
Les phrases doivent être construites, rédigées, compréhensibles. Le candidat doit faire la
preuve de sa maîtrise de l’orthographe et de la syntaxe. Les articulations à l'intérieur ou entre les
différentes parties doivent être travaillées. Un effort est manifestement fait sur ces points, mais
beaucoup de copies présentent encore des lacunes, voire une absence totale de transition. Le jury
attend aussi des candidats la maîtrise du vocabulaire de la discipline, et la capacité à utiliser la
terminologie la plus adaptée.
Cette année, certains ont glissé vers des propos très généraux, type « café du
commerce », usant de lieux communs et d’anachronismes. L’actualité de la question a peut-être
induit certains candidats à se comporter de cette manière. Ce n’est pas ce qui est attendu. Au
contraire, il est demandé un discours argumenté d’un point de vue théorique, précis
chronologiquement et cultivé. Rappelons-le, l’épreuve intitulée « épreuve d’histoire de l’art » exige
des candidats la production d’une dissertation de nature historique, qui prête attention à la
chronologie et aux éventuelles ruptures, « moments » historiques : il n’est pas acceptable, comme
certaines copies l’ont fait, de traiter la période 1953-2000 d’un bloc. Aucune copie n’a d’ailleurs
proposé un plan chronologique – qui aurait pu fonctionner ici. Plus grave, de nombreuses copies sont
incapables de situer le propos en terme de date, semblant confondre les deux guerres mondiales, la
crise de 1929 et l’économie des années 1945-1950… De même, il n’est pas admissible de confronter
sans précaution, ni précision chronologique des positions et des temps différents : Walter Gropius et
Ron Arad par exemple.
S’il convenait dans un premier temps de discuter et analyser les propos de Gui Bonsiepe
sur la période s’étendant de 1953 au milieu des années 1960, il était légitime de rechercher, au-delà
de la date du propos, des pratiques ou des cas qui nuanceraient voire contrediraient la pérennité de
cette affirmation : des pratiques de design émancipées de la publicité ou des tentatives pour
échapper au contrôle social. Mais dans tous les cas, il était nécessaire de préciser au lecteur qu’il
s’agissait là de conséquences postérieures à cette mutation évoquée par Bonsiepe. C’est cette
rigueur nécessaire dans la chronologie qui fait que cette épreuve est une épreuve d’histoire de l’art.
Apports théoriques
Les meilleures copies ont souvent fait référence à des ouvrages ou essais théoriques comme
ceux de Gilles Lipovetsky, de Jean Baudrillard, de Marshall MacLuhan, de Guy Debord, etc. Leur
connaissance permettait de nourrir le propos, tant sur la place de la publicité au cœur du design que
sur l’émergence des nouveaux médias, comme la télévision. Les candidats étaient également libres
de faire référence à l’art contemporain des années soixante, au Pop Art par exemple, ou à des
œuvres plus précises comme la Supermarket Lady de Duane Hanson. D’une manière générale, le jury
a apprécié que les exemples viennent aussi de la culture personnelle des candidats. En effet, les
mêmes exemples reviennent très fréquemment. C’est un peu inévitable en classe préparatoire mais
chaque candidat devrait aussi développer ses propres exemples, en plus du cours, grâce à ses
lectures ou visites.
De même, le fait que ce propos ait été formulé par un ancien élève de l’École d’Ulm était une
piste intéressante, lorsque l’on sait que c’est précisément ce type de débat qui a agité l’école durant
toute son existence. Certains ont saisi cette opportunité pour décrire l’école comme le lieu d’une
transition des idéaux modernes de l’objet standard à la situation de consommation qu’inaugurent les