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Source : Nantes Médecine Physique et Réadaptation
Accident musculaire
Qu'est-ce qu'un accident musculaire ?
Un accident musculaire est une atteinte traumatique d'un muscle.
Il faut bien comprendre qu'un muscle n'est pas
uniquement une structure contractile mais fait partie
intégrante d'un organe plus vaste, l'unité tendino-
musculaire (UTM) qui est le véritable moteur
électrique destiné à faire bouger les articulations.
Cet UTM se compose d'un squelette fibreux qui est
continu d'une extrémité osseuse où il s'attache, à sa
partie terminale et a pour rôle d'assurer la solidité de
l'UTM et de transmettre les forces de contraction du
muscle. Au sein de ce squelette, en général à sa
partie centrale mais pas toujours, se trouve la partie
contractile de l'UTM, le muscle, moteur électrique
commandé par les impulsions électriques des nerfs,
qui va permettre par sa contraction de stabiliser et de
faire bouger les articulations qu'il ponte. Le muscle
se trouve ainsi cloisonné par de multiples
enveloppes fibreuses, les aponévroses musculaires
(ce sont ces aponévroses que l'on appelle des "nerfs"
dans le steak du boucher).
Les accidents musculaires correspondent à l'atteinte
de la partie musculaire charnue ou à la jonction avec
les tendons. On doit actuellement parler d'accident
musculo-aponévrotique plutôt que musculaire car
très souvent l'atteinte est préférentiellement localisée
sur le squelette aponévrotique de l'UTM
Comment se fait-on un accident musculaire ?
Pour qu'une Unité Tendino-Musculaire fonctionne bien, il faut qu'elle soit forte, souple
et qu'elle se contracte et se décontracte de façon cohérente avec les différentes autres UTM
qui interviennent dans les mouvements de ou des articulations concernées. Il y a donc une
véritable régulation régionale du mouvement, très complexe qui peut être prise en défaut de
temps en temps lors d'activités complexes ou demandant beaucoup de puissance musculaire.
Les accidents musculaires se produisent par 2 mécanismes. D'une part, par un choc
direct sur le muscle, c'est la classique "béquille" au niveau de la cuisse dans laquelle le muscle
est écrasé par le traumatisme. D'autre part, par la mise en défaut de la régulation du
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mouvement sur un geste brutal. C'est ce qu'on appelle un accident "intrinsèque" (par
opposition au précédent dit extrinsèque). Les 2 mécanismes entraînent des lésions voisines à
quelques particularités près.
Pour se faire un accident musculaire intrinsèque (soi-même), il faut faire un geste avec
une contraction très puissante en même temps que l'UTM est en plein étirement et à grande
vitesse. Les 2 forces antagonistes, étirement et contraction, entraînent des contraintes intra-
musculaires qui vont au-delà des possibilités de résistance de l'UTM et provoquent une
rupture vraisemblablement d'abord du squelette aponévrotique avant d'entraîner la déchirure
des structures contractiles. Les lésions provoquées sont graduelles et vont de quelques fibres
musculo-aponévrotiques pour se répandre à l'ensemble de l'UTM dans les lésions les plus
graves.
Ces mécanismes lésionnels expliquent bien d'une part les muscles concernés par ces
accidents et les activités qui en sont responsables :
Les muscles concernés : ils doivent être capables de développer beaucoup de
force avec soit peu de possibilités d'étirement ou pontant plusieurs articulations ce qui
entraîne un volant d'étirement très important. On retrouve ces muscles sur le membre
inférieur et en particulier sur les cuisses. Les 3 principaux muscles concernés sont le
quadriceps (devant de la cuisse), les ischio-jambiers (en arrière de la cuisse) et les
adducteurs (en dedans de la cuisse). Le 4ème muscle le plus atteint est le jumeau interne
(gastrocnémien médial) au niveau du mollet. A eux quatre, ils représentent 90% des
accidents musculaires. On peut retrouver d'autres accidents musculaires mais de façon
plus rare, sur les abdominaux, les pectoraux, le biceps brachial et le triceps brachial.
Les sports responsables : tous les sports nécessitant les membres inférieurs
avec des accélérations et des sauts comme le foot, le hand, la course de vitesse... En
fonction du muscle concerné, un geste précis est retrouvé. Pour le quadriceps, il s'agit,
par exemple, de la préparation du shoot au foot.
Comment suspecter un accident musculaire ?
En général, l'attention est immédiatement attirée sur le muscle incriminé. Lors d'une action
brutale, une aclération, un shoot, le sportif ressent une douleur associée ou non à un
claquement dans la cuisse ou le mollet l'obligeant à arrêter l'effort voire provoquant la chute.
Dans les suites immédiates, l'appui au sol peut être douloureux voire impossible. Il faut alors
impérativement empêcher le sportif de reprendre l'effort car une aggravation des lésions est
possible.
Dans un second temps, la région incriminée peut gonfler et une ecchymose peut apparaître.
