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Séquence 7 – HG00
Séquence 7
Histoire
Sommaire
1. L’échelle de l’État nation : Gouverner la France depuis 1946: État,
gouvernement et administration, héritages et évolutions
Glossaire
2. L’échelle continentale
Glossaire
Biographies
Webographie
3. La gouvernance économique mondiale depuis 1944
Glossaire
Les échelles de gouvernement
dans le monde de la fin de la
Seconde Guerre mondiale
à nos jours
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Séquence 7 – HG00
1L’échelle de l’État nation
Gouverner la France depuis 1946:
État, gouvernement et administration,
héritages et évolutions
L’État est l’ensemble des personnes et des institutions qui exercent le
pouvoir suprême de gouverner et de décider sur une population et un
territoire donnés. Ce n’est ni le gouvernement seulement, ni le corps de
ses serviteurs, que l’on peut nommer communément la bureaucratie ou
l’administration.
L’historien Pierre Rosanvallon affirme que l’analyse de l’État ne peut être
découpée en tranches. Son étude doit donc être envisagée dans son rap-
port au régime politique, aux institutions, à l’économie, la société, et à
la nation.
Au cours de l’Histoire, il a revêtu quatre figures qui se sont juxtaposées :
E l’« État gendarme » qui assure les fonctions régaliennes afin de main-
tenir l’ordre politique et social : justice, police, défense.
E L’État comme institution du social : il doit renforcer la cohésion d’une
société d’individus en développant des règles juridiques, écono-
miques, contractuelles, mais aussi favoriser des représentations, un
imaginaire collectif, bref en fabriquant du Français.
E L’État comme « réducteur d’incertitudes », par exemple en établissant
un protectionnisme* favorable aux agriculteurs dans les années 1880,
ou en créant une sécurité sociale en 1945.
E L’État régulateur, avec la planification* et les nationalisations*.
Solution à tous les problèmes, recours ultime, l’État n’en demeure pas
moins stigmatisé en permanence par ceux qui refusent son intervention
ou veulent la transformer. À la critique traditionnelle révolutionnaire ou
antifiscale, s’est ajoutée celle, néo-libérale, des années 1980, qui pointait
les disfonctionnements des économies dirigées, ou encore celle du déficit
démocratique dans les choix politiques. Ces critiques ont d’autant plus
pesé que l’État doit s’adapter depuis le milieu du XX° siècle aux mutations
engendrées au niveau infranational par la multiplication des lois de décen-
tralisation*, et sur le plan supranational*, par la construction européenne.
Le tournant du XXI° siècle est donc marqué par un questionnement sur la
place de l’État en France, d’autant plus problématique qu’il se pose à des
organisations politiques hésitant entre plusieurs modèles.
Entre amour et désamour comment ont évolué la place et le rôle de
l’État en France et dans la vie des Français ?
Problématique
N.B. les mots
suivis d’un
astérisque sont
définis dans le
glossaire
ci-dessous.
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Séquence 7 – HG00
Plan du chapitre : traitement
de la problématique Notions clés Repères
A- L’État et la Nation en France : un
mariage plus que de raison
1- La longue durée de l’État : de la
monarchie capétienne à la Répu-
blique démocratique
2-
L’État moteur des « Trente Glo-
rieuses »
État/Nation
Culture républicaine
« État de Droit »
Dirigisme
Keynésianisme
Plan ; économie mixte ;
nationalisation
Démocratie sociale
État Providence
Système redistributif
Fonction publique
Commenter une
caricature ; Identifier des
symboles et des attributs
B- L’État problème
1- Une crise de la représentativité.
2- Une tradition anti-étatique parfois
ancienne renouvelée à l’aune de la
modernité.
3- L’État en question
4- La révolution libérale
Pantouflage
Haute fonction publique
Tradition anti-étatique
Poujadisme
Responsabilité de l’État
Contre-pouvoir
Révolution libérale
privatisation
C- L’État dépassé
1- État de droite, État de gauche : un
clivage toujours pertinent ?
2- L’État : une échelle de décision
dépassée ?
3- L’État contre-attaque
Étatisme/libéralisme
Fonctionnaire
Décentralisation/
déconcentration
Mondialisation
Supranational
Subsidiarité
Renationalisation
FTN ; ONG
Reconnaître les
compétences État/UE
et les classer dans un
tableau
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Séquence 7 – HG00
L’État et la nation en France:
un mariage plus que de raison
1. La longue durée de l’État: de la monarchie
capétienne à la République démocratique
La question de l’État en France est indissociable de celle de la construc-
tion de la Nation*. La dynastie capétienne a su construire à son profit un
État avec qui elle finit par se confondre et qu’elle pare de la notion de
bien commun. À partir du XIII° siècle, elle a unifié les mondes français
par la conquête à son profit, elle a marginalisé les féodaux, éliminé les
dynasties concurrentes notamment lors de la Guerre de Cent ans, mono-
polisé la violence, la justice et la guerre, centralisé les pouvoirs par la
création d’une structure administrative moderne, véritable corset d’un
monde conçu comme toujours prêt à se diviser. Elle a aussi gagné la
légitimité par la fabrication d’un « roman des rois » étayant une véritable
idéologie monarchique. Ainsi, à partir du XV° siècle, dans une évolution
multiséculaire mais non linéaire, se dessine une communauté politique,
liée à un État et à un territoire donné, qui fait naître l’idée d’une « nation
France » (C. Beaune).
