Les instants fourbes Journal de bord - Enseigner et partager

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Les instants fourbes
Journal de bord
Un projet starter au collège Christiane Perceret
de Semur-en-Auxois
1
Sommaire
Deux artistes en résidence ………………………………………………………………. p 4
-
Qui ? Où ? Quand ?................................................................................ p 5
-
Le projet de départ : la convention………………………………………………. p 6
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Descriptif du projet starter……………………………………………………. p 7
•
Estimation des moyens nécessaires………………………………………….. p 9
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Description du spectacle en création : Les Instants Fourbes …………….p 9
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Note d’intention……………………………………………………………………….. p 11
-
Deux artistes……………………………………………………………………………p13
-
•
Sylvain Paolini………………………………………………………………….. p13
•
Guy Martinez…………………………………………………………………… p 15
•
Interview de Sylvain Paolini par les élèves de cinquième…………… p18
Dans les coulisses des répétitions……………………………………………….. p 24
Une compagnie dans mon collège……………………………………………………p 26
Planning des interventions……………………………………………………… p 28
-
Pratique artistique : Compte-rendu d’ateliers avec les classes…………. p 37
•
Initiation à la pratique théâtrale avec les élèves de 5e SEGPA…. p 38
•
Atelier de découverte-jeu avec les 5e 3 : rechercher l’économie des
actions physiques………………………………………………………….. p 40
•
Découverte de la sc1, I des Fourberies de Scapin avec les 3e 2… p 42
•
A la découverte des masques avec les 5e 3 (2 heures)……………. p 45
•
Expérimenter par le jeu les enjeux du dénouement du Bourgeois
gentilhomme, avec les 5e 2………………………………………………… p 51
-
-
Travailler avec les élèves : rencontres théâtrales………………………….. p 54
•
Travail avec l’atelier théâtre……………………………………………… p 54
•
Rencontre théâtrale autour de La cantatrice chauve, de Ionesco.. p 58
Ecole du spectateur : inciter à la découverte des lieux de création……. p 60
•
Les amis de Jean René Bourgeot……………………………………….. p 60
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Rhinocéros at play……..………………………………………………….. p 62
2
Trois classes entrent dans le processus de création……………………………… p 67
-
Présentation du projet avec les classes………………………………………. p 68
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Un travail en amont sur la pièce dans le cadre des programmes ……… p 69
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Progression des ateliers avec les 5e 4………………………………………….. p 70
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Atelier 1 : Découverte-jeu afin d’apprendre à jouer ensemble….. p 70
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Atelier 2 : Découverte-jeu autour de la scène 1, Acte I des Fourberies
de Scapin……………………………………………………………………… p 73
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Atelier 3 : Découverte-jeu autour de la scène 1, Acte I des Fourberies
de Scapin (suite)……………………………………………………………. p 75
•
Atelier 4 : Aller plus loin dans la mise en scène (version musicale de la
scène 1) et expérimenter le masque neutre…………………………… p 77
•
Atelier 5 : Atelier de découverte des masques neutres…………… p 80
•
Atelier 6 : Travail sur le texte, le corps, les masques, intégrant les
propositions des élèves……………………………………………………. p 82
•
-
Atelier 7 : Dans les coulisses des Instants Fourbes……………….. p 84
Rencontre avec l’œuvre : Les instants fourbes……………………………….. p 86
•
Dossier préparatoire proposé par la compagnie…………………….p 86
•
Travail en amont : préparer 2 scènes sur le thème du conflit….. p 118
•
Représentation le vendredi 22 mars…………………………………. p 120
•
Un théâtre participatif selon les principes du théâtre forum… p 122
Bilan du projet starter……………………………………………………………………. p 123
-
-
-
Les acquis des élèves……………………………………………………………… p 124
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Un projet enrichissant………………………………………………….. p 124
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Les compétences travaillées……………………………………………. p 126
Témoignages…………………………………………………………………………. p 128
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Des élèves…………………………………………………………………. p 128
•
Un mot du chef d’établissement, Monsieur Lefol………………… p 131
Conclusion………………………………………………………………………….. p 132
•
Un article dans le Bien public………………………………………… p 132
•
Remerciements…………………………………………………………… p 134
3
Deux artistes en résidence
Sylvain Paolini guidant une élève dans un travail de mime.
Guy Martinez, réfléchissant à une version musicale de la scène 1 de l’acte I des Fourberies de
Scapin.
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Qui ? Où ? Quand ?
-
Deux comédiens en résidence, au collège Christiane Perceret, de Semuren-Auxois : Sylvain Paolini et Guy Martinez, de la compagnie Caméléons.
Du 22 novembre 2012 au 22 mars 2013, salle 001.
Projet coordonné par Gaëlle Cabau, professeur agrégée de lettres modernes.
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Le projet de départ
La convention
PARCOURS STARTERS 2012-2013
PRESENTATION DU PROJET
TITRE : LES INSTANTS FOURBES (spectacle vivant, théâtre participatif)
DUREE : 5 à 6 semaines
LIEU CHOISI : Collège Christiane Perceret - 8 rue du Lycée - 21140 SEMUR EN
AUXOIS
CONTACTS COLLÈGE :
Mr Patrice LEFOL - Chef d’établissement
Tél. 03 80 97 44 81 / Mail. [email protected]
Melle Gaëlle CABAU - Professeur de français
Tél. 06 64 93 39 28 / Mail. [email protected]
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Description du projet parcours starter
Les différentes étapes
• Découvertes jeu :
Elles permettront aux collégiens de pratiquer des ateliers de jeu autour du projet
Les instants Fourbes. Des extraits de scènes de la pièce seront judicieusement
choisis afin de faciliter la pratique des élèves. Mais aussi d’autres scènes seront
proposées dans le répertoire de Molière.
=> Atelier 12h au total pour les classes de 5e
• Découvertes masques :
Des ateliers seront proposés autour de la pratique des masques de commedia dell’
arte utilisés pour le spectacle. Un atelier d’initiation à la réalisation de masques
pourra prolonger cette découverte.
=> Atelier 2 h pour les classes de 5e
=> Atelier 2 h pour les classes SEGPA
• Découvertes mise en scène-mise en jeu :
La compagnie proposera aussi aux élèves d’assister à des répétitions-recherche des
Instants Fourbes. Les acteurs se mettront à disposition des élèves qui seront invités
à faire des propositions en direct sur le jeu, sur les situations et sur l’utilisation
d’objets. L’ensemble du groupe pourra développer son regard et le tester grâce à la
collaboration des acteurs et développer une orientation sur la pièce.
=> Atelier 2h30 pour les classes de 5e
=> Atelier 2h30 pour les classes de 3e
• Découvertes impromptues :
D’autres moments seront proposés à des collégiens selon les rencontres et les
demandes afin de créer une dynamique pour le plus grand nombre, renforcée par
l’annonce suivante : « une compagnie dans mon collège ». Ces moments auront pour
thème le conflit et s’inspireront des situations de Molière.
=> Atelier 5h au total pour toutes les classes du collège
Contenus pédagogiques
-
Lecture à haute voix, analyse et premières approches textuelles, travaux
scéniques, initiation au jeu : notion de situation, d’obstacle, d’urgence,
notion de personnage et adaptation aux personnages de Molière, découvertes
et approfondissement de l’univers de Molière.
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-
Sensibilisation à l’univers des masques, improvisations et textes, premières
approches du théâtre forum au travers du thème du conflit, échanges
artistiques avec la compagnie, parallèles avec les approches en classe.
Principe
Ces ateliers, moments de découvertes, seront proposés à des classes et leurs
enseignants et seront clairement définis dans un planning. Il s’agira de créer des
conditions d’approches ludiques du jeu, de permettre à tout élève de s’approprier et
de développer une approche personnelle et active, quelques soient ses difficultés.
Ces ateliers se feront en concertation permanente avec les enseignants et la
référente, Mlle Cabau, enseignante de lettres modernes au collège de Semur.
Voici le planning et les classes concernées par le projet
-
Classes de 5e : elles seront prioritaires et participeront à tous les ateliers de
façon privilégiée. Mlle Cabau souhaite mener un travail sur Molière de façon
suivie sur le premier trimestre. Les classes de 5e seront particulièrement
mobilisées sur ce projet qu’il leur sera présenté en début d’année.
-
Classes de 3e : dans le cadre de leur épreuve d’Histoires des arts, les classes
de 3e découvriront et travailleront sur le processus de création d’un spectacle
vivant.
La compagnie souhaite confronter sa création au regard des collégiens. Elle
s’engage à faire découvrir avec esprit les principes de sa création et de son
quotidien à l’ensemble de la population du collège. La compagnie souhaite répéter
au collège. Elle demandera un accès à une salle réservée pour les ateliers et pour
mener des travaux de répétitions, création pendant la journée. Certains moments
de répétition pourront s’ouvrir aux collégiens après rendez-vous.
(environ 4h au total)
Une représentation sera donnée au sein du collège à l’issue de la résidence, courant
Janvier 2013. (environ 45 minutes + rencontres 2h)
Calendrier de la résidence : 5 à 6 semaines sur Octobre 2012 à Janvier 2013
DURÉE : Totalité de l’action, il faut compter 5 semaines.
- 1 semaine pour l’implantation de la compagnie au collège et la présentation
du projet
- 30 heures d’ateliers (sur 5 semaines) avec toutes les classes (en rotation) du
collège dirigés par Guy Martinez et Sylvain Paolini (auteurs, metteurs en
scène et comédiens pour Les Instants Fourbes).
- Une présentation fin de chantier et annonce du spectacle «Les Instants
Fourbes».
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Estimation des moyens nécessaires
Humains
- pour les ateliers et l’accompagnement des élèves, il faut compter 2
intervenants comédiens.
- pour la représentation, il y aura 2 comédiens
Techniques
- Matériel pour le spectacle (projecteurs, pieds de projecteurs, rideaux...)
- Une salle à disposition dans le collège.
Tout le matériel sera apporté par la compagnie.
Financiers : 3000 euros TTC
OBJETONTANT COMMENTAIRES
Salaire 2500 €
Deux comédiens interviendront durant les 5 semaines d’atelier.
Location matériel et Installation et décors 200 €
Afin dʼimplanter un mini-théâtre et de jouer le spectacle «Les Instants Fourbes», des
installations son et lumière seront à prévoir
Gestion administrative 300 €
TOTAL PROJET 3000 €
Description du spectacle en création : Les
Instants Fourbes
Théâtre au collège avec des collégiens
L’association Caméléons a construit ce projet autour du principe : théâtre au
collège avec les collégiens. L’idée est d’organiser des moments théâtraux originaux
(durant 3h) autour de textes de Molière dans les espaces même du collège : la salle
polyvalente, les classes …
Le but est de permettre aux élèves de s’approprier de façon simple une pratique
théâtrale ludique et concrète avec des professionnels. Une attention particulière est
portée à la participation des collégiens. Il s’agit de les inviter à s’engager dans un
projet collectif, de leur permettre d’émettre des propositions qui les mettent en
valeur et développent leur confiance.
Le passage à la scène dans une situation théâtrale proposée, en compagnie de
professionnels, est un outil appréciable et formateur.
Le dispositif
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• La préparation
Un livret de travail, relativement léger (quelques scènes choisies dans les œuvres les
plus connues de Molière) est envoyé à l’avance aux classes concernées. Ce
document invitera les élèves à de petites traversées de saynètes, et une première
approche par la lecture.
Ces extraits pourront être lus, de façon individuelle ou organisés et préparés sous
la conduite des professeurs. Aucune obligation dans cette proposition qui restera à
l’appréciation des enseignants et qui devra garder un aspect volontaire.
• La représentation
Une représentation «éclair» des Fourberies de Scapin sera proposée par deux
comédiens professionnels. La pièce ne sera pas jouée dans son intégralité, environ
45 minutes seront interprétées par deux comédiens/personnages qui inventeront
une situation prétexte à la représentation. Les deux comédiens devront réaliser tous
les rôles de la pièce ce qui les conduira à proposer des solutions en jouant de cette
contrainte.
Cette problématique installera un dialogue avec les collégiens/spectateurs :
- Comment raconter la pièce en si peu de temps et si peu d’acteurs?
- Comment développer la situation théâtrale alors qu’il y a urgence et peu de
moyens?
Le jeu s’inspirera du théâtre d’objets et du jeu masqué de la commedia dell’arte.
• Les échanges
Après cette traversée des Fourberies de Scapin, une rencontre/échange est
proposée. Les collégiens pourront échanger avec les comédiens à partir de la
représentation. Cette discussion pourra se développer pendant environ 15 minutes.
• Un théâtre participatif
À partir du livret envoyé pour la préparation et des choix des élèves, une
problématique théâtrale est lancée : Comment monter quelques extraits dans
l’urgence ? Comment réaliser un impromptu ?
Les élèves sont conviés à interpréter, avec les comédiens, les scènes proposées.
L’équipe théâtrale est constituée et s’organise. Les participants entrent, sortent du
jeu, jouent en compagnie des comédiens, prennent la place d’un comédien, en
fonction du questionnement et des choix du collectif. Cette phase de théâtre
«interactif» se poursuit pendant environ 1h45.
Afin de concrétiser, et d’observer l’ensemble du travail abordé une mini
présentation, d’une dizaine de minutes maximum, peut s’organiser dans un temps
final.
• Le débat
Un dernier temps de rencontre/discussion autour de l’action menée, du théâtre, de
la profession viendra conclure l’intervention.
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Note d’intention
Les élèves découvrent le processus de création.
Ce projet est né de la volonté de mettre en place une véritable résidence
d’artiste autour de quatre axes forts :
Une compagnie dans mon collège
Le projet s’est construit autour de l’idée d’un espace ouvert, la salle 001 du collège.
Le but était de faire entrer l’univers du théâtre et sa richesse créatrice dans le
monde du collège.
Dès le départ les élèves ont ainsi été invités à investir cet espace, à se mettre dans
un coin, à observer, à proposer des idées, à intégrer le processus de création.
Pour mettre en œuvre cela, Sylvain et Guy ont donc proposé aux élèves des temps
d’atelier balisés avec les professeurs et des temps plus informels de discussionobservation avec les élèves intéressés, sur leur temps libre.
Découvrir le monde du théâtre par des ateliers de pratique
L’un des objectifs de cette résidence d’artistes étaient de permettre de découvrir, par
la pratique, le théâtre, en proposant des ateliers de jeu mettant en avant le corps.
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Ces ateliers ont été ouverts à l’ensemble des classes du collège afin de toucher, par
cette initiation, le maximum d’élèves.
Découvrir les différentes étapes de la création d’un spectacle vivant : Les
Instants Fourbes
Lorsque Sylvain et Guy se sont installés, ils avaient dans leur bagage l’idée d’un
spectacle, Les Instants Fourbes, réécriture des Fourberies de Scapin.
- Ils arrivaient donc à deux pour une pièce à dix personnages et la volonté de
trouver, avec les élèves, des solutions (masques, objets…) pour la mise en
scène : comment jouer le texte à deux ? Quelle traversée de l’œuvre proposer
en 45 minutes de jeu ? Quel travail réaliser avec les masques ?
- Ils arrivaient avec un texte du XVIIe et l’envie de se l’approprier à partir d’un
questionnement : que donne Molière aujourd’hui ? Comment décaler le
propos de Molière à aujourd’hui ? Comment le rendre présent, actuel pour
des élèves de collège ?
- Ils arrivaient avec un texte difficile et l’envie de passer par l’énergie du corps
pour l’appréhender.
L’envie d’un théâtre participatif, selon le principe du théâtre forum
La pièce, Les Instants fourbes, est donc née de la rencontre entre la compagnie et le
collège, et s’est modifiée à partir de la rencontre avec les élèves.
Ce travail sur la pièce, en amont, a conduit à l’envie de proposer pour la
représentation, un théâtre participatif, selon les principes du théâtre forum.
A l’issue de chaque représentation, un atelier a donc été proposé autour du thème
du conflit (Dom Juan et Le Misanthrope), permettant aux élèves de participer à des
moments de jeu.
Donc un spectacle-rencontre, interactif, posant la question de l’appropriation
des textes classiques, de l’intégration du public, de l’actualité des textes de
Molière.
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Deux artistes
Sylvain Paolini
Sylvain PAOLINI
26, rue de la liberté
21140 Semur-en-Auxois
: 06.13.73.62.91.
@ : [email protected]
Expériences professionnelles dans le secteur artistique:
Cinéma :
2010/2011
- docu-fiction
« Le chanoine Kir : la légende et son double » d’Eric Nivot
- Courts métrages :
« Grand frère » réalisé par Arnaud Southon
« Notre printemps » avec la compagnie Das Plateau
Théâtre:
2010/2011
- « Dream stories…à plus »
A partir de textes de Jean Jacques Varoujean, et d’un film de Fabien Hemard. Mise
en scène Sandrine Fourlon, le 9/11/2011 au festival international de Skopje
(Macédoine), et le 21/12/2011 à la Générale (Paris) dans le cadre du « jour le plus
court ». http://escalier4.free.fr/fr_info_theatre.html
- Création de « Solitaires »
Monologue, interprétation et mise en scène d’un texte de Philippe Blondeau.
http://www.youtube.com/watch?v=dQu8O1M7Aq4&feature=related
- « La peau d’Aïn Baadj » Compagnie des Ifs
Spectacle de marionnettes crée et mis en scène par Elodie Vuillet. Présentation
dans le programme off du festival mondial de la marionnette à Charleville Mézières
2011.
http://compagnie-des-ifs.over-blog.com/article-extrait-de-larepresentaion-du-17-decembre-2010-au-theatre-aux-mains-nues66852628.html
-
« Les clefs du père Noël » Compagnie Caméléons
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Spectacle pour enfants crée et mis en scène en collaboration avec Guy Martinez.
http://ciecameleons.canalblog.com/archives/spectacle_de_noel/index.h
tml
Formateur théâtre :
Depuis 2010 : Intervenant artistique auprès des élèves de seconde option
facultative théâtre au lycée de Semur-en-Auxois (21), ainsi que des élèves
en option d’exploration, et dans le cadre de l’accompagnement
personnalisé.
Animation de groupes amateurs (Le Rabot) à Semur-en-Auxois (21), Clair
de scène à Dijon (21), Parole ma parole à Liernais (21).
Organisation de stages « théâtre et mouvements », avec l’école de danse de
Semur-en-Auxois.
Mise en place de stage en collaboration avec le Point Information
Jeunesse de Semur-en-Auxois.
-
-
Mise en scène :
2011/2012 : « Les apéros du Rabot » : courtes interventions d’une
demie heure tous les quinze jours dans des cafés du pays de l’Auxois.
2011/2013 : « Le rien, le pire, le meilleur » : texte de Jean Michel
Baudouin interprété par trois lycéens semurois en option théâtre.
-
Formations professionnelles artistiques:
Octobre 2008 à Juin 2010 :
École Jacques Lecoq de Paris et Laboratoire d’Etude du Mouvement
(département scénographique)
Stages professionnels théâtre:
-
Février 2012 : Stage clown avec Sky De Sela organisé par le château
de
Monthelon.
Octobre 2011 : Stage de formation aux techniques de théâtre forum
au théâtre de l’Opprimé à Paris.
Juillet 2011 : Stage autour des textes de Jean Jacques Varoujean
avec Sandrine Fourlon de la compagnie Escalier 4 à Paris.
Juin 2011 : Stage de jeu masqué animé par Christophe Patty, avec des
demi- masques en bois fabriqués par Etienne Champion.
Janvier 2010 à Juin 2010 : Création et manipulation de marionnettes
avec Pascale Blaison à la NEF de Pantin (France).
Juin 2009 à Juillet 2009 : Stage de création de masques et jeu
masqué auprès de Donato SARTORI à Abano Terme (Italie).
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Guy Martinez
Guy Martinez :
16 rue de Besançon
21000 Dijon
06 79 83 58 02
Né le 06 mai 1957 à Oran
CV
Guy Martinez est un Comédien, Metteur en scène en Bourgogne.
Formation théâtrale
Ateliers du Centre Dramatique National de Bourgogne Dijon 1985-88,
enseignements de M. Azama, S. Oswald, D. Pitoiset, V. Rouche, M. Guigon et A.
Artigau, S. Braunschweig, J-L Lagarce.
Formation générale
Bac E
Maths sup, Maths spé
Licence de Mathématiques à Besançon
Maitrise ES Sciences Eco (UER Sciences Eco DIJON)
DEA Sciences Eco (certificats en Economie de l'Education IREDU DIJON).
Expériences du Jeu
- Rencontre en 2006 avec la Compagnie Caméléons avec laquelle il
pratique l'improvisation pour des entreprises, des interventions, des
spectacles, sketchs, théâtre-forum
-
Autres spectacles :
• Théâtre de l'escalier : Les Amis de J-René Bourgeot (rôle du juriste) :
de J-L Vuillermoz, Juillet 2011, Quétigny, m.e.s Michel Cortet
(tournée en 2012 ).
