CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.” Voltaire HÉRITAGE ET MESSAGE DE SAINT-EXUPÉRY CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN Mais si je rentre vivant de ce “job nécessaire et ingrat”, il ne se posera pour moi qu’un problème : que peut-on, que faut-il dire aux hommes ? Saint-Exupéry, juin 1943 Association ALDÉRAN Toulouse pour la promotion de la Philosophie MAISON DE LA PHILOSOPHIE 29 rue de la digue, 31300 Toulouse Tél : 05.61.42.14.40 Email : [email protected] Site : www.alderan-philo.org conférence N°1000-076 HÉRITAGE ET MESSAGE DE SAINT EXUPÉRY conférence d’Éric Lowen donnée le 08/12/2000 à la Maison de la philosophie à Toulouse À part son statut d’aviateur de légende, que reste-t-il aujourd’hui du véritable message de Saint-Exupéry, lui qui s’inquiétait tellement de ce qu’il fallait dire aux hommes pour trouver le sens de la vie ? Son message est-il toujours d’actualité ? Quel est son héritage pour notre époque ? Est-il porteur d’une sagesse pour l’humanité moderne ? Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 2 HÉRITAGE ET MESSAGE DE SAINT-EXUPÉRY Que faut-il dire aux hommes ? PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN I LA RÉHABILITATION DE SAINT-EXUPÉRY 1 - Dépasser l’image courante et réductrice de Saint-Exupéry 2 - La complexité de son œuvre et de sa pensée 3 - Un aviateur qui a su dépasser l’aviation 4 - Un écrivain qui a su dépasser la littérature 5 - Le lien fondamental et l’unité de son œuvre passe par la philosophie 6 - Plus que tout, il fut philosophe du genre humain II L’HÉRITAGE DE SAINT-EXUPÉRY 1 - L’héritage aéronautique 2 - L’héritage historique : le témoin d’hommes impliqués dans les problèmes de leur temps 3 - Le véritable héritage, son héritage philosophique 4 - L’affirmation de son message aux hommes 5 - Les livres de cet héritage, support de son message aux hommes 6 - Le témoin d’un monde en transition, entre déclin et naissance 7 - Les interrogations sur une humanité au devenir incertain III LE MESSAGE DE SAINT-EXUPÉRY : UN BRÉVIAIRE HUMANISTE DE LA CONDITION HUMAINE 1 - Un message humaniste, qui délaisse la métaphysique pour se recentrer sur l’humain 2 - Prendre conscience de l’unité et de l’universalité de l’Humanité 3 - La fraternité humaine, “on ne voit bien qu’avec le cœur” 4 - Il n’est qu’un luxe, celui des relations humaines 5 - Revenir à l’essentiel de l’Humanitude, renouer avec son essence spirituelle 6 - Redonner un sens spirituel au sens de la vie et à la condition humaine 7 - La nécessité du dépassement de soi et de la transcendance de soi, qu’est-ce qui l’élève ? 8 - Le respect de l’Être Humain 9 - La conscience planétaire 10 - La recherche de l’Universel derrière le particulier, comprendre l’unité du monde et des êtres 11 - La réconciliation de la matière et de l’esprit 12 - Les dérives du consumérisme et de l’hédonisme du confort matériel 13 - Le refus de la fourmilière, le problème de la déshumanisation 14 - L’engagement pour l’Humanité : défendre l’Humanité contre les forces qui la menacent IV L’AVENIR DE SAINT-EXUPÉRY 1 - Une œuvre de portée philosophique et spirituelle universelle, à méditer et pour s’en inspirer 2 - Une sagesse pour l’Humanité d’aujourd’hui 3 - La reconnaissance d’un philosophe universel du 20ème siècle ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 3 Document 1 : Tous, plus ou moins confusément, éprouvent le besoin de naître. Mais il est des solutions qui trompent. Certes on peut animer les hommes, en les habillant d'uniformes. Alors ils chanteront leurs cantiques de guerre et rompront leur pain entre camarades. Ils auront retrouvé ce qu'ils cherchent, le goût de l'universel. Mais du pain qui leur est offert, ils vont mourir. On peut déterrer les idoles de bois et ressusciter les vieux mythes qui ont, tant bien que mal, fait leur preuve, on peut ressusciter les mystiques de Pangermanisme, ou d'Empire romain. On peut enivrer les Allemands de l'ivresse d'être allemands et compatriotes de Beethoven. On peut en saouler jusqu'au soutier. C'est, certes, plus facile que de tirer du soutier un