Le Finistère n`est plus au bout du monde Ouest France

publicité
10
Bretagne / Finistère
Ouest-France
Mercredi 22 mars 2017
« Le Finistérien doit prendre son destin en main »
Des centres de décisions en Finistère. Avec son millier de légumiers et sa compagnie maritime, la Sica
compte rester un poids lourd de l’économie finistérienne. Malgré des « freins », dénonce le président.
1klmno
Entretien
Jean-François Jacob, président de
la Sica Saint-Pol-de-Léon.
Coopérative légumière de 1 000
adhérents, compagnie maritime,
rail-route (Combiwest, liquidée
aujourd’hui) : la Sica est un poids
lourd du paysage entrepreneurial
du Finistère…
Comme je le dis souvent, nous n’avions pas vocation, nous, agriculteurs,
à faire flotter des bateaux ou rouler
des trains. Mais on a bien compris,
ces 50 dernières années, qu’il fallait
prendre notre destin en main, parce
que personne d’autre ne le ferait
pour nous ! À cause de son isolement géographique, on a tendance
à oublier le Finistère. Et, dès qu’il
s’agit d’économie de production,
tout est plus compliqué de par les
contraintes, logistiques notamment.
Ce qui est arrivé avec l’Écotaxe a été
là pour nous rappeler qu’on ne laissera pas hypothéquer l’avenir de ce
département par des gens qui n’y
vivent pas.
Vous vous êtes souvent opposés
à Paris et à l’administration,
sur Combiwest, sur le projet de
plateformes logistiques… Est-ce
le Finistère contre la capitale ?
Ce n’est pas propre au Finistère,
mais le temps économique n’est
plus le temps politique. Car ce sont
les législateurs qui dictent les règles.
Nous, tout ce qu’on demande, c’est
de travailler et d’avancer. Mais c’est
devenu tellement compliqué ! On
vient de fournir 1 500 pages pour
une malheureuse demande d’autorisation pour récolter un produit. Les
plateformes logistiques à Saint-Pol et
Plouescat, qui doivent nous faire gagner en compétitivité, traînent depuis
dix ans. En Belgique, le même projet
a pris deux ans.
Nos concurrents avancent bien
plus vite que nous. Il y a les normes,
toujours plus lourdes. Et les procédures. On est dans le registre du recours permanent. Les agriculteurs
ont besoin d’outils pour fonctionner,
qu’ils soient individuels ou collectifs.
Sinon, on prend un risque pour l’avenir du territoire. L’agriculture, c’est
35 % des emplois en Bretagne. À
partir du moment où elle peut évoluer, s’adapter, le monde du bâtiment
se porte mieux, il y a des commerces
dans les petites communes…
Il faut aussi composer avec
des pays européens bien plus
compétitifs…
En moyenne, pour le secteur légumier et même horticole, l’écart de
compétitivité avec d’autres pays européens est de 30 %. Grâce à une
politique de diversification, segmentation et innovation, on l’a réduit de
moitié. Aujourd’hui, Prince de Bretagne, ce sont 70 000 références,
soit la gamme de légumes la plus
large en Europe. Et on projette de
se lancer sur le marché du légume
santé.
Avez-vous encore besoin de la
Brittany Ferries aujourd’hui ?
C’est une ligne politique de la Sica,
des producteurs. L’ensemble des
outils, y compris une compagnie
de bateaux, auront à leur tête des
agriculteurs. Même si c’est bien
moins stratégique qu’avant, pouvoir
exporter du légume par la mer, ça
reste important. Mais c’est aussi au
bénéfice du territoire. Si on la vendait à un groupe financier mondial,
la compagnie serait sans doute plus
rentable. C’est vrai qu’on rencontre
régulièrement des difficultés, et le
Brexit ne va pas nous arranger. Alors,
au lieu d’avoir des bateaux à Roscoff
onze mois sur douze, ils les exploiteraient juste deux mois de l’année
avec, peut-être, des salariés anglais.
Des décisions économiques qui en
feraient un outil très intéressant sur le
plan financier, mais ce serait au détriment de l’emploi et du territoire.