• L’indien cherche le Bronx, de I .Horovitz : (Rôle de l’Indien), Estivade
89 création collective
• CDN Dijon La Locandiera (de C Goldoni) (Rôle des serviteurs) (90-91,
tournée France, Suisse, Luxembourg)
• Tableau d’une exécution (Rôle de PRODO et d’un marin) (de Howard
Barker CDN DIJON mise en S Oswald. Tournée Nationale 93-94)
• Cie Fiat Lux .St BRIEUC : Garçon un Kir (création burlesque. Avignon
OFF 92 –93, puis tournée mondiale jusqu’en Sept 2002)
• Collectif 26000 Couverts : Sens de la Visite : spectacle de rue (Rôle
d’un guide: ''comédien pousseur 1ère Classe'') (Estivade 94 ,Châlon
dans la rue 94, Aurillac 96 etc Le Cargo 98, Ramonville, Cognac,
Houilles, Paris Parc de la Vilette, 98, Montbelliard… Arrêt en Sept
2002)
15
•
Avignon IN 99 Monochrome 8 à 15 (de et par Alain Béhar) (Rôle de
Quelqu’un)
Expériences Professionnelles Théâtrales diverses
- Formateur Spectacle vivant
- Parvis St Jean (Atelier du CDN 91-95)
- Grenier de Bourgogne (2000-05)
- Direction stages Afdas (stages professionnels de théâtre (95-97)
- Enseignement en milieu scolaire : Lycée option Théâtre-collège + Ecole
primaire
Théâtre hors les murs
Déplacer le théâtre dans des lieux du patrimoine des musées, au cœur de
manifestations festives dans la ville..., le confronter à des publics multiples en
inventant des situations originales et ludiques (Ecriture-jeu-mise en scène)
- Mai 2011 : Nuit des musées : musée des Beaux-Arts Dijon. (mise en
scène, écriture et rôle d'un faux visiteur- faux guide)
- Avril 2011: marche nocturne, candidature des Climats au patrimoine de
l'Unesco (parcelles de Chambolle musigny au clos Vougeot), (mise en
scène, écriture et rôle d'un moine)
- La parade des Pleurants au Musée des beaux-arts Dijon : déambulation
théâtrale à thème (déc2009) (mise en scène écriture et rôle d'un pleurant)
- La Biac (Dijon -Oct 07) semaine du Goût ; spectacle sur la dégustation du
vin avec G Pertuiset (1er sommelier de France 1980) (duo rôle d'un
sommelier)
- Belley (oct 07) interventions défilé de mode.
A Toulouse il fonde le groupe ''Machine arrière'' et entreprend des créations
théâtrales sous forme de déambulations originales en rapport avec les arts
plastiques : Il crée ainsi le concept d'objets nocturnes dans cet esprit :
- De quelques choses vues la Nuit ( de P. KERMANN). Toulouse 96, Avignon
IN 97.
- Les tristes champs d'asphodèles ( Toulouse )
- De La Guerre, De La Paix (de JP RENAULT) Festival les CYCLOPEDIES.
- Pièce de théâtre dans la Bibliothèque Ecole de Droit DIJON 2003
- Frictions 2004 au Musée Archéologique.
Théâtre en milieu scolaire
- Collège : 6éme au collège Montchapet : de 2001 - 2010
Ecriture de textes sur la Mythologie et création d'un spectacle : mise en scène coécriture du texte - direction de plateau- régie.
2001: La mythologie dans tous ses états
2002 : La conquête d’Ulysse
2003 : L’histoire d’Enée
2004 : Jason et la Toison D’OR
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2005 : Le conte : contes étiologiques, rencontres avec Grimm et Perrault.
2006: Mythologies du Loup.
2007: Hercule dans tous ses états
2008 : Pandore et les femmes dans la Mythologie
2009: Le théâtre de TARDIEU.
2010: Agamemnon
- Actions avec les petits:
'' Toute une école '' et le '' Théâtre '': Ecole Henri wallon ( Marsannay )classes de CP
-CE1-CE2-CM1- CM 2 mise en scène – direction du jeu- Ecriture .
L'idée de créer une semaine de théâtre à l'école et une représentation théâtrale
devant public. L'idée aussi de faire participer les élèves à l'écriture dans le cadre
d'improvisations encadrées.
2007 : Tardieu extraits de scènes, et écrits des élèves.
Mai 07 ...Décembre 2007: le conte Africain.
2009 : la véritable histoire des trois petits cochons.
2010 / Histoires d'écologie
Représentations salle de Marsannay-la-Côte.
Théâtre En Zep : dans les classes de CM1
Conventions avec la Ville de Dijon : Projet éducatif Local. Ecriture et jeu : deux
projets Juin06 – mars 08
- Actions en lycée
Depuis 1999 avec le lycée Montchapet : Ateliers, projets APAC, Bac Théâtre option
légère et lourde en seconde première et terminale
Dernières Créations 2012
-
Les Clefs du Père Noël : Duo comédien Rôle : personnage de Mr Dictatoff.
Co-écriture, Spectacle de Noël pour les 4-10 ans.
RI-POSTE : (Mise en scène co-écriture). Spectacle burlesque sur la
disparition d'un petit bureau de Poste .Dijon .29000 : (rôle de Mazerolles :
le père ) de Juliette Spéranza. Théâtre de L'Escalier, Quétigny, Création
Audincourt Dijon 2012.
Projets 2012 :
- '' Comptes écologiques '' Rôle Mr Huip. Spectacle solo de clown sur
l'écologie pour les 08 -12 ans et famille.
- Molière, Les instants Fourbes : Co-écriture et jeu à partir des Fourberies
de Scapin.
Mars 2012
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Interview de Sylvain Paolini par les élèves
de cinquième
Sylvain en plein échauffement avec les cinquièmes.
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le théâtre ?
Je fais du théâtre depuis 12 ans. J’ai d’abord fait du théâtre amateur et
ensuite je suis passé professionnel : même si je ne fais que cela, je n’arrive pas à en
vivre. Parce-que, qu’entend-on par « travailler » ? Gagner des sous ou y passer du
temps, de l’énergie, fabriquer des choses… la notion d’argent est accessoire : quand
il y en a c’est bien, quand il n’y en a pas, on s’en passe et on continue à travailler.
Avant j’étais éducateur spécialisé. J’ai obtenu mon diplôme à 33 ans, en
2000. J’ai alors commencé à travailler avec une troupe de comédiens, ici, à Semur,
la compagnie du Rabot.
En 2010 j’ai été diplômé de l’école Lecoq.
Comment avez-vous pris goût au théâtre ?
La première fois que j’ai été confronté au public, c’était en quatrième, au
collège de Montbard. Nous avons monté Antigone, et je faisais un garde qui sent
l’ail, donc un rôle avec très peu de texte. Je m’en souviens très peu.
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Je n’ai pas refait de théâtre, jusqu’à ce que j’obtienne le diplôme d’éducateur
spécialisé à 33 ans. J’ai alors découvert une troupe amateur ici, j’ai travaillé avec
eux, ça a pris de plus en plus de place, et un jour j’ai eu l’impression d’avoir deux
métiers.
Un jour, j’ai obtenu un coup de pouce : j’ai passé une audition dans une
école à Paris et ils ont voulu me prendre. J’avais oublié que quand on essaie, on
risque de réussir. Je n’étais pas prêt, alors j’ai refusé. J’ai ensuite fait l’école Lecoq ;
et je continue encore aujourd’hui à apprendre, en permanence.
Est-ce que vous exercez un métier en plus ?
Pour l’instant non, je ne fais que ça. Mais je n’arrive pas à en vivre.
L’allocation chômage me permet de ne faire que ça.
Comment devient-on comédien ?
Il y a des études (conservatoire, faculté, école privée) et il n’y en a pas. On
peut aussi décider de jouer avec une compagnie, et le faire de plus en plus.
Certains font beaucoup d’études mais ils ne savent pas forcément transmettre. Il
faut une volonté de s’ouvrir. Il ne faut pas faire des études de théâtre, mais faire du
théâtre.
Vous pouvez commencer les études de théâtre au lycée. Au lycée de Semur, il
y a une option lourde en terminale, c’est-à-dire que le théâtre est leur matière
principale : cinq heures par semaine. L’enseignement mêle théorie et pratique. Vous
avez aussi l’option facultative qui permet de passer le théâtre au bac si on en a
envie et seuls les points au-dessus de la moyenne comptent.
Combien de pièces avez-vous déjà jouées ?
Une dizaine de pièces dans un théâtre, avec un nombre de représentations
différent à chaque fois. Il y a eu des classiques, comme Le Bourgeois gentilhomme,
de Molière…mais surtout des pièces plus contemporaines comme le monologue
Solitaire, et des réécritures de romans comme Le Maître et Marguerite, à la
Cartoucherie.
Il y a eu : La bonne vie, L’émission de télévision (de Vinaver), Rhinocéros, Le
Bourgeois gentilhomme, Ri-poste (une pièce satirique autour de la poste).
J’ai aussi mis en scène des textes de Jean-Luc Lagarce, mon auteur préféré.
La plupart du temps ce sont des textes contemporains.
Quelles pièces préférez-vous jouer ?
C’est compliqué. J’ai joué beaucoup de choses, mais pas forcément des
pièces entières. L’année dernière, par exemple, j’ai joué un montage du Cid, dans
des cafés.
Moi j’aime beaucoup être en relation directe avec le public avec cette question
sous-jacente : est-ce que l’on joue ou pas ?
J’ai beaucoup aimé joué la pièce Rhinocéros, que nous rejouerons à Semur le
8 février : j’y joue un personnage façon un peu cartoon, plein d’énergie et
d’extravagance.
J’aime m’amuser, mais je peux m’amuser en pleurant ou en faisant pleurer.
19
Où avez-vous déjà joué ?
A Semur, Auxerre, Chagny, Dijon…., à Paris, dans différentes salles, à la
Cartoucherie, dans les locaux du théâtre du soleil, en Macédoine, en Ecosse pour
des festivals.
Pour moi, le théâtre, ce n’est pas forcément dans un fauteuil avec de beaux
rideaux en velours, des lumières… je joue beaucoup dans la rue. Le théâtre peut se
faire n’importe où ; mais attention, pas n’importe comment.
Avez-vous déjà joué une pièce écrite par vous-même ?
Je n’y arrive pas. J’ai écrit un texte, mais je n’ai pas réussi à l’apprendre. J’ai
donc demandé à quelqu’un de le jouer pour moi. La démarche d’écriture et la
démarche de mise en scène, puis de jeu, sont des démarches vraiment très
différentes.
Il faut dire que le texte n’était pas anodin : il s’agissait d’un secret de famille
qui a bouleversé ma famille sans réellement m’atteindre ; j’avais l’impression de
déjà savoir. C’était la première fois que j’écrivais avec pour objectif d’aller jusqu’à la
fin. Ça s’appelle Betty. Le spectacle existe actuellement sous forme de lecture avec
Jean-Marc Remy et un saxophoniste.
Je n’arrive donc pas à jouer ce que j’écris. Il faut aussi peut-être que je
trouve le bon metteur en scène, surtout qu’il s’agit d’un monologue.
Quelle est l’émotion la plus compliquée à jouer pour vous ?
Toutes sont difficiles à jouer… mais c’est surtout le désir, l’envie et
particulièrement le désir amoureux qui me semblent difficiles.
Il y a autre chose : je trouve également très difficile de jouer l’ivresse car on
tombe très vite dans la caricature et ça n’est pas forcément juste. Mais ce n’est pas
une émotion.
Si on parle d’une émotion vraie, alors on ne joue pas. Là, il faut réussir à
donner une émotion vraie tout en jouant. Il faut donc toujours avoir une petite
lumière qui contrôle l’ensemble. Il faut faire croire au public la réalité de l’émotion,
mais aussi avoir dans la tête un petit bonhomme qui contrôle.
Pour jouer la colère, on peut casser une chaise mais il faut que cela ait du
sens et que cela soit maîtrisé et contrôlé, pas dans l’impulsion. Le but n’est pas de
terrifier les spectateurs.
Vous-êtes-vous déjà disputé sur scène ?
Non, même si on n’est pas toujours d’accord. Dans ma formation chez Lecoq,
quand quelqu’un venait se plaindre que les autres ne voulaient pas jouer avec lui,
Lecoq répondait : « D’abord toi, essaie de jouer avec eux. » Les raisons viennent
souvent de nous. Il faut chercher à construire ensemble.
Que ressentez-vous une fois sur scène, quand vous jouez ?
J’ai envie de répondre « rien », parce que c’est surtout avant que ça se passe.
Je suis un traqueur, j’ai toujours une boule au ventre, je fais des exercices de
respiration… mais quand je monte sur scène il n’y a plus rien, parfois même pas le
texte : il faut être disponible à ce qui se passe.
20
Ensuite il y a une petite lumière qui te dit : « Parfait, tu as travaillé, tu n’as
pas à rougir, sois présent. »… et puis généralement ça part où ça doit partir, parfois
loin, parfois moins loin.
Le théâtre c’est l’art de l’instant. On doit se rendre disponible et pour cela, on
ne doit pas penser à ce que l’on va dire ou faire plus tard.
Je n’y arrive pas toujours, parfois c’est angoissant, mais si on a travaillé, ça
doit être là… et pour l’instant je n’ai pas eu de surprises trop désagréables.
Avez-vous déjà joué dans une pièce qui n’a pas séduit le public ?
Le public n’existe pas. Ce qui va te plaire à toi, ne plaira pas à un autre. Il y a
des pièces où tout le monde applaudit mais on peut se demander pourquoi : est-ce
que c’est la pièce qui a plu ? Une minute de la pièce ? Parce qu’il y avait quelqu’un
qu’on connaît ?
Et puis si une pièce ne séduit pas, j’ai envie de dire tant mieux. Je n’ai pas
envie de faire des choses qui font l’unanimité mais qu’on oublie vite… Faire ça c’est
bien, c’est divertissant, mais j’aime que l’on vienne me questionner, me dire ça j’ai
aimé parce que, ou ça je n’ai pas aimé parce que…
Attention, il ne suffit pas de créer une pièce, il faut aussi réussir à la vendre,
avec des gens qui prennent contact avec les théâtres, qui diffusent l’information.
Quelle pièce a remporté le plus de succès ?
Le plus de spectateurs ? La pièce où le public a été le plus satisfait ? La pièce
où j’ai été le plus satisfait ? C’est difficile à dire. Je dirais Rhinocéros, une pièce
bilingue jouée au festival d’Edimbourg en Ecosse. J’ai eu l’impression que les gens
sortaient contents car c’était drôle et que cela faisait réfléchir.
Combien de temps faut-il pour apprendre une pièce ?
Savoir un texte et savoir le jouer, ce sont deux choses différentes. Souvent les
gens viennent vous voir en disant : « Moi je ne pourrais pas être comédien, je
n’arrive pas à apprendre. » Or le texte n’est pas un problème en soi, mais un appui,
un partenaire.
Pour répondre à la question combien de temps, c’est difficile car j’ai joué des
pièces avec peu de texte, mais beaucoup de déplacements. L’année dernière, j’ai
appris un monologue d’une heure en une semaine. J’avais douze heures de route
pour aller chez mes beaux-parents, ma compagne lisait le texte et je répétais.
Ça dépend aussi comment le texte est écrit. Certains ont leur propre
musique et sont plus faciles à rentrer. Il y a des choses, on ne sait pas pourquoi on
les retient mieux : pour moi ce sont surtout les textes qui n’ont pas de sens.
Après on peut aussi avoir un impératif : le texte doit être su pour le… mais la
plupart du temps, on apprend en faisant. La semaine dernière j’étais à un festival
en Macédoine, et le metteur en scène nous a dit : « Vous n’apprenez pas, mais tous
les soirs vous lisez le texte. »
Que faire lorsqu’on fait une faute ?
Il faut s’en servir, comme dans la vie. C’est comme les obstacles, il ne faut
pas s’arrêter. Les accidents sur scène créent de nouvelles choses : le fait que les
21
choses ne se passent pas comme prévu est souvent une chance parce qu’on est
beaucoup trop souvent dans un tunnel. Il faut donc s’en servir pour faire du neuf.
Au théâtre, il faut essayer de ne pas refaire les choses. On apprend des
gestes, des textes, mais il faut toujours être dans une situation de recréation, et le
jouer comme si c’était la première fois… donc il ne peut pas y avoir de fautes.
Si tu travailles sur un monologue c’est un peu différent : tu gères toi-même,
tu te raccroches à un autre moment de la pièce. La plupart du temps, le public ne
connaît pas le texte, ne sait pas ce qui est prévu ou non. Le public est dans
l’instant.
Si on s’arrête, on abandonne le théâtre. Il y a des compagnies où ces
accidents sont programmés : « Oulala, excusez-moi, je me suis trompé », et on part
sur autre chose… mais là c’est prévu.
Même pour les classiques, on n’est pas obligé de les jouer de façon littérale. Il
faut juste ne pas en vouloir à la personne qui se trompe, la personne en face. On
n’est pas là pour savoir qui est le meilleur. Jouer, c’est jouer ensemble, avec le
public et tous les gens qui sont derrière. On n’est jamais tout seul.
Avez-vous déjà joué avec les grands noms du théâtre ?
J’ai eu la chance de travailler avec Jacques Fornier sur le monologue Solitaire
Il est le fondateur du Théâtre Dijon Bourgogne, précurseur de la décentralisation…
mais pas les grandes célébrités que vous connaissez. Guy pourrait répondre
autrement.
Quels conseils donneriez-vous à un comédien débutant ?
Mais je suis débutant. Je lui dirais : « Sois patient ! »… parce que les choses
n’arrivent pas vite ; parce que, quand on est dans une équipe, on met parfois du
temps à voir ses idées s’exprimer ; parce que le succès n’est pas toujours au rendezvous et qu’il est parfois où tu ne l’attends pas. Donc Patience, Passion et Travail :
mais c’est fatigant.
Le
métier
de
comédien
est-il
usant
physiquement
et
psychologiquement ?
Pas plus pas moins que celui de professeur. Quand on exerce un métier, il y
a des côtés positifs et des côtés négatifs que l’on accepte si c’est une passion. Cette
passion nous pousse à aller jusqu’au bout de nos limites physiques et
psychologiques… Heureusement, car je pense qu’on ne peut pas faire ce métier
sans prendre de risque. Je n’ai pas envie de me sentir à l’aise comme dans des
pantoufles… c’est aussi pour ça que je change de métier tous les dix ans.
Psychologiquement, c’est aussi difficile quand on travaille beaucoup mais
que l’on n’arrive pas à toucher le public. Il faut apprendre alors à se remettre en
cause. Il faut aussi être solide pour entrer dans la peau d’un personnage.
Mais le théâtre est une passion, ça ne peut pas être autrement quand on est
comédien professionnel. C’est mon métier, ma passion, mon loisir… un métier dans
lequel je cherche mon plaisir.
22
Quel rôle préférez-vous dans les Fourberies ?
Ici c’est un peu particulier parce qu’on va le jouer à deux. Je vais devoir jouer
tous les personnages ou une bonne partie, mais je ne sais pas encore sous quelle
forme. Bien sûr, j’aime beaucoup Scapin.
Sur quoi allons-nous travailler ?
Je ne sais pas. Nous sommes partis de l’idée de travailler autour du texte de
Molière Les Fourberies de Scapin. Mais on pourra peut-être réfléchir à comment on
construit un masque ou une marionnette. On pourra travailler sur d’autres textes.
Je sais juste que l’on veut créer un spectacle autour des Fourberies, un
spectacle dans lequel les élèves pourront venir.
Donc on peut venir vous voir ?
Vous pouvez venir nous voir répéter sur des temps balisés avec les
professeurs mais aussi librement sur votre temps lire. C’est un espace ouvert : donc
on peut s’asseoir, observer, discuter avec nous, participer à la création.
23
Dans les coulisses des
répétitions
24
25
Une compagnie dans mon
collège
Exercices sur le regard avec des élèves de troisième.
26
Le planning des interventions
Travail de respiration du groupe.
Pour comprendre le planning :
- M1 : 8H40-9H40
- M2 : 9H40-10H35
- M3 : 10H50-11H45
- M4 : 11H45-12H40
- S1 : 13H40-14H40
- S2 : 14H40-15H35
- S3 : 15H50-16H45
- S4 : 16H45-17H40
Les moments de résidence seront indiqués en gris :
- Ateliers
- Impromptus
- Répétitions
- Répétitions ouvertes
- Travail avec l’atelier théâtre
27
Installation de la résidence
Les jeudi 22 et vendredi 23 novembre
Prise de contact avec le collège, le chef d’établissement, les enseignants et les
élèves.
Jeudi 22 novembre
M1
M2
M3
Prise de contact avec le
collège :
- Rencontre avec
Monsieur Lefol
- Rencontre avec
Mme Cabau
- Rencontre avec
les enseignants
- Installation dans
la salle 001
Vendredi 23 novembre
Interview de Sylvain Paolini
par les 5e4
Avec Mme CABAU
Interview de Sylvain Paolini
par les 5e3
Avec Mme CABAU
M4
MIDI
S1
1er impromptu avec un
groupe de 10 élèves.
