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L’ÉVOLUTION DE POPULATIONS FAUNIQUES
L’évolution des différentes populations fauniques au cours des dernières années est un indicateur
d’intégrité écologique. De façon générale, environ 82 % des 379 espèces fauniques associées aux
écosystèmes aquatiques et aux milieux humides sont considérés « en sécurité », c’est-à-dire qu’il y a peu
de risques que ces espèces disparaissent du territoire québécois.
Concernant la faune aviaire, l’évolution des différentes populations d’oiseaux du Saint-Laurent diffère
grandement selon les espèces; certaines sont en abondance et en évolution, d’autres se maintiennent
alors que d’autres sont en déclin. D’abord, la plupart des espèces de sauvagine sont en croissance dans
le secteur d’étude : la grande oie des neiges (1 000 000 d’individus au Québec), la bernache du Canada
(721 000 individus au Québec) et le canard noir (558 000 individus au Québec) en sont des exemples.
Des problématiques de surpopulation peuvent alors survenir et certaines espèces échappent ainsi à la
régulation naturelle, c’est-à-dire le contrôle par la capacité de support du milieu, la compétition ou la
prédation. C’est le cas de la population de grandes oies des neiges, dont la croissance soutenue ces
dernières décennies a causé une forte explosion démographique. La population de grands hérons du
Saint-Laurent connaît, quant à elle, une hausse plus lente, mais constante. On trouve d’ailleurs une
trentaine de héronnières dans l’axe et le golfe du Saint-Laurent, dont la plus grande héronnière au monde
qui se trouve à Grande-Île, au lac Saint-Pierre (à l’extérieur du territoire d’étude). Finalement, certaines
populations d’oiseaux sont faibles ou en déclin, telles que les populations de petit blongios (vulnérable) et
du râle jaune (menacé), dont la principale menace à la survie de ce dernier est la perte des habitats
humides riverains du Saint-Laurent (Gouvernement du Québec, 2014). Du côté des oiseaux aquatiques,
au moins six espèces auraient complètement disparu du territoire québécois, dont le grand pingouin et
l’eider du Labrador. Ce nombre pourrait en réalité être beaucoup plus grand, mais le manque de données
sur certains groupes laisse croire que des espèces auraient pu disparaître sans jamais avoir été
identifiées ni observées.
Concernant la faune ichtyenne, des indices d’amélioration de l’état de certaines populations de poissons
permettent de croire à une amélioration de l’intégrité du fleuve. Par exemple, le bar rayé est de retour
dans le fleuve Saint-Laurent quarante ans après sa disparition, causée notamment par la surpêche, le
dragage et l’entretien de la traverse nord (pointe est de l’île d’Orléans) ainsi que la disposition des
sédiments de dragage dans le fleuve. Les travaux de réintroduction de l’espèce débutés en 2002 ont
ainsi porté des fruits : une première frayère a été découverte en 2011 dans la rivière du Sud à
Montmagny, puis une deuxième ce printemps dans la rivière Ouelle au Kamouraska. Aussi, des
populations d’esturgeon jaune sont observées sur le territoire d’étude en raison du retour de l’espèce en
2007 sur des frayères abandonnées de la section aval de la rivière Chaudière et de la confirmation en
2012 de l’existence d’une frayère à l’embouchure de la rivière Montmorency.
Diverses données sur l’évolution des populations fauniques sont disponibles et donnent des indications
d’ordre général sur l’état de santé du Saint-Laurent et de certains de ses secteurs. Toutefois, la majorité
des études et des suivis sont effectués dans le tronçon fluvial et en moindre ampleur dans l’estuaire
fluvial. Il y a donc un besoin en matière d’inventaires, de recherches et de suivis afin de suivre l’évolution
des populations floristiques et fauniques et déterminer le niveau d’intégrité écologique du secteur d’étude.
Bref, le programme Suivi de l’état du Saint-Laurent lancé en 2003 effectue un portait d’ensemble
montrant qu’en dépit de nombreuses menaces et pressions subies par le Saint-Laurent, le fleuve
maintient ses fonctions écologiques essentielles et abrite des populations en santé.
PERTURBATEURS ET PRESSIONS ASSOCIÉES
Les perturbations subies par les écosystèmes du territoire d’étude sont de deux ordres. D’abord, des
causes naturelles ont pour effet de dégrader l’état de certains écosystèmes, soit l’érosion, la prédation
d’autres espèces, les maladies (telles que la maladie hollandaise de l’orme), la floraison d’algues