IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © II - Platon Biographie : La vie de Platon Platon naît en 427 av. J.C, deux ans après la mort de Périclès. Il est issu d'une famille noble et semble promis à une carrière politique. Il reçoit l'éducation de tout jeune athénien: l’apprentissage de la poésie (Homère), de la musique (flûte, cithare), de la gymnastique. Son milieu lui offre de plus une formation intellectuelle diversifiée et solide. Deux événements feront renoncer Platon à la politique: • l'échec du gouvernement des Trente dans lequel étaient impliqués des proches de sa famille et qui se comporta de manière sanguinaire. • surtout sa rencontre avec Socrate et la fin tragique de ce dernier. Il rencontre Socrate en 407 av. J.C. Il suivra son enseignement pendant 8 ans. Platon est séduit par ce maître qui sait démasquer les incompétences et espère concilier le respect de la justice avec sa participation aux affaires de l’état. Mais en 399 av. J.-C., ses espoirs s'effondrent : Socrate est condamné à mort (en régime démocratique) et boit la ciguë. Le philosophe est incompris par ses concitoyens. Philosophie et participation aux affaires de la cité paraissent dorénavant incompatibles pour Platon. A la mort de Socrate, Platon se réfugie à Mégare. C'est là qu'il rencontre Euclide de Mégare, fondateur de l'école mégarique (influence de Parménide). Platon écrit ses premiers dialogues qualifiés de socratiques parce que, soit ils sont consacrés à défendre la mémoire du maître, soit ils mettent en oeuvre dans la recherche d'une définition la méthode d'analyse de Socrate. Platon entreprend alors une série de voyages. Il est déjà célèbre et reconnu pour un maître. Il est probable qu'il se rend en Egypte et en Cyrénaïque (Libye actuelle). Selon une tradition, il se rend ensuite en Italie méridionale et notamment à Tarente, où il rencontre le mathématicien pythagoricien Archytas qui aura une grande influence sur l'orientation de sa pensée. Platon gagne ensuite la Sicile, répondant à l'invitation de Denys 1º l'ancien, le puissant tyran de Syracuse. Platon pense qu'il pourra convertir Denys à ses idées politiques et philosophiques. L'aventure finit mal. Impatient de se défaire d'un censeur gênant, le prince le fait traîtreusement embarquer sur un navire spartiate qui le débarquera dans l'île d'Egine, alors en guerre contre Athènes. Platon est capturé et vendu comme esclave. Il est heureusement reconnu par le cyrénaïque Anniceris qui le libère. De retour à Athènes, en 387 av. J.C., Platon fonde l'Académie. Cette école de philosophie est la première de l'histoire organisée de façon méthodique, avec salles de cours et bibliothèque. L'Académie était un lieu de rencontre intellectuelle devenu rapidement célèbre. Pendant les 20 ans qui suivent la fondation de l'Académie, Platon écrit ses "oeuvres de maturité", tout en se consacrant ardemment à son oeuvre de chef d'école. 19 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © En 367 av. J.C., Denys 1º meurt. Son fils, Denys II lui succède, jeune homme insignifiant qui semble devoir se laisser mener facilement par un homme de la famille princière, Dion, en qui Platon avait trouvé, lors de son premier voyage un adepte fervent de ses vues. Platon, qui a plus de 60 ans, quitte son école en pleine prospérité pour Syracuse. Cette nouvelle expérience ne tourna pas mieux que la première. Dion est exilé et Platon, comblé d'honneurs hypocrites, est en réalité retenu comme otage. Par force, on se décide enfin à le libérer. En 361 av. J.-C., Denys II invite à nouveau Platon qui repart en Sicile pour la troisième fois. Une nouvelle brouille éclate. Platon est assigné à résidence et Archytas dut faire pression sur Denys pour qu'il fût permis à Platon de regagner Athènes. Peu après, Dion quittait la Grèce et entreprenait une expédition en Sicile. Ses premiers succès n'eurent pas de suite: en 354 il meurt, assassiné par un de ses partisans. De retour à Athènes, Platon écrit ses derniers livres dits "oeuvres de vieillesse". Le philosophe n'a pas renoncé à son idéal politique: son dernier ouvrage, Les Lois, précise en détails la constitution de la cité future. Les Lois reste inachevé car Platon meurt en 347 av. J.-C., à l'âge de 80 ans. Introduction Platon, déçu par l'organisation politique d'Athènes de son époque - déception qui atteint son plus haut point après la condamnation à mort de Socrate -, pense que la raison de la corruption existante dans la vie politique se trouve dans le scepticisme sophiste. Si, comme ceux-ci affirment, la vérité n'existe pas, si l'avis est le seul valable, et tous les avis ont la même valeur, la seule politique possible est celle qui se base sur la violence physique ou économique. C'est pourquoi, face à l'affirmation sophiste qu'on ne peut pas atteindre la vérité, il se situe à côté de Socrate qui avait revendiqué cette possibilité pour l'homme et avait affirmé que, en utilisant la raison, on peut atteindre la vérité, on peut faire de la science, et que celle-ci consiste en des affirmations universelles, nécessaires et immuables. Il est certain que Socrate quand il parlait de science se référait seulement à la morale, mais Platon, étendant la conception de son enseignant, pense que la possibilité humaine de faire de la science n'est pas réduite au domaine "du devoir être" de l'homme. Démontrer comment ceci est possible, comment l'homme est capable de posséder des connaissances scientifiques, est une des tâches fondamentales de la pensée de Platon. Il pense que si la science consiste en un ensemble d'affirmations universelles, nécessaires et immuables, et que la science existe et a une valeur, ce ne peut être que parce qu'il existe des objets, réalités universelles, nécessaires et immuables. Et comme ces objets n'existent pas dans ce monde sensible, composé de choses concrètes et changeantes (influence de la pensée de Héraclite), ils doivent avoir leur siège dans un 20 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © "autre monde", dans le monde des idées. Il n'existe donc pas seulement un monde, celui dans lequel nous vivons, mais deux : le monde sensible, où nous sommes, et le monde des idées. Plus encore, de ces deux mondes, celui qui est authentique est "l’autre", celui des idées. Le monde sensible est seulement une copie, une image du monde des idées. Mais alors où l'homme obtient-il ses connaissances scientifiques si les objets universels, nécessaires et immuables ne sont pas dans ce monde ? Platon résout ce problème en parlant d'un homme qui est corps, mais surtout âme; une âme éternelle, qui a vécu dans le monde authentique des idées et qui, bien qu'il ait oublié ce qu’elle a vu dans ce monde en s’unissant au corps, elle peut se souvenir en voyant ses copies dans le monde sensible. Cette conception de l'homme est ensuite transférée à l'éthique. Si ce qui est précieux de l'homme est l'âme, de nature spirituelle, rationnelle, si le corps est seulement la prison de l'âme, l'homme devra vivre de telle sorte que ce soit son âme spirituelle celle qui dirige les deux âmes matérielles propres du corps: l'âme irascible et l'âme concupiscible. La vertu (le bien) ne sera plus, comme chez Socrate, synonyme de sagesse, mais de condition de cette dernière, et la contemplation et le bonheur se transforment en un idéal dont elle peut être plus ou moins près, mais elle ne l’atteindra jamais pleinement tant que l'âme soit unie au corps. Le même caractère de lest (lastre) de ce qui est matériel peut être signalé dans la conception Platonicienne de l'État. Pour Platon la société est fondée sur la nature humaine et ce n'est qu'une prolongation de l'organisme humain individuel. Composée – comme pour l'homme, par trois âmes différentes - par trois domaines différents, pour fonctionner adéquatement il doit être organisé de sorte que chacun des trois remplisse ses fonctions sans en sortir. Toutefois, la possibilité que ceci se produise de manière parfaite lui paraît impossible. Malgré tout, l'individu peut atteindre la vertu seulement dans l'État. Seulement l'organisation sociale juste de l'État est capable de fournir à l'homme la réalisation ou, mieux, le rapprochement à la justice. 21 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 1. CONNAISSANCE Et RÉALITÉ 1.1. L'OBJECTIF DE L'OEUVRE PLATONICIENNE. L'objectif de l'oeuvre Platonicienne, comme il l’indique lui-même dans la lettre VII, est clairement politicien : organiser l'État en accord avec la "véritable philosophie", puisque seulement grâce à elle on peut atteindre la "véritable justice". Si au lieu de la "vérité" on évalue l’avis" - ce qui arrive à son époque suite à l'éducation sophiste -, l'État est corrompu légalement et moralement et la violence triomphe. 1.2. CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE Et MONDE des IDÉES. La conviction que la vérité est nécessaire pour pouvoir vivre dans la ville à l'abri de la justice le mène à se situé face aux sophistes et à côté de Socrate, qui avait affirmé que l'homme peut faire de la science - et que la science est un ensemble de connaissances universelles, nécessaires et immuables - de là la nécessité que Platon a de se demander dès le début comment il est possible que l'homme puisse arriver à obtenir ce type de connaissances. Et sa réponse est tranchante: si l'homme peut posséder des connaissances nécessaires, universelles et immuables, c’est parce qu'il existe des "objets réels" qui sont nécessaires, universels et immuables, puisque, en cas contraire, la connaissance scientifique manquerait de valeur ne possédant pas un objet dont il serait la correspondance. Toutefois, l'expérience dit à l'homme que dans le monde où il vit toutes les choses sont des choses particulières, contingentes, changeantes. Dans le cas de Platon qui avait reçu à travers Cratyle la vision du monde sensible d’Héraclite -, à ce fait d'expérience s’unit une conception de la nature selon laquelle toutes les réalités se trouvent dans un changement continue ; sans que rien reste identique à lui-même à deux moments différents. (Les pythagoriciens aussi possédaient une vision de la nature comme quelque chose d’incertain, d’instable et qui ne fait pas l'objet d'une connaissance mathématique.) Comme conséquence, Platon va être obligé d'affirmer que, outre le monde sensible où vit l'homme, composé d'objets particuliers, contingents et dans un changement continu, il existe un autre monde dont les objets sont nécessaires, universels et immuables : c'est le monde des idées. La constitution d'un savoir scientifique, "épistèmê", suppose la réalité de ce qui est intelligible, la réalité de l'idéalité. Pour que le raisonnement universel ait un objet et ne soit pas un raisonnement vide, Platon pense qu'il est nécessaire d'admettre l'existence réelle des idées. 1.3. Le MONDE des IDÉES Et le MONDE SENSIBLE. À chaque classe d'objets qui existent dans le monde sensible correspond une idée, une essence, dans le monde suprasensible, et cette idée est la réalité authentique. Le monde sensible, le monde où vit l'homme est, donc, une réalité de seconde classe, de catégorie inférieure, qui est uniquement dans la mesure où elle prend part du monde idéal, intelligible. 22 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Les caractéristiques fondamentales des idées sont les suivantes: a) Les idées sont objectives. Elles ne sont pas, donc, des pensées ou des contenus de la pensée, mais des organismes sans l'existence desquels la connaissance scientifique serait impossible. Elles sont des réalités idéales authentiques et des idéaux archétypes de ce qui est sensible. b) Elles sont universelles, tandis que les choses sensibles sont individuelles et maintiennent avec elles, entre autres, la relation que le particulier maintient avec l’universel. c) Les idées sont immuables et indivisibles, contrairement aux choses du monde sensible qui changent continuellement et, en plus, sont divisibles. d) Elles sont éternelles, innées, traversent le temps et ne sont pas dans l'espace, contrairement aux choses sensibles qui commencent à exister - elles sont, donc, dans le temps - et occupent une place dans l'espace. e) Elles sont hiérarchisées, et il existe une Idée qui possède un rang tellement important dans cette hiérarchie, que toutes y sont comprises. Sur cet aspect il existe une évolution dans la pensée de Platon et tandis que dans la République il attribue clairement ce rôle à l'idée de Bien, dans sa vieillesse c'est l'idée de l'Un celle qui occupe la position centrale dans son système. Platon consacre une de ses dernières oeuvres, “le Timée”, à expliquer sa conception du monde sensible, du "monde visible", monde qui se trouve entre l'être et le non être, sans une réalité véritable et propre, toujours changeant, et qui n'est qu'une image, une copie de l'idée à laquelle il tend à imiter sans jamais l'obtenir. Ce monde a été fait par le Démiurge. Ce n’est pas que le Démiurge ait créé le monde du néant (le concept de création n'existe pas dans la culture grecque); ce que le Démiurge a fait, étant suprêmement intelligent et bon, est d'agir sur une matière informe et chaotique, qui existait depuis toujours, et la sortir de son état de confusion et de désordre pour la porter à un état d'ordre, convaincu que cet état était meilleur que ce chaos primitif dans lequel elle se trouvait. Le Démiurge a introduit un ordre dans la matière informe et chaotique qui existait depuis toujours en faisant ainsi le monde, le "cosmos", et pour le faire il s'est servi comme modèle des idées, qui existaient aussi depuis toujours, en les projetant sur la matière ; il l'a fait de la même manière qu'un sculpteur projette l'image de ce qu'il veut représenter dans le marbre ou dans le bois. De cette manière, du chaos primitif on est passé à ce cosmos organisé qui, s'il est imparfait, ne l'est pas par volonté du Démiurge, mais parce que la matière est essentiellement limitée et changeante et n'a pas de capacité pour recevoir des perfections qu’à un degré limité. Quant aux relations que Platon établit entre le monde des idées et celui des choses sensibles, ils existent des différences au long de son oeuvre. Tandis que dans les dialogues de jeunesse il souligne l'immanence des idées en ce qui concerne les réalités sensibles - et il parle que les idées sont "présentes" dans les choses, et que celles-ci "les possèdent" ou "elles prennent part" d'elles -, dans ceux de sa maturité il insiste plus sur la pénétration des idées, et affirme que celles-ci sont des "modèles", "idéaux 23 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © archétypes", tandis que les choses sensibles sont des "copies", "ombres", "images" ; il établit entre les idées et les choses une relation de causalité exprimée comme imitation ou copie. Toutefois, il ne s'agit pas d'une évolution dans la pensée de Platon, mais, que l'utilisation des deux dimensions lui a paru nécessaire pour s'approcher de la vérité, car tandis que l'immanence accentuait la connexion étroite entre les idées et les choses, la pénétration soulignait l'échec, l'impossibilité de toute chose pour être comme l'idée, comme l'essence idéale. L'Allégorie de la caverne. Imagine des hommes qui habitent dans une caverne. Ils sont assis le dos tourné à la lumière et sont pieds et poings liés, de sorte qu'ils sont condamnés à ne voir que le mur devant eux. Dans leur dos se dresse un autre mur derrière lequel marchent des hommes brandissant