Dix-Neuvième
Année.
-
47
r
-M
I—
zU*°
'
5
cejc
*
c
-
Dimanche
22
Novembre
1891
Sommaire
A
nos
Lecteurs
LA
RÉDACTION
Causerie
LUCIEN/
Pauvres
fonctionnaires
FRANC-
SILLON
NOS
théâtres
X.
L'Hiver
(sonnet)
J.
LENTILLON.
Montpellier
GUILO.
Un
Vaudevilliste
lyonnais
(Clairville).
M.
GRILLET.
Un
Brave
E.
DREVETON.
Bibliographie
LA
RÉDACTION
Bulletin
financier
X.
A
NOS
LECTEURS
Nous
commencerons,
dès
le
nu-
méro
du
29
Novembre,
la
publication
de
la
Galerie
des
Célébrités
contemporaines.
En
tête
du
journal,
avant
la
Cau-
serie,
nous
publierons,
chaque
se-
maine,
la
Biographie
et
le
Portrait
de
I'HOMME
DU
JOUR.
Sans
faire
de
politique,
sans
nous
attacher
aux
idées
de
tel
ou
tel
parti,
nous
donnerons
les
portraits
de
tous
ceux
qu'il
nous
paraîtra,
pour
une
cause
quelconque,
intéressant
de
faire
figurer
dans
cette
galerie
:
Hommes
politiques,
littérateurs,
ar-
tistes,
etc.,
auront
leur
place
dans
cette
collection.
Nos
lecteurs
nous
sauront
gré,
certainement,
de
cette
innovation.
Le
prochain
numéro
du
Passe-
Temps
contiendra
le
portrait
et
la
biographie
de
Jules
CLARETIE
DE
L'ACADÉMIE
FRANÇAISE
1
CAUSERIE
Samedi
dernier
a
eu
lieu
au
Grand-Opéra,
à
Paris,
une
représentation
de
gala,
à
l'occasion
du
centenaire
de
Meyerbeer.
Un
journal
a
fait,
à
ce
propos,
observer
qu'on
eût
pu
plus
intelligemment
choisir
pour
cette
fête,
l'anniversaire
de
la
première
représenta-
tion
de
Robert
le
Diable,
qui
fut
chanté
pour
la
première
fois,
le
24
novembre
1831
il
y
a,
par
conséquent,
soixante
ans
date
qui
est
en
réalité
celle
de
la
véritable
naissance
de
Meyer-
beer,
en
France.
On
a
eu
la
curiosité
de
rechercher
le
nom-
bre
des
représentations,
à
l'Opéra
naturelle-
ment,
des
quatre
opéras
de
Meyerbeer,
le
voici
:
Robert
le-
Diable
738
Les
'Huguenots
875
Le
Prophète
468
L'
Africaine
449
Soit
au
total
2,531
Ce
qui
fait
une
moyenne
de
plus
de
42
re-
présentations
par
an.
Quant
à
la
somme
réali-
sée
à
l'Opéra,
par
ces
2,531
représentations,
elle
varie entre
29
et
30
millions.
Mais
je
le
répète,
il
ne
s'agit
que
du
Grand
-
Opéra.
Malheureusement
les
éléments
man-
quent
pour
faire
le
même
calcul
en
ce
qui
con-
cerne
la
province
ou
ces
opéras
de
Meyerbeer
ont
été
représentés,
très
certainement,
vingt
ou
trente
fois
plus
qu'à
Paris,
car
ils
l'ont
été
sur
tous
les
théâtres
grands
et
petits.
Dans
les
théâtres
de
province,
en
effet
comme
celui
de
Lyon,
par
exemple
--
-
on
joue
surtout
le
vieux:
répertoire,
dans
lequel
figurent
en
première
ligne
les
opéras
de
Meyerbeer.
Quelle
est
la
somme
réalisée
par
ces
repré-
sentations
en
province
?
En
l'estimant
à
une
dizaine
de
millions,
je
suis
certainement
au-
dessous
de
la
vérité.
C'est
donc
avec
Paris
une
quarantaine
de
millions
qu'ont
produit
les
opéras
de
Meyerbeer.
Maintenant
quelle
a
été
la
part
du
compositeur
sur
ce
chiffre?
Il
est
abso-
lument
impossible
de
la
calculer,
mais
avec
la
vente
des
partitions,
c'est
bien
certainement
quatre
à
cinq
millions
qu'a
touchés
Meyerbeer.
Vous
le
voyez,
le
métier
de
compositeur
n'est
pas
à
dédaigner,
à
la
condition
d'avoir
du
génie
ce
qui
n'est
pas
à
la
portée
de
tout
le
monde
et
ensuite
de
réussir,
car
la
réussite
n'est
pas
toujours
la
conséquence
du
génie.
La
représentation
organisée
à
l'Opéra
à
l'occasion
du
centenaire-
de
Meyerbeer,
se
com-
posait
de
morceaux
détachés,
«
comme
l'affiche
d'une
représentation
au
bénéfice
d'une
vieille
actrice
»
ainsi
que
le
dit
M.
Albert
"Wolf
dans
le
Figaro,
lequel
signale
ce
fait
vérita-
blement
incroyable
que
les
critiques
musi-
caux
n'avaient
pas
été
invités.
«
Avec
trente
fauteuils,
ajoute
M.
Wolf,
la
politesse
était
faite.
Ils
représentaient
une
vingtaine
de
louis;
pour
cette
maigre
somme
de
deux
cents
francs
par
tête
de
directeur,
les
deux
exploiteurs
du
monument
national,
au
moment
de
quitter
l'immeuble,
n'ont
pas
cru
devoir
saluer
les
hommes
chez
qui
ils
faisaient
antichambre.
Mes
confrères
se
consoleront
fa-
cilement.
Ritt
est
parvenu
à
l'élat
de
véné-
rable
auquel
il
faut
tout
pardonner
et,
de
la
part
de
Leporello,
cela
fait
sourire.
La
dignité
de
la
presse
musicale
n'est
atteinte
ni
collecti-
vement
ni
individuellement
».
On
n'est
pas
en
réalité
plus
maladroit,
que
MM.
Ritt
et
Gaillard
qui
quittent
l'Opéra
sur
cette
dernière
ladrerie,
laquelle
aura
pour
iné-
vitable
conséquence
de
leur
valoir,
de
la
part
des
critiques
musicaux,
un
enterrement
de
pre-
mière
classe.
Dans
ce
spectacle
coupé
figurait
un
acte
du
Prophète]
dans
lequel
M
1Ie
Deschamps
au-
jourd'hui
M
me
Jehin.
a
obtenu
un
énor-
me
succès,
qui
lui
ouvre
à
deux
battants
les
portes
du
Grand-Opéra
elle
va
entrer,
en
sortant
de
l'Opéra-Comique,
elle
a
conquis
sa
notoriété.
J'ai
eu
déjà
l'occasion
de
parler
de
cette
jeune
artiste
qui
est
notre
compatriote
et
la
plus
brillante
élève
sortie,
jusqu'à
ce
jour,
de
notre
Conservatoire
.
J'ai
raconté
qu'aux
examens
de
fin
d'année
du
Conservatoire,
M.
d'Herblay,
avec
son
flair
de
directeur,
avait
prévu
l'avenir
réservé
à
M
Uo
Deschamp,
quoique
alors
d'une
maigreur
étique,
d'un
aspect
misérable,
avec
un
œil
regardant
Vaise
et
l'autre
Perrache,
la
jeune
fille
payait
bien
peu
de
mine.
