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1. Introduction, contexte
La tradition française a longtemps été de reconnaître des droits et des libertés au profit des
individus sans pour autant que les pouvoirs publics s’impliquent dans les conditions de leur
utilisation. Mais, récemment, sous l’influence déterminante de la Convention et de la Cour
Européenne des Droits de l’Homme, le législateur français a défini un cadre juridique plus
adapté par la mise en œuvre successive de : la loi du 10 juillet 1991 relative à l’aide
juridique ; la loi du 18 décembre 1998 relative à l’accès au droit et à la résolution amiable
des conflits ; et enfin la loi du d’orientation relative à la loi contre les exclusions du 29 juillet
1998. Le point commun de ces textes de loi est qu’ils affirment que l’accès au droit est
indissociable de l’effectivité de l’accès aux droits et confère ainsi à l’Etat la responsabilité
de favoriser l’intelligibilité des lois produites et de faire connaître aux individus les moyens
permettant de concrétiser les prérogatives juridiques qui leur sont reconnues. La question de
l’accès au droit s’impose comme « une nouvelle politique transversale. Elle s’inscrit dans un
contexte qui n’est plus seulement judiciaire mais prend une dimension sociale et politique »1.
Elle ne peut désormais se réduire au seul accès à la justice (principe selon lequel chacun
peut obtenir devant le juge, la reconnaissance et le respect de ses droits) mais doit être
étendu à l’accès aux droits (une mise en œuvre effective des droits sociaux) et à l’accès à la
citoyenneté (qui unit l’exercice des droits au respect des devoirs). Pour accompagner cette
politique transversale, de nombreuses instances locales de concertation, entre les services
de l’Etat, les collectivités locales et les acteurs de la société civile (Contrats locaux de
sécurité, conseils départementaux de prévention de la délinquance, Commission
Départementale d’Accès à la Citoyenneté2 etc.) sont mises en place. L’émergence du projet
de mettre en place une « permanence de conseil juridique en droit du travail sur la
thématique de la lutte contre les discriminations » sur le territoire de La Ciotat en avril 2001
s’inscrit dans ce contexte. La Mission Locale, sensibilisée initialement au problème des
discriminations par la CODAC des Bouches-du-Rhône, dresse le constat que « Les jeunes
sont victimes, de manière diffuse, de formes diverses de discrimination » et que dans le
même temps « les permanences téléphoniques spécialisées dans le droit du travail sont très
difficiles à joindre ». L’action expérimentale est financée les deux premières années dans le
cadre du Contrat de ville3 de La Ciotat. Devant le succès de fréquentation de la permanence
sur le canton de La Ciotat, l’initiative est reconduite l’année suivante et élargie aux Missions
Locales d’Est-Etang de Berre et de Marseille en 2003 et 2004 dans le cadre du programme
européen Equal-Solimar.
1 ENA, L’accès au droit, Territoires et sécurité, séminaire de questions sociales, promotion Averroès (1998-2000),
54 p + annexes (document ronéotypé), p. 5
2 Circulaire du 18 janvier 1999 du Ministre de l’Intérieur sur les Commissions Départementales d’Accès à la
Citoyenneté (CODAC).
3 Circulaire du Premier Ministre du 31 décembre 1998 sur les Contrats de ville 2000-2006.