p Nr En divisant cette expression par le courant concerné, nous obtenons pour l’expression de l’inductance mutuelle entre les phases statoriques et les boucles rotoriques : Mr m s i = ∞ X Mrs2k+1 cos (2k + 1) p k=0 où Mrs2k+1 2π 2π θ + (m − 1) − (i − 1) Nr 3p (II.32) π (−1)k Nsw Nrw 4 ksw2k+1 krw2k+1 sin (2 k + 1) p LR = µ0 π p2 e (2k + 1)2 Nr De plus, comme les circuits électriques statoriques sont en quadrature avec l’anneau de court-circuit intérieur, les inductances mutuelles correspondantes sont nulles. II.2.6.4 Inductance de magnétisation d’une boucle rotorique Comme pour le calcul des inductances de magnétisation statoriques, l’inductance magnétisante d’une boucle rotorique est déduite de l’expression du flux correspondant donné par l’expression : φ r bk = Z Z Brk .dS = jr Nr − 1 µ0 k 2 π L R 2 e Nr (II.33) L’inductance magnétisante est alors égale à : L r bk = II.2.6.5 Nr − 1 µ0 2πLR Nr 2 e (II.34) Inductances mutuelles entre les boucles rotoriques Ces inductances se calculent en introduisant l’angle mécanique ϕrm rn dans le calcul du flux. Cet angle représente l’écart angulaire entre la boucle rotorique m et la boucle rotorique n de la cage d’écureuil. L’expression de l’inductance mutuelle entre deux boucles rotoriques donne : Mr m r n = M r n r m = − 1 µ0 2πLR Nr 2 e (II.35) où les indices m et n peuvent être remplacés indépendamment par les nombres 1, . . . , N r . Comme toutes les expressions des inductances dépendent de la valeur de certaines grandeurs (L, R, e, ou encore Nr ), nous avons dû effectuer des mesures géométriques directement sur la machine asynchrone concernée. La connaissance de ces paramètres nous permet de présenter la forme des inductances mutuelles entre les bobinages statoriques et rotoriques pour un nombre d’harmoniques d’espace fixé. 54 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.2.6.6 Synthèses La figure II.6 nous donne la forme des inductances mutuelles entre les trois phases statoriques sa , sb , et sc et la boucle rotorique r1 en fonction de la position angulaire du rotor pour un nombre d’harmonique d’espace égal à 17 (2k + 1 = 17). La figure II.7 nous donne la forme de l’inductance mutuelle entre la phase statorique sa et les boucles rotoriques r1 , r2 , r3 et r4 pour un nombre d’harmoniques d’espace identique. Ces courbes montrent que les inductances mutuelles ne sont pas purement sinusoïdales. La prise en compte des harmoniques d’espace pour le calcul de ces inductances permet de s’affranchir d’une hypothèse couramment rencontrée (force magnétomotrice sinusoïdale). Nous donnons aux figures II.8 et II.9 les dérivées des inductances mutuelles représentées sur les figures II.6 et II.7. II.2.7 Détermination des paramètres de la machine asynchrone en vue de sa simulation Les inductances magnétisantes ainsi que les inductances mutuelles entre les circuits statoriques et rotoriques de la machine étant maintenant connues, nous allons déterminer la valeur : – des inductances de fuites des bobinages statoriques ; – des résistances et des inductances de fuites des barres de la cage rotorique ; – des résistances et des inductances de fuites des segments d’anneaux de court-circuit rotorique, – de la résistance des bobinages statoriques ; – des paramètres mécaniques. Il existe plusieurs approches, pour évaluer ces paramètres, basées sur différents types d’essais expérimentaux. Les résistances statoriques de la machine ont été déterminées en appliquant un échelon de tension aux bornes d’une des trois phases. Les résistances des barres et des segments d’anneau de court-circuit ont été calculées en utilisant les dimensions géométriques de la cage et en considérant que la matière utilisée pour sa construction est de l’aluminium injecté. Les inductances de fuites statoriques L fsi si et rotoriques Lrbk ont été assimilées à des inductances de fuites d’encoches, lesquelles ont été II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 55 −4 PSfrag replacements Inductance (H) 5 x 10 2.5 M s a r1 M s b r1 M s c r1 0 −2.5 −5 0 2 4 6 8 10 12 Angle de déplacement rotorique (Rd) Fig. II.6 : Inductance mutuelle entre les trois phases statoriques et une boucle rotorique −4 PSfrag replacements Inductance (H) 5 x 10 2.5 M s a r1 M s a r2 0 M s a r3 M s a r4 −2.5 −5 0 2 4 6 8 10 12 Angle de déplacement rotorique (Rd) Fig. II.7 : Inductance mutuelle entre une phase statorique et quatre boucles rotoriques −4 PSfrag replacements Inductance (H) 5 x 10 2.5 dMsa r1 dMsb r1 dMsc r1 0 −2.5 −5 0 2 4 6 8 10 12 Angle de déplacement rotorique (Rd) Fig. II.8 : Dérivé de l’inductance mutuelle entre les trois phases statoriques et une boucle rotorique −4 5 dMsa r1 Inductance (H) PSfrag replacements x 10 2.5 dMsa r2 0 dMsa r3 dMsa r4 −2.5 −5 0 2 4 6 8 10 12 Angle de déplacement rotorique (Rd) Fig. II.9 : Dérivé de l’inductance mutuelle entre une phase statorique et quatre boucles rotoriques 56 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone évaluées par calcul grâce aux relations données dans [1]. La valeur des inductances de fuites int des segments d’anneau de court-circuit extérieur et intérieur Lext ak ou Lak a été déterminée en prenant l’hypothèse qu’elles étaient égales à l’inductance de fuite d’une barre de la int cage rotorique (Lext ak = Lak = Lrbk ) comme l’a suggéré Vas dans [53]. Les paramètres mécaniques, quant à eux, ont été évalués en effectuant un essai de ralentissement. II.2.8 Alimentation de la machine asynchrone Tous les paramètres de la machine asynchrone étant maintenant connus, il nous reste à intégrer l’alimentation électrique. Cette alimentation peut s’effectuer de deux façons différentes, soit la machine est alimentée directement à partir du réseau triphasé, soit elle est alimentée à travers un convertisseur statique. De plus, en fonction des informations recueillies sur la plaque signalétique, les phases statoriques de la machine asynchrone peuvent être couplées en étoile ou en triangle. II.2.8.1 Modélisation du convertisseur statique La machine asynchrone peut être alimentée par un convertisseur statique (onduleur de tension par exemple), qu’elle soit couplée en étoile ou en triangle. Le point neutre du convertisseur étant rarement disponible, il n’y a, par conséquent, que trois fils qui relient le convertisseur statique et la machine asynchrone. Nous choisissons donc, pour modéliser le convertisseur, une structure à trois forces électromotrices, comme l’illustre la figure II.10. La modélisation des trois câbles de ligne reliant l’onduleur de tension à la machine PSfrag replacements asynchrone est faite en introduisant sur chacune des phases, une inductance notée L li mise en série avec une résistance notée Rli (l’indice i se substituant indépendamment aux lettres a, b ou c) [4]. E 2 E 2 e sa Lla ila Rla Ara e sb Llb ilb Rlb Arb e sc Llc ilc Rlc Arc Fig. II.10 : Modélisation du convertisseur statique II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 57 Lorsque la machine asynchrone est connectée directement au réseau d’alimentation triphasé, le modèle adopté pour ce type d’alimentation est exactement le même que celui décrit précédemment. La seule différence réside dans la forme des tensions esa , esb et esc appliquées aux trois phases statoriques. Si la machine asynchrone est connectée au réseau triphasé, ces trois forces électromotrices délivreront une tension dite sinusoïdale (aux harmoniques de temps prés). Par contre, si l’alimentation se fait par un convertisseur statique, les trois forces électromotrices délivreront une tension hachée dont la fréquence de l’onde fondamentale permettra de faire varier la vitesse de la machine. Le vecteur [Es ] regroupe les trois sources de tensions indépendantes et le vecteur [Il ] les trois courants délivrés à la machine asynchrone : h iT h iT [Es ] = esa esb esc et [Il ] = ila ilb ilc (II.36) Nous regroupons les trois résistances de ligne dans la matrice [Rl ] et les trois inductances de ligne dans la matrice [Ll ] tel que : R 0 0 la [Rl ] = 0 Rlb 0 0 0 R lc L 0 0 la et [Ll ] = 0 Llb 0 0 0 L lc (II.37) La modélisation de l’alimentation étant définie, nous allons pouvoir l’associer aux équations différentielles qui régissent le fonctionnement de la machine asynchrone. Nous exposons ci-après les démarches qui permettent d’aboutir au système d’équations final en fonction du couplage choisi (étoile ou triangle). II.2.8.2 Méthode des départements La méthodes des départements décrites dans [4] et [46] est une méthode particulièrement bien adaptée pour la résolution de problème impliquant les circuits électriques, surtout lorsque ceux-ci peuvent être résolus en tension. Au final, nous obtenons un système d’équations différentielles du premier ordre dont la résolution permet de connaître toutes les grandeurs (tensions, courants) du circuit électrique étudié. II.2.8.3 Couplage de la machine asynchrone Dans le cas d’un couplage des phases statoriques en étoile, le circuit électrique compte deux noeuds et trois branches, ce qui découpe le plan en deux départements comme 58 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone le montre la figure II.11. Deux courants de boucles, appelés Js1 et Js2 , sont associés à chaque département. Les six courants de lignes s’expriment en fonction des deux courants de boucle à travers la matrice de connexion étoile [Cet ] comme ceci : 1 0 J s1 [Il ] = [Is ] = [Cet ] [Jset ] avec [Cet ] = −1 −1 et [Jset ] = J s2 0 1 (II.38) Pour une connection des phases statoriques en triangle, le circuit électrique comporte quatre noeuds et six branches, ce qui découpe le plan en trois départements comme le montre la figure II.12. Trois courants de boucles, appelés Js1 , Js2 et Js3 , sont associés à chaque département. Les six courants de branches (trois courants de lignes et trois courants de phases) peuvent s’exprimer en fonction des trois courants de boucles statoriques grâce à la matrice de connection triangle [Ctri ] comme ceci : 1 0 0 −1 −1 0 j s1 0 1 0 [Il ] et [Js ] = = [Ctri ] [Jstri ] avec [Ctri ] = js 2 tri 1 0 1 [Is ] js 3 0 0 1 0 −1 1 (II.39) Le système d’équation II.18 doit être modifié pour prendre en compte le couplage étoile ou le couplage triangle de la machine asynchrone sur l’alimentation. De façon générale, en posant [Cg ] la matrice de connection globale pour un couplage étoile ou triangle, [R g ] la matrice des résistances globales du système, [Lg ] la matrice des inductances globales du système (ces deux matrices dépendent aussi du couplage choisi), [J ] le vecteur courant composé des courants de boucles statoriques et rotoriques et [E] le vecteur regroupant les sources de tensions indépendantes, nous aboutissons à la formulation suivante : d T T [Cg ] [Lg ] [Cg ] [J ] [C ] [E] = [C ] [R ] [C ] [J ] + {z } | g{z } | g {z g g} dt | [E] [R] [L] (II.40) L’équation précédente peut être développée pour faire apparaître le terme relatif à la vitesse de rotation de la machine Ω tel que : d [J ] d [L] [J ] + [L] [E] = [R] + Ω dθ dt (II.41) II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 59 υ la PSfrag replacements esa L la i la R la Rs a υsa i sa Js 1 Ls a υsb υ lb esb L lb i sb i lb R lb Ls b υsc Ls c isc Rs b Rs c Js 3 Js 2 υ lc esc L lc i lc R lc Fig. II.11 : Couplage en étoile des phases statoriques υ la PSfrag replacements esa L la i la R la Rs a Rs b υsa Js 1 i sa Ls a L lb i lb Ls c R lb i sc Rs c υsc Js 2 υ lc esc L lc i lc υsb Ls b Js 3 υ lb esb isb R lc Fig. II.12 : Couplage en triangle des phases statoriques 60 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone L’expression permettant d’obtenir le couple électromagnétique est par conséquent fonction du vecteur des courants de boucles [J ] : Cem = d [L] 1 [J ]T [J ] 2 dθ (II.42) Par conséquent, le système final lorsque la machine asynchrone est couplée soit en étoile, soit en triangle à l’alimentation électrique (réseau ou convertisseur) devient : d [L] d [J ] [E] = [R] + Ω [J ] + [L] dθ dt d [L] 1 Cem = [J ]T [J ] 2 dθ 1 dΩ = (Cem − fv Ω − Cr ) dt Jt Ω = dθ dt (II.43) Si nous reprenons les circuits électriques rotoriques présentés à la figure II.2 (page 43), nous pouvons nous apercevoir que les courants de barres, les courants des segments d’anneaux de court-circuit extérieur et intérieur et les courants de boucles rotoriques sont liés par la matrice de connexion rotorique [Cr ] dont une description complète peut être trouvée dans [46]. Quelques exemples de conversion sont présentés ci-après : irb1 .. . = j r2 − jr1 .. . = irbk .. . = jrk+1 − jrk .. . = irbNr = jr1 − jrNr II.2.9 iext a1 .. . iext ak .. . = = = = j r1 .. . iint a1 .. . = jrcc = . = .. = −jr1 .. . j rk .. . iint ak .. . = jrcc = . = .. = −jrk .. . iext a Nr = j r Nr (II.44) iint aNr = jrcc = −jrNr Exploitation du modèle de la machine asynchrone en absence de défaillances Le modèle complet de la machine asynchrone est maintenant connu, nous pouvons étudier l’évolution des grandeurs temporelles tels que les courants, le couple ou encore la vitesse rotorique lorsque la cage rotorique ne présente aucune défaillance. Pour prendre en compte les harmoniques de temps dans le modèle de la machine asynchrone, les trois sources de tensions indépendantes qui composent le vecteur [Es ] (équation II.36) ont pour II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 61 expression : ∞ ∞ X √ X esa = esah = 2 Esah cos(h ωs t − ϕh ) h=1 h=1 ∞ X X √ ∞ 2π ) Esbh cos(h ωs t − ϕh − h esbh = 2 esb = 3 h=1 h=1 ∞ X X √ ∞ 4π e = e = Esch cos(h ωs t − ϕh − h 2 ) sch sc 3 h=1 (II.45) h=1 Dans la suite de l’étude, nous ne présentons qu’une analyse fréquentielle des grandeurs temporelles de la machine asynchrone. Dans ce contexte, une analyse temporelle de ces grandeurs n’aurait aucun intérêt sachant que la cage rotorique ne présente pas de défaillance. De plus, une comparaison de cette analyse fréquentielle avec celle obtenue lorsque la cage rotorique présente un défaut permettra de visualiser avec précision les composantes créées par la rupture de barre. Le type de modélisation choisi permet d’étudier indépendamment l’influence de chaque harmonique d’espace sur les grandeurs temporelles de la machine asynchrone. De plus, la prise en compte des harmoniques de temps (tensions d’alimentation) permet, en plus de l’étude spécifique aux harmoniques d’espace, d’analyser l’influence de ceux-ci sur ces mêmes grandeurs. La possibilité de prendre en compte un quelconque harmonique d’espace et/ou un quelconque harmonique de temps permet d’étudier le contenu harmonique des grandeurs temporelles de la machine pour un point de fonctionnement donné. Afin de faciliter l’analyse du contenu spectral des grandeurs temporelles, nous utilisons les expressions des inductions totales statorique et rotorique créées par les bobinages statoriques et rotoriques de la machine asynchrone [54]. En supposant un entrefer lisse et constant sur toute la périphérie du stator et du rotor, l’induction d’entrefer créée par les trois bobinages statoriques de la machine peut être calculée grâce à la relation : BsT (θs , t) = 3 X µ0 i=1 e Fsi (θs , t) (II.46) où Fsi (θs , t) représente le développement en séries de Fourier de la force magnétomotrice de la phase statorique i ayant pour expression : ∞ X 2π Fsi (θs , t) = Fs(2 kes +1) isi (t) cos (2 kes + 1) p θs − (i − 1) 3p k =0 es (II.47) 62 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone Le courant de phase isi (t) se calcul grâce à l’équation : ∞ X isi (t) = Iskts cos kts kts =1 2π − ϕskts ωs t − (i − 1) 3 (II.48) si nous choisissons des courants quelconques. Les termes kes et kts représentent respectivement le rang des harmoniques d’espace du bobinage statorique et le rang des harmoniques de temps des courants statoriques considérés dans le modèle de la machine asynchrone. L’induction d’entrefer créée par les Nr boucles de la cage rotorique de la machine peut être mise sous la forme : BrT (θr , t) = Nr X µ0 k=1 e (II.49) Frk (θr , t) où Frk (θr , t) représente le développement en série de Fourier de la force magnétomotrice de la boucle rotorique k ayant pour expression : Frk (θr , t) = ∞ X ker =1 Frker 2π jrk (t) cos ker p θr − (k − 1) Nr p (II.50) Le courant de boucle jrk (t) se calcul grâce à la relation : jrk (t) = ∞ X ktr =1 Jrktr cos ktr 2π − ϕrktr ωr t − (k − 1) Nr (II.51) pour des courants de boucle quelconques. Les termes ker et ktr représentent respectivement le rang des harmoniques d’espace des bobinages rotoriques et le rang des harmoniques de temps des courants rotoriques considérés dans le modèle de la machine asynchrone. Les figures II.13, II.14, II.15 et II.16 présentent le contenu spectral d’un courant statorique, d’un courant de barre rotorique, du couple électromagnétique ainsi que de la vitesse rotorique lorsque la machine asynchrone ne présente aucune défaillance (fonctionnement sous condition nominale). Nous avons considéré ici les 17 premiers harmoniques d’espace (kes = 8) ainsi que les 17 premiers harmoniques de temps (kts = 17). Le contenu spectral du courant statorique (figure II.13) ne se limite pas seulement à la composante fondamentale de fréquence 50 Hz. En effet, les harmoniques d’espace et de temps contribuent à augmenter la richesse harmonique de ce signal. Les différentes composantes de ce spectre peuvent être déterminées en analysant l’induction rotorique donnée II.2 : Modèle de la machine en absence de défaillance 63 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −50 −100 −150 −200 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.13 : Spectre du courant statorique : Rotor sain PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 irb1 (f ) −50 −100 −150 −200 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.14 : Spectre du courant rotorique : Rotor sain PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 Cem (f ) −50 −100 −150 −200 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.15 : Spectre du couple : Rotor sain PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 Ω (f ) −50 −100 −150 −200 −250 0 500 1000 1500 2000 Fréquence (Hz) Fig. II.16 : Spectre de la vitesse : Rotor sain 2500 64 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone à l’équations II.46 exprimée dans le repère statorique. Les composantes du spectre du courant d’une barre rotorique peuvent être déterminées en analysant l’induction d’entrefer statorique donnée à l’équation II.46 exprimée dans le repère rotorique. Nous pouvons noter que plusieurs composantes, situées aux fréquences (6 k ± 1) g fs , apparaissent (figure II.14). Ces harmoniques sont dus à l’interaction entre les harmoniques d’espace et les har- moniques de temps du modèle car elles n’apparaissent pas lorsque nous considérons une alimentation purement sinusoïdale (kst = 1 et kes = 8) ou lorsque nous ne considérons que le fondamental de la force magnétomotrice (kst = 17 et kes = 1). Le contenu spectral du couple électromagnétique peut être analysé en étudiant l’interaction de l’induction statorique et de l’induction rotorique (inductions exprimées auparavant dans le repère statorique). Le contenu spectral de la vitesse rotorique est identique à celui du couple électromagnétique aux amplitudes des composantes près. Nous proposons de comparer les spectres obtenus avec ceux issus d’une analyse de la machine asynchrone fonctionnant avec un rotor défaillant. Nous savons que la présence d’un défaut au sein de la cage rotorique fait apparaître des composantes additionnelles dans le spectre fréquentiel des grandeurs temporelles analysées précédemment. Par conséquent, une comparaison entre les spectres obtenus avec un rotor sain et un rotor défaillant nous permettra de mieux discerner les composantes créées par le défaut rotorique. II.3 Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances Le type de défaut que nous étudions est la rupture d’une ou plusieurs barres de la cage d’écureuil de la machine asynchrone. La simulation de ce type de défaillance peut être faite en utilisant deux méthodes différentes, le but étant d’annuler le courant qui traverse la barre incriminée. Le circuit électrique rotorique donné à la figure II.2 doit être reconsidéré pour permettre la prise en compte du défaut rotorique dans le modèle de la machine. Une première méthode de modélisation consiste à reconstituer totalement le circuit électrique rotorique. Dans ce type d’approche, la barre rotorique défaillante est enlevée du circuit électrique, ce qui oblige à recalculer les matrices résistance [R r ] et inductance II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 65 [Lr ] de la machine asynchrone. En effet, la suppression d’une barre de la cage nous donne une matrice [Rr ] et [Lr ] de rang inférieur à celle développée pour la machine saine. La modification de l’ordre des matrices rotoriques oblige à recalculer les lois électriques et magnétiques de la boucle k. Nous présentons sur la figure II.17 la structure finale que prend le circuit électrique rotorique lorsque nous sommes en présence d’une barre défaillante. La seconde approche envisageable consiste à augmenter artificiellement la valeur de la résistance de la barre incriminée d’un facteur suffisant pour que le courant qui la traverse soit le plus proche possible de zéro en régime permanent. En comparaison avec la première méthode, la structure du circuit électrique rotorique n’est pas modifiée car nous considérons, dans ce type de modélisation, qu’une rupture de barre n’altère pas les inductances propres et mutuelles de la cage rotorique. Par conséquent, le programme de simulation s’adaptera à cette nouvelle contrainte et nous donnera l’évolution temporelle des différents signaux pour un fonctionnement de la machine avec ce type de défaut. Pour simuler une barre défaillante au sein de la cage rotorique, nous avons utilisé la deuxième méthode dans un souci de simplicité. De plus, la simulation d’une barre partiellement cassée (barre fissurée de moitié par exemple) ne peut pas être envisagée si nous utilisons la première méthode de modélisation alors qu’elle est tout à fait faisable avec la seconde. Les défauts qui peuvent apparaître au niveau des segments d’anneau de court-circuit ont souvent les même origines que celles présentées pour la cassure d’une barre de la cage rotorique. La méthodologie adoptée pour la prise en compte de ce type de défaut dans le modèle est elle aussi identique à l’approche utilisée pour la simulation d’une barre rotorique défaillante. La simulation d’une rupture d’un segment d’anneau de courtcircuit s’effectue en augmentant la valeur de sa résistance de telle sorte que le courant le traversant soit le plus proche possible de zéro en régime permanent. Le circuit électrique rotorique est donc modifié lors de l’apparition d’un tel défaut et prend la forme donnée à la figure II.18. Après avoir décrit les dispositions adoptées pour la modélisation d’une barre rotorique cassée et/ou d’un segment d’anneau de court-circuit cassé, nous allons maintenant étudier l’évolution temporelle des grandeurs de la machine lorsque la cage d’écureuil présente une puis deux barres rotoriques cassées. 66 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone jr 1 ext Ra jrk-1 ext La k+2 iaext Lrb k+2 Rrb Lrb Lrb k+2 Nr iaext Nr Nr-1 ext La 1 ext Ra k+2 Nr 1 irb Lrb ext Ra irb k+2 jrk+2 k+1 Rrb Rrb k+2 Nr-1 Lrb jrNr Nr ext La Nr-1 k+1 irb k+1 Rrb iaext Rrb k+1 irb Nr iaext 1 k+1 int i a k+2 jrk+1 ext La irb int i a Nr Ra Nr int La Nr int Ra k+2 int Rrb k int La k+2 k+1 Lrb Ra 1 Ra k+1 int Ra k iak ext jr k k Rrb k-1 jrcc La 1 jr 2 int Ra 2 int int La k int Ra k-1 int La k-1 int int La 2 ia2 ext Rrb La 2 i a k-1 iaext irb k Lrb irb k-1 k-1 Rrb ext La k iaext 2 2 Lrb 2 ext k-2 Ra jrk-1 irb Lrb ext Ra k-2 k-2 k-1 iaext k-1 ext La irb k-1 1 Fig. II.17 : Circuits électriques adoptés pour la modélisation du rotor en présence d’une barre cassée 1 i aint1 int int La k+1 k ext Ra int int i aintk+1 k int Ra 1 Nr 2 2 II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances jr 1 67 ext Ra jrk-1 ext La k+2 iaext Lrb k+2 Lrb k+2 Nr iaext Nr Nr-1 ext La ext Ra k+2 irb Lrb ext Ra irb k+2 jrk+2 k+1 Rrb Rrb k+2 Nr-1 Lrb jrNr Nr ext La Nr-1 k+1 irb k+1 Rrb iaext Nr Rrb k+1 irb Nr iaext 1 k+1 int i a k+2 R int La k+2 jrk+1 ext La k+1 Lrb Rrb k irb int a k+2 R int i a Nr int a Nr ext int Ra La Nr int i aintk+1 k Ra k+1 Rrb jrcc int Ra k iak ext jr k k iaext Rrb irb k Lrb L irb R L int a k-1 int a2 i aint2 ext Rrb k-1 k-1 La jr 2 2 irb Rrb 1 1 int L int a k-1 k-1 ext La 1 iaext 2 2 Lrb 2 ext k-2 k Ra jrk-1 irb Lrb ext Ra k-2 k-2 k-1 iaext k-1 ext La 1 Ra 2 int ak i aintk-1 i aint1 Lrb int La k+1 k int Ra 1 Nr k-1 Fig. II.18 : Circuits électriques adoptés pour la modélisation du rotor en présence d’une portion d’anneau de court-circuit cassée 2 2 68 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.3.1 Exploitation du modèle en présence de barre(s) rotorique(s) cassée(s) Nous allons étudier l’impact d’un défaut de barre sur l’évolution temporelle des différentes grandeurs de la machine asynchrone. Nous décrivons les conditions de fonctionnement adoptées pour ensuite étudier ces grandeurs lorsque la machine asynchrone défaillante fonctionne à son régime nominal. II.3.1.1 Alimentation de la machine par le réseau triphasé Une source de tension de valeur efficace 230 Volts est appliquée aux bornes des trois phases statoriques de la machine asynchrone couplées en étoile. Les trois tensions indépendantes du modèle prennent en compte les 17 premiers harmoniques de temps de la source d’alimentation et nous gardons dans le modèle les 17 premiers harmoniques d’espace pour le calcul des inductances de la machine. Le couple soumis à la machine pour cette étude est de 11,8 N.m. Nous présentons sur les figures II.19 à II.23 l’évolution temporelle des grandeurs de la machine asynchrone lorsque nous passons d’un fonctionnement sain à un fonctionnement défaillant. Pour analyser l’effet de la rupture de barre sur ces grandeurs, nous avons choisi de rendre la barre rb1 de la cage rotorique défaillante à l’instant t = 3 secondes en imposant une résistance de barre 80 fois supérieure à celle donnée pour un fonctionnement sain (cette valeur a été choisie de sorte que le courant qui traverse la barre défaillante soit le plus proche possible de zéro). Par la suite, nous avons créé un second défaut en augmentant la résistance de la barre rb2 à l’instant t = 4 secondes. En analysant la figure II.19 où nous présentons l’évolution de la vitesse rotorique, nous visualisons l’apparition d’une légère ondulation lorsque la rupture de la première barre rotorique apparaît. Cette ondulation, qui augmente lorsque le deuxième défaut est créé, oscille à une fréquence de 2 g fs . Cette variation de vitesse est très faible (inférieure à 1 rd/s) car elle dépend essentiellement de l’inertie J de l’ensemble machine-charge. Plus l’inertie de l’ensemble sera grande, moins la variation de vitesse sera importante [55] [56]. L’analyse du couple électromagnétique (figure II.20) montre une modification importante de son allure lorsque les défauts rotoriques apparaissent. La présence d’une oscillation lorsque le rotor de la machine est sain est due à la prise en compte des harmoniques II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 69 de temps et d’espace dans le modèle. Nous apercevons qu’une légère modulation vient perturber l’évolution du couple lorsque la première barre est cassée. Nous remarquons aussi que cette modulation prend plus d’importance avec l’apparition du second défaut. En théorie, cette modulation d’amplitude a une fréquence identique à celle de la vitesse, c’est à dire 2 g fs , mais, comme nous pouvons le visualiser, il est relativement difficile de la discerner avec une simple analyse visuelle. La figure II.21 représente l’évolution du courant absorbé par une phase statorique. Comme pour les deux grandeurs précédentes, le défaut rotorique induit une très légère modulation d’amplitude. Il faut attendre le second défaut (deux barres cassées) pour permettre de la visualiser clairement. Nous avons représenté l’enveloppe de ce courant sur la figure II.22. Comme nous pouvons le voir, cette modulation reste somme toute très faible, trop faible pour permettre d’effectuer un diagnostic précis de l’état de la cage rotorique. De plus, la présence des harmoniques de temps et d’espace dans le modèle ne facilite pas l’analyse de ce signal qui devrait faire apparaître une modulation d’amplitude de fréquence 2 g f s . La figure II.23 représente l’évolution du courant dans la barre rb3 . Nous pouvons noter que la rupture de la première barre induit une très faible augmentation du courant qui la traverse. Au moment du premier défaut, le courant qui circulait dans la barre défaillante (barre rb1 ) se partage dans les barres rotoriques adjacentes. Lorsque la seconde barre est cassée (barre rb2 ), nous remarquons que le courant de la barre no 3 augmente significativement. En effet, c’est le courant qui circulait dans la barre no 2 qui est partagé, en majorité, dans les barres no 3 et no 28. Nous reportons sur la figure II.24 la répartition des courants traversant les barres rotoriques à un instant t pour les trois modes de fonctionnement étudiés (rotor sain, une barre cassée et deux barres cassées). Nous pouvons remarquer que lorsque le défaut atteint deux barres cassées (nous rappelons que la cage rotorique de la machine étudiée comporte 28 barres), le courant maximum traversant les barres adjacentes à celles défaillantes est quasiment deux fois supérieur au courant rotorique obtenu avec une cage d’écureuil saine. Une augmentation anormale du courant dans les barres peut provoquer un échauffement local et conduire à une nouvelle rupture. D’après l’analyse précédente, nous pouvons noter que la détection d’une ou plusieurs barres rotoriques défaillantes est très difficile si l’on ne se base que sur l’analyse des signaux 70 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone 299 Ω (t) 298,5 PSfrag replacements Vitesse (Rd/sec) Rotor Sain 2 barres cassées 1 barre cassée 298 297.5 297 296,5 296 2,5 3 3,5 4 4,5 5 Temps (Sec) Fig. II.19 : Evolution de la vitesse de rotation 15 Cem (t) 14.5 Rotor Sain PSfrag replacements 2 barres cassées 1 barre cassée Couple (N.m) 14 13.5 13 12.5 12 11.5 2,5 3 3,5 4 4,5 5 Temps (Sec) Fig. II.20 : Evolution du couple électromagnétique 15 Rotor Sain isa (t) 2 barres cassées 10 Courant statorique (A) PSfrag replacements 1 barre cassée 5 0 −5 −10 2,5 3 3,5 4 4,5 5 Temps (Sec) Fig. II.21 : Evolution du courant statorique 11 PSfrag replacements Enveloppe du courant (A) Rotor Sain 1 barre cassée Env(isa (t)) 2 barres cassées 10,5 10 9,5 9 8,5 2,5 3 3;5 4 4,5 5 Temps (Sec) Fig. II.22 : Evolution de l’enveloppe du courant statorique II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 71 400 Rotor Sain PSfrag replacements Courant rotorique (A) 300 1 barre cassée ib3 (t) 2 barres cassées 200 100 0 −100 −200 −300 −400 2,5 3 3,5 4 4,5 5 Temps (Sec) Fig. II.23 : Evolution du courant de la barre rotorique no 3 400 Rotor sain 300 200 100 0 −100 −200 0 5 10 15 20 25 Courant rotorique (A) 400 1 barre cassée 300 200 100 0 −100 −200 0 5 10 15 20 25 400 2 barres cassées 300 PSfrag replacements 200 100 0 −100 −200 0 5 10 15 N° des barres rotoriques 20 25 Fig. II.24 : Répartition des courants dans les barres rotoriques à un instant t 72 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone temporels. Les signaux tels que le couple ou encore le courant statorique sont riches en harmoniques, ce qui ne permet pas de discerner avec facilité la modulation d’amplitude de fréquence 2 g fs créée par le défaut rotorique. Une analyse des signaux temporels dans le domaine fréquentiel devient donc obligatoire pour visualiser les composantes créées par la rupture d’une ou plusieurs barres rotoriques. Cette étude est présentée dans la suite du document. II.3.1.2 Alimentation de la machine par un convertisseur statique Une analyse des grandeurs temporelles de la machine lorsque celle-ci est alimentée par un convertisseur statique a été effectuée à partir du modèle de simulation proposé. Dans ce cas d’étude, les trois tensions indépendantes du modèle gênèrent une tension identique à celle obtenue en sortie d’un variateur de vitesse commandé en Modulation de la Largeur d’Impulsion (comparaison sinus-triangle). Nous avons gardé dans le modèle les 17 premiers harmoniques d’espace pour le calcul des inductances de la machine en imposant un couple de charge de 11,8 N.m. L’analyse des grandeurs temporelles n’est pas présentée ici étant donné que les perturbations générées par l’alimentation en MLI donnent des courbes encore plus difficiles à analyser dans le domaine temporel que celles obtenues avec une alimentation par trois tensions quasi-sinusoïdales. Ces phénomènes confortent le fait que pour effectuer un diagnostic fiable et précis de l’état de la cage rotorique, il est préférable d’analyser ces grandeurs dans le domaine fréquentiel pour faire apparaître les composantes significatives d’un défaut rotorique. II.3.2 Analyse harmonique du vecteur de sortie Nous présentons sur les figures II.25, II.26, II.27 et II.28 le spectre fréquentiel des grandeurs temporelles de la machine asynchrone lorsque celle-ci fonctionne avec une barre rotorique cassée. Il est clairement visible que les spectres présentés sont beaucoup plus riches en harmoniques que ceux issus de l’analyse avec un rotor sain (figures II.13, II.14, II.15 et II.16). Cette modification apparaît aussi bien dans la partie basse fréquence (plage fréquentielle [0 - 100] Hz) que dans la partie haute fréquence (plage fréquentielle [100 - 2500] Hz). II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 73 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −50 −100 −150 −200 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.25 : Spectre du courant statorique : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 irb1 (f ) −50 −100 −150 −200 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.26 : Spectre du courant rotorique : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 Cem (f ) −50 −100 −150 −200 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.27 : Spectre du couple : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 Ω (f ) −50 −100 −150 −200 −250 0 500 1000 1500 2000 2500 Fréquence (Hz) Fig. II.28 : Spectre de la vitesse : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) 74 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.3.2.1 Analyse des spectres dans la plage [0 - 100] Hz Si nous portons notre attention sur le spectre du courant statorique dans la bande [0 - 100] Hz (figure II.29), nous pouvons remarquer la présence de plusieurs composantes