Petits essais de jeux
théâtraux
S2
S3
S4
28
Première étape : ATELIERS de DECOUVERTE-JEU
Du mardi 27 au vendredi 30 novembre
Mardi 27
Mercredi 28
M2
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 5e 3
Mme CABAU
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 3e S
Mme THIVENT
M3
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 5e 4
Jeudi 29
Vendredi 30
M1
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 5e 1
M. RIOTTE
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 4e S
Mme THIVENT
M4
MIDI
S1
S2
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 5e S
Mme THIVENT
S3
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 3e 2
Mme CABAU
S4
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 5e6
M. RIOTTE
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 6e 2
Mme LINNEK
29
Deuxième étape : ATELIERS DE JEU avec les classes
Et REPETITION du spectacle Les clefs du père noël
Du mardi 4 au vendredi 7 décembre
Et du lundi 10 au jeudi 13 : REPETITIONS et IMPROMPTUS
Mardi 4
Mercredi 5
Jeudi 6
Vendredi 7
M1
M2
Atelier de jeu
Jeu, placement du
regard et
improvisations sur
les Fourberies
Avec les 5e 3
Mme CABAU
M3
Atelier
Découverte-jeu
Avec les 4eS
Mme THIVENT
M4
MIDI
Travail avec
l’atelier théâtre
Mme CABAU
Mme LINNEK
S1
S2
S3
S4
Atelier de jeu
Jeu, placement du
regard et
improvisations sur
les Fourberies
Avec les 5e 6
M. RIOTTE
30
Troisième étape : ATELIERS DE JEU avec les classes
Et REPETITION des Instants Fourbes
Les jeudi 17 et vendredi 18 janvier
Jeudi 17
Vendredi 18
M1
M2
Atelier de jeu
Scène 1 Acte I des
Fourberies
Avec les 5e
M3
M4
Atelier de jeu
Scène 1 Acte I des
Fourberies
Avec les 5e
MIDI
S1
Impromptus
Avec 4 élèves
Autour de La
cantatrice chauve
S2
S3
S4
Atelier de jeu
Scène 1 Acte I des
Fourberies
Avec les 3e
31
Quatrième étape : ATELIERS autour des Fourberies de Scapin et
REPETITIONS des Instants Fourbes
Du lundi 28 janvier au vendredi 01 février
Lundi 28
Mardi 29
Mercredi
30
Jeudi 31
Vendredi 01
M1
M2
M3
M4
Midi
S1
S2
Atelier de jeu
Fourberies et
développement
du jeu
Avec les 3e 2
Mme CABAU
Atelier
Découvertejeu
Avec les 3e 4
M.
JACQUEL
Atelier de jeu
Fourberies et
développement
du jeu
Avec les 5e 3
Mme CABAU
Atelier de jeu
Fourberie,
scène 1Exploration des
gestes
Avec les 5e 4
Mme
CABAU
S3
S4
32
Cinquième étape : ATELIER – DECOUVERTE DES MASQUESREPETITIONS des INSTANTS FOURBES
Du lundi 04 au vendredi 08 février
Lundi 04
Mardi 05
Atelier
Découverte
des masques
Avec les 5e 3
Mme CABAU
Atelier
Initiation au
jeu théâtral
Avec les 4e3
M. RIOTTE
Jeudi 07
Atelier
Découverte des
masques
Avec les 5e 6
M. RIOTTE
Atelier
Initiation au jeu
théâtral
Avec les 5e 5
M.DOLET
Vendredi 08
Atelier
Scène 1 des
Fourberies en
musique
Avec les 5e 4
Mme CABAU
M1
Représentation
de Rhinocéros at
play
pour les élèves de
troisième
M2
Rhinocéros
M3
Rhinocéros
M4
Midi
Atelier
Initiation au
jeu théâtral
Avec les 3e 3
M.JACQUEL
Atelier
Découverte des
masques
Avec les 5e S
Mme THIVENT
Atelier
Initiation au jeu
théâtral (Le
Bourgeois
gentilhomme)
Avec les 5e 2
M.DOLET
Atelier
Exploration de la
scène 3 acte I, de
L’Avare
Avec les 5e
S1
Atelier
Découverte
des masques
Avec les 3e S
MmeTHIVENT
Atelier
Découverte des
masques
Avec les 5e 1
M. RIOTTE
Atelier
Initiation au jeu
théâtral
Avec les 6e 6
M.DOLET
Atelier
Exploration d’un
extrait de Tartuffe
Avec les 5e
S2
Atelier
Découverte des
masques
Avec les 3e 2
Mme CABAU
S3
S4
33
Sixième étape : MISE EN SCENE - REPETITIONS
Du lundi 11 au vendredi 15 février
Lundi 11
Mardi 12
Mercredi 13 Jeudi 14
Vendredi 15
Atelier
M1
Développement
et pratique du
masque neutre
Avec les 5e 4
Mme
CABAU
M2
Atelier
Développement
et pratique du
masque neutre
Avec les 5e 6
M. RIOTTE
Atelier
Découverte
des masques
Avec les 4e S
Mme
THIVENT
Atelier
M3
Développement
et pratique du
masque neutre
Avec les 5e 3
Mme
CABAU
M4
Midi
S1
S2
S3
S4
34
Septième étape : TRAVAIL DE REPETITION - REPRESENTATION
Du lundi 11 mars au vendredi 15 : REPETITIONS – IMPROMPTUS – MISE
AU POINT avec Mme Cabau
Du lundi 18 mars au vendredi 22 mars : REPETITIONS –
REPRESENTATION
Lundi 18
Mardi 19
Mercredi 20 Jeudi 21
Vendredi 22
M1
Représentation M2
des Instants
Fourbes
Suivi d’un
M3
moment de
théâtre forum à
partir de deux
scènes du livret
Atelier
Jeu Musique –
Masque
Sc 1 Acte I
Sc 2 Acte II
Avec les 5e4
Mme CABAU
Avec les 5e3 et
les 5e4 de Mme
CABAU
M4
Midi
Répétition
ouverte
Discussion
Avec les 5e4
Mme CABAU
Représentation S1
des Instants
Fourbes
Suivi d’un
S2
moment de
théâtre forum à
partir de deux
scènes du livret S3
Avec les 6e3 de
M. MOUCHOUT
Avec les 5e5 de
M. DOLET
S4
35
Pratique artistique
Compte-rendu d’ateliers avec les
classes
Importance du travail sur le regard.
36
Initiation à la pratique théâtrale avec les élèves de 5e
SEGPA
Atelier de découverte-jeu animé par Sylvain Paolini pour les 5e SEGPA
Mardi 27 en S2 avec Mme Thivent
Les exercices réalisés avec les élèves de la SEGPA permettent de mesurer à
quel point le théâtre peut être source d’éveil et d’épanouissement. Il s’agit
moins ici de théâtre, dans l’idée d’une formation au théâtre, mais d’une
formation de la personne, par le théâtre.
Si les élèves sont un peu dissipés au départ, ils réalisent néanmoins les
exercices avec enthousiasme. On peut noter alors :
- Un investissement personnel de chaque élève qui accepte de s’engager
dans les exercices.
- Une progression de la concentration et une meilleure écoute des
consignes.
Sylvain se montre un animateur patient, et toujours bienveillant dans ses
remarques. Chaque élève est invité à aller au maximum de ses capacités,
notamment dans l’exercice final sur les « a ».
Exercice I- Le baisemain
- Les élèves se placent en cercle, sans s’appuyer sur le mur et se prennent par
la main.
- Les élèves sont invités à faire le baisemain à leur voisin de droite. Deux tours
de cercle sont réalisés afin de venir à bout des réticences et gloussements
dégoûtés.
- Quand le geste est acquis, Sylvain propose aux élèves de l’accentuer, un
genou à terre, de l’exagérer, en le théâtralisant au maximum avec un son par
exemple.
Exercice II- Recherche de la position neutre
- Au théâtre il faut partir de ce qu’on appelle « la position neutre », qui est
comme la position zéro sur le thermomètre. Cette position permet de savoir
d’où l’on part : on essaie de raconter au départ le moins de choses possibles.
Si on change cette position (pieds ouverts, mains dans les poches…) on
propose une image qui a forcément un sens, une histoire. Cette position, une
fois qu’on l’a, il va falloir essayer de la garder.
• Pieds parallèles
• Pieds de la largeur du bassin
• Bras le long du corps, relâchés
• Regard devant
• Respiration par la bouche en l’ouvrant légèrement
• Il faut éviter de pencher en avant, en arrière, à droite ou à gauche
• Importance de la respiration : il faut respirer par le ventre comme les
bébés pour faire descendre le centre de gravité.
37
Sylvain met le doigt sur une réalité : « vous vous voyez tous les jours, mais
vous ne vous regardez jamais ».
Exercice III- Le jeu de la souris
- Les élèves doivent imaginer qu’une souris leur passe entre les pieds. Le geste
doit faire le tour du cercle, être communiqué.
- Cette petite souris, au départ, on l’évite en proposant un saut, pied droit puis
pied gauche.
- Pour la deuxième étape, les élèves doivent commencer à apporter un peu
d’émotion : ils doivent manifester leur joie quand la souris arrive, et être
tristes quand la souris repart, comme une vague d’émotion.
- La souris devient ensuite un rat dégoûtant : cet exercice permet de travailler
sur une nouvelle émotion.
- Puis la souris devient un éléphant : cet exercice permet d’amplifier le geste.
Exercice IV- Combien de « a » ?
- Au théâtre, et particulièrement chez Molière, les répliques commencent par
« a », par exemple la scène 1 de l’acte I : « Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un
cœur amoureux. »
- Il y a une multitude de « a » : a, ah, ah !, ah ?, ah !?, ha, ha !... : le texte sera
donc la lettre a
- Placés en cercle et en position neutre, les élèves vont devoir essayer de
trouver chacun une façon différente de dire « a » après avoir fait un pas en
avant.
- On réalise un premier tour, puis Sylvain propose un deuxième tour avec plus
de corps, plus d’intention :
• Il pousse chaque élève à aller au maximum de sa présentation.
• Il conseille aux élèves de décomposer : tu vois quelque chose, pause,
et ensuite tu ris.
Spontanément les élèves proposent leur intention : surprise, peur, dégoût : à
chaque fois, Sylvain reprend l’élève et lui permet de progresser par ses conseils.
Exercice V- L’écoute (avec Guy Martinez)
- Guy demande aux élèves de se placer en cercle, d’écouter le silence et de ne
plus bouger (aucun geste parasite, aucun mouvement dans le regard).
- Il souligne ainsi l’importance de la concentration lorsque l’on veut construire
une histoire ensemble : ne pas bouger, ne pas rire car sinon on abandonne le
spectateur.
Travail à faire pour la prochaine fois
- Chaque élève doit trouver une action à faire pour la prochaine fois.
- Cette action doit rester secrète.
38
Atelier de découverte-jeu : « rechercher l’économie
des actions physiques » avec les 5e 3
Atelier de découverte-jeu animé par Sylvain Paolini et Guy Martinez
Mardi 04 décembre en M2 avec Mme CABAU
Exercices d’échauffement animés par Sylvain
- Importance du silence : ne pas commenter tout ce qui se fait ou se dit.
- Les élèves se placent en cercle en position neutre (zéro ou page blanche).
- Ils doivent fermer les yeux et se tenir la main.
- Sylvain impulse un geste que les élèves se transmettent le plus rapidement
possible comme un courant électrique.
Exercice II- La petite danse pour chauffer le corps, la voix et dynamiser le
groupe
- Chanson : « Kereteke »
- Les élèves sont placés en cercle et répètent ensemble « kereteke » en faisant
un geste :
• Placer la main droite sur la tête de son voisin
• Puis la gauche
• Le cercle tourne sur la droite
• Mains sur les épaules du voisin
• Mains sur les reins du voisin
• Penchés en avant avec les mains sur les genoux du voisin
• Saisir les chevilles du voisin
• On resserre le cercle au maximum puis on l’agrandit en inspirant et en
expirant.
Exercice III- Avec Guy : une petite scène
Les élèves sont assis en cercle. Un élève vient au centre et propose une action,
comme piocher. L’action doit être mimée et développée de façon à créer un véritable
univers.
- Un autre élève arrive, se place devant le premier et lui dit : « Mais qu’est-ceque tu fais ? Oh ! »
- Le premier élève répond mais en disant tout sauf ce qu’il fait réellement : par
exemple « je me lave les dents ».
- Le deuxième élève prend sa place et fait l’action proposée, ici, se laver les
dents.
39
Ophélie cherche à s’assoir pour regarder la télévision.
Actions proposées par les élèves : regarder la télévision, manger, ouvrir le frigo, faire
ses devoirs…
Corentin ouvre un paquet de céréales.
Ce travail n’est pas facile et sollicite réellement l’imaginaire des élèves. Guy
encourage les élèves à aller plus loin dans leurs idées afin de reproduire
l’action physique au plus près de ce qu’elle est. Il s’agit d’un exercice que l’on
retrouve chez Jacques Lecoq.
40
Découverte de la Scène 1 Acte I, des Fourberies de
Scapin avec les 3e 2
Atelier de découverte de la scène 1, acte I des Fourberies de Scapin, par Guy
Martinez pour les 3e 2
Jeudi 17 en S4 avec Mme CABAU
Exercice d’échauffement
- Les élèves sont placés en cercle en position neutre
• Le regard devant
• Droit
- Ils déplacent leur main comme s’il y avait un mur devant eux : ils le font
exister, ils doivent le sentir.
-
Exercice sur le regard
• Les élèves doivent regarder autour d’eux en bougeant la tête. Au top,
ils fixent leur regard sur un point, attendent trois secondes et
s’exclament : « ah ».
• Le même exercice est effectué : la moitié des élèves sont immobiles
sur scène, les autres marchent autour, puis fixe leur regard,
attendent trois secondes, et s’exclament : « ah ».
Exercice sur le regard.
41
Travail sur le début de la scène 1, Acte I des Fourberies de Scapin
OCTAVE : Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! Dures extrémités où je
me vois réduit ! Tu viens, Silvestre, d’apprendre au port que mon père revient.
SYLVESTRE : Oui.
-
-
Travail d’apprentissage y compris du texte de Sylvestre, car ce « oui », il faut
le retenir, ne pas le dire tout de suite.
Les élèves sont invités à créer leur sous-texte :
• Sylvestre : un peu benêt
• Antoine propose en sous-texte : « Wach mon frère, c’est la misère.
Vas-y je la kiffe trop. Genre, on t’a dit que mon père était revenu
dans la cité. »
Les élèves proposent le texte en langue étrangère qui n’existe pas.
Quentin et Etienne travaillent sur le sous-texte.
Il est difficile aujourd’hui de parler « le Molière », il est donc important de
réfléchir à un sous-texte.
42
Travail sur la mise en scène
-
-
Sylvestre doit faire quelque chose car il ne peut pas être sur scène
simplement à attendre :
• Balayer.
• Ecrire : mais quoi ?
• Regarder la télé : mais pour que cela donne quelque chose il ne doit
pas être statique.
Clément, dans le rôle de Sylvestre, se rase comme s’il était en extase et se
trouvait sublime.
Estève nettoie les confettis car Octave a fait la fête la veille.
Corentin enfonce sa capuche sur sa tête et propose un Octave en pleurs.
Un Octave désespéré face à un Sylvestre démuni.
43
Atelier de découverte des masques avec Guy Martinez
et les 5e 3 de Mme CABAU
Lundi 04 février en M2, Guy Martinez et les 5e 3
Dans le texte de Molière, un texte du XVIIe siècle, la langue est importante.
On parle de littérature, on retient des répliques. Pour le jouer et trouver son
actualité, il faut trouver ce que le corps peut en faire.
Echauffement : l’acteur a un instrument qui est son corps
- En cercle.
- Se frictionner en partant des mains, les bras, le ventre, le dos, les jambes.
- Sauter puis laisser tout tomber en émettant un bruit.
- Taper sur le plexus solaire en émettant un bruit sourd.
- Ouvrir les yeux, les narines, les épaules.
- Tapoter tout le corps comme une douche.
- Laisser aller les bras en avant + un bruit : comme tirer les mots de la bouche.
Ophélie montre ce qu’elle a préparé sur la scène 1 acte I
- Quand on se costume, il faut le faire dans les coulisses car on rentre dans un
personnage. Il faut prendre le temps.
- Nazirah joue le rôle de Sylvestre : « Il faut que tu joues. Réfléchis. Qu’est-ce
qui peut t’empêcher de parler ? La peur ? La colère ? Essaie d’avoir une
action. »
Ophélie et le plaisir d’entrer dans son personnage.
44
Présentation des masques
- Sylvain et Guy, étant deux pour jouer toutes les Fourberies, vont utiliser des
masques.
- On peut faire des masques à partir d’une feuille, d’une bouteille.
- Les masques neutres ne peuvent pas parler.
- Dans la Commedia dell’arte les masques sont le plus souvent en cuir, comme
une seconde peau.
Guy présente un masque fait dans une bouteille : la naissance d’un personnage.
Avant de mettre le masque
- On ne peut pas mettre un masque comme ça. Un masque ça vous possède,
c’est pourquoi on le préfère en cuir.
-
« Le petit voyage »
• Debout position neutre, tête baissée, yeux fermés.
• Une petite fourmi va remonter doucement le long des jambes, du dos,
de la tête, venir sur votre visage et pousser doucement votre nez.
• Vous relevez la tête doucement + 1,2,3 + ouvrez les yeux.
-
Même travail à plusieurs en demi-cercle :
45
•
•
•
-
Même
•
•
•
•
Lorsque votre petit voyage est fini vous regardez autour de vous
(mouvement de tête précis comme un oiseau qui regarde) et vous fixez
le dernier, celui qui n’a pas encore les yeux ouverts : le regard doit
être un jaillissement.
Le dernier comprend que c’est lui : 1,2,3 il regarde le public + 1,2,3 il
regarde où il veut aller + 1,2,3 il regarde le public + 1,2,3 il se déplace
doucement vers le point où il voulait aller : il passe ensuite le relai en
fixant un autre élève.
Avec les déplacements, quelque chose s’organise. Tout le monde fixe
celui qui se déplace. Cela crée un tableau.
exercice avec les masques :
« Petit voyage »
Déplacement
Tableau final
Quand tout le monde est en place, tous se tournent face au public,
baissent doucement la tête, ferment les yeux, enlèvent le masque, le
fixent dans leurs mains et relèvent la tête.
Tableau final avec trois masques neutres.
NB :
- On n’a pas le droit de parler quand on a mis le masque : c’est une forme de
sacrilège
- Il faut avoir une discipline.
46
-
On peut faire des masques avec des feuilles et quelques traits
Sylvain termine l’atelier en dessinant au tableau, différents types de masque
que les élèves peuvent réaliser à partir d’une simple feuille de papier
Masques à réaliser avec de simples feuilles de papier.
47
Suite de l’atelier le vendredi 15 février en M3
« Quand tu mets un masque, tu n’es plus le même. Il faut une grande rigueur
pour avoir ensuite une grande liberté. Dans certaines écoles, les élèves font
trois ans de masque neutre. »
« Le masque neutre est un visage de disponibilité : il ne connaît rien car il
vient de naître et n’a jamais vécu. Le masque neutre est comme un oiseau qui
sort d’un œuf et voit le monde pour la première fois. »
Exercices de respiration
- Pour devenir un autre, il faut bien respirer. Respirer c’est avoir du plaisir.
- Les élèves en cercle inspirent par le nez et expulsent par la bouche en gardant
à l’esprit l’idée d’un sourire intérieur.
- Travail de mouvement : Inspiration – un pas – expiration – un pas : on doit
entendre la respiration et le mouvement doit être lent et posé.
Exercices sur le regard
- Les élèves sont placés en cercle, tête baissée. Ils doivent relever lentement la
tête, compter 1,2,3 puis ouvrir les yeux comme dans un jaillissement et
regarder autour d’eux (image de l’oiseau).
Exercices avec le masque neutre
- Les élèves reprennent l’exercice du petit voyage de l’heure précédente.
Cloé endosse le masque neutre avec beaucoup de sérieux.
-
Guy place un diamant dans un pot au centre de la scène : le but va être
d’arriver en premier au diamant, mais chaque masque ne peut faire qu’un pas
à la fois et doit, à chaque fois, reproduire tout le processus des autres
exercices.
48
Tableau final après le petit voyage.
49
Travail sur le dénouement du Bourgeois Gentilhomme
avec les 5e 2 de M. Dolet
Découverte des enjeux du dénouement du Bourgeois Gentilhomme, avec Guy
Martinez, les 5e2 et M. Dolet
Séance du jeudi 7 février
M. Dolet travaille sur la pièce en cours et souhaite que les élèves
expérimentent les enjeux de la scène finale en passant par le corps et le jeu,
avant l’explication analytique traditionnelle.
Bilal joue Covielle et écoute attentivement les conseils de Guy.
Travail d’échauffement
- Les élèves se placent en cercle.
- Position neutre.
- Les élèves passent un clap sur leur droite, en ayant un geste net, en
travaillant la concentration. Le geste s’accélère.
- Les élèves passent un « ça va ? » sur leur droite, le bras tendu / et un
« bonjour » sur leur gauche.
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Travail d’échauffement à partir du texte de la scène finale du Bourgeois
Gentilhomme
-
« Ecoutez-moi seulement ! »
• La moitié du groupe se place en cercle
• Un pas en avant
• Un geste
• 1,2,3 (pour l’attente) : il faut retenir la parole, la nourrir par le geste.
• « Ecoutez-moi !»
-
NB :
•
•
-
On cherche à voir comment le geste peut nourrir la parole.
Cette parole, il faut l’envoyer aux autres, envoyer de l’énergie.
Deuxième phase
• Geste
• 1,2,3
• « Ecoutez-moi »
• Tape la poitrine
• 1,2,3
• « Seulement »
Découverte de la scène de dénouement du Bourgeois Gentilhomme
-
M. Dolet rappelle la situation, c’est-à-dire : Qui parle ? A qui ? Pourquoi ?
-
A la lecture, un premier paragraphe se détache typographiquement, ce qui
veut dire qu’il y a une unité de sens.
COVIELLE. -Écoutez-moi seulement.
MADAME JOURDAIN. -Non.
MONSIEUR JOURDAIN. -Écoutez-le.
MADAME JOURDAIN. -Non, je ne veux pas écouter.
MONSIEUR JOURDAIN. -Il vous dira...
MADAME JOURDAIN. -Je ne veux point qu’il me dise rien.
