
indépendentaire 126 l Mars 2015 53
« La majorité des dentistes sont des personnes égoïstes qui ne
nous consultent pas pour des décisions qui auront un impact
sur nous et certains sont des radins qui gardent tous les avan-
tages (même petits) pour eux. »
Tensions
« Mon praticien me fait des re-
proches devant les patients, je
serre les dents et ne dis rien, mais
s’il savait comme je le déteste dans
ces moments-là. C’est le meilleur
moyen pour que je me sente rabaissée
et démotivée. Elle ne peut pas passer plus
de trois ans avec la même assistante, ça n’est
pas un hasard. Elle est très dure, en plus elle a la méchanceté
gratuite. Dès que je peux, je pars. »
« Certains pensent que nous sommes inutiles, en attendant,
j’aimerais bien voir comment s’organise un dentiste sans as-
sistante dentaire ».
« Plus d’une fois j’ai voulu arrêter mon métier d’assistante,
car ça se passait parfois très mal avec mes précédents prati-
ciens et notamment avec les hommes. Beaucoup de praticiens
hommes ont la fâcheuse tendance à se sentir supérieur à leur
assistante. Un de mes praticiens m’avait une fois amenée à un
repas pour me montrer, et m’avait présentée comme “Tatiana”
(ça n’est pas mon prénom !) qui entre deux rendez-vous “passait
sous son bureau”… alors que ce n’était pas du tout le cas. »
« Je n’ai pas le droit de récupérer les cadeaux offerts, même
quand ce sont des babioles et que mon dentiste n’en a aucune
utilité, comme si je ne le méritais pas… Certains fournisseurs
offrent de beaux cadeaux, mais ce n’est pas parce qu’un ca-
deau m’intéresse que je ferai de plus grosses commandes aux
fournisseurs. J’ai une éthique, ce dont doute peut-être mon
employeur ! »
« Les allusions sexuelles sont les moments les plus pénibles
au cabinet que ce soit de la part des praticiens ou parfois des
patients qui font de ces remarques taquines un moment de com
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plicité avec le praticien. On se sent impuissante et humiliée.
Mais on ravale sa fierté et on sourit. De toute façon, on nous
reproche de ne pas avoir d’humour si on ose une réplique…
Ma collègue m’a dit de prendre mon mal en patience et que
cela passait quand on devenait plus âgée ! »
« Quand la relation devient moins bonne, la seule solution,
c’est de partir… mais j’ai peur de dire à mon praticien que je le
quitte pour un autre cabinet, je ne sais pas quand lui en parler,
il est tellement stressé et pressé tout le temps. »
« Mon praticien est capricieux et cyclothymique. Je vis
dans l’appréhension de son humeur du jour. Je ne peux
lui en parler ouvertement sans outrepasser la limite de
mes fonctions. »
« Il se contredit en permanence. Je n’ose plus toucher à l’agenda
ni même mettre en place ce que nous décidions en réunion de
peur de devoir revenir en arrière. »
« Face aux patients difficiles, il peut par-
fois me faire porter le chapeau d’un
souci organisationnel. Mais surtout,
après coup, il décharge sa mauvaise
humeur sur moi. »
Respect et limites
« Mon praticien pense que j’ai du
temps à revendre. Tous les matins il ar-
rive en retard et prend une grande pause à midi,
résultat tous les rendez-vous sont systématiquement décalés et
je sors plus tard de mon travail. Bien entendu, je ne peux rien
lui dire puisque je ne suis que l’assistante, mais cela me pose de
gros problèmes. Même si au final, il me dit que je fais les heures
prévues, je ne peux pas m’organiser. »
« Téléphoner pour prendre ses rendez-vous médicaux, réserver
un restaurant, expliquer qu’il ne pourra pas venir dîner chez
sa tante… Je ne pense pas que cela fasse partie du métier d’as-
sistante dentaire. Enfin pas tel que je me l’imaginais. Je suis
souvent sa mère en fait ! »
« Mon métier est souvent dégradant, par exemple quand il me
parle en fin de journée, mon praticien ne regarde pas dans les
yeux et bâille sans cacher sa bouche, il ne se comporte jamais
comme ça devant un patient ou avec un collaborateur. Quand
je ne tiendrai plus, je changerai d’employeur, sinon je ne sais
pas quelle autre profession exercer. »
« Mon praticien a conscience qu’il a besoin de moi, et me le
dit souvent “Qu’est-ce que je ferais sans vous !” Cela permet
au respect de s’installer naturellement dans la relation. C’est
vrai que je n’imagine pas un docteur nettoyer un fauteuil ! »
Perspectives
« Le plus gros point négatif pour
moi, c’est le manque d’évolution :
on débute assistante dentaire et
on vieillit dans le même poste, ce
qui est très frustrant. »
« N’importe qui peut devenir as-
sistant dentaire aujourd’hui, ce n’est
pas une bonne chose. J’aimerais que la
formation n’accepte que les étudiants ayant
au moins un niveau bac et non brevet des collèges, ce qui per-
mettrait de filtrer ! »
« C’est un métier très varié dans lequel on peut évoluer…
en changeant de praticiens. »
TÉMOIGNAGES CŒUR DE MÉTIER