Comment bien entretenir 1 nos vergers de montagne 28 fiches p ra t iq ue s “ Hérités d’un fonctionnement agricole ancien, les vergers sont des éléments importants de la Tarentaise et ceci à plusieurs niveaux : paysager, patrimonial, environnemental,… De nos jours, ils valorisent les abords de nombreux villages et proposent une récolte riche de variétés locales et anciennes. Pourtant ces espaces sont de plus en plus menacés : manque d’entretien, pression foncière, … C’est pourquoi l’Assemblée du Pays Tarentaise Vanoise souhaite promouvoir et contribuer à la préservation des vergers en diffusant ce guide. Depuis 2003, diverses actions ont déjà été initiées sur le territoire de Tarentaise : stages de taille et de greffe, fabrication d’un jus de pomme de Tarentaise, journées de détermination des variétés fruitières, soutien technique à différents projets, … Elles viennent conforter des initiatives menées depuis les années 1990 autour du musée de la Pomme de Bourg-Saint-Maurice. En mai 2004, une section “Savoie Tarentaise” de l’association des “Croqueurs de Pommes” s’est créée et collabore étroitement avec l’Assemblée du Pays Tarentaise-Vanoise. Pour répondre à vos besoins, nous vous proposons 28 fiches techniques spécialement conçues pour aider les propriétaires de vergers. Elles réunissent, de manière simple et accessible les techniques de base nécessaires au bon entretien de vos arbres fruitiers. Ce guide n’aurait pu exister sans le concours précieux de l’association des “Croqueurs de Pommes” de Haute-Savoie et de son président M. Rémy Bazeau ainsi que de l’Association de Développement de la vallée du Giffre, qui nous ont autorisés à utiliser le contenu de leur ouvrage “Bien entretenir son verger”. Nous remercions également Mme Rosette Vallat et tous les bénévoles des “Croqueurs de Pommes” de Savoie-Tarentaise pour l’ensemble de leurs actions sur les vergers de la vallée. ” Hervé Gaymard Président de l’Assemblée du Pays Tarentaise Vanoise Mars 2005 1 Création du verger L’emplacement Il sera déterminé en fonction de différents paramètres : L’altitude est un critère déterminant dans le choix des espèces et variétés fruitières, surtout au dessus de 800 mètres. La composition du sol : elle peut être modifiée si nécessaire après analyse physico-chimique. Demander conseil aux pépiniéristes ou aux jardineries. Le choix des arbres Privilégier une bonne exposition à la lumière : éviter de planter trop près des lisières forestières et respecter les distances de plantation (fiche n°3) La hauteur définitive des arbres (fiche n°5) et la densité de plantation (fiche n°3) conditionnent le choix de la variété et du porte-greffe (fiche n°6) Attention aux gelées de printemps : éviter les fonds de vallées encaissées, les bas-fonds. L’alignement peut être un choix visuel ou esthétique. Mais pour une meilleure pollinisation, il est préférable de privilégier les échanges par une plantation groupée de différentes variétés. Observer la teneur en eau du terrain : - Si excès : Planter sur butte pour combattre l’asphyxie Choisir un porte-greffe approprié (fiche n°6) Choisir des espèces et variétés adaptées Drainer dans les cas extrêmes (présence de joncs, renoncules ou prêles). - Si sécheresse : Choisir des espèces et variétés adaptées. Arroser durant les étés chauds Pailler pour conserver l’humidité. Préférer les variétés locales souvent plus résistantes aux maladies, adaptées au climat ainsi qu’aux jardins amateurs. Associer les vergers traditionnels aux habitations, aux haies ou autres éléments naturels et patrimoniaux. Il est possible d’associer différents fruitiers : cerisiers, poiriers, etc. Toutefois, les pommiers et les poiriers préfèrent des terrains riches et irrigables, les cerisiers et les pruniers, des terrains caillouteux et plus secs, les noyers des terrains froids. Prévoir l’envergure maximale de l’arbre pour bien espacer les plantations. Attention si vous plantez vos arbres proches d’un potager : ses racines vont profiter de ce terrain et l’ombre portée n’est pas propice au grossissement des légumes… Les termes techniques portant un astérisque * sont explicités dans le lexique - fiche n°28. 