MONSIEUR JOURDAIN. -Voilà une grande obstination de femme ! Cela vous fera-til mal, de l’entendre ?
COVIELLE. -Ne faites que m’écouter, vous ferez après ce qu’il vous plaira.
MADAME JOURDAIN. -Hé bien, quoi ?
Travail sur cet extrait
-
Lecture du texte en prenant bien le temps de comprendre, de lire, d’ajouter
des gestes.
51
-
-
Rejouer le texte de mémoire, même si on ne retrouve pas exactement les
mots :
• Covielle veut se faire entendre.
• Mme Jourdain refuse toujours.
Ajouter des gestes, du physique : on ne peut pas jouer s’il ne se passe pas
quelque chose avec les corps :
• Covielle peut marcher, mais comment ?
• Mme Jourdain dit non à tout. « Tu dois montrer que tu veux faire
reculer Covielle.»
• Remarque misogyne de M. Jourdain. Il est marié depuis longtemps à
Mme Jourdain. D’agacement, elle lui jette son foulard au visage.
• L’énervement monte : Mme Jourdain est prête à divorcer, à le mordre.
• Covielle veut se faire entendre, mais il est plus diplomate. Il entre en
longeant le mur du fond et essaie de placer un beau « Madame ».
• Mme Jourdain : attention le geste vient avant et doit nourrir le
« non ».
• Peur de M. Jourdain qui va se placer derrière un poteau.
Grâce au corps, à l’énergie, au physique, émerge le sens de la pièce, les
rapports entre personnages, leur caractère. Il faut s’approprier le texte de
Molière en le jouant, et ensuite on peut passer à une explication plus
littéraire.
52
Travail avec les élèves
Rencontres théâtrales
Sylvain et Guy ont mis leur savoir, leur pratique au service des élèves, créant
de véritables liens avec certains d’entre eux.
Un cours avec les élèves de l’atelier théâtre
Tous les mardis midi, une vingtaine d’élèves se retrouvent pour une heure de
théâtre, guidés par Mme Linnek et Mme Cabau.
Le mardi 04 décembre, Sylvain et Guy sont venus partager leur expérience
avec les élèves de l’atelier.
Exercices d’échauffement proposés par Mme Cabau et Mme Linnek
- Marche dans la salle.
- Au top les élèves demeurent immobiles
- Marche. Quand l’animateur dit « haut », les élèves sautent en l’air et émettent
un cri aigu. Quand l’animateur dit « bas », les élèves se baissent rapidement
et émettent un cri grave, presque animal.
Exercice de rencontre
- Les élèves sont placés en deux lignes face à face
- Les couples d’élèves doivent se rencontrer en montrant de la joie, en se
touchant : cet exercice est là pour habituer les élèves à entrer en contact et
donc à se faire confiance.
Lecture du texte et discussion
Le monde ?
Tu le connais, toi, le monde ?
Non, je viens juste d’arriver…
Et toi ?
Moi c’est pareil.
Et vous n’avez pas envie de le connaître ?
Si, mais comment on fait ?
53
Comment on fait ?
Il faut y aller…
Aller le découvrir…
Sortir de là…
Sortir de là ?
Ça a l’air grand
Ça fait du bruit
Ça a l’air dangereux…
Très dangereux…
Oui, mais on est au théâtre…
Et ce qui est bien au théâtre…
Ce qui est magique au théâtre…
Eh bien ?
Eh bien au théâtre
Si tu ne veux pas aller vers le monde
C’est le monde qui vient vers toi.
Oh là, c’est compliqué… Tu peux nous expliquer ?
D’accord. Regardez. Imaginons que nous voulions parler de l’Afrique. Nous avons
besoin d’Africains. Eh bien lui, par exemple, je vais décider qu’il est africain… Un
Africain noir. Mon problème c’est qu’il n’est pas noir. Allez me chercher un tee-shirt
noir et une casquette noire… Je vais décider que ça signifie qu’il est Africain… ça
s’appelle une convention !
Nous aussi on peut devenir Africains ?
Oui, si ça vous amuse…
Et si, par exemple, je veux parler des enfants des rues, qui sont habitués à vivre
dans la violence ?
54
Pas de problème, il suffit de leur donner l’apparence de la violence !
Et tu es sûr que c’est sans danger ?
Tant que ça reste du jeu, pas de problème…
Moi, je préférerais quelque chose de plus calme… Imaginons des pimbêches
vaniteuses et très énervantes. Qu’est-ce que ça pourrait donner ?
Ça pourrait donner ça…
Et c’est comme ça que le monde entier arrivera jusqu’à nous ?
Eh oui, il suffit juste de le vouloir
Il suffit juste de le décider
Il suffit juste de le laisser venir.
Travail sur le texte avec Sylvain et Guy
Guy demande à trois élèves de le rejoindre sur scène :
- Charles doit marcher comme d’habitude, puis adopter une démarche
différente.
- Théo : doit marcher comme d’habitude, puis adopter une démarche
différente, puis sauter sur place : tu penses à quel animal ? Un lapin ?
Deviens cet animal. Théo intègre ensuite dans sa marche la démarche deux
et quelques secondes où il se transforme en lapin.
- Chloé : dis bonjour à Charles.
• Chloé fait la bise à Charles
• On est dans un pays où on ne peut ni embrasser, ni serrer la main
pour se dire bonjour, comment fais-tu ? Lui met la main sur la tête.
• Chloé : Saute. Joyeuse. En ayant envie de faire pipi. Va lui dire bonjour
en ayant envie de faire pipi.
Pour faire un personnage, il suffit de modifier juste une petite chose, il faut
inventer autre chose que la vie et tout est permis.
Travail sur le texte avec deux élèves :
- Emile se lève et marche en ligne droite comme si l’espace était délimité par
des couloirs. Sa démarche doit être différente de celle de d’habitude. Emile
propose un personnage qui a peur. Puis il s’arrête.
- Amandine se lève et marche à son tour, comme dans des couloirs, puis elle
s’arrête.
- Les deux personnages se voient pour la première fois et se découvrent : ici
réaction de peur
- Ensuite, les élèves proposent les trois premières répliques.
55
Il faut trouver une façon différente de marcher. Au théâtre tout est possible.
-
-
Un couple d’élèves fait le même travail, mais au départ les deux personnages
émettent des sons très « bestiaux » : cela donne un côté mystérieux et
magique à leur interprétation
Sylvain, guidé par Guy, passe avec un autre groupe d’élèves.
56
Impromptus : Rencontre théâtrale
cantatrice chauve, de Ionesco
autour
de
La
Justine et Noémie, élèves de cinquième passionnées par le théâtre, se sont
particulièrement investies avec Sylvain et Guy. A deux reprises, elles ont eu le
privilège de travailler avec eux sur le début de La Cantatrice Chauve, de Ionesco, le
dramaturge préféré de Justine.
Le texte
M. SMITH, toujours dans son journal – Tiens, c’est écrit que Bobby Watson est
mort.
Mme SMITH. – Mon Dieu, le pauvre, quand est-ce qu’il est mort ?
M. SMITH. – Pourquoi prends-tu cet air étonné ? Tu le savais bien. Il est mort il y a
deux ans. Tu te rappelles, on a été à son enterrement, il y a un an et demi.
Mme SMITH. – Bien sûr que je me rappelle. Je me suis rappelé tout de suite, mais
je ne comprends pas pourquoi toi-même tu as été si étonné de voir ça sur le
journal.
M. SMITH. – Ça n’y était pas sur le journal. Il y a déjà trois ans qu’on a parlé de
son décès. Je m’en suis souvenu par associations d’idées !
Mme
SMITH.
–
Dommage
!
Il
était
si
bien
conservé.
M. SMITH. – C’était le plus joli cadavre de Grande-Bretagne ! Il ne paraissait pas
son âge. Pauvre Bobby, il y avait quatre ans qu’il était mort et il était encore chaud.
Un véritable cadavre vivant. Et comme il était gai !
Mme SMITH. – La pauvre Bobby.
M. SMITH. – Tu veux dire « le » pauvre Bobby.
Mme SMITH. – Non, c’est à sa femme que je pense. Elle s’appelait comme lui,
Bobby, Bobby Watson. Comme ils avaient le même nom, on ne pouvait pas les
distinguer l’un de l’autre quand on les voyait ensemble. Ce n’est qu’après sa mort à
lui, qu’on a pu vraiment savoir qui était l’un et qui était l’autre. Pourtant,
aujourd’hui encore, il y a des gens qui la confondent avec le mort et lui présentent
des condoléances. Tu la connais ?
M. SMITH. – Je ne l’ai vue qu’une fois, par hasard, à l’enterrement de Bobby.
57
Justine et Noémie nous livrent leurs impressions sur cette expérience :
témoignage
Avec les comédiens, nous avons travaillé ensemble sur la maîtrise du texte de La
Cantatrice Chauve, de Ionesco.
Ils nous ont aidées à développer nos mouvements pour donner un sens au texte et
nous ont aidées à trouver nos personnages. Ils nous ont ainsi fait partager les bases
du théâtre.
Nous avons beaucoup apprécié cette séance et espérons bientôt y retourner, seules
ou en classe afin d’améliorer notre jeu.
58
Ecole du spectateur :
Inciter les élèves à la découverte
des lieux de création
Afin d’apprendre aux élèves à devenir spectateur, à développer leur esprit
critique, deux pièces sont proposées dans l’année.
Plusieurs élèves de l’atelier théâtre assiste à la
représentation de la pièce Les amis de Jean René
Bourgeot
De Jean-Louis Vuillermoz
Mise en scène Michel Cortet
L’Escalier, compagnie théâtrale
Un spectacle ancré dans un quartier de votre ville
Une sorte de « visite guidée » d’un quartier, en deux groupes, préparée par la
compagnie et menée par les comédiens intègre quelques lieux dans la biographie de
Jean-René Bourgeot, personnalité locale méconnue, aujourd’hui disparue.
L’occasion d’un regard différent sur une maison, une rue, un élément urbain. Une
59
fausse assemblée générale de l’association « Les Amis de Jean-René Bourgeot »
permet ensuite, dans une salle de réunion du même quartier de réunir le public
pour des témoignages sur le grand homme qui s’avère être un sociologue dont les
thèmes de travail principaux ont été l’évolution des rapports dans le couple et le
recul actuel de la démocratie. La réunion en sera d’ailleurs une illustration et sera
bien difficile à tenir jusqu’au bout !
Le scénario de départ
Rien d'important n'avait encore été organisé dans sa ville natale à la mémoire de
Jean-René Bourgeot, éminent sociologue trop tôt disparu, dont les écrits
injustement méconnus (nul n'est prophète en son pays) continuent de tracer la voie
d'une transformation sociale radicale.
L'Escalier, compagnie théâtrale, a décidé de réparer cet oubli et le public est invité à
partager un moment de franche convivialité avec l'association des amis de JeanRené Bourgeot, récemment créée.
Suite à un appel à contributions adressé au corps universitaire, plusieurs membres
éminents et spécialistes internationaux mais aussi des amis et connaissances du
grand homme ont accepté d’intervenir pour apporter leurs lumières sur la vie et
l’œuvre de Jean-René.
En présence de Madame la Présidente de l’Université, de Monsieur le Maire et de
plusieurs représentants régionaux des corps constitués.
L’assemblée générale c’est l’épreuve de la démocratie à petite échelle, la
reproduction sur un petit groupe du grand jeu politique national. Au départ les
intentions sont toujours bonnes, il faut faire vivre la cause que l’on a prise en
charge, ici c’est la pensée et l’œuvre d’un grand sociologue, ce qui permet de
confronter les grandes idées aux petits hommes, la théorie des comportements à
son application pratique et immédiate. Sur place, tous sont persuadés de
l’excellence et de la pertinence des théories de Jean René Bourgeot, tous sont
persuadés de comprendre et d’appliquer ces concepts généreux, radicaux et
utopiques et ce faisant ne font que creuser l’éternel gouffre entre ceux ( classe
moyenne évoluée ) qui maîtrisent la langue les concepts, leur développement
personnel ( type bobos) et les autres (la classe populaire) qui sont partants pour le
concret des choses ( faire les sandwichs …), la juxtaposition des deux ne faisant
qu’élargir l’écart entre la théorie et la pratique.
Sous cette opérette démocratique monte la pulsion noire, le moteur non avoué de
toute entreprise humaine, le pouvoir, le goût, la soif de pouvoir qui pousse
irrésistiblement tout l’édifice, sans le détruire bien sûr, mais en le laissant sur des
fondations souvent inverses aux intentions, l’assemblée générale se transformant
en un petit théâtre politique, alimenté par les passions et les contradictions de tous.
60
Tous les élèves de troisième assistent à
représentation de Rhinocéros at play par
compagnie THEATRAVERSE
la
la
Objectifs de la sortie théâtre
Le vendredi 8 février, tous les élèves de troisième du collège ont pu aller voir
Rhinocéros at play, réécriture bilingue de la pièce de Ionesco.
Trois objectifs ont guidé l’élaboration de ce projet :
- Il s’agissait pour les élèves d’apprendre à devenir spectateur, à déchiffrer les
codes de la représentation théâtrale, en découvrant une pièce incontournable
du répertoire français.
- Il s’agissait également d’initier un travail en interdisciplinarité autour de la
pièce, dans l’optique de l’épreuve d’histoire des arts :
• Histoire des arts et thématique « arts et pouvoirs » : découverte du
spectacle vivant, de la mise en scène, du jeu des comédiens…
• Français : travail sur le texte de la pièce et son interprétation.
• Anglais : travail de préparation.
- Il s’agissait également de découvrir Sylvain Paolini à l’œuvre dans la pièce, de
pouvoir observer son jeu et en discuter avec lui.
61
Travail en amont proposé en cours de français
I- Découvrir la pièce et susciter un horizon d’attente chez le spectateur
-
Courte biographie d’Eugène Ionesco
-
Traversée de la pièce
•
•
•
•
-
Travail à partir de la liste des personnages.
Faire un croquis à partir de la didascalie initiale : que va-t-on pouvoir
garder ? Comment réaliser les indications de décor ? Qu’est-ce qui vous
semble plus difficile à garder ?
Découvrir les thèmes de l’œuvre à travers plusieurs extraits.
Synopsis.
Exercices de jeu autour de la métamorphose de Jean : Acte II Tableau 2
II- La question du langage chez Ionesco
La question du langage dans les pièces de Ionesco, à travers les premières
répliques de La cantatrice chauve
Ionesco pose la question du manque de communication entre les êtres et parfois de
l’absurdité du langage.
-
-
Rhincéros at play, une pièce bilingue : pourquoi ?
III- Le rapport à la mise en scène : quand le spectateur se met dans la peau du
metteur en scène
-
L’idée maîtresse de la scénographie selon Johanne Allan
-
Travailler en binôme pour proposer une solution au problème de la
transformation de Jean.
-
Travailler sur des propositions de mises en scènes, notamment celle
d’Emmanuel Demarcy-Mota (captations filmiques et photographies de la mise
en scène)
IV- Signification
-
Pourquoi un rhinocéros ? La signification du bestiaire.
-
Signification pour le metteur en scène
-
Ce qu’en dit Ionesco.
62
La pièce : dossier de présentation
Le Spectacle : Pourquoi Eugène Ionesco? Et pourquoi Rhinocéros ?
“I simply hold that it is difficult to make oneself understood, not absolutely
impossible” Ionesco.
Chacun des membres de Theatraverse parle plusieurs langues et a une forte
expérience avec au moins une culture qui leur était étrangère. Le fait de travailler
dans une deuxième langue ou même une troisième, crée un rapport particulier avec
le texte et nous incite à travailler avec nos diversités culturelles. Le fait qu’Ionesco
ait choisi d’écrire dans sa deuxième langue est un des aspects de son travail qui
nous attire.
Les pièces d’Eugène Ionesco sont, par excellence, des réflexions sur le dérèglement
du langage, et plus encore, des manifestes sur la communicabilité ou plutôt sur
l’incommunicabilité entre les êtres. Et nous nous confrontons pleinement à cette
difficulté dans Rhinocéros.
Ionesco a écrit Rhinocéros pendant une période de crise existentielle – pas
seulement la sienne mais aussi celle de ses contemporains. Les grandes questions
posées par Ionesco sur la possibilité de la communicabilité dans un monde où l’on
a du mal à comprendre les actes de guerre et l’abus du pouvoir restent pertinents
aujourd’hui.
L’auteur nous a fourni une abondance de didascalies et bien des indications sur ses
pièces – dans son Notes et contre-notes par exemple. L’auteur est présent dans la
construction et la mise en scène de ses pièces. Les didascalies sont des outils de jeu
sur lesquels nous nous appuyons pour ancrer Rhinocéros dans le présent.
Rhinocéros
« Rhinocéros est un conte que j’ai rendu scénique […] » Ionesco.
Rhinocéros nous montre jusqu’où peut aller la pensée unique et le totalitarisme. Il
serait intéressant de mettre en parallèle cette idée avec l’omniprésence de la langue
anglaise : sommes-nous en train d’assister à une occupation de l’Europe par la
langue anglaise ? A quel moment est-ce que cette « infiltration » cesse d’être un
progrès et devient une occupation ? Comment faire pour garder sa culture et sa
langue sans être mis à l’écart comme Bérenger ? Il n’y a évidemment pas là de
comparaison directe à faire entre le monde anglophone et le fascisme qu’évoque
Ionesco mais on se pose plutôt la question de l’importance de rester soi-même et de
garder son identité tout en évoluant. Est-ce possible, et comment ? Dans le
spectacle, nous serons amenés à confronter les extrêmes en se demandant où est le
juste milieu.
Comment résister et quelle résistance ? Dans un monde où chacun serait un «
rhinocéros » et personne ne parlerait la même langue, que pouvons-nous
comprendre? Est-ce que le résistant a raison ? Qui est le vrai bouffon dans l’histoire
? Peut-on croire à une résistance ? Contre quoi résistons-nous aujourd’hui ? Et
63
finalement, pourquoi résister ? Sommes-nous capables de communiquer les uns
avec les autres, dans quelque langue que ce soit ? La question du langage
devient alors primordiale puisqu’elle est induite par la question de l’identité, du «qui
suis-je » ?
L’individu est seul contre tous car son langage est unique.
Le Spectacle/ Note de mise en scène
Le spectacle a 5 comédiens sur le plateau, dure 1h40 et est destiné à tout public.
Un monde dépourvu de sens : les thèmes présents dans la pièce avaient un écho
évident au moment de l’écriture et des premières représentations, c’est à dire
quelques années après la seconde guerre mondiale mais, comme constate Ionesco
lui-même, le théâtre est un art vivant et les meilleurs textes restent toujours
d’actualité. Nous dépassons alors la notion du nazisme pour nous tourner vers
l’absurdité d’un monde dont nous sommes témoins tous les jours ; une absurdité
sans fin.
Il y a plusieurs niveaux de lecture quant à l’utilisation de l’anglais dans le
spectacle :
- L’anglais peut être utilisé en faire-valoir dans des phrases en français comme
dans la scène au bureau par exemple où les « bien éduqués » veulent bien
parler anglais pour briller en société.
- L’anglais peut servir de masque aux faux résistants comme Botard qui fait
semblant.
- L’anglais parlé ici n’a ni d’accent américain ni d’accent britannique : c’est
une langue sans accent, sans connotation critiquant la société américaine ou
britannique.
- L’anglais, utilisé à côte du français, nous pose de nouvelles questions sur la
communicabilité. Comment nous comprendre entre nous ? Comment se
comprendre soi-même ? Le choix de la langue parlée est-il véritablement
l’obstacle le plus important dans la compréhension de l’autre?
- Encore une fois, par le biais du bilinguisme, nous ajoutons une nouvelle
perception aux questions que pose Ionesco sur la communicabilité. Nous
cherchons et inventons de nouveaux jeux de langage : est-ce que ces
personnages se comprendraient mieux s’ils ne parlaient seulement français
ou anglais ?
La mise en scène :
- L’idée maîtresse de la scénographie est les métamorphoses en rhinocéros qui
se déroulent sur scène sous les yeux des spectateurs.
- Une chorégraphe dirige le travail du chœur de rhinocéros : la progression des
rhinocéros est représentée par une danse, lourde et sans grâce au début
mais devenant de plus en plus gracieuse vers la fin du spectacle pour
constituer un ballet beau et entrainant. Le public, comme Bérenger, a envie
de danser avec eux.
64
-
-
-
-
-
D’un point de vue plastique, la matière première brute – la terre, l’argile, le
béton, le métal – est le fil conducteur.
Des personnages sans nom restent des formes loin du réalisme, et des
comédiens changent d’une forme à une autre à l’aide d’un détail de costume,
une façon de se tenir, la voix…
L’espace scénique devient de plus en plus petit alors que le « hors-scène »,
lui, devient de plus en plus grand jusqu’à déborder sur le public et être le
terrain des rhinocéros post-transformation, un lieu où Bérenger ne mets
jamais le pied.
Comme liens entre tous ses éléments : le théâtre corporel, le théâtre de
l’objet ; les maquillages et le cirque que Ionesco admirait tout
particulièrement.
Les influences de Theatraverse viennent d’univers aussi divers que celui de
Jacques Lecoq, Peter Brook, Peter Hall ; de la famille du cirque et du clown,
des danses contemporaines ou classiques. Musicalement, des percussions
essentiellement font la base de la composition originale de Sion Dey.