Les centres de décisions sont
donc vitaux pour l’économie
locale ?
Tant que des entrepreneurs bretons
batailleront pour garder des centres
de décision sur le territoire, on arrivera à préserver nos intérêts. On arrivera à s’entendre entre nous, de façon multisectorielle, pour donner un
chemin au développement économique. On ne refuse pas l’internationalisation, on en vit (40 % la production est exportée). Mais, sur un certain nombre de sujets, les centres de
décisions doivent rester en Bretagne.
On deviendrait tributaire d’arbitrages
qu’on ne maîtriserait plus. Et, à ce
jeu-là, malheureusement dans le
monde, je ne suis pas sûr qu’on soit
le territoire le premier préservé.
Recueilli par
Delphine VAN HAUWAERT.
« Le Finistère n’est plus au bout du monde »
Entretien
Nadine Bertholom-Cotten, PDG de
Guy-Cotten, à Trégunc.
Existe-t-il un esprit
entrepreneurial finistérien ?
On peut le dire. Il y a quand même
beaucoup de grandes entreprises
nées en Bretagne, dans des milieux
très différents : Yves Rocher, Bolloré, Hénaff, Piriou, Armor-lux… En
grossissant, les centres de décision
ont parfois changé de région, mais
ce n’est pas systématique. Le Breton est tenace, curieux et a souvent
l’esprit d’entrepreneuriat. Une explication pourrait être que lorsqu’on
est un peu au bout de tout, il faut se
débrouiller et faire soi-même. Un attachement à la région peut aussi expliquer cela : plutôt que d’aller chercher
ailleurs, on préfère créer ici.
Vous n’avez jamais été tentée de
quitter Concarneau pour Brest
ou Rennes ?
Notre société a démarré de façon artisanale et a grandi au fil du temps.
Rester sur la région concarnoise est
une bonne chose, nous sommes
proches de nos premiers utilisateurs : le milieu de la mer, bien sûr,
Pour Jean-François Jacob, « la première force du Finistère, c’est d’abord les hommes qui y vivent. Avec cette volonté
farouche de construire, développer. Parce que personne ne le fera pour vous. »
29 000
En 2015, l’Institut national de statistiques,
l’Insee, chiffre à 29 000 le nombre d’emplois en France, hors Finistère, contrôlés
qui fabriquent la grande majorité
de nos produits. Et, dans tous les par des centres de décisions finistériens.
cas, nous gardons notre savoir-faire
puisque toutes les matières sont coupées à Trégunc.
Nadine Bertholom-Cotten, la fille de Guy Cotten, est à la tête de l’entreprise
de Trégunc depuis 2002.
mais aussi le milieu agricole, que
nous fournissons également. De
plus, nous sommes une entreprise
familiale, attachés à notre région et
à taille humaine. Certains de nos
salariés sont là depuis le début ou
presque, ce ne sont pas des numéros…
Nous pourrions ne conserver que
nos bureaux ici, et délocaliser complètement la production à l’étranger.
Nous avons bien une entité à Madagascar depuis un certain nombre
d’années pour les produits à bas prix,
mais ce sont toujours nos usines de
Trégunc et de Landaul (Morbihan)
Que manque-t-il au Finistère
pour développer son économie ?
Si le Finistère a un inconvénient, c’est
bien évidemment l’éloignement. Pour
cela, les lignes à grande vitesse aideront beaucoup. Nous aimons faire visiter l’entreprise à nos clients et, à ce
niveau-là, plus on gagne de temps,
mieux c’est. Mais il ne faut pas se
plaindre, nous avons un réseau routier gratuit et plutôt bien fait. Certaines régions de France sont moins
gâtées que nous. La Bretagne est
quand même beaucoup moins isolée depuis ces 20 dernières années.
De plus, aujourd’hui les nouvelles
technologies permettent de ne pas
avoir besoin d’être systématiquement dans le lieu de décision. Grâce
à cela, le Finistère garde son charme
mais n’est plus vraiment au bout du
monde.
Pauline BOURDET.