2 Installer un arbre Préparation du trou • Creuser un trou plus profond et plus large que les racines. • Séparer les mottes de gazon, la terre de surface (1) et la terre de sous-sol (2). Habillage des racines et des rameaux • Couper les racines sèches ou abîmées. • Raccourcir les extrémités des branches. • Le point de greffe doit être impérativement à plus de 10 cm du sol. Mettre du compost ou fumier décomposé en couronne à l’aplomb des branches de l’arbre (fiche n°7). Bien arroser, surtout la première année. Pralinage : pour faciliter la reprise rapide, tremper quelques instants les racines dans de l’eau contenant un mélange 2/3 terre argileuse + 1/3 de bouse de vache ou de compost. Produit équivalent en vente dans le commerce. Couronne dont les branches ont été raccourcies Plantation Tuteur • Positionner un tuteur d’environ 2,50 m pour les arbres à haute tige, du côté du vent dominant, d’un diamètre supérieur au tronc. • Former une butte avec la bonne terre (1) et positionner l’arbre à côté du tuteur, protégé du vent dominant. Remblayer avec de la terre végétale. Lien Point de greffe 1 2 Bonne terre 2 Terre de Sous-sol 3 10 conseils pour ne pas se planter ! 1. Date de plantation : Fin octobre à mi mars, en évitant les 6. Réajuster le tuteur ainsi que le lien au fur et à mesure de périodes de gel. la croissance de l’arbre. 2. Eliminer les filets de protection des racines. 7. Au moment de la reprise de végétation : • Traiter à la bouillie bordelaise. • Surveiller les attaques de pucerons et de chenilles. 3. Les racines nues étant très sensibles à la déshydratation, à la lumière et au gel, planter les arbres dès leur réception ou les mettre en jauge* et arroser. 4. Respecter les distances 9. Désherber ou procéder à un binage les 4 premières années pour limiter la concurrence en eau. On peut aussi utiliser des films plastiques mais attention aux campagnols (fiche n° 22). de plantation entre chaque arbre : • Haute-tige : 10 m • Demi-tige : 5 m • Basse-tige : 3 m 10. Ne jamais mettre d’engrais en contact direct avec les racines et attendre la reprise de l’arbre (10 cm de nouvelles pousses) avant de fertiliser (fiche n° 7). 5. Protéger physiquement l’arbre des agressions comme le vent, les lapins, les broutards par des tuteurs, filets ou “corset de bois”… 8. En cas de sécheresse, arroser copieusement au pied tous les 8-10 jours. Une protection efficace : le corset de bois. 4 Reconnaître les éléments de l’arbre Organes induisant une végétation Organes induisant une fructification Oeil à bois Plat et triangulaire Coursonne Prolongement du bouton floral, se terminant par une bourse Branche fructifère Branche âgée de deux ans et plus Rameau à bois ou Gourmand Branche d’un an composée uniquement d’yeux à bois Oeil à fleur Bouton arrondi 5 Qu’est-ce qu’un arbre de Haute-Tige ? Synonymes : Plein-vent, Plein-champs, Traditionnel Bien différencier le Haute-Tige 1,80 à2m 1,20 à 1,50 m La couronne s’organise entre 3 et 5 charpentières Couronne Gourmands 1 m max. Charpentières Haute-Tige Demi-Tige Basse-Tige Caractéristiques Pour obtenir un arbre de haute tige, choisir des variétés greffées sur porte-greffes vigoureux afin d’avoir un tronc fort et bien droit. Tronc : 1,80 à 2 m Bourrelet de greffe Porte greffe Caractéristiques d’un Haute-Tige 6 Choisir un porte-greffe ESPECES POMMIERS FORME PRUNIERS SOLS CARACTERISTIQUES Haute-tige Franc ou M 25 M 111 Tous sols Tous sols Très vigoureux. Mise à fruit lente. Sensible au calcaire. Basse-tige MM 106 Bons sols EM 9 Bons sols Craint l’humidité (apparition de champignons comme le Phytophtora). Obtention de petits arbres. Franc Tous sols Bonne affinité avec les autres variétés. OHF Sols humides Cognassier de Provence Sols riches Manque d’affinité avec certaines variétés. Très bien pour William. Cognassier d’Angers Bons sols Obtention de petits arbres. Haute-tige Prunier Myrobolan Tous sols Adaptation remarquable. Basse-tige Prunier Saint Julien Bons sols Bonne résistance au gel. Haute-tige Merisier Franc Sols profonds Affinité parfaite avec les autres variétés. Basse-tige Sainte Lucie Colt ou Maxma ou Gisella Sols secs Sols profonds Forte fertilité. Peu sensible aux parasites. Haute-tige POIRIERS PORTE GREFFE Basse-tige CERISIERS Les porte-greffes peuvent être commandés auprès des pépiniéristes et des jardineries. 