diverses formes au-dessus du mur. Parce qu'il y a un feu derrière ces figures, celles-ci jettent des ombres vacillantes contre le mur au fond de la caverne. La seule chose que les habitants de cette caverne puissent voir est par conséquent ce " théâtre d'ombres ". Ils n'ont pas bougé depuis qu'ils sont nés et pensent naturellement que ces ombres sont la seule réalité au monde. Imagine maintenant que l'un des habitants de la caverne parvienne enfin à se libérer. Il se demande tout d'abord d'où proviennent ces ombres projetées sur le mur de la caverne. Que va-t-il selon toi se passer quand il va découvrir les formes qui dépassent du mur? Il sera dans un premier temps ébloui par la forte lumière, mais il sera aussi ébloui par les formes, puisqu'il n'a vu jusqu'ici que leurs ombres. A supposer qu'il réussisse à escalader le mur et à franchir le feu pour se retrouver à l'air libre, il serait alors encore davantage ébloui. Mais, après s'être frotté les yeux, il serait frappé par la beauté de tout ce qui l'entoure. Il distinguerait pour la première fois des couleurs et des contours bien précis. Il verrait en vrai les animaux et les fleurs dont les ombres dans la caverne n'étaient que de pâles copies. Il se demanderait d'où viennent tous les animaux et toutes les fleurs. Alors, en voyant le soleil, comprendrait que c'est lui qui permet la vie des fleurs et des animaux sur terre, de même que le feu dans la caverne permettait d'avoir des ombres. Maintenant l'heureux habitant de la caverne pourrait s'élancer dans la nature et profiter de sa liberté reconquise. Mais il pense à tous ceux qui sont restés là-bas. C'est pourquoi il veut y retourner et, dès qu'il est redescendu, il essaie de convaincre les autres habitants de la caverne que les ombres sur le mur ne sont que le pâle reflet vacillant de choses bien réelles. Mais personne ne le croit. Ils montrent le mur du doigt et maintiennent que la seule réalité est ce qu'ils voient. Et ils finissent par le tuer. Ce que Platon illustre avec l'Allégorie de la caverne est le chemin du philosophe qui va des représentations incertaines aux vraies idées qui se cachent derrière les phénomènes naturels Ils pense sans aucun doute à Socrate que les " habitants de la caverne " mirent à mort parce qu'il dérangeait leurs représentations habituelles et leur montrait le chemin d'une vraie vision intérieure. L'Allégorie de la caverne devient une métaphore courage du philosophe et de sa responsabilité vis-à-vis des autres hommes sur le plan pédagogique. Platon veut démontrer que le contraste entre l'obscurité de la caverne et la nature à l'extérieur est le même qui existe entre le monde sensible et le monde des idées. Cela ne veut pas dire que la nature est sombre et triste, mais qu'elle l'est comparée à clarté du monde des idées. Jostein Gaarder, Le monde de Sophie. 24 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato MONDE DES IDÉES LES IDÉES Uniques Eternelles Immuables Intelligibles Modèles SECTION BILINGUE Constitué par PHILOSOPHIE. © MONDE SENSIBLE Caractéristiques LES CHOSES Multiples périssables changeantes sensibles copies 25 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 1.4. LA CONNAISSANCE COMME MÉMOIRE. Or, si les idées sont dans un autre monde différent à celui dans lequel vit l'homme, comment il est possible que celui-ci les connaisse ? Platon va affirmer que la connaissance authentique, la connaissance scientifique, qui a comme objet les idées, est mémoire, "anamnesis", et non pas conquête ou acquisition. C'est pourquoi, apprendre est synonyme de rappeler et enseigner équivaut "à aider à rappeler ce qui est oublié". Il s'ensuit que son maître Socrate dirait que, avec ses dialogues, il exerçait le métier de "sage-femme", parce que sa tâche essentielle consistait "à aider à accoucher à l’intérieur de chacun les idées, les vérités". La connaissance sensible, celle que nous obtenons dans ce monde par le biais des organes de notre corps, peut seulement fournir un "avis", "dóxa", Et en lui il n'y a pas de "vérité", puisque ses objets, les choses, sont individuelles, contingentes et changeantes. C'est la connaissance intellectuelle celle qui fournit la "science", "épistème", et c’est dans cette connaissance intellectuelle que l’on trouve la "vérité" puisque ses objets, les idées, sont universelles, nécessaires et immuables. Cependant, tant dans la connaissance sensible comme dans l'intellectuel Platon distingue divers types de connaissance, qu'il représente graphiquement, dans le "passage de la ligne", de la manière suivante : B MONDE INTELLIGIBLE MONDE VISIBLE IDÉES Bien, Beauté, Justice, etc. CONNAISSANCE (État) E OBJETS MATHÉMATIQUES Nombres, figures géométriques C OBJETS SENSIBLES Animaux, plantes, choses fabriquées D IMAGES Ombres, reflets SCIENCE OU INTELLIGENCE (épistème) PENSÉE (dianoia) CROYANCE (pistis) OPINION (dóxa) IMAGINATION (eikasia) A 1 °) le segment AC représente la connaissance sensible, ou connaissance du monde de ce qui se produit et se corrompt, et elle est propre des hommes qui manquent d'éducation, d'instruction; il fournit un avis (opinion), "dóxa", et possède deux niveaux : a) Celui représenté par le segment AD, imagination, "eikasia", qui est la connaissance que l'homme obtient au moyen de conjectures ; dans ce type de connaissance règne l'imprécision, la confusion; dans l’allégorie de la caverne" il correspond à la connaissance que les prisonniers enchaînés ont des ombres que le feu et les objets qui passent par l'entrée projettent sur le fonds de la grotte. 26 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © b) Celui représenté par le segment DC, croyance, 'pistis ", qui est la connaissance du monde sensible proprement dit, et qui est une connaissance de réalités qui sont dans un changement continu, ceci donne naissance à des déclarations qui manquent de stabilité et, par là même, de vérité ; ce type de connaissance correspond à celui des prisonniers libérés des chaînes qui en sortant de la grotte, comme la lumière leur fait mal, ils doivent connaître les objets à travers leurs ombres et leurs reflets dans les eaux. 2°) le segment CB représente la connaissance intellectuelle, ou la connaissance du monde des idées; elle est propre des personnes instruites, des philosophes, elle fournit la science, "epistème", et a aussi deux niveaux : a) Celui représenté par le segment CE, pensée, "dianoia", ou connaissance qui est obtenue quand elle est raisonnée et on va des hypothèses aux conclusions qui se déduisent; elle correspond, dans l’allégorie de la caverne", à la connaissance que les esclaves libérés de la grotte ont des objets eux-mêmes, et, le soir, de la lumière des astres et de la lune. b) Celui représenté par le segment EB, connaissance, "État", ou connaissance qui est obtenue quand, en partant des hypothèses et en se basant seulement sur les idées et non sur les images, on ira au début de celles-ci, à un principe qui n'a besoin d'aucune hypothèse (dans le sens d'hypothèse, d'appui ou de fondements) ; mais c'est l'hypothèse de toutes les autres idées; il s'agit de la connaissance de l'idée de Bien qui, selon Platon, est l'idée qui se trouve sur la crête hiérarchique du monde des idées, étant la cause que toutes les autres 'possèdent essence et existence "; elle correspond à la vision que les esclaves libérés de la caverne ont directement du soleil quand ils se sont déjà habitués à la lumière. 1.5. LA DIALECTIQUE. Pour arriver à "rappeler ce qui est oublié" il faut suivre une méthode, un chemin, que Platon appelle dialectique. La dialectique est le chemin, la méthode, qui va de l'imagination à la connaissance, de la vision des ombres dans la caverne à la contemplation de la lumière du soleil. Et, une fois qu'on a vu le soleil, une fois que l'homme a découvert le principe de toutes les idées, de toutes les réalités, c'est le chemin qu'il doit suivre pour informer ceux qui sont encore enchaînés sur le chemin à suivre pour découvrir la réalité authentique, et comment il faut vivre pour le faire justement. Chemin et méthode sont deux aspects: de la connaissance et de la liberté ; de la science et de la justice ; savoir et connaître est chercher la vérité et se libérer des avis et les préjugés. C'est pourquoi, Platon est un philosophe "illustré", parce qu'il réclame l'émancipation théorique et pratique de l'être humain. La dialectique a, donc, une double direction : a) Ascendante: qui consiste dans la recherche du principe dont dépendent toutes les hypothèses, dans la recherche d'une réalité qui n'a besoin d'aucune autre pour exister, et qu’elle soit la cause de l'existence des autres réalités et qui termine avec la vision d'un tel principe. Dans le dialogue la République il identifie ce principe avec l'idée de Bien. 27 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © b) Descendante: qui consiste à extraire les conséquences de ce principe pour pouvoir vivre de manière juste; seulement ceux qui ont considéré l'idée de Bien sont capables, ensuite, d'organiser correctement leur vie et celle des autres. C’est le motif pour lequel ceux qui sont montés au monde des idées, et ont considéré l'idée de Bien, doivent retourner à la caverne "libérer" les autres prisonniers de leurs préjugés. Et cela bien qu'en redescendant à l'obscurité ceux qui sont enchaînés vont se moquer d'eux quand ils leur raconteront ce qu'ils ont vu, et peuvent même penser à les tuer. Bien que, aussi, eux-mêmes vont sentir la tentation de rester dans le monde de la lumière en oubliant les affaires humaines. Bien que, finalement, en redescendant à l'obscurité ceux qui ont vu la lumière en principe vont se sentir maladroits et ridicules. Dans les oeuvres postérieures à la République, qui supposent une certaine révision de sa théorie, ou il ne va pas définir la dialectique de la même manière, mais comme un processus de "généralisation et division" , ou comme un processus de "diviser en classes et ne pas considérer ni différente une classe quand c’est la même, ni à une différente la considérer identique". L'objectif de la dialectique est, donc, plus modeste, et Platon n'essaye plus de déduire toute vérité d'une seule vérité transcendante, mais il se conforme d'indiquer les relations d’affinité ou de différence qu’il y a entre les idées. 2. L'ÊTRE HUMAIN 2.1. L'HOMME COMME ÂME. Dans le domaine de l’anthropologie, comme dans celui de la métaphysique, Platon est dualiste: l’âme et le corps sont nettement séparés l’un de l’autre, et l’âme domine le corps. S’inspirant de sources pythagoriciennes et du culte orphique, Platon reprend la conception de l’immortalité de l’âme (métempsychose). L’âme Les arguments soutenant cette affirmation sont les suivants: 1- l’âme est une substance homogène qui est comparable aux Idées immuables. 2- le même connaît le même: comme l'âme connaît l’être pur (les Idées), elle lui est semblable et a la même origine. 3- sa capacité à se mouvoir elle-même. 4- la conclusion dialectique selon laquelle l’âme dont la caractéristique essentielle est la vie, ne peut en aucun cas recevoir son contraire, la mort. Platon réunit ces arguments dans le Phédon, dans la phrase suivante: "... ce qui est divin, immortel, intelligible, ce qui est indissoluble et possède toujours en même façon son identité à soi-même, voilà à quoi l’âme ressemble le plus." L’âme a existé avant d’être sur terre, de la même manière qu’elle existera après la mort. Elle est désormais enfermée dans le corps "semblable à une maladie". Le but de la vie terrestre devient alors le retour de l’âme à son état originel. Mais la relation à cette origine dépend de la souveraineté de l’âme. Platon décompose l’âme elle-même en trois parties, tout en conservant le dualisme fondamental de l’intelligible et du sensible: ce qui est proprement divin: - la raison; ce qui appartient au monde de la perception: - la partie noble: le courage; - la partie inférieure (parce que passive) : les appétits. 28 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Cette tripartition de l’âme en raison, courage, et appétits, est exposée par Platon dans l’image de l’attelage: La raison correspond au conducteur du char, le courage au cheval obéissant, les appétits au cheval rétif. Platon assigne une vertu à chacune des trois parties de l’âme: Le devoir de ce qui est raisonnable dans l’âme humaine c’est d’être sage: Sa vertu est la sagesse. Le devoir du courage c’est d’obéir énergiquement à la raison: Sa vertu est la persévérance. Même les appétits doivent se plier aux exigences de la raison: Leur vertu est alors la modération. A ces 3 vertus qui incombent à chacune des trois instances de l’âme, Platon en adjoint une quatrième; la vertu de justice (dikaiosyné). Elle règne lorsque toutes les parties de l’âme remplissent les devoirs et les activités qui leur incombent. C’est justement dans cette vertu que se manifeste particulièrement la tendance grecque qui consiste à réunir en un tout la mesure, l’harmonie et la vertu. Jusqu’à nos jours, les quatre vertus sont appelées les vertus cardinales (en latin, cardinalis: en référence aux quatre coins d’une porte). Il utilise en parlant de ces sujets un langage différent, puisque ce sont des sujets qui ne peuvent pas être déduits par raisonnement, ce qui l'oblige à recourir continuellement à des ressemblances et à des histoires mythologiques. L'orphisme et le pythagorisme vont beaucoup l'aider dans la réalisation de cette tâche. L'orphisme était un courant religieux de l'ancienne Grèce, où on affirmait que les hommes étaient nés des cendres des titans terrassés par Zeus. L'âme, enfermée dans un corps comme dans une prison, portait le poids d'un crime original (celui des titans) et ne sortait de cette prison qu'après de nombreux cycles d'existence (transmigrations), une fois purifiée, conformément aux règles, au moyen du jeûne, l'ascétisme et l'initiation, essentielle pour connaître l'itinéraire spirituel qu'elle devait suivre. L'orphisme a influencé de manière décisive la philosophie pythagoricienne, et celle-ci, Platon. 29 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 2.2. IMMORTALITÉ DE L'ÂME. L'âme n'est pas seulement la partie la plus importante de l'homme, son authentique et véritable moi, mais, en outre, l'âme de l'homme est immortelle. Immortelle, parce qu'elle va continuer à exister quand l'homme - ou mieux, le corps de l'homme - sera mort, et, aussi, parce qu'elle a vécu dans le monde des idées avant de s'unir au corps. (rappelons que ce séjour de l'âme dans le monde authentique était celle qui permettait sa conception de la connaissance vraie comme réminiscence.) Les arguments qu'utilise Platon pour démontrer l'immortalité de l'âme, pour démontrer qu’elle continue à exister quand l'homme meurt, et qu’elle continuera à avoir la capacité de connaître - entendement -, et d'agir, sont plusieurs. De tous les arguments, le plus connu est celui de la simplicité de l'âme. Seulement peuvent se dissoudre - et le décès est dissolution -, les choses qui par nature sont composées, puisque leurs éléments peuvent se disperser de la même manière qu'ils ont été composés. Ce qui est simple, et l'âme l'est - étant spirituel -, ne peut pas décomposer et elle se trouve toujours dans le même état, sans être soumise à des changements. 