voyelles. Pour les sons (phonèmes) nouveaux, on a dû créer de nouveaux graphèmes, soit des
lettres nouvelles (v, j, h, z), soit des groupes de deux ou trois lettres (gn, ch, ou, an, eau, etc.).
On a ajouté des accents sur les voyelles. Ainsi les graphèmes sont devenus beaucoup plus
nombreux.
Malgré ces créations, on constate souvent en français, comme en anglais d’ailleurs, une
non correspondance directe entre un son et une lettre, alors que d’autres langues ont fait
beaucoup mieux pour adapter périodiquement leur écriture à l’évolution de la prononciation
(l’italien, l’espagnol, l’allemand, le russe, etc.)4. Il s’ensuit une impression de désordre, comme
on l’a vu pour les différentes prononciations de la lettre c. En effet, d’une part, une lettre peut
représenter plusieurs phonèmes, par exemple la lettre c, et d’autre part, un même phonème peut
être représenté par plusieurs graphèmes, par exemple, le son /ê/ (cèdre, gêne, plaire, neige, mer,
etc.).
Autre phénomène : avec le temps, des mots de prononciations très différentes à l’origine
ont évolué vers une même prononciation alors que leurs graphies restent différentes, un exemple
bien connu étant les mots verre, vers, ver, vert, vair.
Une autre source de difficulté est que des faits de langue écrite n'apparaissent pas à l'oral.
C’est le cas de bien des marques d’accord qu’on n’entend pas à l’oral (Le chapeau bleu s’envole.
Les chapeaux bleus s’envolent), mais aussi des consonnes doubles et des h. De plus, l’unité mot
n’a pas d'autonomie à l’oral : il n'existe pas d'accent de mots en français mais un accent de
groupes. Le mot phonologique (avec accent sur la dernière syllabe du groupe) ne correspond
donc pas au mot graphique (suite de lettres entre deux blancs) : le jour /lejoúr/, le dernier jour
/ledernierjoúr/, le dernier jour du mois /ledernierjourdumoís/.
Et le phénomène de liaison accentue le problème : un grand ami aurait pu s'écrire un
grantami, un gran tami. On a choisi un grand ami, la solution la plus abstraite. Même chose pour
la suite neuveur (neuf heures).
Ainsi, la question du choix pour passer du phonème au graphème se pose régulièrement
lorsqu'on écrit. De plus, dans le système des relations sons - signes, le sens entre également en
ligne de compte. En effet, le fait de ne pas comprendre entraine des erreurs de graphie (comparer
une porte grande ouverte et une porte grande ou verte).
Malgré cela, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le désordre orthographique est
en partie apparent, il existe des systèmes de relations sons – signes, et même sons – signes – sens.
4 Fabre, C. et Paret, M.C. (1992)