7 La fertilisation Objectifs Préférer les engrais organiques compostés qui ont une action lente et durable et qui favorisent la vie microbienne : un apport tous les deux, trois ans au mois de mars, à faible dose (150 à 200kg/100m2) comble largement les besoins. • Nourrir le sol et la vie microbienne. • Alimenter les arbres. Les apports L’arbre fruitier restitue une grande partie de son énergie au sol par les feuilles, les racines et les branches mortes. Ses besoins ne sont donc pas très importants. • L’épandage ne doit pas se faire au pied de l’arbre, mais sur 1 mètre de large, à l’aplomb de la couronne fruitière, et ce, sur tout le tour de l’arbre. • En cas d’utilisation d’engrais minéral, préférer un engrais complet et appliquer à faible dose (50 à 60g/m2). • Les arbres consomment beaucoup d’oligo-éléments, en particulier du calcium, de la magnésie et du bore. Pour éviter les carences, effectuer un apport tous les 3 ans, à dose variable selon la teneur en oligo-éléments de votre sol. Demander conseil aux pépiniéristes ou aux jardineries. Conseils, remarques 1m 1m Epandage d’engrais à l’aplomb des branches • Eviter les apports annuels systématiques et conséquents de fumier frais ou purin qui favorisent la vigueur de l’arbre au détriment du fruit et provoquent de graves maladies comme les chancres (fiche n° 16). 8 Taille : généralités Principes à respecter : 2. Coupe finale en • Préférer la période hivernale en évitant les grands froids • Anticiper ! Penser toujours au devenir de la sève après coupe de la branche : il faut prévoir une nouvelle circulation. Bien observer si une branche à proximité est capable d’absorber la sève. • Couper les rejets apparaissant sur le porte-greffe • Après la taille, traiter à la bouillie bordelaise respectant un angle de coupe qui ne détériore pas les rides et qui conserve le col de la branche afin d’assurer une bonne cicatrisation. Rides Col Comment couper les grosses branches ? 2 ème et dernier coup de scie Procéder toujours deux étapes : en 1. Scier à 10 cm de la 10 cm 1ère entaille coupe finale, en prévenant l’arrachement du bois grâce à une double intervention : 1ère entaille depuis le dessous de la branche 2ème et dernier coup de scie depuis le dessus de la branche Bonne coupe = constitution d’un bourrelet cicatriciel. 9 Taille de formation des jeunes arbres Objectifs 3. Lorsque ces bourgeons auront évolué, sélectionner 3 à 5 • Donner une forme à un arbre venant d’être greffé. • S’effectue pendant les 4 premières années. Principe 1. Conduire le tronc bien droit jusqu’à la hauteur désirée de ces rameaux pour former les charpentières en respectant les critères suivants : • Prévoir un écartement important entre les branches (angle de 35° à 45°) • Sélectionner les branches ayant des emplacements différents sur le tronc (1,80m à 2m pour un haute-tige) (Fiche n°5) 2. Former la couronne en supprimant le bourgeon terminal pour provoquer le développement des bourgeons auxiliaires. Conseils, remarques • Supprimer les fruits les deux premières années de mise à fruit, l’arbre doit d’abord consacrer son énergie à la pousse. Année 0 Année 1 Année 2 N.B : Les arbres achetés en jardineries et chez les pépiniéristes sont généralement déjà préformés. 10 Taille de fructification de l’arbre adulte Objectifs - Provoquer la fructification en respectant l’équilibre de l’arbre (pas de pousses excessives). • Suivi annuel de l’arbre durant l’hiver Maintenir entre les branches fruitières des espacements suffisants afin d’apporter de la lumière et aérer toutes les parties de la couronne. Rappel de l’arcure Conseils, remarques Principe La branche fruitière (fiche n° 4) plonge naturellement en dessous de l’horizontal sous le poids du fruit. Elle émet sous l’action de la lumière une pousse verticale “rappel de l’arcure” qui viendra concurrencer le fruit. La taille de fructification consiste à: • Favoriser l’allongement naturel de la branche en supprimant ce rappel de l’arcure (schéma). • Elaguer les organes mal éclairés et en double, situés en dessous des branches et à l’intérieur de l’arbre. Couper Ne jamais “couper les bouts” Pas de taille excessive, surtout sur les parties hautes qui sont plus fortement alimentées en sève. Une coupe sévère provoquerait l’émission de nombreux gourmands (fiche 4) Si trop de végétation, freiner la vigueur en arquant* des branches à l’aide d’une ficelle 11 Taille des vieux arbres et de restauration Objectifs • Couper les branches orientées vers l’intérieur de la couronne et celles qui se croisent • Supprimer les branches trop proches les unes des autres • Rajeunir l’arbre • Faciliter la pénétration de la lumière • Limiter le volume de la couronne Conseils, remarques • Sur les coupes fraîches d’un diamètre supérieur à 5 cm, badigeonner avec du mastic ou effectuer une pulvérisation de sels de cuivre après la taille. • Favoriser une taille légère compte tenu de l’âge de l’arbre. • Préférer des opérations de restauration étalées sur 2 ou 3 ans. • Ne jamais supprimer plus d’un tiers du volume de feuilles de la couronne. Principe • Enlever le bois mort et les branches cassées • Alléger les extrémités Branche inutile Branche mal orientée Branche cassée Branche morte Rameau à bois vertical ou gourmand 12 Le greffage en couronne (greffes de printemps) 2. Couper verticalement l’écorce du porte-greffe sur 3 à 5 Greffon : Rameau d’un an de la variété désirée. • Cueillir en janvier et avant fin février. • Conserver en jauge* dans une cave. cm, décoller d’un seul côté à l’aide du greffoir. Porte-Greffe (Diamètre idéal : 2 à 8 cm) (Sauvageon ou arbre fournissant les racines et nourrissant l’arbre de la variété greffée). • En hiver, couper à hauteur voulue en laissant des branches inférieures servant de tire-sève*. • A l’époque du greffage, retailler la coupe. Couper Décoller 1 côté 3. Glisser le greffon sous l’écorce en veillant bien qu’il y ait contact sujet/écorce au niveau de l’entaille longitudinale. Période de greffage : floraison et temps chaud 4. Ligaturer avec du raphia humide en laissant sortir l’oeil. 5. Mastiquer toutes les coupures. 6. Protéger la greffe des agressions éventuelles (oiseaux). Opérations 1. Préparer le greffon : • Couper le greffon au-dessus du 2ème oeil. • Tailler en biseau plat sur 2 à 4 cm. • Enlever une bande d’écorce (entaille longitudinale) sur le côté qui viendra se coller contre la partie d’écorce non soulevée du porte-greffe. Conseils, remarques Greffon • Faire plusieurs greffes sur la même coupe, à 3 cm d’intervalle. • Couper le raphia en juillet. • Pincer* ou couper les tire-sève* et rejets du portegreffe en juin. 13 Le greffage en écusson (greffes d’été) Greffon : Rameau d’un an de la variété désirée. • Couper peu de temps avant de greffer. • Garder la partie centrale, couper les feuilles au pétiole*. • Conserver le greffon dans un linge mouillé 2-3 jours max. Porte-Greffe : jeune plant de 6 mois ou jeune rameau. • Enlever seulement les pousses du tronc qui pourraient gêner. • Si sécheresse, arroser quelques jours avant le greffage. • Préparer le porte-greffe A 10 cm du sol : couper en T sur 2 cm. Soulever les deux lèvres de l’écorce. • Glisser l’écusson* sous l’écorce et couper la partie qui sort de la coupe en T. Opérations • Prélever l’écusson* sur le greffon 1. Faire une incision latérale 2 cm sous l’oeil choisi 2. A 2 cm au-dessus de l’oeil, prélever une fine lamelle d’écorce avec l’oeil. Enlever le peu de bois resté attaché à l’écusson. oeil 1 2 2 cm oeil 2 cm prélèvement de l’écusson greffoir face externe de l’écusson • Ajuster l’écusson* et ligaturer fortement la greffe avec du raphia humide en laissant l’oeil sortir. • 30 jours après : couper le raphia. • En février : couper le porte-greffe, 15 cm au-dessus de la greffe : cette partie restante du porte-greffe s’appelle l’onglet. • En avril : attacher la pousse à l’onglet et supprimer les pousses sauvages. • En septembre : couper l’onglet. 14 Les maladies Cloque du pêcher • Description Cloques jaunes et rougeâtres sur les feuilles. Rameaux déformés. Cloque du prunier ou maladie des pochettes • Lutte classique : Tous les 15 jours : - en mars : spécialité à base de cuivre (ex : Viricuivre ou Bouillie Bordelaise) - après la chute des fleurs (jamais avant), pulvériser de l'argile 2 fois à 10 jours d'intervalle (ex : Bentonite) • Lutte biologique : Traiter au cuivre au gonflement des bourgeons et à l’automne. A l’automne : purin de prêle sur l’arbre et le sol (fiche n°24) ou du Bio S (Ledax-san)* Plantes répulsives* : ail, ciboulette et capucine. • Description De suite après la fleur, les jeunes prunes grossissent très rapidement, prennent une couleur jaune pâle et se tendent en cornichon puis tombent au sol. Fréquente au-dessus de 600 m. • Lutte Idem Cloque du Pêcher. 