« Tout est permis au théâtre : incarner des personnages, mais aussi
matérialiser des angoisses, des présences intérieures. Il est donc non
seulement permis, mais recommandé, de faire jouer les accessoires, faire
vivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles »
Danse finale des rhinocéros pendant le monologue de Bérenger.
65
Travail en aval, réalisé en cours de français
I- Réaliser un journal de la mise en scène
Les élèves ont à lire la pièce de Ionesco et à réaliser un journal de la mise en scène
mettant en valeur les choix opérés lors de la représentation et leur ressenti de
spectateur.
Danse des rhinocéros et côté minéral du décor.
II- Retour sur la mise en scène
-
Représenter par des images fixes les moments les plus significatifs de la
pièce
-
Brain storming afin de passer de l’observation à l’analyse.
-
Exercices de jeu à partir du monologue de Bérenger.
• Travailler sur la vague des trois gestes : Les élèves recherchent un
geste évoquant l’émotion de Bérenger et le font trois fois en crescendo +
pause 1,2,3 + « C’est moi, c’est moi »
• « Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas !
Que c’est laid, un front plat » : Apprentissage du texte + Trouver les
pauses du texte + A chaque pause un élève-coryphée propose un geste
qui vient nourrir la parole : geste + pause1,2,3 + texte / cet
enchaînement repris par les autres élèves
III- Lecture analytique : la métamorphose de Jean
66
Trois classes entrent dans le
processus de création
Exercice préparatoire avant de mettre les masques.
67
Présentation du projet avec les
classes
« Les pièces ne sont faites que pour être jouées et je ne conseille de lire celles-ci
qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du
théâtre. »
Molière, préface de L’Amour médecin
Mes trois classes, deux cinquièmes et une troisième, ont été particulièrement
investie dans le projet, participant activement aux ateliers offerts par Sylvain
et Guy.
- Pour les cinquièmes, il s’agissait de découvrir par le corps, par la création
une œuvre inscrite à leur programme, de découvrir l’univers du théâtre par
la pratique.
- Pour les troisièmes, il s’agissait de mettre l’accent, en histoire des arts, sur la
création d’un spectacle vivant et d’entrer dans le processus de recherche
artistique.
D’emblée ce projet m’a encouragée à réfléchir à une démarche pédagogique à la fois
originale (faire du théâtre avec des partenaires) et constructive (s’approprier le texte
de Molière, réfléchir aux enjeux de la création artistique).
Plusieurs pistes ont fondé la légitimité de mon projet :
-
-
-
Mon premier objectif était de faire découvrir aux élèves l’univers du
théâtre par la pratique et le jeu avec des partenaires spécialisés… dans
une démarche d’appropriation par l’expérimentation.
Mon deuxième objectif était de développer les pratiques d’oral au sein de
ma classe, projet difficile à réaliser avec des classes de 30 élèves en heures
de cours. Si, en effet, les programmes insistent sur l’importance à accorder à
cet objet qui constitue « un enjeu important dans la mesure où il joue un rôle
déterminant pour la participation toute vie sociale », la mise en pratique dans
le cadre de la classe de ces pratiques orales relève souvent d’un défi
quotidien.
Enfin mon troisième objectif était d’aider mes élèves à approfondir leur
lecture des textes, c’est-à-dire à se plonger dans le sens des œuvres. Les
pratiques théâtrales m’ont semblé dans ce cadre être une porte d’entrée
ludique pour enfin permettre à ces jeunes d’expérimenter les enjeux des
textes.
68
Un travail en amont en cours de
français
Afin de préparer mes élèves de cinquième à la découverte des Fourberies de Scapin,
œuvre difficile à appréhender, je décide de commencer l’année par une séquence
consacrée à l’œuvre de Molière. Vous trouverez ici les objectifs de cette séquence :
Chapitre I- Les fourberies de Scapin
Allez au théâtre au XVIIème siècle
Objectifs
Œuvres
Lecture
-
Découvrir l’univers du théâtre
Les caractéristiques du texte de théâtre
La dimension scénique du texte théâtral
Découvrir un type d’emploi au théâtre : le valet
Les formes de comique
Œuvre intégrale : Les Fourberies de Scapin, de Molière
Lire une pièce de théâtre complète
Comprendre la fable de la pièce
Travailler sur les personnages, leurs relations et notamment le
personnage du valet
Scènes abordées en lecture analytique :
• L’exposition
• Acte II, scène 7
• Acte III, scène 2
• Le dénouement
-
Lecture de l’image
-
Travail en amont sur la mise en scène de Pierre Fox (captation
filmique) afin de préparer les élèves à la lecture de la pièce.
Ecriture
-
Ecrire une scène de théâtre
Ecrire des didascalies
Oral
-
Mise en scène en amont afin de préparer le travail de lecture
analytique
Travail sur le corps et la voix prenant appui sur le texte de Molière
-
Découvrir Versailles, un lieu de pouvoir
Découvrir la vie de Molière en réalisant une recherche multimédia
Histoire des arts
69
Progression des ateliers avec les
5e4
Atelier I- Découverte-jeu afin de constituer le groupe :
apprendre à jouer ensemble
Atelier animé par Sylvain Paolini pour les 5e 4
Mardi 27 novembre en M3 avec Mme CABAU
« Aujourd’hui nous n’allons pas monter une pièce, ni jouer à proprement parler
une scène, mais nous allons partir de jeux afin de travailler sur le corps, la
concentration, la formation du groupe, l’écoute… ce sont des exercices de
mise en route pour que nous apprenions à faire des choses ensemble. »
Exercice I- Le baisemain
- Les élèves se placent en cercle, sans s’appuyer sur le mur et se prennent par
la main.
- Les élèves sont invités à faire le baisemain à leur voisin de droite. Deux tours
de cercle sont réalisés afin de venir à bout des réticences et gloussements
dégoûtés.
- Quand le geste est acquis, Sylvain propose aux élèves de l’accentuer, un
genou à terre, de l’exagérer, en le théâtralisant au maximum avec un son par
exemple.
Exercice II- Recherche de la position neutre
- Sylvain demande aux élèves ce qu’est la position neutre au théâtre. Une élève
répond que c’est une position sans émotion. Sylvain souligne la justesse de
sa réponse, puis lui explique que c’est pratiquement impossible, qu’à la
limite on peut le dire d’un pot de fleur, mais pas d’une personne.
- Au théâtre il faut partir de ce qu’on appelle « la position neutre », qui est
comme la position zéro sur le thermomètre. Cette position permet de savoir
d’où l’on part : on essaie de raconter au départ le moins de choses possibles.
Si on change cette position (pieds ouverts, mains dans les poches…) on
propose une image qui a forcément un sens, une histoire. Cette position, une
fois qu’on l’a, il va falloir essayer de la garder.
• Pieds parallèles
• Pieds de la largeur du bassin
• Bras le long du corps, relâchés
• Regard devant
• Respiration par la bouche en l’ouvrant légèrement
• Il faut éviter de pencher en avant, en arrière, à droite ou à gauche
70
•
Importance de la respiration : il faut respirer par le ventre comme les
bébés pour faire descendre le centre de gravité.
Il est important de savoir comment se placer.
Sylvain montre aux élèves la position neutre.
Exercice III- Se passer un clap
- Les élèves sont en cercle.
- Sylvain propose de passer un geste à son voisin de droite : d’abord on
regarde son voisin, puis on tape dans les mains… ensuite le voisin se
retourne, regarde son voisin de droite et lui passe le clap.
- Quand l’exercice est maîtrisé, vers la droite puis vers la gauche, on fait
accélérer les élèves : le regard et le geste doivent être précis pour donner
l’impression d’un ricochet.
Au théâtre on donne toujours à un partenaire, il faut donc s’habituer à savoir
à qui je m’adresse, à qui je parle.
Exercice IV- Le jeu de la souris
- Le principe est le même, sauf que les élèves doivent imaginer qu’une souris
leur passe entre les pieds. Le geste doit là aussi faire le tour du cercle, être
communiqué.
- Dans un premier temps, il faut éviter cette petite souris en sautant, pied
droit puis pied gauche.
- Pour la deuxième étape, les élèves doivent commencer à apporter un peu
d’émotion : ils doivent manifester leur joie quand la souris arrive, et être
triste quand la souris repart, comme une vague d’émotion.
71
-
La souris devient ensuite un rat dégoûtant : cet exercice permet de travailler
sur une nouvelle émotion.
- Puis la souris devient un éléphant : cet exercice permet d’amplifier le geste.
Ces exercices favorisent le réveil corporel. Ils permettent de s’échauffer, de
rappeler l’importance de l’adresse et du regard...
Exercice V- Le ballon rouge
- Les élèves sont toujours en cercle.
- Le jeu consiste à se passer un ballon rouge imaginaire, à le lancer. On peut
le lancer à n’importe qui dans le cercle, mais il faut avant le regarder, puis le
lancer en disant rouge. L’élève en face fait le geste de récupérer le ballon en
disant rouge.
- Lorsque les élèves maîtrisent l’exercice, on introduit un ballon vert, puis un
ballon bleu.
Au théâtre il faut toujours être prêt à prendre et à donner.
Exercice VI- Combien de « a » ?
- Au théâtre, et particulièrement chez Molière, les répliques commencent par
« a », par exemple la scène 1 de l’acte I : « Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un
cœur amoureux. »
- Il y a une multitude de « a » : a, ah, ah !, ah ?, ah !?, ha, ha !... : le texte sera
donc la lettre « a »
- Placés en cercle et en position neutre, les élèves vont devoir essayer de
trouver 27 façons différentes de dire « a » après avoir fait un pas en avant.
- On réalise un premier tour, puis Sylvain propose un deuxième tour avec plus
de corps, plus d’intention :
• Il pousse chaque élève à aller au maximum de sa présentation.
• Il conseille aux élèves de décomposer : tu vois quelque chose, et
ensuite tu ris.
72
Atelier II- Découverte-jeu autour de la scène 1 Acte I
des Fourberies de Scapin
Atelier de découverte de la scène 1, Acte I des Fourberies, par Sylvain Paolini
et Guy Martinez
Jeudi 17 janvier en M3 avec Mme CABAU
Il faut partir avec cette envie de trouver des idées, des solutions ensemble.
Exercices d’échauffement animés par Sylvain
- Les élèves se placent en cercle en position neutre.
- Se chauffer les mains en se frictionnant énergiquement, puis le dos des
mains, les avant-bras, le ventre, le dos, les jambes.
- Ça doit commencer à chauffer.
Travail de compréhension sur la pièce : les élèves proposent leurs hypothèses
de lecture à l’aide de leurs souvenirs car la pièce a été étudiée en amont.
-
Est-ce que quelqu’un se souvient de la situation du début ?
-
Travail sur le texte de départ
OCTAVE : Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! Dures extrémités où je
me vois réduit ! Tu viens, Silvestre, d’apprendre au port que mon père revient.
SYLVESTRE : Oui.
•
•
•
Les élèves répètent le texte de façon à l’apprendre rapidement.
On repère ensemble les points d’exclamation.
Les élèves sont invités à proposer un sous-texte. Comment traduire
en langage d’aujourd’hui la langue de Molière ? Comment
s’approprier le texte de Molière ?
Tristes nouvelles pour un cœur amoureux
Ah ! Fais chier, je kiffe trop la nana d’à côté.
Ah ! Crotte de bique, je préfère la nana d’à côté ! (Adam)
• Sylvain montre l’exercice aux élèves : il s’agit de dire le texte de
quatre façons en gardant la même énergie, la même intention :
Une fois avec le sous-texte actuel
Une fois en « gromelo »
Une fois en langue étrangère qui n’existe pas
Enfin avec le texte de Molière
Travail de mise en scène sur le début de la pièce : propositions des élèves
-
Il faut que ça soit Octave qui arrive pour donner plus de force au texte.
73
-
Quand on est énervé, comment est-ce que l’on traduit cela ?
Il faut choisir un lieu et une action pour Sylvestre car il ne peut pas attendre
dans un espace indéfini.
• Xavier donne une version désespérée d’un Octave pleurnichard qui
aimerait que Sylvestre s’occupe de lui.
Les élèves s’entraînent pour la version pleurnicharde de Xavier-Sylvestre.
•
•
Adam, dans le rôle de Sylvestre, reste sourd aux plaintes d’Octave et
nettoie les vitres en émettant des couinements : la résistance de
l’autre peut-être un moteur de jeu extraordinaire.
Théo propose au départ un Sylvestre paresseux qui dort. Cette
proposition se transforme rapidement : Sylvestre fait du sport,
d’abord des abdominaux qui lui font mal, puis une position de yoga
et lorsque Octave commence à lui parler, il se met à trottiner pour
son footing, obligeant son maître à courir derrière pour lui demander
des informations.
74
Atelier III- Découverte-jeu autour de la scène 1 Acte I
des Fourberies (suite)
Atelier de découverte par Guy Martinez pour les 5e 4
Jeudi 31 janvier en S3 avec Mme CABAU
Travail d’échauffement
- En cercle.
- Sautiller en émettant du son + couinements.
- Se baisser en émettant du son.
- Sauter mains en l’air.
- Parler du nez en pointant du doigt.
- Avancer lourdement un pied puis l’autre.
Travail sur le regard
- Avancer + compter 1, 2, 3 puis tourner la tête brusquement pour fixer un
point.
- Même chose en se déplaçant vers le centre du cercle + une fois que l’on a
tourné la tête, la garder dans cette position.
- Il faut être décidé, direct, dynamique en tournant le regard.
- Le fait de marcher dans le cercle et de travailler le regard crée déjà des
personnages : chacun développe un personnage.
Travail sur les gestes dont on a besoin dans la scène 1
- Guy prend la place du coryphée et propose des gestes traduisant
l’énervement aux élèves. Ces derniers doivent l’imiter.
- Chaque geste doit durer.
- Faire trois vagues de son.
- 1 geste, 2 geste, 3 geste + « Ah ! Fâcheuse nouvelle pour un cœur
amoureux. »
Travail ensuite sur la surprise
- Sursaut + on se retourne + « arrête ».
- On accentue le regard benêt de Silvestre.
- Pour avoir peur, il faut reconvoquer quelque chose où vous avez déjà été
surpris.
Travail sur le « conseille-moi »
« Ah ! Parle si tu veux et ne te fais pas, de la sorte, arracher les mots de la bouche.
Conseille-moi du moins et dis-moi ce que je dois faire en ces cruelles conjonctures. »
-
Octave doit attaquer Sylvestre en proposant des gestes en accord avec ce
qu’il dit, notamment sur le « arracher les mots de la bouche ».
Chaque attaque est accompagnée d’un son et d’une réaction de Sylvestre.
75
-
MAIS à aucun moment les deux personnages ne doivent se toucher : il faut
retenir son impulsion et faire en sorte que le corps soit là.
Travailler l’énervement d’Octave sans se faire mal.
76
Atelier IV- Aller plus loin dans la mise en scène de la
scène 1 Acte I et expérimenter le masque neutre
Atelier avec Guy Martinez, pour les 5e 4
Vendredi 08 février en M1 avec Mme CABAU
Travail d’échauffement
- En cercle.
- Se frotter les mains
- Echauffer : comme si le corps n’était pas le nôtre, comme si on s’était réveillé
dans ce corps.
Travail d’échauffement sur le texte
- « Ah / Parle si tu veux / Et ne te fais point / de la sorte / arracher les mots de
la bouche ».
- Les élèves (1 sur 2) viennent dire le texte en le coupant / entre chaque
coupure on ajoute des gestes
- Les élèves suivent le coryphée qui propose ses gestes et le texte.
Travail sur le début du texte des Fourberies avec une guitare et un ukulélé sur
proposition des élèves
-
Avec la guitare : jouer le début comme si c’était un concert avec un tube « Les
fourberies » chanté par le groupe « les Scapins »
La scène 1 des Fourberies version rock.
77
•
•
•
-
Aymie joue un morceau à genoux, à la guitare.
Théo, qui joue Octave, entre comme un chanteur-rockeur, encourage
la foule (les gestes sont importants) et chante son texte comme les
paroles d’une chanson rock.
Sylvestre : ce sont les spectateurs, le public, qui scande les répliques
comme les refrains de la chanson
Ukulélé : rôle de Sylvestre jouant du ukulélé et s’arrêtant bienheureux à
chaque fin de phrase car tout fier de savoir jouer
Sylvestre au ukulélé.
Expérimentation du masque neutre : exercices préparatoires
- On ne peut pas mettre un masque comme ça. Un masque ça vous possède,
c’est pourquoi on le préfère en cuir.
-
Le petit voyage
• Debout position neutre, tête baissée, yeux fermés.
• Une petite fourmi va remonter doucement le long des jambes, du dos,
de la tête, venir sur votre visage et pousser doucement votre nez.
• Vous relevez la tête doucement + 1,2,3 + ouvrez les yeux.
-
Même travail à plusieurs en demi-cercle
• Lorsque votre petit voyage est fini vous regardez autour de vous
(mouvement de tête précis comme un oiseau qui regarde) et vous fixez
le dernier, celui qui n’a pas encore les yeux ouverts.
78
•
•
Le dernier comprend que c’est lui : 1,2,3 il regarde le public + 1,2,3 il
regarde où il veut aller + 1,2,3 il regarde le public + 1,2,3 il se déplace
doucement vers le point où il voulait aller : il passe ensuite le relai en
fixant un autre élève.
Avec les déplacements, quelque chose s’organise. Tout le monde fixe
celui qui se déplace. Cela crée un tableau.
79
Atelier V- Atelier de découverte des masques neutres
Atelier animé par Guy Martinez pour les 5e 4
Vendredi 15 février en M1 avec Mme CABAU
Exercices d’échauffement
- Travail de rotation des épaules et du corps.
- Lever les épaules à midi, la demie, un quart, moins le quart.
- Exécuter un mouvement en se penchant en avant comme au ski.
- Tourner le bassin en faisant un huit.
- Jeter tout ce qui nous embarrasse.
Exercices de respiration
- A genoux
- Retrouver le corps et la respiration d’un bébé :
• Inspiration par le nez.
• Expiration par la bouche en repoussant l’air avec les mains sur
l’avant.
• Le faire avec un sourire intérieur.
• L’air doit parcourir entièrement le corps.
Exercices de respiration.
Travail préparatoire pour le masque
- Le petit voyage :
• Debout position neutre, tête baissée, yeux fermés.
• Une petite fourmi va remonter doucement le long des jambes, du dos,
de la tête, venir sur votre visage et pousser doucement votre nez.
80
•
Vous relevez la tête doucement + 1,2,3 + ouvrez les yeux.
-
Même travail à plusieurs en demi-cercle :
• Lorsque votre petit voyage est fini vous regardez autour de vous
(mouvement de tête précis comme un oiseau qui regarde) et vous fixez
le dernier, celui qui n’a pas encore les yeux ouverts
• Le dernier comprend que c’est lui : 1,2,3 il regarde le public + 1,2,3 il
regarde où il veut aller + 1,2,3 il regarde le public + 1,2,3 il se déplace
doucement vers le point où il voulait aller : il passe ensuite le relai en
fixant un autre élève
• Avec les déplacements, quelque chose s’organise. Tout le monde fixe
celui qui se déplace. Cela crée un tableau
-
Même
•
•
•
•
exercice avec les masques
« Petit voyage »
Déplacement
Tableau final
Quand tout le monde est en place, tous se tournent face au public,
baissent doucement la tête, ferment les yeux, enlèvent le masque, le
fixent dans leurs mains et relèvent la tête.
• NB : Avec le masque neutre, il faut prendre le temps.
Importance des mouvements de la tête avec le masque neutre.
Exercice de masques à deux
-
Même exercice, mais à deux.
-
Vous allez vous approcher l’un de l’autre tout doucement comme si vous vous
voyiez pour la première fois : « j’aimerais bien aller toucher cet autre ».
81
Atelier VI- Travail sur deux scènes des Fourberies, en
intégrant les propositions des élèves
Atelier animé par Guy Martinez et Sylvain Paolini pour les 5e 4
Mardi 19 mars en M3 avec Mme CABAU
Exercices d’échauffement
- Disposition des élèves en cercle, en position neutre
- Pour détendre le corps et la bouche :
• Faire comme si l’on mastiquait un énorme chewing gum : bouger
uniquement la bouche en émettant du bruit.
• Se tapoter le visage avec la pulpe des doigts
- Exercice d’articulation
• « Ma Me Mi Mo Mu »
• Répéter cette séquence cinq fois sur un seul souffle
• Puis 10 fois sur un rythme plus soutenu
• Enfin 15 fois en articulant bien, même si l’on va vite
Travail sur la Scène 1 Acte I
- Duo Aymie et Théo :
• Aymie à la guitare.
• Guitare / stop / 1,2,3 / geste / texte (articulation comme Ma Me Mi
Mo Mu ».
• Théo qui joue Octave, ne doit pas resté statique.
• Pour créer une urgence, Guy bloque la porte alors qu’Octave cherche
à entrer : il finit par débouler sur scène.
• Sylvestre fuit devant son maître.
-
Trio avec Adam en Sylvestre, Xavier en Octave et Justine au ukulélé :
• Octave chante en entrant.
• Soudain il arrête son regard sur Sylvestre et va le chercher dans le
public.
-
Sylvestre masqué : Lemuel
• Avec le masque, Sylvestre doit s’exprimer sans parler, seulement avec
des gestes.
• Travail avec le texte de Sylvestre dit en voix off
82
Sylvestre, masqué, ne peut s’exprimer que par les gestes.
Travail sur la Scène 2 Acte II : Les retrouvailles entre Léandre et son père
- Guy et Sylvain proposent leur interprétation de la scène.