dont les fréquences, bien connues à ce jour, sont données par la relation : ± = (1 ± 2 k g)fs fbc k (II.52) Comme le mentionne Filippetti [56], nous savons que la rupture d’une barre de la cage rotorique induit dans le spectre du courant statorique une composante de fréquence (1 − 2 g)fs . En effet, la rupture d’une barre rotorique crée, dans l’entrefer de la machine, un champ tournant inverse de fréquence g fs . L’interaction de ce champ tournant avec la vitesse rotorique crée une composante de fréquence (1 − 2 g)fs dans le spectre du courant statorique1 . La présence de cette modulation dans le courant statorique induit une oscil- lation sur le couple électromagnétique de la machine de fréquence 2 g fs . Cette oscillation de couple crée inévitablement une oscillation de la vitesse rotorique à la même fréquence. Cette oscillation de vitesse induit une nouvelle composante de fréquence (1 + 2 g)f s dans le spectre du courant statorique. Cette composante crée dans l’entrefer un nouveau champ tournant inverse de fréquence 3 g fs . En utilisant la même approche, ce champ tournant induit une nouvelle composante de fréquence (1 − 4 g)fs dans le spectre du courant statorique2 . Le couple électromagnétique ainsi que la vitesse rotorique laissent paraître une nouvelle oscillation ayant pour fréquence 4 g fs . Cette oscillation crée dans le courant statorique une nouvelle composante de fréquence (1 + 4 g)fs . Cette nouvelle modulation crée un nouveau champ tournant inverse dans l’entrefer de la machine de fréquence 6 g f s . Nous présentons, dans l’annexe A, les calculs permettant de valider l’approche proposée. Comme nous l’avons précédemment mentionné, la rupture d’une barre de la cage rotorique ne doit induire qu’une seule composante dans le spectre basse fréquence du courant statorique. Les autres composantes étant dues à l’interaction de la vitesse avec les champs tournants inverses présents dans l’entrefer de la machine [56]. Nous avons effectué une simulation de la machine asynchrone défaillante (une barre cassée) en imposant une vitesse rotorique constante. La figure II.31 montre le spectre du courant statorique obtenu dans ce cas de fonctionnement. Seule la composante de fréquence (1 − 2 g)fs apparaît dans le 1 2 Cette fréquence se calcule grâce à la relation (1 − g)fs − g fs = (1 − 2 g)fs Cette fréquence se calcule grâce à la relation (1 − g)fs − 3 g fs = (1 − 4 g)fs II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 75 spectre fréquentiel du courant statorique. A partir de ce résultat et en fonction de l’analyse faite, nous pouvons dire que l’amplitude des composantes de fréquence (1 ± 2 k g)f s en excluant celle à (1 − 2 g)fs est dépendante de la vitesse de la machine, ce qui revient à dire qu’elle est dépendante de l’inertie de l’ensemble moteur-charge. Nous venons de montrer que les composantes de fréquence (1 ± 2 k g)fs présentes dans le spectre du courant statorique peuvent être utilisées pour la détection d’une ou plusieurs barres rotoriques cassées. La rupture d’une portion d’anneau de court-circuit peut aussi être détectée en utilisant ces composantes car, tout comme la rupture d’une barre de la cage, ce défaut rotorique induit lui aussi un champ tournant inverse de fréquence g f s dans l’entrefer de la machine asynchrone, produisant ainsi les mêmes composantes dans le spectre fréquentiel du courant statorique. Nous avons trouvé intéressant d’analyser le spectre du courant statorique lorsque nous ne considérons que le fondamental de la force magnétomotrice où que le fondamental de la tension d’alimentation. Nous présentons sur les figures II.32 et II.33 les spectres obtenus dans ces deux configurations. Il apparaît clairement que les résultats sont très différents de ceux obtenus en incluant, dans la même simulation, les harmoniques d’espace et les harmoniques de temps les plus importants. Dans la configuration adoptée, nous nous rapprochons avec beaucoup plus de précision des essais expérimentaux. Cette analyse montre que les modèles de machine limités au fondamental de la force magnétomotrice ne sont pas assez précis pour prédire le contenu fréquentiel du courant absorbé par la machine asynchrone en présence d’un défaut rotorique. La figure II.34 représente le spectre du courant statorique pour une simulation incluant les 99 premiers harmoniques d’espace. En comparaison avec une simulation prenant en compte les 17 premiers harmoniques d’espace (figure II.29), nous pouvons remarquer qu’il n’y a pas de différence significative au niveau des amplitudes des composantes de fréquence (1 ± 2 k g)fs . Cette comparaison permet de nous limiter à la prise en compte des harmoniques d’espace les plus importants en amplitude au lieu de prendre en considéra- tion la forme complète du bobinage statorique pour le calcul des inductances propres et mutuelles de la machine. −100 (1 + 8g)fs −80 isa (f ) (1 + 6g)fs −60 (1 − 4g)fs (1 − 6g)fs −40 (1 − 8g)fs Densité spectrale de puissance (dB) −20 (1 + 4g)fs 0 (1 + 2g)fs Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone (1 − 2g)fs 76 −120 −140 −160 −180 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. II.29 : Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et PSfrag replacements kts = 17) Cem (f ) −20 16gfs −120 14gfs −100 12gfs 8gfs 10gfs −80 6gfs −60 4gfs −40 2gfs Densité spectrale de puissance (dB) 0 −140 −160 −180 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. II.30 : Spectre du couple [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) (1 − 2g)fs 0 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −20 −40 isa (f ) −60 −80 −100 −120 −140 −160 −180 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. II.31 : Spectre du courant statorique à vitesse constante [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 1) −40 −60 −80 (1 + 2g)fs (1 − 4g)fs Densité spectrale de puissance (dB) −20 −100 77 isa (f ) (1 + 4g)fs 0 (1 − 2g)fs II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances PSfrag replacements −120 −140 −160 −180 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. II.32 : Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 0 et kts = 8) −60 −80 (1 + 2g)fs (1 − 4g)fs Densité spectrale de puissance (dB) −40 −100 isa (f ) (1 + 4g)fs 0 −20 (1 − 2g)fs PSfrag replacements −120 −140 −160 −180 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. II.33 : Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 1) isa (f ) kes =8 0 DSP (dB) −50 −100 −150 −200 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 isa (f ) kes =49 0 PSfrag replacements DSP (dB) −50 −100 −150 −200 0 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. II.34 : Comparaison du spectre du courant statorique [0 - 1000] Hz : Une barre cassée (kts = 17) 78 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone II.3.2.2 Analyse des spectres dans la plage [100 - 1000] Hz La rupture d’une barre de la cage rotorique fait apparaître des composantes dans la partie haute fréquence du spectre du courant statorique. En effet, Deleroi dans [57] a démontré par une analyse relativement complexe, que l’apparition d’un tel défaut induit des composantes additionnelles dans le spectre fréquentiel du courant aux fréquences données par la relation : ± fhe = (x (1 − g) ± g) fs avec x = x k = 3, 5, 7, 9, 11, 13, . . . p (II.53) Ces composantes, tout comme la composante à (1 − 2 g)fs , n’apparaissent que lorsque la cage rotorique de la machine asynchrone présente un défaut. Dans la suite de l’étude, les composantes correspondant à ces fréquences seront appelées "composantes principales de l’harmonique x" (x : 3, 5, 7, 9, 11, 13, ...) et seront notées Cphx . Nous présentons à la figure II.35 le spectre du courant statorique dans la bande fréquentielle [100 - 1000] Hz. Cette figure permet de visualiser la présence des composantes principales des harmoniques d’espace Cphx . Nous remarquons la présence de composantes additionnelles autour de ces composantes harmoniques. Si nous reprenons la simulation effectuée à vitesse constante, nous remarquons que seule les composantes principales C phx sont présentes dans le spectre haute fréquence du courant (figure II.36). Cette analyse permet de déduire que ces composantes additionnelles sont créées par la variation de la vitesse rotorique. Si nous effectuons un zoom sur la partie fréquentielle où se situe les composantes principales de l’harmonique 5 (figure II.37), nous nous apercevons que toutes les fréquences additionnelles sont espacées les unes des autres de 2 g fs . Ceci se vérifie aussi sur les harmoniques d’espace 7, 11, 13, ... etc. Par conséquent, nous devons compléter l’équation II.53 par un terme permettant de prendre en compte ces harmoniques car ils sont eux aussi significatifs de la présence d’un défaut au sein de la cage rotorique de la machine. Cette nouvelle équation sera : ± fhe = (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs x avec x = (II.54) k = 3, 5, 7, 9, 11, 13, . . . et η = 0, 1, 2, 3, . . . p Le suivi de l’amplitude de ces composantes peut apporter un complément d’information sur l’état de la cage rotorique. Kliman [58] a montré que la rupture d’une barre de la II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 79 PSfrag replacements 0 Densité spectrale de puissance (dB) −20 isa (f ) Cph7 Cph5 Cph11 −40 Cph17 Cph13 Cph19 −60 −80 −100 −120 −140 −160 −180 −200 −220 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. II.35 : Spectre du courant statorique [100 - 1000] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) PSfrag replacements 0 Densité spectrale de puissance (dB) −20 isa (f ) Cph7 Cph5 Cph11 −40 Cph17 Cph13 Cph19 −60 −80 −100 −120 −140 −160 −180 −200 −220 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. II.36 : Spectre du courant statorique à vitesse constante [100 - 1000] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 1) 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −20 2gfs −40 Cph5 −60 −80 −100 −120 −140 −160 −180 −200 −220 200 210 220 230 240 Fréquence (Hz) 250 260 270 280 Fig. II.37 : Spectre du courant statorique [200 - 280] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) 80 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone cage rotorique produit une perturbation importante de la distribution du flux magnétique dans l’entrefer alors que les défauts tels que l’excentricité du rotor par rapport au stator, l’ovalisation du rotor ou encore une simple variation du couple de charge produisent une perturbation plus diffuse générant des champs tournants harmoniques plus faibles. Par exemple, une variation du couple de charge de fréquence 2 g fs , induit, dans le spectre du courant statorique, des composantes situées aux mêmes fréquences que celles créées par une rupture de barre (équation II.52) [59] [60]. Cependant, ce type de variation a une très faible influence sur les composantes fréquentielles présentes dans la partie haute fréquence du spectre. En d’autres termes, les composantes de fréquence (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) f s ne sont pas perturbées par ce type de défaut mécanique. Par conséquent, une analyse de l’amplitude des composantes harmoniques permettrait de discerner un défaut rotorique de type barre cassée d’un défaut mécanique de type variation du couple de charge. A titre d’exemple, nous donnons aux figures II.38 et II.39 le spectre du courant statorique lorsque le couple de charge présente une oscillation de fréquence 2 g fs . Nous pouvons remarquer la présence de composantes ayant pour fréquence (1 ± 2 k g)fs (figure II.38), alors que nous n’avons aucune composante correspondant aux fréquences (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs (figure II.39). Dans ce cas d’étude, l’analyse de l’amplitude des composantes harmoniques est très importante pour permettre de dissocier un défaut de barre d’un défaut mécanique de type variation du couple de charge. Une nouvelle simulation de la machine avec deux barres rotoriques cassées a été effectuée. Nous avons noté une augmentation significative de l’amplitude des composantes de fréquence (1 ± 2 k g)fs et (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs dans le spectre du courant sta- torique. Par conséquent, si nous notons une augmentation significative de l’amplitude de ces composantes, nous pouvons considérer qu’un défaut est apparu au sein de la cage d’écureuil de la machine asynchrone. La méthode de diagnostic la plus simple, pour détecter un défaut rotorique, consiste à suivre l’amplitude de ces composantes spécifiques à des intervalles de temps régulier. Comme l’apparition d’une barre cassée ne provoque pas un arrêt immédiat de la machine, il n’est donc pas nécessaire d’avoir un suivi de ces amplitudes à la seconde. Une analyse effectuée toute les 5 minutes suffirait amplement. II.3 : Modèle de la machine asynchrone en présence de défaillances 81 0 isa (f ) −20 (1 + 2kg)fs (1 − 2kg)fs PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −40 −60 −80 −100 −120 −140 −160 −180 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. II.38 : Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Variation du couple de charge à 2 g fs (kes = 8 et kts = 17) −60 −80 −100 −120 950 Hz PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −40 850 Hz 550 Hz 350 Hz −20 650 Hz isa (f ) 250 Hz 0 −140 −160 −180 −200 −220 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. II.39 : Spectre du courant statorique [100 - 1000] Hz : Variation du couple de charge à 2 g fs (kes = 8 et kts = 17) 82 Chapitre II : Modélisation de la machine asynchrone Conclusion Dans ce chapitre, nous avons présenté un modèle permettant la simulation d’une machine asynchrone à cage d’écureuil. Les conséquences d’une rupture de barre (ou d’un segment d’anneaux) de la cage d’écureuil s’obtiennent très simplement, il suffit d’augmenter la résistance de la barre incriminée (ou la résistance de la portion d’anneaux considérée). Ce modèle de machine a permis de comprendre les phénomènes physiques mise en jeu lors de l’apparition d’un tel défaut. Nous avons ensuite étudié les grandeurs temporelles de la machine asynchrone dans le domaine fréquentiel en utilisant les méthodes d’analyses décrites dans le chapitre I. Cette approche nous a permis d’identifier les signatures fréquentielles causées par la rupture d’une ou plusieurs barres de la cage rotorique. Il s’est avéré que la surveillance de l’amplitude des composantes de fréquence (1 ± 2 k g)fs et (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs présentes dans le spectre fréquentiel du courant statorique permet de détecter la présence d’un défaut au niveau de la cage rotorique de la machine. A partir de ces informations, il est alors possible de développer des méthodes de surveillance et de diagnostic appropriées, sujet des deux chapitres suivants. Chapitre III Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Introduction L’étude menée dans le chapitre précèdent a permis d’analyser et de comprendre les phénomènes qui apparaissent au niveau des grandeurs temporelles de la machine asynchrone telles que le courant statorique ou encore le couple électromagnétique lorsque la machine fonctionne avec un rotor sain ou un rotor défaillant (rupture d’une barre de la cage d’écureuil). La validation expérimentale est, dans notre domaine, indispensable car il peut exister une importante différence entre les résultats issus de la simulation et ceux issus de l’expérimentation. L’origine de cette différence est due en partie aux hypothèses faites lors de la modélisation de la machine asynchrone. Ce chapitre est destiné au développement et à l’expérimentation d’une méthode de diagnostic permettant la détection d’un défaut au niveau de la cage rotorique. Deux niveaux de défaillance sont étudiés, la rupture partielle et la rupture totale d’une barre de la cage rotorique de la machine asynchrone. Nous présentons dans un premier temps les différentes étapes théoriques qui nous ont permis d’aboutir à la méthodologie finale puis, dans un second temps, nous appliquons la méthode proposée sur des essais expérimentaux pour permettre de valider sa robustesse et son efficacité lors de l’apparition d’une telle défaillance. 84 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances III.1 Étude théorique Nous avons pu, grâce au chapitre précédent, déterminer quelles étaient les composantes spectrales les plus significatives pour la détection d’une ou plusieurs barres rotoriques cassées. Les méthodes qui utilisent l’estimation de la densité spectrale de puissance sont à ce jour les méthodes les plus connues et les plus utilisées pour diagnostiquer la présence ou non d’un défaut au niveau de la cage d’écureuil de la machine. Plus précisément, c’est la représentation dans le domaine fréquentiel du courant absorbé qui est la plus populaire car elle ne nécessite, pour son analyse, qu’une instrumentation simple et peu onéreuse. De plus, le transfert de ce type de signal se fait le plus souvent sans modifier l’installation dans laquelle la machine asynchrone opère. III.1.1 Analyse du courant statorique Nous présentons sur la figure III.1 la densité spectrale de puissance du courant statorique d’une phase de la machine pour une cage rotorique saine et sur la figure III.2 la densité spectrale de puissance de cette même grandeur pour une cage rotorique défaillante 1 (une barre cassée). Nous remarquons que l’apparition du défaut rotorique provoque une augmentation de l’amplitude de certaines composantes. De plus, nous pouvons voir sur ces deux figures que nous avons des composantes d’amplitude différente de part et d’autre de la composante fondamentale ce qui signifie que le courant statorique est modulé en amplitude mais aussi en fréquence. L’équation III.1 rappelle l’expression des fréquences où se situent ces composantes spécifiques. Une surveillance de l’évolution de ces amplitudes donnerait alors une information pertinente sur l’état de la cage rotorique comme nous l’avons montré dans le chapitre précèdent. ± fbc = (1 ± 2 k g) fs k (III.1) Nous pouvons remarquer que le spectre du courant absorbé par la machine asynchrone en absence et en présence de défaillance ressemble très fortement à un signal temporel modulé en amplitude [61] [62]. Nous représentons sur la figure III.3 le spectre d’un signal théorique de pulsation fondamentale ωs modulé en amplitude par un autre signal sinusoïdal de 1 les DSP sont calculées en utilisant une fenêtre de Hanning III.1 : Étude théorique 85 0 isa (f ) Densité spectrale de puissance (dB) −20 −40 −60 −80 −100 PSfrag replacements −120 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.1 : Spectre fréquentiel du courant statorique expérimental pour un rotor sain 0 isa (f ) Densité spectrale de puissance (dB) −20 −40 −60 −80 −100 PSfrag replacements −120 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.2 : Spectre fréquentiel du courant statorique expérimental pour un rotor défaillant (1 barre cassée) 86 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances pulsation ωm dont l’expression est donnée à l’équation III.2. Dans cette expression, le terme mc est appelé indice de modulation. isa (t) = √ 2 Is cos(ωs t) (1 + mc cos(ωm t)) (III.2) isa (t) = isa0 (t) (1 + mc cos(ωm t)) L’observation du courant statorique nous a conduit à généraliser cette expression en introduisant de nouvelles composantes dites "modulantes". Cette nouvelle expression devient : ! X X mck cos(k ωm t) isa (t) = isa0 (t) 1 + k=1 isa (t) = isa0 (t) + X X k=1 √ 2 I s m ck [cos((ωs − k ωm )t) + cos((ωs + k ωm ) t)] (III.3) 2 où le terme X représente le nombre de composantes modulantes présentes autour de la fréquence fondamentale. Par exemple, si nous décidons de choisir X = 3 en imposant des indices de modulation mck différents les uns des autres, nous obtenons le spectre donné à la figure III.4. Nous pouvons voir l’apparition de trois composantes fréquentielles de part et d’autre de la fréquence fondamentale fs . Si nous prenons une valeur particulière pour l’indice k, nous remarquons que la composante de droite à une amplitude identique à celle de gauche (modulation d’amplitude symétrique autour de la fréquence porteuse). La forme du spectre fréquentiel obtenue grâce à la relation III.3 (figure III.4) ne correspond pas exactement aux spectres du courant expérimental donnés aux figures III.1 ou III.2. En effet, si nous analysons ces deux spectres fréquentiels, nous remarquons que les composantes spectrales se situant à gauche de la fréquence fondamentale ont une amplitude plus importante que celles se situant à droite. Par conséquent, nous devons décomposer la modulation d’amplitude de notre signal théorique en deux parties. Cette décomposition introduit implicitement la modulation de fréquence présente dans le courant expérimental. La répartition des amplitudes des composantes de gauche et de droite dans l’expression mathématique de isa (t) donne : isa (t) = isa0 (t)+ X X k=1 √ X X 2 I s m ck cos((ωs −k ωm ) t)+ 2 k=1 √ 0 2 I s m ck cos((ωs +k ωm ) t) (III.4) 2 Le spectre fréquentiel du signal de l’équation III.4 est donné à la figure III.5. L’avantage de cette expression réside dans le fait que nous pouvons obtenir des composantes ayant III.1 : Étude théorique 87 une amplitude plus importante à gauche qu’à droite de la fréquence fondamentale si nous 0 choisissons une valeur des indices mck supérieure à celle des indices mck (pour un terme k identique). De plus, comme la modulation est non symétrique, nous ne pouvons plus 0 appeler les termes mck et mck indices de modulation. A ce stade de l’étude, nous les appellerons "indices d’amplitude". En introduisant le déphasage angulaire entre la tension et le courant circulant dans une phase statorique d’une machine asynchrone, l’expression finale devient : isa (t) = isa0 (t) + X X k=1 √ 0 X √ X 2 I s m ck 2 I s m ck cos((ωs − k ωm ) t − ϕ) + cos((ωs + k ωm ) t − ϕ) 2 2 k=1 (III.5) avec pour équation de départ : √ isa0 (t) = 2 Is cos(ωs t − ϕ) Pour retrouver une correspondance avec la théorie de la modulation d’amplitude, nous devons reformuler l’expression du courant de sorte à faire apparaître une amplitude identique pour les composantes de droite et de gauche du spectre. L’expression du courant statorique de la machine asynchrone peut ainsi se mettre sous la forme : isa (t) = isa0 (t) + X X k=1 + X X k=1 √ 2 Is 0 (mck + mck ) cos(k ωm t) (cos ϕ cos(ωs t) + sin ϕ sin(ωs t)) 2 √ 2 Is 0 (mck − mck ) sin(k ωm t) (cos ϕ sin(ωs t) − sin ϕ cos(ωs t)) 2 (III.6) Cette relation mathématique permet de définir deux nouveaux indices dont les expressions sont : 0 mcmk 0 (mck + mck ) (mck − mck ) = et mcok = 2 2 (III.7) L’indice mcmk sera appelé indice de modulation du courant statorique et peut donc faire référence à la théorie de la modulation d’amplitude [62]. L’indice mcok sera, quant à lui, appelé indice d’oscillation du courant statorique. La figure III.6 représente le spectre théorique permettant une meilleure compréhension de ces deux nouveaux indices (k = 1). Si plusieurs signaux sinusoïdaux modulent la même porteuse, ce qui est le cas dans l’analyse du spectre du courant statorique, la puissance de celle-ci demeurera inchangée alors que les signaux modulants augmenteront la puissance contenue dans les bandes 88 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances 0.5 isa (f ) Amplitude (A) 0.4 0.3 0.2 0.1 PSfrag replacements 0 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.3 : Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.2 0.5 isa (f ) Amplitude (A) 0.4 0.3 0.2 0.1 PSfrag replacements 0 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.4 : Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.3 0.5 isa (f ) PSfrag replacements Amplitude (A) 0.4 0.3 0 m ck m ck 0.2 0.1 0 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.5 : Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.4 0.5 isa (f ) 0.4 0 PSfrag replacements Amplitude (A) 0 0.3 mcm1 = (mc1 +mc1 ) 2 mco1 = (mc1 −mc1 ) 2 0.2 0.1 0 30 35 40 45 50 Fréquence (Hz) 55 60 65 70 Fig. III.6 : Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.6 III.1 : Étude théorique 89 latérales. L’indice d’amplitude étant proportionnel à l’amplitude du signal modulant, différents indices d’amplitude mc1 , mc2 , mc3 , ... correspondront aux différents signaux modulants. Par conséquent, nous pouvons introduire un indice d’amplitude global m ct qui sera tel que la puissance totale contenue dans les composantes latérales sera égale à la somme des puissances individuelles des bandes latérales comme le montre la relation : m2 Pc m2 Pc m2 Pc m2ct Pc = c1 + c2 + c3 + ... 2 2 2 2 (III.8) Dans ces expressions, la puissance spectrale Pc représente la puissance de la composante X de fréquence fs . L’indice d’amplitude global vaut alors m2ct = m2ck . k En adoptant la même démarche, nous pouvons donner l’expression de l’indice de modu- lation global ainsi que l’expression de l’indice d’oscillation global de l’équation III.6 : m2cgm = X m2cmk (III.9) m2cok (III.10) k m2cgo = X k A partir des différents indices, nous déterminons un indice d’amplitude global permettant la prise en compte de l’amplitude de toutes les composantes se situant à gauche et à droite de la composante fondamentale du courant statorique. Cet indice global se calcule à partir de la relation mathématique : m2ct = Kl X k=1 m2ck + Kr X 0 mc2k (III.11) k=1 Dans cette équation, les termes Kl et Kr représentent respectivement le nombre de composantes modulantes se situant à gauche et à droite de la composante fondamentale de fréquence fs . Le calcul de ces différents indices ne peut pas se faire sans évaluer l’amplitude de la composante spectrale concernée. Ayant accès à l’amplitude de la composante fondamentale, la détermination de l’amplitude des composantes de gauche et de droite permettra d’évaluer chaque indice d’amplitude et donc de calculer les indices globaux correspondants. Sachant que l’amplitude de chaque composante latérale Asc peut s’exprimer en fonction de son indice d’amplitude mc et de l’amplitude de la composante fondamentale Acf grâce 90 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances à la relation Asc = mc Acf 2 , nous pouvons donc déterminer la valeur de chaque indice d’am- plitude en utilisant l’expression : mc Acf 1 mc 2Asc A sc = = ce qui nous donne mc = Acf 2 Acf 2 Acf (III.12) Dans le cas étudié, l’amplitude Asc peut être celle d’une composante pouvant se situer à gauche ou à droite de l’amplitude fondamentale. Une fois que chaque indice d’amplitude est connu, nous pouvons calculer la valeur des différents indices globaux précédemment énoncés. En analysant la démarche précédente, nous pouvons remarquer que si l’amplitude des composantes dites "modulantes" augmente, alors les indices d’amplitude correspondant feront de même. Par conséquent, en analysant la valeur des différents indices globaux (qui dépendent de chaque indice d’amplitude), nous pourrons savoir si l’amplitude de ces composantes évolue au cours du temps. Le diagnostic de défaut de la machine asynchrone peut donc être basé sur le suivi de ces indices globaux. En effet, le calcul du spectre fréquentiel du courant statorique de la machine donne accès aux amplitudes des composantes présentes autour de la fréquence fondamentale. Une évaluation de ces amplitudes permet donc de calculer les indices d’amplitude associés (équation III.12). Si nous prenons le cas du défaut étudié, la rupture partielle ou totale d’une barre de la cage rotorique provoque l’apparition et l’augmentation des composantes dont les fréquences sont rappelées à l’équation III.1. Cette augmentation est visible pour une barre rotorique cassée en comparaison avec une machine asynchrone fonctionnant avec un rotor sain (figures III.1 et III.2). Plus le défaut rotorique est important (cassure de plusieurs barres adjacentes par exemple), plus les indices d’amplitude des composantes latérales seront élevés. Par conséquent, l’évaluation de ces différents indices globaux peut être vue comme une méthode sure et efficace pour la détection et le diagnostic d’une barre rotorique partiellement ou totalement cassée. Afin d’obtenir un système autonome, il nous faut calculer les différents indices globaux de manière automatique. La difficulté dans la méthodologie présentée est l’évaluation avec une grande précision de l’amplitude des composantes spectrales créées par le défaut rotorique afin d’obtenir les indices d’amplitude les plus précis possibles. Pour évaluer l’amplitude d’une composante, nous devons tout d’abord connaître la fréquence qui lui est associée. Dans le cas d’un défaut de barre, nous savons où se situent ces composantes en III.1 : Étude théorique 91 calculant, grâce à l’équation III.1, la valeur de leurs fréquences. La principale difficulté réside dans le fait que ces fréquences varient avec le glissement g de la machine. Pour un point de fonctionnement nominal, ce glissement vaut quelques pour-cent, ce qui permet de discerner ces composantes de la composante fondamentale fs . Par contre, lorsque le glissement est très proche de zéro (fonctionnement à faible charge ou à vide), ces composantes sont relativement proches de la composante fondamentale fs , ce qui rend leur détection beaucoup plus difficile. Pour contourner ce problème, nous allons montrer ci-après que l’utilisation de la puissance instantanée d’une phase permet de détecter les composantes créées par le défaut rotorique avec plus de facilité. III.1.2 Analyse de la puissance instantanée En considérant une alimentation purement sinusoïdale de la machine, la tension et le courant d’une phase statorique peuvent se mettre sous la forme suivante : √ 2 Vs cos(ωs t) √ 2 Is cos(ωs t − ϕ) isa0 (t) = vs (t) = (III.13) (III.14) ce qui nous donne, en terme de puissance instantanée : psa0 (t) = Vs Is [cos(2 ωs t − ϕ) + cos ϕ] (III.15) La représentation de ce signal dans le domaine fréquentiel fait apparaître une composante périodique de fréquence 2 fs plus une composante continue. Nous avons montré que l’apparition d’un défaut rotorique crée une modulation d’amplitude sur le courant absorbé par la machine. Par conséquent, en multipliant l’équation III.13 par l’équation III.5, l’expression de la puissance instantanée d’une phase statorique, en présence d’un défaut rotorique, donne : psa (t) = psa0 (t) + X V s Is m p k + X Vs Is m0p X V s Is k + 2 X V s Is k cos((2 ωs − k ωm ) t − ϕ) k cos((2 ωs + k ωm ) t − ϕ) 2 k + k 2 2 0 [mpk + mpk ] cos ϕ cos(k ωm t) 0 [mpk − mpk ] sin ϕ sin(k ωm t) (III.16) 92 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Cette expression fait apparaître en plus de la composante de fréquence 2fs et de la composante continue, des composantes de fréquence 2fs ± kfm autour de la fréquence fon- damentale ainsi que des composantes de fréquence kfm dans la partie basse fréquence du spectre. Pour trouver une similitude avec la théorie de la modulation d’amplitude, l’expression de la puissance instantanée peut aussi se mettre sous la forme : psa (t) = psa0 (t) + X V s Is k + X V s Is k + 2 X V s Is k + 2 2 X V s Is k 2 0 (mpk + mpk ) cos(k ωm t) (cos ϕ cos(2 ωs t) + sin ϕ sin(2 ωs t)) 0 (mpk − mpk ) sin(k ωm t) (cos ϕ sin(2 ωs t) − sin ϕ cos(2 ωs t)) 0 (mpk + mpk ) cos ϕ cos(k ωm t) 0 (III.17) (mpk − mpk ) sin ϕ sin(k ωm t) L’analyse de cette expression permet de calculer un indice de modulation noté m pmk et un indice d’oscillation noté mpok spécifique au signal de la puissance instantanée d’une phase statorique de la machine : 0 mpmk 0 (mpk + mpk ) (mpk − mpk ) = et mpok = 2 2 (III.18) Nous avons montré, à travers l’équation III.16, que l’amplitude des composantes spécifiques, présentes dans la partie basse fréquence du spectre de la puissance, dépend de la valeur de l’angle de déphasage ϕ (déphasage entre le courant et la tension simple d’une phase) et de la valeur des indices d’amplitude des composantes de fréquence 2fs ± kfm . En fixant des indices d’amplitude constants, nous remarquons que l’amplitude de ces composantes augmente lorsque le déphasage ϕ diminue. A partir de cette remarque, nous pouvons dire que pour un fonctionnement à faible charge (voire à vide), l’amplitude de ces composantes sera plus importante que celles présentes autour de la composante fondamentale. Cette remarque laisse présager qu’une détection du défaut rotorique serait plus aisée en utilisant les indices d’amplitude calculés à partir des composantes basses fréquences par rapport aux indices d’amplitude calculés à partir des composantes de fréquence 2f s ± kfm présentes dans le spectre de la puissance instantanée, ou des composantes de fréquence fs ± kfm présentes dans le spectre du courant statorique lorsque la machine fonctionne à faible charge (rappelons que dans le cas d’une rupture de barre, la fréquence de modulation fm est égale à 2gfs ). III.1 : Étude théorique 93 Connaissant ces données, il nous est facile de déterminer leurs amplitudes et par conséquent de définir un nouvel indice d’amplitude mbfk que nous appellerons, dans ce document, "indice d’amplitude basse fréquence". La relation qui permet de calculer la valeur de l’amplitude de la composante basse fréquence d’indice k est : A pk = X V s Is q 2 k m2pk + m0p2k + 2 mpk m0pk cos(2ϕ) (III.19) De cette équation, il est aisé de déduire l’expression de l’indice d’amplitude basse fréquence mbfk : mbfk = q m2pk + m0p2k + 2 mpk m0pk cos(2ϕ) (III.20) En se reportant à l’équation III.8, l’indice de modulation global mgmp , l’indice d’oscillation global mgop , l’indice d’amplitude global mtp et l’indice d’amplitude basse fréquence global mbft de la puissance instantanée d’une phase se calculent à partir des expressions : m2pgm = X m2pmk (III.21) m2pok (III.22) k m2pgo = X k m2pt = X m2pk + k m2bft = X X 0 mp2k (III.23) k m2bfk (III.24) k La valeur de ces indices globaux augmente seulement lorsque le défaut rotorique apparaît au sein de la cage d’écureuil. Le spectre de l’équation théorique de la puissance instantanée (équation III.16) est représenté sur la figure III.7. Nous observons la présence des composantes de défaut autour de la fréquence fondamentale (composantes de fréquence 2fs ± kfm ) plus les composantes basses fréquences d’expression kfm = 2kgfs . En com- paraison avec le spectre théorique du courant statorique donné à la figure III.8, nous pouvons conclure que l’analyse de la puissance instantanée apporte une information supplémentaire dans la partie basse fréquence de son spectre. Ce complément d’information permettra de détecter les fréquences de modulation créées par le défaut rotorique directement à partir du spectre basse fréquence de cette puissance. Une fois la fréquence 2 g f s déterminée, nous pourrons calculer les fréquences des composantes présentes autour de la fréquence fondamentale du courant et de la puissance et ainsi évaluer leurs amplitudes respectives pour calculer la valeur des différents indices globaux cités précédemment. 