15 Les maladies Rouille grillagée du poirier • Description Dès juillet, sur la face supérieure des feuilles : petites taches de couleur rouille. • Lutte classique Au printemps (avril), traiter les genévriers avec des sels de cuivre ou des spécialités à base de Mancozèbe (ex : Dithane 45, Gana Jardin de Fison) En mai et juin, effectuer une à deux applications de Mancozèbe sur les poiriers. Sur la face inférieure, des petites boursouflures pointues apparaissent et éclatent en septembre. La maladie hiverne sur les genévriers et se développe l’été sur les poiriers. • Lutte biologique Sur genévriers : en avril, traiter les parties gélatineuses avec du cuivre. Le plus efficace reste de planter des genévriers résistants. Sur poiriers : traiter le feuillage 2 fois à 15 jours d’intervalle avec 70g de Bio S (Ledax-san)* et 10g d’algues calcaires dans 10 litres d’eau. Plantes répulsives* : ciboulette et absinthe. 16 Les maladies Tavelure des pommiers et des poiriers Chancre • Description Taches translucides puis marron-noires. Dessèchements et crevasses apparaissent. Chute des feuilles et des fruits. • Description Tache auréolée sur l’écorce laissant le bois partiellement nu. Lutte classique Très difficile : le plus efficace est de choisir des variétés résistantes. Produit à base de Mancozèbe (ex : Dithane 45, Gana Jardin de Fison) • Lutte biologique Préventive : renforcer le feuillage avec un mélange à base d’ortie, prèle, poudre d’algues, bentonite. Bouillie bordelaise avant la floraison. Ramasser et brûler les fruits abandonnés ainsi que les feuilles mortes. Plantes répulsives* : ciboulette et absinthe. A éviter : - Variétés sensibles. - Agressions (le feu). - Carence en magnésium. - Excès d’eau. - Excès de potassium (engrais, fumier). • Lutte classique Nettoyer jusqu’aux parties saines et badigeonner avec un cicatrisant à base d’argile ou de goudron de Norvège (ex : Dravipas, Bayleton pâte). • Lutte biologique Décoction* de prêle mélangée à de l’argile. Traiter avec un produit à base de cuivre (ex : Viricuivre). 17 Les maladies Entomosporiose du cognassier • Description Taches arrondies ou anguleuses, de taille variable, de couleur beige ou brune. Les taches vont jusqu’à déformer puis faire chuter les fruits atteints. Lutte classique Pendant la floraison et un mois plus tard : produit à base de cuivre (ex : Viricuivre). Gnomonia du cerisier • Description Sur les feuilles : taches diffuses, jaunâtres apparaissent dès le mois de mai. Par la suite, les feuilles sèchent et restent tout l’hiver sur l’arbre même après l’apparition des nouvelles feuilles. • Lutte classique Cette maladie est cyclique. Pulvériser avec un produit à base de cuivre à l’automne et au printemps. Moniliose du cerisier, prunier, abricotier, pêcher • Description Le bout des nouvelles branches sèche après la floraison et la pousse des feuilles. Lutte biologique Pendant la floraison, faire deux traitements par semaine avec du Bio S (Ledax-san)*, associé au silicate de soude, ou par temps froid, du cuivre. 18 Le gui : source de discorde Est-il vraiment un parasite ? Alors que certains le suppriment systématiquement, d’autres prétendent qu’il n’est pas responsable, à part entière, du dépérissement d’un arbre, mais qu’il accompagne seulement son affaiblissement. Jean-Marie PELT, dans son livre “Fleurs, fêtes et saisons”, Editions Fayard, page 56, pense même que “le gui n’affaiblit l’arbre qui le porte que lorsqu’il est trop abondant ; mais quand les touffes y sont en proportion raisonnable, un équilibre s’établit”. Le magazine “La Hulotte” a consacré deux numéros spéciaux sur le gui (N°48 et 49 - 1992) expliquant son apparition et son surprenant fonctionnement. Ces différents ouvrages vous permettront d’en savoir plus sur ce curieux végétal et vous donneront la possibilité de vous faire votre propre opinion ! Alors, faut-il le supprimer ? Le seul conseil serait d’enlever manuellement le gui si vous jugez qu’il envahit trop l’arbre, le privant de lumière et devenant source de maladies cryptogamiques. A vous de juger ! 