Réalisant
le
pronostic
de
M.
'd'Her-
blay,
M
Ue
Deschamps
est
devenue
depuis,
non
seulement
une
chanteuse
de
grand
talent,
mais
encore,
avec
le
secours
d'un
oculiste
qui
a
ra-
mené
ses
yeux
dans
le
droit
chemin,
une
des
•2
LE
PASSE-TEMPS
jolies
femmes
de
Paris.
Il
ne
faut
désespérer
de
rien.
On
a
également
chanté,
dans
la
représen-
tation
dont
je
parle,
un
acte
des
Hugue-
nots,
dont
la
première
représentation
a
eu
lieu
à
Paris,
le
29
janvier
18S6,
à
Lyon,
le
3
avril
1837.
Un
de
nos
confrères
a
eu
l'idée
de
recher-
cher
dans
les
journaux
de
l'époque
quelle
fut
l'impression
produite
à
Lyon
par
les
Hugue-
nots.
Cette
impressionfutexcellente
et la
repré-
sentation
malgré
une
interprétation
des
plus
médiocres
fut
un
succès,
du
commencement
à
la
fin
A
Paris
les
trois
premiers
actes
avaient
été
accueillis
très
froidement,
ce
fut
seulement
le
duo
du
quatrième
acte
qui
fit
sortir
les
spectateurs
de
leur
torpeur.
Les
provinciaux
;
en
l'espèce
les
Lyonnais,
ont
donc
été
meilleurs
juges
que
les
Parisiens.
Cela
est
arrivé
depuis
plusieurs
fois.
On
se
rappelle
que
l'opéra
de
Carmen
de
Bizet,
échoua
piteusement
à
l'Opéra-Comique,
plusieurs
années
après,
il
rentrait
triomphale-
ment
après
avoir
été
accueilli
en
province
et
à
l'étranger
par
des
bravos
unanimes,
cassant
le
jugement
rendu
par
les
Parisiens.
En
ce
qui
concerne
le
Prophète,
qu'on
me
permette
de
citer
un
fait
personnel.
Mon
âge
m'a
donné
le
triste
privilège
d'as-
sister
à
la
première
représentation
de
cet
opéra,
qui
eut
lieu
en
1849.
L'impression
que
produisit
la
première
audi-
tion
du
Prophète
fut
littéralement
celle
de
la
stupeur.
Les
spectateurs
se
regardaient
éton-
nés,
n'y
comprenant
goutte,
n'osant
'ni
siffler
ni
applaudir,
et
se
demandant
ce
que
signifiait
cette
musique
absolument
incompréhensible
pour
eux,
et,
c'est
triste
à
dire,
sans
le
ballet
entre
autre
celui
des
patineurs,
qui
consti-
tuait
une
nouveauté
cette
première
repré-
;
sentation
eût
été
un
fiasco
complet.
!
Ne
vous
semble-t-il
pas
un
comble
que
cette
musique
du
Prophète,
qui
nous
parait
aujour-
,
d'hui
claire
comme
de
l'eau
de
roche,
ait
tout
d'abord
fait
l'effet
d'un
logogriphe
indéchiffra-
i
ble
?
C'est
qu'à
l'époque
l'opéra
de
Meyer-
<
béer
fut
représenté
pour
la
première
fois,
on
}
se
délectait
des
romances
de
Loïsa
Puget,
et
<
les
mélodies
légères
et
faciles
d'Adam,
d'Auber,
,
etc.,
paraissaient
le
dernier
mot
de
l'art.
La
musique
savante,
fouillée,
et
l'orchestration
'
puissante
de
Meyerbeer,
n'étaient
point
en
rap-
\
port
avec
l'éducation
musicale
de
l'époque,
édu-
]
cation
qui
s'est
développée
considérablement
de-
s
puis,
trop
développée
dirai-je
volontiers,
car
I
déjà
les
Wagnériens
enragés
traitent
de
vieille
;
perruque,
le
compositeur
des
Huguenots.
s
Vieille
perruque
!
C'est
trop
tôt,
en
vérité,
et
^
on
pourrait
attendre.
Je
ne
sais,
et
nul
ne
sait
s
encore
l'avenir
réservé
à
l'œuvre
de
Meyer-
J
béer,
mais
de
cette
œuvre
colossale,
il
est
im-
possible
que
quelques
pages,
qui
sont
des
chefs-
s
d'œuvre
comme
l'acte
du
sacre
du
Pro-
phète
ne
survivent
pas.
«
Le
temps,
dit
très
justement
un
critique,
peut,
avec
le
renouvel-
1
lement
des
formules,
ronger
des
fragments
de
^
cette
œuvre,
comme
il
efface
en
quelques
par-
?
ties
les
fresques
des
grands
maîtres,
mais
ce
,]
qui
en
restera
suffira
toujours
pour
étonner
les
f
générations
à
venir
».
c
On
ne
saurait
mieux
dire.
n
P.
S.
J'ai
consacré
ma
dernière
causerie
"\
t
?
à
la
nouvelle
qui
a
circulé
de
non
réengagement
à
l'Opéra
de
notre
compatriote
Lassalle.
La
nouvelle
est
aujourd'hui
démentie,
et
il
faut
en
.
féliciter
Lassalle,
dont
la
véritable
place
est
à
!
l'Opéra,
et
les
futurs
directeurs,
MM.
Bertrand
1
et
Campocasso,
qui
n'auraient
pas
facilement
trouvé
un
remplaçant
à
pareil
artiste.
LUCIEN.
t
Pauvres
Fonctionnaires
f...
'
Un
décret
du
ministre
du
commerce
et
des
;
colonies
vient
d'interdire
le
port
du
bâton
dans
;
les
marchés,
foires,
fêtes
civiles
et
religieuses
L
des
établissements
français
de
l'Inde.
Cette
mesure
en
dit
long
sur
les
us
et
cou-
tumes
de
nos
colons,
qui
ne
s'abordaient
plus
parait-il
qu'a
coups
de
trique...
et
four-
raient
des
«
bâtons
dans
les
roues
»
du
char
,
de
l'Etat.
Désormais,
il
sera
même
défendu
aux
en-
fants
de
servir
de
«
bâton
de
vieillesse
»
â
leurs
parents
;
les
pêcheurs
linéaires
autrement
dit
«
à
la
ligne
»
devront
remiser
leurs
cannes
;
et
on
n'aura
plus
à
se
préoccuper
de
savoir
par
quel
bout
il
faut
prendre
les
«
bâ-
tons
m...ielleux.
»
Le
«
bâtonnier
»
de
l'ordre
des
avocats
devra
modifier
son
titre,
pour
en
éliminer
la
partie
proscrite
;
on
évitera
même
de
causer
«
à
bâtons
rompus
»
et
on
inspectera
les
gibernes
des
soldats
du
corps
d'occupation,
pour
s'assurer
qu'ils
n'y
dissimulent
pas
«
le
bâton
de
maréchal
».
Mais
ce
qui
sera
le
plus
difficile
à
obtenir,
c'est
que
les
fonctionnaires
eux-mêmes
renon-
cent
à
la
pratique
des
«
tours
du
bâton
».