30 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 3. L'ACTION 3.1. LA PURIFICATION DE L'HOMME. Toutes les ressemblances auxquelles Platon a recourt pour parler de la nature de l'âme - la même chose que les histoires mythiques qu'il emploie pour décrire comment vivait l'âme avant d'être emprisonnée dans le corps ou pourquoi elle a été obligée à cet emprisonnement, et quel est son destin après le décès - insistent sur la nécessité que l'homme se purifie pendant sa vie, puisqu'en cas contraire elle sera obligée à des incarnations successives dans d'autres corps, jusqu'à obtenir cette purification. Important de ces histoires n'est pas tant leur contenu autant que l'idée que Platon veut transmettre avec elles, et qui n'est pas autre que celle que non toutes les conduites humaines ont la même valeur, comme défendaient les sophistes. Sa préoccupation fondamentale est aussi, comme chez Socrate, de caractère moral. Or, comment se purifie l'homme?, comment doit-il se comporter pour être libéré du cycle des transmigrations? Comme Platon pense que l'âme humaine n'est pas exclusivement rationnelle, que dans l'homme il y a trois âmes - bien que hiérarchisées -, au moment d'indiquer quel doit être l'idéal du comportement humain, il affirme que l'âme supérieure, celle qui est rationnelle, doit soumettre et diriger les deux autres, et se consacrer à son activité propre qui est la connaissance; alors seulement on atteint la santé de l'âme. 3.8. SAGESSE Et VERTU. Le principe socratique continue. La raison est l'élément fondamental dans l'homme et, c'est pourquoi, l'amélioration de l'homme consiste en ce que règne en lui, chaque jour plus, l'élément rationnel sur ce qui est passionnel et ce qui est instinctif. En développant l'élément rationnel, par l'éducation, non seulement on dominera mieux le cheval courageux et le cheval rétif, le lion et la bête, comme il dit dans d'autres textes, mais on connaîtra mieux le Bien et, par conséquent, on agira mieux. L'idéal de la vie humaine consiste, pour Platon, en ce que l'âme authentique, l'âme rationnelle, se consacre à l'exercice de l'activité qui lui est propre : la rationalité, la contemplation rationnelle. Seulement par la sagesse l'homme se réalise pleinement et atteint le bonheur. Mais pour que l'homme se consacre à la contemplation il a besoin d’être vertueux, au moins dans une certaine mesure. Il n'existe pas, donc, comme chez Socrate, une identification totale entre sagesse et vertu. La vertu est nécessaire pour la sagesse, mais elle ne s’identifie pas avec elle. 31 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La vertu nécessaire pour atteindre la sagesse consiste ce que l'âme rationnelle domine le courage et les appétits. Quand ceci se produit, l'homme va vers sa perfection, même si il ne l'obtient jamais totalement par le lest matériel que lui suppose le corps. L'image du conducteur qui conduit l’attelage tiré par deux chevaux et qui courra uniquement quand il les dominera illustre très bien la vision que Platon a de l'homme et de son travail. La justification que seulement la sagesse peut perfectionner l'homme il faut la trouver dans sa conception de l'idée du Bien. L'idée de Bien est l'idée suprême, l'idée qui occupe le sommet dans le monde hiérarchique des idées, et elle est la cause de toutes les autres idées et de toutes les réalités de ce monde ; "la cause dont toutes les choses possèdent essence et existence". En conséquence, toutes les idées, et toutes les réalités sensibles sont bonnes, elles portent en elles-mêmes, certaines plus, d'autres moins, selon leur rang hiérarchique, des traces de l'idée de Bien, qui est leur cause. Seulement quand l'homme, suivant la méthode de la dialectique, arrivera au captage de l'idée même du Bien, seulement alors il connaîtra vraiment ce qui est bon, et s'il domine ses appétits, il peut bien agir et se transformer en vertueux. Comme chez Socrate, la raison appliquée à la connaissance de la réalité fournit connaissance vraie, et la vérité devient ainsi catégorie morale, puisqu'elle est indispensable à l'homme pour être vertueux. 32 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 4. LA SOCIÉTÉ 4.1. L'HOMME COMME ÊTRE SOCIAL. Platon expose sa conception de la société et de l'État dans deux de ses oeuvres fondamentales : dans la République, qui, écrite dans sa jeunesse, est d'un idéalisme qui touche parfois une utopie "totalitaire", dans un certain pouvoir de l’état, qui nie les libertés de l'individu ; et dans les Lois, il s’agit déjà du Platon mûr, dans lequel, sous le poids de l'expérience, il se montre un peu plus serein et tolérant. Pour les sophistes, les sociétés avaient commencé d'une manière arbitraire et conventionnelle. Il n'existait rien dans la nature humaine qui poussait l'homme à vivre en société. Quant aux façons possibles d'organiser les sociétés, les sophistes pensaient qu'il n'existait pas non plus de lois fixes et universelles, expression de la nature de l'homme, qui seraient celles qui régleraient le comportement social. C’était la signification pour eux de la loi, "nomos". Pour Platon, au contraire, c'est la nature humaine qui mène l'homme à la vie sociale ; l'homme est un être social par nature. Cette expression que l'homme est un être social par nature a, en outre, chez Platon, une triple signification qui le différencie profondément d'autres auteurs qui ont utilisé la même expression. Il signifie, d'une part, que l’homme a une nature qui le pousse à vivre en société avec les autres hommes. Mais aussi, que l'individu, seul, ne peut pas atteindre le bien, et il a besoin de vivre en société pour pouvoir le faire. Seulement dans un État juste l'homme est capable d'atteindre la justice (vertu qui pour Platon consiste en la réalisation de toutes les autres vertus); l'État a, donc, une fonction salvatrice pour l'individu. Finalement, il signale que l'organisation de la société a son fondement dans la nature humaine, et ce n'est qu'une prolongation de l'organisme humain individuel. Si dans celui-ci il y avait trois âmes – la raison, le courage, les appétits -, dans la société il y a trois domaines différents, chacun correspond à une des âmes de l'individu : les dirigeants, les gardiens et les producteurs. Et si dans l'individu c'était l'âme rationnelle celle qui devait diriger les deux autres, dans l'organisation sociale ce sont les dirigeants qui doivent diriger les gardiens et les producteurs. 33 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La société atteindra et permettra seulement à l'individu d'atteindre la justice dans la mesure où chacun des groupes sociaux remplis adéquatement ses fonctions fondamentales. L’ordre dominant : seuls les sages sont aptes à chercher la juste manière dont tous les citoyens doivent conduire leur vie. A partir de là, Platon exige que les philosophes soient placés à la tête de l’Etat (l’ordre des sages, qui correspond à la partie intelligible de l'âme, ou raison). Ils sont tout en haut de l'échelle sociale, ce sont les esprits doués : les « caractères d'or » selon les mots de Socrate. C'est la classe des « gardiens », dont le rôle est d'appliquer et de faire observer les lois de la cité établies sur le modèle de l'ordre divin. Leur vertu est celle qui convient à ceux en qui la raison exerce un pouvoir absolu sur les passions inférieures : c'est la sagesse. Sans aucun doute, les philosophes constitueront le plus gros effectif au sein de cette classe. L’ordre des gardiens ils veillent à la défense de l’Etat à l’intérieur et à l’extérieur (l’ordre des guerriers, qui correspond à la partie sensible de l’âme, ou courage). Ils se situent sur le plan de l'excellence, ils sont ceux qui ont la charge d'assurer la sécurité et l'unité de l'Etat. Cette tâche revient à ceux qui sont assez forts et courageux pour défendre le corps social, jusqu'au sacrifice de leur vie si cela s'avère nécessaire. En préservant la cité de tout ce qui peut la menacer - attaque ennemie ou révolte civile -, c'est la justice qu'ils préservent. Cette classe est celle des « guerriers », dans laquelle trouvent leur place « les caractères d'argent ». Le courage est la vertu qu'il leur convient de développer. Ils doivent, entre eux, tout mettre en commun et ne rien posséder en privé, car c'est la prospérité de la cité qu'ils doivent assurer et non la leur. L’ordre des autres citoyens, des artisans, des commerçants et des paysans qui doivent assurer l’approvisionnement de la communauté (l’ordre des producteurs, qui correspond là encore à la partie sensible de l’âme, ou appétits). C'est donc au plus bas que se trouvent ceux qui ont pour fonction de produire les biens de première nécessité. Il s'agit de la classe des « artisans », des « enfants de la terre », pas ou peu aptes à la pratique des sciences théoriques. Leur vertu s'accomplit par la réalisation de leur tâche essentielle : nourrir la cité entière. En s'y conformant, ils accomplissent la vertu qui leur est propre, la vertu de tempérance. Socrate les appelait encore « les caractères de bronze ». Une fois les fonctions distribuées, chacun devra garder la place qui lui aura été assignée et s'efforcer de réaliser la vertu propre de sa classe ; l'obéissance et la tempérance pour les caractères de bronze, le courage et l'honnêteté pour les caractères d'argent, la sagesse et le commandement pour les caractères d'or. La cité, alors, sera juste. 34 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 4.2. L'ÉDUCATION Les « rois philosophes » se distinguent par des dons particuliers qui ont été perfectionnés par une formation de 50 ans dans tous les domaines. En eux doivent se trouver réunies la force et la sagesse. Mais l’éducation revêt une signification particulière pour Platon, en tant que fondement du corps politique tout entier. Dans la mesure où aucune limitation d’ordre législatif ne borne la puissance du souverain, le bien de I ‘Etat repose entièrement sur la connaissance qu’il aura acquise grâce à l’éducation. L’éducation prévoit: - l’éducation élémentaire par la musique, la poésie, et la gymnastique (jusqu’à la 20e année) - l’éducation scientifique en mathématique, astronomie, et science de l’harmonie (10 ans) - l’initiation à la dialectique (philosophie) (5 ans); - l’action pratique dans l’Etat (15 ans) - puis, après cela, le choix entre l’accès au pouvoir ou la vie contemplative. Tout comme la vertu (arétè) de l’individu naît de la domination de la raison, la vertu de l’Etat naît de la souveraineté de la philosophie, c’est-à-dire des rois philosophes. L’ordre militaire correspond alors au courage qui recèle en soi-même un idéal, la bravoure. De manière analogue, c’est la modération qu’il convient de prôner en réaction à la convoitise qui règne dans l’ordre des producteurs. Pour l’individu, comme pour l’Etat, la vertu de justice ne consiste pas dans la réalisation d’une tâche particulière, mais dans l’harmonie qui naît de l’exercice de la meilleure activité: En ce sens, il s’agit d’un Etat totalitaire qui tire son propre profil des activités de tous ses citoyens. La constitution de cet Etat est aristocratique, c'est-à-dire qu’elle repose sur le gouvernement des meilleurs. 35 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 4.3. DIVERSES FORMES D'ORGANISATION DE L'ÉTAT. Platon se montre sceptique quant aux possibilités d'organiser de manière idéale la société, de sorte qu'on accomplisse pleinement en elle l'harmonie des divers groupes sociaux (influence probable de ce scepticisme due à son expérience politique, qui a été décevante). C'est pourquoi, dans la République, il parle d'une série de formes de gouvernement - desquelles seulement une correspond à l'organisation idéale -, que se succèdent les unes aux autres de manière indéfectible et dans un cycle ininterrompu. Nous ne pouvons pas oublier que pour Platon le monde sensible est une image, une copie imparfaite du monde authentique, et que, bien qu'il aspire à être comme le modèle, jamais il ne l'obtient totalement, précisément par le lest de matière qu’il porte avec lui. Concrètement, dans le Livre VII de la dite oeuvre il fait référence à un régime politique primitif, semblable à celui qu’il préconise comme idéal, et à l'évolution à laquelle il est postérieurement soumis, bien que sans dire à aucun moment que ce régime ait existé. Son intention n'est pas, donc, celle de faire de l’histoire mais d’expliquer, d'une manière compréhensible, les différentes manières possibles d'organiser la société, et la plus grande ou plus petite proximité de ces organisations avec l'idéal. Cet État primitif serait régi sagement par des magistrats qui, peu à peu, et par inadvertance, cesseraient de procréer, se voyant ainsi obligés de s’unir avec les militaires pour pouvoir continuer à régir. Les militaires, en arrivant au pouvoir, et suite à leur éducation, sont plus préoccupés à souligner leur valeur personnelle de guerriers qu’à défendre les intérêts de l'État. Cette forme de gouvernement, dans laquelle les militaires seraient chargés des affaires publiques, reçoit le nom d'oligarchie timocratique, et il y aurait l'ordre, mais non le fondement de ce dernier, puisque les militaires ne pourraient pas connaître, pour ne pas être arrivés à la contemplation de l'Idée de bien, où on trouve la véritable justice. la timocratie l'oligarchie la démocratie la tyrannie régime fondé sur l'honneur régime où les gouvernants recherchent les richesses régime où le pouvoir est aux mains des citoyens régime d'un seul homme 36 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © En exerçant le pouvoir, les militaires accumuleraient butin sur butin, - c'est une allusion claire à Sparte - et ils obtiendraient de grandes richesses. Toutefois, dû à leur éducation austère ils ne jouiraient pas pleinement d'elles. Mais leurs enfants n'auraient pas cette éducation et ils profiteraient des avantages des richesses. On établirait alors une forme de gouvernement dans laquelle les affaires publiques resteraient entre les mains de ceux qui possèdent la richesse, c'est l'oligarchie ploutocratique. Dans cette société, la division entre riches et pauvres serait chaque fois plus profonde: les pauvres seraient chaque fois plus pauvres et plus nombreux et les riches moins nombreux et plus riches. Jusqu'à ce qu'arrive un jour où la situation se retournerait indéfendable et les pauvres se rebelleraient, en occupant le pouvoir et distribuant anarchiquement les richesses. Nous sommes alors dans la démocratie comme forme de gouvernement. Dans cette organisation sociale, chacun interpréterait la loi à son goût, l'intérêt individuel régnerait et le désordre se transformerait en norme. La Communauté se désagrégerait et l'État serait sur le point de disparaître. (Il faut tenir compte des caractéristiques de la démocratie décadente que Platon connaît, et qui est, en outre, celle qui condamné Socrate à mort. Aucun démocrate actuel n'admettrait cette description de la démocratie que fait Platon.) Le danger serait tellement grand que le peuple, fatigué d'être abandonné à un relâchement sans limite, se livrerait un homme, à qui il confierait l'ordre d'établir de nouveau l'unité. Le type de gouvernement qui serait instauré dans ce cas serait la tyrannie. Quand celle-ci règne, la loi n'existerait pas mais la volonté d'un individu qui déciderait conformément à ses intérêts ou à ses caprices. Nous nous trouverions dans l'antithèse du gouvernement idéal. Ceci a été précisément ce que Platon a vu et a souffert à Syracuse grâce à deux tyrans sicilien: Denys l’Ancien et Denys le Jeune. À travers cette analyse on peut apprécier comment pour Platon la seule forme de gouvernement valable est celle dans laquelle les philosophes détiennent le pouvoir et que pourrions qualifier, non sans une certaine ironie, comme dictature de l'intelligence. 