30 / Septembre 2012 •
Parmi eux, les gestionnaires de caisse de
retraite tentent présentement de
circonscrire cet univers pour en identifier
les conséquences et y déceler les
occasions d’affaires. Mais déjà, en
première analyse, il ressort clairement
que l’augmentation du capital
réglementaire et qu’une demande accrue
pour des éléments d’actif de qualité, plus
liquides, sont les grands paramètres à
surveiller. Sans oublier de nouvelles
contraintes lorsque la transaction fait
appel aux produits dérivés.
La crise financière de 2008 a braqué les
projecteurs sur le risque de liquidité du
système financier et provoqué un vaste
mouvement de changements
réglementaires. Portant son attention sur
les institutions bancaires, la Banque des
règlements internationaux (BRI) a
accouché d’une série d’initiatives, de
propositions et de recommandations visant
à renforcer la capacité des banques à
résister aux chocs, à accroître la qualité de
leurs actifs et à ajouter plus de profondeur
à la gestion des risques, et ce, dans un
objectif de transparence. Ce nouvel
environnement doit prendre
graduellement forme à partir de janvier
prochain avec, pour objectif, une mise en
place entièrement complétée en 2018.
L’exercice de la BRI consiste en une
invitation faite aux institutions bancaires
de converger vers Bâle III. Et il est prévu
que des correctifs soient apportés en cours
de route. Au Canada, le système bancaire a
su démontrer sa solidité, mais il est tout de
même craint que le Surintendant des
institutions financières, reconnu pour son
conservatisme en matière de règles
prudentielles, pencherait plutôt vers un
« BâleIII+ ». On peut imaginer que
l’industrie bancaire puisse mener,
présentement, un important lobby auprès
d’Ottawa afin d’éviter ce qu’elle appellerait
une surréglementation. On le voit, l’image
finale de ce nouvel environnement
réglementaire n’est pas figée, ce qui
n’atténue en rien la pertinence d’une
réflexion sur ses effets collatéraux
potentiels. Du point de vue de
l’investisseur institutionnel, les nouvelles
exigences, quelle que soit la forme finale
qu’elles prendront, auront une influence
certaine sur le marché des actions et des
obligations, sur les produits dérivés
négociés de gré à gré et sur les transactions
financières au sens plus large.
Trois grands thèmes
Patrick De Roy s’est livré à l’exercice.
L’associé et chef de la pratique nationale
de gestion des risques chez Morneau
Shepell, retient trois grands thèmes.
D’abord les régimes de retraite maison
des employés de ces institutions
bancaires, pour la plupart à prestations
déterminées. Le mouvement de
transformation vers des régimes hybrides
ou mixtes, à peine enclenché, pourrait
s’accélérer avec Bâle III, qui prévoit un
traitement asymétrique des surplus et des
déficits actuariels. « Même si les
institutions pourraient être incitées à s’en
remettre à d’autres types de régime, elles
ne peuvent se soustraire au poids du
passé », précise Patrick De Roy. Selon
l’actuelle mouture, le déficit des régimes
de retraite doit être déduit du capital
disponible. Au contraire, s’il y a surplus,
il demeure un coussin qui ne peut
cependant entrer dans le calcul et être
ajouté au capital. Pour le spécialiste de
Morneau Shepell, cette asymétrie ne sera
pas sans influencer la politique de
placement des caisses de retraite et
désavantager la prise de risque. « Dans
ces régimes maison, la politique de
placement tend déjà à s’éloigner du
risque de marché public. Bâle III devrait
accélérer ce processus. »
Les stratégies impliquant des éléments
d’actif moins liquides et faisant appel aux
produits dérivés seront également
touchées. Avec, transparence oblige, un
traitement différent selon que les
transactions se font de gré à gré ou
qu’elles sont compensées. « Les banques
servant souvent de contrepartie, des
Les risques de liquidités des banques
« Les banques servant souvent de
contrepartie, des exigences accrues
en capital deviendront synonymes
de coûts additionnels refilés aux
caisses de retraite impliquées dans
ce type de transaction. »
Patrick De Roy, Morneau Shepell