religieux et du politique en islam, le CISMOC a organisé cette grande conférence sur le cas
indonésien, menant la réflexion sur l’Asie du Sud-est, qui vue d’Europe, paraît lointaine.
Dans sa conférence Carool Kersten a d’abord fait la géo-histoire de l’islam en
Indonésie, et des rapports religion et État dans ce pays, depuis les premiers sultans musulmans
au 13ème siècle jusqu’à nos jours. Il y apparaît que des facteurs comme le commerce, la
position périphérique et la structure d’îles dispersées, sans pouvoir central comme sur le
continent asiatique, et le soufisme ont joué des rôles décisifs dans la lente, mais profonde,
islamisation de l’Indonésie. Une autre force a marqué l’histoire moderne de l’Indonésie, celle
du colonialisme hollandais entre 1602 et 1945. Au moment de la lutte anti-coloniale, des
groupes et des organisations islamiques émergent comme acteurs majeurs de la scène
politique aussi bien que de l’autorité religieuse en Indonésie. L’arrivée tardive et lente de
l’islam ainsi que la longue période du colonialisme, de caractère mercantile, font de l’histoire
religieuse et politique de l’Indonésie une odyssée complexe et profonde. Malgré des
mouvements islamiques violents, la lutte anti-coloniale a été dominée par le nationalisme
sécularisé. Cela pose la question de savoir si cela n’a pas épargné la fragmentation à
l’Indonésie, pourtant très variée géographiquement, religieusement et ethniquement au point
de prendre le nom officiel des Etats-Unis d’Indonésie en 1949, n’ayant pas connu un
colonialisme extrême et une réaction religieuse extrême comme au Moyen-Orient.
L’État indonésien et l’islam, entre endiguement et alliance
Carool Kersten a distingué deux moments dans la relation de l’État indépendant
indonésien (1945) à l’islam et aux acteurs politiques qui s’y revendiquent: un moment
d’endiguement et un moment d’alliance. Sukarno (1945 – 1967), le premier président de
l’Indonésie a plutôt choisi la sécularisation et la marginalisation des groupes islamiques, par
l’endiguement de leur influence. Sukarno a réussi à unifier les Indonésiens autour d’éléments
qui sont sécularisés, mais suffisamment flexibles pour contenir les principes religieux. Sa
doctrine politique, la Pancasila consiste en cinq principes communs que Sukarno voyait
comme permettant la diversité dans l’unité ; le document connu sous le nom de la Charte de
Jakarta les cite ainsi : la Croyance en un seul et unique Dieu Tout-Puissant, Humanité
civilisée et juste, Unité de l'Indonésie, la démocratie par la sagesse intérieure et la recherche
de consensus, la justice sociale pour tous les Indonésiens.
L’équilibre indonésien que Sukarno croyait atteindre allait s’écrouler car des intérêts
particuliers n’ont pas été satisfaits. L’armée indonésienne ne se sentait pas en sécurité, du fait