37 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © PLATON s’intéresse à: L’organisation politique Origine de la société la satisfaction mutuelle des nécessités Organisation sociale Production – producteurs Défense – guerriers Gouvernement - dirigeants But : réalisation de la justice se base sur la connaissance vraie que possède le philosophe-dirigeant Gouvernement Monde intelligible Idées, réalités absolues, éternelles, immuables, hiérarchisées, objet de véritable connaissance Types: * Formes mathématiques * Valeurs morales et esthétiques * Formes de choses naturelles La réalité Monde sensible (cosmos): Dualisme L'homme Réincarnation de l'âme La connaissance réalisation de l'ordre idéal que concrétise le démiurge en prenant les Idées comme modèle Âme et corps unis accidentellement Âme appartient au monde des Idées spirituelle, immortelle concupiscible, irascible, rationnelle Corps Prison de l'âme Matériel, mortel dans divers corps, selon son comportement précédent elle est réminiscence: mémoire du monde des Idées (mythe du char ailé) obtenue par la dialectique : ascension du sensible vers l’intelligible (mythe de la caverne) Degrés de connaissance Imagination (eikasia) images et ombres Croyance (pistis) d'objets sensibles Pensée (dianoia) d'objets mathématiques Connaissance (dialectique) des Idées 38 mcco IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © III - ARISTOTE (384-322 av. J.-C.) Aristote est né en 384 av. J.-C. à Stagire, cité du nord de la Grèce, ce qui lui vaudra parfois le surnom de " Stagirite ". La présence de nombreux médecins dans sa famille est l'une des sources de son intérêt pour la physique et la biologie. À 18 ans, il entre à l'Académie, l'école de Platon, où, pendant 19 ans, il s'imprègne de la philosophie platonicienne. Il manifeste déjà un goût pour les sciences concrètes, indice de son originalité et de son opposition future à celui dont il n'est encore qu'un disciple particulièrement doué. À la mort du maître, vers 348 av. J.-C., il quitte l'Académie pour voyager et se livrer à des observations biologiques, en Mysie puis à Mytilène. Mais un philosophe grec de cette époque ne saurait demeurer longtemps en marge de la vie politique. De 343 à 342 av. J.-C., il devient le précepteur du fils de Philippe de Macédoine, le futur Alexandre le Grand. Il rentre à Athènes vers 334 av. J.-C. et fonde une école: le Lycée. Il y donne des cours les plus divers à un public savant, tantôt sur des sujets comme la physique, la logique ou la mathématique, tantôt s'entretenant avec tous de rhétorique, de politique et d'éthique. De tout cet enseignement oral, complété par la constitution d'une grande bibliothèque et d'un musée d'histoire naturelle, ne nous restent que des bribes ou de simples notes préparatoires rassemblées par ses élèves. Elles nous laissent imaginer la prolixité et la richesse de ses cours. Mais Alexandre le Grand meurt en 323 av. J.-C., et Athènes devient hostile aux anciens amis de la Macédoine. Aussi Aristote doit-il s'exiler pour éviter à ses concitoyens de " commettre un nouveau crime contre la philosophie ". Il se réfugie à Chalcis, dans l'île d'Eubée, où il meurt en 322 av. J.-C. La philosophie aristotélicienne est fondatrice de la culture occidentale. Père de la logique, qui formalise le discours, Aristote en a fait l'instrument d'une pensée systématique et maîtresse d'elle-même, capable de dominer tous les aspects de la réalité. En cela, il est le premier penseur encyclopédique. Il approfondit les diverses branches du savoir tout en montrant l'unité du discours qu'elles mettent en œuvre par l'énoncé des catégories qui sont les genres les plus généraux de l'Être. La mise en relation des catégories permet le jugement qui, lorsqu'il est à son tour mis en relation avec d'autres jugements, permet d'établir des propositions. Ainsi, la logique d'Aristote consiste à mettre de l'ordre dans le discours afin d'aboutir à des démonstrations déductives allant de l'universel au particulier. Le " syllogisme " est le modèle déductif dont la forme " classique " est la suivante : Tous les hommes sont mortels. Or Socrate est un homme. Donc, Socrate est mortel. 39 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Ce système, ensuite figé par la tradition médiévale, est, chez Aristote, un travail inachevé et vivant. Ainsi, dans le domaine de la philosophie première qu'Aristote définit comme la science de l'Être en tant qu'Être, l'Être peut se dire selon la substance (Socrate est un homme), selon la qualité (Socrate est laid), selon le lieu (Socrate est sur l'agora), bref selon toutes les catégories dont une liste exhaustive ne nous est jamais donnée. Ce sont de ces catégories que doit traiter cette science universelle, qui sera nommée " métaphysique " par l'éditeur d'Aristote. L'étude de la première catégorie, qu'est la substance, fonde une deuxième orientation de la métaphysique, non plus comme science de l'Être en tant qu'Être, mais comme science de l'Être suprême, science du divin, bref théologie. Alors que la Physique définit une conception finaliste de la Nature où le changement est conçu comme l'acte de ce qui est en puissance en tout être, le Dieu dont il est question dans la Métaphysique est le Premier moteur, c'est-à-dire l'être qui meut tous les autres sans luimême être mû. Non qu'il exerce une poussée mécanique sur le monde, mais parce qu'il est la fin que désire tout existant. Ce Dieu est le pôle qui unifie toutes les activités et qui pousse les êtres à exister et à se développer en leur inspirant spontanément le désir de l'imiter. C'est pourquoi Aristote définit ce Dieu comme étant un acte pur. La doctrine d'Aristote ne se limite pas à la métaphysique, à la physique, et à la logique, elle comprend également un versant pratique que l'on retrouve dans une œuvre comme l'Éthique à Nicomaque. Toute activité tend vers un bien qui est sa fin, mais, compte tenu de la diversité des activités, les fins diffèrent. Aristote conçoit ainsi le bonheur comme étant l'unité des fins humaines. Il distingue les vertus " dianoétiques ", qui résultent de l'exercice de la raison, des vertus "éthiques", qui sont transmises par l'ordre de la société. L'attitude éthique résulte de la combinaison de ces deux vertus, et atteint ainsi une dimension aussi bien individuelle que politique. Enfin, la philosophie d'Aristote se complète par la physique, la biologie, la cosmologie, la psychologie, bref, par l'examen de tous les registres de la vie, des crustacés jusqu'aux astres. Ainsi se forme la totalité du savoir humain, systématique et concret. Toute la modernité d'Aristote tient dans cet effort pour joindre savoir exhaustif et analyse expérimentale. D’où vient le nom de métaphysique ? Le concept de « métaphysique » est né du hasard, c’est parce que dans la première édition complète d’Aristote, Andronicos de Rhodes a classé les écrits traitant des principes universels (Moteur, Dieu, causes) après ceux traitant des principes physique (en grec, méta ta physica) que l’on a appelé la métaphysique science qui cherche ce qu’il y a derrière la nature. Dans la Métaphysique, Aristote se différencie de Platon dont il critique la théorie des idées: "Les Idées ne sont plus d'aucun secours pour la science des autres êtres,...ni pour expliquer leur existence, car elles ne sont pas du moins immanentes aux choses participantes" Le terme de métaphysique est ambigu en ce qu'il peut être compris comme "post-physique", c'est-à-dire prolongement en plus abstrait, soit comme "transphysique", c'est-à-dire au-delà, au-dessus de la physique. 40 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © LE MODÈLE ARISTOTÉLICIEN ARISTOTE, dans sa philosophie, part du Platonisme, bien qu'il commence bientôt à marquer des distances en ce qui concerne celui-ci, pour terminer en adoptant une position critique face à la philosophie de PLATON. Son désaccord avec PLATON touche, d'abord, la théorie des Idées, parce qu’il considère que les choses individuelles - qui sont seulement un reflet du monde des idées- constituent la véritable réalité. Deuxièmement, et suite à ce qui précède, il critique la théorie Platonicienne de la connaissance, parce qu'il admet la validité de la connaissance sensible comme point de départ de toute connaissance. 2. CARACTÉRISTIQUES DU MODÈLE ARISTOTÉLICIEN ARISTOTE coïncide sur beaucoup de sujets avec PLATON: l'organisation du savoir, la réalité physique, l'homme dans ses aspects individuel et social, les questions morales et politiques, le problème de la connaissance. Mais il les traite toujours d’une perspective différente. Le changement de perspective est du, dans une grande mesure, à l'influence qu'ont eue dans leur système les études du monde animal - biologie - menées à bien au moyen de recherches de type empirique, systématisées dans les documents d'histoire naturelle. Selon PLATON, ces études appartiennent à la sphère de l'opinion et non à celle de la science. L'orientation empirique d'ARISTOTE se manifeste aussi dans le terrain de la recherche politique, comme le montre le recueil qu'il a effectué de 158 Constitutions d'États de son temps, afin d'élaborer une théorie politique. L'importance accordée à ce type de recherches présuppose le rejet de la dialectique Platonicienne comme degré suprême de connaissance et science de la "véritable réalité", en la remplaçant par un nouvel instrument de connaissance qui est la logique. 41 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 3. LA CLASSIFICATION DES SCIENCES ARISTOTE, contrairement à PLATON, comprend l'universalité de la science comme le résultat de la conjonction de tous les savoirs. Le savoir est articulé dans diverses sciences particulières et autonomes. L'ensemble de toutes constitue la science: la connaissance de tous les aspects de la réalité. En partant que la science comprend la totalité de ce qu'il y a, la nécessité de classer des objets tellement divers donne lieu à l'apparition les diverses branches de la science ou des sciences particulières. En fonction de ce critère, ARISTOTE établit trois groupes de sciences : - Théorétiques ou spéculatives, qui ont pour but d'atteindre la connaissance théorique de la réalité : la physique ou la philosophie seconde; les mathématiques, et la philosophie première ou théologie (qui par la suite recevra le nom de métaphysique). - Pratiques, qui s'occupent de l'action humaine individuelle ou sociale dès qu'elle est dirigée à obtenir une certaine fin. Ce sont l'éthique et la politique. - Poétiques, qui s'occupent de la production de choses et constituent les différents arts, comme la poétique ou la rhétorique. ARISTOTE, qui rejette la dialectique Platonicienne comme méthode d'accès au savoir et qui est conscient de la nécessité d'un instrument pour le travail intellectuel, fonde la logique comme instrument au service de toutes les sciences. Il distingue deux classes de logique: - La logique formelle, technique qui s'occupe les lois et les règles du raisonnement, en particulier du syllogisme. * - La logique matérielle, comprise comme moyen d'accès à la réalité elle-même. En elle il s'occupe des problèmes de la définition et de la démonstration. * Syllogisme: Pour ARISTOTE c'est le type de raisonnement idéal. Il est composé de deux déclarations, appelés prémisses, et d'une autre déclaration appelée conclusion. Dans un syllogisme correct, si les prémisses sont vraies, la conclusion doit être estimée nécessairement vraie. Le syllogisme a constitué pendant des siècles le paradigme de raisonnement déductif. Activités de compréhension 1. Énumère les principaux points de désaccord entre ARISTOTE et PLATON. 2. Comment caractériserais-tu le modèle philosophique aristotélicien ? 3. Quel critère suit ARISTOTE pour classer les différentes sciences ? 42 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE PREMIÈRE PHILOSOPHIE. © (MÉTAPHYSIQUE) Parmi toutes les sciences, la philosophie première (ou théologie) est pour ARISTOTE la science des sciences. Si chaque science particulière s'occupe d'étudier une parcelle du royaume de l'être, la philosophie première étudie l'être en tant que tel, c'est-à-dire, les aspects de l'être qui sont communs à tous les êtres. C'est une théorie des causes et des débuts de l'être, de ce qui fait que les choses soient. 1. LE CONCEPT DE L’ÊTRE ARISTOTE, contrairement à PARMÉNIDES et à PLATON, admet que ce qui naît et meurt peut recevoir le nom de d’"être". Ceci est du au fait qu'il ne comprend pas l'être comme un concept univoque, qui a comme opposé le "non-être", sans plus. Ce n'est pas non plus un concept équivoque, qui a des significations différentes, mais un concept analogue, qui peut être appliqué avec certaines nuances aux différentes choses que nous trouvons dans l'univers, parce que, bien que de manière différente, toutes les choses "sont”. 1.1. SUBSTANCE ET ACCIDENT Pour ARISTOTE il y a, donc, différentes manières d’être. Ainsi que pour PLATON c'étaient les idées celles qui constituaient la véritable réalité, pour ARISTOTE ce qui est réellement existant sont les êtres singuliers (entéléchies ou substances). Ainsi, tout ce qui existe est ou substance ou choses qui affectent la substance, les accidents. Pour effectuer cette analyse il part du modèle de la proposition linguistique : "S est P". Le sujet se correspond avec la substance tandis que l'attribut, ce qui est dit du sujet, correspond aux accidents. Les deux concepts sont décrits et sont définis par ARISTOTE de diverses manières: - Il comprend, d'abord, par substance ce qui existe en soi et non dans un autre. Remplissent cette condition les corps simples (terre, eau, air et feu) et les composés de ceux-ci. ARISTOTE appelle aussi substance l'essence de chaque chose, ce qui est exprimé dans sa définition. - La notion d'accident est corrélative à celle de substance: ce qui existe dans la substance sans être nécessaire ni constant. Par exemple, une personne peut “être debout” ou peut "être assise" sans qu'on altère l'essentiel d'elle, et cette situation peut se produire ou pas. La nécessité qu'ont les accidents de "se trouver" dans une substance empêche qu'ils puissent exister séparément. Bien qu'ils apportent certains aspects à la substance, leur disparition ne modifie pas essentiellement la chose individuelle. 43 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Cette distinction entre substance et accident va permettre au philosophe d'expliquer le problème du changement et le mouvement dans les êtres. On appelle substance les corps simples, par exemple, la terre, le feu, l'eau et toutes les choses semblables, et, en général, les corps et les composés de ceux-ci, aussi bien les animaux que les démons*, et les parties de ceux-ci. Et toutes ces choses sont appelées substances parce qu'elles ne sont pas attribut d'un sujet, mais les autres choses sont attributs de celles-ci. Et, dans un autre sens, on appelle substance ce qui est cause immanente de l'être dans toutes ces choses qui ne sont pas attribut d'un sujet ; par exemple, l'âme pour l'animal… On appelle accident ce qui est donné dans quelque chose et peut lui être attribué en vérité, mais non nécessairement ni dans la majorité des cas. ARISTOTE : Métaphysique. *. Démons : du grec daimonia, il signifie ici des divinités ou des corps célestes. Quelle est la différence essentielle entre les concepts substance et accident ? 