94 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances 0.5 psa (f ) 0.45 0.4 0.35 Amplitude (A) mbft 0.3 0.25 mp t 0.2 PSfrag replacements 0.15 0.1 0.05 0 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. III.7 : Spectre fréquentiel de la puissance instantanée théorique (équation III.16) 0.5 isa (f ) 0.45 0.4 Amplitude (A) 0.35 0.3 0.25 mct 0.2 0.15 PSfrag replacements 0.1 0.05 0 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.8 : Spectre fréquentiel du courant statorique théorique (équation III.5) III.2 : Application 95 Nous venons de décrire la méthode de diagnostic que nous souhaitons utiliser pour détecter la présence d’un défaut de barre au sein de la cage d’écureuil. Le test de cette approche sur différents essais expérimentaux va nous permettre de vérifier sa validité. III.2 Application Nous venons de voir que le calcul des différents indices nécessite la détection de la composante de fréquence 2 g fs présente dans le spectre fréquentiel de la puissance instantanée d’une phase statorique. Pour obtenir une représentation du courant statorique et de la puissance instantanée dans le domaine fréquentiel, nous utilisons le périodogramme de Bartlett décrit dans le chapitre I calculé avec une fenêtre de Hanning [63]. Cette application est restreinte ici au cas où la cage rotorique présente une barre partiellement cassée et une barre totalement cassée dans le cas d’une alimentation directe par le réseau triphasé et d’une alimentation par un variateur de vitesse commandé en U/f . III.2.1 Banc d’essai et mesure Pour tester la méthode de diagnostic proposée, notre laboratoire s’est doté d’un banc d’essai et mesure composé d’une machine asynchrone de 3 kW (une paire de pôle) et d’une machine à courant continu. La machine asynchrone étudiée fonctionne avec une cage rotorique de 28 barres fabriquée en aluminium. La vitesse rotorique de cette machine peut varier de 2800 tr/min (fonctionnement au couple nominal) à 2990 tr/min (fonctionnement à vide). Les photos et la description totale du banc sont données dans l’annexe B de ce document. Les deux signaux (courant statorique et tension simple) sont prélevés simultanément grâce à une carte spécifique. L’échantillonnage des signaux peut s’effectuer en choisissant une fréquence comprise entre 1 kHz et 2,5 MHz. Pour notre analyse, nous avons choisi une fréquence d’échantillonnage de 2 kHz et un nombre de points égal à 218 = 262144 valeurs. L’alimentation de la machine peut se faire soit par le réseau triphasé, soit par un variateur de vitesse commandé en U/f . La figure III.9 représente le synoptique du banc d’essai et mesure utilisé. 96 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Variateur de vitesse Capteur de courant Alimentation triphasée Caisse de charge résistive g replacements Moteur à courant continu Sonde de tension Moteur asynchrone Carte d’acquisition CS 1602 Micro ordinateur Fig. III.9 : Synoptique du banc d’essai et mesure III.2.2 Alimentation de la machine par le réseau triphasé Nous nous intéressons dans un premier temps au diagnostic de la machine asynchrone lorsque cette dernière est connectée à un réseau triphasé délivrant trois tensions simples de valeur efficace 230 Volts et de fréquence 50 Hz. Nous étudions les cas où la machine asynchrone présente une barre partiellement cassée (environ 50% de la barre est percé) et une barre totalement cassée sous différents couples de charge. La figure III.10 représente le spectre de la puissance instantanée d’une phase de la machine lorsque nous utilisons le périodogramme simple décrit dans le chapitre I. La figure III.11, représente le même signal mais avec l’utilisation du périodogramme de Bartlett. Nous pouvons constater que le bruit du spectre, appelé aussi variance du spectre, est réduit dans de fortes proportions. En effet, l’utilisation de segments dont la longueur D est fixée à 32768 valeurs impose un nombre de segments L égal à 8. Par conséquent, le spectre calculé sur ces 32768 valeurs est moyenné 8 fois ce qui réduit la variance (ou III.2 : Application 97 0 psa (f ) Densité spectrale de puissance (dB) −25 −50 −75 −100 −125 PSfrag replacements −150 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. III.10 : Spectre de la puissance instantanée d’une phase statorique calculée avec le périodogramme simple 0 psa (f ) Densité spectrale de puissance (dB) −25 −50 −75 −100 −125 PSfrag replacements −150 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. III.11 : Spectre de la puissance instantanée d’une phase statorique calculée avec le périodogramme de Bartlett (Moyenné sur 8 segments) 98 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances le bruit) du périodogramme final et facilite la détection des composantes désirées. La fréquence d’échantillonnage Fe étant de 2 kHz, la résolution fréquentielle de nos spectres sera donc égale à 0,061 Hz (Fe /N ). Pour différencier les essais expérimentaux, nous utiliserons les notations suivantes : – S-C100 pour un essai effectué avec un rotor sain sous une charge de 100% ; – 1b-C75 pour un essai effectué avec une barre cassée sous une charge de 75% ; – 05b-C0 pour un essai effectué avec une barre partiellement cassée à vide. La figure III.12 représente le spectre du courant statorique d’une phase de la machine asynchrone dans la plage fréquentielle [0 - 100] Hz lorsque celle-ci fonctionne dans la configuration S-C100. Nous pouvons remarquer que pour ce mode de fonctionnement il existe, dans ce spectre fréquentiel, des composantes de faibles amplitudes de fréquence (1 ± 2 k g)fs . Ces composantes fréquentielles se retrouvent dans le spectre de la puissance instantanée (en basse fréquence et autour de la composante fondamentale à 100 Hz) comme nous pouvons le visualiser sur les figures III.13 et III.14. L’apparition de ce type de composantes lorsque la machine fonctionne avec un rotor sain s’explique par la présence d’une faible asymétrie rotorique. Une machine électrique n’étant évidemment pas parfaite, il existe sur tout type de machines, des phénomènes provoquant ce genre de perturbations. Comme cette asymétrie induit une légère modification de la distribution du flux magnétique dans l’entrefer de la machine, le spectre fréquentiel du courant statorique contient des composantes de faibles amplitudes dont les fréquences sont identiques à celles créées par une rupture de barre. Dans la méthode de diagnostic étudiée, l’amplitude de ces composantes sera utilisée comme référence pour diagnostiquer la présence d’une anomalie au rotor de la machine asynchrone. Cette référence sera obtenue en calculant la valeur des différents indices globaux du courant statorique et de la puissance instantanée lorsque la cage rotorique sera considérée comme étant saine. Une augmentation de la valeur de ces indices signifiera la présence d’une asymétrie plus importante due à la présence d’une barre ou d’une portion d’anneau de court-circuit partiellement ou totalement cassée au niveau de la cage rotorique. III.2 : Application 99 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 −20 −30 (1 − 2 g)fs −40 −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.12 : Spectre du courant statorique : S-C100 [0 - 100] Hz 0 psa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 −20 2(1 − g)fs −30 −40 −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. III.13 : Spectre de la puissance instantanée : S-C100 [0 - 200] Hz psa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −40 2 g fs −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 5 10 15 20 Fréquence (Hz) 25 30 35 Fig. III.14 : Spectre de la puissance instantanée : S-C100 [0 - 35] Hz 100 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances III.2.2.1 Calcul du glissement de la machine La principale difficulté de la méthode proposée réside dans la détection des composantes de fréquence 2 k g fs contenues dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée. Nous avons montré dans le chapitre II que l’amplitude de la composante de fréquence (1 − 2 g)fs présente dans le spectre fréquentiel du courant statorique était toujours plus grande que celles situées aux fréquences (1 − 2 k g)fs (k > 1) et (1 + 2 k g)fs . Par consé- quent, la composante à 2 g fs dans le spectre de la puissance instantanée aura une ampli- tude plus importante que celles à 2 k g fs (k > 1). A partir de cette remarque, la composante qui aura la plus grande amplitude dans une bande de fréquence fixée correspondra obligatoirement à la composante de fréquence 2 g fs créée par l’asymétrie rotorique de la machine en supposant que la machine asynchrone ne soit pas perturbée, voire altérée, par un phénomène autre que celui créé par la cassure d’une barre rotorique. Pour résoudre ce problème, il suffit de visualiser le contenu spectral de la puissance instantanée du moteur à analyser (spectre de référence) pour vérifier l’absence de composantes perturbatrices dans la partie basse fréquence. La détection des amplitudes des composantes de fréquence 2 k g fs du spectre de la puissance instantanée se fait à l’aide d’un seuil dont la valeur dépend de la moyenne du spectre et de l’écart-type du bruit calculés dans une plage fréquentielle [f min - fmax ]. Les bornes fmin et fmax sont choisies en fonction du type de machine utilisée (à paramètrer à la mise en place du système de détection). Comme notre machine asynchrone fonctionne avec une vitesse se situant entre 2800 tr/min et 2990 tr/min, nous obtiendrons une fréquence 2 g fs comprise entre 0,33 Hz minimum et 6,67 Hz maximum. Le nombre maximal de composantes que nous désirons détecter dans la bande fréquentielle [fmin - fmax ] du spectre de la puissance instantanée est de 5 (nous considérons que l’apparition de 5 composantes dans la partie basse fréquence du spectre correspond à un défaut relativement important). La bande fréquentielle choisie pour la détection des composantes de fréquence 2 k g f s sera donc [0,2 - 35] Hz. La figure III.15 représente le spectre de la puissance instantanée avec le seuil permettant la détection des composantes de fréquence 2 k g fs (fonctionnement S-C100). La détection de la composante de fréquence 2 g fs s’effectue en suivant les étapes III.2 : Application 101 chronologiques ci-dessous : 1. Définition d’un seuil de détection dans la plage fréquentielle [0,2 - 35] Hz. 2. Sélection des maxima supérieurs à ce seuil. 3. Le maximum ayant la plus forte amplitude est choisi comme étant celui correspondant à la composante de fréquence 2 g fs (asymétrie rotorique). 4. Vérification de la fréquence de ces maxima (il faut qu’elle soit multiple entier de la fréquence 2 g fs ±0, 5%). Si tel est le cas, nous considérons les composantes associées à ces fréquences comme étant des composantes créées par le défaut rotorique. Le résultat de cet algorithme fournit le nombre de composantes ayant une amplitude supérieure au seuil de détection et dont les fréquences sont un multiple entier de la fréquence de défaut 2 g fs . Ce nombre de composantes sera dans la suite de l’étude appelé Kpn . Grâce à la fréquence 2 g fs , nous pouvons déduire la valeur du glissement de la machine et calculer la vitesse de rotation de l’arbre rotorique. Une fois le glissement g et le nombre de composantes Kpn connus, nous calculons la fréquence des composantes présentes autour de la fréquence fondamentale du courant statorique et de la puissance instantanée grâce aux relations (1 ± 2 k g)fs et 2(1 ± k g)fs . A partir de ces fréquences, nous pouvons évaluer l’amplitude des composantes correspondantes avec une tolérance toujours inférieure à 1%. Nous évaluons l’amplitude de 2 Kpn composantes autour de la fréquence fondamentale du spectre du courant et de la puissance (Kpn composantes à gauche et Kpn composantes à droite). A ce stade de l’étude, nous connaissons les fréquences et les amplitudes de chaque psa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −40 Seuil 2 g fs −50 Seuil −60 −70 −80 −90 −100 0 5 10 15 20 Fréquence (Hz) 25 30 35 Fig. III.15 : Spectre de la puissance avec le seuil de détection : S-C100 [0 - 35] Hz 102 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances composante créée, soit par l’asymétrie rotorique "naturelle" (rotor sain), soit par le défaut de barre ou d’anneaux. Nous pouvons alors calculer les indices globaux du courant en utilisant les équations III.9, III.10 et III.11 ainsi que les indices globaux de la puissance instantanée en utilisant les équations III.21, III.22, III.23 et III.24. Comme nous l’avons précédemment mentionné, nous étudions le comportement de la machine asynchrone lorsque celle-ci fonctionne sous différents couples de charge ( 14 , 12 , et 4 4 3 4 du couple nominal de la machine). Nous nous intéressons dans un premier temps au cas où la machine fonctionne avec un rotor sain. Une fois ces analyses effectuées, nous étudions le comportement de cette dernière lorsque sa cage rotorique présente une barre partiellement cassée et une barre totalement cassée. Dans un dernier essai, nous proposons d’étudier la détection d’un défaut rotorique lorsque la machine asynchrone fonctionne à vide. III.2.2.2 Résultats expérimentaux Les valeurs des différents indices globaux calculés lorsque la machine est connectée au réseau d’alimentation triphasé sont répertoriées dans le tableau III.1. La première colonne de ce tableau correspond à l’état du rotor de la machine asynchrone, la seconde et la troisième colonne donnent respectivement la puissance moyenne de la phase analysée et la valeur de la fréquence 2 g fs détectée dans la bande basse fréquence du spectre de la puissance instantanée, la quatrième colonne donne la valeur du seuil de détection utilisée pour le calcul du nombre de composantes Kpn , la cinquième colonne donne la vitesse de rotation de la machine (calculée à partir de la fréquence 2 g fs ), la sixième colonne donne le nombre de composantes Kpn détectées dans la bande fréquentielle [fmin - fmax ], les colonnes suivantes nous renseignent sur la valeur des indices globaux du spectre fréquentiel de la puissance instantanée et du courant d’une phase statorique. L’analyse de ce tableau révèle deux informations importantes. L’apparition du défaut rotorique provoque d’une part un accroissement du nombre de composantes dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée (valeur Kpn ) et d’autre part une augmentation de tous les indices globaux. Cette augmentation est causée par un accroissement de l’amplitude des composantes fréquentielles créées par la rupture de la barre. Dans la littérature, il est courant de trouver des méthodes de diagnostic qui ne se basent (Watts) 1351 1335 1377 991 1050 985 690 691 681 378 386 371 99 102 97 S-C100 05b-C100 1b-C100 S-C75 05b-C75 1b-C75 S-C50 05b-C50 1b-C50 S-C25 05b-C25 1b-C25 S-C0 05b-C0 1b-C0 0,27 0,27 0,30 1,53 1,47 1,59 2,99 2,87 3,17 4,64 4,27 4,94 6,67 5,98 6,53 2gfs Puis. moy. Fréquence rotor Etat du -68,74 -72,65 -70,46 -62,26 -71,15 -68,08 -66,67 -73,00 -73,48 -71,08 -72,03 -75,85 -63,23 -74,25 -76,92 détection Seuil de 2993 2993 2990 2954 2956 2952 2910 2913 2904 2860 2872 2851 2799 2820 2803 (tr/min) Vitesse 2 1 1 3 2 2 4 3 2 4 3 3 3 3 2 Kpn 0,0041 0,0027 0,0024 0,0240 0,0115 0,0044 0,0279 0,0040 0,0017 0,0408 0,0061 0,0024 0,0435 0,0063 0,0020 mbft 0,0114 0,0082 0,0080 0,0358 0,0214 0,0100 0,0393 0,0057 0,0023 0,0470 0,0068 0,0036 0,0454 0,0060 0,0028 m pt 0,0065 0,0069 0,0046 0,0281 0,0100 0,0048 0,0350 0,0038 0,0018 0,0442 0,0070 0,0024 0,0408 0,0053 0,0021 m ct 0,0079 0,0062 0,0057 0,0246 0,0120 0,0059 0,0256 0,0037 0,0015 0,0288 0,0043 0,0021 0,0260 0,0037 0,0015 mpgm 0,0018 0,0003 0,0004 0,0059 0,0092 0,0038 0,0109 0,0017 0,0007 0,0165 0,0023 0,0015 0,0189 0,0021 0,0012 mpgo 0,0045 0,0049 0,0033 0,0198 0,0061 0,0030 0,0233 0,0026 0,0012 0,0274 0,0044 0,0014 0,0237 0,0033 0,0012 mcgm Tab. III.1 : Indices globaux d’une phase statorique pour une connexion directe sur le réseau d’alimentation 0,0007 0,0006 5e−5 0,0019 0,0036 0,0014 0,0083 0,0007 0,0004 0,0151 0,0022 0,0008 0,0164 0,0018 0,0009 mcgo III.2 : Application 103 104 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances que sur l’analyse de la composante de fréquence (1 − 2 g)fs présente dans le spectre du courant statorique. En effet, nous avons montré dans le chapitre II que cette composante est directement liée au défaut rotorique. Cependant, si nous comparons la valeur de l’indice d’amplitude de cette composante (indice mc1 ) avec la valeur de l’indice global calculé en prenant en compte l’amplitude de toutes les composantes spectrales (tableau III.2), il apparaît clairement qu’il est plus judicieux d’utiliser l’indice global m ct (contribution de toutes les composantes) car il augmente plus significativement que l’indice m c1 lors de l’apparition du défaut rotorique. La même analyse peut être faite avec la puissance instantanée (composantes situées aux fréquences 2 g fs et 2(1 − g)fs . D’une manière géné- rale, l’analyse des indices globaux calculés à partir du spectre du courant statorique et de la puissance instantanée permet de se rendre compte plus facilement de l’état de la cage rotorique de la machine. Nous avons montré que l’apparition d’un défaut rotorique (qu’il soit partiel ou total) faisait croître la valeur des différents indices globaux et, pour certains niveaux de charge, augmenter le nombre de composante Kpn . Ces deux paramètres donnent donc une image pertinente de l’état de la cage rotorique et peuvent, par conséquent, être utilisés pour définir deux critères de détection qui vont être étudiés dans la suite du document. III.2.2.2.1 Critère de détection no 1 Le premier critère choisi pour la détection d’un défaut rotorique combine l’information donnée par Kpn et l’information donnée par les indices globaux. La forme de ce critère de détection est donné au tableau III.3. Dans ce critère, mX peut être remplacé par n’importe quel indice global (mbft , mtp , mtc , mpgm , mpgo , mcgm où mcgo ). Nous avons choisi empiriquement une valeur de 2 pour le terme α. En effet, nous supposons que si la multiplication du nombre de composantes Kpn par l’indice global mX est supérieure à 2 fois celle obtenue lorsque la cage rotorique est saine, cela est suffisant pour signaler la présence d’une défaillance au niveau de la cage de la machine. Les résultats obtenus en appliquant ce critère de détection sont donnés dans les tableaux III.4 et III.5. Le tableau III.4 nous renseigne sur les résultats obtenus avec les indices globaux mbft , mpt et mct alors que le tableau III.5 nous renseigne sur les résultats obtenus avec les indices globaux mpgm , mpgo , mcgm et mcgo . mbf1 0,0019 0,0059 0,0428 0,0023 0,0055 0,0392 0,0016 0,0037 0,0257 0,0043 0,0114 0,0227 0,0024 0,0027 0,0039 Rotor S-C100 05b-C100 1b-C100 S-C75 05b-C75 1b-C75 S-C50 05b-C50 1b-C50 S-C25 05b-C25 1b-C25 S-C0 05b-C0 1b-C0 0,0041 0,0027 0,0024 0,0240 0,0115 0,0044 0,0279 0,0040 0,0017 0,0408 0,0061 0,0024 0,0435 0,0063 0,0020 mbft 0,0086 0,0059 0,0060 0,0266 0,0211 0,0096 0,0324 0,0046 0,0019 0,0418 0,0057 0,0034 0,0436 0,0050 0,0027 m p1 0,0114 0,0082 0,0080 0,0358 0,0214 0,0100 0,0393 0,0057 0,0023 0,0470 0,0068 0,0036 0,0454 0,0060 0,0028 m pt 0,0042 0,0043 0,0032 0,0180 0,0095 0,0043 0,0276 0,0020 0,0014 0,0390 0,0052 0,0021 0,0389 0,0043 0,0020 m c1 0,0065 0,0069 0,0046 0,0281 0,0100 0,0048 0,0350 0,0038 0,0018 0,0442 0,0070 0,0024 0,0408 0,0053 0,0021 m ct 0,0069 0,0062 0,0057 0,0215 0,0119 0,0058 0,0023 0,0032 0,0013 0,0267 0,0037 0,0020 0,0252 0,0032 0,0015 mpm1 0,0079 0,0062 0,0057 0,0246 0,0120 0,0059 0,0256 0,0037 0,0015 0,0288 0,0043 0,0021 0,0260 0,0037 0,0015 mpgm 0,0017 -0,0003 0,0004 0,0051 0,0093 0,0039 0,0096 0,0015 0,0006 0,0152 0,0020 0,0015 0,0184 0,0018 0,0012 mpo1 0,0018 0,0003 0,0004 0,0059 0,0092 0,0038 0,0109 0,0017 0,0007 0,0165 0,0023 0,0015 0,0189 0,0021 0,0012 mpgo 0,0036 0,0049 0,0033 0,0168 0,0059 0,0029 0,0204 0,0019 0,0010 0,0251 0,0034 0,0013 0,0023 0,0028 0,0012 mcm1 0,0045 0,0049 0,0033 0,0198 0,0061 0,0030 0,0233 0,0026 0,0012 0,0274 0,0044 0,0014 0,0237 0,0033 0,0012 mcgm 6e−4 −6e −4 0,0007 5e−5 5e −5 0,0007 0,0019 0,0036 0,0014 0,0083 0,0007 0,0004 0,0151 0,0023 0,0008 0,0164 0,0018 0,0009 mcgo 0,0012 0,0036 0,0014 0,0072 0,0001 0,0004 0,0139 0,0017 0,0008 0,0016 0,0015 0,0009 mco1 Tab. III.2 : Comparaison entre la valeur des indices d’amplitudes des composantes pour k = 1 et la valeur des indices globaux III.2 : Application 105 106 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Tab. III.3 : Critère de détection no 1 Test Résultats si (KpnMesuré mXMesuré ) < α (KpnSain mXSain ) Pas de défaut si (KpnMesuré mXMesuré ) > α (KpnSain mXSain ) Défaut rotorique Tab. III.4 : Résultats du critère de détection no 1 sur les indices globaux mbft , mpt et m ct Rotor Kpn 2Kpn mbft S-C100 2 0,0080 05b-C100 3 0, 0189f 0, 0180f 0, 0159f 1b-C100 3 0, 1305f 0, 1363f 0, 1224f S-C75 3 05b-C75 3 0, 0183f 0, 0204nf 0, 0210f 1b-C75 4 0, 1632f 0, 1880f 0, 1768f S-C50 2 05b-C50 3 0, 0120f 0, 0171f 0, 0114f 1b-C50 4 0, 1116f 0, 1572f 0, 1400f S-C25 2 05b-C25 2 0, 0230f 0, 0428f 0, 0200f 1b-C25 3 0, 0720f 0, 1074f 0, 0843f S-C 0 1 05b-C0 1 0, 0027nf 0, 0082nf 0, 0069nf 1b-C0 2 0, 0082f 0, 0228f 0, 0130f Kpn mbft 2Kpn mpt Kpn mpt 0,0112 0,0144 0,0144 0,0092 0,0176 0,0072 0,0400 0,0048 Kpn mct 0,0084 0,0216 0,0068 2Kpn mct 0,0192 0,0160 0,0092 xnf : Pas de défaut détecté - xf : Défaut détecté Kpn 2 3 3 3 3 4 2 3 4 2 2 3 1 1 2 Rotor S-C100 05b-C100 1b-C100 S-C75 05b-C75 1b-C75 S-C50 05b-C50 1b-C50 S-C25 05b-C25 1b-C25 S-C0 05b-C0 1b-C0 0, 0158f 0, 0058nf 0, 0739f 0, 0239f 0, 1022f 0, 0110f 0, 1154f 0, 0128f 0, 0779f 0, 0112f Kpn mpgm 0,0007 0,0154 0,0027 0,0089 0,0048 2Kpn mpgo 0, 0036f 0, 0001nf 0, 0178f 0, 0185f 0, 0437f 0, 0051f 0, 0660f 0, 0063nf 0, 0567f 0, 0063f Kpn mpgo 0,0065 0,0123 0,0048 0,0087 0,0048 2Kpn mcgm xnf : Pas de défaut détecté - xf : Défaut détecté 0,0113 0,0237 0,0059 0,0124 0,0062 2Kpn mpgm 0, 0090f 0, 0049nf 0, 0593f 0, 0122nf 0, 0931f 0, 0077f 0, 1095f 0, 0131f 0, 0711f 0, 0098f Kpn mcgm 0,0001 0,0056 0,0017 0,0051 0,0034 2Kpn mcgo 0, 0015f 0, 0006f 0, 0056f 0, 0072f 0, 0334f 0, 0020f 0, 0604f 0, 0068f 0, 0493f 0, 0053f Kpn mcgo Tab. III.5 : Résultats du critère de détection no 1 sur les indices globaux mpgm , mpgo , mcgm , mcgo III.2 : Application 107 108 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Remarque 1 : Nous analysons tout d’abord les cas où le couple de charge imposé à la machine est supérieur ou égal à 25%. Le fonctionnement lorsque la machine asynchrone opère à vide sera étudié à part. Le critère de détection no 1 appliqué aux indices globaux mbft et mct permet de détecter une barre partiellement cassée et une barre complètement cassée quelque soit le couple de charge. L’analyse des résultats avec l’indice global mpt nous montre que seul le défaut impliquant une barre partiellement cassée lorsque la machine fonctionne sous 75% de charge n’est pas détecté. En ce qui concerne les indices globaux mpgm et mcgo , la détection du défaut rotorique est possible pour tous les cas de charge étudiés. Pour l’indice global mpgo , le seul défaut non détecté est celui où la cage présente une barre partiellement cassée sous 75% de charge. L’indice global mcgm quant à lui ne permet pas de détecter une barre partiellement cassée sous 25% de charge. Remarque 2 : Dans cette partie, nous analysons les résultats obtenus lorsque la machine asynchrone opère à vide. Pour ce mode fonctionnement, nous savons qu’il est relativement difficile de détecter un défaut rotorique étant donné que le courant circulant dans les barres de la cage d’écureuil est faible. A vide, la détection de la composante de fréquence 2 g fs dans le spectre de la puissance instantanée est difficile sachant que le minimum de la fréquence 2 g fs était de 0,33 Hz dans notre cas. Pour obtenir des composantes spectrales distinctes les unes des autres et permettre de distinguer la composante à 2 g fs , nous avons du modifier les paramètres utilisés pour le calcul du périodogramme de Bartlett. Nous utilisons 64536 points pour mieux séparer la composante fréquentielle 2 g fs de la composante continue résiduelle présente dans le spectre de la puissance instantanée. Au final, la nouvelle résolution fréquentielle obtenue pour le calcul du spectre fréquentiel est de 0,0305 Hz. Cette nouvelle résolution permet d’évaluer les amplitudes des composantes de fréquence 2 k g f s avec plus de précision pour permettre de déterminer le nombre de composantes Kpn ainsi que l’indice global basse fréquence mbft correspondant. Les figures III.16 à III.18 représentent respectivement les spectres basse fréquence de la puissance instantanée pour un rotor sain, un rotor avec une barre partiellement cassée et un rotor avec une barre totalement cassée lorsque la machine fonctionne à vide. Les valeurs de Kpn et des différents indices globaux, pour ce mode de fonctionnement, sont III.2 : Application 109 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −30 psa (f ) −40 2gfs −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 1 2 3 4 5 Fréquence (Hz) 6 7 8 9 10 Fig. III.16 : Spectre de la puissance instantanée : S-C0 [0 - 10] Hz PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −30 psa (f ) −40 2gfs −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 1 2 3 4 5 Fréquence (Hz) 6 7 8 9 10 Fig. III.17 : Spectre de la puissance instantanée : 05b-C0 [0 - 10] Hz PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −30 psa (f ) 2gfs −40 −50 4gfs −60 −70 −80 −90 −100 0 1 2 3 4 5 Fréquence (Hz) 6 7 8 9 10 Fig. III.18 : Spectre de la puissance instantanée : 1b-C0 [0 - 10] Hz 110 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances reportés dans les trois dernières lignes des tableaux III.1 et III.2. L’analyse de ces résultats montre que la valeur des indices globaux augmentent très faiblement lorsque le défaut rotorique correspond à une barre partiellement cassée. De plus, nous devons noter que le nombre Kpn pour ce défaut reste constant et égal à 1. Par contre, le défaut impliquant une barre complètement cassée provoque une croissance plus significative des indices globaux et une augmentation du nombre de composantes Kpn dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée. L’application du critère n o 1 sur ces résultats est reportée dans les tableaux III.4 et III.5. Le défaut partiel sur une barre n’est pas détecté sauf avec l’indice global mcgo , alors que celui impliquant une barre complète est diagnostiqué quelque soit l’indice utilisé. L’étude des résultats obtenus avec ce critère de détection lorsque la machine asynchrone fonctionne avec un couple de charge supérieure ou égale à 25% nous a permis de distinguer que seuls les indices globaux mbft , mct , mpgm et mcgo permettent la détection d’une barre défaillante (défaut partiel ou total). Pour un fonctionnement de la machine à vide, seul l’indice global mcgo permet la détection des deux défauts rotoriques étudiés. Il est intéressant de comparer l’augmentation du rapport KpnDéfaut mxDéfaut par rapport au rapport 2KpnSain mxSain pour permettre de déterminer quel est l’indice donnant l’information la plus pertinente pour le diagnostic de défaut de la cage rotorique. Le résultat de cette comparaison apparaît dans le tableau III.6. Nous avons inscrit en caractère gras l’augmentation la plus significative pour chaque cas d’étude. Si nous considérons une charge supérieure ou égale à 25%, les indices globaux de la puissance instantanée mbft et du courant statorique mct augmentent notablement dans trois cas sur huit, alors que les indices globaux mpgm et mcgo arrivent en tête seulement dans un seul cas. Cette remarque nous amène à ne favoriser que les indices globaux mbft et mct pour le diagnostic de défaut final. Si nous restreignons l’analyse à ces deux indices, nous pouvons remarquer que l’indice global qui donne l’information la plus significative lorsque le rotor présente une barre partiellement cassée se trouve être l’indice mbft . En effet, sur les quatre analyses faites avec ce niveau de défaillance, l’augmentation de cet indice est plus importante dans trois de ces cas (comparaison entre l’indice mbft et l’indice mct pour un couple de charge supérieur ou égal à 25%). Cependant, lors du passage d’une barre partiellement cassée à une barre III.2 : Application 111 Tab. III.6 : Comparaison des rapports utilisant les indices globaux mbft , mct , mpgm et mcgo par rapport au fonctionnement sain (critère de détection no 1) Rotor R(mbft )∗ R(mct )∗ R(mpgm )∗ R(mcgo )∗ 05b-C100 +136 % +89 % +81 % +53 % 1b-C100 +1531 % +1357 % +1165 % +1327 % 05b-C75 +27 % +45 % +4 % +34 % 1b-C75 +1033 % +1127 % +832 % +1082 % 05b-C50 +76 % +58 % +86 % +18 % 1b-C50 +1541 % +1844 % +1629 % +1852 % 05b-C25 +31 % +4 % +1 % +28 % 1b-C25 +309 % +339 % +212 % +0.15 % 05b-C0 -44 % -25 % -49 % +450 % 1b-C0 +71 % +41 % +40 % +1376 % ∗ R(mx ) = (KpnDéfaut mxDéfaut ) (2KpnSain mxSain ) −1 complètement cassée, c’est l’indice global mct qui augmente le plus significativement. Cette remarque montre clairement qu’il ne faut pas se limiter à l’étude d’un seul indice pour le diagnostic de défaut rotorique mais qu’il serait préférable de les prendre tous en considération. De plus, nous devons noter que ces résultats proviennent de plusieurs essais expérimentaux issus d’une seule machine (machine décrite dans l’annexe B en page 201). Si nous appliquons ce critère sur des essais issus d’une machine asynchrone différente, il serait possible que les indices les plus pertinents ne soit plus mct et mbft mais peut être mpt et mcgo . Il serait donc intéressant de développer une approche "système expert" qui prendrait en compte l’évolution de chaque indice global car, comme nous l’avons vu, ils nous donnent tous une image de l’état de la cage rotorique. Cela permettrait de prendre en compte tout types d’informations avec des degrés de certitudes différents. Il est aussi intéressant de noter que pour un fonctionnement à vide de la machine asynchrone, ce ne sont pas les indices globaux mct et mbft qui permettent de détecter le défaut rotorique partiel mais l’indice global mcgo . En effet, comme nous pouvons le voir 112 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances dans le tableau III.6, l’augmentation de la valeur de cet indice est la plus significative de toutes, que ce soit pour une rupture partielle ou totale d’une barre de la cage rotorique. Cependant, nous préférons émettre une hypothèse quant à la validité du critère appliqué sur les indices globaux lorsque que la machine fonctionne à vide étant donné que les amplitudes des composantes créées par la rupture de barre sont très faibles. Il serait préférable, comme nous l’avons mentionné précédemment, de les étudier tous et de voir leur évolution au cours du temps (si plusieurs indices globaux augmentent en même temps alors nous pouvons considérer que la cage présente un défaut rotorique partiel). III.2.2.2.2 Analyse des harmoniques d’espace Nous avons vu au chapitre II que les harmoniques créés par la répartition des bobinages statoriques généraient des composantes additionnelles dans le spectre du courant de ligne lors de l’apparition d’un défaut rotorique aux fréquences : fhex = (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs où x = (III.25) k = 3, 5, 7, . . . et η = 0, 1, 2, 3, . . . p Nous avons montré qu’il était possible de différencier un défaut de charge (variation du couple de charge) d’un défaut rotorique (rupture d’une ou plusieurs barres de la cage) en analysant l’évolution de l’amplitude de ces composantes. Par conséquent, pour permettre de dissocier ces deux types de défauts, il serait intéressant de calculer un indice global qui traduirait le niveau d’amplitude de ces composantes "harmoniques". Le calcul de l’amplitude des composantes créées par les harmoniques d’espace s’effectue de la même manière que celles présentes autour des fréquences fondamentales du courant et de la puissance d’une phase statorique. Nous calculons l’indice d’amplitude de chaque composante harmonique en utilisant l’équation III.12 (nous évaluons l’amplitude de (2 Kpn + 2) composantes pour chaque harmonique d’espace). A partir de ces indices, nous calculons deux indices globaux. Le premier, noté mhex1 , correspond à l’indice global calculé à partir des indices d’amplitude des deux composantes principales (η = 0 dans l’équation III.25). Le second, noté mhext , correspond à l’indice global calculé à partir des indices d’amplitude de toutes les composantes de l’harmonique d’espace x (η = 0, ..., Kpn ). Nous présentons sur la figure III.19 le spectre fréquentiel d’un courant III.2 : Application 113 théorique modulé en amplitude et contenant ces composantes harmoniques dont l’équation peut se mettre sous la forme : isa (t) = isa0 (t) + 2 X k=1 + 4 X 1 X h=1 η=0 + 4 X 1 X h=1 η=0 √ √ 0 2 √ X 2Is mck 2Is mck cos((ωs − kωm )t − ϕ) + cos((ωs + kωm )t − ϕ) 2 2 k=1 2Is mhe(2h+1)(1+2η) 2 √ cos(((2h + 1)(1 − g) − (1 + 2η)g) ωs t − ϕ) 0 2Is mhe(2h+1)(1+2η) 2 cos(((2h + 1)(1 − g) + (1 + 2η)g) ωs t − ϕ) (III.26) Nous notons sur cette figure les différents indices globaux spécifiques à chaque harmonique d’espace étudié. Un agrandissement de ce spectre fréquentiel dans la plage [200 - 280] Hz (figure III.20) permet de différencier les composantes utilisées pour le calcul de l’indice global mhex1 (x = 2h + 1) de celles utilisées pour le calcul de l’indice global mhext . Dans la suite de l’étude, nous restreignons le calcul aux 13 premiers harmoniques d’espace du courant statorique car les composantes fréquentielles (composantes des harmoniques d’espace) se situant au delà de 650 Hz ne sont pas très utiles du fait de leurs faibles amplitudes, que ce soit pour un rotor sain ou un rotor défaillant. Nous présentons sur les figures III.21 à III.23 l’évolution des composantes de l’harmonique d’espace no 7 lors de l’apparition des deux défauts rotoriques étudiés. Nous pouvons remarquer visuellement que plus le défaut rotorique prend de l’importance, plus l’amplitude de ces composantes augmente. Si nous reprenons la figure III.23, nous pouvons remarquer qu’une composante de l’harmonique no 7 a pour fréquence fhe5 = (7 (1 − g) + 7 g) fs = 350 Hz. Nous savons qu’en plus des composantes harmoniques générées par le bobinage statorique, le spectre du courant statorique contient les composantes harmoniques des trois tensions