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Travail présenté par
KASONGO Dioso Priscilla
THOMACHOT Cécile
Dans le cadre du cours
de Communication Interculturelle
Professeur
: M. Alain Reyniers
Suivi
: Audrey Crucifix
Université catholique de Louvain
Faculté des sciences économiques, sociales,
politique et de communication
Année académique 2011 2012
Cas de la Zulu Nation Belgian Chapter
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I. INTRODUCTION
I.1. Problématique
La culture au sens large est l’ensemble des aspects intellectuels et artistiques d’une
civilisation. Elle comprend aussi l’ensemble des formes acquises de comportement et valeurs
dans les sociétés humaines. L’interculturalité est une mise en relation entre les différentes
cultures. Dans le cadre de notre étude sur la Zulu Nation Belgian Chapter, nous retrouvons
les aspects évoqués ci-dessus.
Nous abordons l’interculturalité sous l’aspect artistique, notamment au travers du hip-hop.
Celui-ci est devenu une culture à part entière. Pour les adeptes du mouvement, la culture hip-
hop est passée d’un art pluridisciplinaire (danse, musique et dessin) à une façon de vivre
voire à un art de vivre. Le hip-hop est aux Etats-Unis et s’est peu à peu développé aux
quatre coins du monde. On peut dire qu’il représente un modèle d’interculturalité car il existe
grâce à la rencontre de différentes cultures et d’arts.
L’intérêt de notre recherche est donc de déterminer comment s’établit la communication
interculturelle au sein de la Zulu Nation Belgian Chapter, un mouvement dont les membres
viennent de tout horizon, sans distinction de sexe, religion, ou de couleur de peau.
En nous focalisant sur le hip-hop, nous tenterons de comprendre comment cet art est devenu
un moyen de communication entre les cultures. Comment expliquer que des gens de tout
bord, grâce à la culture hip-hop, réussissent à se comprendre et à cohabiter. Comment leur
culture d’origine influence-t-elle leur art ? Comment le hip-hop les a changés ? Que leur
apporte le hip-hop en tant que culture ? Quelles sont les représentations de ‘l’autre’ que
véhicule le hip-hop ? Comment arrive-t-il à communiquer avec l’autre au travers de ce
langage corporel/ figures artistiques ? Est-ce qu’adhérer à la culture hip-hop les a permis de
s’ouvrir aux autres et à leur culture ? Les participants et organisateurs ont-ils déjà rencontré
des barrières culturelles? Si oui, comment gèrent-ils ces tensions?
I.2. Question de départ et hypothèse
Dans ce travail, il sera question de savoir comment le hip-hop, à travers la danse, le chant ou
le D-jing est devenu un mécanisme de communication interculturelle, permettant à des
personnes d’origines différentes de se réunir et de se comprendre et même de cohabiter. En
fin de compte, nous tenterons de vérifier l’affirmation selon laquelle la culture hip-hop est au-
dessus de tout et qu’au-delà des différences, elle permet de rassembler ; qu’elle permet
réellement de dépasser le niveau du ‘vivre ensemble’ pour arriver à un réel ‘dialogueentre
cultures différentes. Et si oui, comment les protagonistes y arrivent-ils ?
En effet, nous pensons que le hip-hop permet réellement de dépasser les barrières culturelles.
Il est au-dessus de toute forme d’incompréhension interculturelle, un art de vivre ensemble.
La culture hip-hop s’enrichit de différentes cultures et permet à ses adeptes de s’ouvrir aux
autres. Et dans la Zulu nation, les membres se considèrent davantage par le biais du hip-hop
que par leur culture. Leur référence culturelle, c’est avant tout le hip-hop.
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II. Méthodologie
II.1. Présentation des méthodes
Pour cette étude, nous avons opté pour des entretiens de type semi-directif avec les
organisateurs et les participants. Nous pensons que l’entretien revêt des processus
fondamentaux de communication et d’interaction humaine. Des rapports sociaux s’y jouent.
De plus, l’enquêté a la possibilité d’aller en profondeur dans le sujet. Ce qui offre à
l’enquêteur un large éventail d’éléments pertinents.
En plus de l’entretien, nous optons aussi pour une observation directe de séances, trainings
et autres moments susceptibles d’être pertinents pour l’étude tels la préparation des Battles.