2. ÊTRE EN ACTE Et ÊTRE EN PUISSANCE À cheval entre PARMÉNIDES et HÉRACLITE, ARISTOTE distingue entre être en acte et être en puissance : ¾ Être en acte (énergie, entéléchie) signifie pour ARISTOTE ce qu'un être est de fait, ici et maintenant. Par exemple, "cet arbre" est un être en acte. Types d'êtres ¾ Être en puissance (dynamis) signifie la capacité d'arriver à être quelque chose qu'on n'est pas encore, mais qui peut être. Par exemple, une semence est un arbre en puissance. ARISTOTE, prenant comme critère l'origine du mouvement, distingue entre des êtres naturels et des êtres artificiels. Être naturel c'est celui qui a en lui-même le principe du mouvement et du repos. Être artificiel, par contre, est celui dont le mouvement est produit par un agent extérieur. Avec cette manière "d’être potentiel" il sauve la difficulté de Parménide : l'être en acte ne vient pas du non-être, mais de l'être en puissance. En accord avec PARMÉNIDES chez qui du non-être on ne fait rien, ARISTOTE va plus loin en affirmant qu'il y a une manière d’être intermédiaire qui est l'être en puissance. Ceci lui permet d'expliquer le mouvement comme le passage de l'être en puissance à l’être en acte. Dans les êtres naturels, ARISTOTE distingue entre les êtres vivants et les êtres qui ne le sont pas. Avoir de la vie signifie pour ARISTOTE, biologiste et naturaliste, posséder un principe explicatif propre de la nature animé par ce qu’il appelle l'âme (psyché). La vie, selon ARISTOTE, se manifeste dans ces corps naturels par le fait d’être des êtres 'qui se nourrissent, grandissent et périssent par eux-mêmes (spontanéité). 44 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Ainsi, par exemple, un bloc de marbre n'est pas, évidemment, une statue, mais il pourrait arriver à être si un sculpteur se le proposait. Nous pouvons ensuite affirmer que le bloc de marbre, étant encore une statue en puissance, ne l'est pas en acte, puisqu'il existe la possibilité qu'elle acquière cette manière. De cette manière, le changement est possible et consiste en la réalisation ou la mise à jour (actualisation) de ce qui existe en puissance. Pour ARISTOTE, tout être naturel tend à sa fin, qui est l'acquisition de sa manière parfaite ou entéléchie. Avant d'obtenir cette entéléchie cet être traverse différents stades. Pour le papillon, son entéléchie est d'arriver à être un papillon complet, et tout son développement est conçu comme la mise à jour d'une puissance qui est déjà donnée dans les phases précédentes. Seulement quand il atteindra sa manière parfaite, c'est-à-dire, quand il arrive à être un papillon complet en acte, se termine le processus de croissance Activités de compréhension 1. Définis, dans le contexte de ce paragraphe, les termes suivants: accident - acte - entéléchie - puissance - substance. 2. Que comprend ARISTOTE par être ? 3. Explique la différence qu'il y a entre être en acte et être en puissance. 4. Quelle est la relation entre la substance et les accidents ? 45 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © L'EXPLICATION DE LA NATURE Pour ARISTOTE, la nature comprend tous les êtres naturels dotés de mouvement. Il développe son explication dans la physique, science spéculative qui a pour but l'étude des réalités soumises au changement et qui est différenciée des mathématiques car celles-ci s’occupent d'êtres abstraits sans existence réelle et exempts de mouvement. ARISTOTE aborde l'étude de la nature en examinant les causes qui produisent tout fait ou phénomène. De là l'importance du concept de cause, qu'Aristote explique dans les livres premier et cinquième de sa Métaphysique. 1. LE CONCEPT DE CAUSE ARISTOTE appelle cause le principe duquel quelque chose procède. En prenant comme modèle le processus de production humaine, il comprend que pour expliquer tout ce qui existe il est nécessaire de recourir à quatre causes ou principes : ¾ La cause matérielle:(causa materialis) c'est la matière qui compose un objet (par exemple le marbre dans le cas de la statue). C'est cette cause qui rend possible les contingences et les irrégularités des objets. En effet, la matière "résiste" à la mise en forme. A la forme s'opposent les contraintes (anankè) de la matière, c'est de là que se produit le hasard, les "accidents". ¾ La cause formelle: (causa formalis) c'est la forme que donne le sculpteur à la matière (dans le cas de la statue) ¾ La cause finale: (causa finalis) c'est le but, l'usage que l'on veut faire de la chose, c'est sa finalité. Rien n'arrive sans but selon Aristote. ¾ La cause efficiente :(causa efficiens) c'est l'activité du sculpteur, le fait de sculpter. Chaque développement a besoin d'un moteur qui puisse le mettre en marche L'accord de ces quatre causes est nécessaire pour qu'on trouve un être quelconque, bien que les deux principales et de base dans la constitution d'un être soient la matérielle et la formelle. En outre, entre ces deux, la cause formelle a un relief spécial, puisque c'est celle qui détermine ce qu'une chose est, et, d'autre part, elle permet de la définir. En ce sens il reçoit le nom d'essence et détermine les activités propres et spécifiques de l'être. D’une certaine manière, ces "formes" d’Aristote rappellent les "Idées" de PLATON, avec la différence que celles-ci peuvent exister par elles-mêmes, séparées des choses auxquelles elles servent de modèles, tandis que, pour ARISTOTE, la forme est seulement donnée avec la matière en formant des êtres concrets et individuels, comme pierres, arbres, maisons ou êtres humains. 46 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Pour qu'un "être artificiel" comme cette colonne puisse arriver à être réalité, on requiert l'intervention de quatre causes: cause matérielle (le marbre); cause formelle (la forme de colonne que le tailleur de pierres taille dans le marbre); cause efficiente: (le tailleur de pierres) ; cause finale (le but de la colonne, qui est de soutenir la frise d'un temple, et aussi le but du tailleur de pierres qui, sûrement, est d’être payé pour son travail). 2. LA THÉORIE HYLÉMORPHIQUE. Pour Aristote ce qui est réel peut seulement être expliqué en admettant une union intime, indissoluble, entre l'Idée, la Forme idéale et la matière physique. L'Idée importante de Platon, le "eidos", se transforme en manière immanente et constitue, avec la matière, une substance toute organique, "ousia", qui est le nom avec lequel Aristote désigne les réalités concrètes. Toutes les choses, c'est-à-dire, tant les êtres naturels - ceux qui sont par nature -, comme ceux qui sont artificiels - ceux que l'homme construit -, sont constituées par deux principes : la matière, "hylé", et la forme, "morphe". La forme des êtres est l'élément qui les configure; il ne s'agit absolument pas de sa figure sensible, géométrique, mais du facteur spécifique qui leur impose une certaine structure intelligible, il les informe de manière essentielle et en outre il les fait accomplir certaines activités; c'est le principe d'intelligibilité, de spécificité, d'universalité et de dynamisme (c'est, en réalité, l'Idée de Platon qui maintenant ne se trouve pas dehors, dans le monde idéal, mais dans la réalité concrète, de chaque substance individuelle). La matière des êtres consiste en ses éléments physiques, dans ce dont ils sont faits (dans une statue de bronze, le bronze ; dans un être humain, l'ensemble de ses organes). D’une façon extrême la matière de tous les êtres est toujours la même, celle constituée par les quatre éléments : terre, eau, air et feu ; c’est, donc, quelque chose de passif, informe, inintelligible, indéterminé bien que déterminé dans chaque être concret par sa forme) ; c'est, de même, le principe des caractères individuels de toutes les choses réelles, naturelles et artificielles. Avec la forme elle est le co-principe des êtres matériels. 47 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La matière et la forme ne sont pas deux co-principes opposés qui sont exclus ou qui peuvent être scindées. Ce ne sont pas deux éléments qui peuvent physiquement être séparés; ils peuvent seulement être distingués par l'abstraction, puisqu'ils constituent une réalité unique: la matière, chaque matière concrète, chaque "ousia", parce que dans la Nature ils n'y a pas, selon Aristote, forme sans matière ni matière sans forme. Ainsi, donc, pour Aristote, ce qui est réel est ce qui est individuel, l'être qui a une unité intrinsèque entre matière et manière, la substance individuelle. THÉORIE HYLÉMORPHIQUE Il explique la composition des êtres à partir de: MATIÈRE THÉORIE PUISSANCE-ACTE Il explique le devenir des êtres comme le passage de: PUISSANCE et à FORME ACTE Il dépasse ainsi le dualisme Platonicien de la théorie des idées et concilie ce qui est permanent et ce qui est changeant. Il dépasse ainsi les arguments sur l'impossibilité du mouvement PARMÉNIDES et de ZENON. Tableau comparatif de la théorie hylémorphique et de la théorie puissance-acte d'ARISTOTE. Les deux théories sont étroitement en rapport dans la mesure où la matière est puissance, possibilité d’être, et la forme est toujours acte, réalité finie. 3. ANALYSES DU MOUVEMENT Une fois expliquée l'origine des êtres par la théorie des quatre causes, ARISTOTE aborde l'étude du changement ou du mouvement des êtres, qui a posé tant de problèmes aux philosophes précédents. Le concept de changement et ses principes Par changement ou mouvement ARISTOTE comprend toute modification que subissent les êtres dans leur façon propre d'être ou dans les aspects avec lesquels ils se présentent à nous ou dans leurs relations locales. Quand nous parlons du changement, nous comprenons communément que celuici est produit parce que quelque chose est perdu, quelque chose reste et quelque chose est acquis. Selon ARISTOTE, pour que le changement se produise ou le mouvement trois principes sont nécessaires : - La matière ou le substrat, est ce qui reste dans le changement. - La privation d'une forme, ce qu’on n’a pas encore eu, mais qui peut être acquis dans le changement. - La forme, qui est acquise, une fois perdue celle qui était précédemment possédée. 48 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Classes de changement Pour ARISTOTE il y a deux types de changement: changement substantiel (génération et corruption d'un être) et changement accidentel (modification de quelques aspects de l'être). Dans le cas du changement accidentel ce qui reste est la substance ou le sujet individuel. Plus difficile l'explication de ce qui reste dans le cas des changements substantiels. Dans ce cas, ARISTOTE parle de matière première (ou prime), substrat indéterminé susceptible de recevoir toute forme substantielle. Cette théorie du mouvement lui sert à expliquer aussi bien les changements substantiels que les accidentels : - Appliqué aux premiers elle rend possible l'apparition et la disparition de nouvelles substances (génération et corruption). - Appliqué aux changements accidentels elle explique la modification (changement dans les qualités comme couleur, parfum, saveur, forme et autres semblables) ; l'augmentation ou la diminution (changement selon la quantité) et le déplacement (changement de lieu), qui équivaut à notre concept de mouvement, plus restreint que celui d’Aristote (kínesis), qui l'applique à toute classe de changements accidentels. Au moment d'expliquer le changement, ARISTOTE utilise deux modèles d'analyse. Le premier se base d'abord fondamentalement sur la composition des êtres. Il utilise l'opposition matière- forme. Le deuxième souligne les concepts d’acte et de puissance : la matière se comporte comme puissance, qui peut être active (comme la capacité du feu de brûler) ou passive (comme la capacité de la cire d'être fondue), tandis que la forme le fait comme acte. Le mouvement est ainsi un processus dynamique entre puissance et acte: le passage de la puissance ou la possibilité à l'acte ou la réalité. Ou en d'autres termes, l'acquisition par un substrat matériel (puissance) d'une forme (acte). Étant la nature un principe de mouvement et de changement, et en nous y ayant proposé d'étudier précisément la nature, nous ne pouvons pas ignorer ce qu'est le mouvement. Donc, en ne connaissant pas ce qu'est le mouvement, nous ne connaîtrons nécessairement pas aussi ce qu'est la nature (…) Et le mouvement n'existe pas hors des choses, parce que tout ce qui change, ou bien change dans l'ordre de la substance, ou dans celui de la quantité, ou dans celui de la qualité ou dans celui du lieu (…) Or : puisque dans chacun des types ce sont des choses différentes ce qui existe en acte et ce qui existe en puissance, l'acte de ce qui existe en puissance, précisément dès qu'il est une telle puissance, c'est le mouvement. Par exemple, le mouvement de ce qui est susceptible de modification, précisément tant qu'il est altérable, c’est la modification ; et le mouvement de ce qui peut augmenter, et de l'opposé, c'est-à-dire, de ce qui est susceptible de diminution - parce qu'il n'y a pas un nom commun qui comprenne les deux processus -, c’est l'augmentation et la diminution: et le mouvement de ce qui possède la potentialité de naître et de mourir est la naissance et le décès ; finalement, le mouvement de ce qui est susceptible de transfert, est le même transfert. ARISTOTE: Physique Soulignez dans ce texte la définition de changement selon ARISTOTE. 49 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © L'UNIVERS SELON ARISTOTE Dans son oeuvre Sur le ciel, ARISTOTE expose les caractéristiques de l'univers (cosmos), dans lequel il distingue deux régions différenciées: le monde sublunaire soumis au changement et, par conséquent, à la corruption et formé par les quatre éléments, feu, eau, terre et air, et le monde supra lunaire, parfait, sans corruption possible, et formé par une substance, éther ou premier corps, que les scolastiques appelleront quintessence. Cet univers est unique, sphérique, parfait, fini dans l'espace, mais non dans le temps. Chacune de ses régions a ses lois propres, étant différentes celles du monde sublunaire, imparfaites, régies par des mouvements violents, et celles du supra lunaire, parfaites en accord avec le mouvement circulaire. Ce mouvement circulaire est, dans le mouvement local, le seul perpétuel. Mais comme tout changement requiert, pour commencer, un principe ou une cause qui le produise, il faut admettre l'existence d’une première cause ou un premier moteur. Le mouvement des sphères célestes, et avec lui celui de tout l'univers, commence dans un premier moteur, qui n'est déplacé par aucun autre et qui, par conséquent, est immobile. Ne dépendant d'aucun autre être, ce "premier moteur immobile" est éternel, nécessaire, il est séparé des choses sensibles, il manque de parties et il est indivisible et invariable. Ces thèses, qui seront maintenu pendant tout le Moyen-Âge, même s'il faut les concilier avec l'idée chrétienne de création, feront l'objet de discussion et de rejet quand GALILÉE établira que la physique céleste et la terrestre sont identiques. Activités de compréhension 1. Énumérez les différentes causes qui existent selon ARISTOTE et citez un exemple où elles apparaissent toutes. 2. Quelle relation existe-t-il entre la composition hylémorphique des êtres et le changement ? 3. Qu'est-ce que nous voulons dire quand nous parlons d'une conception téléologique de la nature ? 