révèlent très vite multiples, que l'on pense aux lectures mystiques de nombreux écrivains catholiques
comme Léon Bloy ou à l'exaltation de la puissance régénératrice de la guerre par les futuristes, qui
considèrent la guerre comme le paradigme de la modernité. Qu'ils soient au feu ou à l'Arrière, tous
les grands écrivains de l'époque apportent leur témoignage, leur vision de cet événement inouï, du
médecin des tranchées Georges Duhamel, qui publiera Vie des martyrs 1914-1916, à Proust dans Le
Temps Retrouvé, d'Henri Barbusse ou Roland Dorgelès au normalien Maurice Genevoix qui écrira
Ceux de 14. La notion de témoignage mérite toutefois d'être interrogée, comme l'a montré Jean
Norton Cru dans son ouvrage de référence, Témoins, en proposant une classification des récits en
fonction de leur plus ou moins grande fiabilité, du degré de réécriture qu'ils opèrent. Les textes écrits
après la guerre, mais qui consacrent plusieurs chapitres à 1914, trouveront également toute leur
place dans cette journée, par exemple Les Cloches de Bâle d'Aragon ou 14 de Jean Echenoz.
A travers ces questions, on peut envisager le rapport qu’entretient la société française de 1914 à son
passé, par exemple les pertes territoriales consécutives à la guerre de 1870. Ces mêmes pertes
engendrent une réflexion sur la « nationalité » au sens propre, et sur celle des frontières. Sur le
thème du nationalisme, le passé récent des Français de 1914, c’est aussi l’affaire Dreyfus et les effets
qu’elle produit sur l’ensemble du corps social. Si le jeu politique est travaillé par les tensions
diplomatiques – et les nationalismes le prouvent – la plupart des questions soulevées ci-dessus
peuvent l’être dans une perspective transnationale. Nous souhaitons aussi que ces témoignages-là
puissent s’exprimer. Et finalement, par un jeu de miroirs, s’interroger sur cette perception qu’ont les
Français – comme tous les Européens entrainés dans le conflit, voire les peuples du monde – de leur
passé, invite aussi à s’interroger sur la façon d’étudier et d’enseigner 1914 jusqu’à nos jours. Le degré
d’implication de chacun dans la guerre, la façon dont chaque peuple s’est senti directement
concerné ou non par le conflit, les conséquences que celui-ci a pu avoir, suscitent des interprétations
différentes de cet événement. Comment par exemple un pays neutre comme la Suisse perçoit-il et
reçoit-il le conflit ? Comment la neutralité peut-elle se construire et se justifier ? Quelles tensions
cette neutralité a-t-elle pu nourrir dans la société suisse ? Qu’en est-il aussi des colonies des nations
engagées au front? Leur participation modifie-t-elle la perception que la métropole en a ? Comment
construire le récit de leur engagement dans un monde post-colonial, une fois leur indépendance
acquise ? Comment analyser et présenter leur participation au conflit ? Autant de questions qui
permettent d’aborder la guerre par le côté, par ceux qui ne sont pas engagés, par ceux qui le sont en
vertu d’une autorité lointaine, par ceux aussi qui font entendre une autre voix au sein même des
Etats belligérants.
Cette journée d’études sera aussi l’occasion pour les participants de présenter au public une affiche
qui sera exposée dans le hall de la Maison des Sciences Humaines. Il est ainsi demandé à chaque
participant de préparer un document au format A2, présentant leur communication par quelques
mots-clés et plusieurs illustrations, en suivant la maquette jointe à cet appel. Toutes les affiches
seront ensuite imprimées par le comité d’organisation. Un modèle illustré est également à la libre
disposition des particip
ants par simpl
e demande à l’ad
resse suivant
e :
je.doctora[email protected]om Les propositions de communication (résumé de 250-300 mots pour une communication de 20
minutes) sont à envoyer au plus tard le