19 Les ravageurs Puceron Puceron noir du cerisier et du prunier. Puceron cendré du pommier. • Description Destruction des feuilles et des pousses. • Lutte classique Attention ! Certains produits classiques tuent les auxiliaires (coccinelles, …) - Préventive : huile blanche en hiver. - Premiers symptômes : Traitement insecticide à base de Pyrèthre, Imidaclopride, Pyrimicarbe. Si feuilles enroulées, utiliser un produit systémique (ex : Vamidothion, Confidor) • Lutte biologique Couper et brûler les rameaux atteints. Appliquer un anneau de glu (fiche n°24) sur le tronc afin de limiter la présence des fourmis qui entretiennent et favorisent les colonies de pucerons. Produit répulsif : purin d’ortie (fiche n°24), semer des capucines ou du cresson sous l’arbre. Favoriser les coccinelles, perce-oreilles et syrphes. Plantes répulsives* : capucine et cresson. Mouche de la cerise Uniquement sur les variétés tardives et certains bigarreaux. • Description Brunissement et pourrissement du fruit. A l’intérieur : larve creusant une galerie jusqu’au noyau. • Lutte biologique Pose de pièges à mouches en mai (fiche n°24). Infusion d’absinthe trois semaines après la floraison. 20 Les ravageurs Acarien • Description Chute des feuilles en été, d’abord dans les parties hautes. Cochenille Acarien • Lutte classique Au printemps : les huiles détruisent pour partie les oeufs d’acariens. • Lutte biologique - Favoriser les prédateurs d’acariens tels que les typhlodromes. - Traiter tous les 10 jours avec du purin d’ortie (fiche n°24). Limiter les apports d’azote. Chenille • Lutte classique Huile blanche au printemps • Lutte biologique Bacillus Thuringiensis Typhlodrome attaquant un acarien • Description Sur les feuilles : petits boucliers de forme et de coloration variable de 1 à 4 mm pouvant créer de vrais encroûtements. Sur les fruits : taches noires cerclées de rouge. Sur l’écorce : boucliers et sous l’écorce, des points rouges. écorce malade • Lutte classique Traitements d’hiver à base d’huile blanche pour asphyxier la cochenille sous son bouclier tout en respectant les insectes utiles. • Lutte biologique Couper et brûler les branches malades. Favoriser les coccinelles. 21 Les ravageurs Carpocapse des pommes, poires, prunes et du noyer • Description Les larves de ce papillon pénètrent dans les fruits. Ces derniers sont alors perdus et tombent avant les autres. • Lutte classique 15 juin, 15 juillet et 15 août : pulvériser une spécialité efficace contre ce ravageur (ex : Phosolome). • Lutte biologique Traiter avec du Carpovirusine tous les 10 jours du 1er juin au 15 août. Traiter également avec du Bacillus Thuringiensis. Fin mai : pose de bandes-pièges et de pièges sexuels (fiche n°24). Favoriser les chauves-souris, mésanges, sittelles, pics en posant des nichoirs et des gîtes (fiche n°25). Elever des poules ! Elles se nourrissent des larves tombées au sol. 22 Les ravageurs Campagnol • Description Le campagnol terrestre est un petit mammifère se nourrissant de racines. Il apprécie les porte-greffes MM106 et EM9. Dégâts caractéristiques : grosses racines rongées en forme de crayon à papier. Il apprécie la présence de films plastiques. Le Campagnol des champs quant à lui, ne s’attaque aux arbres qu’en hiver lorsqu’il n’y a plus rien d’autre à manger. • Lutte classique : Gazage des galeries en automne. Dégâts sur le système racinaire • Lutte biologique : Désherbage chimique des lignes. Tonte régulière des interlignes. Pose de pièges et de répulsifs odorants. Plantes répulsives* : euphorbe et épurge. Taupe • Description Ne s’attaque pas directement aux arbres, mais creuse des galeries ce qui détruit les racines et offre aux campagnols des lieux de circulation. Carnivore, elle se nourrit de vers de terre et de larves. • Lutte biologique : Pose de pièges. 23 Les traitements préventifs Quatre types de traitements peuvent être envisagés : 1. Traitements d’hiver Ils restent importants mais ne solutionnent pas tous les problèmes dans la mesure où les ravageurs sont au repos et donc plus difficiles à atteindre. Néanmoins, ils permettent d’abaisser la pression générale des attaques en détruisant les larves dans les troncs et sur les branches et touchent peu ou pas les insectes et acariens utiles (coccinelles, typhlodromes). Février : pulvérisation de Silicate de soude (2%). Huiles minérales et végétales blanches. Bio S (Ledax-San) 3. Traitements d’été Ils permettent d’avoir une protection du feuillage et des fruits : Silicate de soude (1%) au mois d’août. 4. Traitements d’automne Ils favorisent la cicatrisation des plaies : Appliquer de la bouillie bordelaise associée à du cuivre et du calcium : - arbres à pépins : 1 Kg pour 100 litres d’eau. - arbres à noyaux : 0,50 Kg pour 100 litres d’eau. 2. Traitements de printemps Ils préviennent l’apparition des maladies et des insectes. Au démarrage de la végétation, il est possible d’effectuer différents traitements : Silicate de soude (0,5%) avant et après la floraison. • Bouillie bordelaise ou produit à base de cuivre (ex : Viricuivre) • Traiter à la moitié de la chute des feuilles ainsi qu’à la fin de la chute des feuilles. 