4. Quels sont les éléments nécessaires pour que le changement se produise? 5. Quel sera le substrat ou la matière dans un changement substantiel comme la combustion d'un morceau de bois qui se transforme en un tas de cendres ? 6. Est-ce que l'univers est un tout homogène régi par les mêmes lois? 50 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © MÉTAPHYSIQUE - THÉOLOGIE 1. La philosophie première comme théologie Nous avons déjà vu que tout ce qui se déplace, se déplace pour une cause et pour cela Aristote considère nécessaire qu'il existe une première cause de tout mouvement et qu’il appelle Dieu. La partie la philosophie première ou métaphysique qui traite de Dieu (Theos) on peut aussi l’appeler théologie. Par conséquent, la théologie est la science qui traite de Dieu, mais le Dieu Aristotélicien n'est pas un Dieu créatif parce que la matière est éternelle. Aristote conçoit Dieu comme Premier Moteur Immobile et comme acte pur. Aristote est obligé de postuler l'existence d'un Premier Moteur par la nécessité de chercher la cause de tout mouvement, c'est-à-dire, si tout ce qui se déplace (aussi bien sur la Terre comme dans les astres) doit, inévitablement, recevoir son mouvement d'un autre être, nous devons accepter l'existence d'une chaîne de mouvements qui serait prolongée jusqu'à l'infini. Pour éviter ceci Aristote suppose l'existence d'un Premier Moteur Immobile qui est le responsable du mouvement sans qu'il soit déplacé par un autre être parce que sinon nous retournerions une autre fois à une chaîne infinie. Ce Premier Moteur Immobile est la cause première de l'univers puisqu'à partir de lui commence le mouvement et le changement et à partir de ceux-ci l'univers évolue et se perfectionne. Ce Premier Moteur Immobile est éternel et il est acte pur, il ne possède pas de matière parce que s'il la possédait il serait mobile puisque toute matière est soumise au changement et il manque aussi de puissance parce que celle-ci est caractéristique de la matière puisque celle-ci est toujours puissance pour changer ou être transformée en autre chose. Étant acte pur il est aussi absolument parfait, plus que tout il est l'être plein. Mais ce Dieu est transcendant au monde et il ne le connaît même pas. Comment explique-t-on alors qu'il soit la cause du mouvement dans le monde ? Parmi les quatre causes que nous avons numéroté Dieu serait la cause finale en ce qui concerne le mouvement du monde, ce qui signifie que si le mouvement est le passage de la puissance à l'acte, tout mouvement a pour but idéal d’être acte et rien de plus qu'acte parce que le but de chaque chose est d’être acte. Pour cela Dieu est la cause finale (téléologique) parce que tout mouvement ou changement dans le monde physique est effectué afin d'obtenir la perfection idéale et d’être seulement acte (bien que nous savons déjà que ceci est impossible dans le monde physique, seulement Dieu est acte pur, mais c’est la tendance à la perfection qu’a la nature). Arrivés à ce point il convient de se demander que fait Dieu? A-t-il une certaine activité? Aristote répond que oui, que Dieu a une activité qui le caractérise et qui ne suppose pas d'avoir de la matérialité ni de la potentialité : la pensée puisque tout ce qui n'est pas penser entraîne du mouvement et Dieu est immobile, il ne peut pas non plus sentir parce qu'avoir des sentiments est une imperfection et Dieu est parfait. Il ne peut pas non plus souhaiter parce que celui qui souhaite c’est parce qu'il lui manque quelque chose et à Dieu il ne lui manque rien parce qu'il est parfait. Il ne peut pas non plus 51 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © penser au monde parce que nous avons déjà dit qu'il est étranger à lui et il ne le connaît pas et, en outre, s'il pensait les formes substantielles du monde, il y aurait des changements dans sa pensée et par conséquent en lui puisqu'il penserait maintenant sur la forme substantielle de cheval, ensuite sur la forme substantielle d'homme, sur celle du Soleil… Alors, à quoi pense Dieu? Dieu ne peut pas penser à autre chose qui ne soit luimême, il n’a que lui-même comme objet de pensée, est la "pensée de la pensée" (État noeseos). Dieu n'est qu'Essence, il n'a ni quantité ni qualité, n'est pas dans un lieu ni dans le temps, n'entretient aucune relation, n'est pas en situation, n'a aucun besoin d'agir et n'éprouve aucune passion. Pour Aristote, les astres (par leur parfaite régularité, circularité et éternité de mouvement) sont ce qu'il y a de visible parmi les choses divines. Pourtant il faut un Premier Moteur immobile à Aristote pour expliquer que "Tout ce qui est mû est mû par quelque chose", le Premier Moteur meut sans être mû. Ce Premier Moteur ne serait pas en dehors du monde car il doit y avoir un contact entre le moteur et le mobile, Aristote dit qu'il est "à la périphérie de l'Univers". Mais Aristote va bientôt nuancer cette théorie et affirmer que le Premier Moteur ne meut pas mécaniquement mais comme « désirable », comme « objet d’amour », c’est-à-dire comme cause finale. Il y a désir non réciproque. Le Dieu d’Aristote est l’idéal immobile. Que peut connaître l’homme de Dieu? Le seul prédicat dont l’homme dispose au sujet de Dieu c’est l’Essence. Dieu est « pensée de soi-même». La divinité comme principe suprême est pure forme, Dieu est pur esprit, il est à soi-même l'objet de sa pensée. Il est pure contemplation spirituelle de soi-même. Il est moteur immobile. La théorie d'Aristote implique l'indifférence de Dieu pour le monde: dieu n'intervient pas dans le cours du monde, il n'exerce pas d'influence. MÉTAPHYSIQUE - ONTOLOGIE 2. La philosophie première comme ontologie Cette seconde modalité de la philosophie première (que l’on a appelé postérieurement ontologie) sera pour Aristote la science par excellence, donc, même si d'autres sciences comme les mathématiques, la physique (philosophie naturelle) et la théologie sont aussi des sciences elles sont moins importantes puisqu'elles sont délimitées en traitant de l'être des nombres, de l'être de la nature ou de l'être de Dieu respectivement, mais l'ontologie traite de l'être en général, de l'être en tant qu’être (et non d'une région délimitée de l'être). Aristote pose comme sujet fondamental et explicite de la philosophie le sujet de l'être. Sa réflexion le porte à deux approches : 1. d'une part il essayera d'expliquer comment on peut concilier l'être et le changement, c'est-à-dire, que le changement peut être considéré un attribut de ce qui est, de la substance. Cette conciliation permettra qu'il y ait une science sur les choses qui changent, cette science sera la physique. 2. d'autre part il essayera de déterminer ce que c'est l'être, ce qu'il est compris comme être, et à ceci se consacre l'ontologie. La première question a été développée dans la physique ou philosophie naturelle, pour cela nous allons voir dans ce point comment Aristote explique la seconde approche. 52 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © "Être" est la caractéristique commune que possèdent toutes les choses ou êtres, toutes les choses "sont", d’où on pourrait conclure que c'est le genre suprême. Par exemple : chat, chien et lézard coïncident car ils sont des vertébrés ; des vertébrés et des invertébrés coïncident car ils sont des animaux, et on pourrait penser que "être" est ce dans quoi coïncident toutes les choses, le genre le plus général. Mais cela n'est pas ainsi puisque ça ne signifie pas la même chose « être » appliqué à une couleur, que « être » appliqué à un morceau de métal, que « être » appliqué à ce qui est bon, même si tous "sont". Pourquoi alors être n'est pas un genre suprême? Parce que le genre comprend ce type de choses qui sont la même chose et l'expression de l'être ne signifie pas la même chose dans tous les cas et pour cela il n'est pas un genre suprême, parce qu'il a divers sens. Par exemple, "être" ne signifie pas la même chose quand nous disons "Ceci est un cheval" (substance), que quand nous disons "ce cheval est sur la place" (lieu), que quand nous disons "Ce cheval est noir" (qualité). Un autre exemple plus clair : nous ne pouvons pas dire "ceci est un cheval et est un homme" parce que nous entrons dans le principe de non contradiction parce que dans ce cas "être" signifie la même chose: substance. Mais en effet nous pouvons dire "ceci est un cheval et il est noir" sans entrer en contradiction parce qu'ici "être" est utilisé avec un sens différent : substance et qualité. Par conséquent, l'être ne peut pas être un genre suprême parce qu'il a différents sens. Mais chaque sens qu’a l’"être" peut être groupé et dire que ce sont les genres suprêmes, par exemple, "Ceci est un cheval" et "Ceci est une vache" en effet ils ont le même sens parce que nous entrons en contradiction si nous disons "ceci est un cheval et est une vache", par conséquent ce sens de "être" est un genre suprême. Aristote appelle les différentes manières de comprendre l'être avec l'expression catégorie, par conséquent, chaque catégorie correspondra à un genre suprême. Et il trouve dix catégories ou sens différents de l'être (et, par conséquent, dix genres suprêmes) qui sont les suivants : Catégorie Substance Quantité Qualité Relation Lieu Temps Posture Possession Action Passion Exemple homme, chat… long de deux mètres, long de cent mètres… blanc, philosophe plus grand qui, moins grand qui, moitié de… à Athènes, au Lycée… hier, l'année passée… assis, debout, couché… armé, habillé… déchirer, vendre… être déchiré, être vendu 53 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Le problème d'Aristote avec les catégories : bien que nous ayons dit que les catégories sont les genres suprêmes et qu'une des choses qui les caractérise c’est qu'on ne peut pas attribuer différents caractères qui appartiennent à la même catégorie en même temps à un même individu parce que nous entrons en contradiction (il ne peut pas être dit de la même chose que c'est une vache et que c'est un cheval), toutefois, certaines des catégories de la classification précédente négligent cette norme, par exemple, en ce qui concerne la catégorie de qualité, pouvons dire d'un même individu qu'il est en même temps rouge, sucré et bon (pomme) sans que ceci suppose aucune contradiction. Ceci est du au fait que certaines des catégories ne sont pas des genres strictement parlant (parce qu'on ne peut pas être de deux genres à la fois), Aristote se rend compte de cela plusieurs fois et pour cela il reformule cette liste de catégories mais il ne trouve pas la solution définitive et il la laisse telle quelle. Mais bien que "être" ne soit pas le genre suprême puisqu’il a plusieurs sens, d’une certaine manière on peut parler d'une unité du sens du terme "être", au moins jusqu'à un certain point les différentes manières d’ «être» sont un seul. Comment expliquer ceci ? Même si « être » a une multitude de sens tous font référence à une manière déterminée d’ « être », qui pour cela est la manière privilégiée d'être, et c'est la substance. C'est-à-dire, quelque chose peut être dans le sens de qualité (être noir), mais ce noir sera seulement quelque chose s'il y a une substance qui est noire, la même chose se produit avec toutes les catégories. C'est pourquoi nous pouvons dire qu'être a plusieurs sens mais tous font référence à la substance (sans elle ils ne seraient pas), à un seul sens. Par conséquent la substance est l'être par excellence. Avec tout ce que nous avons dit sur l'être nous pouvons tirer la conclusion suivante : l'expression "être" n'est pas univoque (elle n’est pas toujours utilisée dans le même sens), elle n’est pas non plus équivoque (elle ne nomme pas des choses totalement différentes) mais elle est analogue, c'est-à-dire, elle nomme une multiplicité de choses différentes (catégories) mais en ce qui concerne quelque chose de commun (substance). Le sens analogique du terme "être" permet à Aristote d'établir d'autres classifications (manières d’être) à une partie des catégories qui sont : ¾ Être par essence et être par accident : appartient à l'essence d'homme "être un animal parlant" et par accident un homme peut être maçon, musicien, boiteux, etc. ¾ Être comme vrai et être comme faux : ce type de classification de l'être se trouve seulement dans la logique. Par exemple la déclaration "Socrate est grand" sera vraie ou faux en vertu de l'adéquation de l'attribut "grand" au sujet "Socrate". ¾ Être selon la puissance et être selon l'acte : la semence, qui en acte est semence, est, en puissance, un arbre. 54 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE L'ÊTRE HUMAIN PHILOSOPHIE. © (ANTHROPOLOGIE) L’Etre humain est pour ARISTOTE un être naturel de plus, jusqu'au point que dans son explication il utilise aussi la théorie hylémorphique: l'être humain est composé de matière et de forme. La matière est identifiée avec le corps et la forme, avec l'âme. Mais ARISTOTE comprend l'âme comme un principe de vie et comme tel elle n'est pas exclusive de l'être humain, mais l'attribut de la nature animée. La théorie d’Aristote de l'âme représente ainsi une espèce d'animisme biologique, puisqu'elle reconnaît, à tous les niveaux de vie, des principes vitaux différents aux corps, qui sont les âmes. LA THÉORIE DE L'ÂME ARISTOTE distingue trois types d'âme, qui dirigent, respectivement, les activités végétatives, sensitives et les intellectuelles chez les êtres vivants. Cette différenciation d'âmes lui permettra d'expliquer l'échelle des êtres vivants, puisque tous ne possèdent pas les trois âmes. Il considère que les deux premières (végétative et sensitive) sont unies nécessairement au corps, tandis que l'âme intellectuelle est séparable du corps et, pour cette raison, pourrait être considérée immortelle. Les différents types d'âmes forment, donc, une série telle que le type supérieur présuppose toujours l'inférieur, mais non à l’inverse. ¾ La forme inférieure est l'âme nutritive ou végétative, qui exerce les fonctions d’assimilation et de reproduction. Elle est propre des plantes, tandis que, dans les autres êtres vivants, ses fonctions sont assumées par les autres types d'âme. ¾ Les animaux possèdent de l'âme sensitive, qui leur permet d'avoir une perception sensible, désir, mouvement local et, dans beaucoup de cas, imagination et mémoire. ¾ Le degré supérieur dans l'échelle est occupé par la raison, que parfois ARISTOTE appelle entendement. Celle-ci assume les fonctions végétatives et sensitives, et en outre rend possible la pensée scientifique ou la connaissance théorique, qui cherche la vérité en elle, et la pensée pratique, connaissance qui cherche la vérité en vue du comportement pratique. Il s'ensuit que l'activité spécifique de l'être humain ou l'activité rationnelle est d’atteindre le bonheur au moyen d'une vie consacrée à la culture de la raison. 