- Ensuite un élève vient prendre le rôle de Guy pour jouer avec Sylvain.
83
Atelier VII- Répétition ouverte : Dans les coulisses
des Instants Fourbes
Atelier animé par Guy Martinez et Sylvain Paolini pour les 5e 4
Jeudi 21 mars en S3 avec Mme CABAU
« La pièce, les Instants Fourbes est véritablement née de la rencontre avec le
collège, avec vous. »
Travail sur l’anxiété : mettre en commun les propositions
Sylvain va jouer demain et il est un peu stressé. Comment peut-on jouer cette
anxiété, selon vous ?
- Les élèves proposent leurs idées : se ronger les ongles, marcher en rond,
bégayer…
- Sylvain teste les idées des élèves.
Travail sur la Scène 5 Acte I
- Marjorie lit le texte de Scapin tandis que Sylvain joue Sylvestre.
Sylvain joue Sylvestre sous la direction de Marjorie.
-
Noémie joue le rôle de Scapin avec Sylvestre
-
Que cherche à obtenir Scapin ici : de l’argent ? : « Vas-y, demande de l’argent
à ton père (joué par Sylvain) » : Improvisation
• Noémie cherche à amadouer Sylvain.
• Adam a une technique plus directe.
84
•
-
Laurine tente à son tour.
Les élèves doivent ensuite répondre au questionnement suivant : comment
jouer cette scène, ces deux personnages, à un seul comédien ?
• Se mettre debout et changer de place en changeant de rôle : Adam
montre cette proposition à Sylvain qui teste l’idée.
• Utiliser un objet pour figurer Sylvestre : comme une marionnette.
• Utiliser le bureau pour cacher les corps : travail avec les objets.
• Utiliser un masque de commedia dell’arte pour jouer Scapin.
Jeu entre Noémie (Scapin) et Sylvain (Sylvestre).
85
Rencontre avec l’œuvre :
Les Instants fourbes
Dossier préparatoire proposé par la compagnie
Ce dossier doit permettre de préparer le travail de théâtre forum sur le thème
du conflit qui suit la représentation des Instants Fourbes.
86
Le misanthrope, de Molière
Personnages
ALCESTE, amant de Célimène
PHILINTE, ami d’Alceste
ORONTE, amant de Célimène
CÉLIMÈNE, amante d’Alceste
ÉLIANTE, cousine de Célimène
ARSINOÉ, amie de Célimène
ACASTE
CLITANDRE
BASQUE, valet de Célimène
UN GARDE de la maréchaussée de France
DU BOIS, valet d’Alceste
La scène se passe à Paris
Acte I, scène première
Première partie
PHILINTE, ALCESTE.
PHILINTE
Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ?
ALCESTE
Laissez-moi, je vous prie.
PHILINTE
Mais, encor, dites-moi, quelle bizarrerie...
ALCESTE
Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher.
PHILINTE
Mais on entend les gens, au moins, sans se fâcher.
ALCESTE
Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre.
PHILINTE
Dans vos brusques chagrins, je ne puis vous comprendre ;
Et quoique amis, enfin, je suis tous des premiers...
ALCESTE
Moi, votre ami ? Rayez cela de vos papiers.
87
J’ai fait jusques ici, profession de l’être ;
Mais après ce qu’en vous, je viens de voir paraître,
Je vous déclare net, que je ne le suis plus,
Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus.
PHILINTE
Je suis, donc, bien coupable, Alceste, à votre compte ?
ALCESTE
Allez, vous devriez mourir de pure honte,
2ème partie
PHILINTE
Mais, sérieusement, que voulez-vous qu’on fasse ?
ALCESTE
Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur,
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.
PHILINTE
Lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie,
Il faut bien le payer de la même monnoie,
Répondre, comme on peut, à ses empressements,
Et rendre offre pour offre, et serments pour serments.
ALCESTE
Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode
Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ;
Et je ne hais rien tant, que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations,
Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles,
Qui de civilités, avec tous, font combat,
Et traitent du même air, l’honnête homme, et le fat.
Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous, un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin, il court en faire autant ?
Scène II
Première partie
ORONTE, ALCESTE, PHILINTE.
ORONTE
J’ai su là-bas que, pour quelques emplettes
88
Éliante est sortie, et Célimène aussi :
Mais, comme l’on m’a dit que vous étiez ici,
J’ai monté, pour vous dire, et d’un cœur véritable,
Que j’ai conçu pour vous, une estime incroyable ;
Et que, depuis longtemps, cette estime m’a mis
Dans un ardent désir d’être de vos amis.
Oui, mon cœur, au mérite, aime à rendre justice,
Et je brûle qu’un nœud d’amitié nous unisse :
Je crois qu’un ami chaud, et de ma qualité,
N’est pas, assurément, pour être rejeté.
C’est à vous, s’il vous plaît, que ce discours s’adresse.
(En cet endroit Alceste paraît tout rêveur, et semble n’entendre pas qu’Oronte
lui parle.)
ALCESTE
À moi, Monsieur ?
ORONTE
À vous. Trouvez-vous qu’il vous blesse ?
ALCESTE
Non pas, mais la surprise est fort grande pour moi,
Et je n’attendais pas l’honneur que je reçoi.
ORONTE
L’estime où je vous tiens ne doit point vous surprendre,
Et de tout l’univers, vous la pouvez prétendre.
ALCESTE
Monsieur...
ORONTE
L’État n’a rien qui ne soit au-dessous
Du mérite éclatant que l’on découvre en vous.
ALCESTE
Monsieur...
ORONTE
Oui, de ma part, je vous tiens préférable
À tout ce que j’y vois de plus considérable.
89
ALCESTE
Monsieur...
ORONTE
Sois-je du Ciel écrasé, si je mens ;
Et pour vous confirmer ici, mes sentiments,
Souffrez qu’à cœur ouvert, Monsieur, je vous embrasse,
Et qu’en votre amitié, je vous demande place.
Touchez là, s’il vous plaît, vous me la promettez
Votre amitié ?
ALCESTE
Monsieur...
ORONTE
Quoi ! Vous y résistez ?
ALCESTE
Monsieur, c’est trop d’honneur que vous me voulez faire ;
Mais l’amitié demande un peu plus de mystère,
Scène II
Deuxième partie
ORONTE
Enfin je suis à vous de toutes les manières ;
et comme votre esprit a de grandes lumières,
je viens, pour commencer entre nous ce beau nœud,
vous montrer un sonnet que j'ai fait depuis peu,
et savoir s'il est bon qu'au public je l'expose.
ALCESTE
Monsieur, je suis mal propre à décider la chose ;
veuillez m'en dispenser.
ORONTE
Pourquoi ?
ALCESTE
J'ai le défaut
d'être un peu plus sincère en cela qu'il ne faut.
ORONTE
C'est ce que je demande, et j'aurois lieu de plainte,
si, m'exposant à vous pour me parler sans feinte,
vous alliez me trahir, et me déguiser rien.
90
ALCESTE
Puisqu'il vous plaît ainsi, monsieur, je le veux bien
Scène II
Troisième partie
ALCESTE
Franchement, il est bon à mettre au cabinet ;
Vous vous êtes réglé sur de méchants modèles,
Et vos expressions ne sont point naturelles
ORONTE
Et moi, je vous soutiens que mes vers sont fort bons.
ALCESTE
Pour les trouver ainsi, vous avez vos raisons ;
Mais vous trouverez bon, que j’en puisse avoir d’autres
Qui se dispenseront de se soumettre aux vôtres.
ORONTE
Il me suffit de voir que d’autres en font cas.
ALCESTE
C’est qu’ils ont l’art de feindre ; et moi, je ne l’ai pas.
ORONTE
Croyez-vous, donc, avoir tant d’esprit en partage ?
ALCESTE
Si je louais vos vers, j’en aurais davantage.
ORONTE
Je me passerai bien que vous les approuviez.
ALCESTE
Il faut bien, s’il vous plaît, que vous vous en passiez.
ORONTE
Je voudrais bien, pour voir, que de votre manière
Vous en composassiez sur la même matière.
ALCESTE
J’en pourrais, par malheur, faire d’aussi méchants ;
Mais je me garderais de les montrer aux gens.
ORONTE
Vous me parlez bien ferme, et cette suffisance...
91
ALCESTE
Autre part que chez moi, cherchez qui vous encense.
ORONTE
Mais, mon petit Monsieur, prenez-le un peu moins haut.
ALCESTE
Ma foi, mon grand Monsieur, je le prends comme il faut.
PHILINTE, se mettant entre deux.
Eh ! Messieurs, c’en est trop, laissez cela, de grâce.
ORONTE
Ah ! j’ai tort, je l’avoue, et je quitte la place ;
Je suis votre valet, Monsieur, de tout mon cœur.
ALCESTE
Et moi, je suis, Monsieur, votre humble serviteur.
Acte II, scène 3
BASQUE, ALCESTE, CÉLIMÈNE.
BASQUE
Voici Clitandre, encor, Madame.
ALCESTE.
Il témoigne s’en vouloir aller.
Justement.
CÉLIMÈNE
Où courez-vous ?
ALCESTE
Je sors.
CÉLIMÈNE
Demeurez.
ALCESTE
Pourquoi faire ?
CÉLIMÈNE
Demeurez.
ALCESTE
Je ne puis.
92
CÉLIMÈNE
Je le veux.
ALCESTE
Point d’affaire ;
Ces conversations ne font que m’ennuyer,
Et c’est trop, que vouloir me les faire essuyer.
CÉLIMÈNE
Je le veux, je le veux.
ALCESTE
Non, il m’est impossible.
CÉLIMÈNE
Hé bien, allez, sortez, il vous est tout loisible.
Dom Juan, de Molière
Acte II, scène 1
CHARLOTTE, PIERROT.
CHARLOTTE
Et bian! dis, qu'est-ce que c'est ?
PIERROT
Vois-tu, Charlotte, il faut, comme dit l'autre, que je débonde mon cœur. Je t'aime,
tu le sais bian, et je sommes pour estre mariés ensemble; mais marquenne, je ne
suis point satisfait de toi.
CHARLOTTE
Quement? Qu'est-ce que c'est donc qu'iglia?
PIERROT
Iglia que tu me chagraignes l'esprit, franchement.
CHARLOTTE
Et quement donc?
PIERROT
Testiguienne, tu ne m'aimes point.
CHARLOTTE
93
Ah! ah! n'est que ça?
PIERROT
Oui, ce n'est que ça, et c'est bian assez.
CHARLOTTE
Mon quieu, Piarrot, tu me viens toujou dire la mesme chose.
PIERROT
Je te dis toujou la mesme chose, parce que c'est toujou la mesme chose; et si ce
n'était pas toujou la mesme chose, je ne te dirais pas toujou la mesme chose.
CHARLOTTE
Mais qu'est-ce qu'il te faut? Que veux-tu?
PIERROT
Jerniquenne! je veux que tu m'aimes.
CHARLOTTE
Est-ce que je ne t'aime pas?
PIERROT
Non, tu ne m'aimes pas; et si, je fais tout ce que je pis pour ça: je t'achète, sans
reproche, des rubans à tous les marciers qui passont; je me romps le cou à t'aller
denicher des marles; je fais jouer pour toi les vielleux quand ce vient ta feste; et tout
ça, comme si je me frappais la teste contre un mur. Vois-tu, ça ni biau ni honneste
de n'aimer pas les gens qui nous aimont.
CHARLOTTE
Mais, mon guieu, je t'aime aussi.
PIERROT
Oui, tu m'aimes d'une belle deguaine!
CHARLOTTE
Quement veux-tu donc qu'on fasse?
PIERROT
Je veux que l'en fasse comme l'en fait quand l'en aime comme il faut.
CHARLOTTE
Ne t'aimé-je pas aussi comme il faut?
PIERROT
Non: quand ça est, ça se voit, et l'en fait mille petites singeries aux personnes
quand on les aime du bon du cœur. Regarde la grosse Thomasse, comme elle est
assotée du jeune Robain: alle est toujou autour de li à l'agacer, et ne le laisse
94
jamais en repos; toujou al li fait queuque niche ou li baille quelque taloche en
passant; et l'autre jour qu'il estait assis sur un escabiau, al fut le tirer de dessous
li, et le fit choir tout de son long par tarre. Jarni! vlà où l'en voit les gens qui
aimont; mais toi, tu ne me dis jamais mot, t'es toujou là comme eune vraie souche
de bois; et je passerais vingt fois devant toi, que tu ne te grouillerais pas pour me
bailler le moindre coup, ou me dire la moindre chose. Ventrequenne! ça n'est pas
bian, après tout, et t'es trop froide pour les gens.
CHARLOTTE
Que veux-tu que j'y fasse? c'est mon himeur, et je ne me pis refondre.
PIERROT
Ignia himeur qui quienne. Quand en a de l'amiquié pour les personnes, l'an en
baille toujou queuque petite signifiance.
CHARLOTTE
Enfin je t'aime tout autant que je pis, et si tu n'es pas content de ça, tu n'as qu'à en
aimer queuque autre.
PIERROT
Eh bien! vlà pas mon compte. Testigué! Si tu m'aimais, me dirais-tu ça?
CHARLOTTE
Pourquoi me viens-tu aussi tarabuster l'esprit?
PIERROT
Morqué! queu mal te fais-je? Je ne te demande qu'un peu d'amiquié.
CHARLOTTE
Eh bian! laisse faire aussi, et ne me presse point tant. Peut-être que ça viendra tout
d'un coup sans y songer.
PIERROT
Touche donc là, Charlotte.
CHARLOTTE
Eh bien! quien.
PIERROT
Promets-moi donc que tu tâcheras de m'aimer davantage.
CHARLOTTE
J'y ferai tout ce que je pourrai, mais il faut que ça vienne de lui-même. Pierrot, estce là ce Monsieur?
PIERROT
Oui, le vlà.
95
CHARLOTTE
Ah! mon quieu, qu'il est genti, et que ç'aurait été dommage qu'il eût esté nayé!
PIERROT
Je revians tout à l'heure. Je m'en vas boire chopaine, pour me rebouter tant soit
peu de la fatigue que j'ais eue.
Acte III, scène 1
DOM JUAN, en habit de campagne, SGANARELLE, en habit de médecin.
SGANARELLE, en médecin
Et dites-moi un peu (encore faut-il croire quelque chose): qu'est-ce que vous croyez?
DOM JUAN
Ce que je crois?
SGANARELLE
Oui.
DOM JUAN
Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit.
SGANARELLE
La belle croyance que voilà! Votre religion, à ce que je vois, est donc l'arithmétique?
Il faut avouer qu'il se met d'étranges folies dans la tête des hommes, et que, pour
avoir bien étudié, on en est bien moins sage le plus souvent. Pour moi, Monsieur, je
n'ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de
m'avoir jamais rien appris; mais, avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois
les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que
nous voyons n'est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. Je
voudrais bien vous demander qui a fait ces arbres-là, ces rochers, cette terre, et ce
ciel que voilà là-haut, et si tout cela s'est bâti de lui-même. Vous voilà, vous, par
exemple, vous êtes là: est-ce que vous vous êtes fait tout seul, et n'a-t-il pas fallu
que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire? Pouvez-vous voir toutes les
inventions dont la machine de l'homme est composée sans admirer de quelle façon
cela est agencé l'un dans l'autre? ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ces., ce
poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui. Oh!
dame, interrompez-moi donc, si vous voulez. Je ne saurais disputer, si l'on ne
m'interrompt. Vous vous taisez exprès, et me laissez parler par belle malice.
DOM JUAN
J'attends que ton raisonnement soit fini.
SGANARELLE
96
Mon raisonnement est qu'il y a quelque chose d'admirable dans l'homme, quoi que
vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. Cela n'est-il pas
merveilleux que me voilà ici, et que j'aie quelque chose dans la tête qui pense cent
choses différentes en un moment, et fait de mon corps tout ce qu'elle veut? Je veux
frapper des mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les
pieds, aller à droit, à gauche, en avant, en arrière, tourner.
Il se laisse tomber en tournant.
DOM JUAN
Bon! voilà ton raisonnement qui a le nez cassé.
SGANARELLE
Morbleu! je suis bien sot de m'amuser à raisonner avec vous. Croyez ce que vous
voudrez: il m'importe bien que vous soyez damné!
Acte IV, scène 3
DOM JUAN, M. DIMANCHE, SGANARELLE, Suite.
DOM JUAN, FAISANT DE GRANDES CIVILITES
Ah! Monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir, et que je veux de
mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d'abord! J'avais donné ordre qu'on ne
me fît parler personne; mais cet ordre n'est pas pour vous, et vous êtes en droit de
ne trouver jamais de porte fermée chez moi.
M. DIMANCHE
Monsieur, je vous suis fort obligé.
DOM JUAN, parlant à ses laquais
Parbleu! coquins, je vous apprendrai à laisser M. Dimanche dans une antichambre,
et je vous ferai connaître les gens.
M. DIMANCHE
Monsieur, cela n'est rien.
DOM JUAN
Comment? vous dire que je n'y suis pas, à M. Dimanche, au meilleur de mes amis?
M. DIMANCHE
Monsieur, je suis votre serviteur. J'étais venu…
DOM JUAN
Allons vite, un siège pour M. Dimanche.
M. DIMANCHE
97
Monsieur, je suis bien comme cela.
DOM JUAN
Point, point, je veux que vous soyez assis contre moi.
M. DIMANCHE
Cela n'est point nécessaire.
DOM JUAN
Otez ce pliant, et apportez un fauteuil.
M. DIMANCHE
Monsieur, vous vous moquez, et…
DOM JUAN
Non, non, je sais ce que je vous dois, et je ne veux point qu'on mette de différence
entre nous deux.
M. DIMANCHE
Monsieur…
DOM JUAN
Allons, asseyez-vous.
M. DIMANCHE
Il n'est pas besoin, Monsieur, et je n'ai qu'un mot à vous dire. J'étais…
DOM JUAN
Mettez-vous là, vous dis-je.
M. DIMANCHE
Non, Monsieur, je suis bien. Je viens pour...
DOM JUAN
Non, je ne vous écoute point si vous n'êtes assis.
M. DIMANCHE
Monsieur, je fais ce que vous voulez. Je...
DOM JUAN
Parbleu! Monsieur Dimanche, vous vous portez bien.
M. DIMANCHE
Oui, Monsieur, pour vous rendre service. Je suis venu...
DOM JUAN
98
Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des
yeux vifs.
M. DIMANCHE
Je voudrais bien…
DOM JUAN
Comment se porte Madame Dimanche, votre épouse?
M. DIMANCHE
Fort bien, Monsieur, Dieu merci.
DOM JUAN
C'est une brave femme.
M. DIMANCHE
Elle est votre servante, Monsieur. Je venais…
DOM JUAN
Et votre petite fille Claudine, comment se porte-t-elle?
M. DIMANCHE
Le mieux du monde.
DOM JUAN
La jolie petite fille que c'est! Je l'aime de tout mon cœur.
M. DIMANCHE
C'est trop d'honneur que vous lui faites, Monsieur. Je vous...
DOM JUAN
Et le petit
Colin,
fait-il
toujours
bien
du
bruit
avec
son
tambour?
M. DIMANCHE
Toujours de même, Monsieur. Je...
DOM JUAN
Et votre petit chien Brusquet? Gronde-t-il toujours aussi fort, et mord-il toujours
bien aux jambes les gens qui vont chez vous?
M. DIMANCHE
Plus que jamais, Monsieur, et nous ne saurions en chevir.
DOM JUAN
Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles de toute la famille, car j'y prends
beaucoup d'intérêt.
99
M. DIMANCHE
Nous vous sommes, Monsieur, infiniment obligés. Je...
DOM JUAN, lui tendant la main
Touchez donc là, Monsieur Dimanche. Êtes-vous bien de mes amis?
M. DIMANCHE
Monsieur, je suis votre serviteur.
DOM JUAN
Parbleu! Je suis à vous de tout mon cœur.
M. DIMANCHE
Vous m'honorez trop. Je...
DOM JUAN
Il n'y a rien que je ne fisse pour vous.
M. DIMANCHE
Monsieur, vous avez trop de bonté pour moi.
DOM JUAN
Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire.
M. DIMANCHE
Je n'ai point mérité cette grâce assurément. Mais, Monsieur...
DOM JUAN
Oh çà, Monsieur Dimanche, sans façon, voulez-vous souper avec moi?
M. DIMANCHE
Non, Monsieur, il faut que je m'en retourne tout à l'heure. Je...
DOM JUAN, se levant
Allons, vite un flambeau pour conduire M. Dimanche, et que quatre ou cinq de mes
gens prennent des mousquetons pour l'escorter.
M. DIMANCHE, se levant de même
Monsieur, il n'est pas nécessaire, et je m'en irai bien tout seul. Mais...
(Sganarelle ôte les sièges promptement.)
DOM JUAN
Comment? Je veux qu'on vous escorte, et je m'intéresse trop à votre personne. Je
suis votre serviteur, et de plus votre débiteur.
100
M. DIMANCHE
Ah! Monsieur.
DOM JUAN
C'est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde.
M. DIMANCHE
Si...
DOM JUAN
Voulez-vous que je vous reconduise?
M. DIMANCHE
Ah! Monsieur, vous vous moquez. Monsieur...
DOM JUAN
Embrassez-moi donc, s'il vous plaît. Je vous prie encore une fois d'être persuadé
que je suis tout à vous, et qu'il n'y a rien au monde que je ne fisse pour votre
service.
(Il sort.)
Acte V, Scène 2
DOM JUAN
C'est ainsi qu'il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu'un sage esprit
s'accommode aux vices de son siècle.
