Première partie : Chapitre I. Introduction générale et présentation de la zone d’étude.
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CHAPITRE I. Introduction générale
I.1. Cadre conceptuel de l’étude
I.1.1. La conservation de la biodiversité centrée sur les espaces protégés
La conservation des espaces a une longue histoire en Afrique (Mengue-Medou, 2002). Pour
des considérations coutumières ou religieuses, plusieurs espaces forestiers riches en espèces
animales et végétales étaient traditionnellement protégés (Hannah, 1992). En Afrique sub-
saharienne, les réglementations en matière de conservation de la nature (flore et faune) et de
la délimitation de leurs territoires d’application sont largement héritées du passé colonial
(Compagnon, 2001). En effet, la raréfaction du gibier a progressivement conduit dans cette
partie de l’Afrique à passer d’une stratégie de préservation utilitaire à une stratégie de
conservation de la nature (Giraud et al., 2004). C’est ainsi que les zones d’exploitations
forestières sont mises en protection sous forme de forêts classées, de parcs ou de réserves
cynégétiques (Roulet, 2007). La création d’espaces protégés en Afrique subsaharienne a
connu une progression croissante dès les années 1950 (Rodary & Castellanet, 2003). Les
espaces protégés préservent des écosystèmes clés contre la perte de la biodiversité et offrent
des laboratoires uniques pour enquêter sur le fonctionnement et la complexité des
écosystèmes (Myers et al., 2000). Ils comprennent 3 catégories principales : les Parcs
Nationaux, les Réserves Naturelles généralement de surface plus restreinte et les Réserves de
Biosphère (Dajoz, 2006).
Dans de nombreuses régions d’Afrique, la notion de Parc National a subi dans une large
mesure l’influence de la «Convention de Londres» de 1933, qui visait à souligner que
l’exclusion autant que possible de toutes les activités humaines maintiendraient les Parcs dans
un état intact et n’entraîneraient aucune modification essentielle (Giraud et al., 2004). Un parc
national est une aire protégée, un espace, un territoire relativement étendu qui présente un ou
plusieurs écosystèmes généralement peu ou pas modifiés par l’occupation ou l’exploitation
humaine où les espèces végétales ou animales, les sites morphologiques de l’habitat offrent un
intérêt capital du point de vue scientifique, éducatif et récréatif, et aussi dans lesquels existent
des paysages naturels de grandes valeurs esthétiques (Knobel, 1962 cité par Sinsin, 1985). Ce
territoire est soustrait autant que possible de toutes les activités humaines afin de le maintenir
dans un état pratiquement intact pour assurer à long terme la conservation de la nature ainsi
que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés (Dudley, 2008).
L’expression « service écosystémique » est apparue dans la littérature écologique dans la
décennie 1980, même si les racines sont bien antérieures (Barbault, 2008). C’est un concept
nouveau défini comme étant « les bénéfices fournis aux sociétés humaines par les
écosystèmes » (Daily et al., 1997 ; Barbault, 2008). Le mot ‘’bénéfices’’ fait penser qu’il y a
comparaison comptable des coûts et des revenus. Il semble inapproprié puisque cette
comptabilité n’est pratiquement jamais réalisée. Il serait préférable de dire que ces services
sont "l’ensemble des biens matériels et culturels qui sont procurés à la collectivité par le
territoire étudié" (Godron, 2012).
Ce concept est de plus en plus reconnu comme un moyen d’encourager la discussion sur la
dépendance des populations à la nature en particulier sa dimension sociale et économique
(Daily et al., 1997). Son emploi renvoie à une démarche générale qui vise à montrer les