*
* *
11
est
juste
de
reconnaître
que
cette
pra-
tique
ne
fleurit
pas
que
dans
nos
colonies.
La
plupart
des
gardiens
de
l'Acropole
d'A-
thènes
viennent
d'être
congédiés.
Ces
modestes
mais
peu
honorables
employés
avaient
pris
l'habitude,
pour
augmenter
leurs
appointe-
ments,
de
vendre
aux
étrangers
de
marque
qui
visitaient
l'antique
citadelle
des
objets
pro-
venant
des
diverses
collections
dont
ils
avaient
la
surveillance.
Diable
!
mais
nous
avons
peut-être
tort
d'en-
tretenir
des
élèves
à
l'Ecole
d'Athènes.
Si
c'est
ce
qu'ils
doivent
y
apprendre,
nous
pourrions
économiser
au
moins
leurs
frais
de
voyages
;
car
sans
quitter
la
France
il
suffirait
de
les
confier
aux
soins
éclairés
des
grecs
de
certains
Cercles...
vicieux.
Maintenant,
il
sepeut
que
les
modernesfils
du
Péloponèse
trafiquant
des
antiquités
de
leur
pays
soient
imbus
d'idées
assez
«
fin
de
.
siècle
»
pour
considérer
ces
collections
archéo-
logiques
comme
des
vieilleries
bonnes
tout
au
plus
à
être
échangées
contre
de
nouvelles
pièces
de
monnaie
aux
effigies
des
monarques
régnant
actuellement.
Ce
qui
semblerait
le
prouver,
c'est
que
ces
singuliers
gardiens
ont,
de
plus,
commis
de
véritables
actes
de
vandalisme
et
détruit
plu-
sieurs
antiquités
d'un
haut
intérêt.
Bref,
l'idéal
de
ces
«
gardiens
»
était,
évi-
demment,
de
n'avoir
plus
rien
à
«
garder
».
Voilà
pourtant
peut
conduire
l'amour
des
sinécures.
*
* *
On
ne
saurait
donc
blâmer
Her
gracious
Majesly
la
reine
Victoria
d'Angleterre
d'avoir
récemment
supprimé
bon
nombre
de
ces^
emplois
parasitaires,
parmi
lesquels
il
en
était
d'absolument
cocasses,
tels
que
la
charge
du
Master
of
the
Hawks
ou
grand
maître
des
faucons
de
la
cour,
Le
duc
de
Saint-Albans
re-
cevait
comme
fauconnier
25,000
fr.
par
an.
Inutile
d'ajouter
que
depuis
deux
cents
ans
on
'
n'a
jamais
chassé
au
faucon
dans
la
forêt
de
Windsor.
L
On
a
aussi
supprimé
le
poste
de
gardien
du
t
fort
de
Hillsborough,
confié
au
marquis
de
Downshire,
qui
recevait
0,000
fr.
par
an
pour
1
cela.
Or,
le
fort
de
Hillsborough
est
démoli
1
depuis
cent
dix
ans.
1
Mais
la
fonction
la
plus
singulière
parmi
t
une
vingtaine
d'autres
est
encore
celle-ci
:
The
queen's
rat
catcher,
l'attrapeur
de
rats
ou
ratier
de
la
reine.
(!)
Chez
nous
on
l'eût
tout
bêtement
confiée
à
un
chat
;
et
j'ai
peine
à
croire
que
fut-ce
à
la
cour
d'Angleterre
le
titulaire
opérait
lui-
même.
Cependant,
s'il
en
était
ainsi,
le
coup-
d'œil
de
ce
noble
lord
fonctionnant
à
quatre
pattes
devait
assurément
valoir
ses
émolu-
;
ments.
J'aime
à
supposer
qu'on
les
lui
payait-
sous
forme
de
mou...
et
qu'il
s'abstenait
de
griffer
sa
royale
maîtresse,
ou
de
courir
les
gouttières.
Mais
je
me
demande,
avec
inquiétude,
ce
que
vont
devenir
maintenant
ces
malheureux
sei-
gneurs
privés
de
leur
gagne-pain,
puisque
le
plus
deshérité
d'entre
eux
n'a
reçu,
comme
indemnité
de
suppression
de
charge,
que
la
ba-
gatelle
de
500,000
francs
?
Les
voilà
positivement
réduits
à
la
misère
;
car
les
carrières
ingrates
qu'ils
avaient
em-
brassées
offrent
peu
de
débouchés
et
même
en
se
faisant
inscrire
dans
plusieurs
bureaux
de
placement
ils
risquent
de
chômer
encore
longtemps
avant
de
retrouver
pareils
emplois.
Pauvres
gens
!
à
l'entrée
de
l'hiver
!
Ayez
pitié
d'eux
!
et
lorsque
vous
rencontrerez
dans
la
rue
quelque
mendiant
bien
sordide
et
bien
calamiteux,
n'hésitez
pas
généreuse
lectrice
et
lecteur
charitable
à
le
secourir
de
votre
obole,
en
songeant
que
vous
avez
peut-
être
i-ous
les
yeux
«
le
grand-maître
des
fau-
cons
»
de
la
cour
anglaise,
ou
«
l'attrapeur
de
rats
»
de
S,
M.
Britannique
en
disponibilité-
FRANC-SILLON.
A
NOS
THÉÂTRES
GRAND-THÉATRE
Cette
semaine
on
devait
chanter
Guillaume
Tell,
et
au
dernier
moment
M
me
Candelon,
qui
devait
remplir
le
rôle
de
Mathilde,
étant
indis-
posée,
a
été
remplacée
par
M
mo
Lureau-Escalaïs.
Entendre
ensemble
les
deux
artistes
parisiens
était
pour
le
public
lyonnais
une
bonne
fortune
qui,
je
crois
bien,
ne
se
renouvellera
pas;
aussi
en
a-t-il
profité.
Je
n'ai
pas
le
souvenir
d'avoir
jamais
vu
plus
de
monde
au
Grand-Théâtre.
Plusieurs
centaines
de
spectateurs
ont
dû,
faute
de
places,
se
retirer.
Lors
de
sa
première
apparition
dans
Faust,
M
me
Lureau-Escalaïs
était
sous
l'empire
de
la
peur
bleue
que
lui
inspirait
ce
public
Lyonnais,
auquel,
bien
à
tort,
on
fait
la
réputation
d'être
d'une
sévérité
allant
jusqu'à
l'injustice,
voire
la
cruauté
vis-à-vis
des
artistes.
Remise
par
l'accueil
qu'elle
avait
reçu
la
première
fois,
M
me
Lureau-Escalaïs
était,
dans
le
rôle
de
Mathilde,
en
pleine
possession
de
ses
moyens,
elle
l'a
chanté
avec
un
art
exquis,
en
grande
artiste.
Le
public
lui
a
fait
un
vrai
succès.
Je
n'ai
pas
besoin
d'ajouter
que
la
soirée
a
été
excellente,
que
M.
Escalaïs
a
eu
sa
part
de
bravos,
et
que
M.
Noté
s'est
fait
applaudir
dans
le
rôle
de
Guillaume
Tell,
qui
convient
tout
particulièrement
à
sa
voix
puissante.
Nous
avons
eu
aussi
une
très
belle
et
très
LE
PASSE-TEMPS
3
bonne
représentation
de
Rigoletto
dans
la-
quelle
M"
,c
Escalaïs
a
chanté
pour
la
première
fois
sur
notre
scène
le
rôle
de
Gilda.