d’alimentation dont les fréquences sont un multiple entier impair de 50 Hz (150 Hz, 250 Hz, 350 Hz, ...). Par conséquent, nous retrouvons à la même fréquence une composante créée par l’harmonique d’espace no 7 et une composante créée par les tensions d’alimentation. Au final, ce sont les harmoniques de ces tensions qui apparaissent dans le spectre fréquentiel étant donné qu’ils ont une influence plus importante sur le courant statorique. Pour éviter de prendre en compte ces composantes dans le calcul des indices globaux, nous excluons l’amplitude de toutes les composantes de fréquence (2 h + 1) fs (k > 1) dans le programme 114 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances 1 isa (f ) 0.9 0.8 PSfrag replacements Amplitude (A) 0.7 0.6 mhe5t 0.5 mhe7t mhe3t 0.4 mhe9t 0.3 0.2 0.1 0 0 50 100 150 200 250 300 Fréquence (Hz) 350 400 450 500 Fig. III.19 : Spectre théorique d’un signal modulé en amplitude avec harmonique d’espace [0 - 500] Hz 0.8 isa (f ) 0.7 0.6 mhe5t Amplitude (A) 0.5 0.4 mhe51 0.3 PSfrag replacements 0.2 0.1 0 200 210 220 230 240 Fréquence (Hz) 250 260 270 280 Fig. III.20 : Spectre théorique d’un signal modulé en amplitude avec harmonique d’espace [200 - 280] Hz III.2 : Application PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 −20 115 isa (f ) 0 k = (1 + 2η) η=2 0 0 [7(1 − g) − k g]fs −40 [7(1 − g) + k g]fs −60 −80 −100 −120 280 290 300 310 320 330 340 Fréquence (Hz) 350 360 370 380 Fig. III.21 : Spectre du courant statorique dans la bande [280 - 380] Hz (Harmonique d’espace no 7) : S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 −20 isa (f ) 0 k = (1 + 2η) η=3 0 [7(1 − g) − k g]fs 0 [7(1 − g) + k g]fs −40 −60 −80 −100 −120 280 290 300 310 320 330 340 Fréquence (Hz) 350 360 370 380 Fig. III.22 : Spectre du courant statorique dans la bande [280 - 380] Hz (Harmonique d’espace no 7) : 05b-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 −20 0 k = (1 + 2η) η=3 isa (f ) 0 [7(1 − g) + k g]fs 0 [7(1 − g) − k g]fs −40 −60 −80 −100 −120 280 290 300 310 320 330 Fréquence (Hz) 340 350 360 370 Fig. III.23 : Spectre du courant statorique dans la bande [280 - 380] Hz (Harmonique d’espace no 7) : 1b-C100 116 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances pour effectuer le calcul des différents indices globaux spécifiques aux harmoniques d’espace. Nous récapitulons dans le tableau III.7 la valeur des indices globaux mhex1 représentatifs de l’amplitude des composantes principales de l’harmonique d’espace x ainsi que la valeur des indices globaux calculée en prenant en compte toutes les composantes spectrales de l’harmonique x. Il apparaît clairement que ces indices augmentent lors de l’apparition du défaut rotorique. Nous donnons dans le tableau III.8 la croissance de ces indices globaux par rapport à ceux calculés lorsque la machine fonctionne avec un rotor sain. Cette représentation permet de visualiser plus facilement quels sont les harmoniques d’espace les plus intéressants en vue d’améliorer le diagnostic de défaut final. Le tableau III.8 met en évidence le fait que l’harmonique d’espace no 5 donne l’information la plus pertinente sur l’état de la cage rotorique car c’est l’amplitude de ces composantes qui augmentent le plus significativement lors de l’apparition d’un défaut rotorique partiel ou total. L’harmonique d’espace no 11 nous délivre aussi une information intéressante car l’amplitude de ces harmoniques augmente quelque soit le niveau de défaut étudié. La valeur des indices globaux des harmoniques d’espace no 3 et no 9 augmente très faiblement lors de l’apparition du défaut rotorique. Cette faible croissance est due au raccourcissement de 2/3 utilisé lors de la mise en place du bobinage statorique qui, rappelons-le, annule l’effet des harmoniques d’espace multiple de 3 (figure II.4 de la page 50). La présence de ces harmoniques dans le spectre du courant statorique est essentiellement causée par le phénomène de saturation du circuit magnétique de la machine. C’est en partie pour cette raison que ces indices globaux restent faibles. Notons que dans certains cas, nous obtenons une réduction de la valeur de leurs indices globaux lorsque le défaut correspond à une barre partiellement cassée. Ce phénomène se traduit par une diminution de leurs amplitudes respectives lors de l’apparition du défaut rotorique. Une barre partiellement ou totalement cassée n’influence pas beaucoup l’amplitude de ces harmoniques d’espace. Nous pouvons remarquer aussi que les indices globaux des harmoniques no 5 et no 7, calculés à partir des composantes principales (η = 0), augmentent plus significativement que ceux calculés avec toutes les composantes de défauts dans le cas d’une barre totalement cassée. Cependant, ce sont les indices globaux calculés à partir de toutes les composantes qui nous donnent la meilleure information pour l’étude d’une Kpn 2 3 3 3 3 4 2 3 4 2 2 3 Rotor S-C100 05b-C100 1b-C100 S-C75 05b-C75 1b-C75 S-C50 05b-C50 1b-C50 S-C25 05b-C25 1b-C25 0,0103 0,0107 0,0051 0,0048 0,0030 0,0015 0,0046 0,0018 0,0024 0,0015 0,0005 0,0017 mhe31 0,0105 0,0108 0,0051 0,0050 0,0030 0,0015 0,0048 0,0018 0,0024 0,0018 0,0006 0,0017 mhe3t 0,0185 0,0035 0,0011 0,0233 0,0034 0,0014 0,0305 0,0038 0,0012 0,0234 0,0029 0,0013 mhe51 0,0204 0,0039 0,0013 0,0248 0,0039 0,0015 0,0314 0,0041 0,0013 0,0236 0,0032 0,0014 mhe5t 0,0084 0,0008 0,0013 0,0094 0,0011 0,0013 0,0126 0,0014 0,0009 0,0091 0,0011 0,0009 mhe71 0,0093 0,0014 0,0016 0,0103 0,0017 0,0015 0,0138 0,0021 0,0011 0,0102 0,0016 0,0011 mhe7t 0,0010 0,0002 0,0001 0,0010 0,0001 0,0001 0,0011 0,0001 0,0001 0,0007 0,0001 0,0001 mhe91 0,0014 0,0002 0,0004 0,0012 0,0002 0,0002 0,0014 0,0005 0,0002 0,0009 0,0002 0,0001 mhe9t 0,0020 0,0007 0,0004 0,0026 0,0012 0,0006 0,0033 0,0012 0,0005 0,0024 0,0010 0,0006 mhe111 0,0028 0,0008 0,0006 0,0040 0,0014 0,0008 0,0054 0,0014 0,0006 0,0041 0,0012 0,0007 mhe11t Tab. III.7 : Valeurs des indices globaux calculés sur les composantes harmoniques 0,0017 0,0003 0,0004 0,0022 0,0004 0,0005 0,0030 0,0004 0,0004 0,0024 0,0005 0,0005 mhe131 0,0023 0,0004 0,0005 0,0030 0,0008 0,0006 0,0041 0,0010 0,0005 0,0031 0,0008 0,0006 mhe13t III.2 : Application 117 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances 118 1b-C50 05b-C50 1b-C75 05b-C75 1b-C100 05b-C100 Rotor 110 % 110 % 221 % 228 % 100 % 92 % -27 % -8 % -68 % mhe31 99 % 101 % -25 % 7% -66 % mhe3t 1513 % 1433 % 208 % 1511 % 1506 % 135 % 2549 % 2266 % 234 % mhe51 208 % 1717 % 1624 % 128 % 189 % 131 % mhe5t 531 % -36 % 636 % -11 % 906 % 27 % mhe71 -12 % 605 % 13 % 1333 % 1225 % 64 % 490 % 104 % 860 % 52 % mhe7t 754 % 38 % 659 % 10 % 728 % 10 % mhe91 -38 % 479 % 16 % 1040 % 719 % -4 % 288 % 203 % 574 % 35 % mhe9t 411 % 77 % 314 % 87 % 541 % 140 % 297 % 63 % mhe111 337 % 18 % 393 % 73 % 764 % 121 % 515 % 76 % mhe11t 368 % -6 % 354 % -11 % 648 % 6% 368 % -5 % mhe131 373 % -8 % 368 % 29 % 746 % 108 % 457 % 43 % mhe13t Tab. III.8 : Augmentation des indices globaux calculés sur les composantes harmoniques par rapport au fonctionnement sain 05b-C25 102 % 104 % 151 % 1b-C25 III.2 : Application 119 barre partiellement cassée. Les indices globaux des harmoniques d’espace lorsque la machine asynchrone fonctionne à vide ne sont pas présents dans les tableaux III.7 et III.8. Les résultats obtenus dans ce cas de fonctionnement étaient erronés car l’algorithme qui permet de calculer les différents indices globaux ne trouve pas les amplitudes exactes des composantes de fréquence fhex = (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs . Par exemple, si nous prenons le cas de l’harmonique d’espace no 7, les fréquences à détecter valent (7(1 − g) − g)fs et (7(1 − g) + g)fs pour η = 0 (composantes principales de l’harmonique no 7), ce qui nous donne, pour un glissement de 0,3%, des fréquences de valeurs 348,8 Hz et 349,1 Hz. Notre seuil de tolérance étant de 1%, la bande de fréquence pour la recherche de l’amplitude maximale vaut alors [347 - 350,5] Hz pour la composante de fréquence (7(1 − g) − g)fs et [347,35 - 350,84] Hz pour la composante de fréquence (7(1 − g) + g)fs . Ce chevauchement pose un problème pour la détection de l’amplitude maximale car si celle-ci ce situe entre 347,35 Hz et 350,84 Hz, le programme choisira la même composante pour les fréquences (7(1 − g) − g)fs et (7(1 − g) + g)fs donnant alors un indice global pour l’harmonique d’espace no 7 erroné. Plus l’harmonique d’espace analysé sera grand (par exemple les harmoniques 9, 11 ou 13), plus le chevauchement des bandes fréquentielles sera important (équation III.25). Nous avons essayé de ramener le seuil de tolérance à 0,1% mais les résultats obtenus n’ont pas été plus concluants. De plus, l’amplitude de ces composantes dans les essais à vide était difficilement identifiable du fait du peu de courant circulant dans les barres rotoriques. Par conséquent, le diagnostic de défaut pour cet essai ne peut être basé que sur l’analyse des composantes présentes autour de la fréquence fondamentale du courant et de la puissance d’une phase de la machine. Nous avons montré que ce critère de détection permettait d’effectuer le diagnostic d’une barre partiellement cassée pour un couple de charge supérieur à 10% 2 du couple de charge nominal et d’une barre totalement cassée pour tous les couples de charge. Bien entendu le diagnostic d’un défaut impliquant la rupture de plus d’une barre rotorique peut être envisagé au vue des résultats obtenus avec une seule barre rotorique défaillante. 2 Des essais complémentaires entre 0% et 25% de charge ont été effectués pour déterminer les limites de la détection d’une barre partiellement cassée. 120 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances III.2.2.2.3 Critère de détection no 2 Le diagnostic de défaut utilisant le premier critère de détection nous donne deux informations, soit le rotor est sain, soit le rotor est défaillant. Étant donné que ce critère base son diagnostic en combinant les informations données par les termes Kpn et mX , nous avons envisagé un critère de détection qui permettrait de les utiliser séparément. Sans prendre en compte l’information complémentaire donnée par les harmoniques d’espace, ce critère de détection peut être mis sous la forme donnée au tableau III.9. Ce critère permet d’alerter l’opérateur d’un défaut naissant en associant une couleur (Vert, Orange, Rouge) lorsque le résultat de la multiplication de l’indice global m XMesuré par la valeur α devient supérieur ou égal à l’indice global mXSain ou lorsque le nombre de composantes KpnMesuré devient supérieur au nombre de composantes détectées pour un fonctionnement avec un rotor sain (KpnSain ). Si le nombre de composante KpnMesuré est strictement supérieur à la valeur KpnSain combinée avec la condition impliquant les indices globaux, le défaut au rotor de la machine est considéré comme établi. Le terme α utilisé dans ce critère prend la même valeur que celui utilisé dans le critère de détection n o 1, c’est à dire 2. Pour valider cette approche, nous appliquons ce nouveau critère de détection aux données du tableau III.2. Nous reportons dans le tableau III.10 les résultats obtenus avec les indices globaux mbft , mpt et mct et dans le tableau III.11, les résultats obtenus avec les indices globaux mpgm , mpgo , mcgm et mcgo . Les cas d’étude où le défaut rotorique n’a pas pu être détecté est inscrit en caractère gras. L’analyse du tableau III.10 montre que si nous utilisons les indices globaux mbft et mct , ce critère de détection permet d’informer l’opérateur d’une défaillance rotorique pour Tab. III.9 : Critère de détection no 2 Test Résultats si (mXMesuré < α mXSain ) Pas de défaut (V) si (mXMesuré < α mXSain ) & (KpnMesuré > KpnSain ) Défaut rotorique partiel (O) si (mXMesuré ≥ α mXSain ) & (KpnMesuré = KpnSain ) Défaut rotorique partiel (O) si (mXMesuré ≥ α mXSain ) & (KpnMesuré > KpnSain ) Défaut rotorique établi (R) Kpn 2 3 3 3 3 4 2 3 4 2 2 3 1 1 2 Rotor S-C100 05b-C100 1b-C100 S-C75 05b-C75 1b-C75 S-C50 05b-C50 1b-C50 S-C25 05b-C25 1b-C25 S-C0 05b-C0 1b-C0 0,0048 0,0048 0,0048 0,0088 0,0088 0,0088 0,0034 0,0034 0,0034 0,0048 0,0048 0,0048 0,0040 0,0040 0,0040 α mbft 0,0041 0,0027 0,0024 0,0240 0,0115 0,0044 0,0279 0,0040 0,0017 0,0408 0,0057 0,0024 0,0435 0,0063 0,0020 mbft O V V R O V R R V R O V R R V Res 0,0036 0,0454 0,0060 0,0028 m pt 0,0080 0,0358 0,0214 0,0100 0,0393 0,0057 0,0023 0,0470 0,0160 0,0115 0,0160 0,0082 0,0160 0,0200 0,0200 0,0200 0,0046 0,0046 0,0046 0,0072 0,0072 0,0064 0,0072 0,0056 0,0056 0,0056 α m pt O V V R O V R R V R V V R R V Res 0,0092 0,0092 0,0092 0,0096 0,0096 0,0096 0,0036 0,0036 0,0036 0,0048 0,0048 0,0048 0,0042 0,0042 0,0042 α m ct 0,0064 0,0069 0,0046 0,0281 0,0100 0,0048 0,0350 0,0038 0,0018 0,0442 0,0051 0,0024 0,0408 0,0058 0,0021 m ct O V V R O V R R V R O V R R V Res Tab. III.10 : Résultats du critère de détection no 2 appliqué aux indices globaux mbft , mpt et mct III.2 : Application 121 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances 122 05b-C0 S-C0 1b-C25 05b-C25 S-C25 1b-C50 05b-C50 S-C50 1b-C75 05b-C75 S-C75 1b-C100 05b-C100 S-C100 Rotor 2 1 1 3 2 2 4 3 2 4 3 3 3 3 2 Kpn 0,0114 0,0114 0,0062 0,0114 0,0118 0,0118 0,0118 0,0030 0,0030 0,0030 0,0042 0,0030 0,0030 0,0030 α mpgm 0,0057 0,0246 0,0120 0,0059 0,0256 0,0037 0,0015 0,0288 0,0042 0,0040 0,0042 0,0079 0,0021 0,0260 0,0037 0,0015 mpgm O V V R O V R R V R V V R R V Res. 0,0008 0,0008 0,0003 0,0008 0,0076 0,0076 0,0076 0,0014 0,0014 0,0014 0,0030 0,0024 0,0024 0,0024 α mpgo 0,0004 0,0059 0,0092 0,0038 0,0109 0,0017 0,0007 0,0165 0,0030 0,0021 0,0030 0,0018 0,0015 0,0189 0,0021 0,0012 mpgo R V V O O V R R V R V V R O V Res. 0,0066 0,0066 0,0066 0,0060 0,0060 0,0060 0,0024 0,0024 0,0024 0,0028 0,0028 0,0028 0,0024 0,0024 0,0024 α mcgm 0,0045 0,0049 0,0033 0,0198 0,0061 0,0030 0,0233 0,0026 0,0012 0,0274 0,0032 0,0014 0,0237 0,0033 0,0012 mcgm O V V R O V R R V R O V R R V Res. 0,0001 0,0001 0,0001 0,0028 0,0028 0,0028 0,0008 0,0008 0,0008 0,0016 0,0016 0,0016 0,0018 0,0018 0,0018 α mcgo 0,0007 0,0006 0,00005 0,0019 0,0036 0,0014 0,0083 0,0007 0,0004 0,0151 0,0015 0,0008 0,0164 0,0018 0,0009 mcgo R O V O O V R V V R V V R R V Res. Tab. III.11 : Résultats du critère de détection no 2 appliqué aux indices globaux mpgm , mpgo , mcgm et mcgo 1b-C0 III.2 : Application 123 quasiment tous les cas étudiés. La non détection d’une barre partiellement cassée lorsque la machine fonctionne à vide est encore présente pour ces indices globaux. Notons que l’indice mpt ne permet pas d’informer l’opérateur du défaut rotorique impliquant une barre partiellement cassée lorsque le niveau de charge est de 75%. Il faudrait que le nombre de composantes Kpn augmente ou que les amplitudes des composantes présentes autour de la fréquence fondamentale de la puissance instantanée croissent. Cela imposerait la présence d’un défaut rotorique plus important (deux barres rotoriques cassées). Les résultats donnés aux tableau III.11 sont relativement semblables à ceux issus du tableau III.10. Le problème de la détection d’une barre partiellement cassée sous 75% de charge reste présent pour les indices globaux mpgm , mpgo et mcgo , ce qui n’est pas le cas pour l’indice global mcgm . Les résultats obtenus lorsque la machine opère à vide montrent que seul l’indice global mcgo permet de prévenir l’opérateur de la présence d’une défaillance rotorique. Cependant, tout comme le critère no 1, nous devons émettre une hypothèse quant à la validité de cette décision. Il serait plus intéressant d’utiliser la totalité des indices pour obtenir un diagnostic fiable de l’état du rotor de la machine car l’information donnée par l’indice mcgo ne nous parait pas assez fiable. L’augmentation de sa valeur reste trop modérée pour ce cas de fonctionnement. Une amélioration du critère de détection no 2 pourrait être envisagée pour permettre à l’opérateur de différencier un défaut de barre d’un défaut de charge (variation du couple résistant) en intégrant l’analyse de l’indice global issu des composantes créées par l’harmonique d’espace no 5. Nous avons choisi cet indice car, au vu des résultats présentés au tableau III.8, c’est celui qui nous donne l’information la plus pertinente sur l’état de la cage rotorique (cet indice peu être différent pour un autre type de machine). Une condition supplémentaire au critère de détection no 2, en supposant que les indices globaux autour des fréquences fondamentales augmentent plus rapidement que l’indice global de l’harmonique d’espace no 5, donnerait lieu à un nouveau critère de détection dont la forme est donnée au tableau III.12. Malheureusement, notre banc d’essai et mesure ne nous permettant pas d’expérimenter des défauts de charge, nous ne pouvons pas valider ce nouveau critère de détection avec des essais expérimentaux. La mise en place de ce type 124 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Tab. III.12 : Amélioration du critère de détection no 2 Test Résultats si (KpnMesuré = KpnSain ) et (mXMesuré < α mXSain ) & (mhe5tMesuré < α mhe5tSain ) Pas de défaut (V) et (mXMesuré > α mXSain ) & (mhe5tMesuré < α mhe5tSain ) Défaut de charge partiel (CO) et (mXMesuré > α mXSain ) & (mhe5tMesuré > α mhe5tSain ) Défaut rotorique partiel (RO) si (KpnMesuré > KpnSain ) et (mXMesuré < α mXSain ) & (mhe5tMesuré < α mhe5tSain ) Défaut partiel∗ (CO ou RO) et (mXMesuré > α mXSain ) & (mhe5tMesuré < α mhe5tSain ) Défaut de charge établi (CR) et (mXMesuré > α mXSain ) & (mhe5tMesuré > α mhe5tSain ) Défaut rotorique établi (RR) * De rotor ou de charge de défaut sur le banc sera effectué dans un avenir proche. Dans la méthode de diagnostic présentée, la composante de fréquence 2 g fs présente dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée a permis de calculer la valeur du glissement de la machine. Dans le cas d’une charge inférieure à 50% de la charge nominale, la valeur de ce glissement est relativement faible ce qui nous oblige à acquérir le signal du courant et de la tension simple d’une phase sur 32768 points avec une fréquence d’échantillonnage de 2 kHz pour obtenir une résolution fréquentielle adéquate. Cependant, pour des utilisateurs n’ayant pas une carte d’acquisition permettant d’échantillonner autant de points, d’autres méthodes existent pour déterminer la valeur du glissement g de la machine [64]. III.2.2.3 Méthodes complémentaires pour le calcul du glissement de la machine Une méthode classique pour l’évaluation du glissement de la machine est l’utilisation i h Nr des composantes de fréquence p (1 − g) ± 1 fs créées par les encoches de la cage roto- rique dans le spectre du courant statorique [65]. Ces composantes sont toujours présentes dans ce spectre, que ce soit pour un rotor sain ou un rotor défaillant. Des auteurs utilisent III.2 : Application 125 souvent ces composantes pour estimer la vitesse rotorique de la machine asynchrone [66] [67]. Cependant, la détection de ces composantes lorsque la machine fonctionne à faible charge reste difficile. En effet, pour une valeur de glissement faible, ces composantes peuvent se confondre avec celles issues des trois tensions d’alimentation dont les fréquences i h sont données par la relation Npr ± 1 fs . Nous présentons sur les figures III.24 et III.25 les i h Nr composantes de fréquence p (1 − g) ± 1 fs lorsque la machine asynchrone fonctionne à pleine charge puis à demi charge. Nous apercevons que les composantes principales d’encoches se déplacent vers la droite étant donné que la vitesse rotorique augmente lors du passage d’une charge de 100% (g = 6,5%) à une charge de 50% (g = 3,2%). Pour un fonctionnement de la machine à vide (figure III.26), les composantes de i h fréquence Npr (1 − g) ± 1 fs sont relativement proches des composantes de fréquence h i Nr ± 1 fs générées par les trois tensions d’alimentation. Cependant, l’analyse de ce p i h spectre permet de se rendre compte que la détection de la composante à Npr (1 − g) + 1 fs i h reste aisée car son amplitude est plus importante que celle à Npr + 1 fs . Si les harmoniques de temps des tensions avaient une amplitude plus importante que les composantes créées par les encoches rotoriques, un problème de détection se serait posé. De plus, il est impératif de connaître le nombre de barres qui composent la cage rotorique pour permettre de détecter ce type de composantes. Les composantes de fréquence 1 ± (1−g) p fs créées par l’excentricité statique et/ou dynamique dans le spectre du courant statorique peuvent être utilisées pour déterminer la valeur du glissement de la machine. Nous avons localisé sur les figures III.27 et III.28 ces composantes lorsque la machine asynchrone fonctionne avec un couple de charge de 100% et un couple de charge de 50%. Comme nous avons, dans notre cas, une machine à une paire de pôle, la première composante se situe à la fréquence g fs . Il est évident que pour détecter cette composante dans le spectre du courant statorique, nous devons avoir une résolution fréquentielle adaptée. Par contre, la composante de fréquence 1 + (1−g) fs se p situe au voisinage de la composante à 100 Hz. La détection de ces deux composantes est encore possible pour un fonctionnement de la machine à 100% et à 50% de charge. La fs figure III.29 fait ressortir la difficulté de la détection de la composante à 1 − (1−g) p dans le cas d’un fonctionnement à vide. En effet, cette composante se situerait à une 126 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) Nr p −20 −40 Nr p (1 − g) + 1 fs (1 − g) − 1 fs Nr p Nr p −60 + 1 fs − 1 fs −80 −100 −120 −140 1200 1250 1300 1350 Fréquence (Hz) 1400 1450 1500 Fig. III.24 : Spectre du courant statorique dans la bande [1200 - 1500] Hz : S-C100 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −20 −40 Nr p Nr p (1 − g) + 1 fs (1 − g) − 1 fs Nr p Nr p − 1 fs + 1 fs −60 −80 −100 −120 −140 1200 1250 1300 1350 Fréquence (Hz) 1400 1450 1500 Fig. III.25 : Spectre du courant statorique dans la bande [1200 - 1500] Hz : S-C50 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −20 Nr p (1 − g) + 1 fs Nr p Nr p −40 (1 − g) − 1 fs + 1 fs Nr p −60 − 1 fs −80 −100 −120 −140 1200 1250 1300 1350 Fréquence (Hz) 1400 1450 1500 Fig. III.26 : Spectre du courant statorique dans la bande [1200 - 1500] Hz : S-C0 III.2 : Application 127 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 −20 −30 −40 fs + (1 − g) fps fs − (1 − g) fps −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 50 100 150 Fréquence (Hz) Fig. III.27 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 150] Hz : S-C100 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 −20 fs + (1 − g) fps −30 −40 fs − (1 − g) fps −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 50 100 150 Fréquence (Hz) Fig. III.28 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 150] Hz : S-C50 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 −20 fs + (1 − g) fps −30 −40 −50 −60 −70 −80 −90 −100 0 50 100 150 Fréquence (Hz) Fig. III.29 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 150] Hz : S-C0 128 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances fréquence de 0,21 Hz dans le spectre du courant, ce qui rendrais sa détection relativement difficile avec la résolution fréquentielle utilisée (0,07 Hz). La détection de la composante à fs est plus simple à condition qu’elle ait une amplitude plus importante que 1 + (1−g) p celle présente à 100 Hz. Nous venons de montrer que pour un glissement relativement faible, la détection des composantes créées par les encoches rotorique peut être difficile si les tensions d’alimentation sont riches en harmoniques. En ce qui concerne les com posantes de fréquence 1 ± (1−g) fs , une excentricité naturelle relativement importante p doit être présente au sein de la machine pour permettre d’évaluer leurs fréquences dans le spectre fréquentiel du courant statorique. Lorsque la taille du signal est petite, la méthode qui utilise les composantes générées par les encoches rotoriques reste la plus appropriée (les fréquences sont élevées ce qui permet une évaluation rapide du glissement). Il est important de noter que pour utiliser ces deux méthodes, seule l’acquisition du courant est nécessaire en comparaison avec la méthode utilisant la composante de fréquence 2 g f s du spectre de la puissance instantanée (obligation de prélever le courant et la tension). Cependant, les composantes créées par la rupture partielle d’une barre rotorique dans le spectre basse fréquence de cette puissance donnaient une information plus pertinente que celles présentes dans le spectre du courant statorique. Nous avons montré, dans cette partie, l’efficacité de la méthode employée lorsque la machine asynchrone est connectée à un réseau d’alimentation triphasé. La prochaine étape consiste à étudier cette approche lorsque la machine asynchrone est alimentée par un variateur de vitesse commandé en U/f . III.2.3 Alimentation de la machine par un variateur de vitesse Les méthodes de diagnostic lorsque la machine asynchrone est connectée à un variateur de vitesse commandé en U/f sont peu nombreuses. En effet, nous savons que les signaux temporels tel que le courant traversant un enroulement ou encore la tension à ses bornes sont très perturbés pour ce mode d’alimentation. En effet, ces signaux sont affectés par des harmoniques multiples de la fréquence de commutation du convertisseur. Leur contenu fréquentiel est par conséquent très riche, ce qui rend la détection d’un défaut rotorique ou statorique plus difficile. Nous allons, à travers différents essais expérimentaux, tester l’efficacité de la méthode de diagnostic proposée lorsque l’alimentation de la machine se III.2 : Application 129 fait par l’intermédiaire d’un convertisseur statique. III.2.3.1 Problématique Nous donnons aux figures III.30 et III.31 les spectres fréquentiels du courant statorique lorsque la machine asynchrone est alimentée par un variateur de vitesse et par le réseau triphasé. A travers ces deux figures, il apparaît clairement que le niveau de bruit du spectre fréquentiel du courant statorique lorsque la machine est alimentée par le convertisseur est beaucoup plus important que pour une alimentation par le réseau triphasé. De plus, il est important de noter que les harmoniques de temps, présents dans le spectre du courant statorique (composantes de fréquence 150 Hz, 250 Hz, 350 Hz, ...), ont une amplitude plus importante lorsque le moteur est alimenté par le convertisseur statique. Cette différence est due essentiellement à la richesse harmonique des tensions de sortie du variateur de vitesse. Nous présentons sur la figure III.32 une comparaison du spectre fréquentiel du courant statorique pour les deux modes d’alimentation. Il apparaît clairement que les composantes créées par l’asymétrie naturelle du rotor par rapport au stator sont confondues dans le bruit lorsque l’alimentation se fait par le variateur de vitesse. Les figures III.33 et III.34 donnent une représentation du spectre de la puissance instantanée d’une phase de la machine pour les deux différents modes d’alimentation. Nous pouvons émettre la même remarque que pour le spectre du courant statorique à savoir un bruit relativement important lorsque la machine est alimentée par le convertisseur statique. Tout comme sur la figure III.32, la figure III.35 ne laisse paraître aucune composante créée par l’asymétrie naturelle de la machine de autour de la composante fondamentale à 100 Hz. Pour effectuer le diagnostic de défaut de la machine asynchrone lorsque cette dernière est connectée au réseau d’alimentation triphasé, nous utilisions la bande basse fréquence du spectre de la puissance instantanée d’une phase statorique pour détecter les composantes de fréquence 2 k g fs et ainsi déterminer la valeur du glissement. Que la machine fonctionne avec un rotor sain ou un rotor défaillant, il existait au moins une composante à 2 g fs dans le spectre de cette puissance et ce, pour tout niveau de charge. Le spectre basse fréquence de la puissance instantanée d’une phase statorique pour une 130 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. III.30 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : U/f S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. III.31 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : Reseau S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f )U/f isa (f )Res −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.32 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 100] Hz S-C100. Comparaison Réseau et U/f III.2 : Application 131 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 psa (f ) −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. III.33 : Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : U/f S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 psa (f ) −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 100 200 300 400 500 600 Fréquence (Hz) 700 800 900 1000 Fig. III.34 : Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : Reseau S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 psa (f )U/f psa (f )Res −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. III.35 : Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 200] Hz S-C100. Comparaison Réseau et U/f 132 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances alimentation par le variateur dans la configuration S-C100 est présenté sur la figure III.36. Nous n’apercevons pas de composantes de fréquence 2 g fs dans cette partie du spectre. L’algorithme qui permet de calculer le glissement de la machine détecte une composante à 11,29 Hz, ce qui ne correspond malheureusement pas à la composante de fréquence 2 g fs créée par l’asymétrie naturelle. Nous supposons que cette composante est créée par le variateur de vitesse. En effet, l’analyse de la figure III.37 montre que cette composante est présente dans le spectre de la tension de sortie du variateur de vitesse. Toutes les composantes fréquentielles présentes dans le spectre de la tension de sortie du variateur se retrouvent obligatoirement dans le spectre du courant statorique. Cette perturbation induit donc une erreur quant à l’évaluation du glissement de la machine, ce qui nous donne un diagnostic de l’état du rotor erroné. Il nous faut donc envisager une autre méthode pour évaluer la vitesse rotorique de la machine asynchrone. III.2.3.2 Calcul du glissement de la machine Nous avons énoncé dans la section III.2.2.3 différentes possibilités pour évaluer de façon précise le glissement d’une machine asynchrone. L’observation du spectre du courant statorique dans la bande fréquentielle [0 - 100] Hz pour une alimentation par le variateur (figure III.32) ne fait pas apparaître les composantes dues à l’excentricité naturelle g f s et (2 − g)fs car ces composantes sont elles aussi noyées dans le bruit spectral. Aussi, pour déterminer le glissement, nous devons utiliser les deux composantes créées par les encoches i h de la cage rotorique dont les fréquences, rappelons-le, ont pour relation Npr (1 − g) ± 1 fs . Nous donnons à la figure III.38 le spectre du courant statorique dans la plage fréquentielle [0 - 2000] Hz ainsi que la position exacte de ces deux composantes dans une configuration S-C100. Nous ne pouvons plus, dans ce cas, échantillonner notre signal avec une fréquence de 2 kHz car ces composantes se situent au delà de 1000 Hz. Cependant, pour continuer à travailler avec une variance minimale et une bonne résolution fréquentielle, nous utilisons le périodogramme de Welch calculé sur 216 points avec un recouvrement de 215 (50%) échantillons pour estimer les spectres de puissance (Cf partie I.3.4.2 page 20). La fréquence d’échantillonnage Fe utilisée est alors de 5 kHz ce qui nous permet d’obtenir une résolution fréquentielle de 0,076 Hz. III.2 : Application 133 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −35 psa (f ) −40 11.29 Hz −45 −50 −55 −60 −65 0 5 10 15 20 Fréquence (Hz) 25 30 35 Fig. III.36 : Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 35] Hz : U/f S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 vsa (f ) −10 −20 (50 − 11.29) Hz −30 (50 + 11.29) Hz −40 −50 −60 −70 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.37 : Spectre de la tension d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz : U/f S-C100 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −10 −20 Nr (1 − g) − 1 fs p Nr (1 − g) + 1 fs p −30 −40 −50 −60 −70 −80 −90 0 200 400 600 800 1000 1200 Fréquence (Hz) 1400 1600 1800 2000 Fig. III.38 : Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 2000] Hz : U/f S-C100 134 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Comme nous l’avons mentionné précédemment, la détection de ces composantes peut i h devenir très difficile si les composantes harmoniques de fréquences Npr ± 1 fs générées par la source d’alimentation ont une amplitude importante. Dans notre cas, le spectre du courant statorique n’est pas perturbé par ces composantes étant donné que la tension d’alimentation, issue du variateur de vitesse, ne contient pas d’harmoniques hautes fréquences i h Nr ayant des amplitudes élevées. De plus, la composante de fréquence p (1 − g) + 1 fs a une h i amplitude beaucoup plus significative que la composante de fréquence Npr (1 − g) − 1 fs , ce qui facilitera sa détection. La connaissance précise de la fréquence de cette composante permet donc de connaître la valeur du glissement de la machine. Nous pourrons, par la suite, calculer la valeur des fréquences ayant pour relation (1 ± 2 k g)f s en vue de déterminer les amplitudes et les indices correspondants. Une fois ceux-ci connus, la valeur de l’indice global mct sera évaluée. La différence entre cette méthode et la méthode de diagnostic utilisée lors d’une connexion directe au réseau triphasé réside en l’absence d’information sur le nombre de composantes Kpn présentes dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée. Nous ne connaissons donc plus le nombre de composantes que nous devons détecter de part et d’autre de la fréquence fondamentale du courant. Un choix arbitraire de cette valeur sera donc retenu. III.2.3.3 Résultats expérimentaux Le variateur utilisé pour ces essais est un variateur de vitesse d’une puissance de 3 kW de type Télémécanique Altivar 66 permettant de faire varier la vitesse de la machine asynchrone de 0 tr/min à 3000 tr/min avec une commande en U/f . Les essais ont été effectués pour une fréquence d’alimentation de 50 Hz, 40 Hz, 25 Hz, et 15 Hz. Nous analysons les mêmes défauts rotoriques (une barre partiellement cassée et une barre totalement cassée) avec des niveaux de charge identiques à ceux utilisés lors des essais avec une alimentation triphasé