Beethoven. Mais de telles idoles sont des idoles carnivores. Celui qui meurt pour le progrès des connaissances ou la guérison des maladies, celui-là sert la vie, en même temps qu'il meurt. Il est peut-être beau de mourir pour l'expansion d'un territoire, mais la guerre d'aujourd'hui détruit ce qu'elle prétend favoriser. Il ne s'agit plus aujourd'hui de sacrifier un peu de sang pour vivifier toute la race. Une guerre, depuis qu'elle se traite avec l'avion et l'hypérite, n'est plus qu'une chirurgie sanglante. Chacun s'installe à l'abri d'un mur de ciment, chacun, faute de mieux, lance, nuit après nuit, des escadrilles qui torpillent l'autre dans ses entrailles, font sauter ses centres vitaux, paralysent sa production et ses échanges. La victoire est à qui pourrira le dernier. Et les deux adversaires pour rissent ensemble. Dans un monde devenu désert, nous avions soif de retrouver des camarades : le goût du pain rompu entre camarades nous a fait accepter les valeurs de guerre. Mais nous n'avons pas besoin de la guerre pour trouver la chaleur des épaules voisines dans une course vers le même but. La guerre nous trompe. La haine n'ajoute rien à l'exaltation de la course. Pourquoi nous haïr ? Nous sommes solidaires, emportés par la même planète, équipage d'un même navire. Et s'il est bon que des civilisations s'opposent pour favoriser des synthèses nouvelles, il est monstrueux qu'elles s'entre-dévorent. Terre des Hommes Chapitre “Les hommes” Document 2 : Le chapitre 21 du Petit Prince résume les idées de fraternité de la philosophie de SaintExupéry. C'est alors qu'apparut le renard : - Bonjour, dit le renard. - Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien. - Je suis là, dit la voix, sous le pommier... - Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli... - Je suis un renard, dit le renard. - Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste... - Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé. - Ah ! pardon, fit le petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta : - Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ? - Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu ? - Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ? - Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ? - Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ? - C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... » - Créer des liens? - Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde... - Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé... - C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses ... - Oh ! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué - Sur une autre planète ? - Oui. - Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ? - Non. - Ça, c'est intéressant ! Et des poules ? Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 4 - Non. - Rien n'est parfait, soupira le renard. Mais le renard revint à son idée : - Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé... Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince - S'il te plaît... apprivoise-moi, dit-il ! - Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître. - On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi! - Que faut-il faire ? dit le petit prince. - Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... Le lendemain revint le petit prince. - Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur... Il faut des rites. - Qu'est-ce qu'un rite ? dit le petit prince. - C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances. Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche : - Ah ! dit le renard... Je pleurerai. - C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise... - Bien sûr, dit le renard. - Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince. - Bien sûr, dit le renard. - Alors tu n'y gagnes rien ! - J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. Puis il ajouta : - Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret. Le petit prince s'en fut revoir les roses : - Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. Et les roses étaient bien gênées. - Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose. Et il revint vers le renard - Adieu, dit-il... - Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. - L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. - C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose, si importante. - C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 5 - Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose... - Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir. Document 3 : C'est sans doute pourquoi, mon ami, j'ai un tel besoin de ton amitié. J'ai soif d'un compagnon qui, au-dessus des litiges de la raison, respecte en moi le pèlerin de ce feulà. J'ai besoin de goûter quelquefois, par avance, la chaleur promise, et de me reposer, un peu au-delà de moi-même, en ce rendez-vous qui sera nôtre. Je suis si las des polémiques, des exclusives, des fanatismes ! Je puis entrer chez toi sans m'habiller d'un uniforme, sans me soumettre à la récitation d'un Coran, sans renoncer à quoi que ce soit de ma patrie intérieure. Auprès de toi je n'ai pas à me disculper, je n'ai pas à plaider, je n'ai pas à prouver; je trouve la paix, comme à Tournus. Au-dessus de mes mots maladroits, au-dessus des raisonnements qui me peuvent tromper, tu considères en moi simplement l'Homme. Tu honores en moi l'ambassadeur de croyances, de coutumes, d'amours particulières. Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente. Tu m'interroges comme l'on interroge le voyageur. Lettre à un otage Document 4 : Que nous fallait-il pour naître à la vie ? Nous donner. Nous avons senti obscurément que l'homme ne peut communier avec l'homme qu’à travers une même image. Les pilotes se rencontrent s’ils luttent pour le même courrier. Les hitlériens s'ils se sacrifient au même Hitler. L'équipe de grimpeurs si elle tend vers le même sommet. Les hommes ne se rejoignent pas s'ils s'abordent directement les uns les autres, mais s'ils se confondent dans le même dieu. Nous avions soif, dans un monde devenu désert, de retrouver des camarades : le goût du pain rompu entre camarades nous a fait accepter les valeurs de guerre. Mais nous n'avons pas besoin de la guerre pour trouver la chaleur des épaules voisines dans une course vers le même bat. La guerre nous trompe. La haine n'ajoute rien à l'exaltation de la course. Puisqu'il suffit, pour nous délivrer, de nous aider à prendre conscience d'un but qui nous relie les uns aux autres, autant le chercher dans l'universel. Le chirurgien qui passe la visite n'écoute pas les plaintes de celui qu'il ausculte : à travers celui-là, c’est l'homme qu'il cherche à guérir. Le chirurgien parle un langage universel. De son poignet musclé, le pilote de ligne écrase les remous, et c'est un travail de forçat. Mais il sert, en luttant, les relations humaines. La puissance de ce poignet rapproche les uns des autres ceux qui s'aimaient et qui cherchaient à se rejoindre : ce pilote rentre aussi dans l'universel. Et le simple berger lui-même qui veille ses moutons sans les étoiles, s'il prend conscience, de son rôle, se découvre plus qu'un berger. Il est une sentinelle. Et chaque sentinelle est responsable de tout L'empire. A quoi bon tromper le soutier en le poussant, au nom de Beethoven contre l'homme d’à côté. Quelle duperie, quand, sur le même territoire, on emprisonne Beethoven dans un camp de concentration, s'il ne pense pas comme le soutien. Le but pour celui-là doit être de grandir et de parler un jour, comme Beethoven, un langage universel. Si nous tendons vers cette conscience de l'Univers, nous rentrons dans la destinée même de l'homme. Seuls l'ignorent les boutiquiers qui ne sont installés en paix sur la rive, et ne voient pas couler le fleuve. Mais le monde évolue. D'une lave en fusion, d'une pâte d'étoile, la vie est née. Peu à peu, nous nous sommes élevés jusqu'à écrire des cantates et à peser des nébuleuses. Et le commissaire sous les obus, sait que la genèse n’est point achevée et qu'il doit poursuivre son élévation. C'est vers la conscience que marche la vie. La pâte d’étoile nourrit et compose lentement sa plus haute