Nous croyons que cette méthode est importante parce qu’il est un moyen de résister aux
constructions discursives des interviewés en permettant de s’assurer de la réalité des pratiques
évoquées en entretien. Et pourquoi pas la prise en compte de paramètres inconnus jusqu’ici,
voire même insoupçonnés.
II.2. Préparation du terrain
Pour préparer notre étude, nous avons commencé par prendre contact avec l’un des
organisateurs (et fondateur) de la Zulu Nation ‘Belgian Chapter’, Philippe Fourmarier-
Garfinkels. Nous avons eu un long échange au cours duquel nous avons pu lui exposer notre
sujet et nos attentes en termes de coopération.
L’échange a été très fructueux, car il nous a permis de ‘prendre la température’ en ce qui
concerne les relations interculturelles au sein de l’organisation. Un des premiers constats a été
le fait que les conflits ou regroupements à caractère culturel, s’ils existent, ne sont pas
vraiment pris en compte dans l’organisation.
Nous avons également pu réduire notre champ de recherche en fonction des possibilités
d’interaction avec les acteurs et des spécificités de leurs échanges. C’est le cas de la notion de
‘culture’. Ce thème ambigu, l’est davantage pour notre étude. En effet, lors des événements
Zulu Nation, divers types de cultures différentes se côtoient : les cultures nationales, celles
liées au lieu d’habitation, les cultures religieuses, linguistiques, etc. Nous travaillons donc sur
la précision du type de culture à aborder, tout en rendant compte le mieux possible de la
complexité culturelle du ‘lieu’.
Ensuite, sur recommandation de Philippe, nous avons assisté le 31 Mars 2012 aux 20 ans de
Namur Break Sensation (alias NBS), un des groupes namurois pionnier de la culture hip hop
belge. Cet évènement nous a permis d’observer les modes d’interaction entre participants
durant un évènement de hip-hop.
Enfin, nous avons élaboré la feuille d’entretien. Nous avons procédé en choisissant les
grandes questions de notre recherche, et nous les avons converties en paliers. Nous avons
formulés plusieurs questions par palier, pour donner un vocabulaire étendu à l’enquêteur. Les
feuilles d’entretien sont disponibles en annexe.
II.3. Terrain
La feuille d’entretien a été appliquée aux organisateurs de façon assez éparse. Il n’a pas été
aisé de les rencontrer; ils ont des emplois du temps très peu souples. Chacun a été abordé
selon ses disponibilités.
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En ce qui concerne les participants, nous avons profité d’un évènement organisé par la Zulu
Nation ‘Belgian Chapter’ pour les rencontrer. C’était la Red Bull BC One Belgium Cypher à
Anvers le 1er Mai 2012.
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encore, l’application de la feuille d’entretien n’a pas été évidente. Lorsque les participants
sont arrivés sur le lieu de l’évènement, leur première préoccupation était de s’échauffer, de
prendre contact avec la salle et la piste de dance. Or, ce rituel était important pour eux, et
nous ne voulions pas les déranger. Mais avec l’aide des organisateurs, nous avons pu en
interroger quelques-uns. Au moment la Battle a commencé, nous ne pouvions plus les
interroger. Nous nous sommes arrêtés là.
Enfin, s’agissant des références, il nous a été difficile de trouver de la documentation
‘classique’ sur la culture hip-hop ; le sujet n’est pas très exploité. La plupart de nos
ressources ont été recueillies en ligne.
III. Cadre théorique
Pour aliser l’analyse, nous avons considéré trois approches théoriques : la vision de
l’étranger à travers les arts de la culture hip-hop (A. Milon), les éléments à prendre en compte
dans les relations entre cultures différentes (Hall) ainsi que les fondements et obstacles de la
communication interculturelle (Bo Shan). Ces éléments ont été choisis en fonction de leur
pertinence par rapport à notre sujet. À ce niveau, ils éclairent la compréhension. Par la suite,
ils interviendront dans l’analyse.
III.1. L’étranger
Dans son livre ‘L’étranger dans la ville’, Alain Milon évoque les rapports de la société
française avec les nouveaux arts issus de la culture hip-hop, notamment le rap et le graff
mural.