sinusoïdale. Les notations adoptées pour ces essais sont : – S-50-C100 pour une alimentation à 50 Hz avec un rotor sain sous 100% de charge ; – 05b-25-C75 pour une alimentation à 25 Hz avec un rotor ayant une barre partiellement cassée sous 75% de charge ; III.2 : Application 135 – 1b-25-C25 pour une alimentation à 25 Hz avec un rotor ayant une barre totalement cassée sous 25% de charge. Nous donnons dans le tableau III.13 les résultats obtenus pour les différents essais proposés. Nous avons choisi de détecter 3 composantes à gauche et 3 composantes à droite, ce qui remplace le nombre de composantes Kpn habituellement utilisé. Le tableau III.13 donne les valeurs de : – l’indice d’amplitude mc1 de la première composante à gauche du courant statorique ; – l’indice global mct du courant statorique ; – l’indice d’amplitude mp1 de la première composante à gauche de la puissance instantanée d’une phase statorique ; – l’indice global mpt de la puissance instantanée d’une phase statorique. Nous n’étudions dans cette partie que les indices globaux mct et mpt de la puissance instantanée et du courant statorique. Les autres indices tel que l’indice global m cgmt ou encore mpgot ne sont pas calculés car, comme nous l’avons précisé, ils n’ont pas donné de résultats significatifs lors d’une alimentation directe de la machine par le réseau triphasé. Nous devons noter dans un premier temps que la valeur de la vitesse de la machine i h calculée à partir de la composante fréquentielle fr+ = Npr (1 − g) + 1 fs correspond exac- tement à celle mesurée manuellement sur le banc d’essai et mesure, et ce, pour chaque essai étudié. Les résultats donnés au tableau III.13 montrent que les indices globaux augmentent dans de très faibles proportions lorsque nous sommes en présence d’une barre partiellement cassée. Par contre, pour une barre rotorique complètement cassée, les indices globaux du courant et de la puissance instantanée augmentent nettement, ce qui permet de détecter le défaut rotorique sans aucun problème. Les essais effectués pour un niveau de charge nul (fonctionnement à vide) ne sont pas présentés dans cette partie car les indices globaux calculés dans le cas d’un rotor défaillant ne différaient pas de ceux obtenus avec un rotor sain. Nous allons maintenant porter notre attention sur les résultats obtenus lorsque la machine asynchrone est alimentée à une fréquence fondamentale de 25 Hz. Les résultats obtenus pour ce mode de fonctionnement sont répertoriés dans le tableau III.14. Lorsque la fréquence fondamentale des courants statoriques est de 25 Hz, les indices globaux calculés à partir du spectre du courant statorique augmentent lorsque le défaut 136 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances Tab. III.13 : Indices d’amplitude et indices globaux du courant et de la puissance instantanée d’une phase statorique pour une alimentation en U/f (fs = 50 Hz) fr+ (Hz) g m c1 m ct m p1 m pt S-50-C100 1357 0,0654 0,0019 0,0038 0,0025 0,0063 05b-50-C100 1371 0,0557 0,0031 0,0051 0,0037 0,0086 1b-50-C100 1356 0,0662 0,0368 0,0410 0,0429 0,0503 S-50-C75 1380 0,0465 0,0027 0,0048 0,0038 0,0141 05b-50-C75 1393 0,0369 0,0027 0,0063 0,0036 0,0079 1b-50-C75 1385 0,0427 0,0399 0,0467 0,0397 0,0490 S-50-C50 1403 0,0285 0,0046 0,0077 0,0046 0,0107 05b-50-C50 1410 0,0236 0,0095 0,0117 0,0157 0,0262 1b-50-C50 1404 0,0278 0,0310 0,0400 0,0278 0,0399 S-50-C25 1421 0,0119 0,0032 0,0277 0,0131 0,0481 05b-50-C25 1424 0,0099 0,0044 0,0272 0,0132 0,0414 1b-50-C25 1423 0,0114 0,0227 0,0427 h i Nr + fr = p (1 − g) + 1 fs 0,0301 0,0654 Rotor rotorique apparaît. L’augmentation est, une nouvelle fois, beaucoup plus significative avec une barre complètement cassée. En ce qui concerne l’indice global de la puissance instantanée, le défaut impliquant une barre partiellement cassée n’introduit aucune augmentation pour une charge de 100% et une charge de 75%. Si nous devions introduire un critère de détection comme nous l’avons fait pour une alimentation de la machine sur le réseau triphasé, nous choisirions le critère donné au tableau III.15 car nous ne connaissons pas le nombre de composante Kpn . Dans ce critère, mX peut se substituer soit à l’indice global mct , soit à l’indice global mpt . Nous donnons au terme α la même valeur que pour les essais effectués à partir du réseau triphasé (α = 2) pour permettre de comparer les deux modes d’alimentation. Les résultats obtenus, en appliquant ce critère, sont répertoriés dans les tableaux III.16 et III.17. Nous pouvons remarquer que le défaut rotorique impliquant une barre partiellement cassée n’est pas détecté dans la majorité des essais effectués. Par contre, lorsqu’une barre III.2 : Application 137 Tab. III.14 : Indices d’amplitude et indices globaux du courant et de la puissance instantanée d’une phase statorique pour une alimentation en U/f (fs = 25 Hz) fr+ (Hz) g m c1 m ct m p1 m pt S-25-C100 630 0,1446 0,0010 0,0029 0,0042 0,0104 05b-25-C100 643 0,1238 0,0048 0,0057 0,0054 0,0104 1b-25-C100 631 0,1405 0,0543 0,0570 0,0542 0,0612 S-25-C75 658 0,0997 0,0014 0,0029 0,0040 0,0100 05b-25-C75 666 0,0843 0,0043 0,0060 0,0052 0,0100 1b-25-C75 659 0,0982 0,0419 0,0465 0,0456 0,0550 S-25-C50 683 0,0610 0,0010 0,0036 0,0040 0,0094 05b-25-C50 687 0,0521 0,0022 0,0054 0,0037 0,0107 1b-25-C50 683 0,0574 0,0354 0,0419 0,0358 0,0438 S-25-C25 705 0,0234 0,0020 0,0043 0,0048 0,0124 05b-25-C25 705 0,0236 0,0079 0,0105 0,0078 0,0138 1b-25-C25 704 0,0249 0,0042 0,0205 i h Nr + fr = p (1 − g) + 1 fs 0,0078 0,0303 Rotor Tab. III.15 : Critère de détection n0 3 Test Résultats si mXMesuré < α mXSain Pas de défaut si mXMesuré > α mXSain Défaut rotorique 138 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances de la cage rotorique est complètement cassée, la détection est possible dans tous les cas excepté lorsque le moteur asynchrone fonctionne avec une fréquence d’alimentation de 50 Hz sous 25% de charge. Les indices globaux du courant statorique augmentent plus significativement que ceux de la puissance lorsque le défaut rotorique apparaît. L’indice global m bft , calculé à partir du spectre basse fréquence de la puissance instantanée, n’a pas été présenté étant donné que la détection des composantes de fréquence 2 k g fs n’est pas possible dans la plupart des cas. A titre d’exemple, la figure III.39 montre que le nombre de composantes détectées dans la bande basse fréquence de la puissance instantanée est égale à une (fréquence à 2 g fs ) alors que la rupture de barre induit trois composantes de part et d’autre de la fréquence fondamentale du courant statorique (figure III.40). Pour une alimentation par le réseau triphasé et sous les mêmes conditions de fonctionnement (100% de charge), le spectre basse fréquence de la puissance instantanée contenait trois composantes. Cette différence peut être causée par la tension présente aux bornes de la phase statorique étudiée. En effet, cette tension non sinusoïdale induit des fréquences perturbatrices dans le spectre de la puissance instantanée. Par conséquent, l’analyse de l’indice global m bft nous donne une information de l’état du rotor beaucoup moins satisfaisante que celle obtenue avec les indices globaux mct et mpt . Ces derniers résultats nous dévoilent la difficulté rencontrée en ce qui concerne la détection d’un défaut de barre au sein de la cage d’écureuil des machines asynchrones lorsque ces dernières sont alimentées par un convertisseur statique. Même si les résultats présentés nous permettent de détecter une barre rotorique complètement cassée, la détection d’un défaut naissant reste encore difficile. Les essais pour une fréquence d’alimentation de 15 Hz et de 40 Hz ne sont pas présentés dans ce document car les résultats obtenus sont très semblables à ceux donnés précédemment. Tout comme pour une alimentation par le réseau, les composantes induites par le bobinage statorique (harmoniques d’espace) donnent des informations supplémentaires sur l’état de la cage rotorique. Les amplitudes de chacun de ces harmoniques peuvent être évaluées pour permettre de calculer l’indice global correspondant. Dans le cas d’une alimentation de la machine par un convertisseur statique, les harmoniques de temps présents dans le spectre du courant statorique ont une amplitude plus importante en comparaison 0, 0427nf 1b-50-C25 0,0962 0,0214 0,0282 0,0126 α mptSain 0, 0654nf 0, 0414nf 0, 0399f 0, 0262f 0, 0490f 0, 0079nf 0, 0503f 0, 0088nf mptMesuré xf : Défaut détecté - xnf : Pas de défaut détecté 0, 0272nf 05b-50-C25 0,0554 0, 0400f 1b-50-C50 S-50-C25 0, 0117nf 05b-50-C50 0,0154 0, 0467f 1b-50-C75 S-50-C50 0, 0063nf 05b-50-C75 0,0096 0, 0410f 1b-50-C100 S-50-C75 0, 0051nf 0,0076 S-50-C100 mctMesuré 05b-50-C100 α mctSain Rotor Tab. III.16 : Résultats obtenus avec le critère no 3 (50 Hz) 0,0086 0,0072 0,0058 0,0058 α mctSain 0, 0205f 0, 0105f 0, 0419f 0, 0054nf 0, 0465f 0, 0060f 0, 0570f 0, 0057nf mctMesuré 0,0248 0,0188 0,0200 0,0208 α mptSain 0, 0303f 0, 0138nf 0, 0438f 0, 0107nf 0, 0550f 0, 0100nf 0, 0612f 0, 0140nf mptMesuré xf : Défaut détecté - xnf : Pas de défaut détecté 1b-25-C25 05b-25-C25 S-25-C25 1b-25-C50 05b-25-C50 S-25-C50 1b-25-C75 05b-25-C75 S-25-C75 1b-25-C100 05b-25-C100 S-25-C100 Rotor Tab. III.17 : Résultats obtenus avec le critère no 3 (25 Hz) III.2 : Application 139 140 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances −35 psa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −40 2 g fs −45 −50 −55 −60 −65 −70 0 5 10 15 20 Fréquence (Hz) 25 30 35 Fig. III.39 : Puissance instantanée d’une phase statorique dans la bande [0 - 35] Hz : U/f 1b-50-C100 0 isa (f ) PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) −10 Kpn = 3 −20 −30 −40 −50 −60 −70 −80 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.40 : Courant d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-50-C100 III.2 : Application 141 avec une alimentation directe par le réseau. Les perturbations générées par ce type de convertisseur rendent la détection de ces composantes harmoniques plus difficile. Cependant, nous avons essayé de regardé l’évolution de leur amplitude pour les quatre fréquences d’alimentation étudiées pour nous rendre compte de l’impact d’un tel défaut sur ces harmoniques d’espace. Nous répertorions dans le tableau III.18 la valeur des indices globaux calculés à partir de l’amplitude des composantes fréquentielles des 13 premiers harmoniques d’espace présents dans le spectre du courant statorique lorsque la fréquence d’alimentation est de 50 Hz. Nous rappelons que les indices globaux notés mhex1 sont calculés à partir de l’amplitude des composantes fondamentales des harmoniques d’espace, c’est-à-dire les composantes ayant pour fréquence fhex = (x (1 − g) ± g) fs alors que les indices globaux notés mhext sont calculés à partir de l’amplitude des composantes de fréquence fhex = (x (1 − g) ± (1 + 2 η) g) fs (η allant de 0 à 3). Si nous prenons le cas d’un défaut rotorique partiel, nous remarquons que les indices globaux spécifiques aux harmoniques d’espace ne sont pas représentatifs du défaut rotorique. En effet, nous pouvons remarquer que leurs valeurs augmentent très faiblement lors de l’apparition du défaut. De plus, pour certains niveaux de charge, nous pouvons remarquer que la valeur de ces indices diminue. L’analyse des résultats obtenus avec le défaut impliquant une barre complètement cassée montre que les indices globaux augmentent eux aussi dans de très faibles proportions par rapport au fonctionnement sain. Seule l’analyse de l’indice global de l’harmonique d’espace no 5 traduit une modification de l’état de la cage rotorique. Les résultats obtenus avec une fréquence d’alimentation de 15 et 25 Hz ont donné de moins bons résultats que ceux issus d’une alimentation à 50 Hz. Seuls les résultats obtenus avec une alimentation à 40 Hz permettaient de visualiser clairement le défaut impliquant une barre complètement cassée. En comparaison avec les indices globaux calculés à partir des composantes créées par les harmoniques d’espace du courant statorique lorsque la machine asynchrone est alimentée par le réseau triphasé (tableau III.7), nous remarquons que l’utilisation d’un variateur de vitesse rend l’analyse de ces valeurs beaucoup plus difficile. Cette dernière remarque nous conduit à ne pas inclure ces indices dans le diagnostic de défaut final. La Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances 142 Tab. III.18 : Valeurs des indices globaux calculés sur les composantes harmoniques pour une alimentation avec un variateur de 05b-50-C25 S-50-C25 1b-50-C50 05b-50-C50 S-50-C50 1b-50-C75 05b-50-C75 S-50-C75 1b-50-C100 05b-50-C100 S-50-C100 Rotor 0,0065 0,0072 0,0049 0,0074 0,0040 0,0040 0,0070 0,0031 0,0029 0,0048 0,0026 0,0024 mhe31 0,0100 0,0142 0,0084 0,0096 0,0078 0,0076 0,0085 0,0057 0,0057 0,0059 0,0049 0,0043 mhe3t 0,0165 0,0036 0,0094 0,0283 0,0046 0,0039 0,0270 0,0038 0,0025 0,0234 0,0044 0,0021 mhe51 0,0183 0,0076 0,0109 0,0298 0,0068 0,0068 0,0278 0,0056 0,0050 0,0239 0,0055 0,0040 mhe5t 0,0097 0,0031 0,0034 0,0128 0,0029 0,0028 0,0120 0,0025 0,0022 0,0063 0,0026 0,0019 mhe71 0,0118 0,0059 0,0063 0,0146 0,0063 0,0059 0,0136 0,0047 0,0043 0,0079 0,0043 0,0034 mhe7t 0,0022 0,0020 0,0021 0,0021 0,0023 0,0024 0,0019 0,0018 0,0016 0,0015 0,0014 0,0015 mhe91 0,0047 0,0059 0,0046 0,0042 0,0042 0,0046 0,0035 0,0033 0,0035 0,0029 0,0030 0,0029 mhe9t 0,0028 0,0017 0,0017 0,0031 0,0021 0,0016 0,0036 0,0016 0,0013 0,0019 0,0015 0,0011 mhe111 0,0046 0,0031 0,0038 0,0048 0,0034 0,0033 0,0053 0,0026 0,0025 0,0042 0,0025 0,0022 mhe11t 0,0028 0,0012 0,0014 0,0034 0,0011 0,0013 0,0035 0,0009 0,0010 0,0020 0,0010 0,0008 mhe131 0,0039 0,0026 0,0027 0,0045 0,0025 0,0025 0,0044 0,0021 0,0020 0,0027 0,0018 0,0016 mhe13t vitesse à 50 Hz 1b-50-C25 III.2 : Application 143 surveillance de leur valeur reste cependant un moyen efficace de conforter le diagnostic de barre cassée au rotor d’une machine asynchrone. III.2.3.4 Approche complémentaire Dans le cas où les courants absorbés par le moteur asynchrone ne peuvent être utilisés pour le diagnostic de défaut rotorique, l’analyse des courants du réseau d’alimentation, c’est-à-dire des courants absorbés par le variateur, peuvent apporter une information sur l’état de la cage rotorique. En effet, les composantes fréquentielles générées par la rupture d’une barre de la cage sont aussi présentes dans le spectre des courants absorbés par le variateur comme nous le montre les figures III.42 (alimentation de la machine à 50 Hz) et III.44 (alimentation de la machine à 25 Hz). Par rapport aux spectres fréquentiels des courants absorbés par la machine (figures III.41 et III.43), nous pouvons remarquer que le nombre de composantes créées par le défaut est plus faible, tout comme leur amplitude respective. L’analyse des figures III.42 et III.44 permet de nous rendre compte que les fréquences générées par le défaut rotorique dans le spectre fréquentiel des courants absorbés par le ± convertisseur statique ne correspondent plus à l’équation fbc = (1 ± 2 k g) fs habituellek ment utilisées pour le diagnostic de défaut, mais à l’équation : ± = f sr ± 2 k g f sm fbc k (III.27) où fsr représente la fréquence des courants au niveau du réseau d’alimentation (courants avant le variateur) et fsm la fréquence des courants absorbés par le moteur asynchrone (courants après le variateur). Si nous considérons que le rapport entre la fréquence des courants absorbés par le moteur fsm et la fréquence des courants présents au niveau du réseau fsr est constant, alors l’équation III.27 peut se mettre sous la forme : ± fbc = (1 ± 2 k g β)fsr avec β = k f sm f sr (III.28) Il est donc possible d’utiliser les courants issus du réseau d’alimentation triphasé pour détecter la présence d’un défaut au rotor d’une machine asynchrone. Cependant, au vu des résultats présentés, la détection d’une barre rotorique cassée reste difficile étant donné que la modulation d’amplitude (créée par le défaut rotorique) qui apparaît au niveau des courants absorbés par le moteur est fortement altérée par l’utilisation d’un variateur de 144 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances −40 −50 (1 + 4g)fsm −30 isa (f ) fsm = 50 Hz (1 + 2g)fsm (1 − 2g)fsm −20 (1 − 4g)fsm −10 (1 − 6g)fsm Densité spectrale de puissance (dB) 0 −60 −70 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.41 : Courant d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-50-C100 PSfrag replacements PSfrag replacements ila (f ) fsm =50 Hz fsr =50 Hz −20 −30 −40 fsr + 2gfsm −10 fsr − 2gfsm Densité spectrale de puissance (dB) 0 −50 −60 −70 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.42 : Courant d’une phase du reseau dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-50-C100 −40 −50 (1 − 2g)fsm −30 (1 − 2g)fsm −20 isa (f ) fsm = 25 Hz (1 − 2g)fsm −10 (1 − 2g)fsm Densité spectrale de puissance (dB) 0 −60 −70 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.43 : Courant d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz. U/f 1b-25-C100 PSfrag replacements ila (f ) fsm =25 Hz fsr =50 Hz −20 −30 −40 fsr + 2gfsm −10 fsr − 2gfsm Densité spectrale de puissance (dB) 0 −50 −60 −70 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. III.44 : Courant d’une phase du reseau dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-25-C100 III.2 : Application 145 vitesse. Ce type d’analyse pourrait apporter un complément d’information sur l’état de la machine tout comme peut l’être l’analyse des composantes harmoniques des courants statoriques. Conclusion Dans ce chapitre, nous avons étudié et présenté une méthode de diagnostic qui s’appuie sur l’évaluation de plusieurs indices globaux. Le calcul de ces indices repose sur l’évaluation de l’amplitude des composantes spectrales des spectres du courant ou de la puissance instantanée suite à l’apparition d’un défaut rotorique. Nous avons étudié deux niveaux de défaillances à savoir une barre partiellement cassée (environ 50% de la barre est cassée) et une barre totalement cassée lorsque la machine asynchrone est alimentée soit par le réseau triphasé, soit par un variateur de vitesse commandé en U/f . Pour une alimentation de la machine par le réseau triphasé, les résultats obtenus ont permis de diagnostiquer la présence d’une barre partiellement cassée en analysant les différents indices globaux du courant et de la puissance instantanée d’une phase. De plus, nous avons montré que les composantes situées dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée donnaient une information plus significative que celles présentes dans le spectre du courant statorique lorsque le défaut rotorique était partiel. Nous avons aussi montré qu’une barre totalement cassée lorsque la machine fonctionne à vide pouvait être détectée avec la méthode proposée. En complément de cette étude, nous avons analysé l’influence du défaut rotorique sur les harmoniques d’espace présents dans le spectre du courant statorique. Les résultats obtenus ont permis de montrer que l’analyse de l’amplitude de ces harmoniques d’espace donnait une information supplémentaire et non négligeable pour le diagnostic de défauts rotoriques. L’utilisation de la méthode de diagnostic lorsque la machine asynchrone est alimentée par un variateur de vitesse nous a posé plusieurs difficultés. Les perturbations générées par le convertisseur statique rendaient impossible la détection du défaut rotorique car l’évaluation du glissement de la machine en utilisant les composantes présentes dans le spectre basse fréquence de la puissance instantanée était erronée. Nous avons donc dû utiliser une méthode différente pour évaluer la vitesse rotorique de la machine asynchrone. En nous 146 Chapitre III : Diagnostic de défaut par le calcul d’indices de défaillances basant sur une méthode très souvent utilisée pour la commande vectorielle sans capteur des machines, nous avons calculé le glissement de cette dernière en utilisant une des deux composantes créées par les encoches de la cage rotorique dans le spectre fréquentiel du courant statorique. Nous avons montré que le diagnostic d’une barre partiellement cassée restait très difficile pour ce type d’alimentation. Cependant, l’étude du défaut impliquant une barre rotorique complètement cassée nous a permis de montrer que la méthode de diagnostic proposée était fiable. L’analyse de l’amplitude des composantes relatives aux harmoniques d’espace n’a pas été très convaincante pour ce type d’alimentation car le spectre du courant statorique s’est révélé être très perturbé par le variateur de vitesse dans les régions fréquentielles où se situent ces composantes. La méthode de diagnostic proposée pourrait être utilisée et étendue aux diagnostic d’autres types de défauts. Nous savons que l’analyse du courant statorique permet de détecter un grand nombre de défaillances, qu’elles soient d’origine électrique et/ou mécanique à condition de connaître la fréquence des composantes qu’elles induisent dans son spectre fréquentiel [68]. Les différents critères de détection proposés pourraient être implantés dans un processus d’analyse "on-line". L’utilisation de la transformée de Fourier glissante, décrite dans la partie I.3.5.1 du chapitre I (page 21), permettrait d’évaluer les spectres fréquentiels des grandeurs temporelles "in-situ". L’optimisation des algorithmes de détection présentés aux tableaux III.9 et III.12 doit aussi être envisagée. En effet, la décision que nous avons prise sur l’état de la cage rotorique dépendait de la valeur du paramètre α. Il parait évident que cette valeur peut varier en fonction du type de moteur analysé. Par conséquent, il faudrait procéder à des essais sur d’autres machines asynchrones (dans une gamme de puissance variée) pour pouvoir déterminer une loi de comportement pour ce paramètre. De plus, l’utilisation de méthodes décisionnelles élaborées, comme par exemple une étude statistique des différents indices globaux obtenus, améliorerait la méthode de diagnostic proposée [69] [70]. Cette partie s’inscrit donc dans les perspectives à envisager en ce qui concerne la suite à apporter à ce travail. Chapitre IV Diagnostic de défaut sans référence Introduction Pour détecter la présence d’un défaut au rotor d’une machine asynchrone, les méthodes de diagnostic sont classiquement basées sur l’analyse fréquentielle de signaux révélateurs. Il est habituel d’utiliser le module de la transformée de Fourier du courant absorbé par la machine pour détecter la présence de ce type de défaillance. En effet, une comparaison de l’amplitude des composantes signataires du défaut avec un seuil de référence (seuil calculé lorsque la machine est saine) est utilisée pour détecter la présence d’une anomalie au niveau des circuits électriques rotoriques de la machine. Dans ce chapitre, une attention particulière est portée au contenu de la phase du spectre du courant statorique. Cette représentation est employée plus généralement en traitement d’image où la phase du signal analysé contient une information plus pertinente que son module. Cependant, nous allons montrer que l’information donnée par la phase du spectre du courant statorique permet de conclure sur la présence d’un défaut au rotor de la machine asynchrone. Cette analyse permet de développer et de proposer une méthode de diagnostic de défauts rotoriques basée exclusivement sur cette information. Dans la suite de l’étude, nous montrons qu’il est possible d’améliorer le diagnostic de la machine en exploitant l’information donnée par la transformée de Hilbert appliquée au module du spectre du courant statorique. Nous validons ces deux approches à travers différents essais expérimentaux effectués sur une machine asynchrone à cage d’écureuil de 3 kW. 148 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence IV.1 Phase du spectre du courant statorique Si nous reprenons la relation mathématique de la transformée de Fourier d’une suite finie {ps (0), . . . , ps (N − 1)}, nous avons : N −1 2πnk 1 X F (k) = ps (n) e−j N N n=0 (IV.1) Le résultat de cette relation mathématique donne un signal complexe et permet d’écrire la transformée de Fourier du signal ps (n) sous la forme : F (k) = <(F (k)) + j =(F (k)) = FRe (k) + j FIm (k) (IV.2) Dans cette étude, nous portons une attention particulière à la phase de cette transformée, obtenue grâce à la relation IV.3, pour analyser l’état de la cage d’écureuil d’une machine asynchrone. ϕT F (k) = arctan IV.1.1 FIm (k) FRe (k) (IV.3) Influence d’un défaut rotorique sur la phase du spectre du courant statorique Pour alimenter la réflexion, le module et la phase du spectre du courant statorique lorsque la cage rotorique présente une barre cassée (1b-C100) (connexion au réseau d’alimentation triphasé) sont représentés aux figures IV.1 et IV.2. Il apparaît clairement que les composantes de fréquence (1 ± 2 k g)fs sont présentes dans le module du spectre du courant statorique comme nous le montre la figure IV.1. La phase de ce spectre, quant à elle, fait apparaître aux fréquences (1 ± 2 k g)fs des variations de phase brutales entre −π et +π pour les fréquences inférieures à 50 Hz et entre +π et −π pour les fréquences supérieures à 50 Hz. Ces variations sont comprises entre −π et +π étant donné que le calcul de la phase ϕT F (f ) se limite aux quatre cadrans du cercle trigonométrique. Pour être certain que les sauts de phase de fréquence (1 ± 2 k g)fs présents dans cette phase sont dus à la présence d’une barre rotorique endommagée, nous avons calculé et étudié la phase du spectre du courant statorique lorsque la machine asynchrone fonctionne avec un rotor sain (figure IV.3). Pour ce mode de fonctionnement, la phase ϕT F (f ) contient des sauts aux fréquences (1 ± 2 k g)fs beaucoup moins importants que ceux issus de IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 149 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 isa (f ) −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.1 : Spectre du courant statorique : Réseau 1b-C100 [0 - 100] Hz 4 ϕT F (f ) (1 − 2kg)fs 3 PSfrag replacements Phase de la FFT (Rd) 2 1 0 −1 −2 (1 + 2kg)fs −3 −4 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.2 : Phase du spectre du courant statorique : Réseau 1b-C100 [0 - 100] Hz 4 ϕT F (f ) 3 PSfrag replacements Phase de la FFT (Rd) 2 (1 − 2g)fs 1 (1 + 2g)fs 0 −1 −2 −3 −4 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.3 : Phase du spectre du courant statorique : Réseau Sain-C100 [0 - 100] Hz 150 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence l’analyse avec une barre rotorique endommagée. Cette analyse permet de conforter le fait que l’apparition d’une barre cassée au rotor de la machine entraîne une augmentation des sauts de phase aux fréquences (1 ± 2 k g)fs dans la phase du spectre du courant statorique. Une analyse des figures IV.2 et IV.3 permet de visualiser un changement net de la valeur de la phase à 50 Hz. Nous pouvons en conclure que la détection du saut de phase 1 à la fréquence (1 − 2 g)fs dû à la rupture d’une ou plusieurs barres rotoriques dans la phase du spectre du courant sera par conséquent plus simple à effectuer que la détection de la composante de même fréquence dans le spectre de la densité spectrale de puissance. Cette approche offre des perspectives très intéressantes pour l’étude des machines asynchrones de fortes puissances qui fonctionnent avec un glissement nominal très faible. Un glissement faible sous entend une composante de fréquence (1 − 2 g)fs très proche de la composante fondamentale du courant statorique fs . L’utilisation du spectre fréquentiel du courant statorique, pour effectuer la détection de cette composante, implique une longueur d’échantillonnage du signal à analyser suffisamment importante pour obtenir une résolution fréquentielle faible, et permettre de distinguer la composante de fréquence (1 − 2 g)f s de celle de fréquence fs . L’utilisation de la phase du spectre permet de se prémunir de cette contrainte dans une certaine mesure. En effet, la résolution fréquentielle n’a aucune incidence sur le changement brusque qui se produit sur la phase à 50 Hz, ce qui facilite la détection du saut de phase à la fréquence (1 − 2 g)fs . En d’autres termes, si pour un nombre de points échantillonnés N et un temps d’acquisition T la détection de la compo- sante de fréquence (1 − 2 g)fs dans le spectre fréquentiel ne peut se faire (non détection causée par une largeur du pic central importante due au fenêtrage), nous aurons tout de même la présence d’un saut dans la phase de la transformée de Fourier, ce qui nous permettra de déterminer la valeur de la fréquence de la composante de défaut. La forme que prend cette phase peut s’expliquer en analysant la partie réelle et la partie imaginaire de la transformée de Fourier du courant statorique FRe et FIm (équation IV.2). Nous avons représenté sur la figure IV.4(a) la partie réelle et imaginaire de la transformée de Fourier du courant statorique lorsque le rotor présente une barre cassée, et sur la figure IV.4(b) la phase correspondante. Dans ces relevés, il apparaît clairement que la forme de la 1 nous appellerons "sauts de phase" les variations brusques de la phase en fonction de la fréquence IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 151 phase de la transformée de Fourier du courant statorique est liée aux signes que prennent les parties réelle et imaginaire pour une fréquence f particulière. Une analyse similaire peut être faite sur la partie où se situe les sauts de phase créés par le défaut rotorique (figures IV.5(a) et IV.5(b)). Nous avons voulu vérifier si la forme de la partie réelle et celle de la partie imaginaire obtenue en expérimentation se retrouve sur les signaux de simulation que nous avons présentés dans le chapitre II. Cela nous permet de vérifier que la forme de ces signaux n’a pas comme origine une perturbation inconnue. Pour cela, nous analysons le courant statorique de la machine lorsque celle-ci fonctionne avec un rotor défaillant (une barre cassée). Les parties réelle et imaginaire de la transformée de Fourier de ce signal ainsi que la phase correspondante sont représentées à la figure IV.6 lorsque l’analyse se fait autour de la fréquence fondamentale et à la figure IV.7 lorsque l’analyse se fait autour de la fréquence (1 − 2 g)fs . L’analyse de la figure IV.6(a) montre que la partie imaginaire est très grande devant la partie réelle (qui n’est pas égale à zéro mais à -2600 en 50 Hz). Cela est dû au fait que le signal étudié est un sinus et non un cosinus, ce qui minimise les effets de la partie réelle de la transformée de Fourier. Cependant, la forme des courbes obtenues ne correspond pas à celle des signaux expérimentaux. En effet, les signaux théoriques font apparaître une seule composante (ou un seul saut) de valeur négative quelle que soit la fréquence (en ce qui concerne la partie imaginaire). Cela n’est pas le cas de la partie imaginaire du courant statorique expérimental qui prend une valeur négative et positive autour de 50 Hz. Une analyse similaire peut être faite sur la partie réelle de la transformée de Fourier du courant théorique et du courant expérimental. Cependant, l’analyse de la plage fréquentielle où se situe la fréquence créée par le défaut rotorique (figure IV.7) montre un phénomène proche de celui rencontré avec l’analyse du courant expérimental. En effet, le phénomène apparaissant à cette fréquence est assez semblable à celui obtenu dans l’analyse du courant expérimental (passage de la partie négative à la partie positive et inversement). Nous donnons aux figures IV.8 et IV.9 une vue de la phase du courant d’expérimentation et de simulation dans la plage fréquentielle [0 - 100] Hz. Ces deux relevés montrent que, hormis pour la fréquence 50 Hz, les phénomènes qui apparaissent dans la phase du spectre du courant se retrouvent dans les signaux de simulation. 152 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence 5 x 10 FRe (f ) FIm (f ) Partie réelle et imaginaire 6 4 2 (a) 0 −2 −4 −6 49,75 PSfrag replacements 49,8 49,85 49,9 49,95 50 50,05 Fréquence (Hz) 50,1 50,15 50,2 50,25 Phase de la FFT (Rd) 4 ϕT F (f ) 3 2 (b) 1 0 −1 −2 49,75 49,8 49,85 49,9 49,95 50 50,05 Fréquence (Hz) 50,1 50,15 50,2 50,25 Fig. IV.4 : Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant expérimental (a) et phase correspondante (b) [49,75 - 50,25] Hz Partie réelle et imaginaire 1 FRe (f ) FIm (f ) 0,5 (a) 0 −0,5 −1 43,2 PSfrag replacements 43,25 43,3 43,35 Fréquence (Hz) 43,4 43,45 43,5 Phase de la FFT (Rd) 4 ϕT F (f ) 2 (b) 0 −2 −4 43,2 43,25 43,3 43,35 Fréquence (Hz) 43,4 43,45 43,5 Fig. IV.5 : Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant expérimental (a) et phase correspondante (b) [43,2 - 43,5] Hz IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 153 5 Partie réelle et imaginaire 6 x 10 FRe (f ) FIm (f ) 4 2 (a) 0 −2 −4 −6 49,75 PSfrag replacements 49,8 49,85 49,9 49,95 50 50,05 Fréquence (Hz) 50,1 50,15 50,2 50,25 Phase de la FFT (Rd) 4 ϕT F (f ) 2 (b) 0 −2 −4 49,75 49,8 49,85 49,9 49,95 50 50,05 Fréquence (Hz) 50,1 50,15 50,2 50,25 Fig. IV.6 : Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant de simulation (a) et phase correspondante (b) [49,75 - 50,25] Hz : Réseau 1b-C100 Partie réelle et imaginaire 1500 FRe (f ) FIm (f ) 1000 500 (a) 0 −500 −1000 −1500 44 PSfrag replacements 44,2 44,4 44,6 44,8 Fréquence (Hz) 45 45,2 45,4 Phase de la FFT (Rd) 4 ϕT F (f ) 2 (b) 0 −2 −4 44 44,2 44,4 44,6 44,8 Fréquence (Hz) 45 45,2 45,4 Fig. IV.7 : Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant de simulation (a) et phase correspondante (b) [44 - 45,4] Hz : Réseau 1b-C100 154 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence 4 ϕT F (f ) 3 Phase du spectre (Rd) 2 1 0 −1 −2 −3 PSfrag replacements −4 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.8 : Vue générale de la phase du spectre du courant statorique : Expérimentation Réseau 1b-C100 4 ϕT F (f ) 3 Phase du spectre (Rad) 2 1 0 −1 −2 −3 PSfrag replacements −4 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.9 : Vue générale de la phase du spectre du courant statorique : Simulation Réseau 1b-C100 IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 155 En théorie, l’analyse du spectre d’un signal doit nous renseigner sur trois caractéristiques : son amplitude, sa phase et sa fréquence [62]. En ce qui concerne la phase, son calcul doit donner le déphasage de chaque sinusoïde qui compose le signal étudié par rapport à l’origine d’une onde cosinusoïdale. Normalement, la phase du spectre du courant statorique obtenu en simulation ou en expérimentation devrait donner la valeur du déphasage de chaque composante du signal aux fréquences où elles apparaissent. Si nous prenons un signal sinusoïdal d’expression A sin(2πf0 t), le calcul de sa TFR donne une partie réelle nulle et une partie imaginaire d’amplitude −A/2 en f0 . La phase, qui est fonction des signes que prennent la partie réelle et imaginaire de la TFR, renvoie donc une composante de valeur -90o en f0 (partie réelle nulle et partie imaginaire négative). Cette composante apparaît si et seulement si la fréquence f0 est un multiple entier de la fréquence de résolution utilisée. Dans le cas contraire, la partie réelle de la TFR n’est plus nulle ce qui modifie la forme de la phase du signal (apparition d’un saut de phase à f 0 ). C’est ce phénomène qui apparaît dans l’étude des signaux expérimentaux. En effet, que ce soit pour la composante à fs ou pour les composantes à (1 ± 2 k g)fs , les fréquences correspondantes ne sont pas un multiple entier de la fréquence de résolution utilisée. En conséquence, les parties réelle et imaginaire de la transformée de Fourier du courant statorique passent d’une valeur positive à une valeur négative (ou inversement) autour de chaque fréquence, ce qui provoque l’apparition de sauts dans la phase du spectre (figures IV.4 et IV.5). Cela signifie que la fréquence de la composante fondamentale du courant expérimental n’est pas égale à 50 Hz car la fréquence de résolution utilisée pour l’analyse est de 0,01 Hz (en fait, le réseau EDF ne délivre pas une fréquence exacte de 50 Hz). Comme la fréquence des composantes créées par le défaut rotorique dépend du glissement de la machine, il est peu probable que sa valeur soit un multiple entier de la fréquence de résolution. C’est pour cette raison que nous avons des saut de phase à ces fréquences caractéristiques et à la fréquence fondamentale (fréquence à 50 Hz). Le fait de ne pas avoir de saut à 50 Hz dans la phase du courant de simulation vient du fait que nous imposons la fréquence d’alimentation, ce qui limite la forme de la phase autour de cette fréquence (partie imaginaire toujours négative et très faible partie réelle). Cependant, il apparaît clairement que l’effet créé par la barre cassée autour des fréquences de défauts (1±2 k g)f s en simulation et en expérimentation est relativement semblable. 