Le but n’est pas atteint. Difficile, quand on sait que les Américains qui avaient des programmes
de lutte ambitieux ont dû réviser leurs positions, même en disposant de gros moyens.
Les infections nosocomiales ne sont pas une spécificité française. Tous les pays industrialisés y sont
confrontés. Mais en France, ce n’est que dans les années 80 que les autorités sanitaires ont pris les
premières mesures. L’usage intensif des antibiotiques, notamment en France, a donné des effets per-
vers. Il a fait prendre de mauvaises habitudes puisqu’il induit un relâchement de la vigilance du per-
sonnel et fait apparaître des souches plus résistantes. L’évolution des bactéries vers la multirésistance
aux antibiotiques n’est d’ailleurs pas un phénomène nouveau.
Les mesures permettant le contrôle de la dissémination des bactéries reposent d’abord sur la détection
et le signalement rapide des souches par les laboratoires. Cette propagation des souches doit être
ensuite empêchée par l’isolement du patient et l’instauration de mesures strictes qui sont essentielle-
ment des mesures dites «barrières».
Le lavage des mains est la base des règles d’hygiène
La peau est le vecteur important d’infections mais il est difficile de faire admettre qu’une peau bien
lavée puisse redevenir à risque, car même après un lavage bien effectué, la peau sécrète les germes
microbiens de la flore résidente. Le respect des procédures implique donc un nombre important de
lavages quotidiens qui exposent à un risque toxique et agressif de la peau.
Mais les enquêtes menées par les pharmaciens hospitaliers et les fabricants indiquent clairement que
le lavage des mains n’est pas la cause réelle des problèmes dermatologiques des soignants. Il s’agit,
dans la plupart des cas, de l’utilisation de savons antiseptiques pour un lavage simple, ou encore des
associations de produits non compatibles pour le lavage antiseptique (par exemple bétadine + chlo-
rexidine, bétadine + chlore), ou du non respect des bonnes procédures dans le lavage simple comme
la mise directe du savon sur des mains sèches, l’absence
de rinçage et de séchage soigneux. Et dans certains cas,
les plaignants ont un antécédent allergique, depuis même
parfois de nombreuses années, sans qu’un suivi médical
assidu n’ait été effectué.
Le manque de temps n’est pas une excuse, de même que
l’éloignement des lavabos. Mais les infirmières ne sont pas
les plus manquantes à tous ces protocoles. Que dire des
médecins qui visitent leur malade en tenue de ville, et les
touchent sans prendre le soin de se laver les mains ? Ou
du laxisme envers des visiteurs qui circulent dans les cou-
loirs sans contrôle et s’assoient sur le lit du patient, rédui-
sant d’un coup le travail accompli auparavant.
En matière d’hygiène, on a longtemps cru qu’une seule
recette valable partout suffisait. Il se dégage aujourd’hui
que l’important est d’organiser des mesures concrètes,
service par service, en tenant compte du type de mala-
des admis, de la gravité de leur état, du personnel et
de sa formation, de l’architecture des locaux et des
moyens techniques mis à disposition pour optimiser la
prévention.
Motiver la communauté hospitalière à ce sujet sensible est
encore un vaste programme. ■
Andrée-Lucie Pissondes
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Quand la l’hygiène reprend sa place : la première
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LES DOUZE COMMANDEMENTS DE LA DÉESSE HYGIE
1 • A chacun de tes gestes au patient tu penseras
2 • Tes mains très souvent tu laveras
3 • De blouse quotidiennement tu changeras
4 • Avant désinfection toujours tu nettoieras
5 • Des produits la dose tu respecteras
6 • Le temps de contact préconisé tu observeras
7 • Les procédures écrites tu appliqueras
8 • La date de péremption tu vérifieras
9 • Jamais sans autorisation de produits tu
ne mélangeras
10 • Le balayage humide seul tu pratiqueras
11 • Le code couleur tu retiendras
12 • Sur ta pratique quotidienne souvent tu
t’interrogeras. Hélène De Ligt, cadre supérieur
infirmier hygiéniste, AP-HP
Source : «Hygiène hospitalière - Recommandations à l’usage
des personnels», Collection Les guides de l’AP-HP, Doin édi-
teurs/Assistance Publique - Hôpitaux de Paris.