HÉPATOLOGIE
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Présentation clinique
L’hépatite Eest actuellementlapre-
mièrecause d’hépatite aiguë virale
danslemonde,ycomprisdanslespays
industrialisés.
Danslespaysendéveloppementoùles
génotypes 1et 2sontendémiques,le
VHEest responsabled’infections
aiguëssymptomatiques chez les
jeunes adultes (15-30 ans), l’infection
étantasymptomatique dans plus de
80 %des cas. Les prodromes et les
symptômesnediffèrentpasdesautres
formes d’hépatites. Un ictère est pré-
sentdansprèsdelamoitiédescas.Des
formessévèressontobservéeschezles
patientsayantunehépatopathiesous-
jacenteetchez lesfemmes enceintes
où la mortalité peutatteindre 25 %au
3etrimestre de la grossesse[10]. Le
nombre annuel d’infections sympto-
matiques aété estiméen2005 àprès
de3millionsdont 70000décèset3000
mortinaissances, correspondantàun
taux de mortalité compris entre 0.5et
4%[18].Laphysiopathologiedel’hépa-
titefulminantechezlafemmeenceinte
reste mystérieuse et n’est décrite que
pourles infections àgénotype 1.
Danslespaysdéveloppés,où lesgéno-
types zoonotiques 3et 4sontendé-
miques, l’infection est le plus souvent
asymptomatique. L’infection sympto-
matiqueestobservéechezdespatients
d’âge moyen(âge médian 50-55 ans),
plus fréquemmentdes hommes, qui
présentent des comorbidités ou une
consommationexcessive d’alcool. La
fréquence de l’infection justifie la réa-
lisationd’unesérologiedu VHEenpre-
mière intention devant touttableau
d’hépatite aiguë, afortiori si celle-ci
survientaprès40ans. L’infectionVHE
peutêtresourcededécompensationde
cirrhose ou révélerune hépatopathie
sous-jacente.Ellepeutégalementêtre
confondue ou s’associer àune toxicité
médicamenteuse [9]. Les infections à
génotype 4ontété décrites comme
plus sévères (ALATplusélevées et
ictère plus fréquent) et avec un sex
ratiomoins marqué que lesinfections
àgénotype 3,maiscegénotype reste
rarementisolé en France [19].Les
points remarquables des infections à
génotype 3sontlasurvenue de mani-
festationsextra-hépatiquesetledéve-
loppementd’infectionschroniques.
L’éventail des présentations cliniques
associées auxinfections VHEzoono-
tiques est présenté figure 8.
modérée des transaminases, mais la
progressiondelafibrosepeutêtrepar-
ticulièrementrapide.Desétudestrans-
versales ontmontréque l’ARN viral
était détectablechez 0.9-3.5%des
transplantésetquecette fréquence
passaità4.3-6.5%quand des trans-
plantés àtransaminases élevées
étaientciblés [10]. L’ensembledeces
éléments,notamment le caractère
asymptomatiquedel’infection, fait
recommanderunerecherchesystéma-
tique de l’ARN viral chez toutpatient
transplanté ;eneffetlediagnosticséro-
logique peut êtremis en défaut dans
ce contexte avec une séroconversion
anti-VHEretardéeouabsente.D’autres
immunodéprimés sontconcernés par
l’infection VHEchronique,telsles
patientsvivantavecleVIHetayant un
taux de CD4<250/mm3,les greffés de
moelleetlespatients sous chimiothé-
rapie ou immunothérapie. Les modes
de contaminationretrouvéschez les
immunodéprimés sontsimilaires à
ceux de la population générale,essen-
tiellementconsommationdeporc, de
gibier ou de coquillages, mais des cas
de transmission transfusionnelleou
par le greffon ontété décrits [10].
Traitement de l’infection
L’infectionVHE chronique est le plus
souvent associée àuntraitement
immunosuppresseur qui inhibe l’acti-
Les troublesneurologiques sontles
manifestations extra-hépatiques les
plus fréquemmentassociées àl’infec-
tionVHEdegénotype1et3.Ils’agitde
syndrome de Guillain Barré, de
méningo-encéphalite,demyéliteaiguë
transverse, ou de syndromede
Parsonage-Turner (amyotrophie
névralgiquedel’épaule). Ces troubles
sontrapportésdans5à10 %desinfec-
tions VHEdegénotype 3,aussibien
aiguësquechroniques.L’ARNviralpeut
êtredétectabledansleliquidecéphalo-
rachidien. Les autres manifestations
extra-hépatiquesincluentdesatteintes
rénales (glomérulonéphrites extra-
membraneuses, membranoproliféra-
tivesoucryoglobulinémiques), des
troubles hématologiques ou des
atteintes pancréatiques [10].
L’infection chronique est décrite pour
lesinfections de génotype 3et n’est à
ce jour rapportée que chezdes sujets
immunodéprimés,bienqu’uncasd’in-
fection persistante aitété décritchez
unsujetlupiqueenrémission[20].Ces
infections persistantes sontdécrites
essentiellement en Europe chez des
transplantésd’organesolide(rein,foie,
cœur)oùlerisquedepassageàlachro-
nicitéatteint 66 %. Chez ces patients,
lastabilité de la charge viraleetl’ab-
sence de clearanceviraleà3mois de
l’infection permet d’établir son carac-
tèrechronique [21].Cetteinfectionest
asymptomatiquedansprèsde70 %des
cas et s’accompagne d’une élévation
Figure8.Laplupartdes infections VHEdegénotype 3et4sontasymptomatiques
ou non diagnostiquées. Quand elles sontdiagnostiquées (A) Infection aiguë
ictérique (B) Infection chronique (C) Contexte de toxicité médicamenteuse
(D) Manifestations neurologiques (E) Autres manifestations extra-hépatiques ;
d’après (Kamar et al.,2012a)