156 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence IV.1.2 Utilisation de la phase pour le diagnostic de défaut rotorique Nous venons de montrer que l’analyse de la phase du spectre du courant statorique nous renseigne sur l’état du rotor de la machine asynchrone. Nous avons pu remarquer que les sauts de phase présents aux fréquences (1±2 k g)fs étaient clairement dus à la présence d’une ou plusieurs barres rotoriques endommagées. Par conséquent, en se basant sur cette information, il est possible d’établir un diagnostic de la cage d’écureuil en analysant ces sauts de phase particuliers. Pour effectuer un diagnostic de défaut rotorique sans nécessiter de comparaison avec une référence (référence obtenu à partir d’un fonctionnement sain), la décision finale, c’est à dire "est-ce que le rotor est sain ou pas ?", doit être faite exclusivement à partir du signal analysé. Ceci nous permettra par la suite d’appliquer la méthode à des machines de petite puissance ou de forte puissance. Nous savons que toutes les machines asynchrones présentent une légère asymétrie de construction qui induit, dans le spectre du courant statorique, une composante de fréquence (1 − 2 g)fs . Certaines fois, l’oscillation de vitesse créée par cette composante est assez importante pour laisser paraître une composante additionnelle de fréquence (1 + 2 g)fs dans ce même spectre fréquentiel. Cependant, les fabriquants de moteurs asynchrones veillent à ce que leurs machines présentent une asymétrie la plus faible possible car elle pourrait être la principale cause de l’apparition d’un défaut. A titre d’exemple, une excentricité statique engendre un courant homopolaire qui se referme dans les roulements à billes diminuant notablement leur durée de vie. C’est dans cette optique que la méthode de diagnostic va être développée. Nous étudions la phase ϕT F (f ) et plus particulièrement le saut présent à la fréquence (1 + 2 g)fs . Normalement, ce saut de phase est très faible voir nul pour une machine asynchrone saine, et cela quelque soit le niveau de charge. Pour la machine étudiée, un retour à la figure IV.3 permet de remarquer la présence d’un léger saut de phase à la fréquence (1 + 2 g)fs , saut créé par une légère fluctuation de la vitesse rotorique. IV.1.2.1 Méthode de diagnostic Nous proposons la détection d’une barre cassée en étudiant exclusivement le saut de phase se situant à la fréquence (1+2 g)fs . Nous comparons l’écart-type de la phase ϕT F (f ) IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 157 calculé sur deux plages fréquentielles différentes. En effet, le premier écart-type, que nous noterons σc , sera calculé sur la plage fréquentielle (1 + 2 g)fs − 2δ , (1 + 2 g)fs + 2δ . Cette plage cerne l’endroit où se situe le saut de phase ayant pour fréquence (1 + 2 g)fs . Le second écart-type, que nous noterons σm , sera calculé sur la plage fréquen tielle (1 + 2 g)fs + 2δ , (1 + 4 g)fs − 2δ . Cet écart-type sera une image du bruit de mesure présent entre les sauts se situant aux fréquences (1 + 2 g)fs et (1 + 4 g)fs . Rappelons que la relation mathématique permettant de calculer l’écart-type σx , non biaisé, d’un signal x est : v u u σx = t N N X 1 X 1 xi − xi N − 1 i=1 N i=1 !2 (IV.4) où N représente le nombre d’échantillons du signal. Le terme δ, qui prendra la valeur 1 Hz pour les essais effectués, permet de paramètrer la largeur de la bande fréquentielle sur laquelle sera calculée l’écart-type σ c . Une représentation visuelle permettant une compréhension adéquate du calcul de ces deux écarts-types est donnée à la figure IV.10. L’écart-type σc est calculé sur la plage fréquentielle rouge alors que l’écart-type σm est calculé sur la plage fréquentielle bleue. IV.1.2.2 Critère de détection Une fois la valeur des paramètres σc et σm connue, le diagnostic de défaut sera fonction d’un critère de détection qui prendra la forme donnée au tableau IV.1. Un choix de valeurs de α différentes permet d’informer de la sévérité du défaut rotorique. Dans la cas étudié, nous choisissons de donner à ce paramètre les valeurs 3 et 5 (choisies en fonction du type de moteur utilisé). Le critère de détection prend alors la nouvelle forme donnée au tableau IV.2. IV.1.2.3 Calcul du glissement de la machine asynchrone Les deux plages fréquentielles où sont évaluées les deux écarts-types σc et σm nécessitent la connaissance du glissement g de la machine. L’idée retenue est l’utilisation du saut situé à la fréquence (1 − 2 g)fs qui est toujours présent dans la phase ϕT F (f ). De plus, il s’est avéré que pour la majorité des essais effectués (sains et défaillants), c’est l’amplitude de ce saut qui est la plus prononcée, ce qui facilite sa détection. Une fois cette 158 2 ϕT F (f ) 1.9 2 g fs − δ δ 1.8 1.7 Phase (Rd) g replacements Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence δ 2 1.6 1.5 1.4 1.3 (1 + 4 g)fs (1 + 2 g)fs 1.2 1.1 1 55 56 57 58 59 60 Fréquence (Hz) 61 62 63 64 65 Fig. IV.10 : Représentation du processus de calcul des deux écarts-types Tab. IV.1 : Critère de détection utilisant la phase de la TF Test σc ≤α si σm σc >α si σm Résultats Pas de défaut Défaut rotorique Tab. IV.2 : Modification du critère de détection utilisant la phase de la TF Test σc si ≤3 σm σc ≤5 si 3 < σm σc si >5 σm Résultats Absence de défaut rotorique Présence d’un défaut rotorique partiel Présence d’un défaut rotorique important IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 159 fréquence connue, un simple calcul permet la détermination du glissement g de la machine, ce qui nous donne la valeur de la fréquence à (1 + 2 g)fs désirée. La détection du saut situé à la fréquence (1 − 2 g)fs se fait par la recherche de l’amplitude maximale dans une plage fréquentielle qui sera fonction du type de machine étudiée. En effet, nous pouvons connaître la valeur minimale que prendra la fréquence à (1 − 2 g)fs étant donné que nous connaissons la fréquence fondamentale fs des courants statoriques (fréquence imposée par le réseau). Le glissement maximum de la machine calculé à partir de la relation : gmax = 1 − p Ωmin ωs (IV.5) permet d’obtenir la fréquence minimale fbcmin qui est alors égale à (1 − 2 gmax )fs . Notre machine asynchrone fonctionne avec une vitesse nominale de 2800 tr/min, ce qui nous donne une fréquence minimale fbcmin de 43,3 Hz. La plage fréquentielle choisie pour la détection du saut de phase de fréquence (1 − 2 g)fs sera donc [40 - 50] Hz. Lors d’une détection de plusieurs maxima (lorsque nous sommes à faible charge par exemple), nous choisissons celui qui se situe au plus près du saut brusque à 50 Hz. Les étapes chronologiques pour la détection d’une défaillance au rotor de la machine asynchrone sont : 1. Détection des maxima dans la plage fréquentielle [40 - 50] Hz de la phase ϕT F (f ), 2. Sélection du maximum correspondant à la fréquence (1 − 2 g)fs , 3. Calcul du glissement g de la machine, 4. Détermination des paramètres σc et σm par rapport à la fréquence (1 + 2 g)fs , 5. Décision. IV.1.3 Résultats expérimentaux Dans cette partie, nous appliquons la méthode de détection décrite précédemment sur les mêmes signaux expérimentaux que ceux décrits dans le chapitre III (niveaux de charge et niveaux de défaillance identiques). Nous testons la méthode lorsque l’alimentation de la machine se fait soit par le réseau triphasé EDF soit par un variateur de vitesse Télémécanique de type Altivar 66. La fréquence d’échantillonnage du courant statorique est de 2 kHz et la longueur des échantillons de 2.105 points. 160 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence IV.1.3.1 Alimentation de la machine par le réseau triphasé Dans cette partie nous étudions la méthode proposée lorsque la machine est alimentée directement à partir du réseau triphasé. Les résultats obtenus, pour ce mode d’alimentation, sont présentés dans le tableau IV.3. La première colonne de ce tableau correspond au fonctionnement de la machine (abréviations décrites à la page 98), la seconde colonne donne la valeur de la fréquence (1 − 2 g)fs détectée dans la plage fréquentielle [40 - 50] Hz, la troisième donne la valeur de l’écart-type σc , la quatrième donne la valeur de l’écart- type σm , la colonne suivante donne le rapport σc σm obtenu et enfin la dernière colonne de ce tableau donne la décision prise en fonction du rapport σc σm et du critère donné au tableau IV.2. Pour appuyer les résultats obtenus, nous représentons sur les figures IV.11, IV.12 et IV.13 les courbes de la phase ϕT F (f ) lorsque la machine fonctionne sous 100% de charge avec respectivement un rotor sain, une barre partiellement cassée et une barre totalement cassée. Les figures IV.14, IV.15 et IV.16, quant à elles, représentent la phase ϕT F (f ) lorsque la machine fonctionne sous 25% de charge avec les mêmes niveaux de défaillance que ceux cités précédemment. Sur ces figures, nous représentons par un trait continu rouge la plage fréquentielle où est calculé l’écart-type σc , par un trait continu bleu la plage où est calculé l’écart-type σm et par un cercle rouge le maximum du saut de phase se situant à la fréquence (1 − 2 g)fs . L’analyse du rapport des écarts-types σc σm est très intéressante. En effet, nous pouvons remarquer que ce rapport est faible pour une machine fonctionnant avec un rotor sain quel que soit le niveau de charge. Cela conforte le fait que le saut de phase à (1 + 2 g)f s peut être utilisé pour le diagnostic de barre cassée car son amplitude dépend fortement de l’état de la cage rotorique. Nous apercevons, dans le tableau IV.3, que pour certains fonctionnements sains (par exemple pour une charge de 50%) nous ne détectons pas de saut de phase à (1 − 2 g)fs . Cela signifie que le saut présent à cette fréquence n’est pas assez important pour être considéré comme un saut significatif. Dans ce cas, comme ce saut n’est pas détecté, la méthode de diagnostic considère que la cage rotorique est en bon état. L’apparition d’un défaut rotorique partiel n’induit pas une augmentation significative de l’écart-type σc par rapport l’écart-type σm . Pour certain mode de fonctionnement, le bruit présent sur le signal de la phase augmente la valeur de l’écart-type σ m ce qui IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 161 Tab. IV.3 : Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase de la transformée de Fourier pour une connexion au réseau triphasé (calcul des écarts-types σc et σm ) Rotor Fréquence fbc σc σm σc σm S-C100 43,49 0,0797 0,0797 1 05b-C100 44,03 0,1213 0,0275 4,4109 1b-C100 43,28 1,6178 0,0134 120,73 S-C75 Décision Def Pas de détection de max Def Def 05b-C75 45,71 0,0367 0,0197 1,8329 1b-C75 45,45 0,4274 0,0699 6,1144 S-C50 Def Pas de détection de max Def Def Def 05b-C50 47,13 0,0203 0,0125 1,6240 Def 1b-C50 46,97 0,4597 0,0548 8,3887 S-C25 48,42 0,2669 0,2395 1,1144 Def 05b-C25 48,57 0,0192 0,0180 1,0667 Def 1b-C25 48,50 0,3812 0,0381 10,005 Def Def S-C0 Pas de détection de max Def 05b-C0 Pas de détection de max Def 1b-C0 Pas de détection de max Def De Pas de défaut – De Défaut partiel – De Défaut important 162 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 Fig. IV.11 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau S-C100 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.12 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 05b-C100 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.13 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 1b-C100 IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 163 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.14 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau S-C25 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.15 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 05b-C25 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.16 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 1b-C25 164 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence ne permet pas au rapport σc σm d’atteindre une valeur suffisante pour diagnostiquer une telle défaillance. Pour un défaut rotorique impliquant une barre complètement cassée, le rapport minimum entre les écarts-types σc et σm est 6,11 (charge 75%) et le rapport maximum est 120 (charge 100%). L’effet d’une barre cassée sur le saut de phase de fréquence (1 + 2 g)fs pour une charge de 75% est assez faible. Hormis pour un fonctionnement à 100% de charge, le rapport σc σm n’augmente pas significativement. Nous pouvons remarquer que la méthode de diagnostic n’a pas pu détecter le défaut pour un fonctionnement de la machine à vide. Ceci est dû au fait que la phase ϕT F (f ) ne présente aucun maximum dans la plage fréquentielle [40 - 50] Hz. Le faible courant circulant dans les barres est la cause principale de cette non détection. Avec cette approche, la cage rotorique de la machine est alors considérée comme saine. A partir des résultats donnés par le tableau IV.3, nous pouvons valider l’approche proposée sachant que le défaut impliquant une barre complètement cassée est détecté pour un niveau de charge minimum de 25%. La barre rotorique partiellement cassée reste non détectée avec cette approche excepté lorsque la machine fonctionne à son couple nominale. Notons que très peu de méthodes existent à ce jour qui permettent la détection d’un tel défaut. Par exemple, dans [26], les auteurs analysent un défaut rotorique impliquant trois barres cassées pour affirmer la présence d’une défaillance au sein de la cage. Leur méthode de diagnostic, appliquée à un rotor présentant une barre partiellement cassée, considère que le rotor de la machine est sain. Le point intéressant dans ces résultats reste la détection d’une barre cassée (sur les 28 que compte la cage rotorique) pour une charge supérieure à 25%. Par conséquent, même si le défaut impliquant une barre partiellement cassée n’a pas pu être diagnostiqué, les résultats obtenus sont satisfaisants. IV.1.3.2 Alimentation de la machine par un variateur de vitesse La méthode de diagnostic a montré ses qualités lorsque la machine asynchrone est connectée directement au réseau triphasé. L’étape suivante consiste à étudier cette méthode de diagnostic lorsque la machine est alimentée par un variateur de vitesse. Le variateur de vitesse utilisé est un variateur commandé en U/f qui permet de faire varier la fréquence des courants d’alimentation de 0 à 50 Hz. Nous avons étudié, dans cette partie, les mêmes niveaux de défauts que précédemment. IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 165 Les résultats obtenus pour ce mode d’alimentation n’ont pas donné satisfaction. En effet, le défaut impliquant une barre complètement cassée lorsque la machine est soumise à tous les niveaux de charge proposés n’a pu être détecté avec la méthode proposée. Ceci est dû à deux problèmes bien distincts : – Le premier problème rencontré est la présence d’un bruit important dans la plage fréquentielle (1 + 2 g)fs + 2δ , (1 + 4 g)fs − 2δ , ce qui induit un écart-type σm important. Nous représentons sur la figure IV.17 la phase du courant statorique lorsque la machine asynchrone fonctionne avec une barre rotorique défaillante pour une fréquence fondamentale des courants statoriques de 50 Hz. Nous pouvons remarquer la présence de nombreux sauts de phase dans la plage fréquentielle bleu ce qui induit une valeur de σm importante. Le rapport σc σm est par conséquent très faible, trop faible pour permettre la détection du défaut rotorique ( σσmc < 3). Une analyse similaire de la phase a été effectuée lorsque la fréquence des courants était de 25 Hz (figure IV.18). Sur cette représentation, nous pouvons remarquer que la phase contient de nombreux sauts à des fréquences quelconques voire incohérentes. Ces sauts, dont l’amplitude reste assez faible, donnent quand même une valeur de l’écart-type σ m importante, provoquant ainsi un diagnostic erroné de la cage rotorique. – Le second problème rencontré est la mauvaise détection du saut de phase situé à la fréquence (1 − 2 g)fs . En effet, la présence de sauts de phase quelconques dans la plage fréquentielle [fs -10, fs ] ne permet pas de détecter le saut de phase nécessaire au calcul du glissement de la machine (saut de phase de fréquence (1 − 2 g)fs ). Si un saut de phase, assez conséquent pour être considéré comme un maximum, se situe dans la plage fréquentielle [(1 − 2 g)fs , fs ], le calcul du glissement sera alors erroné étant donné que ce saut sera considéré comme étant celui créé par le défaut rotorique. Le problème cité précédemment est illustré à la figure IV.19. Pour ce mode de fonctionnement, la charge appliquée à la machine asynchrone est de 100% (g ' 6%), ce qui nous donne une fréquence (1 − 2 g)fs d’environ 43 Hz. Le saut de phase détecté par le programme de diagnostic renvoie, dans ce cas, une fréquence de 47,8 Hz, ce qui ne correspond pas à la fréquence du saut créé par le défaut rotorique. Cette erreur de détection entraîne un calcul des écarts-types σc et σm sur des plages fréquentielles erronées et engendre un diagnostic incorrect de l’état du rotor de la 166 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 Fig. IV.17 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique pour fs = 50 Hz : U/f 1b-C100 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 20 25 30 Fréquence (Hz) 35 40 45 Fig. IV.18 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique pour fs = 25 Hz : U/f 1b-C100 4 ϕT F (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 Fig. IV.19 : Phase ϕT F (f ) du courant statorique pour fs = 50 Hz : U/f Sain-C100 IV.1 : Phase du spectre du courant statorique 167 machine. Nous pouvons remarquer que la plage fréquentielle de la figure IV.19 où est calculée l’écart-type σm n’a pas la même largeur que celle de la figure IV.17 alors que le niveau de charge est identique. IV.1.4 Bilan de cette approche La méthode de diagnostic de barre cassée, basée sur le rapport de deux écarts-types calculés à partir de la phase du spectre du courant statorique a donné des résultats intéressants lorsque la machine asynchrone est alimentée par le réseau triphasé. Cette nouvelle approche qui, rappelons-le, ne se base sur aucun seuil de référence (moteur sain), a permis de détecter une barre de la cage rotorique complètement cassée. La détection d’un défaut rotorique partiel étant difficile à effectuer avec cette approche. L’utilisation de cette méthode lorsque la machine asynchrone est alimentée par un variateur de vitesse n’a pas permis de détecter les défauts rotoriques étudiés. La cause principale de cette non détection est la présence de sauts de phase importants dans les plages fréquentielles où sont calculés les écarts-types σc et σm . De plus, pour certain cas de fonctionnement, la détection du saut situé à la fréquence (1 − 2 g)fs n’a pu se faire car des sauts de phase présents entre cette fréquence et la fréquence fondamentale fs induisaient des choix de maxima erronés. Nous avons vu que la forme de cette phase était dépendante des signes que prennent la partie réelle et la partie imaginaire de la transformée de Fourier du courant statorique. Nous avons expliqué que la forme adoptée par ces deux parties était fonction de la résolution fréquentielle utilisée. En effet, il faudrait avoir une résolution fréquentielle la plus faible possible pour que chaque fréquence étudiée soit un multiple entier de cette dernière. Ne pouvant jouer ni sur le nombre de point N , ni sur la fréquence d’échantillonnage F e , il est difficile de modifier la méthode de détection pour permettre la prise en considération de cet effet et donc, d’améliorer la forme de cette phase. L’idée d’utiliser la transformée de Hilbert est issue de toutes ces remarques. L’avantage de cette transformée est le fait que nous pouvons connaître exactement la forme de la partie réelle et de la partie imaginaire. C’est un point essentiel car cette information permet la connaissance exacte de la forme de la phase correspondante, contrairement à la transformée de Fourier. L’utilisation de cette transformée pour le diagnostic de défaut 168 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence rotorique fait donc l’objet de la partie suivante. Nous donnons dans un premier temps les définitions de base de cette transformée pour permettre ensuite de l’appliquer au diagnostic de défaut rotorique. IV.2 Transformée de Hilbert Nous avons montré, dans la partie précédente, que la forme des parties réelle et imaginaire de la phase du spectre du courant statorique provoquait des sauts "quelconques" lors d’une alimentation par convertisseur statique, induisant ainsi un diagnostic de défaut erroné pour certains modes de fonctionnements. Ce problème peut être contourné avec l’utilisation de la transformée de Hilbert, comme nous allons le démontrer ci-après. IV.2.1 Définitions de base La transformée de Hilbert d’un signal réel uni-dimensionnel y(t) peut être calculée en utilisant la relation : 1 v(t) = − π Z ∞ −∞ y(η) 1 dη = η−t π Z ∞ −∞ y(η) dη t−η (IV.6) La transformée de Hilbert inverse quant à elle nous est donnée par la relation : Z Z 1 ∞ v(η) 1 ∞ v(η) y(t) = dη = − dη π −∞ η − t π −∞ t − η (IV.7) Généralement, la transformée de Hilbert est exprimée en utilisant les notations propres aux convolutions telles que : 1 πt 1 y(t) = v(t) ∗ πt (IV.8) v(t) = y(t) ∗ (IV.9) Contrairement à la transformée de Fourier qui transforme un signal issu du domaine temporel en un signal exprimé dans le domaine fréquentiel, la transformée de Hilbert ne change pas le domaine de la variable y(t). En effet, la transformée de Hilbert d’un signal dépendant de la variable t est elle aussi fonction de cette même variable. La transformée de Fourier du noyau de la transformée de Hilbert, c’est à dire Θ(t) = 1 πt (équations IV.8 et IV.9) est : Θ(t) = 1 TF =⇒ −j sgn(ω) πt (IV.10) IV.2 : Transformée de Hilbert 169 où la fonction signe, notée "sgn" prend les valeurs suivantes : +1 pour ω > 0 sgn(ω) = 0 pour ω = 0 −1 pour ω < 0 (IV.11) La multiplication de ce noyau par le théorème de convolution issu de l’analyse de Fourier donne le spectre de la transformée de Hilbert : TF (IV.12) v(t) =⇒ V (ω) = −j sgn(ω) Y (ω) Cette relation permet le calcul de la transformée de Hilbert à partir de la transformée de Fourier inverse du spectre donnée par l’équation précédente2 : T F −1 TF y(t) =⇒ Y (ω) =⇒ V (ω) = −j sgn(ω) Y (ω) =⇒ v(t) (IV.13) Le calcul de la transformée de Fourier peut se faire en utilisant les algorithmes TFD (transformée de Fourier discrète) ou encore TFR (transformée de Fourier rapide) vus au chapitre I. De façon générale, un signal réel y(t) peut être décomposé en une somme de deux termes : y(t) = yp (t) + yi (t) (IV.14) yp (t) = y(t) + y(−t) 2 (IV.15) yi (t) = y(t) − y(−t) 2 (IV.16) où le terme pair vaut : et le terme impair vaut : La transformée de Fourier de y(t) est une fonction complexe qui peut se mettre sous la forme : Y (ω) = <(Y (ω)) + j =(Y (ω)) = YRe (ω) + j YIm (ω) (IV.17) La multiplication de la transformée de Fourier Y (ω) par l’opérateur −j sgn(ω) change la partie réelle en partie imaginaire et vice versa (équation IV.12). Le spectre de la transformée de Hilbert, quant à lui, peut se mettre sous la forme : V (ω) = <(V (ω)) + j =(V (ω)) = VRe (ω) + j VIm (ω) 2 T F −1 signifie transformée de Fourier inverse. (IV.18) 170 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence ou, en se basant sur les démonstrations précédentes : VRe (ω) = −j sgn(ω)[j YIm (ω)] = sgn(ω) YIm (ω) (IV.19) VIm (ω) = −j sgn(ω) YRe (ω) (IV.20) et Par conséquent, nous pouvons remarquer que la transformée de Hilbert change tous les termes pairs en termes impairs et tous les termes impairs en termes pairs. Nous pouvons alors donner la transformée de Hilbert des fonctions harmoniques cosinus et sinus 3 : cos(ω t) =⇒ sin(ω t) TH (IV.21) TH (IV.22) sin(ω t) =⇒ − cos(ω t) e−j ω t =⇒ = −j sgn(ω)e−j ω t = sgn(ω) ej (ω t− 2 ) π TH (IV.23) De ces équations, nous pouvons remarquer que la transformée de Hilbert change tous les termes cosinus en termes sinus et tous les termes sinus en termes cosinus négatif. La transformée de Hilbert dans le domaine temporel correspond à un déphasage de valeur π 2 (ou 90˚) de tous les termes de la transformée de Fourier. IV.2.2 De la transformée de Hilbert à la théorie de modulation En complément du déphasage de π 2 qu’elle introduit entre la partie réelle et la partie imaginaire, la transformée de Hilbert peut être utilisée dans la théorie de modulation pour déterminer la modulation d’amplitude, la modulation de phase ainsi que la modulation de fréquence d’un signal temporel y(t). La transformée de Hilbert d’un signal y(t) peut s’écrire sous la forme : TH y(t) =⇒ ye(t) = yeRe (t) + j yeIm (t) (IV.24) où yeIm (t) représente la transformée de Hilbert du signal yeRe (t). Le signal ye(t), quant à lui, est couramment appelé signal analytique. La modulation d’amplitude A(t) du signal temporel y(t) se calcule en utilisant la relation suivante : A(t) = 3 T H signifie transformée de Hilbert. p yeRe (t)2 + yeIm (t)2 (IV.25) IV.2 : Transformée de Hilbert 171 Sa modulation de phase ϕ(t) se calcul grâce à la relation : ϕ(t) = arctan yeIm (t) yeRe (t) (IV.26) A partir de cette modulation de phase, nous pouvons déterminer l’expression permettant de calculer sa modulation de fréquence : F (t) = F0 + 1 d ϕ(t) 2 π dt (IV.27) Si nous prenons comme exemple une fonction y(t) modulée en amplitude et en phase ayant pour expression : y(t) = 10 (1 + m cos(ωf t)) cos (ωs t + β cos(ωf t)) (IV.28) ωf = 8 π ωs = 100 π m = 0, 03 β = 0, 01 (IV.29) avec le calcul de la transformée de Hilbert de ce signal donne un signal analytique complexe ye(t) avec une partie réelle yeRe (t) et une partie imaginaire yeIm (t) (équation IV.24) que nous représentons à la figure IV.20. Nous pouvons remarquer le déphasage de π 2 entre les deux signaux comme il l’a été démontré dans la partie IV.2.1. Le calcul du module de ye(t) donne l’enveloppe du signal y(t) et le calcul de sa phase nous donne sa modulation de phase ainsi que sa modulation de fréquence en fonction du temps. Nous présentons à la figure IV.21 l’enveloppe du signal temporel y(t), c’est-à-dire sa modulation d’amplitude au cours du temps, ainsi que sa modulation de phase à la figure IV.22 et sa modulation de fréquence à la figure IV.23 obtenues à partir de ye(t). IV.2.3 La transformée de Hilbert pour le diagnostic de défaut rotorique Cette partie développe la méthode de diagnostic basée sur le calcul de la phase du signal analytique obtenu par une transformée de Hilbert du module du spectre du courant absorbé par la machine asynchrone. En d’autre terme, plutôt que de travailler directement sur le courant statorique (signal temporel), nous suggérons de travailler avec le module de sa transformée de Fourier. Comme nous l’avons précédemment mentionnée, la transformée de Hilbert d’un signal renvoie une représentation de ce signal dans le même domaine. Ainsi, 172 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence yRe (t) yIm (t) PSfrag replacements Partie réelle et imaginaire de y(t) Partie imaginaire et partie complexe 10 5 0 −5 −10 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 Temps (Sec) 0.06 0.07 0.08 0.09 0.1 Fig. IV.20 : Partie imaginaire et partie réelle de ye(t) 12 yRe (t)2 + yIm (t)2 y(t) PSfrag replacements Modulation amplitude 10 8 6 4 2 0 0 0.1 0.2 0.3 Temps (Sec) 0.4 0.5 0.6 Fig. IV.21 : Modulation d’amplitude de y(t) y 40 (t) arctan yIm(t) Re Modulation de phase (Deg) 30 20 10 0 −10 −20 PSfrag replacements −30 −40 0 0.1 0.2 0.3 Temps (Sec) 0.4 0.5 0.6 Fig. IV.22 : Modulation de phase de y(t) 50.1 d ϕ(t) F0 + 21π dt Modulation de fréquence (Hz) 50.08 PSfrag replacements 50.06 50.04 50.02 50 49.98 49.96 49.94 49.92 49.9 0 0.1 0.2 0.3 Temps (Sec) 0.4 0.5 Fig. IV.23 : Modulation de fréquence de y(t) 0.6 IV.2 : Transformée de Hilbert 173 si nous appliquons la transformée de Hilbert sur le module de la transformée de Fourier du courant statorique, le signal résultant sera par conséquent exprimé dans le domaine fréquentiel. Cette démarche utilise la transformée de Hilbert calculée à partir du module du spectre du courant statorique, sa phase n’ayant aucune importance ici. Les figures IV.24 et IV.25 représentent la phase du signal analytique4 obtenu en calculant la transformée de Hilbert du module du spectre du courant statorique de la machine lorsque cette dernière fonctionne avec un rotor sain et un rotor défaillant (le moteur se trouve dans la configuration S-C100). Ces figures mettent en évidence la présence de "sauts de phase" aux fréquences de défaut (1 ± 2 k g)fs . De plus, nous pouvons remarquer que l’apparition du défaut ro- torique contribue à augmenter l’amplitude des sauts présents dans la phase ϕ T H (f ). Si nous portons notre attention sur la figure IV.26, nous pouvons remarquer un changement rapide de la phase au niveau du 50 Hz. Tout comme la phase de la TF du courant, le fait d’avoir un changement de phase net à 50 Hz permettra d’évaluer l’amplitude du saut de phase situé à la fréquence (1 − 2 g)fs plus facilement que l’amplitude de la composante de même fréquence présente dans le module du spectre du courant statorique (figure IV.27). Pour notre machine, la détection de cette fréquence ne pose aucun problème, que ce soit dans le module du spectre ou dans la phase ϕT H (f ), mais lorsque l’étude porte sur des moteurs de forte puissance, cette détection peut s’avérer difficile à cause de la faible valeur du glissement (∼ 1%). La différence entre la phase de la TF et la phase du signal analytique réside dans le fait que cette dernière est calculée à partir du module du spectre du courant statorique. C’est à dire que dés que la composante de fréquence (1−2 g)fs apparaît dans le module du spectre, elle apparaîtra aussi dans la phase ϕT H (f ). Même si la composante créée par le défaut rotorique a une amplitude relativement faible dans le module du spectre fréquentiel du courant statorique, nous obtiendrons tout de même une représentation de celle-ci dans la phase du signal analytique ϕT H (f ) car le module du spectre contiendra cette information. De plus, il faut noter que l’amplitude des sauts de phase situés aux fréquences (1±2 k g)f s de la phase ϕT H (f ) est directement liée à l’amplitude des composantes situées aux mêmes fréquences dans le module du spectre du courant statorique. 