J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 183
poids, la taille, les antécédents médicaux, la classe ASA
ainsi que le type de chirurgie.
1-2-2 Description de la technique
Le bloc iliofascial est réalisé en préopératoire, sous moni-
torage cardiorespiratoire (électrocardioscope, pression
artérielle non invasive et saturation pulsée en oxygène).
Le patient est installé en décubitus dorsal, le membre
inférieur à opérer en légère abduction. Après repérage de
l’épine iliaque antérieure et supérieure et de l’épine du
pubis, la projection cutanée du ligament inguinal est des-
sinée sur la peau puis désinfectée. Le point de ponction
est situé 0,5 cm en dessous de l’union du tiers externe et
des deux tiers internes de cette ligne, à une distance d’en-
viron 3 cm de l’artère fémorale. La ponction est réalisée
selon un angle de 45° par rapport au plan cutané en direc-
tion céphalique à l’aide d’une aiguille de 50 millimètres,
22 Gauge, à biseau court reliée à un neurostimulateur. Un
premier ressaut est perçu lors du passage du fascia lata,
puis un deuxième traduit le franchissement du fascia ilia-
ca. La solution anesthésique faite d’un mélange à parts
égales de bupivacaïne à 0.5% et de lidocaine à 2 % adré-
nalinée au 1/200000, est injectée lentement après obten-
tion d’une réponse motrice du type fémoral (ascension de
la rotule) persistante à une faible intensité de neurostimu-
lation (inférieure à 0,6 milliampères). L’injection de la
solution anesthésique est précédée d’un test d’aspiration
et d’une dose-test de 1ml de cette solution. Le volume
total de la solution anesthésique injectée, est de 0,4ml/kg.
1-2-3 Critères d’évaluation
Nous avons évalué :
a) Les caractéristiques techniques du bloc incluant le
temps de réalisation du bloc (ponction-injection), la pro-
fondeur de l’espace d’injection mesurée à l’aide d’une
réglette, l’intensité minimale de neurostimulation à
laquelle persiste une ascension de la rotule et le délai
d’installation de l’analgésie.
b) L’étendue de l’analgésie
Les territoires sensitifs innervés par le nerf fémoral, cuta-
né latéral de la cuisse et obturateur ont été étudiés. Ces
territoires correspondent respectivement à la face anté-
rieure, la face externe et la face interne de la cuisse.
L’évaluation de l’analgésie est faite par le test du « pique-
touche » répété toutes les deux minutes jusqu’à vingt
minutes après l’injection de la solution anesthésique.
L’effet analgésique, au niveau d’un territoire donné est
retenu quand le patient ne fait plus la différence entre la
piqûre et le toucher.
c) Les éventuels incidents survenus : paresthésies, héma-
tome, malaise vagal …
RÉSULTATS
Nous avons inclus dans cette étude 25 patients consécutifs.
2-1 Données générales
L’âge moyen des patients était de 55 ± 22 ans avec un sex
ratio égal à 1,1. Le poids moyen était de 71 ± 12 kg et la
taille moyenne de 163 ± 9 cm. La majorité des patients
était classée ASA I (76 %).Des antécédents de diabète
sucré et ou d’hypertension artérielle étaient relevés chez
6 patients. La chirurgie des fractures fémorales était le
type de chirurgie le plus fréquent (figure 1).
2-2 Caractéristiques techniques du bloc
Le temps de réalisation de la technique était de 6 ± 2
minutes. La profondeur de l’espace d’injection de la solu-
tion anesthésique était de 30 ± 6 mm. L’intensité mini-
male de neurostimulation à laquelle persiste une ascen-
sion de la rotule était de 0.35 ± 0.11 milliampères. Le
délai d’installation de l’analgésie était de 10 ± 4 minutes.
2-3 Etendue de l’analgésie (Tableau I)
2-4 Incidents
Aucun incident n’a été relevé lors de la ponction, ni après
la réalisation du bloc analgésique.
3 DISCUSSION
Plusieurs techniques d’analgésie postopératoire sont pro-
posées pour la chirurgie du membre inférieur, mais aucu-
ne d’elles ne donne une réelle satisfaction. En effet,
l’analgésie procurée par l’administration auto- contrôlée
de morphine est moyenne après prothèse de hanche et
toujours insuffisante après chirurgie du genou [6].
L’analgésie péridurale aux morphiniques s’associe à une
fréquence élevée d’effets secondaires tels l’hypotension
artérielle, le prurit et la rétention urinaire [7]. La sur-
veillance du patient doit être rapprochée, ce qui est
incompatible avec le nombre souvent insuffisant d’ infir-
miers dans les services de chirurgie [8]. De plus la
réalisation technique de l’analgésie péridurale nécessite
une mobilisation du patient qui peut être très douloureu-
se et parfois dangereuse en cas de fracture du col du
fémur. Enfin, après prothèse de hanche, le bloc bilatéral
qu’entraîne la péridurale constitue un inconvénient puis-
qu’il peut empêcher la mobilisation précoce [9].
Les abords postérieurs du plexus lombaire [10-12] sont
très efficaces, mais dangereux [12-14].
L’abord antérieur para vasculaire de Winnie [4] offre une
analgésie unilatérale, mais d’extension très variable [5,
15], conduisant certains auteurs à rebaptiser ce bloc : « 2
en 1 » plutôt que « 3 en 1 ».
En 1989, Dalens a décrit chez l’enfant un nouvel abord
antérieur du plexus lombaire : le bloc iliofascial [16].
Cette technique consiste à injecter un volume suffisant
d’anesthésique local dans un espace de diffusion compris
entre le fascia iliaca et le corps du muscle iliopsoas.
Ainsi, Dalens retrouve un blocage du nerf fémoral dans
100% des cas, du nerf cutané latéral de la cuisse dans
92% des cas et du nerf obturateur dans 75% des cas.
Le bloc iliofascial de Dalens [16] qui semblait très pro-
fracture col fémoral
fracture diaphyse
fémorale
chirurgie du genou
prothèse totale de
hanche
ostéotomie fémorale
Tableau I : Etendue du bloc analgésique
Territoire sensitif bloqué Patients N (%)
Nerf fémoral 24 (96)
Nerf obturateur 24 (96)
Nerf cutané latéral de la cuisse 22(88)
INTERET DE L’ASSOCIATION D’UNE NEUROSTIMULATION AU BLOC ILIOFASCIAL CHEZ L’ADULTE
M. Marmech