Il constate que le rappeur se contente de mettre en lumière des revendications sociales sans
proclamer son appartenance à un quelconque mouvement politique. L’important pour lui
n’est pas le sens du message mais « le fait de dire qu’on est et qu’on existe »
2
. De plus, il
n’attend pas de réponse politique.
Parlant de la danse, il affirme que « les gestes sont universels… »
3
, C’est un autre langage, un
méta langage, un nouveau langage dont il faut trouver la grammaire.
Dans l’ensemble, Milon envisage ces arts émergeants comme de nouvelles formes
d’expression redéfinissant l’architecture de la ville. Des arts qui sont nés du rejet social et qui
le récoltent en retour. Des arts qu’il serait utile de questionner davantage, pour trouver un
contrat de cohabitation viable au sein de la ville.
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Cet évènement consiste en une battle de break-dance (b-boying). Les ‘cypher’ sont les compétitions de base,
dans les pays ; Les gagnants participent aux ‘qualifiers’ qui sont régionales ; ensuite, la finale (‘finals’) est
organisée. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site de Red Bull BC one :
http://www.redbullbcone.com/battles/red-bull-bc-one-cypher-belgium-2012
2
MILON, Alain, L’étranger dans la ville. Du Rap au Graff mural, PUF, Paris, 1999, p 80
3
MILON, Alain, Op cit, p 84
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III.2. Les composantes d’une culture
Edward T. Hall et Mildred R. Hall nous ont offert dans leur ouvrage ‘Guide du comportement
dans les affaires internationales’ cinq coordonnées de lecture des relations interculturelles
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:
III.2.1. Le contexte
Il explique ce qui relève de l’information. Pour réagir, on a besoin d’information. Dans
certaines cultures, l’information se trouve dans le contexte et dans d’autres, elle se situe dans
la relation, dans le cadre même de l’interaction.
Il y a des sociétés à contexte fort/élevé (communication avec forte référence au
contexte) dans lesquelles il n’y a pas besoin de donner d’ordre particulier dans l’interaction,
on délivre uniquement un complément d’informations.
Une culture à faible contexte (communication avec faible référence au contexte) est celle
dans laquelle on a besoin d’une grande quantité d’informations pour communiquer, il est
donc essentiel d’expliquer dans l’interaction même ce qu’on doit faire (comment, etc.).
III.2.2. La place réservé au temps : polychronie monochronie
Chaque société organise de manière particulière son rapport au temps dans sa gestion des
activités quotidiennes. Dans les cultures monochromes, il y a une seule manière de voir le
temps dans l’interaction ; les sociétés polychromes quant à elles, acceptent et encouragent de
croiser des temporalités différentes.
III.2.3. Proxémique culturelle
En ce qui concerne la spatialité, Hall y voit un espace multi sensoriel. Ainsi, dans les rapports
avec des groupes culturels différents, on tiendra compte de l’espace olfactif, l’espace visuel,
l’espace tactile, l’espace auditif, etc.
III.2.4. Les chaînes d’action
Il s’agit ici de l’idée selon laquelle, dans les cultures, certaines choses élémentaires sont
acceptables dans la mesure ces phénomènes se passent en déroulant des actions qui sont
rituelles. Et pour chaque rituel, il y a des règles à respecter. Ainsi, chaque culture a sa
discipline dans les gestes et faits quotidiens. Ce sont surtout les cultures monochromes qui
sont les plus affectées lorsque les chaînes d’actions sont perturbées.
III.2.5. Les valeurs
Les valeurs sont des éléments essentiels dans l’organisation de l’interaction dans les sociétés.
À partir des valeurs, on peut tracer des portraits de sociétés, et se rendre compte des
difficultés des rencontres interculturelles. Le modèle d’orientation des valeurs part de valeurs
dans 4 dimensions et repère 3types d’attitudes différentes (profils culturels). Par rapport au
domaine de la pensée, de la destinée (rapport être humain-nature), du temps et le rapport à
l’espace, on distingue : de sociétés où la pensée est orientée vers l’action (tendance des
sociétés occidentales) ; des sociétés de la pensée en devenir (introspection et protection
individuelle) ; et des sociétés la pensée promeut la stabilité (prédilection du passé et de
l’espace communautaire).
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Voir HALL, T.Edward, Guide du comportement dans les affaires internationales. Allemagne, Etats-Unis,
France, Seuil, Paris, 1990, p 21-66.
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