4 Dans la suite de l’étude nous noterons ce signal analytique If sa (f ) et la phase correspondante ϕT H (f ) 174 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence 2 ϕT H (f ) PSfrag replacements Phase de la TH (Rd) 1.5 1 0.5 (1 − 2 k g)fs (1 + 2 k g)fs 0 −0.5 −1 −1.5 −2 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.24 : Phase du signal analytique obtenu par une TH de |isa (f )| : S-C100 2 ϕT H (f ) PSfrag replacements Phase de la TH (Rd) 1.5 (1 − 2 k g)fs 1 0.5 0 −0.5 (1 + 2 k g)fs −1 −1.5 −2 0 10 20 30 40 50 Fréquence (Hz) 60 70 80 90 100 Fig. IV.25 : Phase du signal analytique obtenu par une TH de |isa (f )| : 1b-C100 2 ϕT H (f ) PSfrag replacements Phase de la TH (Rd) 1.5 1 0.5 (1 + 2 g)fs (1 − 2 g)fs 0 −0.5 −1 −1.5 −2 40 42 44 46 48 50 Fréquence (Hz) 52 54 56 58 60 Fig. IV.26 : Agrandissement de la figure IV.24 autour de 50 Hz PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 |isa (f )| −20 −40 (1 − 2 g)fs (1 + 2 g)fs −60 −80 −100 −120 −140 40 42 44 46 48 50 Fréquence (Hz) 52 54 56 58 60 Fig. IV.27 : Module du spectre du courant statorique (normalisé en dB) : S-C100 IV.2 : Transformée de Hilbert 175 La présence de ces sauts de phase peut s’expliquer en étudiant la partie réelle et la partie imaginaire du signal analytique If sa (f ). Nous savons que le courant absorbé par une machine asynchrone fonctionnant avec un rotor sain ou un rotor défaillant présente toujours une modulation d’amplitude et de fréquence. En se référant au chapitre III, nous pouvons donner l’expression du courant statorique isa (t) lorsque nous considérons une modulation d’amplitude non symétrique autour de la fréquence porteuse f s : 0 X √ X √ X X 2 m c k Is 2 m c k Is cos(2 π(fs −k fm ) t−ϕ)+ cos(2 π(fs +k fm ) t−ϕ) isa (t) = isa0 (t)+ 2 2 k=1 k=1 (IV.30) En se limitant aux premières fréquences créées par le défaut rotorique (X=1), l’équation IV.30 peut se mettre sous la forme : √ √ 0 2 m c 1 Is 2 m c 1 Is cos(2 π(fs − fm ) t − ϕ) + cos(2 π(fs + fm ) t − ϕ) isa (t) = isa0 (t) + 2 2 (IV.31) Le module de la transformée de Fourier de ce signal est donné à la figure IV.28 lorsque nous prenons comme paramètres : 0 mc1 = 0, 002 mc1 = 0, 0003 fm = 6 Hz fs = 50 Hz (IV.32) (La valeur de ces paramètres correspond au cas S-C100 étudié dans le chapitre III lorsque la machine est connectée au réseau triphasé). Cette représentation est donnée en dB (module normalisé par rapport au maximum) pour une meilleure visualisation mais nous rappelons que la transformée de Hilbert s’applique sur le module linéaire. Ce spectre fréquentiel donne une composante de fréquence 50 Hz plus deux composantes de fréquences (fs − fm ) et (fs + fm ). En reprenant les notations données à l’équation IV.24, nous obtenons : TH f f |isa (f )| =⇒ If sa (f ) = Isa Re (f ) + j Isa Im (t) (IV.33) En théorie, la transformée de Fourier de cos(2 π fs t) donne deux pics de Dirac dans le domaine fréquentiel, positionnés aux fréquences −fs et fs avec comme amplitude 12 δ(f + fs ) et 1 2 δ(f − fs ). D’après [14], la transformée de Hilbert d’un pic de Dirac positionné à la fréquence f = 0 vaut 1 . πf Par extension, la transformée de Hilbert d’un pic de Dirac positionné à la fréquence −fs vaut donc la fréquence fs vaut 1 π (f −fs ) 1 π (f +fs ) et celle d’un pic de Dirac positionné à (f étant le domaine dans lequel est exprimé le signal ana- lysé). Par conséquent, la forme de If saRe (f ) sera identique au module de la transformée 176 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence de Fourier du courant et celle de If sa Im (f ) sera une fonction impaire en 1 πf en −fs et fs . Nous donnons à la figure IV.29 une représentation de la partie réelle If saRe (f ) et de la partie imaginaire If sa Im (f ) du signal analytique ainsi que la phase correspondante autour de 50 Hz5 . La figure IV.30, quant à elle, représente les mêmes signaux mais autour de la fréquence de défaut (fs − fm ). Nous pouvons noter que les formes correspondent à celles attendues, c’est à dire que la partie réelle du signal analytique est identique au module de la transformée de Fourier du courant (une composante à 50 Hz et à fs − fm ) et que la partie imaginaire est une fonction en 1 πf impaire centrée sur fs = 50 Hz et sur fs − fm . La forme de cette phase dépend donc du signe que prennent la partie réelle et la partie imaginaire du signal analytique If sa (f ) lorsque l’on se déplace sur l’axe fréquentiel. Pour le cas étudié (équation IV.31), la phase ϕT H (f ) commence à la valeur − π2 étant donné que la partie réelle est nulle et que la partie imaginaire est négative. Cette phase change de forme lorsque la partie réelle devient positive, c’est à dire aux alentours de 44 Hz (partie réelle positive et partie imaginaire négative) ce qui la fait tendre vers zéro. Lorsque la partie réelle redevient nulle, la phase retrouve une valeur de − π2 (partie réelle nulle et partie imaginaire négative). Nous pouvons noter que pour chaque composante présente dans le module de la transformée de Fourier du courant, la partie imaginaire du signal analytique prend la forme d’une fonction en 1 π (f −fx ) (fx étant la fréquence où apparaît la composante dans le module de la TF) (figure IV.29). Lorsque l’on se rapproche du 50 Hz, la partie réelle devient positive (la partie imaginaire est toujours négative) ce qui fait tendre la phase vers zéro. Le passage de celle-ci par la valeur zéro se fait lorsque la partie imaginaire devient nulle. Au delà de 50 Hz, la partie réelle et la partie imaginaire sont toutes les deux positives, ce qui fait tendre la phase vers π2 , valeur qu’elle atteint lorsque la partie réelle redevient nulle. A l’approche de 56 Hz (fs + fm ), la partie réelle devient positive (partie imaginaire positive) ce qui fait tendre la phase vers zéro. Elle reprend une valeur de π 2 lorsque la partie réelle devient nulle. A partir de cet exemple et de ces explications, il est clair que plus le module du spectre du courant statorique contiendra de composantes "de défauts", plus le nombre de sauts dans la phase ϕT H (f ) sera important . Nous devons aussi noter que, plus l’amplitude des composantes présentes dans le module 5 notons que la phase de If sa (f ) se calcule avec la relation ϕT H (f ) = arctan IsaIm (f ) IsaRe (f ) IV.2 : Transformée de Hilbert 177 PSfrag replacements Densité spectrale de puissance (dB) 0 |isa (f )| −20 −40 fs − f m −60 fs + f m −80 −100 −120 −140 −160 −180 40 42 44 46 48 50 Fréquence (Hz) 52 54 56 58 60 PSfrag replacements Partie réelle et partie imaginaire Fig. IV.28 : Module de la transformée de Fourier du signal donné à l’équation IV.31 4 6 x 10 IsaRe (f ) IsaIm (f ) 1 πf 4 2 0 −2 −4 49,8 49,85 49,9 49,95 50 Fréquence (Hz) 50,05 50,1 50,15 50,2 Phase de la TH 2 ϕT H (f ) π 2 1 0 −1 − π2 −2 49,8 49,85 49,9 49,95 50 Fréquence (Hz) 50,05 50,1 50,15 50,2 Partie réelle et partie imaginaire Fig. IV.29 : Partie réelle et imaginaire de If sa (f ) et phase correspondante (fs ) PSfrag replacements 100 IsaRe (f ) IsaIm (f ) 50 0 −50 −100 43,5 43,6 43,7 43,8 43,9 44 44,1 Fréquence (Hz) 44,2 44,3 44,4 44,5 Phase de la TH 0 ϕT H (f ) −0.5 −1 −1.5 −2 43,5 − π2 43,6 43,7 43,8 43,9 44 44,1 Fréquence (Hz) 44,2 44,3 44,4 44,5 Fig. IV.30 : Partie réelle et imaginaire de If sa (f ) et phase correspondante (fs − fm ) 178 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence du spectre fréquentiel du courant sera grande, plus le saut de phase correspondant sera important. En effet, les sauts de phase créés par les composantes fréquentielles peuvent passer de − π2 à + π2 (où de + π2 à − π2 ) si les amplitudes de ces dernières sont assez signifi- catives. La connaissance exacte des parties réelle et imaginaire du signal analytique If sa (f ) présente donc un avantage par rapport à la phase de la transformée de Fourier que nous avons décrite dans la partie IV.1. Pour effectuer un diagnostic de défaut sans introduire de comparaison avec le fonctionnement sain, nous devons analyser exclusivement le signal traité qui, dans notre cas, est la phase ϕT H (f ) tout comme nous l’avons fait avec la phase du spectre du courant statorique ϕT F (f ). La méthode de diagnostic que nous allons appliquer à la phase ϕT H (f ) est identique à celle appliquée à la phase ϕT F (f ), c’est-à-dire que nous allons analyser exclusivement le saut de phase situé à la fréquence (1 + 2 g)fs . Normalement, il n’existe pas de composante à la fréquence (1 + 2 g)fs dans le module du spectre fréquentiel du courant statorique lorsque la cage rotorique est saine ou alors son amplitude est relativement faible. L’absence de composante à cette fréquence dans le spectre du courant statorique se traduit par l’absence de saut de phase à cette même fréquence dans la phase ϕT H (f ). Si, malgré tout, il en existe une de faible amplitude, un faible saut de phase apparaîtra alors dans ϕT H (f ). Si nous reprenons la figure IV.26, nous remarquons que même avec un rotor sain sous 100% de charge, nous avons la présence d’un saut de phase à la fréquence (1 − 2 g)fs ainsi qu’un léger saut de phase à la fréquence (1 + 2 g)fs . Ce saut de phase traduit la présence d’une composante de faible amplitude dans le module du spectre fréquentiel du courant statorique, ce qui se vérifie sur la figure IV.27. En reprenant la même démarche que pour l’étude de la phase ϕT F (f ), nous com parons l’écart-type σc , calculé sur la plage fréquentielle (1 + 2 g)fs − 2δ , (1 + 2 g)fs + 2δ avec l’écart-type σm calculé sur la plage fréquentielle (1 + 2 g)fs + 2δ , (1 + 4 g)fs − 2δ . Dans cette méthode de diagnostic, le terme δ prendra la même valeur que pour l’étude de la phase ϕT F (f ), c’est à dire 1 Hz. La représentation visuelle du calcul des deux écartstypes σc et σm a été présentée sur la figure IV.10. Une fois la valeur des paramètres σc et σm connue, le critère donné au tableau IV.1 peut être utilisé. Nous avons choisi de donner à la condition α deux valeurs différentes pour indiquer si le défaut rotorique est important ou non. Dans la cas étudié, nous donnons au paramètre α les valeurs 3 et 5 IV.2 : Transformée de Hilbert 179 (pour permettre de comparer les résultats issus de la phase du spectre du courant avec ceux issus de la phase du signal analytique If sa (f )). Le critère de détection final est énoncé au tableau IV.2. Le calcul du glissement g de la machine ainsi que les étapes chronologiques pour la détection d’un défaut rotorique sont identiques à celles présentées dans la méthode de diagnostic utilisant la phase ϕT F (f ). La méthode étant maintenant présentée, nous proposons de tester sa validité sur les différents essais expérimentaux effectués. IV.2.4 Résultats expérimentaux Nous testons la méthode lorsque l’alimentation de la machine se fait soit par le réseau triphasé, soit par un variateur de vitesse. La fréquence d’échantillonnage du courant statorique est toujours de 2 kHz et la longueur des échantillons de 2.105 points. IV.2.4.1 Alimentation de la machine par le réseau triphasé Dans cette partie nous appliquons la méthode proposée lorsque la machine est alimentée directement à partir du réseau triphasé. Nous donnons les résultats obtenus dans le tableau IV.4. Les notations adoptées sont identiques à celles du tableau IV.3 (page 161). Pour appuyer les résultats obtenus, nous donnons aux figures IV.31, IV.32 et IV.33 les courbes de la phase ϕT H (f ) lorsque la machine fonctionne sous 100% de charge avec respectivement un rotor sain, une barre partiellement cassée et une barre totalement cassée. Les figures IV.34, IV.35 et IV.36 représentent la phase ϕT H (f ) lorsque la machine fonctionne sous 25% de charge avec les mêmes niveaux de défaillances. Sur ces figures, nous représentons une nouvelle fois par un trait continu rouge la plage fréquentielle où est calculé l’écart-type σc , par un trait continu bleu la plage fréquentielle où est calculé l’écart-type σm et par un cercle rouge le maximum du saut de phase situé à la fréquence (1 − 2 g)fs . L’analyse du tableau IV.4 permet de valider l’approche proposée étant donné que tous les défauts sont détectés si nous considérons que la machine fonctionne avec une charge minimale de 25%. La fréquence (1 − 2 g)fs obtenue par le programme de détection des maxima correspond exactement à la valeur de la fréquence créée par le défaut rotorique. Nous pouvons remarquer que le rapport σc σm est faible pour une machine fonctionnant avec un rotor sain. Dans certain cas, comme par exemple pour une charge de 25%, nous n’avons 180 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence Tab. IV.4 : Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase du signal analytique pour une connexion au réseau triphasé (calcul des écarts-types σc et σm ) Rotor Fréquence fbc σc σm σc σm S-C100 43,45 0,0169 0,0073 2,3150 05b-C100 44,00 0,0615 0,0067 9,1791 Def 1b-C100 43,54 0,3322 0,0050 66,440 Def S-C75 45,08 0,0179 0,0071 2,5211 05b-C75 45,73 0,0508 0,0095 5,3473 Def 1b-C75 45,45 0,3322 0,0060 55,366 Def S-C50 46,79 0,0198 0,0094 2,1064 05b-C50 47,14 0,0373 0,0060 6,2167 Def 1b-C50 47,01 0,2736 0,0113 24,212 Def S-C25 48,40 0,0151 0,0192 0,7864 05b-C25 48,56 0,0223 0,0059 3,7797 1b-C25 48,50 0,1545 0,0189 8,1746 Décision Def Def Def Def Def Def S-C0 Pas de détection de max Def 05b-C0 Pas de détection de max Def 1b-C0 Pas de détection de max Def De Pas de défaut – De Défaut partiel – De Défaut important IV.2 : Transformée de Hilbert 181 4 ϕT H (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.31 : Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau S-C100 4 ϕT H (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.32 : Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau 05b-C100 4 ϕT H (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.33 : Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau 1b-C100 182 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence 4 ϕT H (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.34 : Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau S-C25 4 ϕT H (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.35 : Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau 05b-C25 4 ϕT H (f ) 3 Phase (Rd) 2 1 0 −1 −2 PSfrag replacements −3 −4 40 45 50 55 Fréquence (Hz) 60 65 70 Fig. IV.36 : Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau 1b-C25 IV.2 : Transformée de Hilbert 183 pas de saut de phase à (1 + 2 g)fs , ce qui implique un écart-type σc très faible. Dés que le moteur asynchrone présente un défaut rotorique partiel, cet écart-type augmente dans un rapport de 2, voire de 4 dans le cas d’une charge de 100%, ce qui permet de détecter le défaut rotorique rapidement. L’analyse de la machine asynchrone lorsque celle-ci présente une barre de la cage complètement cassée ne fait que conforter les résultats obtenus avec une barre partiellement cassée. Pour ce niveau de défaillance, le rapport minimum entre les écarts-types σc et σm est de 8 et le rapport maximum est de 66. En effet, le courant traversant les barres de la cage rotorique pour un couple de charge de 100% est plus important que pour un couple de charge 25%. C’est pour cette raison que la valeur de l’écart-type σc (saut de phase situé à la fréquence (1 + 2 g)fs ) est plus importante lorsque la charge appliquée à la machine asynchrone augmente. Nous pouvons remarquer que la méthode de diagnostic n’a pas pu détecter les défauts rotoriques lorsque la machine asynchrone fonctionne à vide. Ceci est dû au fait que la phase ϕT H (f ) ne présente aucun maxima dans la plage fréquentielle [40 - 50] Hz. Le faible courant circulant dans les barres est la cause principale de cette non détection. En effet, la composante qui se situe à la fréquence (1 − 2 g)fs dans le module du spectre du courant statorique est trop faible, voire inexistante, pour permettre de créer un saut de phase conséquent dans la phase ϕ T H (f ). Il est possible de modifier les valeurs du critère de détection donné au tableau IV.2. Par exemple, plus l’utilisateur choisira des paramètres importants, par exemple 10 et 15, plus il sera discriminant dans le traitement des défauts. Dans notre étude, si nous avions choisi ces valeurs, le défaut impliquant une barre partiellement cassée n’aurait pas pu être détecté, seul le défaut impliquant une barre totalement cassée pour une charge supérieur ou égale à 50% aurait pu être diagnostiqué. A l’opposé, si un système doit être surveillé avec une grande vigilance, l’utilisateur minimisera les paramètres pour être certain que la moindre défaillance soit détectée. Ce choix aura pour conséquence probable l’apparition de fausses alarmes en fonction de la charge appliquée à la machine asynchrone. Par exemple si nous avions choisi une valeur de 2,5 à la place de 3 dans le critère, nous aurions détecté, pour un fonctionnement sous 75% de charge, un défaut partiel alors que la cage rotorique est saine. A l’opposé, pour la même valeur nous aurions certainement détecté la présence d’une très faible défaillance (inférieur à 50% de la barre cassée) pour un fonctionnement à pleine charge. 184 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence Nous venons de montrer l’efficacité de cette méthode de diagnostic pour la détection d’un défaut rotorique (rupture partielle et totale d’une barre rotorique) lorsque la machine asynchrone est alimentée par le réseau triphasé. En comparaison avec la méthode basée sur le calcul de la phase du spectre du courant statorique ϕT F (f ), le défaut impliquant une barre partiellement cassée a pu être détecté sans avoir recours à aucun seuil de référence. De plus, il est important de noter que les signaux obtenus avec la transformée de Hilbert sont beaucoup moins bruités que ceux calculés à partir de la transformée de Fourier. IV.2.4.2 Alimentation de la machine par un variateur de vitesse La méthode de diagnostic utilisant la phase ϕT H (f ) a montré son efficacité lorsque la machine asynchrone est connectée au réseau triphasé. L’étape suivante consiste à étudier cette méthode lorsque la machine est alimentée par un variateur de vitesse. Les résultats obtenus avec ce type d’alimentation sont présentés dans les tableaux IV.5 pour une fréquence de synchronisme de 50 Hz et dans le tableau IV.6 pour une fréquence de synchronisme de 25 Hz. Nous constatons que la méthode de diagnostic a des difficultés à détecter un défaut rotorique lorsque la machine asynchrone fonctionne avec une charge inférieure à 50%. La phase ϕT H (f ) contient un nombre important de sauts de phase dans la plage fréquentielle [40 - 70] Hz. Ces sauts sont bien évidemment dus à la présence de composantes perturbatrices générées par le variateur de vitesse dans la densité spectrale de puissance du courant statorique. Pour certains modes de fonctionnement, ces sauts de phase donnent un écart-type σm important ce qui provoque un rapport σc σm trop faible pour que le diagnostic de défaut puisse être fait (05b-50-C50 ou 1b-50-C50 par exemple). Pour le cas S-50-C50, la méthode de diagnostic nous informe de la présence d’un défaut rotorique partiel alors que le rotor est sain. Dans ce cas, il faudrait ajuster la valeur minimale du critère donné au tableau IV.2 pour établir la présence ou non d’un défaut partiel. Le rapport σc σm pour ces modes de fonctionnement étant très proche de 3, il faudrait dans ce cas prendre une valeur supérieure pour permettre le diagnostic du rotor sain. Le passage de ce paramètre d’une valeur 3 à 4 ne modifierait en rien les autres décisions. En ce qui concerne le tableau IV.6, nous pouvons remarquer que le défaut impliquant une barre complètement cassée a pu être détectée pour un niveau de charge supérieur ou IV.2 : Transformée de Hilbert 185 Tab. IV.5 : Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase du signal analytique pour une connexion à un variateur de vitesse avec fs = 50 Hz Rotor S-50-C100 Fréquence fbc σc σc σm σm Pas de détection de max Def 05b-50-C100 44,45 0,0534 0,0731 0,7300 1b-50-C100 43,52 0,4632 0,0763 6,0707 S-50-C75 45,17 0,0179 0,0071 2,5211 05b-50-C75 Décision Pas de détection de max Def Def Def Def 1b-50-C75 45,46 0,3322 0,0060 4,8770 Def S-50-C50 47,90 0,1063 0,0346 3,0706 Def 05b-50-C50 47,85 0,1321 0,0450 2,9348 Def 1b-50-C50 47,05 0,2007 0,0865 2,3214 Def S-50-C25 Pas de détection de max Def 05b-50-C25 48.05 0,1594 0,0763 2,0887 Def 1b-50-C25 48.40 0.0511 1.3251 0.0385 Def S-50-C0 Pas de détection de max Def 05b-50-C0 Pas de détection de max Def 1b-50-C0 Pas de détection de max Def De Pas de défaut – De Défaut partiel – De Défaut important 186 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence Tab. IV.6 : Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase du signal analytique pour une connexion à un variateur de vitesse avec fs = 25 Hz Rotor Fréquence fbc σc σm σc σm S-25-C100 15,92 0,0242 0,0649 0,3727 Def 05b-25-C100 18,95 0,0420 0,0378 1,1130 Def 1b-25-C100 18,22 0,4889 0,0421 11,609 S-25-C75 Pas de détection de max Décision Def Def 05b-25-C75 20,77 0,0170 0,0339 0,5009 Def 1b-25-C75 20,27 0,3389 0,0334 10,160 S-25-C50 21,00 0,0606 0,1121 0,5405 Def 05b-25-C50 19,77 0,0391 0,0653 0,5982 Def 1b-25-C50 22,10 0,2045 0,0250 8,1732 Def Def S-25-C25 Pas de détection de max Def 05b-25-C25 Pas de détection de max Def 1b-25-C25 22,48 0,1149 0,0337 3,4080 Def S-25-C0 Pas de détection de max Def 05b-25-C0 Pas de détection de max Def 1b-25-C0 Pas de détection de max Def De Pas de défaut – De Défaut partiel – De Défaut important IV.2 : Transformée de Hilbert 187 égale à 25%. La barre partiellement cassée n’a pas été détecté avec cette approche car la phase ϕT H (f ) est trop perturbée par le variateur de vitesse dans la plage fréquentielle où est calculé l’écart-type σm . De plus, que ce soit pour une fréquence de synchronisme de 50 Hz ou pour une fréquence de synchronisme de 25 Hz, l’utilisation de cette méthode de diagnostic pour un fonctionnement de la machine à vide n’a pas été concluant. En effet, tout comme pour l’étude de la phase de la transformée de Fourier, les faibles courants circulant dans les barres rotoriques n’induisent pas de sauts de phase assez conséquents pour permettre de calculer la valeur du glissement g de la machine. Conclusion Nous avons présenté dans ce chapitre deux méthodes permettant d’effectuer le diagnostic de la cage rotorique d’une machine asynchrone. Ces méthodes n’utilisent que l’information donnée par le courant statorique de la machine pour un point de fonctionnement particulier, c’est à dire qu’elles ont la particularité de détecter un défaut sans effectuer de comparaison avec une quelconque donnée issue d’un essai avec un rotor sain. Deux approches ont été proposées pour diagnostiquer un défaut de barre. La première approche se base sur le calcul de la phase de la transformée de Fourier du courant statorique. Nous avons montré qu’au même titre que l’analyse du module du spectre du courant statorique, la phase contenait une information pertinente sur l’état de la cage d’écureuil de la machine asynchrone lorsque cette dernière est connectée directement au réseau triphasé. Grâce à ce signal, nous avons pu détecter la présence d’une barre cassée lorsque la machine fonctionne avec une charge supérieure ou égale à 25% ainsi que la présence d’une barre partiellement cassée pour un fonctionnement avec une charge nominale. Les résultats obtenus étant relativement intéressants, nous avons essayé d’effectuer une analyse identique lorsque la machine asynchrone est alimentée par un variateur de vitesse. Les résultats obtenus dans cette configuration n’ont pas donné satisfaction. En effet, les perturbations générées par le variateur de vitesse dans la phase du spectre du courant statorique ont rendu impossible la détection du défaut rotorique. Afin d’améliorer le diagnostic de défaut, une seconde approche a été proposée. Cette méthode utilise la même démarche que celle décrite précédemment, la seule différence 188 Chapitre IV : Diagnostic de défaut sans référence réside dans le fait que ce n’est plus la phase de la transformée de Fourier du courant qui est analysée par le programme de décision mais la phase du signal analytique obtenu par une transformée de Hilbert du module du spectre du courant. Cette analyse a permis de détecter une barre partiellement cassée ainsi qu’une barre complètement cassée pour une charge supérieure à 25% (connexion au réseau triphasé). L’utilisation de cette approche sur une machine alimentée par un variateur de vitesse a été effectuée. Nous avons réussi à détecter une barre complètement cassée lorsque la fréquence de synchronisme était de 25 Hz et cela pour une charge supérieur ou égale à 25%. En ce qui concerne l’analyse du courant statorique lorsque la fréquence imposée par le convertisseur statique est de 50 Hz, seule la détection d’une barre complètement cassée sous 100% de charge a été possible. Le courant statorique étant très perturbé par le variateur de vitesse dans la plage fréquentielle [40 - 70] Hz, la détection d’une barre partiellement cassée et d’une barre complètement cassée pour une charge inférieure ou égale à 75% est devenue impossible. En conclusion, la dernière méthode proposée permet d’obtenir des résultats plus probants que l’analyse de la phase du spectre du courant statorique. Nous avons montré son efficacité lorsque la machine asynchrone est connectée directement au réseau triphasé. Pour une alimentation de celle-ci par un variateur industriel, des essais complémentaires doivent être effectués. Il faudrait tester cette méthode lorsque la machine asynchrone est connectée à un autre type de variateur (variateur plus récent utilisant une technique de commande différente). De même, il serait intéressant de valider cette approche sur des machines asynchrones de caractéristiques différentes (machines de plus forte puissance par exemple) pour permettre de déterminer une loi de comportement pour le paramètre α utilisé dans le critère de détection. Lorsque ces différentes démarches auront été effectuées, nous pourrons alors envisager l’utilisation d’un DSP (Processeur de Traitement Numérique du Signal) pour obtenir un diagnostic de défaut en ligne sans avoir recours à une quelconque référence. Ainsi, le diagnostic de la machine se ferait quel que soit le niveau de charge (niveau minimum requis pour notre moteur : 25%). La contrainte de cette méthode réside dans l’obligation de garder le courant statorique stationnaire le temps de son acquisition. Conclusion générale L’évolution croissante des machines asynchrones dans les secteurs industriels oblige certains utilisateurs à se prémunir contre l’apparition d’un défaut provoquant le plus souvent un arrêt intempestif de la machine. Le travail présenté traite donc du diagnostic de défauts rotoriques et plus particulièrement des ruptures de barres pouvant survenir au sein de la cage d’écureuil des machines asynchrones. Dans le premier chapitre, nous avons rappelé les éléments de constitution de la machine afin de préciser les différents défauts pouvant survenir sur ceux-ci. Nous avons ensuite présenté divers outils issus des techniques de traitements du signal permettant l’analyse des signaux révélateurs d’un défaut électrique et/ou mécanique dans le domaine fréquentiel. Pour finir, nous avons discuté des méthodes de diagnostic actuellement appliquées à la machine asynchrone pour établir la présence d’un défaut en précisant leurs avantages et leurs inconvénients. L’étude bibliographique menée a permis de se rendre compte que les défauts rotoriques naissants étaient encore difficilement identifiables. De plus, pour établir la présence d’une défaillance électrique et/ou mécanique, la plupart des méthodes utilisent un seuil de référence déterminé à partir d’un essai avec une machine saine. Se passer de cette information permettrait de diagnostiquer un défaut sans avoir recours à une quelconque base de données. C’est donc dans cette voie que nous avons souhaité orienter nos travaux de recherche. Compte tenu de la difficulté de recréer expérimentalement des situations de défauts, il s’est vite avéré nécessaire de disposer d’un outil de simulation suffisamment représentatif des diverses situations (système sain et défaillant). Nous avons donc présenté dans la deuxième partie de ce document un modèle permettant la simulation d’une machine asynchrone à cage d’écureuil. Nous avons décrit la méthodologie qui nous a permis d’aboutir à la formulation des différentes équations régissant le système complet (circuits électriques 190 Conclusion générale magnétiquement couplés) pour deux modes d’alimentation (alimentation par le réseau électrique ou par un convertisseur statique). Cette approche a permis d’étudier l’influence d’un défaut rotorique sur le comportement dynamique de la machine asynchrone. En complément de l’étude menée, nous avons montré que l’analyse des composantes créées par les harmoniques d’espace dans le spectre fréquentiel du courant statorique permettait de différencier un défaut rotorique d’un défaut mécanique (variation du couple de charge). Ce modèle de machine nous a permis, d’une part, de choisir quel était le signal le plus pertinent pour effectuer la détection d’un défaut rotorique et, d’autre part, de visualiser les fréquences où se situaient les composantes créées par la rupture d’une barre rotorique. Après avoir analysé les différents phénomènes créés par ce type de défaut sur les grandeurs temporelles de la machine, nous nous sommes intéressés plus particulièrement au développement de nouvelles méthodes de diagnostic. Le troisième chapitre a été consacré à la description d’une méthode de diagnostic qui permet la détection d’un défaut naissant au rotor d’une machine asynchrone. Cette méthode s’appuie sur l’évaluation de l’amplitude des composantes présentes dans le spectre du courant statorique et de la puissance absorbée par le moteur pour détecter l’apparition d’une barre rotorique partiellement cassée. Les résultats obtenus ont permis de détecter la présence d’un défaut naissant (barre rotorique fissurée à hauteur de 50%) lorsque le moteur asynchrone fonctionne avec un couple nominal supérieur ou égal à 10% du couple nominal ainsi qu’une barre complètement cassée lorsque le moteur fonctionne à vide. Dans le quatrième chapitre, nous avons présenté deux méthodes de diagnostic dont la particularité est de s’affranchir d’une référence, référence habituellement obtenue par une analyse de la machine lorsque cette dernière fonctionne avec un rotor sain. La première méthode proposée utilise la phase du spectre du courant statorique calculée à partir d’une transformée de Fourier rapide. Nous avons montré que l’utilisation de ce signal permettait d’effectuer un diagnostic précis de l’état de la cage rotorique. Les résultats obtenus ont permis de détecter une barre cassée pour un couple de charge supérieur ou égal à 25%. La détection d’une barre partiellement cassée avec ce signal n’a pu être possible, cette non détection étant essentiellement due à la présence d’un bruit relativement important. La transformée de Hilbert appliquée au module du spectre du courant statorique a alors été utilisée. Cette méthode, validée à partir de plusieurs essais expérimentaux, a permis Conclusion générale 191 la détection d’un défaut rotorique naissant pour un couple de charge supérieur ou égal à 25% du couple nominal. Ces travaux de recherche ont permis de développer et de valider à travers différents essais expérimentaux trois méthodes de diagnostic. Ces méthodes, orientées principalement pour la détection d’une ou plusieurs barres rotoriques défaillantes, ont été validées expérimentalement en permettant la détection d’un défaut naissant telle une barre partiellement cassée. Les travaux effectués sont cependant loin d’être achevés, et ceci pour plusieurs raisons. Premièrement, les méthodes de diagnostic utilisées doivent être améliorées, c’est à dire que des essais complémentaires sur des moteurs de différentes puissances doivent être effectués pour les rendre plus fiables et plus sûres. Deuxièmement, il serait intéressant de les implanter sur DSP pour évaluer leur efficacité lors d’une détection "en ligne" du défaut rotorique. Troisièmement, dans le cadre plus général du diagnostic de la machine, il faudrait tester la capacité de nos méthodes à diagnostiquer d’autres types de défauts. Par exemple, nous savons que l’apparition d’un défaut de roulement ou de court-circuit inter-spires modifie le contenu spectral du courant statorique. L’évaluation d’un indice calculé à partir des composantes spécifiques à ces défauts permettrait alors d’obtenir un système de diagnostic complet. Annexes Annexe A Analyse des forces électromotrices en présence d’un défaut rotorique L’expression de l’induction au niveau du stator est : Bs = ks Is cos(ωs t + ϕBs − θM ) (A.1) Au niveau du rotor, les courants dans les barres de la cage créent un champ dans l’entrefer de pulsation g ωs par rapport à l’axe rotorique. Le rotor tourne à la vitesse (1 − g) ω s par rapport au stator. Dans le cas d’une rupture de barre, le circuit est déséquilibré et, par conséquent, crée une onde inverse dans l’entrefer de vitesse −g ωs par rapport au rotor. Par rapport au stator, cette onde à une vitesse (1 − g) ωs − g ωs = (1 − 2 g) ωs . Les inductions rotoriques sont composées d’une induction directe appelée Brd et d’une induction inverse appelée Bri ayant pour expression par rapport à l’axe statorique : Brd = krd Ird cos(ωs t + ϕBrd − θM ) Bri = kri Iri cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) (A.2) L’induction totale dans l’entrefer se calcule en effectuant la somme de l’induction statorique et de toutes les inductions rotoriques : Btot = Bs + Brd + Bri (A.3) 196 Annexe A : Analyse des forces électromotrices en présence d’un défaut rotorique A.1 Énergie A partir de l’équation A.3, nous pouvons évaluer l’énergie totale en sachant que celle-ci se concentre essentiellement dans l’entrefer de la machine. Wtot = I v 2 Btot dV 2 µ0 (A.4) avec dV = R L e dθ En développant cette équation, l’énergie obtenue est : Z I 2 Btot R L e 2π (Bs + Brd + Bri )2 dθ dV = Wtot = 2 µ 2 µ 0 0 0 v Z R L e 2π 2 2 2 Wtot = (Bs + Brd + Bri + 2 Bs Brd + 2 Bs Bri + 2 Brd Bri ) dθ 2 µ0 0 (A.5) Cette équation se décompose en différentes énergies qui sont : (A.6) Wtot = Ws + Wrd + Wri + Wsrd + Wsri + Wrdri L’énergie statorique Ws donne : Ws Ws Z R L e 2π = (ks Is cos(ωs t + ϕBs − θM ))2 dθ 2 µ0 0 RLe 2 2 = k I π 2 µ0 s s (A.7) Les énergies rotoriques Wrd et Wri sont : Wrd = RLe 2 2 RLe 2 2 krd Ird π et Wri = k I π 2 µ0 2 µ0 ri ri (A.8) L’énergie Wsrd due à l’interaction du stator et du rotor donne dans le sens direct : Z R L e 2π (2 Bs Brd )dθ Wsrd = 2 µ0 0 Z R L e 2π (ks Is cos(ωs t + ϕBs − θM ) krd Ird cos(ωs t + ϕBrd − θM ))dθ Wsrd = 2 µ0 0 RLe Wsrd = ks Is krd Ird π cos(−ϕBs + ϕBrd ) (A.9) µ0 L’énergie Wsri due à l’interaction du stator et du rotor donne dans le sens inverse : Wsri = RLe ks Is krd Ird π cos(−2 g ωs t − ϕBs + ϕBri ) µ0 Seule l’énergie échangée entre le stator et le rotor crée un couple moteur. (A.10) A.2 : Couple A.2 197 Couple Le couple produit par la machine est dérivé du calcul de l’énergie par rapport à un angle mécanique : Cemtot = Cemsrd + Cemsri = dWsrd dWsri + dαsrd dαsri (A.11) avec αsrd = ϕBs + ϕBrd et αsri = ϕBs + ϕBri Le couple total est alors donné par la relation : Cemtot = π RLe ks Is (krd Ird sin(ϕBs + ϕBrd ) + kri Iri sin(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri )) (A.12) µ0 Cemtot = Cemcst + ∆Cem (A.13) Cette dernière équation montre que le couple produit par la machine est composé de deux termes. Le premier est un couple constant dû au champ direct et le second un couple pulsant dû au champ inverse de pulsation 2 g ωs . A.3 Vitesse L’équation de la vitesse d’une machine asynchrone se calcul grâce à la relation : Jt dΩ = Cemtot − Cr dt (A.14) où Cr représente le couple résistant (couple de charge). En admettant que le couple résistant soit égal au couple Cemsrd , nous obtenons pour l’équation de vitesse : Jt dΩ = Cemsri dt Z 1 Ω = Cemsri dt + Ω0 Jt (A.15) En remplaçant Cesri et en calculant l’intégrale, nous obtenons : 1 RLe π ks Is kri Iri cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) 2 J g ω s µ0 Ω = Ω0 + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) = Ω0 + ∆Ω Ω = Ω0 − (A.16) Nous remarquons que la vitesse à une pulsation égale à 2 g ωs identique à celle du couple électromécanique. 