55 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © ARISTOTE maintient la conception de Platon de l'homme comme composé d’âme et de corps. Mais dans son explication de la relation entre ces deux éléments il diffère de celui-ci, puisqu'en appliquant la théorie hylémorphique à l'homme il le présente comme une unité substantielle, un être individuel. D'où on déduit la mortalité de l'être humain, puisque l'âme, forme et acte du corps, est indissolublement uni à celui-ci, qui est élément matériel et puissance. La matière est puissance tandis que la forme est acte, et puisque, en fin, le composé de toutes les deux est l'être animé, le corps ne constitue pas la forme de l'âme, mais, au contraire, celle-ci constitue l'entéléchie (forme ou acte) d'un corps. Précisément par ceci ont raison ceux qui jugent que l'âme n’existe pas sans corps, ni est en elle-même un corps. Elle n’est pas, évidemment, mais bien quelque chose du corps, et il s'ensuit qu’elle soit donné dans un corps et, plus précisément, dans un certain type de corps: non comme nos prédécesseurs qui la plaçaient dans un corps sans nuancer absolument dans quel corps et de quelle qualité. ARISTOTE : De l'âme Pourquoi il ne peut pas y avoir une âme sans un corps ? Quelle théorie de l'âme critique de manière implicite ARISTOTE ? Activités de compréhension 1. Comment applique ARISTOTE la théorie hylémorphique à l’être humain ? 2. Combien de types d'âme distingue ARISTOTE ? Comment les appelle-t-il ? Quelles sont leurs fonctions ? 3. Quelle différence y a-t-il entre les animaux et les plantes ? Et entre les hommes et les animaux ? 4. Peut-on parler d'immortalité de l'âme dans la conception aristotélicienne?Pourquoi? 56 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE THÉORIE DE LA CONNAISSANCE PHILOSOPHIE. © (ÉPISTÉMOLOGIE) Pour ARISTOTE, tous les êtres vivants ont un certain type de connaissance en accord avec les fonctions propres de chacun d'eux. Il distingue, ainsi, plusieurs niveaux qui vont depuis la simple connaissance sensorielle jusqu'à la connaissance intellectuelle. Toutefois, ce qui réellement l’intéresse c’est de répondre à la question de quel est le modèle de connaissance qui permet la recherche scientifique, qui est l'activité la plus caractéristique de l'être humain. ARISTOTE reprend l'héritage intellectualiste de SOCRATE et de PLATON, qui soulignent la supériorité de la connaissance intellectuelle sur la sensible. Mais contrairement à PLATON, pour lequel cette dernière est seulement une mémoire de la réalité considérée par l'âme dans son parcours par le monde des Idées, ARISTOTE part des données que lui fournissent les sens. Pour lui, l'expérience, le contact avec la réalité, est le point de départ de toute connaissance. Il écarte la préexistence de l'âme et, par conséquent, la possibilité que celle-ci ait considéré ce qui est. De là, la grande valeur qu’il donne aux sens. De ceux-ci part la connaissance face à PLATON, pour qui ce sont seulement des instruments qui ouvrent la porte de la mémoire. CONNAISSANCE SENSIBLE La connaissance sensible est le premier niveau de connaissance que distingue ARISTOTE. Il se trouve aussi chez les animaux. C'est le niveau le plus élémentaire de la connaissance et son fondement est la sensation. La sensation est l'exercice de la faculté sensible qui permet de recueillir les qualités des objets. Cet exercice est mené à bien à travers les sens. ARISTOTE distingue entre des sens propres, spécialisés dans un type de sensation: vu, audition, odorat, goût et tact, et un sens commun qui est sous-jacent à tous les sens et permet d'effectuer certaines opérations comme recueillir des volumes, des figures, des mouvements, etc.. ARISTOTE affirme que, dans l'être humain, ce "sens commun" permet de coordonner les autres sens et de percevoir les sensibles communs. Le sens commun effectue une fonction unificatrice, compare les diverses données et les intègre et conserve sous forme d'images en rapport avec la mémoire. L'imagination joue un rôle important dans la connaissance humaine, parce qu'en permettant la reproduction mentale d'objets perçus précédemment en l'absence de ces derniers elle permet, selon ARISTOTE, le travail de l'entendement ou la capacité de penser et de juger. Cette activité est renforcée par la mémoire, qui permet d'accumuler et de mettre à jour des images passées. Tous les hommes souhaitent par nature savoir. Ainsi l'indique l'amour aux sens; donc, en marge de leur utilité, ils sont aimés en raison d’eux-mêmes, et le plus aimé de tous, celui de la vue. En effet, non seulement pour agir, mais aussi quand nous ne pensons rien faire, nous préférons la vue à tous les autres. Et la cause est que, des sens, celui-ci est celui qui nous fait connaître plus, et il nous montre beaucoup de différences. ARISTOTE : Métaphysique Pourquoi ARISTOTE donne-t-il sa préférence à la vue sur les autres sens? 57 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © CONNAISSANCE INTELLECTUELLE Le degré supérieur de la connaissance est la connaissance intellectuelle. C'est une forme de connaissance propre des êtres humains. Elle est développée par la raison, faculté discursive, qui travaille en développant des raisonnements et rend possible la science. Cette faculté permet d'établir des hypothèses et d'émettre des jugements. Pour cela elle s'appuie sur les images stockées, qui, à leur tour, proviennent de sensations préalables. De cette manière, l'imagination se transforme en intermédiaire entre la sensation et la pensée, en rendant possible l'opinion, la science et l'intellection. * La science, qui est toujours vraie, est établie par démonstration et a pour but de connaître ce qui est universel ou le concept des choses, que la raison agissante obtient par abstraction. * Intellection: Connaissance intuitive ou pensée pure, en grec État, qui est celle qui peut connaître les premiers principes. Abstraction: Dans la connaissance on utilise avec la signification de séparer ou mettre de côté ce qu’on estime qui est une caractéristique ou une propriété commune à plusieurs objets; par exemple, la couleur verte des feuilles des arbres. On considère, alors, ce qui est mis de côté comme quelque chose de "général" ou d’"universel". ARISTOTE distingue deux classes de raison: active, "la raison agent", et l’autre passive, “la raison patient". Sur la raison patient il dit qu'il faut supposer qu'elle est comme un panneau dans lequel rien n’est écrit jusqu'à ce que la raison agent "écrive" ce qui est intelligibles ou les concepts universels des choses. Celle-ci est la raison qui nous fait des êtres pensants. Il s'avère difficile de comprendre la nature de cette raison agent aristotélicienne et de l'identifier avec quelque chose propre de l'âme de l'individu. Ceci est ce que prétendaient les interprètes chrétiens d'ARISTOTE, intéressés à demander l'autorité du philosophe en appui de la croyance dans la survie de l'individu après la mort. De fait, d'autres commentateurs d'ARISTOTE verront dans l'entendement ou intellect agent quelque chose qui, même en étant dans chaque homme, est, toutefois, de nature non personnelle: une réalité spirituelle qui pénètre l'individu concret, et dont l'immortalité ne garantit pas, par conséquent, sa survie. Activités de compréhension 1. Quelle est la différence entre PLATON et ARISTOTE sur l'importance des sens? 2. Quel rôle exerce l'imagination dans la théorie de la connaissance d'ARISTOTE ? 3. Quel est le degré supérieur de connaissance selon ARISTOTE? 4. Quel est l'objet de la science? 5. Quelles interprétations peuvent être données sur la raison agent aristotélicienne? 58 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © ÉTHIQUE Et POLITIQUE Éthique et politique sont, pour ARISTOTE, des aspects inséparables d'une même réalité. Supposer le contraire serait admettre que la vertu et le bonheur des individus sont possibles en marge de la vie de la polis dont l'homme, comme animal politique * qu’il est, fait partie par exigence de sa nature propre. En accord avec la classification que fait ARISTOTE, morale et politique sont les deux sciences pratiques qui s'occupent des actions humaines. Dans la morale il part de l'analyse de la nature humaine et dans la politique, de l'analyse de régimes politiques concrets. ARISTOTE, dans sa Politique, pose les mêmes problèmes que son maître PLATON dans la République, mais apporte des innovations remarquables tant dans l'ordre méthodologique comme dans celui des idées. Dans l'Éthique il s'occupe des actions humaines quand celles-ci conduisent au bien de l'homme, dernière fin qu'il doit atteindre. Animal politique: En Grec zoon polifkon. Expression crée par ARISTOTE pour se référer à l’être humain comme un être qui peut seulement acquérir sa plénitude dans la "polis", c'est-à-dire, par rapport aux autres citoyens. LA THÉORIE MORALE L'éthique s'occupe des actions humaines quand elles conduisent au bien de l'homme. Pour déterminer quel est ce bien, ARISTOTE part de la considération de l'homme comme être naturel. Tout être naturel se dirige à une certaine fin. Cette fin consiste en l'autoréalisation, ce pourquoi il peut être défini comme le bonheur ou la perfection. Toutefois, face à ce qui se produit dans la nature, dans la vie sociale nous parlons de différentes fins des actions, qui sont subordonnées les unes aux autres. La discussion s'établit alors autour de quelle fin ou bien on doit subordonner les autres. Le bonheur comme fin de toutes les actions « Une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’une seule journée de soleil ; de même ce n’est ni un seul jour ni un court intervalle de temps qui font la félicité et le bonheur » "Plus notre faculté de contempler se développe, plus se développent nos possibilité de bonheur et cela, non par accident, mais en vertu même de la nature de la contemplation. Celle-ci est précieuse par elle-même, si bien que le bonheur, pourrait-on dire, est une espèce de contemplation" "S'il n'y a de nos activités quelques fin, que nous souhaitons pour elle-même, tout le reste n'étant souhaité seulement que pour elle, il est clair que cette fin ne saurait être que le bien, le souverain bien" in Ethique à Nicomaque. 59 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Ce que veut dire Aristote c’est que le bonheur, en tant que bien, n’est pas un moment de plaisir; que le plaisir ne peut constituer le critère de moralité de nos actions parce qu’il est trop tributaire de ce qui survient et passe. Le plaisir passe mais le bonheur reste (une fois acquis). En fait, quel est le but de l’homme ? Pour Aristote le but de l’homme est la vie heureuse, le « bien vivre », ce que tout le monde appelle le bonheur. Mais c’est quoi le bonheur ? Là, on n'est plus d’accord entre nous, certains voient le bonheur dans les biens matériels, d’autres dans les honneurs, d’autres (plus rares ?) dans une vie de contemplation. Qui a raison, qui a tort ? Aristote reconnaît dans une certaine mesure que les biens matériels ou les honneurs peuvent être des conditions au bonheur humain, mais dans une certaine mesure seulement car pour lui le vrai bonheur est celui que procure l’exercice de la plus haute faculté en nous : l'intellect. Là où Aristote nous fait chaud au cœur c’est qu’il est bien conscient que l’homme n’est pas Dieu et que donc il ne peut pas négliger les fonctions inférieures à celle de l’intellect, après tout seul Dieu est intellect pur! Le bonheur est le Souverain Bien, on est tous d’accord, mais pourquoi est-ce un souverain bien ? Aristote nous dit que c’est parce qu’il est une fin qui se suffit à elle-même, « nous le choisissons toujours pour lui-même et pas en vue d’autre chose ». Le bonheur est donc la fin ultime de nos actions. Cette fin ne peut consister que dans une activité excellente, et l’activité la plus excellente pour l’homme est celle par où «il accomplit sa nature et réalise son essence»: la fin de l’homme, c’est le bonheur, le bonheur est le Bien Suprême, et le Bien Suprême de l’homme, c’est d’accomplir la tâche qui lui est essentielle. Tout ça c’est bien joli, mais reste à savoir ce qu’est cette fonction propre de la nature humaine. L’homme se distingue des plantes et des animaux par la fonction rationnelle de son âme, donc la fonction propre de l’homme « consiste dans une activité de l’âme conforme à la raison ». En clair ça veut dire dans une activité pratique morale où les actions s’accompagnent de raisons. Aristote conclut donc que le Souverain Bien consiste dans une activité raisonnable et vertueuse. Le bonheur parfait réside dans une vie contemplative, pour lui la fonction propre de l’homme consiste dans l’exercice de sa pensée (dans l’activité de l’intellect). Notons encore que le bonheur doit toujours être envisagé comme acte et pas comme terme de l’action (une sorte d’état de repos) ; car la perfection n’est jamais dans le repos mais toujours dans un acte qui réalise l’essence. Vie contemplative mais vie active ! Sachons encore que tout le monde n’est pas apte au bonheur, certes il est accessible au plus grand nombre mais Aristote nous dit que, par exemple, l’absence de beauté (considéré comme un bien extérieur) peut être un obstacle au bonheur… 60 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © En résumé... Le souverain bien, c'est ce à quoi l'homme aspire, comme à une fin dernière qui lui procurerait une satisfaction totale. La grande question de toute la vie morale est : "quel est, de tout les biens réalisables, celui qui est le bien suprême". Pour Aristote, c'est le bonheur et il ajoute que tous les hommes sont d'accords sur ce point. Mais qu'est ce qu'est le bonheur : "il faut dire clairement qu'elle est la nature du bonheur, peut être pourrait on y arriver si on déterminait la fonction ou la tâche de l'homme". Quelle est l'activité propre de l'homme ? Définition de l'ergon : l'ergon d'un être, c'est sa fonction, sa tâche, son œuvre propre, tout être a une tâche à accomplir, existe pour cette tâche et c'est à l'accomplissement de cette tâche qu'on reconnaît ce qu'il est vraiment. Par exemple, l'ergon de l'oeil est de bien voir. L'ergon de l'homme, ce n'est pas la tâche de la vie animale ou de l'âme végétative, vivre au sens biologique du terme, mais c'est la tâche de la partie rationnelle (exister au sens humain du terme) seule l'homme possède la raison, accomplir sa tâche d'homme, c'est exercer cette raison, c'est donc penser. Il ne faut pas que l'homme accomplisse sa tâche n'importe comment mais bien. L'activité de la pensée, pour être réussie et donc heureuse, doit être, non pas quelconque mais de la meilleure qualité, hors l'homme n'accomplira bien sa tâche qu'en mettant en œuvre la vertu. Le souverain bien pour Aristote c'est une activité de la pensée selon la vertu. Théorie de la vertu Travailler au bonheur consiste dans «une activité sérieuse» celle qu’exerce l’homme vertueux. Aristote a donc définit ce qu’est une action vertueuse et donc ce qu’est la vertu, ainsi il définit aussi ce qu’est une action bonne. Pour Aristote est vertueuse toute action excellente, une chose accomplit sa vertu lorsqu’elle remplit la fonction que lui définit son essence. Et cette vertu se définit comme : a) une disposition: Dans une disposition car c’est par notre attitude que l’on est vertueux (on ne naît pas vertueux, on le devient). De plus la vertu ne peut être une disposition passagère, l’homme vertueux l’est toujours ou ne l’est pas (c’est plutôt exigeant...). Donc on aura compris que c’est en répétant des actes vertueux que nous acquérons nos dispositions à la vertu, mais cette répétition doit aussi être accompagnée de l’intention d’agir dans le sens de la vertu. b) un milieu: Dans un milieu, ou plus exactement un juste milieu entre l’excès et le défaut. Donc la vertu morale ne sera pas la même pour tous, il y aura « une mesure propre à chacun ». Par exemple, l’homme qui est excessivement gourmand ne fournira pas le même effort que l’anorexique pour refuser de se servir pour la dixième fois de gâteau au chocolat. Ici c’est le juste milieu entre la boulimie et l’anorexie qui est recherché. Mais il faut bien saisir que ce juste milieu ne signifie pas "une morale de la médiocrité", en effet "ce qui est un milieu du point de vue de l'essence est un sommet du point de vue de l'excellence". C'est un optimum plus qu'un maximum. Il ne s'agit pas d'une morale centriste prêchant la modération, puisque Aristote précise que "la médiété est un extrême" (II, 6, 110723), parce que le courage se situe à l'extrême opposé aussi bien de l'excès (la témérité) que du défaut (la couardise). C'est pourquoi la médiété est "la perfection”, la plus difficile à atteindre. 