1.2. Réseau et statut des aires protégées
On se rend généralement compte du fait que, même s’il est protégé efficacement, le réseau actuel des aires
protégées ne pourra pas garantir le maintien de toutes les espèces et les communautés de la région parce que la
représentation écologique n’y est pas complète. Un récent exercice stratégique destiné à évaluer les priorités en
matière de conservation biologique de la région (atelier de Libreville, 30 mars – 2 avril 2000 ; WWF, 2001) a révélé
des failles dans l’actuel réseau d’aires protégées et dans le support des projets internationaux de conservation qui
ne concordent pas parfaitement avec les plus importantes priorités en matière de conservation identifiées selon
des critères biologiques. Le rapport du WWF recommande de réaliser une évaluation, au niveau de la région, de
l’efficacité de la gestion des sites actuellement conservés, une évaluation du réseau d’aires protégées (AP) de la
région, de la valeur de certaines AP existantes et des ajustements des systèmes nationaux des AP. En effet, on a
constaté que de nombreuses zones dont la conservation exige un niveau élevé de priorité n’étaient pas assez
connues, ne jouissaient d’aucun statut de conservation et n’étaient soutenues par aucun projet de conservation.
La pression croissante exercée par divers facteurs (chasse, pêche, coupes de bois, routes, exploitations minières,
extensions agricoles, exploitation de pétrole et de gaz) isole peu à peu les AP les unes des autres. Ce processus
d’« insularisation » constitue une menace majeure pour les processus écologiques et la survie à long terme de
certaines espèces. La nécessité de protéger de vastes blocs forestiers, suffisamment grands pour abriter les espèces
sensibles et les processus écologiques fragiles, est reconnue de tous, et on a à plusieurs reprises exprimé des
recommandations pour la création de grands complexes consacrés à la conservation. Plusieurs propositions sont
actuellement mises au point pour le développement de telles zones, tant au niveau national qu’international, et
elles incluent des complexes d’aires protégées et non protégées qui sont soumis à différents régimes de gestion.
Cette approche inclut des propositions pour la création d’aires de conservation transfrontières et des plans de
régimes de gestion homogènes pour les complexes transfrontières d’AP contiguës (COMIFAC 2001).
Les différentes demandes qui pèsent sur les écosystèmes forestiers exercent une pression croissante sur les aires
protégées. Les routes tracées dans les concessions forestières avoisinantes ont créé un nouveau réseau de
communication qui facilite les déplacements et les transports et donne accès à des forêts qui n’étaient auparavant
pas affectées par la chasse. Les capacités de gestion actuellement disponibles en termes de personnel, de
formation et de support logistique sont insuffisantes pour assurer le maintien de l’intégrité des aires protégées. De
plus, la gestion de la faune dans les zones tampons des aires protégées est essentielle pour empêcher la disparition
locale des espèces de gibier dont dépendent les populations rurales.
1.3. Menaces actuelles sur les habitats et sur les espèces
Nous l’avons mentionné plus haut, le nombre et la variété des menaces qui pèsent sur la conservation des forêts
d’Afrique centrale augmentent sans cesse. Alors qu’on considérait que l’envahissement par les plantations de café,
de cacao, de caoutchouc et de palmiers à huile était la menace principale jusqu’à il y a 15-20 années, les principales
causes de la disparition de la biodiversité des forêts sont aujourd’hui les coupes de bois et la construction des
routes qui y est associée, l’exploitation de pétrole et de gaz, l’exploitation minière et la chasse. Ce changement est
dû à de nombreuses causes, y compris l’évolution des marchés internationaux, la dévaluation consécutive du franc
CFA en janvier 1994 et les mesures d’ajustement structurel imposées par la Banque mondiale et par le Fonds
monétaire international, ainsi que les politiques nationales et internationales en matière de subsides et autres
incitants économiques. De nouvelles difficultés économiques liées à la diminution des revenus pétroliers ont réduit
les possibilités d’emplois, créant une niche économique attractive pour le commerce de viande de brousse qui a
pris de l’ampleur en réponse à la demande insatiable pour la viande sur les marchés urbains (Wilkie et Carpenter,
1998). Il n’est pas toujours possible de quantifier la contribution respective de chacune des causes de déforestation
et de « défaunation » dans la région. Plusieurs facteurs causaux sont liés, ils apparaissent à la suite l’un de l’autre
et/ou ils évoluent en fonction des facteurs socio-économiques locaux ou des circonstances nationales. Il en résulte
que l’on considère maintenant le niveau de menaces existant et futur comme étant élevé dans toute la région.
Presque toutes les parties du Bassin de Congo connaissent l’une ou l’autre forme de chasse, et le commerce de
viande de brousse semble être partout devenu la menace numéro un (BCTF, 2002).
Davantage que les modifications induites par l’exploitation forestière et les changements qualitatifs et quantitatifs
générés par l’extraction de grumes, ce sont plutôt les pièges et la chasse d’animaux destinés à la consommation