198 Annexe A : Analyse des forces électromotrices en présence d’un défaut rotorique A.4 Force électromotrice La force électromotrice se calcule à partir du flux total dans l’entrefer de la machine. e(t) = − dφtot dφs dφrd dφri =− − − dt dt dt dt (A.17) Le flux est donné par la relation de base : φ= I → → −− B dS (A.18) s La dérivée par rapport au temps du flux s’écrit : dφ dθ = B(t) R L dt dt (A.19) En se basant sur l’équation précédente, la force magnétomotrice e(t) devient : dθs dθrd dθri − Brd (t) R L − Bri (t) R L dt dt dt e(t) = −Bs (t) R L ωs − Brd (t) R L ωrd − Bri (t) R L ωri e(t) = −Bs (t) R L e(t) = −Bs (t) R L ωs − Brd (t) R L (Ω + g ωs ) − Bri (t) R L (Ω − g ωs ) (A.20) En remplaçant les termes Bs (t), Brd (t) et Bri (t) par leurs expressions, nous obtenons1 : e(t) = −ks Is R L ωs cos(ωs t + ϕBs − θM ) −krd Ird R L (Ω + g ωs ) cos(ωs t + ϕBrd − θM ) −kri Iri R L (Ω − g ωs ) cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) (A.21) Puis, en remplaçant Ω par Ω(t) = Ω0 + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) = (1 − g) ωs + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ), la forme de la force électromotrice devient : e(t) = −ks Is R L ωs cos(ωs t + ϕBs − θM ) −krd Ird R L ((1 − g) ωs + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) + g ωs ) cos(ωs t + ϕBrd − θM ) −kri Iri R L ((1 − g) ωs + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) − g ωs ) cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) e(t) = −ks Is R L ωs cos(ωs t + ϕBs − θM ) −krd Ird R L ((ωs + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri )) cos(ωs t + ϕBrd − θM ) −kri Iri R L ((1 − 2 g) ωs + k cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri )) cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) (A.22) 1 en considérant un nombre de paire de pôle égal à 1 A.4 : Force électromotrice 199 En développant, nous avons : e(t) = −ks Is R L ωs cos(ωs t + ϕBs − θM ) −krd Ird R L ωs cos(ωs t + ϕBrd − θM ) +krd Ird R L k cos(ωs t + ϕBrd − θM ) cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) −kri Iri R L (1 − 2 g) ωs cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) +kri Iri R L k cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) cos(2 g ωs t + ϕBs − ϕBri ) (A.23) En développant les termes en cosinus, la force électromotrice devient : e(t) = −ks Is R L ωs cos(ωs t + ϕBs − θM ) −krd Ird R L ωs cos(ωs t + ϕBrd − θM ) krd Ird R L k + (cos((1 + 2 g)ωs t + ϕBs − ϕBri + ϕBrd − θM ) 2 + cos((1 − 2 g)ωs t − ϕBs + ϕBri + ϕBrd − θM )) −kri Iri R L (1 − 2 g) ωs cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) kri Iri R L k + (cos(ωs t + ϕBs − θM ) 2 + cos((1 − 4 g)ωs t − ϕBs + 2 ϕBri − θM )) (A.24) Soit encore : e(t) = −ks Is R L ωs cos(ωs t + ϕBs − θM ) −krd Ird R L ωs cos(ωs t + ϕBrd − θM ) +krd Ird R L K cos((1 + 2 g)ωs t + ϕBs − ϕBri + ϕBrd − θM ) +krd Ird R L K cos[(1 − 2 g)ωs t − ϕBs + ϕBri + ϕBrd − θM ] −kri Iri R L (1 − 2 g) ωs cos((1 − 2 g) ωs t + ϕBri − θM ) +kri Iri R L K cos(ωs t + ϕBs − θM ) +kri Iri R L K cos((1 − 4 g)ωs t − ϕBs + 2 ϕBri − θM ) avec K= 1 RLe k =− π ks Is kri Iri 2 4 J g ω s µ0 (A.25) 200 Annexe A : Analyse des forces électromotrices en présence d’un défaut rotorique A.5 Analyse des expressions L’expression du couple est la somme de deux composantes, la première étant une composante constante due au champ direct (courant direct) et la seconde étant une composante pulsante due au champ inverse (courant inverse créé par la rupture de barre). Suite à une rupture de barre rotorique, un champ inverse dans l’entrefer est créé. Il apparaît alors dans l’expression de la vitesse une composante pulsante à 2 g ωs en supposant un couple résistant constant est égale au couple direct de la machine asynchrone. Pour l’expression des forces magnétomotrices dans le cas d’une rupture de barre rotorique, nous avons : – Une fréquence fs due au champ statorique Bs et aux champs rotoriques direct Brd et inverse Bri . – Une fréquence (1 − 2 g)fs due aux champs rotoriques direct Brd et inverse Bri . – Une fréquence (1 + 2 g)fs due au champ rotorique direct Brd . – Une fréquence (1 − 4 g)fs due au champ rotorique inverse Bri . En utilisant la même démarche, nous pouvons montrer que la rupture d’une barre de la cage rotorique induit des composantes fréquentielles dans le spectre du courant statorique aux fréquences données par la relation : ± fbc = (1 ± 2 k g)fs k Annexe B Description et identification du banc d’essai et mesure B.1 Description du banc d’essai et mesure La machine asynchrone à cage d’écureuil utilisée pour les différents essais expérimentaux est une machine de 3 kW accouplée à une machine à courant continu de même puissance (figure B.1). Le stator de cette machine asynchrone se compose de 36 encoches alors que la cage rotorique se compose de 28 barres d’aluminium. L’accouplement mécanique qui lie les deux machines est un accouplement STRAFLEX fabriqué en acier forgé. Le banc est pourvu d’un volant permettant la rotation du moteur asynchrone par rapport à l’axe vertical. Cette rotation nous est très utile pour effectuer l’extraction du rotor de la machine (figures B.2(a) et B.2(b)). Cela permet de changer la cage rotorique tout en gardant la partie statorique de la machine solidaire du banc. Nous présentons aux figures B.3(a) et B.3(b) les rotors ayant respectivement une barre partiellement cassée et une barre complètement cassée. Nous avons décidé de percer les barres rotoriques à la jointure entre une barre et l’anneau de court-circuit car c’est à cet endroit de la cage que la rupture d’une barre est la plus probable (problèmes au niveau de la soudure entre les barres et les deux anneaux). La charge appliquée à la machine asynchrone est créée en connectant une caisse de résistance aux bornes de la machine à courant continu qui fonctionne alors en génératrice. L’alimentation de la machine se fait par une connexion directe sur le réseau triphasé ou par un variateur de vitesse de type 202 Annexe B : Description et identification du banc d’essai et mesure Accouplement souple Machine à courant continu Volant Moteur asynchrone Fig. B.1 : Banc d’essai et mesure Rotor à cage Moteur asynchrone pivoté d’un 1/4 de tour Extraction du rotor (a) Moteur avec son rotor (b) Moteur sans son rotor Fig. B.2 : Extraction du rotor du moteur asynchrone Barre totalement cassée Barre partiellement cassée (a) Une barre partiellement cassée (b) Une barre complètement cassée Fig. B.3 : Rotors défaillants B.2 : Identification des paramètres de la machine asynchrone 203 Altivar 66 de la société Télémécanique. L’acquisition des signaux est faite par l’intermédiaire de deux cartes d’acquisition CS1602 fabriquées par la société Gage. Ces cartes permettent l’acquisition de quatre signaux simultanés sur 16 bits avec une fréquence d’échantillonnage comprise entre 1 kHz et 2,5 MHz. La mémoire utilisée pour l’acquisition de chaque voie est de 512 Mo. La visualisation des signaux sur l’écran de contrôle se fait par un logiciel appelée GageScope qui présente les mêmes fonctionnalités qu’un oscilloscope classique. B.2 Identification des paramètres de la machine asynchrone Nous présentons dans cette partie les différents essais qui nous ont permis d’obtenir les paramètres de la machine asynchrone en vue de sa simulation. B.2.1 Essais classiques Les essais classiques appliqués à la machine asynchrone se décomposent en trois parties : – un essai à vide, – un essai à rotor bloqué, – un essai de séparation de la source de tension. L’essai à vide permet de déterminer l’inductance cyclique Lsc de la machine asynchrone ainsi que sa résistance statorique Rsx (l’indice x pouvant se substituer à la lettre a, b ou c). Les paramètres σ et τr seront déterminés grâce à l’essai à rotor bloqué et à l’essai de séparation de la source de tension. B.2.2 Essai en continu La machine asynchrone est connectée en étoile et alimentée par un échelon de tension continu comme le montre la figure B.4. En résolvant les équations relatives à ce système, 204 Annexe B : Description et identification du banc d’essai et mesure le courant isa (t) peut se mettre sous la forme : isa (t) = I0 1 + C −A A−B h e isa (t) = I0 1 + α e t (− A ) (− τt ) 1 + C −B B−A +βe (− τt ) 2 e t (− B ) (B.1) i (B.2) En identifiant la courbe expérimentale de isa (t) donnée à la figure B.5, nous trouvons I0 , α, β, τ1 et τ2 . A partir de ces termes nous trouvons A, B et C et en déduisons les valeurs de : 2E 3 I0 = A R sx = τ1 τ2 = B τr = C τs = τ 1 + τ 2 − τ r PSfrag replacements Rla Lla Rlb Llb Rlc Llc e sa e sb e sc Lsc = Rs (τ1 + τ2 − τr ) Rsa υsa Js1 Js2 Js3 i sa Lsa U(t) υsb υsc Lsc i sb i sc Lsb Rsb Rsc Fig. B.4 : Schéma de connexion du stator pour l’essai avec un échelon de tension B.2 : Identification des paramètres de la machine asynchrone 205 1 Courant expérimental Courant théorique 0.9 0.8 Courant (A) 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 PSfrag replacements 0.2 0.1 0 0 0.2 0.4 0.6 Temps (sec) 0.8 1 1.2 Fig. B.5 : Identification des paramètres sur une croissance du courant statorique de la machine asynchrone Les paramètres ainsi obtenus pour notre moteur sont : Rsx = 2,86 Ω, Lsc = 0,599 H, τr = 0,326 sec, τs = 0,0346 sec. Ces paramètres permettent d’obtenir l’évolution des différentes grandeurs temporelles de la machine asynchrone étudiée à partir du modèle développé dans le chapitre II. Liste des tableaux III.1 III.2 III.3 III.4 III.5 III.6 III.7 III.8 III.9 III.10 III.11 III.12 III.13 III.14 III.15 III.16 III.17 III.18 IV.1 IV.2 IV.3 Indices globaux d’une phase statorique pour une connexion directe sur le réseau d’alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Comparaison entre la valeur des indices d’amplitudes des composantes pour k = 1 et la valeur des indices globaux . . . . . . . . . . . . . . . . . Critère de détection no 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résultats du critère de détection no 1 sur les indices globaux mbft , mpt et m ct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résultats du critère de détection no 1 sur les indices globaux mpgm , mpgo , mcgm , mcgo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Comparaison des rapports utilisant les indices globaux mbft , mct , mpgm et mcgo par rapport au fonctionnement sain (critère de détection no 1) . . . . Valeurs des indices globaux calculés sur les composantes harmoniques . . Augmentation des indices globaux calculés sur les composantes harmoniques par rapport au fonctionnement sain . . . . . . . . . . . . . . . . . Critère de détection no 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résultats du critère de détection no 2 appliqué aux indices globaux mbft , mpt et mct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résultats du critère de détection no 2 appliqué aux indices globaux mpgm , mpgo , mcgm et mcgo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Amélioration du critère de détection no 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . Indices d’amplitude et indices globaux du courant et de la puissance instantanée d’une phase statorique pour une alimentation en U/f (fs = 50 Hz) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Indices d’amplitude et indices globaux du courant et de la puissance instantanée d’une phase statorique pour une alimentation en U/f (fs = 25 Hz) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Critère de détection n0 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résultats obtenus avec le critère no 3 (50 Hz) . . . . . . . . . . . . . . . . Résultats obtenus avec le critère no 3 (25 Hz) . . . . . . . . . . . . . . . . Valeurs des indices globaux calculés sur les composantes harmoniques pour une alimentation avec un variateur de vitesse à 50 Hz . . . . . . . . 103 105 106 106 107 111 117 118 120 121 122 124 136 137 137 139 139 142 Critère de détection utilisant la phase de la TF . . . . . . . . . . . . . . . 158 Modification du critère de détection utilisant la phase de la TF . . . . . . 158 Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase de la transformée de Fourier pour une connexion au réseau triphasé (calcul des écartstypes σc et σm ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 210 Liste des tableaux IV.4 IV.5 IV.6 Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase du signal analytique pour une connexion au réseau triphasé (calcul des écarts-types σc et σm ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase du signal analytique pour une connexion à un variateur de vitesse avec fs = 50 Hz 185 Résultats de la méthode de diagnostic appliquée à la phase du signal analytique pour une connexion à un variateur de vitesse avec fs = 25 Hz 186 Table des figures I.1 I.2 I.3 I.4 I.5 I.6 I.7 I.8 II.1 II.2 II.3 II.4 II.5 II.6 II.7 II.8 II.9 II.10 II.11 II.12 II.13 II.14 II.15 II.16 II.17 II.18 II.19 Eléments de constitution d’une machine asynchrone à cage d’écureuil [2] . Représentation temps-fréquence du courant statorique lors d’une variation du couple de charge (Résultats de simulation avec une barre cassée) Vecteur de Park des courants statoriques pour 100% de charge avec une alimentation non sinusoïdale (Résultats expérimentaux) . . . . . . . . . . Spectre fréquentiel du module du vecteur de Park des courants statoriques pour 100% de charge (Résultats expérimentaux) . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique (Résultats expérimentaux) . . . . . . . . . Spectre de la tension de neutre (Résultats expérimentaux) . . . . . . . . Spectre de la puissance instantanée (Résultats expérimentaux) . . . . . . Spectre de la tension composée Uab après déconnexion de la source d’alimentation (Résultats expérimentaux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Circuits électriques adoptés pour la modélisation des trois phases statoriques Circuits électriques adoptés pour la modélisation de la cage rotorique . . Forme de la force magnétomotrice d’une phase statorique d’une machine asynchrone ayant 36 encoches statoriques et une paire de pôle . . . . . . Niveau d’amplitude des différents harmoniques d’espace . . . . . . . . . . Forme de la force magnétomotrice d’une boucle rotorique . . . . . . . . . Inductance mutuelle entre les trois phases statoriques et une boucle rotorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Inductance mutuelle entre une phase statorique et quatre boucles rotoriques Dérivé de l’inductance mutuelle entre les trois phases statoriques et une boucle rotorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dérivé de l’inductance mutuelle entre une phase statorique et quatre boucles rotoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Modélisation du convertisseur statique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Couplage en étoile des phases statoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . Couplage en triangle des phases statoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique : Rotor sain . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant rotorique : Rotor sain . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du couple : Rotor sain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre de la vitesse : Rotor sain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Circuits électriques adoptés pour la modélisation du rotor en présence d’une barre cassée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Circuits électriques adoptés pour la modélisation du rotor en présence d’une portion d’anneau de court-circuit cassée . . . . . . . . . . . . . . . Evolution de la vitesse de rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 24 29 29 31 32 33 34 41 43 49 50 51 55 55 55 55 56 59 59 63 63 63 63 66 67 70 212 Table des figures II.20 II.21 II.22 II.23 II.24 II.25 II.26 II.27 II.28 II.29 II.30 II.31 II.32 II.33 II.34 II.35 II.36 II.37 II.38 II.39 III.1 III.2 III.3 III.4 III.5 III.6 III.7 III.8 III.9 III.10 III.11 III.12 III.13 Evolution du couple électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Evolution du courant statorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Evolution de l’enveloppe du courant statorique . . . . . . . . . . . . . . . Evolution du courant de la barre rotorique no 3 . . . . . . . . . . . . . . . Répartition des courants dans les barres rotoriques à un instant t . . . . . Spectre du courant statorique : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . Spectre du courant rotorique : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . . Spectre du couple : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . . . Spectre de la vitesse : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du couple [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . Spectre du courant statorique à vitesse constante [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 0 et kts = 8) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Comparaison du spectre du courant statorique [0 - 1000] Hz : Une barre cassée (kts = 17) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique [100 - 1000] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique à vitesse constante [100 - 1000] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique [200 - 280] Hz : Une barre cassée (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique [0 - 100] Hz : Variation du couple de charge à 2 g fs (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre du courant statorique [100 - 1000] Hz : Variation du couple de charge à 2 g fs (kes = 8 et kts = 17) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre fréquentiel du courant statorique expérimental pour un rotor sain Spectre fréquentiel du courant statorique expérimental pour un rotor défaillant (1 barre cassée) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.2 . . . . . . Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.3 . . . . . . Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.4 . . . . . . Spectre fréquentiel du signal théorique donné à l’équation III.6 . . . . . . Spectre fréquentiel de la puissance instantanée théorique (équation III.16) Spectre fréquentiel du courant statorique théorique (équation III.5) . . . Synoptique du banc d’essai et mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre de la puissance instantanée d’une phase statorique calculée avec le périodogramme simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre de la puissance instantanée d’une phase statorique calculée avec le périodogramme de Bartlett (Moyenné sur 8 segments) . . . . . . . . . Spectre du courant statorique : S-C100 [0 - 100] Hz . . . . . . . . . . . . Spectre de la puissance instantanée : S-C100 [0 - 200] Hz . . . . . . . . . 70 70 70 71 71 73 73 73 73 76 76 76 77 77 77 79 79 79 81 81 85 85 88 88 88 88 94 94 96 97 97 99 99 Table des figures III.14 III.15 III.16 III.17 III.18 III.19 213 III.40 III.41 III.42 III.43 III.44 Spectre de la puissance instantanée : S-C100 [0 - 35] Hz . . . . . . . . . . 99 Spectre de la puissance avec le seuil de détection : S-C100 [0 - 35] Hz . . 101 Spectre de la puissance instantanée : S-C0 [0 - 10] Hz . . . . . . . . . . . 109 Spectre de la puissance instantanée : 05b-C0 [0 - 10] Hz . . . . . . . . . 109 Spectre de la puissance instantanée : 1b-C0 [0 - 10] Hz . . . . . . . . . . 109 Spectre théorique d’un signal modulé en amplitude avec harmonique d’espace [0 - 500] Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Spectre théorique d’un signal modulé en amplitude avec harmonique d’espace [200 - 280] Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Spectre du courant statorique dans la bande [280 - 380] Hz (Harmonique d’espace no 7) : S-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Spectre du courant statorique dans la bande [280 - 380] Hz (Harmonique d’espace no 7) : 05b-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Spectre du courant statorique dans la bande [280 - 380] Hz (Harmonique d’espace no 7) : 1b-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Spectre du courant statorique dans la bande [1200 - 1500] Hz : S-C100 . . 126 Spectre du courant statorique dans la bande [1200 - 1500] Hz : S-C50 . . 126 Spectre du courant statorique dans la bande [1200 - 1500] Hz : S-C0 . . . 126 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 150] Hz : S-C100 . . . . 127 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 150] Hz : S-C50 . . . . . 127 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 150] Hz : S-C0 . . . . . 127 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : U/f S-C100 . 130 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : Reseau S-C100130 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 100] Hz S-C100. Comparaison Réseau et U/f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : U/f S-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 1000] Hz : Reseau S-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 200] Hz S-C100. Comparaison Réseau et U/f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Spectre de la puissance d’une phase statorique dans la bande [0 - 35] Hz : U/f S-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Spectre de la tension d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz : U/f S-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Spectre du courant statorique dans la bande [0 - 2000] Hz : U/f S-C100 . 133 Puissance instantanée d’une phase statorique dans la bande [0 - 35] Hz : U/f 1b-50-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 Courant d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-50-C100140 Courant d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-50-C100144 Courant d’une phase du reseau dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-50-C100144 Courant d’une phase statorique dans la bande [0 - 100] Hz. U/f 1b-25-C100144 Courant d’une phase du reseau dans la bande [0 - 100] Hz : U/f 1b-25-C100144 IV.1 IV.2 IV.3 Spectre du courant statorique : Réseau 1b-C100 [0 - 100] Hz . . . . . . . 149 Phase du spectre du courant statorique : Réseau 1b-C100 [0 - 100] Hz . . 149 Phase du spectre du courant statorique : Réseau Sain-C100 [0 - 100] Hz . 149 III.20 III.21 III.22 III.23 III.24 III.25 III.26 III.27 III.28 III.29 III.30 III.31 III.32 III.33 III.34 III.35 III.36 III.37 III.38 III.39 214 Table des figures IV.4 IV.5 IV.6 IV.7 IV.8 IV.9 IV.10 IV.11 IV.12 IV.13 IV.14 IV.15 IV.16 IV.17 IV.18 IV.19 IV.20 IV.21 IV.22 IV.23 IV.24 IV.25 IV.26 IV.27 IV.28 IV.29 IV.30 IV.31 IV.32 IV.33 IV.34 IV.35 IV.36 B.1 B.2 B.3 B.4 B.5 Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant expérimental (a) et phase correspondante (b) [49,75 - 50,25] Hz . . . . . . . . . . . . . . . . Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant expérimental (a) et phase correspondante (b) [43,2 - 43,5] Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant de simulation (a) et phase correspondante (b) [49,75 - 50,25] Hz : Réseau 1b-C100 . . . . Partie réelle et partie imaginaire de la TF du courant de simulation (a) et phase correspondante (b) [44 - 45,4] Hz : Réseau 1b-C100 . . . . . . Vue générale de la phase du spectre du courant statorique : Expérimentation Réseau 1b-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vue générale de la phase du spectre du courant statorique : Simulation Réseau 1b-C100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Représentation du processus de calcul des deux écarts-types . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau S-C100 . . . . . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 05b-C100 . . . . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 1b-C100 . . . . . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau S-C25 . . . . . . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 05b-C25 . . . . . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique : Réseau 1b-C25 . . . . . . . . . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique pour fs = 50 Hz : U/f 1b-C100 . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique pour fs = 25 Hz : U/f 1b-C100 . . Phase ϕT F (f ) du courant statorique pour fs = 50 Hz : U/f Sain-C100 . Partie imaginaire et partie réelle de ye(t) . . . . . . . . . . . . . . . . . . Modulation d’amplitude de y(t) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Modulation de phase de y(t) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Modulation de fréquence de y(t) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Phase du signal analytique obtenu par une TH de |isa (f )| : S-C100 . . . Phase du signal analytique obtenu par une TH de |isa (f )| : 1b-C100 . . Agrandissement de la figure IV.24 autour de 50 Hz . . . . . . . . . . . Module du spectre du courant statorique (normalisé en dB) : S-C100 . Module de la transformée de Fourier du signal donné à l’équation IV.31 Partie réelle et imaginaire de If sa (f ) et phase correspondante (fs ) . . . . Partie réelle et imaginaire de If sa (f ) et phase correspondante (fs − fm ) . Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau S-C100 . . . . . . . f Phase ϕT H (f ) du signal analytique Isa (f ) : Réseau 05b-C100 . . . . . . Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau 1b-C100 . . . . . . . f Phase ϕT H (f ) du signal analytique Isa (f ) : Réseau S-C25 . . . . . . . . Phase ϕT H (f ) du signal analytique If sa (f ) : Réseau 05b-C25 . . . . . . . f Phase ϕT H (f ) du signal analytique Isa (f ) : Réseau 1b-C25 . . . . . . . Banc d’essai et mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Extraction du rotor du moteur asynchrone . . . . . . . . . . . . . . . . Rotors défaillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Schéma de connexion du stator pour l’essai avec un échelon de tension . Identification des paramètres sur une croissance du courant statorique de la machine asynchrone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 . 152 . 153 . 153 . 154 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 158 162 162 162 163 163 163 166 166 166 172 172 172 172 174 174 174 174 177 177 177 181 181 181 182 182 182 . . . . 202 202 202 204 . 205 Bibliographie [1] S. Loutzky. Calcul pratique des alternateurs et des moteurs asynchrones. Eyrolles, 1969. 10, 56 [2] ALSTOM Moteurs SA. Autorisation de publication donnée par M r Lionel Durantay. 11, 211 [3] A. H. Bonnett and T. Albers. Squirell-cage rotor options for ac induction motors. IEEE Transactions on Industry Applications, Vol. 37(4) :1197–1209, July/August 2001. 12 [4] E. Schaeffer. 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Statistical Signal Processing : Detection Theory. Prentice Hall, 1998. 146 Contribution personnelle Articles de revues et ouvrages internationaux avec comité de lecture G. Didier, H. Razik and A. Rezzoug. An induction motor model including the first space harmonics for broken rotor bar diagnosis. European Transactions on Electrical Power, accepté en Janvier 2004, 14 pages. Articles de revues et ouvrages nationaux avec comité de lecture G. Didier et H. Razik. Sur la détection d’un défaut au rotor des moteurs asynchrones. La revue 3EI no 27, Décembre 2001, pp. 53-62. Session invitée à un congrès international avec actes et comité de lecture H. Razik and G. Didier. A novel method of induction motor diagnosis using the lineneutral voltage. EPE-PEMC’2004, September 2-4 2004, Riga, Létonie. G. Didier, H. Razik, A. Abed and A. Rezzoug. On space harmonic model of a three phase squirrel cage induction motor for diagnosis purpose. EPE-PEMC’2002, CD-ROM, September 9-11 2002, Dubrovnik, Croatia. Conférences et congrès internationaux avec actes et comité de lecture H. Razik and G. Didier. A low cost method for the diagnostic of asynchronous motors in case of rotor defects. IEEE-CIEP’2004, October 17-22 2004, Celaya, Mexique. 222 Contribution personnelle Equipe GDR M2EMS1 . Comparison of modelling methods and of diagnostic of asynchronous motor in case of defects. IEEE-CIEP’2004, October 17-22 2004, Celaya, Mexique. G. Didier, H. Razik, O. Caspary and E. Ternisien. Rotor cage fault detection in induction motor using global modulation index on the instantaneous power spectrum. IEEESDEMPED 2003, August 24-26, 2003, Atlanta, USA. H. Razik and G. Didier. On the monitoring of the defects of squirrel cage induction motors. IEEE-Power Tech 2003, June 23-26, 2003, Bologna Italia. G. Didier, H. Razik and A. Rezzoug. On the experiment detection of incipient rotor fault of an induction motor. IEEE-IEMDC 2003, June 1-4, 2003, Madison WI, USA. H. Razik, A. Abed, G. Didier, F. Weinachter and A. Rezzoug. Analysis of the current spectral of an induction motor for diagnostic purposes. ICEM’2002, CD-ROM, August 26-28 2002, Bruges, Belgium. G. Didier, H. Razik and A. Rezzoug. On the modelling of induction motor including the first space harmonics for diagnosis purposes. ICEM’2002, CD-ROM, August 26-28 2002, Bruges, Belgium. Conférences et congrès nationaux avec actes et comité de lecture Equipe GDR M2EMS1 . Comparaison de plusieurs méthodes de modélisation de la machine asynchrone en présence de défauts. EF 2003, 9-10 décembre 2003, Supelec, Gif-sur-Yvette. G. Didier, H. Razik et A. Rezzoug. Analyse de la tension de neutre en vue du diagnostic de la machine asynchrone. EF 2003, 9-10 décembre 2003, Supelec, Gif-sur-Yvette. Rapport et communications H. Razik et G. Didier. Rapport intermédiaire (32 p.) : Intitulé : Etude sur un modèle tenant compte des harmoniques d’espace dans les machines asynchrones. 1 E. Boutleux, L. Morel, H. Yahoui, H. Hénao, C. Delmotte, G. A. Capolino, G. Rostaing, J. P. Rognon, E. Foulon, L. Loron, G. Didier, H. Razik, G. Houdouin, G. Barakat, B. Dakyo, S. Tnani, G. Champenois, J. C. Trigeassou, V. Devanneaux, B. Dagues, J. Faucher. Vous pouvez effectuer des remarques à l’auteur en lui écrivant à l’adresse suivante : Gaëtan DIDIER Groupe de Recherche en Electrotechnique et Electronique de Nancy GREEN − UMR 7037 Faculté des Sciences et Techniques − BP 239 54506 Vandoeuvre-lès-Nancy Téléphone professionnel : 03 83 68 41 42 Secrétariat : 03 83 68 41 32 Fax : 03 83 68 41 33 Téléphone personnel : 06 72 76 42 28 [email protected] Résumé Dans cette étude, nous abordons le diagnostic des défauts rotoriques dans les machines asynchrones à cage d’écureuil. Après avoir décrit les différents éléments de constitution d’une machine asynchrone et les principaux défauts pouvant survenir sur ceux-ci, nous proposons un modèle de machine basée sur la méthode des circuits électriques magnétiquement couplés. Ce modèle permet d’étudier l’influence d’un défaut de barre sur le comportement général du moteur asynchrone. En complément de l’étude menée, nous mettons en évidence l’importance de l’analyse des harmoniques d’espace pour le diagnostic des défauts rotoriques. Aprés avoir étudié les phénomènes créés par le défaut rotorique sur les différentes grandeurs temporelles de la machine, nous nous intéressons plus particulièrement au développement de nouvelles méthodes de diagnostic. Nous présentons trois méthodes permettant la détection d’un défaut rotorique. La première méthode s’appuie sur l’évaluation de plusieurs indices calculés à partir de l’amplitude des composantes présentes dans les spectres de la puissance instantanée et du courant absorbé par le moteur. Les résultats obtenus avec cette approche permettent de détecter la présence d’un défaut naissant (une barre partiellement cassée) lorsque le couple de charge est supérieur ou égal à 10% du couple nominale ainsi qu’une barre complètement cassée lorsque le moteur fonctionne à vide. La seconde méthode de détection proposée utilise la phase du spectre du courant statorique calculée à partir d’une transformée de Fourier. Cette approche a la particularité de ne se baser sur aucun seuil de référence pour établir la présence d’une rupture de barre au sein de la cage d’écureuil. Avec cette approche, nous avons pu détecter la présence d’une barre rotorique complètement cassée. Malheureusement, le bruit important contenu dans ce signal ne permet pas de détecter un défaut rotorique naissant. Pour pallier ce problème, nous utilisons la phase du signal analytique obtenue par une transformée de Hilbert du module du spectre du courant statorique. Cette nouvelle approche, qui permet d’obtenir un signal plus stable et moins bruité, permet la détection d’une barre partiellement cassée et d’une barre totalement cassée pour une charge supérieure ou égale à 25%. Mots-clés : Moteur asynchrone, Modélisation, Harmoniques d’espace, Diagnostic, Rupture de barre, Indice de modulation, Périodogramme de Bartlett, Transformée de Fourier, Transformée de Hilbert. Modelisation and diagnosis of induction machine in presence of failures Abstract In this study, we move on to the broken rotor bar diagnosis of squirrel-cage induction machines. The first part is devoted to the development of a model which is based on the magnetically coupled electric circuits. This type of modelling makes it possible to study the influence of a bar defect on the general behavior of the asynchronous motor. In complement of the undertaken study, we underscore the importance of the analysis of the space harmonics for the broken rotor bar diagnosis. After having studied the phenomena created by the presence of a rotor defect on the various temporal sizes of the induction machine, we turn a particularly attention in the development of new diagnosis methods. We present three methods allowing detection of a rotor defect of an induction machine. The first method is based on the evaluation of several indexes calculated starting from the amplitude of the components present in the spectra of the instantaneous power and the line current. The results obtained with this new approach make it possible to detect an incipient defect (a partially broken bar) when the asynchronous motor works with a load torque higher or equal to 10% of the nominal torque as well as a completely broken bar when the motor works without load. The second method of detection suggested uses the stator current spectrum phase calculated starting from a Fourier Transform. This approach has the characteristic to be based on any threshold of reference to establish the presence of a broken rotor bar, which is usually necessary to detect this type of defect. The validation of this method on various experimental tests makes it possible to detect the presence of one broken bar with a minimum load torque of 25%. Unfortunately, the important noise contained in this signal does not make it possible to detect an incipient rotor defect. To get round this problem, we use the analytic signal phase calculated starting from the Hilbert transform of the stator current spectrum modulus. This new approach, which makes it possible to obtain a more stable and less disturbed signal, makes it possible to diagnose a partially broken bar and one broken bar for a load torque superior or equal to 25%. Key-words : Induction motor, Modelling, Space Harmonics, Diagnosis, Broken rotor bar, Modulation index, Bartlett periodogram, Fourier Transform, Hilbert Transform.