61 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Le juste milieu est un élan vers le meilleur possible qui tient compte et des passions (car elles font partie de notre nature) et de la raison qui doit les diriger et en faire bon usage. Tous les hommes, si l'on excepte quelques "monstres moraux" naissent avec, à l'état d'ébauche, les traits caractéristiques de chaque vertu éthique. Mais l'éducation doit renforcer ces bonnes tendances, car on ne peut plus grand chose contre un "état habituel" une fois qu'il est enraciné dans le sujet. L'état habituel correct nous pousse à choisir une médiété, c'est-à-dire un état intermédiaire entre deux extrêmes. De tout ceci, il convient de retenir que la vertu est la condition du bonheur. L'habitude, la disposition, le caractère Il faut toujours garder en mémoire l'un des points défendu par Aristote : "c'est par l'exercice des actions particulières que l'homme acquiert un caractère du même genre qu'elle", ou plus simplement : "la disposition du caractère se définit par ses activités." Vertu et vice ne sont pas tant affaire de nature que d'habitude. Ce ne sont pas des qualités déjà données mais des qualités devenues. La vertu est un état habituel acquis par la répétition d'acte vertueux. L'homme doit prendre l'habitude d'obéir à la partie rationnelle de son être. Ainsi, l'obéissance à la raison deviendra de plus en plus facile. Le sujet vertueux accomplit des choses vertueuses de façon régulière, et surtout il s'établit entre les choses vertueuses et lui-même une sorte de parenté, d'affinité : il se tourne maintenant volontiers vers elles, il ne fait pas les choses morales pour quelques intérêts, par simple obligation, mais pour leur caractère moral, il ne fait pas les choses pour les conséquences pratiques mais faire quelques chose pour la beauté du geste. Par exemple, le courage : "Prenons pour définition qu'être courageux, c'est tenir bon au combat. On peut le faire : pour les honneurs civiques: on est alors bon citoyen, mais n'ont pas courageux au sens propre. parce que l'on a l'expérience du danger: on est alors un homme de métier, mais non précisément courageux. parce qu'on méconnaît la réalité du danger: on est alors un sot et non pas un homme. L'homme est courageux quand il tient bon pour la beauté du geste, parce que c'est bon". Autrement dit, pratiquer la vertu c'est le faire pour la beauté qui est immanente aux choses vertueuses. 62 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © LA THÉORIE POLITIQUE ARISTOTE, fidèle au modèle empirique qui caractérise sa forme de recherche, part, dans l'élaboration de sa théorie politique, d'une analyse rigoureuse de 158 Constitutions écrites qui rassemblaient des formes d'organisation politique concrètes. À partir de là, il essayera de trouver des solutions aux problèmes posés dans la "polis" grecque, en laissant inspirer, au-delà de toute idéalisation au style Platonicien, par un esprit fondamentalement réaliste et pragmatique. Il considère le fait de vivre en société comme quelque chose naturel à l'homme, en soulignant la primauté de la polis - le cadre de la coexistence politique - au-dessus d'autres formes de relation sociale, comme le village ou la famille. ARISTOTE consacre une grande partie de son oeuvre Politique à faire des recherches sur le concept de citoyen et sur les conditions et les vertus qui exige être des citoyens, et, surtout, répondre à la question de quel est le régime politique meilleur. Il considère donc que ce qui justifie moralement une forme d'organisation politique est qu'il serve au "bien commun". La ville et les citoyens Pour ARISTOTE, la forme naturelle de groupement humain est déterminée en fonction de la capacité pour satisfaire les nécessités des hommes. La "maison" est la communauté primitive qui rend possible de couvrir les nécessités de base et quotidiennes de l'homme. Cette "maison" est ce que nous comprenons par "famille" au sens large, puisque entre leurs membres se trouvent des parents avec des liens de sang, mais aussi des esclaves, c'est-à-dire, elles sont constituées aussi par tous ceux qui vivent ensemble et forment en ce sens une unité économique de base. Mais seulement dans la "ville" comprise dans le sens de ville-état grecque l'homme peut se développer pleinement. C'est pourquoi, pour ARiSTOTE, l'État est aussi une Communauté naturelle, contre l'avis de quelques sophistes qui le considéraient une création conventionnelle. L'État est un tout dont l'individu, la famille et le village sont seulement une partie. Dans son analyse des relations sociales, il payera, toutefois, un haut impôt à la mentalité dominante de son époque en justifiant comme quelque chose d’exigé par la nature l'existence de l'esclavage, même s'il reconnaît des cas d'esclavage qui sont le fruit de la violence et qu’il admette que certains ont celui l'âme libre et le corps d'esclave, ou vice versa. Parce que ce qui le préoccupe de déterminer de cette institution naturelle est ce qui transforme un homme en membre de plein droit de la ville, c'est-à-dire, en citoyen : "on n'est pas de citoyen par le fait d’habiter dans un emplacement déterminé", dit ARISTOTE, "car les étrangers et les esclaves résident aussi dans la ville et ne sont pas des citoyens, ni non plus par le fait de jouir de certains droits". 63 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Citoyen est seulement celui qui prend part à l'administration de la justice et au gouvernement de la ville. Cette participation du citoyen dans l'administration de la justice et dans le gouvernement est consacrée à atteindre la fin propre de la ville, qui est le bien commun des citoyens. L'homme est le seul animal qui a la parole. La voix est signe de la douleur et du plaisir, et c'est pourquoi les autres animaux l’ont aussi, parce que leur nature arrive à avoir des sensations de douleur et de plaisir et pouvoir le signifier aux autres ; mais la parole est pour manifester ce qui est nécessaire et ce qui est nuisible, ce qui est juste et ce qui est injuste, et elle est exclusive de l'homme, face aux autres animaux, il est le seul à avoir le sens du bien et du mal, de ce qui est juste et de ce qui est injuste, etc., et la Communauté de ces choses est ce qui constitue la maison et la ville. ARISTOTE: Politique Comment ARISTOTE justifie-t-il la sociabilité naturelle de l'être humain? La Communauté constituée naturellement pour la satisfaction des nécessités quotidiennes est la maison et la première communauté constituée par plusieurs maisons en vue des nécessités non quotidiennes est le village (…) La Communauté parfaite de plusieurs villages est la ville, qui a, pour ainsi dire, toutes les suffisances, et qui est apparue en raison des nécessités de la vie (…) La ville est par nature antérieure à la maison et à chacun de nous, parce que le tout est nécessairement antérieur à la partie. Il est évident, donc, que la ville est par nature et antérieure à l'individu parce que, si l'individu séparé ne se suffit pas à lui-même, il sera semblable aux autres parties par rapport au tout, et celui qui ne peut pas vivre en société, ou n'a besoin de rien pour sa propre suffisance, n'est pas membre de la ville, mais une bête ou un dieu. ARISTOTE: Politique Quels arguments donne ARISTOTE pour justifier que la ville est antérieure à l'individu? 64 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © CARACTÉRISTIQUES des FORMES POLITIQUES CHEZ ARISTOTE Ordre de Régimes conformes à la justice Régimes despotiques forme de gouvernement Fin auquel il tend Souverain Monarchie Intérêt commun un individu 2º Aristocratie Intérêt commun 3º Démocratie Intérêt commun la minorité (élite) la majorité 4º Tyrannie 5º Oligarchie Intérêt des riches 6º Démagogie Intérêt des pauvres perfection 1º Intérêt du monarque un individu la minorité (riches) la majorité ARISTOTE effectue une classification des régimes politiques en distinguant les formes qu’il considère étant conformes à la justice, et les despotiques, qui sont contraires à la justice. Il utilise un double critère de classification: la forme de gouvernement et la fin à laquelle tend ce gouvernement. Les régimes politiques ARISTOTE présuppose qu'il y a diverses façons d'organiser la ville, qui peuvent avoir pour but d'obtenir le "bien commun", et que toutes sont des correctes si elles accomplissent cette fonction. Ce qui élimine un régime politique du point de vue moral c’est qu'il n'exerce pas le pouvoir en fonction du bien commun. Pour ARISTOTE, tous les régimes politiques qui se proposent le bien commun sont corrects du point de vue de la justice absolue, et ceux qui tiennent compte seulement du bénéfice des dirigeants sont défectueux ou despotiques. Tous sont des déviations des régimes corrects. Il considère que l'existence réelle de divers régimes politiques dépend de l'organisation sociale et économique de chaque État. Selon cette organisation, le régime politique qui convient au groupe social dominant sera différent. 65 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La forme de gouvernement idéal pour ARISTOTE est un mélange d’aristocratie et de démocratie, parce qu'elle évite les extrêmes. Dans celle-ci, les droits politiques appartiennent aux couches de population libres, de situation économique moyenne. À cette organisation politique idéale il lui donne le nom de politeia (république): "Une république bien mélangée - nous dit ARISTOTE dans la Politique - doit paraître être à la fois les deux régimes et aucun, et se conserver par elle-même et non de l'extérieur, et par elle-même non parce que ceux qui veulent ce régime soient majorité (cette condition pourrait se donner dans un mauvais régime), mais parce qu’aucune des parties de la ville ne veut un autre régime ". Cette solution est une démocratie de classes moyennes, parce que la classe moyenne, dans toute société, se comporte généralement comme facteur stabilisateur, en garantissant la paix : "la ville doit être constituée d'éléments égaux et semblables dans le plus grand degré possible, et cette condition est spécialement donnée dans la classe moyenne, de sorte qu'une ville soit ainsi nécessairement mieux régi". Malgré la préférence d'ARISTOTE pour ce type de régime, il se montre partisan d'un "possibilisme politique" qui l'amène à affirmer que le meilleur gouvernement est celui qui s'adapte le mieux aux caractéristiques naturelles de chaque peuple. Activités de compréhension 1. Définissez, dans le contexte de l’unité, les termes suivants et les expressions: activité théorétique – autarcie - citoyen - éthique - bonheur - oligarchie - politeia politique - tyrannie - vertu. 2. Quel est le rapport entre l'éthique et la politique? Qu'ont-elles en commun? 3. En quoi que consiste le véritable bonheur pour ARISTOTE? 4. Expliquez la signification de cette affirmation d'ARISTOTE: "la vertu est dans le terme moyen". Donnez un exemple. 5. Qu'est-ce qui caractérise le citoyen selon ARISTOTE? 6. Décrivez le système politique que défend ARISTOTE. 66 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © SCHÉMA ARISTOTE Concept de science Philosophie première Physique Anthropologie Théorie de la connaissance Éthique Politique Connaissance de tous les aspects de la réalité Savoir théorique qui part de l'observation et le recueil de données articulé dans des sciences particulières Science générale de l'être - Substance et accidents Classification des êtres - Être en acte et être en puissance - Être artificiel et être naturel Étude des êtres naturels soumis au changement Causes de l'être: matériel, formelle efficace et finale Composition des êtres (hylémorphisme): matière et forme - Passage de l'être en puissance à être en acte Explication du changement - Changement substantiel - Changements accidentels: qualitatif, quantitatif et local Monde sublunaire Structure de l'univers Monde supra lunaire Premier moteur immobile Application à l'homme du modèle hylémorphique Corps (matière) L'être humain composé Âme (forme) végétative, sensitive, intellect Unis substantiellement Élaboration des concepts à partir de l'expérience Sensible : sensation, imagination et Types mémoire Intellectuelle : permet la science Réalisation morale de la perfection individuelle le bien, fin des actions humaines le bonheur comme bien : idéal autarcique qui consiste en l'exercice de l'activité contemplative la vertu, stratégie pour atteindre le bonheur: habitude qui consiste dans un moyen terme dans l’action la recherche du bien commun la ville, lieu où on atteint le bien commun le citoyen prend part l'administration de la justice et au gouvernement de la ville Sont préférables ceux qui veillent à l'intérêt commun Régimes politiques le meilleur est en théorie la république: dans la pratique, celui qui convient mieux à chaque peuple 67 Mcco(2010) IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © IDÉES FONDAMENTALES 1. Aristote, disciple de Platon, a rejeté les idées philosophiques de celui-ci, et a été à l'origine d'un courant de pensée différente. 2. Seulement une partie minimale de l'oeuvre aristotélicienne est arrivée jusqu'à nous. Celle-ci a été systématisée et ordonnée par Andronicos de Rhodes au Iº siècle av. J.C. 3. En logique, Aristote a été le premier philosophe occidental la considérer par ellemême, indépendamment de son contenu, la pensée; sa contribution principale à ce sujet a été le syllogisme. 4. La science se fait au moyen de démonstrations qui sont fondées sur des vérités, “premières, immédiates, plus connues, antérieures et qui sont les causes de la conclusion”. 5. La conception de la réalité d'Aristote a été profondément conditionnée par ses connaissances biologiques. À ce sujet il a établi une différence essentielle entre les êtres par physis ou naturels et les êtres par technè ou artificiels. Ce sont des êtres par physis ceux qui possèdent un principe intrinsèque de mouvement. 6. Il a conçu le mouvement comme passage de la puissance à l'acte et il a distingué entre mouvement substantiel et accidentel, et celui-ci entre quantitatif, qualitatif et local. 7. L’hylémorphisme est la théorie qui maintient que les êtres sont composés de matière et de forme. 8. Dans le surgissement de l'Être interviennent quatre causes: deux intrinsèques (matérielle et formelle) et deux extrinsèques (efficiente et finale). 9. L'étude du mouvement s’est terminée dans l'idée du Moteur Immobile. Selon Aristote, si le mouvement est éternel il doit exister un moteur qui le soit aussi, de cette manière on affirme l'existence du moteur Immobile. Dieu? 10. Il a appelé Philosophie première la science "de l'être en tant qu'être et aux conditions qui lui correspondent". Mais nous trouvons deux significations de Être, à savoir ; a) être au sens analogue et universel applicable à une pluralité potentiellement infinie d'êtres ; b) être renvoyé à Être Suprême (le Moteur Immobile ou la Substance Divine). 68 Mcco(2010)