Le
succès
de
notre
artiste
a
été
énorme
:
après
le
duo
du
troisième
acte,
M
me
Escalaïs
a
été
rappelé
cinq
fois
de
suite,
Ce
chiffre
dit
tout
et
me
dispense
de
tout
éloge.
Grand
succès
aussi
pour
M.
Noté,
à
qui
le
rôle
de
Rigoletto
convient
tout
particulière-
ment,
M.
Bourgeois
et
M
rae
Bossy
ont
con-
tribué
pour
une
bonne
part
à
faire
valoir
le
célèbre
quatuor
du
quatrième
acte
qui
reste
une
merveille
musicale
q'on
ne
se
lasse
pas
d'admirer.
Malgré
les
représentations
très
suivies
de
M.
et
M
me
Escalaïs,
celles
de
Lohengrin
con-
tinuent
à
attirer
la
foule.
THEATRE
DES
CÉLESTINS
On
a
repris
cette
semaine
aux
Célestins
la
jolie
comédie
l'Abbé
Constantin,
tirée
du
roman
de
Ludovic
Halévy,
lequel
après
avoir
fait
sa
fortune
au
théâtre
en
écrivant,
en
colla-
boration
avec
Meilhac,
les
opérettes
et
les
comédies
que
l'on
sait,
est
devenu
académicien
et
s'est
révélé
comme
littérateur
par
des
œu-
vres
exquises.
On
se
rappelle
l'énorme
succès
qu'obtint
autrefois
aux
Célestins
l'Abbé
Constantin.
Pour
jouer
cette
pièce
M.
Dalbert
eut
à
payer
une
prime
de
dix
mille
francs
à
M.
Ko-
ning,
qui
avait
acheté
à
l'auteur
le
droit
de
l'exploiter
en
province,
et
le
directeur
des
Célestins
qui
eut
à
payer
en
sus
les
droits
d'auteur
afférents
à
chaque
représentation,
ne
fit
point
une
mauvaise
affaire.
Quel
succès
aura
la
reprise
?
Je
l'ignore,
car
au
théâtre
c'est
l'inconnu
qui
vous
mène,
mais
cette
reprise
mériterait
de
réussir.
On
aime
à
Lyon
avec
excès
les
nouveautés.
Pour
ma
part
j'aime
mieux
revoir
une
bonne
pièce
que
je
connais,
qu'une
médiocre
nouveauté
;
j'ai
eu
plus
de
plaisir
à
la
représentation
de
l'Abbé
Constantin;
que
je
n'en
aurais
eu
à
la
repré-
tation
d'une
nouveauté
médiocre.
C'est
M.
Durand
qui
a
repris
le
rôle
de
l'Abbé
Constantin,
créé
avec
tant
de
succès
par
M.
Béjuy.
M.
Durand
s'en
tire
à
son
hon-
neur
et
joue
avec
beaucoup
de
bonhomie
et
de
simplicité
le
personnage
de
cet
excellent
prêtre
mêlé,
à
son
insu,
à
des
aventures
amoureu-
ses.
L'Abbé
Constantin
est
monté
aux
Célestins
avec
ce
luxe
de
décors
et
de
mise
en
scène
dont
est
coutumier
M.
Dalbert.
Rien
n'est
négligé,
même
dans
les
accessoires.
Parmi
ces
accessoires
figurent,
comme
autrefois,
un
potage,
un
gigot,
une
salade
et
une
charlotte,
mais
tout
cela
pour
de
bon
comme
disent
les
écoliers
et
les
artistes
mangent
sinon
le
le
tout
il
leur
faudrait
un
furieux
appétit
au
moins
de
tout,
à
la
grande
satisfaction
du
public,
qui
se
complait
dans
la
réalité
au
théâ-
tre.
Un
bon
conseil
pour
terminer.
Si
vous
ne
connaissez
pas
l'Abbé
Constantin,
allez
bien
vite
le
voir.
Si
vous
le
connaissez,
allez
le
re-
voir.
C'est,
dans
l'un
et
l'autre
cas,
une
bonne
soi-
rée
à
passer.
«
THÉÂTRE
BELLECOUR
On
devait
donner
cette
semaine
les
der-
nières
représentations
de
la
Fille
de
Jf»
An-
ffot,
mais
la
direction
avait
compté
sans
le
Public,
quia
réclamé
quelques
nouvelles
repré-
sentations
à
celles
annoncées
;
comme
d'habi-
tude
au
Théâtre-Bellecour
ces
dernières
repré-
sentations
sont
données
à
prix
réduit,
le
plaisir
est
ainsi
mis
à
la
portée
de
toutes
les
bourses.
La
Fille
de
M-
Angot
est
une
bonne
fille
et
veut
que
tout
le
monde
la
voie
et
l'applau-
disse.
Ce
n'est
donc
que
la
semaine
prochaine
que
sera
donnée
la
première
d'Orphée
aux
Enfers,
à
qui
je
ne
puis
souhaiter
qu'un
suc-
cès
égal
à
celui
qu'a
obtenu
l'opérette
de
M.
Lecoq.
Ce
succès
n'a
pas
faibli
un
seul
jour,
et
les
dimanches
on
a
toujours
fait
le
maximum
de
la
recette.
x.
*
HIVER
Si
d'un
bon
sentiment
j'ai
jeté
la
semence,
Ces_vers,
ces
faibles
vers
ont
eu
leur
récompense
ANDRIEUX.
11
fait
froid;
oh!
songeons,
nous
qui
sommes
à
t*ble
Bien
repus
et
joyeux,
près
de
1
âtre
flambant,
Songeons
aux
malheureux
que
la
misère
accable,
Enviant
les
débris
de
nos
festins
tombant.
11
fait
froid
:
eu
rentrant
au
logis
confortable,
Songeons
que
sans
abri,
peut-être
succombant,
A
quelque
coin
de
rue,
un
frère
misérable,
Las
de
lutter,
se
meurt
accroupi
sur
un
banc.
Il
fait
froid;
oh!
donnons
à
toute
main
tendue!...
Que
toute
voix
plaintive,
oh!
oui,
soit
entendue
Et
trouve
un
tendre
écho
de
pitié
dans
nos
cœurs.
Donnons;
et
de
nos
biens
nul
n'osera
médire;
Donnons,
pour
recueillir
du
coeur
triste
un
sourire;
Donnons,
pour
voir
briller
de
joie
un
œil
en
pleurs.
Novembre
1891.
J.-M.
LENTILLON.
MONTPELLIER
La
semaine
qui
vient
de
s'écouler
nous
a
fourni
la
reprise
du
Pré
aux
Clerc
qui
a
obtenu
un
grand
succès.
L'ouvrage
était
bien
su
et
l'in-
terprétation
excellente
a
valu
à
tous
les
artistes
de
nombreux
applaudissements.
Nous
adres-
sons
nos
félicitations
à
ces
Messieurs
et
à
ces
Dames.
Le
Pré
aux
Clercs
monté
comme
il
l'est,
fournira
l'occasion
d'en
reparler.
Nous
passerons
sous
silence
une
représenta-
tion
des
Dragons
qui
n'a
pas
été
des
plus
brillantes.
Certes
quelques
répétitions
de
plus
n'auraient
pas
été
de
trop
pour
assurer
une
bonne
interprétation
de
cet
ouvrage.