24 Lutte biologique • Purin d’ortie ou de prêle (fiches n°14, 19, 20) Mettre 1 Kg de plantes entières sans les racines dans 10 litres d’eau. Laisser macérer 3 à 5 jours pour utiliser comme insecticide ; 5 à 10 jours pour une fertilisation. • Anneaux de glu (fiche n°19) Ils permettent d’attraper les insectes rampants : - Sur arbres adultes : glu directement sur l’écorce légèrement polie sur 10 cm de large. - Sur jeunes arbres : fixer en haut et en bas du tronc une bande de papier fort enduite de glu. Laisser les anneaux de septembre à décembre. • Grillage et clôture contre le gibier Hauteur : 1,50 m, voire plus dans les zones enneigées. • Pièges pour la mouche de la cerise (fiche n°19) Feuilles enduites de glu attirant les insectes grâce à leur couleur jaune fluorescente. Suspendre de 2 à 8 pièges par arbre dès le mois de mai, surtout au sud. En octobre, enlever les pièges et les brûler. • Bandes-Pièges (fiche n°21) Bandes de carton ondulé de 10 cm de large recouvertes sur les deux faces de papier goudronné ou plastique. Poser sur le tronc. Les larves qui descendent hiverner dans le sol seront alors piégées. En octobre, enlever les bandes et les brûler. • Pièges sexuels à carpocapses (fiche n°21) Pièges attirant les adultes avant qu’ils ne se reproduisent. Ces différents pièges peuvent être commandés chez votre distributeur habituel. 25 Améliorations écologiques du verger Favoriser les auxiliaires prédateurs Les hyménoptères (abeilles solitaires) : Création de cubes de bois dur : • Epaisseur : env. 10 cm. • Profondeur des trous : 8-9 cm. • Diamètre des trous : différents de 1 à 9 mm. Bien enlever la sciure de bois. Les oiseaux : Installation de nichoirs à plus de 2,50 m du sol, orientés Sud / Sud-Est. Ex. de nichoir “Boîte aux lettres” • Surface intérieure : 13 X 13 cm. • Hauteur avant : 22 cm. • Hauteur arrière : 25 cm. • Diamètre du trou : - Mésange : 3 cm. - Rouge-queue : 4 cm. - Sittelle : 5 cm. - Chouette chevêche : 6 cm. Différents modèles de nichoirs se trouvent dans le commerce. Les chauves-souris : L’installation de gîtes est intéressante mais demande une certaine pratique. Pour avoir des résultats, il faut poser plusieurs nichoirs de modèles différents à divers endroits afin de répondre aux besoins variés des chauves-souris au cours de l’année. Plusieurs modèles de gîtes existent – Renseignements et commandes auprès de : - René Boulay, GMN, 41 Hector Berlioz 76120 Grand Quevilly - Les gîtes “Schwegler” distribués par : Vaillance Nature, ZA Grange Chapelle 69210 Savigny Hector produits naturels, 22 rue Claire Oster 57200 Sarreguemines 26 Améliorations écologiques du verger Favoriser les auxiliaires prédateurs Accroître la valeur écologique Les prédateurs tels que belettes, hermines, couleuvres, rapaces… Mélanger les variétés fruitières • Au minimum deux variétés différentes afin de pallier au problème d’auto-stérilité. • Maintenir ou installer de petites structures à l’intérieur du verger : tas de cailloux, bûchers, orties, hautes herbes, ronciers. • Favoriser la liaison et la combinaison avec d’autres éléments du paysage : haies, murs de pierres sèches, prairies extensives servant également d’abris et d’habitat. Les abeilles Le rôle des abeilles dans la pollinisation des fleurs est primordial ; il faut donc : • Ne pas traiter pendant la période de floraison. • Introduire des ruches dans le verger. Créer un milieu favorable • Planter ou conserver une haie composée d’essences variées et locales (ex : noisetier, charmille, viorne, sureau, camerisier à balai, érable champêtre…). • Laisser des bandes herbeuses de plantes sauvages entre les lignes et en bordure du verger. Nettoyage modéré… • Conserver quelques vieux arbres à cavité. • Le lierre, les mousses, les lichens ne nuisent pas aux arbres et offrent refuges et nourriture aux auxiliaires prédateurs. 