Cependant, la nation fondée sur la conscience de caractéristiques com-
munes et sur la volonté de vivre ensemble, prend son sens contempo-
rain au XVIII° siècle et lors de la Révolution française, avec l’affirmation
d’une opinion publique, la politisation* du peuple. Elle se concrétise
dans l’exercice de la souveraineté nationale. La Révolution, malgré la
méfiance de tous ses acteurs (y compris les Jacobins*) pour un État iden-
tifié à la royauté et à la tyrannie, finalise ce lien quasi consubstantiel
entre la nation et l’État, en particulier parce que celui-ci doit assurer la
guerre contre les agents de la contre-révolution et contre les monarchies
européennes. Ce lien est enfin scellé par l’épisode napoléonien qui
donne aux institutions leur caractère définitivement centralisé et opère
la synthèse entre les héritages révolutionnaire et monarchique. C’est,
enfin la III° République qui fonde à la fin du XIX° siècle les cinq carac-
téristiques de l’État contemporain, celles qui ont participé à forger une
culture républicaine partagée par la masse des citoyens :
E La dimension sacrée du suffrage universel qui légitime le rôle de l’État
comme gardien de l’intérêt général au-delà des luttes de partis.
E La laïcité et le respect des consciences
E
Un État de droit* garantissant les libertés fondamentales et l’égalité
en droit.
E
Le parlementarisme* qui contrôle l’État au point qu’il assimile tout ren-
forcement de l’exécutif à une volonté d’établir un régime autoritaire
A
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Séquence 7 – HG00
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Un État bien plus centrali que durant l’Ancien Régime, et qui a tou-
jours dû composer avec des intermédiaires et des pouvoirs locaux
faute d’outils modernes pour contrôler le plus vaste royaume d’Europe
occidentale.
La crise des années 1930, la défaite de juin 1940, l’écroulement de la
République sous les coups de ses adversaires de toujours et de « no-
tables fâchés avec la démocratie » (J. P. Azéma), l’établissement par ces
derniers d’un État « fort » débarrassé de son idéologie républicaine et de
sa pratique démocratique ont dopé le questionnement sur la réforme de
l’État et de sa place dans la société.
Si la IV° République a hérité du parlementarisme absolu de la III° Ré-
publique par idéal républicain et réaction à la dictature pétainiste, elle
n’en initie pas moins un dirigisme économique et social qui aboutit à la
démocratie sociale la plus avancée de l’histoire, qualifiée — avec exa-
gération — d’« Union soviétique réussie » (J.M. Domenach) qui fait de
la France une originalité dans le monde des démocraties occidentales.
La république gaullienne couronne cette tendance au renforcement de
l’État en 1958, et la transforme au plan institutionnel cette fois-ci. Sans
remettre en cause l’État de droit, elle réalise la synthèse entre monarchie
ancienne et république, en initiant un exécutif fort, processus finali
avec l’élection du président de la République au suffrage universel direct
(1962) et un parlementarisme encadré et limité. Cependant cette créa-
tion a connu un destin en partie contraire à l’esprit de son créateur. La
prépondérance du Premier ministre en période de cohabitation a donné
à la V° République des accents de parlementarisme à l’Anglaise. Le ré-
gime, sous l’effet conjugué d’une élection présidentielle orpheline de
la figure tutélaire de de Gaulle et de la bipolarisation de la vie politique
droite/gauche, a remis en cause la neutralité de l’Administration et poli-
tisé la haute fonction publique, qui fournit d’ailleurs l’essentiel du per-
sonnel politique.
Une lente construction historique a engendré un rapport complexe
entre l’État et les Français. Alors que les Anglo-saxons ont conquis en
Angleterre puis aux États-Unis, leurs droits et leurs libertés, aux XVII°
et XVIII° siècles, contre une monarchie jugée inique, d’où une défiance
face à un appareil d’État toujours soupçonné de vouloir empiéter sur
les libertés individuelles. On peut constater les actuelles résistances
au projet de sécurité sociale voulu par B. Obama. L’État a générale-
ment été célébré comme « ayant fait la France » puis comme garant
de l’équité, le défenseur des droits et libertés. Les serviteurs de l’État
ont, par exemple, toujours bénéficié d’un prestige supérieur à celui des
classes marchandes.
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