La
Traviata,
chantée
par
des
artistes
de
la
valeur
de
MM.
Monteux,
Audra
et
M
me
Gabriel
ne
pouvait
être
que
délicieusement
rendue,
c'est
ce
qui
a
eu
lieu
et
ces"
artistes
ont
été
applaudis
à
diverses
reprises.
La
représentation
de
Robert
n'a
pas
été
fa-
vorable
à
M.
Berger
et
nous
craignons
fort
que
l'indisposition
de
cet
artiste
ne
paralyse
ses
moyens
pendant
quelque
temps.
M.
Berger
a
fait
son
possible,
a
eu de
bons
moments,
mais
la
fatigue
a
dépassé
sa
bonne
volonté.
Nous
espérons
que
M.
Berger
prendra
brillamment
sa
revanche.
M.
Talazac
s'est
acquitté
du
rôle
si
lourd
de
Bertram,
le
premier
et le
quatrième
acte
ont
été
pour
lui
un
triomphe.
M.
Roger
(Raimbault)
lui
a
fort
bien
donné
la
réplique.
M
mc
Vilette-Peyraud
a
été
très
applaudie
dans
le
rôle
d'Alice.
N'oublions
pas
M
mo
Berty,
fort
bien
sous
les
traits
de
la
princesse
Isabelle.
M
116
Carrère
s'est
faite
remarquer
dans
le
pas
de
la
nonne
et
brille
au
premier
rang
parmi
les
ballerines
qui
sont
toujours
accueillies
par...
des
manifestations
peu
sympathiques.
Hier,
reprise
de
Carmen
dont
je
rendrais
compte
dans
ma
prochaine
chronique.
GUJLO.
ON
VAUDEVILLISTE
LYONÎSAIS
CLAIRVILLE
1811-1879
Nous
ne
nous
contentons
pas
seulement
de
négliger
nos
gloires
lyonnaises,
souvent
même
nous
les
ignorons.
Ajoutons
vite
que
Tartarin
se
hâte
de
réparer
nos
torts
et
de
nous
appor-
ter
des
bustes.
L'aimable
Clairville
aura-t-il
le
sien?
Si
on
veut
se
souvenir
qu'il
est
Lyon-
nais,
qu'il
garda
toujours
bon
souvenir
de
sa
ville
natale,
qu'il
fut
l'ami
de
nos
artistes
dra-
matiques,
ce
sera
au
foyer
des
Célestins
que
devra
figurer
son
image.
Rappeler
que
le
principal
auteur
de
la
Fille
de
Madame
Angot
et
des
Cloches
de
Corne-
ville
est
notre
compatriote,
ce
sera
assez,
je
crois,
pour
piquer
la
curiosité
de
nos
lecteurs
et
les
intéresser
à
cette
courte
esquisse
(1)
.
Vers
la
fin
du
premier
Empire,
de
1811
à
1812,
une
troupe
de
comédiens
couraient
la
province,
dirigés
par
M.
Alexandre
Nicolaïe,
solennel
père
noble,
qui,
avant
de
se
faire
co-
médien,
avait
pris
le
nom
de
Clairville
pour
ménager
les
susceptibilités
paternelles.
Son
fils
devait
illustrer
ce
nom
de
bataille.
Louis-François
Nicolaïe,
dit
Clairville,
est
à
Lyon,
le
28
janvier
1811,
rue
Confort.
Son
extrait
de
naissance
est
signé
par
François
Ribré,
directeur
des
Célestins,
et
Louis-Jac-
ques
Solomé,
artiste,
ami
de
la
famille
Clair-
vile,
et
qui
devint
metteur
en
scène
à
l'Opéra.
Nous
trouvons
quelques
détails
assez'
pi-
quants
sur
notre
vaudevilliste
dans
la
Biogra-
phie
comique
de
Commerson.
Il
parait
que
«
dès
l'âge
de
puberté,
Clairville
se
mit
à
faire
du
couplet
au
mètre
etàllieure.»
Voicicequ'en
dit
en
pot-pourri
son
humoriste
biographe
:
Lyon
le
vit
naitr.é,
Et
bien
heureux
d"
le
connaître,
La
Saône
Et
le
Rhône
En
ont
dansé
la
cato.i'i'cha,
,
Et
même
on
raconie
cela
Ils
ont
débordé
ce
jou.-là.
A
l'âge
heureux
de
qiiii.ze
mois
Il
quitta
sa
ville
natale,
Déjà
l'enfant
voulait,
je
crois,
Frapper
de
sa
puissante
voix
Les
échos
de
la
capitale.
Et
quand
il
eût
cessé
d'apprendre,
Orgueilleux
de ne
rien
savoir,
A
Bobino,
sans
plus
attendre,
A
dix
ans,
il
débute
un
soir.
Pendant
dix-huit
ans,
aux
contrôles,
Dirigeant,
jouant,
régissant,
Chantant,
dansant
Et
composant,
Il
joua cinq
à
six
cents
rôles
Et
fit
cent
pièces
en
jouant.
Clairville
avouait
lui-même
qu'il
avait
le
diable
au
corps,
parce
que
sa
mère,
une
actrice
de
la
troupe,
avait
dû,
en
guise
de
lait,
rem-
plir
son
biberon
du
vin
de
la
comète.
Clairville,
malin,
fut
pendant
cinquante,
ans
un
des
maîtres
du
vaudeville.
D'une
fécon-
dité
extraordinaire,
le
plus
fécond
peut-être
de
ce
siècle,
«
ce
Lope
de
Véga
de
la
farce
et
du
rondeau
»
comme
l'a
nommé
Claretie,
n'a
pas
donné
au
théâtre,
de
1829
à
1879,
moins
de
600
pièces.
C'est
donc
une
moyenne
de
douze
pièces
par
année,
une
pièce
par
mois
!
Faiseur
de
couplets
intarissables,
il
a
laissé
de
plus
un
volume
de
Chansons
et
Poésies.
Ingénieux
écrivain,
d'une
verve
si
comique,
si
habile
dans
l'art
difficile
de
bien
écrire
un
couplet,
il
a
inondé
de
ses
productions
joyeuses
les
scè-
(1)
Voir
pour
plus
de
détails
la
Revue
du
Siècle,
juillet
1889.
On
y
trouvera
en
môme
temps
un
portrait
de
Clair-
ville.
4
LE
PASSE-TEMPS
T\
,
CHOCOLAT
FRANÇON
AU
LACT0P1I0SPHATE
DE
CHAUX
ET
A
LA
KOLA
Par
son
rôle
essentiel
dans
la
formation
des
os
et
son
action
stimulante
de
la
nutrition,
le
lactophosphate
de
chaux
est
le
meilleur
recons-
tituant.
Directement
assimilable
par
les
voies
digesti-
ves,
il
n'occasionne,
à
l'encontre
des
autres
préparations
de
phosphates,
ni
constipation,
ni
maux
d'estomac.
Ces
avantages,
associés
à
ceux
de
la
Kola,
le
tonique
par
excellence
du
système
nerveux
et
du
cœur,
font
du
Chocolat
Françon
l'arme
préférée
des
médecins
pour
combattre
maladies
des
os,
tuberculose,
chloro-anémie,
palpitations,
esouf-
flement,
épuisement
nerveux.
Dépôt
général,
Pharmacie
Françon,
L^^on,
place
Bellecour,
21,
et
bonnes
pharmacies.
