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Elodie Saunier
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Pourtant, et aussi étrange que cela puisse paraître, l’économie telle qu’elle est
enseignée aujourd’hui ne s’intéresse qu’aux échanges marchands comptabilisés
entre des acteurs supposés calculateurs. Les notions de don et de gratuité sont par
principe exclues et renvoyées dans le registre du social ou de la morale et à tort, car
tout le monde, tous les services, toutes les entreprises sont concernées par le don !
Don et marketing, des notions contradictoires ?
Les logiques du don sont bien plus connues qu’on ne le pense dans le domaine du
marketing. Cette discipline a su repérer le penchant humain à donner qui caractérise
les individus. Les études sur le comportement du consommateur ont en effet
largement identifié cet aspect anthropologique, en reconnaissant les caractéristiques
et les variables susceptibles d’influencer les comportements de don.
Cela non seulement dans le champ du marketing caritatif ou humanitaire, pour
déclencher des dons monétaires aux associations ou aux causes soutenues, mais
également dans le champ des relations purement commerciales. Les professionnels
savent que l’on donne d’autant mieux que l’on a reçu. La logique est donc simple : si
l’entreprise offre quelque chose à son client, si elle lui fait un don (matériel ou
immatériel), ce dernier se sentira plus ou moins consciemment redevable et sera
incité à rester fidèle à l’entreprise, voire à acheter davantage.
Comprendre la logique du don, c’est donc comprendre aussi sa possible
instrumentalisation… comment, en sens inverse, la logique du don peut modifier
cette dimension marchande et les méthodes du marketing. Si la sphère marchande
s’empare du don pour des fins marchandes, elle ne peut totalement l’évincer. Le
développement des « achats-gestes », qui se distinguent des produits concurrents
par leur dimension de solidarité, en sont le témoin. Ils manifestent que, si le
marketing se sert de notre penchant anthropologique à donner pour stimuler un
comportement particulier, il est également contraint de s’y adapter.
À propos de Bénédicte de Peyrelongue
Après une expérience professionnelle d’une dizaine d’années en entreprise, Bénédicte de
Peyrelongue a soutenu un doctorat en marketing et sciences de gestion en 2011. Depuis cette date,
elle est enseignant-chercheur au sein du centre de recherche du Groupe INSEEC et travaille sur la
place et le rôle du don et du gratuit dans le comportement du consommateur. Bénédicte de
Peyrelongue participe notamment à de nombreux colloques sur le sujet et s’investit également au sein
du pôle de recherche « Don et Gratuité » du Groupe de Recherche Anthropologie Chrétienne et
Entreprise.