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INTRODUCTION
Dans une société commerciale, le pouvoir de décision est en principe corrélé à la détention du
capital. Lorsqu’un repreneur potentiel a des capacités de financement limitées relativement à
la valorisation d’une société qu’il désire racheter, ses moyens peuvent se révéler en deçà du
prix de la société cible. Ainsi, dans un marché où la liquidité de la transmission d’entreprise
est essentielle, des montages ont vu le jour, qui permettent de prendre le contrôle de sociétés
sans avoir pour autant, en propre, les ressources financières suffisantes pour les acquérir.
Cette technique d’acquisition, très appréciée des investisseurs, tend à devenir la plus
fréquente des formes de rachat d’entreprises1. Elle est définie par le terme général de
leverage buy out ou plus simplement : LBO. Le terme « buy » traduit l’opération
d’acquisition. La notion de « buy out » signifie que l’acquisition sera suivi du maintien - et le
plus souvent accompagnée de la participation financière - de l’équipe dirigeante en place dans
la cible, tandis qu’a contrario, un « buy in » implique un renouvellement total ou partiel des
anciens dirigeants, remplacés par une nouvelle équipe dont les membres participeront là aussi
financièrement à la reprise. L’adjonction de « leverage » rend compte de l’aspect essentiel du
mécanisme, l’effet de levier. Plusieurs modes de transmission sont ainsi appréhendés par cette
expression : on peut identifier notamment le LMBO2 connu en France il y a quelques années
sous le diminutif de RES3, opération de rachat LBO réalisée avec le concours à la fois des
dirigeants mais aussi des salariés. Ici, le terme « management » implique la participation
financière d’un nombre important de salariés. Si l’on pourrait encore citer les LMBI, LBU,
OBO ou BIMBO4, à titre principal et quelque soit son pseudonyme, le montage LBO inclus
plusieurs acteurs qui sont les dirigeants repreneurs, les investisseurs financiers, et les
établissements de crédit prêteurs, tous assistés par des conseils variés qui les aident dans la
réalisation de l’acquisition. En effet, malgré toutes ces appellations barbares, la terminologie
employée ne reflète qu’une seule et même technique recouvrant les mêmes éléments
caractéristiques communs : un holding de reprise acquiert une société cible grâce à
l’endettement, la contrôle indirectement et économise de l’impôt grâce à la déduction, de son
résultat global, des frais financiers qui découlent de l’emprunt.
En provenance direct des Etats-Unis, cette opération consiste donc en la prise de contrôle
d’une société cible au moyen de l’endettement et par le biais d’un holding de reprise, au
capital duquel sont associés des salariés et des financiers. Le holding s’endette au maximum
de ses capacités de remboursement, correspondant en fait à celles de la cible : il s’agit pour
lui, selon la célèbre formule, de « contrôler sans argent, d’emprunter sans surface ». Le
montage va effectivement s’adosser à la capacité de la cible à verser des dividendes au
holding de reprise. Sa viabilité suppose ainsi que certains paramètres soient préalablement
appréciés pour que le risque de non remboursement de la dette soit acceptable. Il convient
1P. Raimbourg et M. Boizard, Ingénierie financière, fiscale et juridique : Dalloz 2006/2007, p. 1002. - F.
Garrouste, « LBO, Alors bulle ou pas bulle ? » : Option Finance, 14 nov. 2005, p. 19.
2 Pour Leverage Management Buy Out.
3 Pour « rachat d’une entreprise par ses salariés » ;
4 Respectivement dans l’ordre pour Leverage Management Buy In (rachat d'une société par des dirigeants issus
d'une autre société et des investisseurs financiers), Leverage Build Up (rachat d'une première entreprise qui sert
de plate-forme pour l'acquisition d'autres entreprises d'un même secteur ou d'un secteur connexe), Owner Buy
Out (rachat d'une société par les associés dirigeants actuels et des investisseurs financiers), Buy In Management
Buy Out (rachat par un repreneur externe en association avec les actionnaires et/ ou les cadres actuels et des
investisseurs financiers).