La grosse difficulté et le grand danger est de confondre un accident musculaire ave une
atteinte du tendon (tendon d'Achille par exemple) ou de son attache sur l'os. Un avis médical
avisé est donc indispensable. Il ne faut jamais oublier que l'on peut marcher même avec un
tendon d'Achille rompu.
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Que faire en urgence, sur le terrain
A la suite de la blessure, il faut :
Arrêter impérativement le sport, la poursuite du sport
pouvant aggraver les lésions.
Mettre au repos la partie atteinte de telle
façon que le blessé n'ait pas mal. Ceci peut se
faire par le simple arrêt du sport mais peut aussi
aller jusqu'à l'immobilisation par un bandage ou
l'interdiction d'appui sur la jambe atteinte.
Refroidir la blessure avec de l'eau fraîche ou de la
glace (en ayant soin d'intercaler un linge entre la peau et
la glace pour éviter les brûlures par le froid) afin de
diminuer l'inflammation.
Mettre en place un bandage modérément serré et surélever la partie atte
inte par rapport au
niveau du thorax.
Par la suite, il est impératif de consulter un médecin pour faire le diagnostic exacte,
déterminer l'importance de la déchirure du jumeau interne et mettre en place adéquate.
Comment faire le diagnostic ?
Le diagnostic doit être
fait par un médecin, seul
professionnel de santé a
avoir la compétence
diagnostique.
La discussion avec le
patient permettra de
définir les circonstances
de l'accident, d'évaluer la
douleur et l'impotence
fonctionnelle ainsi que
les premiers traitements
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effectués.
L'examen clinique
permettra d'éliminer une
autre cause aux douleurs
(rupture du tendon,
arrachement osseux) et
surtout de désigner le
muscle atteint, le chef
exact et la localisation
dans ce muscle.
L'échographie permettra
de préciser la
localisation exacte de la
lésion, son type et la
présence et l'importance
d'un éventuel hématome.
Il est important d'évaluer
cet hématome car en
fonction de de son
volume, il sera peut-être
nécessaire de l'évacuer
par ponction.
A partir de l'examen clinique et de l'échographie, on pourra classifier précisément cet
accident musculaire.
Pour classifier un accident musculaire, il faut :
1. définir quel est le muscle atteint, par exemple le quadriceps (composé de
4 chefs, d'où son nom)
2. définir le chef musculaire atteint, par exemple le droit fémoral et sa
localisation dans ce chef
3. définir le type exact de la lésion, intra-musculaire, myo-tendineuse...
4. définir le degré de gravité de la lésion, élongation, déchirure...
Définir la lésion exacte
Comme nous l'avons vu au départ, l'UTM est un organe complexe qui peut varier dans
sa forme d'un muscle à l'autre. Certains muscles (comme le biceps brachial) possèdent un
tendon d'attache osseux à une extrémité, un muscle ovalaire à sa partie moyenne et un tendon
terminal qui s'attache sur l'os à l'autre extrémité. D'autres muscles n'ont pas cette anatomie
simple et peuvent avoir un tendon très court, plat, avoir un corps musculaire à plusieurs
parties (abdominaux grand-droits) ou une forme plus complexe (plume...) et se terminer non
pas sur un os mais sur un autre muscle ou sur une aponévrose. Ceci entraîne des lésions
différentes avec des lésions véritablement intra-musculaires mais aussi à la jonction muscle-
tendon (myo-tendineuse) ou sur l'attache aponévrotique terminale (désinsertion musculaire
comme pour le jumeau interne ou le droit fémoral).
Définir le degré de gravité exacte de la lésion :
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La lésion, comme nous l'avons écrit, peut concerner quelques fibres musculaires et
aponévrotiques jusqu'à l'ensemble du chef musculaire. Pour simplifier la prise en charge de
ces lésions, plusieurs classifications sont utilisées.
La plus simple (mais aussi la plus simpliste) reste la classification en 3 stades qui ont
l'avantage d'être bien connues des sportifs :
L'ÉLONGATION, accident le plus bénin, qui correspond à l'étirement ou à la
déchirure de quelques fibres microscopiques aponévrotiques et musculaires sans saignement.
Ce grade n'est pas visible à l'échographie.
La DÉCHIRURE (ou "CLAQUAGE") est l'accident type avec douleur importante
et sensation d'un claquement dans le muscle. Elle correspond à la rupture d'un certain nombre
de fibres musculaires et aponévrotiques avec un saignement et une lésion visibles à
l'échographie. Il peut exister dans ce grade un hématome dans le muscle.
La RUPTURE partielle ou complète qui correspond à la rupture visible d'une partie
ou de tout le muscle (lorsque le muscle se contracte, on voit apparaître une boule à son
niveau).
En fait, s'il est commode de classer ces accidents en 3 catégories, il faut savoir que tout
peut se voir depuis la minime élongation jusqu'à la rupture complète et qu'il n'est pas toujours
facile de faire "rentrer" un accident dans une catégorie précise.
Un fois que le diagnostic précis aura été fait,
un traitement précis et efficace pourra être mis en place.
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