SGANARELLE
O Ciel ! Qu'entends-je ici ? Il ne vous manquait plus que d'être hypocrite pour vous
achever de tout point, et voilà le comble des abominations. Monsieur, cette
dernière-ci m'emporte et je ne puis m'empêcher de parler. Faites-moi tout ce qu'il
vous plaira, battez-moi, assommez-moi de coups, tuez-moi, si vous voulez: il faut
que je décharge mon cœur, et qu'en valet fidèle je vous dise ce que je dois. Sachez,
Monsieur, que tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle se brise; et comme dit fort bien
cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la
branche; la branche est attachée à l'arbre; qui s'attache à l'arbre, suit de bons
préceptes; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles; les belles paroles
se trouvent à la cour; à la cour sont les courtisans; les courtisans suivent la mode;
la mode vient de la fantaisie; la fantaisie est une faculté de l'âme; l'âme est ce qui
nous donne la vie; la vie finit par la mort; la mort nous fait penser au Ciel; le ciel est
au-dessus de la terre; la terre n'est point la mer; la mer est sujette aux orages; les
orages tourmentent les vaisseaux; les vaisseaux ont besoin d'un bon pilote; un bon
pilote a de la prudence; la prudence n'est point dans les jeunes gens; les jeunes
gens doivent obéissance aux vieux; les vieux aiment les richesses; les richesses font
101
les riches; les riches ne sont pas pauvres; les pauvres ont de la nécessité; nécessité
n'a point de loi; qui n'a point de loi vit en bête brute; et, par conséquent, vous serez
damné à tous les diables.
DOM JUAN
O le beau raisonnement!
SGANARELLE
Après cela, si vous ne vous rendez, tant pis pour vous.
Acte V, scène 5
DOM JUAN, UN SPECTRE en femme voilée, SGANARELLE.
LE SPECTRE, en femme voilée
Dom Juan n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel; et
s'il ne se repent ici, sa perte est résolue.
SGANARELLE
Entendez-vous, Monsieur?
DOM JUAN
Qui ose tenir ces paroles? Je crois connaître cette voix.
SGANARELLE
Ah! Monsieur, c'est un spectre: je le reconnais au marcher.
DOM JUAN
Spectre, fantôme, ou diable, je veux voir ce que c'est.
Le Spectre change de figure, et représente le temps avec sa faux à la main.
SGANARELLE
O Ciel ! Voyez-vous, Monsieur, ce changement de figure?
DOM JUAN
Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec
mon épée si c'est un corps ou un esprit.
Le
Spectre
s'envole
dans
le
temps
que
Dom
Juan
le
veut
frapper.
SGANARELLE
Ah! Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
DOM JUAN
102
Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir.
Allons, suis-moi.
Tartuffe
ORGON, MARIANE
ORGON
Mariane.
MARIANE
Mon père.
ORGON
Approchez. J'ai de quoi
Vous parler en secret.
MARIANE
Que cherchez-vous?
ORGON, Il regarde dans un petit cabinet.
Je voi
Si quelqu'un n'est point là, qui pourrait nous entendre:
Car ce petit endroit est propre pour surprendre.
Or sus, nous voilà bien. J'ai, Mariane, en vous,
Reconnu, de tout temps, un esprit assez doux;
Et de tout temps aussi vous m'avez été chère.
MARIANE
Je suis fort redevable à cet amour de père.
ORGON
C'est fort bien dit, ma fille; et pour le mériter,
Vous devez n'avoir soin que de me contenter.
MARIANE
C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute.
ORGON
Fort bien. Que dites-vous de Tartuffe notre hôte?
MARIANE
Qui, moi?
ORGON
103
Vous. Voyez bien comme vous répondrez.
MARIANE
Hélas! J'en dirai, moi, tout ce que vous voudrez.
ORGON
C'est parler sagement. Dites-moi donc, ma fille,
Qu'en toute sa personne un haut mérite brille,
Qu'il touche votre cœur, et qu'il vous serait doux
De le voir, par mon choix, devenir votre époux.
Eh?
(Mariane se recule avec surprise.)
MARIANE
Eh?
ORGON
Qu'est-ce?
MARIANE
Plaît-il?
ORGON
Quoi?
MARIANE
Me suis-je méprise?
ORGON
Comment?
MARIANE
Qui voulez-vous, mon père, que je dise,
Qui me touche le cœur, et qu'il me serait doux
De voir, par votre choix, devenir mon époux?
ORGON
Tartuffe.
MARIANE
Il n'en est rien, mon père, je vous jure:
Pourquoi me faire dire une telle imposture?
ORGON
Mais je veux que cela soit une vérité;
Et c'est assez pour vous, que je l'aie arrêté.
104
MARIANE
Quoi! vous voulez, mon père...
ORGON
Oui, je prétends, ma fille,
Unir, par votre hymen, Tartuffe à ma famille.
Il sera votre époux, j'ai résolu cela;
Et comme sur vos vœux je...
Acte II, scène 4
VALÈRE
Hé, que veux-tu, Dorine?
DORINE
Venez ici.
VALÈRE
Non, non, le dépit me domine.
Ne me détourne point de ce qu'elle a voulu.
DORINE
Arrêtez.
VALÈRE
Non, vois-tu, c'est un point résolu.
DORINE
Ah.
MARIANE
Il souffre à me voir, ma présence le chasse ;
Et je ferai bien mieux, de lui quitter la place.
DORINE. Elle quitte Valère, et court à Mariane.
À l'autre. Où courez-vous?
MARIANE
Laisse.
DORINE
Il faut revenir.
MARIANE
Non, non, Dorine, en vain tu veux me retenir.
105
VALÈRE
Je vois bien que ma vue est pour elle un supplice ;
Et sans doute, il vaut mieux que je l'en affranchisse.
DORINE. Elle quitte Mariane, et court à Valère.
Encor? Diantre soit fait de vous, si je le veux.
Cessez ce badinage, et venez çà tous deux.
(Elle les tire l'un et l'autre.)
VALÈRE
Mais quel est ton dessein?
MARIANE
Qu'est-ce que tu veux faire?
DORINE
Vous bien remettre ensemble, et vous tirer d'affaire.
Êtes-vous fou, d'avoir un pareil démêlé?
VALÈRE
N'as-tu pas entendu comme elle m'a parlé?
DORINE
Êtes-vous folle, vous, de vous être emportée?
MARIANE
N'as-tu pas vu la chose, et comme il m'a traitée?
DORINE
Sottise des deux parts. Elle n'a d'autre soin,
Que de se conserver à vous, j'en suis témoin.
Il n'aime que vous seule, et n'a point d'autre envie
Que d'être votre époux; j'en réponds sur ma vie.
MARIANE
Pourquoi donc me donner un semblable conseil?
VALÈRE
Pourquoi m'en demander sur un sujet pareil?
DORINE
Vous êtes fous tous deux. Çà, la main l'un, et l'autre.
Allons, vous.
VALÈRE, en donnant sa main à Dorine.
À quoi bon ma main?
106
DORINE
Ah! çà, la vôtre.
MARIANE, en donnant aussi sa main.
De quoi sert tout cela?
DORINE
Mon Dieu, vite, avancez.
Vous vous aimez tous deux plus que vous ne pensez.
VALÈRE
Mais ne faites donc point les choses avec peine,
Et regardez un peu les gens sans nulle haine.
(Mariane tourne l'œil sur Valère, et fait un petit souris.)
DORINE
À vous dire le vrai, les amants sont bien fous!
Le Malade Imaginaire
Acte II scène 8
LOUISON, ARGAN.
LOUISON
Qu’est-ce que vous voulez, mon papa, ma belle-maman m’a dit que vous me
demandez.
ARGAN
Oui, venez çà. Avancez là. Tournez-vous. Levez les yeux. Regardez-moi. Eh !
LOUISON
Quoi, mon papa ?
ARGAN
Là...
LOUISON
Quoi ?
ARGAN
N’avez-vous rien à me dire ?
LOUISON
Je vous dirai, si vous voulez, pour vous désennuyer, le conte de Peau d’âne, ou bien
la fable du Corbeau et du renard, qu’on m’a apprise depuis peu.
ARGAN
Ce n’est pas là ce que je demande.
107
LOUISON
Quoi donc ?
ARGAN
Ah ! rusée, vous savez bien ce que je veux dire.
LOUISON
Pardonnez-moi, mon papa.
ARGAN
Est-ce là comme vous m’obéissez ?
LOUISON
Quoi ?
ARGAN
Ne vous ai-je pas recommandé de me venir dire d’abord tout ce que vous voyez ?
LOUISON
Oui, mon papa.
ARGAN
L’avez-vous fait ?
LOUISON
Oui, mon papa. Je vous suis venue dire tout ce que j’ai vu.
ARGAN
Et n’avez-vous rien vu aujourd’hui ?
LOUISON
Non, mon papa.
ARGAN
Non ?
LOUISON
Non, mon papa.
ARGAN
Assurément ?
LOUISON
Assurément.
ARGAN
Oh çà, je m’en vais vous faire voir quelque chose, moi. Il va prendre une poignée de
verges.
LOUISON
Ah ! mon papa.
ARGAN
108
Ah, ah, petite masque, vous ne me dites pas que vous avez vu un homme dans la
chambre de votre soeur ?
LOUISON
Mon papa.
ARGAN
Voici qui vous apprendra à mentir.
LOUISON se jette à genoux.
Ah ! mon papa, je vous demande pardon. C’est que ma soeur m’avait dit de ne pas
vous le dire ; mais je m’en vais vous dire tout.
ARGAN
Il faut premièrement que vous ayez le fouet pour avoir menti. Puis après nous
verrons au reste.
LOUISON
Pardon, mon papa.
ARGAN
Non, non.
LOUISON
Mon pauvre papa, ne me donnez pas le fouet.
ARGAN
Vous l’aurez.
LOUISON
Au nom de Dieu, mon papa, que je ne l’aie pas.
ARGAN, la prenant pour la fouetter
Allons, allons.
LOUISON
Ah ! mon papa, vous m’avez blessée. Attendez, je suis morte.
Elle contrefait la morte.
ARGAN
Holà. Qu’est-ce là ? Louison, Louison. Ah ! mon Dieu ! Louison. Ah ! ma fille ! Ah !
malheureux, ma pauvre fille est morte. Qu’ai-je fait, misérable ? Ah ! chiennes de
verges. La peste soit des verges ! Ah ! ma pauvre fille ; ma pauvre petite Louison.
LOUISON
Là, là, mon papa, ne pleurez point tant, je ne suis pas morte tout à fait.
ARGAN
Voyez-vous la petite rusée ? Oh çà, çà, je vous pardonne pour cette fois-ci, pourvu
que vous me disiez bien tout.
LOUISON
Ho, oui, mon papa.
109
ARGAN
Prenez-y bien garde au moins, car voilà un petit doigt qui sait tout, qui me dira si
vous mentez.
LOUISON
Mais, mon papa, ne dites pas à ma sœur que je vous l’ai dit.
ARGAN
Non, non.
LOUISON
C’est, mon papa, qu’il est venu un homme dans la chambre de ma sœur comme j’y
étais.
ARGAN
Hé bien ?
LOUISON
Je lui ai demandé ce qu’il demandait, et il m’a dit qu’il était son maître à chanter.
ARGAN
Hon, hon. Voilà l’affaire. Hé bien ?
LOUISON
Ma soeur est venue après.
ARGAN
Hé bien ?
LOUISON
Elle lui a dit : "sortez, sortez, sortez, mon Dieu sortez, vous me mettez au
désespoir".
ARGAN
Hé bien ?
LOUISON
Et lui, il ne voulait pas sortir.
ARGAN
Qu’est-ce qu’il lui disait ?
LOUISON
Il lui disait je ne sais combien de choses.
ARGAN
Et quoi encore ?
LOUISON
Il lui disait tout ci, tout çà, qu’il l’aimait bien, et qu’elle était la plus belle du monde.
ARGAN
Et puis après ?
110
LOUISON
Et puis après, il se mettait à genoux devant elle.
ARGAN
Et puis après ?
LOUISON
Et puis après, il lui baisait les mains.
ARGAN
Et puis après ?
LOUISON
Et puis après, ma belle-maman est venue à la porte, et il s’est enfui.
ARGAN
Il n’y a point autre chose ?
LOUISON
Non, mon papa.
ARGAN
Voilà mon petit doigt pourtant qui gronde quelque chose. (Il met son doigt à son
oreille.) Attendez. Eh ! ah, ah ; oui ? Oh, oh ; voilà mon petit doigt qui me dit
quelque chose que vous avez vu, et que vous ne m’avez pas dit.
LOUISON
Ah ! mon papa. Votre petit doigt est un menteur.
ARGAN
Prenez garde.
LOUISON
Non, mon papa, ne le croyez pas, il ment, je vous assure.
ARGAN
Oh bien, bien, nous verrons cela. Allez-vous-en, et prenez bien garde à tout, allez.
Ah ! il n’y a plus d’enfants. Ah ! que d’affaires ; je n’ai pas seulement le loisir de
songer à ma maladie. En vérité, je n’en puis plus.
Il se remet dans sa chaise.
Scène X
TOINETTE, en médecin, ARGAN, BÉRALDE.
TOINETTE, en médecin
Monsieur, je vous demande pardon de tout mon coeur.
ARGAN
Cela est admirable !
111
TOINETTE
Vous ne trouverez pas mauvaise, s’il vous plaît, la curiosité que j’ai eue de voir un
illustre malade comme vous êtes, et votre réputation qui s’étend partout, peut
excuser la liberté que j’ai prise.
ARGAN
Monsieur, je suis votre serviteur.
TOINETTE
Je vois, Monsieur, que vous me regardez fixement. Quel âge croyez-vous bien que
j’aie ?
ARGAN
Je crois que tout au plus vous pouvez avoir vingt-six, ou vingt-sept ans.
TOINETTE
Ah, ah, ah, ah, ah ! J’en ai quatre-vingt-dix.
ARGAN
Quatre-vingt-dix ?
TOINETTE
Oui. Vous voyez un effet des secrets de mon art, de me conserver ainsi frais et
vigoureux.
ARGAN
Par ma foi voilà un beau jeune vieillard pour quatre-vingt-dix ans.
TOINETTE
Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, de province en province, de
royaume en royaume, pour chercher d’illustres matières à ma capacité, pour
trouver des malades dignes de m’occuper, capables d’exercer les grands, et beaux
secrets que j’ai trouvés dans la médecine. Je dédaigne de m’amuser à ce menu
fatras de maladies ordinaires, à ces bagatelles de rhumatismes et de fluxions, à ces
fiévrottes, à ces vapeurs, et à ces migraines. Je veux des maladies d’importance, de
bonnes fièvres continues, avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres
pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes pleurésies,
avec des inflammations de poitrine, c’est là que je me plais, c’est là que je triomphe
; et je voudrais, Monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire,
que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l’agonie, pour vous
montrer l’excellence de mes remèdes, et l’envie que j’aurais de vous rendre service.
ARGAN
Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez pour moi.
TOINETTE
112
Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l’on batte comme il faut. Ahy, je vous
ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l’impertinent ; je vois bien
que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre médecin ?
ARGAN
Monsieur Purgon.
TOINETTE
Cet homme-là n’est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De
quoi, dit-il, que vous êtes malade ?
ARGAN
Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate.
TOINETTE
Ce sont tous des ignorants, c’est du poumon que vous êtes malade.
ARGAN
Du poumon ?
TOINETTE
Oui. Que sentez-vous ?
ARGAN
Je sens de temps en temps des douleurs de tête.
TOINETTE
Justement, le poumon.
ARGAN
Il me semble parfois que j’ai un voile devant les yeux.
TOINETTE
Le poumon.
ARGAN
J’ai quelquefois des maux de coeur.
TOINETTE
Le poumon.
ARGAN
Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.
TOINETTE
Le poumon.
113
ARGAN
Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c’était des
coliques.
TOINETTE
Le poumon. Vous avez appétit à ce que vous mangez ?
ARGAN
Oui, Monsieur.
TOINETTE
Le poumon. Vous aimez à boire un peu de vin ?
ARGAN
Oui, Monsieur.
TOINETTE
Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de
dormir ?
ARGAN
Oui, Monsieur.
TOINETTE
Le poumon, le poumon, vous dis-je. Que vous ordonne votre médecin pour votre
nourriture ?
ARGAN
Il m’ordonne du potage.
TOINETTE
Ignorant.
ARGAN
De la volaille.
TOINETTE
Ignorant.
ARGAN
Du veau.
TOINETTE
Ignorant.
ARGAN
Des bouillons.
114
TOINETTE
Ignorant.
ARGAN
Des oeufs frais.
TOINETTE
Ignorant.
ARGAN
Et le soir de petits pruneaux pour lâcher le ventre.
TOINETTE
Ignorant.
ARGAN
Et surtout de boire mon vin fort trempé.
TOINETTE
Ignorantus, ignoranta, ignorantum. Il faut boire votre vin pur ; et pour épaissir
votre sang qui est trop subtil, il faut manger de bon gros boeuf, de bon gros porc,
de bon fromage de Hollande, du gruau et du riz, et des marrons et des oublies, pour
coller et conglutiner. Votre médecin est une bête. Je veux vous en envoyer un de ma
main, et je viendrai vous voir de temps en temps, tandis que je serai en cette ville.
ARGAN
Vous m’obligez beaucoup.
TOINETTE
Que diantre faites-vous de ce bras-là ?
ARGAN
Comment ?
TOINETTE
Voilà un bras que je me ferais couper tout à l’heure, si j’étais que de vous.
ARGAN
Et pourquoi ?
TOINETTE
Ne voyez-vous pas qu’il tire à soi toute la nourriture, et qu’il empêche ce côté-là de
profiter ?
ARGAN
Oui, mais j’ai besoin de mon bras.
115
TOINETTE
Vous avez là aussi un oeil droit que je me ferais crever, si j’étais en votre place.
ARGAN
Crever un oeil ?
TOINETTE
Ne voyez-vous pas qu’il incommode l’autre, et lui dérobe sa nourriture ? Croyezmoi, faites-vous-le crever au plus tôt, vous en verrez plus clair de l’oeil gauche.
ARGAN
Cela n’est pas pressé.
TOINETTE
Adieu. Je suis fâché de vous quitter si tôt, mais il faut que je me trouve à une
grande consultation qui se doit faire, pour un homme qui mourut hier.
ARGAN
Pour un homme qui mourut hier ?
TOINETTE
Oui, pour aviser, et voir ce qu’il aurait fallu lui faire pour le guérir. Jusqu’au revoir.
ARGAN
Vous savez que les malades ne reconduisent point.
BÉRALDE
Voilà un médecin vraiment, qui paraît fort habile.
ARGAN
Oui, mais il va un peu bien vite.
BÉRALDE
Tous les grands médecins sont comme cela.
ARGAN
Me couper un bras, et me crever un oeil, afin que l’autre se porte mieux ? J’aime
bien mieux qu’il ne se porte pas si bien. La belle opération, de me rendre borgne et
manchot !
Scène XIII
ANGÉLIQUE, ARGAN, TOINETTE, BÉRALDE.
TOINETTE s’écrie
Ô Ciel ! Ah, fâcheuse aventure ! Malheureuse journée !
116
ANGÉLIQUE
Qu’as-tu, Toinette, et de quoi pleures-tu ?
TOINETTE
Hélas ! J’ai de tristes nouvelles à vous donner.
ANGÉLIQUE
Hé quoi ?
TOINETTE
Votre père est mort.
ANGÉLIQUE
Mon père est mort, Toinette ?
TOINETTE
Oui, vous le voyez là. Il vient de mourir tout à l’heure d’une faiblesse qui lui a pris.
ANGÉLIQUE
Ô Ciel ! Quelle infortune ! Quelle atteinte cruelle ! Hélas ! Faut-il que je perde mon
père, la seule chose qui me restait au monde ; et qu’encore pour un surcroît de
désespoir, je le perde dans un moment où il était irrité contre moi ? Que deviendraije, malheureuse, et quelle consolation trouver après une si grande perte ?
117
Travail en amont : préparer deux scènes sur le thème
du conflit
Afin de préparer les élèves au spectacle-rencontre, Les Instants Fourbes, les
professeurs sont invités à travailler sur deux scènes autour du thème du
conflit.
Voici les deux séances que j’ai proposées à mes élèves de cinquième afin de
découvrir les textes par le corps.
Séance du vendredi 15 mars : Travail sur la Scène 1 Acte I du Misanthrope
• Exercices d’échauffement
En cercle position neutre
Se frictionner pour s’échauffer
Faire passer un clap à son voisin de droite après l’avoir regardé
Faire un pas en avant + un geste + 1,2,3 + « Quoi ? »
• Exercices d’improvisation
Les élèves se placent par 2 et incarnent des personnages imaginaires (un père et
son enfant ; un professeur et son élève...)
Le 1er personnage fait un reproche au deuxième et le deuxième commence toutes
ses répliques par « oui, mais »
- Principe d’évolution
- Problème du rythme
- Essayer de développer les « oui mais »
- Le but est de faire monter une forme de tension entre les
deux personnages.
•
Travail sur la scène 1 acte I du Misanthrope
-
Présentation succincte de la pièce
-
Lecture du texte
- Travail sur les quatre premières répliques :
En cercle : l’élève marche + s’arrête et fixe son regard sur un autre membre + 1,2,3
+ geste + « Qu’est-ce donc ? » + 1,2,3 + geste + « Qu’avez-vous ? »
Travailler sur ce que fait Alceste pour que Philinte lui dise en rentrant : « Qu’est-ce
donc ? Qu’avez-vous ? » : travail sur les actions physiques qu’il faut développer.
