Moun - Institut de Philosophie Saint François de Sales

_Moun______
____La personne humaine ___________________
Revue de philosophie
Études
5 JOREL FRANÇOIS, op, Le Protagoras ou l’éducation comme
moyen d’ennoblissement.
54 PIERRE CASTEL GERMEIL, Enseignement éthique et souci de la
violence en Haïti.
67 PATRICK ARIS, L’inculturation, l’âme de la culture de
l’éducation.
87 SEÏDE MARTHA, fma, Les sciences de l’éducation à l’heure
actuelle. Enjeux épistémologiques dans le contexte occidental.
Traductions
128 THOMAS D’AQUIN, Kesyon y-ap diskite osijè verite-a. Kesyon
11: « Osijè mèt-la » (« De magistro »).
Débats - Interventions – Inédits
168 MAURICE ELDER HYPPOLITE, sdb, Refleksyon sou sa yon papa ye.
181 JACQUES NANEMA, L’Afrique entre négrophobie et
développement. Essai sur les risques idéologiques de la
philosophie.
217 GINA LAFORTUNE R., Elle.
219 Notes de lecture
230 Chronique
Année III – No 5 - Janvier 2007
Institut de philosophie Saint François de Sales - Haïti
2
"Moun" - Revue de philosophie
Publiée deux fois l’an par les professeurs de l’Institut de Philosophie
Saint François de Sales
Année III – No 5
Janvier 2007
Comité de direction et de rédaction:
P. Maurice Elder Hyppolite, sdb - P. Ducange Sylvain, sdb - P. Jorel
François, op - Sr. Luisa dell’Orto, pse - P. Jacques Mésidor, sdb.
Abonnement (tarif 2007):
En Haïti:
- abonnement de soutien Gdes. 400.00
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Autres pays:
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Adresses:
Moun – Revue de philosophie
B. P. 13233
HT-6120 Delmas
HAÏTI
81-16, 249th Street
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Courriel: mounphilo@yahoo.com / moun@philosophiehaiti.org
www.philosophiehaiti.org
Dépôt légal : 05-02-076
Bibliothèque nationale d’Haïti
ISSN 1815-7866
3
Éditorial
« Docere » c’est aussi « ducere », l’enseignement et
l’éducation doivent conduire quelque part à la fois la personne et
la société. Ce cinquième numéro de Moun considère l’éducation
dans ses fondements philosophiques et dans notre pays.
Une telle réflexion faite par des professeurs peut devenir
une mise en perspective de leur expérience. Pourtant, sans réduire
l’art éducatif à leur propre vécu, ils cherchent plutôt à le resituer
dans le cadre d’un discours philosophique qui puisse en fonder
l’authenticité, la validité et l’efficacité même.
La famille, l’école, l’université, l’État et l’Église, la cultu-
re d’un peuple, les moyens de communication, autant d’acteurs qui
entrent en scène à différents niveaux pour offrir à chacun la possi-
bilité de s’épanouir. Qui est cette « personne » à éduquer et vers
quel horizon d’« épanouissement » la conduire, par quels moyens
y arriver ?
Des contes et jeux d’enfants aux grandes théories cogniti-
ves, de la relation avec les parents à l’emprise des « maîtres »,
c’est tout l’avenir d’un pays et d’une culture qui se joue. Rece-
vons-nous l’enseignement de manière servile ou en l’assimilant
vitalement c’est-à-dire de manière libre et libératrice ?
La complexité de la question éducative dans la réalité ac-
tuellement tourmentée et parfois violente où nous nous situons met
à rude épreuve tout effort de synthèse et dévie l’analyse qui doit se
faire non sur des données figées mais sur le dynamisme même de
la vie. Le faux bilinguisme, la misère rampante, les troubles socio-
politiques, l’insignifiance ou l’absence de la figure paternelle,
l’émigration, la déstabilisation des institutions, la commercialisa-
tion d’une éducation au rabais, l’incurie de l’État dans un domaine
aussi délicat pour préparer et garantir l’avenir d’un pays, s’oppo-
sent comme un défi constant à la volonté de fer des parents d’offrir
à tout prix une meilleure éducation à leurs enfants. La scolarisa-
tion ne suffit pas, certes, mais tous n’y ont pas accès et, souvent,
les parents, après l’avoir offerte, n’ont plus ni l’énergie ni la capa-
cité ni les ressources financières ni la confiance dans les acquis de
notre culture pour assumer le rôle principal qu’ils ont à jouer.
D’autre part, le pays n’est plus confiné à ses frontières
géographiques. Le poids grandissant de sa diaspora révèle que dé-
sormais Haïti devient un espace et un héritage culturels. Il faut en
Editorial
4
identifier les dimensions principales et positives à transmettre tout
comme les éléments caducs et négatifs à dépasser.
La réussite des Haïtiens sous d’autres cieux prouve que les
moyens pauvres dont nous disposons peuvent stimuler l’intelligen-
ce et renforcer les motivations. Mais l’exode de nos cerveaux et la
débâcle de notre société ne sont-ils pas attribuables aussi à notre
système éducatif ? Quelles finalités sont effectivement poursui-
vies ?
Autant de questions qui viennent s’ajouter aux thémati-
ques traditionnelles d’une philosophie de l’éducation qu’on pour-
rait retracer dans les œuvres des philosophes anciens ou plus pro-
ches de nous.
Le comité de rédaction
24 janvier 2007
Le « Protagoras » ou l’éducation comme moyen d’ennoblissement
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Études
LE PROTAGORAS OU L’ÉDUCATION COMME MOYEN
D’ENNOBLISSEMENT
P. Jorel François, op
Moun - Revue de philosophie 5 (2007) 5-53
« Celui qui n’est pas cultivé est brut,
celui qui n’est pas discipliné est sauvage »1.
Introduction
L’éducation est un processus jamais achevé d’apprivoisement et
de domination de soi. Elle n’est pas à confondre avec l’instruction
qui est fondamentalement une enquête – également continuelle –
sur ce qui est surtout extérieur à soi. L’instruction consiste dans un
effort d’acquisition ou, à l’inverse, de transmission de connaissan-
ces. Alors que la première imprègne l’être total de la personne, la
deuxième peut rester sur la périphérie, sans grande incidence sur
sa vie pratique. La formation intégrale résulte de l’ensemble des
deux. Le drame de l’humanité est que la plupart des gens sont ins-
truits, mais ils ne sont pas toujours ou assez éduqués. Là où l’on
peut pardonner le manque d’instruction, le manque d’éducation est
répréhensible, toujours dommageable et d’autant plus catastrophi-
que lorsqu’il se fait sentir chez quelqu’un d’instruit.
Deux visions de l’éducation semblent s’affronter dans l’Antiquité
grecque. La première pourrait se résumer dans cette phrase de
Khalil Gibran : « Aucun homme ne peut rien vous révéler sinon ce
1 Emmanuel Kant, Réflexions sur l’éducation ; trad. A. Philonenko, Paris, Vrin, 1966,
p. 74.
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