Billet
Pourquoi des centres de décisions ?
Depuis la crise financière de 2008, on
perçoit de plus en plus la mondialisation de l’économie. On a vu la pointe
bretonne courber le dos en plusieurs
moments. Deux exemples, au-delà
des séismes sociaux de Doux et Gad
qui restent dans les esprits. La coopérative Cecab en Morbihan, propriétaire de Boutet-Nicolas, a fermé
deux sites à Rosporden en 2014.
Motif ? La restructuration de l’activité vers d’autres usines du groupe.
En juin 2013, le groupe norvégien
Marine Harvest Kritsen, leader mondial du saumon d’élevage, ferme son
usine de Poullaouen. Malgré la mobilisation des salariés et des élus, 140
personnes ont perdu leur emploi. Le
groupe Marine Harvest Kritsen faisait
des bénéfices, mais il a sacrifié Poullaouen…
Bien sûr, ce n’est pas parce qu’un
patron ou patronne de société est
« Finistérien en Finistère » qu’il évitera les aléas économiques. Mais,
pour certains décideurs de Breizh
Izel (Basse-Bretagne), l’entreprise fait
aussi de l’aménagement du territoire.
Sans passer pour des philanthropes,
ces entreprises restent aussi ici
parce que le savoir-faire existe, que
le cadre de vie est sans pareil. Elles
poursuivent une histoire bretonne.
Des centres de décisions en Finistère ? Cela veut dire des investissements qui restent en Finistère et des
capitaux qui peuvent aussi venir de
l’extérieur. Dans la mondialisation,
tout n’est pas à jeter : quoi qu’on en
pense, les investissements chinois
de Synutra à Carhaix créent aussi de
l’emploi.
Comment devenir et rester attractif,
là est la question.
Christian GOUEROU.
Publicité
Prenez note
22ème édition de la braderie
”Spécial Camping”
Les concerts de Merzhin
annulés
Lundi de Pâques 17 AVRIL 2017
à NOYAL-sur-VILAINE
Pour la 22ème année consécutive l’Amicale du Personnel Communal de Noyalsur-Vilaine, va transformer son centre
bourg en un immense terrain de camping.
Rendez-vous obligé des « accros » du
camping, cet événement unique accueille
des gens venus de toutes les régions de
France, de 6 heures du matin et en continu jusqu’à 18 heures, dans une ambiance
familiale, estivale et pleine de convivialité.
Tous, peuvent vendre ou acheter tout
équipement lié au camping, tels, une caravane, un camping-car, une toile de tente,
un auvent, du petit matériel (très prisé), et
même du petit matériel nautique.
Pour les enfants, petits et grands, il y aura
différents manèges. Des professionnels de
la restauration rapide et les commerçants
noyalais seront ouverts tout au long de la
journée.
PAS D’INSCRIPTION PRÉALABLE
INSCRIPTION AUX ENTRÉES LE MATIN MÊME
Pour tous renseignements :
Téléphone :
Portable 06.95.24.69.81
Portable 06.43.44.76.05
Courrier : Amicale du Personnel
Communal - Hôtel de Ville
18 Place de la mairie - 35530
NOYAL-sur-VILAINE
Site Internet : www.braderiespecialcamping.jimdo.com
Rennes A l ma et C esson S é vii gné
é
Les concerts de Merzhin prévus
les 24 et 25 mars à Quimper et Plabennec sont annulés. « L’un des
membres de Merzhin est, pour des
raisons médicales, dans l’incapacité de les assurer, nous sommes
malheureusement contraints d’annuler, explique le groupe, sincèrement désolé.
Le concert de Quimper est reporté
au samedi 13 mai prochain. Les billets déjà achetés restent valables
pour la nouvelle date. Les personnes
dans l’incapacité d’assister au
concert du 13 mai peuvent se faire
rembourser leurs billets auprès des
points de vente où ils les ont achetés, et ce avant le 30 avril 2017.
Le concert de Plabennec est reporté au 2 décembre. Les détenteurs
de billets doivent impérativement se
faire rembourser dès à présent auprès des points de vente.
Téléchargement