Author: Isabelle CLOQUET
Department: IGEAT-LIToTeS
Institution: Université Libre de Bruxelles
Title: Conservation et développement touristique dans les sites naturels du patrimoine
mondial : que pouvons-nous apprendre de l’échec d’un PICD dans le Parc National de la
Lopé, au Gabon ?
Abstract:
Issus d’une approche anthropocentriste de la conservation, les projets intégrant
conservation et développement (PICD) se caractérisent par leur double objectif de
développement et de conservation (Brandon & Wells, 1992) ainsi que par leur volet
participatif (Blom, Sunderland and Murdiyarso, 2010). Les PICD se sont multipliés
au cours des trois dernières décennies mais n’ont cessé, depuis leur apparition, de
soulever les critiques. Butcher (2007) note, par exemple, les faibles perspectives de
développement socioéconomique laissées par ces projets qui, souvent, se
contenteraient d’un statu quo. La littérature regorge également d’études de cas
constatant les échecs des PICD et questionnant leur capacité à relever les défis qui
leur sont attribués (Blom et al., 2010 ; Brown, 2002 ; Garnett et al., 2007 ; Kiss,
2004). Aujourd’hui l’heure semble être au bilan ; il s’agit de tirer les leçons de ces
expériences passées pour mieux préparer la nouvelle génération d’outils de
conservation et de développement (Blom et al. 2010). Bien que les particularités des
PICD et des milieux où ils ont été implantés rendent difficile toute tentative de
généralisation concernant les facteurs explicatifs de leurs échecs (Abbot et al.,
2001), la liste de bonnes pratiques proposée par Blom et al. (2010) apparaît
intéressante pour une première analyse. Reprenant quinze éléments, cette liste
couvre trois dimensions : (1) les caractéristiques intrinsèques du projet, (2) les
relations entre le projet et les populations d’accueil et, enfin, (3) les interactions
entre le projet et les acteurs ou influences externes.
Aussi, après un rapide aperçu de ce que la littérature nous apprend au sujet des
PICD et de leurs failles, notre communication propose-t-elle d’utiliser les bonnes
pratiques relevées par Blom et al. (2010) comme critères d’analyse d’un PICD mis
en œuvre dans le Parc National de la Lopé, au Gabon. Contrairement aux problèmes
de sur-fréquentation rencontrés dans nombre de sites inscrits au Patrimoine
Mondial, les flux de visiteurs dans le Parc National de la Lopé restent trop faibles
pour que le parc puisse réellement bénéficier du développement touristique. Le
PICD que nous proposons d’étudier a été mis en place sous le programme ECOFAC II
et III sur le site de Mikongo. Il faisait partie d’un ensemble de projets ayant pour but
d’initier et stimuler, dans plusieurs sites d’Afrique Centrale, une dynamique de
développement écotouristique par la valorisation d’espèces phares particulièrement
recherchées par les touristes. Dans le cas qui nous préoccupe, l’espèce choisie était
le gorille des plaines de l’ouest (ECOFAC, 2003). Quoique d’une durée totale
relativement longue pour un projet, ce PICD, qui s’est étendu de 1998 à 2010, n’a
pas pu remplir la plupart de ses objectifs.
L’analyse de ce cas apparaît intéressante tant du point de vue de la conception du
projet que de sa mise en œuvre et de son suivi. Une lecture managériale et