Prix:
3'50
la
boîte
;
poste,
30
c.
en
sus
(franco
par
2
boîtes).
nés
de
tout
genre
et
les
théâtres
de
tout
étage.
Mais
disons
quelques
mots
de
ses
débuts.
Fier
des
bénéfices
qu'il
avait
réalisés
dans
ses
tournées
en
province.
Clairville
père
vint
à
Paris
prendre
la
direction
de
théâtres
de
se-
cond
ordre,
deM
me
Saqui
entre
autres,
puis
au
Luxembourg
du
fameux
et
regretté
Bobino.
Une
vieille
gloire,
dévorée
par
la
démolition
vers
1868.
Ce
petit
théâtre
fut
d'abord
consa-
cré
à
des
exercices
de
bateleurs.
Jusqu'en
1837
ou
38,
une
corde
traversait
la
salle,
comme
le
stigmate
ineffaçable
destiné
à
rap-
peler
à
la
direction
qu'elle
ne
jouait
drames
et
vaudevilles
qu'en
vertu
d'une
tolérance.
Bobino
était
le
théâtre
favori
des
étudiants
tapageurs,
badouillards
et
dévorants.
Ce
fut
que
le
jeune
Clairville
fit
ses
premiers
essais
et
reçut
une
éducation
très
fantaisiste,
mais
précieuse
pour
sa
destinée.
On
remarqua
bien
vite
ce
malin
petit
bonhomme,
et
les
pourvoyeurs
du
théâtre
du
Luxembourg
se
mirent
à
écrire
des
rôles
tout
exprès
pour
lui.
Un
beau
soir,
l'affiche
annonça
solennellement
les
débuts
de
Louis-François
Clairville,
qui
entrait
dans
sa
dixième
année.
L'aimable
parterre
de
Bobino
l'étourdit
d'applaudissements.
Heureux
début
1
Les
coulisses
continuèrent
donc
d'être
son
école
obligatoire,
et
il
fit
ses
humanités
et
sa
rétho-
rique
avec
le
répertoire
de
l'établissement.
Le
monde
bohème
et
bigarré,
dans
l'intimité
duquel
il
vivait,
plaisait
à
son
esprit
primesau-
tier
et
railleur.
Plein
d'activité,
il
se
faisait
le
factotum
de
la
baraque
avec
la
meilleure
grâce
du
monde.
Quand
il
ne
jouait
pas,
il
allait
s'asseoir
au
contrôle
ouse
glissait
dans
le
trou
du
souffleur.
Il
fit
mieux,
il
avait
dix
huit
ans
quand
il
apporta
à
son
père
sa
première
pièce
:
l'Enragé
par
ruse.
La
pièce
fut
jouée
et
applau-
die.
Le
soir
de
la
représentation,
Solomé,
le
vieil
ami,
dit
à
notre
vaudevilliste
précoce
:
Es-tu
bête
d'avoir
donné
cela
ici?
j'aurais
fait
jouer
ta
pièce
aux
Variétés.
Oui,
c'est
possible,
répondit
le
jeune
homme;
mais
je
n'aurais
pas
causé
le
même
plaisir
à
mon
père.
On
ne
voulut
plus
d'autre
compositeur,
et
le
jeune
Clairville,
affranchissant
la
petite
scène
des
droits
à
payer,
devint
l'auteur
attitré
du
théâtre
paternel.
Il
lit
sur
commande
tout
ce
qu'on
voulut
:
drames,
comédies,
vaudevilles
ou
féeries.
Son
talent
se
dessinait
dans
ces
oeu-
vres
faciles,
malgré
tous
leurs
défauts.
Cepen-
dant,
sept
ans
après
sa
première
pièce,
en
1836,
son
père
mort,
Clairville,
se
croyant
appelé
à
une
scène
plus
grande,
s'engagea
comme
acteur
à
l'Ambigu-Comique.
Voulant
s'y
produire
dans
une
de
ses
propres
œuvres,
il
y
fit
jouer
une
revue
de
sa
composition:
1836
dans
la
Lune.
Il
s'y
montra
acteur
assez
médiocre;
mais
le
succès
prodigieux
de
sa
pièce,
qui
ou-
vrit
la
série
de
ces
revues
dans
lesquelles
il
excella,
le
détermina
à
cultiver
exclusivement
la
littérature
dramatique.
Il
avait
enfin
trouvé
sa
véritable
voie,
il
avait
le
don
de
plaire
au
public
et
surtout
il
avait
l'intuition
de
la
scène.
A
partir
de
ce
premier
vrai
siccès,
c'est
une
suite
continue
de
revues
comiques,
de
féeries,
de
vaudevilles,
de
parodies,
d'opérettes
tant
que
l'opérette
fut
à
la
mode
dans
lesquels
il
déploie
une
verve
facile,
une
imagination
drôle
et
une
gaité
bouffonne.
Toutes
ses
pièces
sont
semées
de
couplets
ingénieux,
vivement
troussés
et
dans
une
verve
bien
française.
Je
ne
citerai
que
quelques
titres,
pris
au
hasard
des
souve-
nirs
:
Margot,
Les
Sept
Châteaux
du
Diable,
Gentil
Bernard,
Un
Troupier
qui
suit
les
Bonnes.
Eh!
Lambert
!,
Les
Bourgeois
de
Paris,
Les
Trois
Gamins,
Cendrillon,
Rotho-
mago,
Peau
d'Ane,
La
Queue
du
Diable,
Ma
Nièce
et
mon
Ours,
et
tant
d'autres
qui
eurent,
comme
les
Petites
Misères
de
la
vie
humaine,
leurs
300
représentations
avec
le
célèbre
Bouffé,
qui
était
devenu
l'ami
et
le
pro-
tecteur
de
Clairville.
Mais
aucune
de
ces
pièces
n'approcha
du
succès
inouï
d'une
de
ses
dernières
œuvres
:
La
Fille
de
madame
Ango
<(18/3),
opérette
'
dont
le
triomphe
décida
de
la
fortune
du
compo-
siteur
Charles
Lecoq.
Clairville
s'était
adjoint
Siraudin
et
Koning.
Cette
opérette
compréhen-
sible
porta
bonheur
à
la
musique,
qui
avait
une
franchise
d'allure,
une
rondeur
et
une
nou-
veauté
qui
frappèrent
le
public,
et
en
trois
jours,
tous
ses
rondeaux
devinrent
populaires,
depuis
l'air
des
conspirateurs
jusqu'au
couplet
de
la
mère
Angot
:
Très
jolie,
Peu
polie,
Possédant
un
gros
magot
..
Paris
entier
les
répéta
;
il
semblait
que
ce
fussent
de
vieux
amis
retrouvés.
Certains
re-
frains
devinrent
proverbiaux
:
C'est
bien
la
peine
assurément
De
changer
de
gouvernement.
Grand
fut
le
succès
;
la
pièce
fut
jouée
plus
de
six
cents
fois
consécutives
à
Paris
;
elle
a
même
dépassé
depuis
sa
millième
représenta-
tion.
Elle
avait
été
créée
d'abord
en
1872,
à
Bruxelles.
Le
succôsde
cette
opérette
s'est
con-
tinué
en
province.
La
Fille
de
madame
Angot
a
fait
le
tour
du
monde.