27 Récolte et conservation La récolte La conservation au fruitier Au moment de la cueillette, le fruit présente un certain degré de maturité mais n’est, en général, pas pour autant bon à consommer de suite. La maturation se fera au fruitier, sa durée est variable. La conservation commence au verger : des arbres bien entretenus donneront des fruits se conservant davantage. • Indices de cueillette - Brunissement des pépins (récolte : 3/4 colorés). - Changement de coloration de la peau . - Chute naturelle des premiers fruits. - Exhalation du parfum. • Quand Cueillir ? - L’été : le matin avant les fortes chaleurs. - L’automne : par temps sec. - L’hiver : attendre que les fruits aient dégelé sur l’arbre. • Lors de la cueillette - Détacher les fruits avec leur pédoncule, par mouvement de bascule (poires) ou de rotation (pommes). - Ne pas bousculer les fruits. Un choc, une blessure de l’épiderme et c’est la porte ouverte aux pourritures. Quelques conditions sont à respecter : • Local frais, fortement aéré, sombre, hors gel, à l’abri des insectes et des rongeurs . Hygrométrie optimale : 85 %. Température de 1 à 8°C. • Poser les pommes, pédoncule en dessous, sur des clayettes* recouvertes de toile, paille ou papier en évitant tout contact. • Ne pas mettre dans le même local les coings, noisettes, noix et kiwis qui dégagent davantage d’éthylène et qui activeraient le mûrissement des autres fruits. Ne pas trop remplir le fruitier : 150 à 200 kg/m3. • Les poires dont la queue est enrobée de cire se gardent mieux. 28 Lexique • Arcure : opération qui consiste à courber une branche en arc de cercle afin de ralentir la circulation de la sève et de provoquer ainsi la mise à fruits. • Bio S (Ledax-San : produit à base de plantes finement pulvérisées (ortie, prêle, ail, oignon), algues, poudre de roche et 24% de soufre. • Clayette : étagère amovible à claire-voie. • Pétiole : partie rétrécie reliant le limbe d’une feuille à la tige. • Compost : mélange fermenté de résidus organiques et minéraux, utilisé pour fertiliser le sol. • Décoction : issue de plantes macérées pendant 24 heures dans de l’eau froide puis 20 minutes dans l’eau bouillante. • Ecusson : oeil détaché d’un rameau avec un peu d’écorce, pour le greffer sur un autre sujet. • Feuilles étalées : stade où les feuilles sont totalement ouvertes après leur éclosion. • Jauge : (mettre en jauge) signifie conserver en cave ou au nord d’un mur, des arbres ou des greffons dans un mélange de sable et de terre humides. • Pincement : taille des jeunes pousses afin de limiter leur croissance et de favoriser l’alimentation d’organes plus faibles et des fruits. • Plantes répulsives : plantées au pied des arbres fruitiers, ces végétaux repoussent certains ravageurs et/ou préviennent de certaines maladies. • Tire-sève : bourgeon ou rameau situé en extrémité et destiné à activer la circulation de la sève. Bibliographie succincte • Brochure “Bien entretenir son verger”, ADEGI – Croqueurs de Pommes de Haute-Savoie • “Ravageurs et Maladies au jardin, les solutions biologiques”, Collection Les Quatre Saisons, Editions Terre vivante, 1990. • “Manuel de taille douce - Arbres fruitiers et d’ornement”, Alain Pontoppidan, Editions Terre vivante. • “Le jardin fruitier” Thierry Delahaye, Pascal Vin, Editions Nathan, mars 1994. • “La taille de formation”, “la taille des arbres libres” ; Alain Pontoppidan, Agence des arbres, route de Toulouse, 09350 Daumazan, tél. : 05 61 69 84 08. • “Comment greffer vos arbres”, Pierre Michard, Editions La maison rustique, mai 1990. • “Guide pratique des défenses des cultures”, ACTA, 149 rue de Bercy, 75595 Paris Cedex 12. • Brochure “Verger haute tige. Diversité-Paysage-Patrimoine”, SRVA, Jordil 1, CP 128, CH-Lausanne 6, tél.: 021/619 44 00. • “Fiches techniques sur les ravageurs, auxiliaires et maladies en arboriculture”, 62 fiches en couleur. AMTRA, Station de Changins, CP 516, CH-1260 Nyon 1, tél. : 022/363 41 53, fax : 022/363 41 55. • “Les pratiques du jardinage : Les vergers et jardins fruitiers”, Denis Retournard et Henri-Joachim Gosselin, Editions Larousse, 1988. • Publications éditées par l’association nationale des Croqueurs de Pommes : “La taille”, “La greffe”, “Maladies et traitements”. Crédits photos : CAUE 74, F. Gurtler : fiches 5, 8, 18 • AMTRA, Changins (Suisse) : f14, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 22 • Fédération des producteurs de fruits de la Haute-Savoie : f17 • Jean-Maurice Gouédard : f26 • Rosette et Jean-Yves Vallat : couverture, avant-propos, f2, 23 • APTV Eric Laruaz : couverture, f23 • APTV Sonia Carbonnier : couverture, f1, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 23, 24, 27, 28, biblio, dos de couverture • Imprimerie Jeanton • Chambéry Prix : 5 €