Travail par deux : Philinte saisit la nuque d’Alceste et le secoue pour s’imposer :
« On entend les gens, au moins, sans se fâcher »
Apprentissage des quatre répliques + Passage par deux
118
Séance du lundi 18 mars : Scène entre Monsieur Dimanche et Dom Juan
• Exercices d’échauffement
Se frictionner
Marcher dans l’espace
Marcher en modifiant à peine sa démarche afin de faire naître un personnage
Par demi-groupe : marcher + soudain voir quelqu’un, le fixer + 1,2,3 + vous diriger
vers lui + trouver un geste pour lui dire bonjour (Beaucoup de gestes sont possibles
sauf les gestes conventionnels, comme se serrer la main)
• Travail sur le début de la scène 3, Acte IV de Dom Juan
Lecture de la scène
Travail sur la première réplique de Dom Juan :
- Un pas en avant + fixer quelqu’un + geste + « ah »
- Même chose + geste + « Monsieur Dimanche, approchez » +
geste « Que je suis ravi de vous voir »
Travail sur la démarche de Monsieur Dimanche + sous-texte « merci »
Travail sur la colère de Dom Juan :
- En cercle : un pas + gestes par vague de trois + « Parbleu !
coquins »
- A qui s’adresse Dom Juan ? Qui sont ses laquais ?
Jouer le début de cette scène :
- Entrée de Monsieur Dimanche
- Accueil de Dom Juan
- Colère de Dom Juan
- Fuite des laquais
•
Travail sur l’idée d’interruption
Improvisation par deux : Tu veux lui demander quelque chose d’important, mais à
chaque fois que tu essaies de le faire, il détourne la conversation après t’avoir
interrompu.
•
Travail autour d’un objet : la chaise
Dom Juan cherche à faire asseoir Monsieur Dimanche, comment faire ?
119
Représentation du vendredi 22 mars : Les Instants
Fourbes
Les Instants Fourbes : une pièce née de la rencontre avec les élèves et qui repose
sur des questionnements :
- Comment faire parler le texte de Molière aujourd’hui ?
- Comment jouer cette pièce à deux ? Quel travail réaliser avec les masques de
commedia dell’arte ? Quelle utilisation faire des marionnettes ?
- Quelle traversée des Fourberies proposer ?
- Comment intégrer les objets du collège dans la représentation ?
- Comment intégrer les propositions des élèves dans le jeu ?
Salle théâtre du lycée de Semur-en-Auxois
- Première représentation : vendredi 22 mars à 10H avec les 5e3 et 5e4 de Mme
CABAU. La représentation est suivie d’une heure d’atelier sur le principe du
théâtre forum.
- Deuxième représentation : vendredi 22 mars à 14H avec les 6e3 de Monsieur
MOUCHOUT et les 5e5 de Monsieur DOLET. La représentation est suivie
d’une heure d’atelier sur le principe du théâtre forum.
120
121
Un théâtre participatif selon les principes du théâtre
forum
Chaque représentation est suivie d’un atelier dans l’esprit du théâtre forum cher à
Augusto Boal.
Les élèves sont placés en cercle dans l’espace théâtral et invités à travailler sur
deux scènes du livret, préalablement étudiées en cours : la Scène 1 Acte I du
Misanthrope et la Scène 3 Acte IV de Dom Juan, entre Monsieur Dimanche et Dom
Juan. L’idée est de faire émerger sur la scène le conflit, puissant moteur de jeu au
théâtre.
Par deux, les élèves viennent proposer leur mise en scène. Des pupitres avec les
textes sont disposés dans l’espace afin de faciliter le travail des élèves. Sylvain et
Guy les aident à approfondir leur proposition, en poussant plus loin l’économie des
actions physiques, en faisant émerger des bribes d’interprétation.
Lorsqu’un élève a une autre idée, il vient prendre la place de l’un des deux
comédiens, dans l’idée d’un théâtre participatif.
- C’est ainsi que nous avons eu, pour le Misanthrope, un Alceste dépressif se
roulant à terre, un Alceste alcoolique jouant avec une bouteille, un Alceste
agressif repoussant Philinte à l’aide d’un pupitre, un Philinte intrusif, un
Philinte peureux…
- Pour Dom Juan : un Dom Juan séducteur, un Dom Juan hurlant après ses
laquais et les poursuivant, un Dom Juan en serviette de bain, un Monsieur
Dimanche rappeur, un Monsieur Dimanche en équilibre sur une chaise
portée par un laquais…
Monsieur Dimanche et Dom Juan, sous la direction de Guy.
122
Bilan du projet starter
Guy travaille avec les élèves le déplacement dans l’espace.
123
Les acquis des élèves
Un projet enrichissant
Sylvain dans Les Instants Fourbes
Deux comédiens en résidence pour découvrir l’univers du théâtre
- Faire venir les élèves du côté de la création.
Le fait que Sylvain et Guy aient ouvert dès le départ leur espace de création aux
élèves, a permis à ces derniers d’observer et d’entrer dans un domaine a priori
étranger pour eux. Ils ont ainsi pu découvrir un art concret, artisanal et collectif…
loin de leurs valeurs standardisés de consommation et de zapping.
- Construction des élèves
La résidence a fait émerger une curiosité intellectuelle chez certains élèves,
particulièrement visible lors des impromptus, petites séances improvisées au cours
desquelles certains élèves ont travaillé sur la Cantatrice Chauve de façon spontanée.
124
Sans tomber dans le topos pédagogique, sur l’air « le théâtre à l’école c’est l’école du
théâtre », il faudrait ainsi souligner à quel point le théâtre peut être source d’éveil et
d’épanouissement. Certains élèves, parfois en difficulté extrême, ont trouvé à
s’affirmer dans les ateliers, en retrouvant l’intention derrière le geste et la voix, en
évoluant masqués, en réinvestissant leur corps.
C’est ainsi que l’un de mes élèves de troisième, en décrochage scolaire, s’est
découvert en jouant avec un masque. Ici, bien plus qu’une formation au théâtre et à
ses codes, c’est à la construction de sa personnalité, individuelle et collective, qu’il a
été convié à travers le processus de dramatisation.
- Institution d’un collectif
Travailler sous la forme d’atelier avec des classes entière a également eu le bénéfice
d’instituer une forme de collectif ; car, contrairement à l’univers parfois chaotique
du collège, le théâtre crée des rôles (celui qui écoute, celui qui prend la parole) et
permet de se consacrer à une activité commune que l’on vit de façon collective.
Découvrir les textes par le corps : redonner une place aux modes sensibles
d’appréhension des connaissances
Faire entrer le théâtre dans l’univers du collège a contribué à générer de nouvelles
attitudes de la part des élèves, mais aussi des professeurs, face aux
apprentissages : il s’agissait de favoriser une démarche d’appropriation par
l’expérimentation.
A chaque atelier Sylvain et Guy ont en effet réussi à montrer aux élèves qu’il était
possible d’entrer dans le texte par le corps, qu’il était possible de faire vivre la
parole du texte, de la rendre actuelle.
Ils ont également réussi à montrer aux élèves que le texte classique pouvait se
révéler actuel et nécessaire, non pas parce qu’il parlerait d’aujourd’hui, puisqu’il
parle d’hier, mais en tant que processus vivant de création.
Des acquis disciplinaires
Les acquis disciplinaires ont été nombreux :
- Les élèves ont pu travailler sur les textes de Molière, se les approprier en les
jouant.
- Les élèves ont pu découvrir le monde du théâtre, ses différents métiers, les
termes techniques.
- Les élèves ont été invités à fréquenter les lieux de création en assistant à
plusieurs représentations au cours de l’année.
- Ils ont ainsi pu travailler sur les codes de la représentation.
125
Les compétences travaillées
Les compétences théâtrales
Compétences artistiques : l’élève est capable
• D’improviser à partir d’une situation simple
• De faire des propositions de jeu, voire de scénographie, en ayant
conscience que « jouer » peut signifier autre chose que le texte
• De transformer son jeu selon des consignes nouvelles
Compétences culturelles : l’élève est capable
• De comprendre et repérer les particularités du texte dramatique
• De repérer quelques composantes d’un spectacle
• De connaître quelques métiers du théâtre
Compétences techniques
• De prendre conscience de sa place dans l’espace de jeu
• D’être audible
• De regarder ses partenaires, le public
• De connaître les principaux termes techniques du plateau
Compétences méthodologiques
• De formuler des appréciations argumentées du travail de jeu et des
spectacles vus
• De comprendre comment le travail théâtral se nourrit du va-et-vient
entre propositions individuelle et projet collectif
Compétences comportementales
• De respecter le jeu de ses partenaires, les écouter, leur faire des
propositions pertinentes
• D’accepter le regard d’autrui
• Apporter sa participation à un projet collectif
• Montrer ouverture et curiosité
Les élèves lors du théâtre forum.
126
Les compétences du socle commun
Maîtrise de la langue française
- Lire
• Adapter son mode de lecture à la nature du texte proposé et à l’objectif
poursuivi
• Repérer des informations dans un texte à partir de ses éléments
implicites et explicites nécessaires
• Manifester par des moyens divers sa compréhension de textes variés
- Dire
• Formuler clairement un propos simple
• Adapter sa prise de parole à la situation de communication
• Participer à un débat, à un échange verbal
La culture humaniste
- Avoir des connaissances et des repères
• Relevant de la culture littéraire
• Relevant de la culture artistique
- Situer dans l’espace, le temps, les civilisations
• Etablir des liens entre les œuvres
- Lire et pratiquer différents langages
• Connaître et pratiquer diverses formes d’expression à visée littéraire
• Connaître et pratiquer diverses formes d’expression à visée artistique
- Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique, de curiosité
• Etre sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire
• Etre capable de porter un regard critique sur une œuvre
• Manifester sa curiosité pour les activités culturelles et artistiques
Les compétences sociales et civiques
- Avoir un comportement responsable
• Respecter les règles de la vie collective
• Comprendre l’importance du respect mutuel et accepter les différences
L’autonomie et l’initiative
- Etre capable de mobiliser ses ressources intellectuelles et physiques dans
diverses situations
• Etre autonome dans son travail
• Identifier ses points forts et ses points faibles dans des situations
variées
- Faire preuve d’initiative
• S’intégrer et coopérer dans un projet collectif
• Manifester curiosité, créativité, motivation à travers des activités
conduites ou reconnues par l’établissement
• Assumer des rôles, prendre des initiatives et des décisions
127
Témoignages
Témoignages des élèves
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Bon concept, j’ai adoré la pièce. Bravo à vous deux ! (Théo 5e)
Je vous remercie de cet agréable après-midi. (Mickaël 5e)
Vous êtes supers. On a bien aimé ce que vous avez fait. On espère vous revoir
prochainement. (Clara 5e)
Cher Molière, bonjour. J’ai beaucoup aimé votre pièce, elle était plutôt
originale. Bref, c’était un plaisir de vous voir jouer. Sylvain et Guy, de supers
comédiens ! J’espère pouvoir travailler encore une fois avec vous. (Liselotte 5e)
C’était THEATRAL ! (Alexandre 5e)
C’était super et ça m’a extrêmement plu. J’espère que vous y arriverez avec
votre projet dans les collèges. (Alix, le Dom Juan nu avec une serviette 5e)
Très bon travail. J’ai adoré et aurais aimé travailler encore avec vous. « Belle
marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. » (Eva 5e)
J’ai bien aimé au niveau de la mise en scène et de la réécriture. (Léa 5e)
Merci pour cette pièce. C’était super de faire le laquais. J’espère le refaire vite.
(Théotime 5e)
J’ai beaucoup aimé votre spectacle même si je ne le voyais pas comme cela. Il
était marrant. C’est vous qui l’avez inventé ? En tous cas bravo. (Lauryne 5e)
Bravo tous les deux. C’était super. J’espère pour vous que les réparations du
bureau ne coûteront pas trop chères. Ps : les masques avaient de gros nez.
(Kélyan 5e)
Sylvain et Guy, j’ai bien apprécié votre pièce. C’était assez drôle et la
participation aux jeux avec plusieurs élèves de 6e et 5e était aussi drôle. Je
pense que ce serait à refaire plus souvent. (Alexis 5e)
J’ai trouvé les ateliers divertissants surtout pour le travail sur le langage
corporel (Mouna 3e )
Les ateliers étaient très intéressants. Leurs sujets variés permettaient de
varier des cours normaux en ajoutant de l’humour. On prenait du bon temps
entre nos six heures de cours. (Corentin 3e)
J’ai trouvé les activités intéressantes, surtout les masques. (Thibaut 3e)
Cela m’a permis d’ouvrir mon esprit. (Quentin 3e)
Je n’ai pas trop participé mais c’était drôle et amusant. Ça m’a fait un bon
souvenir en France et ça m’a appris à savoir jouer une pièce. J’ai trouvé bien
de jouer avec plein d’objets (table…) et jouer avec un masque était marrant.
Les idées de voir le tiroir comme un lit et voir la lampe comme une femme
étaient bien. (Nina 5e)
J’ai trouvé que cela changeait des cours de français parce qu’on pouvait
« pratiquer », « interpréter » la langue française. (Arlette 3e)
C’était intéressant parce que l’on fait autre chose que ce que l’on fait
d’habitude. (Manon 3e)
128
-
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J’ai bien aimé faire du théâtre avec vous. J’ai appris plein de choses comme
me servir d’un masque. La pièce était très bien jouée, j’ai rigolé. Quand vous
mettiez les masques, on ne vous reconnaissait plus. (Manon 5e)
Les moments avec vous étaient agréables. J’ai beaucoup appris sur le théâtre.
Le meilleur moment, c’était avec les masques : on peut entrer dans un autre
personnage très facilement. La pièce était super. (Cloé 5e)
Ça m’a permis de découvrir des choses. Moi, par exemple, je n’avais jamais
fait de théâtre. (Etienne 3e)
J’ai aimé jouer avec un masque car on change complètement de personnage.
Les ateliers étaient marrants et la pièce a été plus facile à comprendre que
dans le texte. J’ai bien aimé joué le dépressif dans le théâtre forum. J’espère
vous revoir. (Hugo 5e)
J’ai adoré les exercices d’échauffement. Je me suis bien amusée. (Cathy 6e)
J’ai bien aimé le théâtre. Vous nous avez appris beaucoup de choses en
s’amusant et les exercices étaient assez marrants. Merci de nous avoir
accueillis si gentiment. (Amandine 5e )
Merci pour tout. La pièce était vraiment chouette à regarder car il y avait
beaucoup de comique dans le geste et l’expression du visage. J’aimerais
pouvoir avoir autant d’idées et aussi rapidement que vous. Merci de nous
avoir montré comment marchent les masques. Les ateliers étaient vraiment
supers. (Alexis 5e)
La pièce a été très raccourcie. Du coup, nous avons bénéficié des meilleurs
moments. (Lilian 5e)
J’ai adoré l’exercice avec la souris qui passe entre les jambes. (Caty 6e)
Merci à Sylvain et à Guy de nous avoir initié au théâtre. Ils ont eu de
l’imagination et nous ont bien fait rire. Je suis très content d’avoir fait du
théâtre. La pièce finale était drôle et on avait envie de voir la fin. J’ai bien
aimé le théâtre forum, mais je n’ai pas eu le courage d’aller jouer devant tout
le monde. (Tom 5e)
J’ai adoré la pièce, elle était géniale. (Kenza 6e)
J’ai bien aimé jouer avec les masques. J’ai bien aimé la mise en scène qui
était moderne. J’ai trouvé la pièce marrante car elle était rythmée et comique.
(Lou-Anaïs 5e)
Votre représentation sur les Fourberies de Scapin était très bien faite : vous
m’avez beaucoup fait rire. Malgré le fait que je n’aie pas beaucoup participé
aux exercices, je les ai trouvé assez marrants, notamment le masque. Merci
d’avoir été patients avec nous. Vous nous avez appris beaucoup de choses sur
votre métier. (Lucy 5e)
J’ai adoré votre pièce. Guy m’a fait rigoler. Sylvain avait de bonnes idées
quand on était au lycée. Vous allez me manquer. (Ophélie 5e)
J’ai bien aimé, en plus ça m’a un tout petit peu enlevé ma timidité. Les
exercices étaient non répétitifs et amusants. La pièce était super bien. Elle
était moderne dans les costumes. J’ai bien aimé le changement de
personnage avec le masque. (Laura 5e)
J’ai déjà fait un an de théâtre en 6e et là, c’était super. La pièce était moderne
et drôle. Les costumes étaient rigolos. (Ilona 5e)
129
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J’ai beaucoup aimé la pièce de théâtre car avec peu de moyens, deux
comédiens et pas beaucoup de temps vous avez réussi à tout faire
comprendre. En quelques scènes, vous avez enchaîné surprises, moments
comiques… Vous nous avez fait progresser par vos conseils lors des heures de
théâtre. J’ai beaucoup apprécié. (Noémie 5e)
J’ai beaucoup aimé le spectacle : avec peu d’accessoires pour la pièce, vous
avez quand même réussi à faire une belle représentation. Vous avez bien su
jouer plusieurs rôles en même temps, ce qui est, je trouve, dur pour deux
comédiens. Voilà, que du positif pour votre représentation. (Elliana 5e)
J’ai apprécié les séances avec vous car on ne s’ennuie pas et en faisant un
peu de théâtre avec vous j’ai commencé à avoir moins peur de passer devant
la classe. Vous nous faites rire car vous jouez très bien. J’ai vraiment
beaucoup aimé. (Marion 5e)
Je vous souhaite bonne chance car vous m’avez amusé et fait travailler pour
développer mes capacités théâtrales. Très amusant donc, mais aussi
constructif et intelligent. J’espère que vous pourrez faire profiter de cette
expérience d’autres collégiens. (Xavier 5e)
J’ai beaucoup apprécié les moments partagés avec vous, même si je suis
parfois resté sur mes gardes vis-à-vis du théâtre. J’ai trouvé cette expérience
très enrichissante et très drôle. Les Instants Fourbes est une pièce que j’ai
adoré car il y a eu beaucoup de moments drôles et très malicieux…mais j’ai
trouvé la fin un peu trop brutale. (Lemuel 5e)
J’ai beaucoup apprécié les moments passés avec vous qui m’ont apporté
beaucoup d’aide… notamment pour le prêt des livres qui m’ont fait découvrir
des auteurs inconnus pour moi. J’ai aussi apprécié le théâtre en ateliers.
J’espère que vous reviendrez. (Justine 5e)
J’ai apprécié cette courte période de théâtre avec vous-même si je ne
participais pas beaucoup. Maintenant j’ai plus confiance en moi et je tente de
nouvelles choses. C’était vraiment bien. (Manon 5e)
Deux élèves de cinquième jouent avec Sylvain.
130
Un mot du chef d’établissement, Monsieur Lefol
131
Conclusion
Ce compte-rendu conclut donc un projet enrichissant à la croisée d’une double
quête : celle d’un art partageable et celle d’une pédagogie créatrice.
Un article dans le Bien Public
L’univers de Molière avec la Compagnie Caméléons
Deux comédiens de la Compagnie Caméléons ont présenté, dans la salle de
théâtre du lycée Anna-Judic, un spectacle mis en scène avec la participation
des collégiens semurois.
Depuis le mois de novembre, deux comédiens de la Compagnie Caméléons
participent à une résidence d’artistes au collège Christiane Perceret. Leur objectif
est d’animer des ateliers théâtre avec deux classes de 5e dans le cadre d’un projet
nommé « parcours starter » initié par les professeurs de français Gaëlle Cabau et
Nachida Linnek, associant l’Education nationale et le Conseil général.
Vendredi dernier, dans la salle de théâtre du lycée Anna-Judic, avait lieu, en
clôture de cette résidence, la représentation des Instants Fourbes, donnée par les
132
deux comédiens, Sylvain Paolini et Guy Martinez. Cette pièce, à la mise en scène à
laquelle ont participé les collégiens semurois, est la réécriture des Fourberies de
Scapin de Molière, mêlant burlesque, mime et masques de la commedia dell’arte. Ce
projet a permis aux jeunes collégiens de faire du théâtre et de découvrir « dans
l’action » l’univers de Molière. « Les élèves ont participé à l’élaboration du spectacle
à travers des séances de théâtre forum et nous avons intégré certaines de leurs
trouvailles dans la pièce. L’objectif était aussi un travail d’atelier laissant la part
belle au corps et, bien sûr, nous voulions leur faire connaître Molière et son
œuvre », explique Guy Martinez dégoulinant de sueur, comme son partenaire, après
leur interprétation très physique des huit personnages principaux des Fourberies de
Scapin.
Article et photographie de Pierre Faure-Sternad
ERRATUM :
-
Le projet a été initié et coordonné par Mme Gaëlle CABAU.
Les ateliers ont touché toutes les classes du collège et plus particulièrement
deux classes de cinquième.
133
Je remercie
Sylvain Paolini et Guy Martinez pour leur passion, leur disponibilité et
leur talent,
Les élèves du collège qui se sont investis avec bonheur dans le projet,
Les collègues qui ont participé avec enthousiasme aux ateliers, aux
représentations,
Le conseil général qui a rendu le projet possible,
Monsieur Lefol qui a permis d’accueillir cette résidence.
Projet coordonné par Mlle Gaëlle CABAU
Photographies et vidéos, Mlle Gaëlle CABAU
Rédaction du compte-rendu, Mlle Gaëlle CABAU
134
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