Clairville
a
écrit
presque
toutes
ses
pièces
en
collaboration,
comme
l'a
fait
aussi
Labiche,
mais
son
théâtre
n'en
reste
pas
moins
marqué
d'un
cachet
très
original.
Clairville
cependant
fut
plus
modeste
et
ne
songea
jamais
à
l'Acadé-
mie
;
il
avait
conscience
de
l'insuffisance
de
ses
études
premières.
Son
but
était
d'amuser
et
tout
lui
était
bon.
Quant
au
bon
goût
et
quant
au
style.
Ils
y
seront..,
une
autre
fois.
Ses
qualités
à
lui,
c'est
la
facilité,
la
verve
l'entrain,
le
mouvement
et
une
joyeuseté
inta-
rissable.
Son
amusant
répertoire
a
défrayé
la
gaieté
de
plusieurs
générations.
Sans
s'inquié-
ter
de
sa
qualité,
il
était
passé
maître
dans
l'art
de
provoquer
le
gros
rire,
le
fou
rire
qui
dilate
et
déride
les
misanthropes
et
les
atra-
bilaires
les
plus
forcenés.
Comme
Labiche,
qui
fut
un
peu
son
élève,
il
a
été
un
de
nos
grands
a
producteurs-
de
gaz
exhilarant
».
Le
critique
qui
a
écrit
sa
biographie
dans
le
Larousse,
a
dit
de
lui
très
justement
:
«
Il
faut
rendre
cette
justice
à
Clairville
que,
s'il
a
beaucoup
trop
donné
à
la
pacotille,
il
a
réussi
souvent
à
ramener
le
vaudeville
à
son
vrai
caractère,
qui
consiste
dans
la
franchise,
l'abandon,
le
rire,
la
gaieté
et
la
vivacité
des
couplets...
Il
a
contribué
largement
au
main-
tien
des
traditions
laissées
par
les
maîtres
d'un
genre
éminemment
français...
»
Notrecompatrioteavaitlecoupletfacile;
il
fut
au
Caveau
de
Paris,
très
aimé
et
très
applaudi.
En
1853,
il
a
publié
un
volume
de
chansons
et
de
poésies
qui
est
devenu
rare.
Son
talent
a
un
caractère
particulier
qui
le
rattache,
comme
chansonnier,
à
l'école
du
dix-huitième
siècle.
Clairville
reçut,
en
1857,
le
ruban
rouge.
Cet
aimable
conservateur
de
la
gaieté
française
l'avait
bien
mérité.
Ce
fut,
en
1877,
avec
les
Cloches
de
Corneville,
le
der-
.
nier
grand
succès
de
Clairville.
Il
était
âgé
de
68
ans
quand
il
mourut
à
Paris,
des
suites
d'une
fluxion
de
poitrine,
le
8
février
1879.
Il
avait
conservé
le
souvenir
de
sa
ville
natale,
car
les
artistes
lyonnais,
résidant
dans
la
capi-
tale,
le
regrettèrent
très
vivement.
Clairville
a
laissé
un
fils,
compositeur
de
musique,
et
un
neveu,
Claude
Clairville,
auteur
dramatique
de
talent.
Mourez,
brillantes
étincelles
!
Jongleurs,
éteignez
vos
quinquets
!
Des
pantins
j'ai
vu
les
ficelles,
Le
spectacle
n'a
plus
d'attraits...
chantait
un
jour
Clairville.
Que
restera-t-il
de
tant
d'esprit
dépensé
pendant
cinquante
ans
?
H
y
a
des
gens
qui
ressemblent
aux
vaudevilles,
qu'on
ne
chante
qu'un
certain
temps,
a
dit
La
Rochefoucauld.
Espérons
qu'il
restera
quel-
que
chose
de
cet
aimable
compatriote,
puis-
qu'on
joue
encore
ses
pièces.
Espérons
aussi
que
les
Lyonnais
se
souviendront
qu'il
est
_L«^
PASSE
-TEMPS
5
rue
Confort
et
qu'ils
n'attendront
pas
une
ava-
lanche
de
félibres
des
Batignolles,
pour
placer
son
buste
au
foyer
des
Célestins.
Marius
GRILLET.
*
xjisr
:B:R,^-V:E
SUITE
Mais
Rigodin
eut
honte
de
son
hésitation
et.
pour
s'aguerrir,
il
s'avança
et
fit
quelques
pas
dans
le
couloir.
Ses
amis
le
suivaient.
Ils
se
trouvèrent
au
pied
de
l'escalier.
.—
C'est
au
premier,
n'est-ce
pas?
demanda
le
courageux
Rigodin.
Oui.
Et
il
mettait
le
pied
sur
la
première
marche
lorsqu'il
fit
un
brusque
mouvement
d'effroi.
Qu'avez-vous
?
qu'avez-vous?
Vous
ne
voyez
donc
pas
là-haut?...
Ça
bouge.
Us
levèrent
le
nez,
C'est
un
rat,
s'écria
Tourillon,
et
soule-
vant
son
chapeau
:
Ne
vous
dérangez
pas,
cama-
rade,
c'est
M.
Rigodin
qui
vient
pour
une
nuit
vous
tenir
compagnie.
Cette
boutade
ne
les
fit
pas
rire.
Ils
n'étaient
pas
rassurés.
A
chaque
instant
ils
s'attendaient
à
ouïr
des
bruits
mystérieux,
à
voir
des
choses
épouvantables.
Ils
parlaient
haut,
criaient
pres-
que.
Enfin
au
bout
de
quelques
minutes,
ne
décou-
vrant
rien
de
suspect,
ils
montèrent.
L'esca-
lier
vermoulu
craquait
sous
eux.
Plumachet
portait
gravement
la
bougie.
Sur
le
palier,
ils
s'arrêtèrent
très
émus,
la
respiration
courte.
Une
porte
étant
entr'ouverte,
ils
la
poussèrent
et
se
trouvèrent
dans
une
chambre
assez
vaste.
Elle
"était
presque
vide.
Quelques
meubles
seu-
lement
la
garnissaient
:
une
table
ronde,
un
bahut
et
un
fauteuil
antique.
Une
humidité
glaciale
tombait
des
plafonds
dont
on
voyait,
à
plusieurs
endroits,
les
poutrelles
crevant
le
plâtre.
Des
lambeaux
de
papier
déteint
pen-
daient
aux
murailles.
Pourvu
que
je
n'attrape
pas
de
rhumatis-
mes
là-dedans,
dit
Rigodin.
Ça
sent
rudement
le
moisi,
remarqua
Plumachet
qui,
sa
bougie
à
la
main
inspectait
la
pièce.
Voilà
un
bahut
qui
doit
valoir
de
l'argent,
regardez
moi
ces
sculptures...
tiens,
un
tableau.
Pris
d'une
curiosité,
ils
s'approchèrent
et,
au
dessus
du
coffre,
ils
virent
une
peinture
sus-
pendue
au
mur.
La
poussière
empêchait
d'en
distinguer
les
détails,
Tourillon,
toujours
le
plus
hardi,
monta
sur
le
meuble
et
frotta
la
toile
avec
son
mouchoir.
Alors,
peu
à
peu,
un
front,
des
yeux,
un
nez,
toute
une
figure
pâle
de
femme
apparut.
Dans
son
cadre
d'or
terni
elle
semblait
sortir
de
l'ombre
épaisse
comme
une
évocation
mélanco-
lique
d'autrefois...
C'était
uue
vieille
dame,
de
mine
respectable,
les
chevaux
blancs
tirebou-
chonnant
sur
les
tempes,
le
cou
maigre
émer-
geant
d'une
large
collerette
de
dentelle
qui
lui
retombait
sur
les
épaules.
Une
croix
pendait
sur
sa
poitrine.
Ses
lèvres
esquissaient
un
sou-
rire
très
vague
à
l'adresse
des
nocturnes
visi-
teurs
et
ses
yeux,
fixement,
s'attachaient
sur
eux.
Et
tous
les
cinq,
le
nez
en
l'air,
se
tenaient
devant
la
toile,
prix
d'une
angoisse
subite,
d'une
religieuse
terreur,
devant
ce
portrait
antique,
remuant
dans
leurs
encéphales
lourgeois
des
choses
confuses,
des
choses
de
jadis,
qu'ils
ne
pouvaient
démêler...
Ce
fut
Plumachet
qui
rompit
le
silence:
C'est
la
grand'mère
maternelle
de
made-
moiselle
Vertussin.
Non,
non,
vous
êtes
dans
l'erreur,
dit
vivement
Ballot,
qui
connaissait
la
généalogie
de
toutes
les
vieilles
familles
de
Villeroche,
c'est
sa
gran
l'tante,
car
la
grand'mère
mater-
nelle
de
mademoiselle
Vertussin
est
morte
à
trente-cinq
ou
trente-six
ans.
Ils
s'inclinèrent
devant
les
explications
pré-
cises
de
l'agréé,
mais
Rigodin
qui
tenait
à
gar-
dfintÇ
3
lo
?
Stemps
possible
ses
amis,
essaya
de
continuer
la
discussion.
-Moi,
je
crois
que
c'est
plutôt
le
portrait
de
la
sœur
du
père
de
mademoiselle
Vertussin.
Mais
non,
vous
n'y
êtes
pas.
Le
quincaillier
s'interposa:
Allons
allons,
nous
discuterons
ça
une
autre
lois.
Vous
voyez
bien
que
vous
ennuyez
Kigodm...
Dites
donc,
l'ami,
vous
ne
pouvez
pas
dire
le
contraire,
mais
vous
allez
être
comme
un
saint
dans
sa
niche...
une
jolie
table,
un
fauteuil
pur
Louis
XV,
et
puis
et
il
mon-
tra
le
portrait
la
bonne
femme
qui
vous
tient
compagnie...
et
surtout,
ajouta-t-il,
his-
toire
de
plaisanter,
pas
de
bêtises,
hein
!
Plumachet
colla
la
bougie
sur
la
table.
Ri-
godin,
un
peu
pâle,
avec
un
tremblement
dans
les
doigts,
déposa
son
livre
:
Les
Aventures
de
Jean-
Pierre
Chopparf,
et
mit
à
côté
son
paquet
de
bougies.
Maintenant,
dit
Ballot,
à
qui
il
tardait
de
rejoindre
son
épouse,
maintenant
nous
n'a-
vons
plus
qu'à
vous
souhaiter
bonne
nuit.
A
demain,
à
six
heures.
Soyez
exacts
au
moins.
Soyez
tranquille,
répondit
Plumachet.
Tous
les
quatre
serrèrent
la
main
à
Rigodin.
Et
ils
descendirent
et
fermèrent
la
porte
à
double
tour
afin
qu'il
ne
s'échappât
pas.
Un
instant
encore
le
prisonnier
entendit
le
bruit,
de
plus
en
plus
distinct,
de
leurs
voix,
puis,
plus
rien... rien...
rien
!
II
Il
était
seul,
abandonné
de
l'humanité
tout
entière,
seul
dans
cette
grande
maison
inhabi-
tée
depuis
tant
d'années,
dans
cette
maison
de
sinistre
réputation,
rendez-vous
peut-être
des
puissances
infernales
et
auprès
de
laquelle
il
n'était
jamais
passé,
à
la
nuit
tombante,
sans
un
frisson
dans
le
dos.
Voilà
pourtant
l'avait
conduit
sa
forfanterie!...
Ne
serait-il
pas
mieux,
à
cette
heure,
dans
son
lit
si
mollet
il
dormirait
à
l'aise,
à
la
clarté
douce
de
la
veilleuse,
l'esprit
dégagé
de
toute
inquiétude?
Qui
est-ce
qui
viendrait
à
son
secours
s'il
était
fatigué?
Oui,
qui
est-ce
qui
remplacerait
sa
vieille
Mélanie?
Personne...
Mais
diable
!
ce
serait
bien
le
plus
grand
des
hasards
s'il
tom-
bait
malade
juste
la
nuit
pour
la
première
fois
depuis
longtemps,
il
dérogeait
à
ses
habi-
tudes.
Il
chassa
ces
idées
sombres
en
évoquant
par
avance
l'ovation
enthousiaste
que
lui
fe-
raient,
le
lendemain
matin,
ses
amis,
lorsqu'ils
viendraient
le
délivrer.
Quelles
fraternelles
poignées
de
main
on
se
donnerait.
Comme
il
ferait
bon
s'en
aller,
rentrer
en
ville,
bras
des-
sus,
bras
dessous!
Sa
réputation
serait
à
ja-
mais
consacrée,
et
il
ne
remarquerait
plus
sur
les
lèvres
de
ses
auditeurs
ces
demi-sourires
railleurs
qui
l'indignaient.
On
dirait,
au
con-
traire
:
ce
que
raconte
Rigodin
est
l'exacte
vérité,
car
c'est
un
brave,
il
a
passé
la
nuit
dans
la
maison
hantée.
Et
tout
Villeroche,
longtemps,
parlerait
de
cette
action
d'éclat.
Alors
Rigodin,
réconforté
par
cette
espé-
rance,
se
leva
de
son
fauteuil
et
fit
le
tour
de
la
chambre.
La
bougie
vacillait
découpant
sur
les
murs
des
ombres
géantes.
Son
pas,
sur
le
plafond,
résonnait
étrangement.
Il
revint
s'as-
seoir.
Puis
il
tira
sa
montre
et
la
mit
sur
la
table,
bien
devant
lui,
à
côté
du
paquet
de
bou-
gies.
Il
n'était
que
onze
heures
cinq.
Comme
le
temps
passait
lentement...
Il
avait
encore,
par
conséquent,
sept
heures
de
captivité.
Sept
heures!...
Bah?
c'est
bien
vite
passé,
sept
heures.
N'importe
!
ces
sept
heures
compte-
raient
dans
sa
vie.
Il
y
penserait
souvent...
oh
!
oui,
bien
souvent...
Il
tendit
l'oreille...
Rien
d'anormal.
Pas
de
bruit.
A
peine
un
léger
murmure
du
vent
là,
à
côté,
dans
les
arbres
du....
Mais
il
tressaillit...
Que
je
suis
bête,
pensa-t-il,
c'est
un
morceau
de
plâtre
qui
vient
de
se
détacher
du
plafond...
Il
ouvrit
son
livre,
essaya
de
lire,
mais
les
lignes
dansaient
devant
ses
yeux.
Et
il
releva
la
tête
avec
la
sensation
bizarre
qu'un
regard
était
fixé
sur
lui,
Parbleu!
C'est
la
bonne
femme...
Oh!
cette
figure
peinte,
cette
figure
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