fleur. La paix ou la guerre Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 6 Document 5 : L'ami d'abord c'est celui qui ne juge point. Je te l'ai dit, c'est celui qui ouvre sa porte au chemineau, à sa béquille, à son bâton déposé dans un coin et ne lui demande point de danser pour sa danse. Et si le chemineau raconte le printemps sur la route du dehors, l'ami est celui qui reçoit en lui le printemps. Et s'il raconte l'horreur de la famine dans le village d'où il vient, souffre avec lui la famine. Car je te l'ai dit, l'ami dans l'homme c'est la part qui est pour toi et qui ouvre pour toi une porte qu'il n'ouvre peut-être jamais ailleurs. Et ton ami est vrai et tout ce qu'il dit est véritable, et il t'aime même s'il te hait dans l'autre maison. Et l'ami dans le temple, celui que, grâce à Dieu, je coudoie et rencontre, c'est celui qui tourne vers moi le même visage que le mien, éclairé par le même Dieu, car alors l'unité est faite, même si ailleurs il est boutiquier quand je suis capitaine, ou jardinier quand je suis marin sur la mer. Au-dessus de nos divisions je l'ai trouvé et suis son ami. Et je puis me taire auprès de lui, c'est-à-dire n'en rien craindre pour mes jardins intérieurs et mes montagnes et mes ravins et mes déserts, car il n'y promènera point ses chaussures. Toi, mon ami, ce que tu reçois de moi avec amour c'est comme l'ambassadeur de mon empire intérieur. Et tu le traites bien et tu le fais s'asseoir et tu l'écoutes. Et nous voilà heureux. Mais où m'as-tu vu, quand je recevais des ambassadeurs, les tenir à l'écart ou les refuser parce qu'au fond de leur empire, à mille jours de marche du mien, on s'alimente de mets qui ne me plaisent point ou parce que leurs mœurs ne sont point miennes. L'amitié c'est d'abord la trêve et la grande circulation de l'esprit au-dessus des détails vulgaires. Et je ne sais rien reprocher à celui qui trône à ma table. Car sache que l'hospitalité et la courtoisie et l'amitié sont rencontres de l'homme dans l'homme. Qu'irais-je faire dans le temple d'un dieu qui discuterait sur la taille ou l'embonpoint de ses fidèles, ou dans la maison d'un ami qui n'accepterait point mes béquilles et prétendrait me faire danser pour me juger. Tu rencontreras bien assez de juges de par le monde. S'il s'agit de te pétrir autre et de te durcir, laisse ce travail à tes ennemis. Ils s'en chargeront bien, comme la tempête qui sculpte le cèdre. Ton ami est fait pour t'accueillir. Sache de Dieu, quand tu viens dans son temple, qu'il ne te juge plus, mais te reçoit. Citadelle, chapitre LVIII Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 7 DÉCOUVREZ NOTRE AUDIOTHÈQUE pour télécharger cette conférence, celles de la bibliographie et des centaines d’autres Tous nos cours et conférences sont enregistrés et disponibles dans notre AUDIOTHÈQUE en CD et DVD. Des milliers d’enregistrements à disposition, notre catalogue est sur notre site : www.alderan-philo.org. Plusieurs formules sont à votre disposition pour les obtenir : 1 - PHILO UPLOAD : un abonnement annuel pour un libre accès à la totalité des enregistrements disponibles. 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Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 8 POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS - Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen - Revue de philosophie “ALDÉRAN” - N°11 et 12 : Dossier spécial sur les droits humains (50ème anniversaire de la déclaration universelle des droits humains de 1948) - N°17 : Qui était Saint-Exupéry ? par Éric Lowen - N°17 : Lettre aux français, de Saint-Exupéry - N°18 : L’Humanisme selon Saint-Exupéry, par Éric Lowen - N°20 : Saint-Exupéry et la science, par Éric Lowen Conférences sur Saint-Exupéry - Saint-Exupéry, vie et œuvre philosophique - Saint-Exupéry, philosophe du désert - Saint-Exupéry et l’aviation - Saint-Exupéry et l’engagement pour l’Humanité 1000-019 1000-060 1000-008 1000-075 Conférences sur les ouvrages de Saint-Exupéry - “Courrier sud” et “Vol de nuit” dans l’oeuvre de Saint-Exupéry - “Terre des hommes”, ou la rencontre avec l’Humanitude - “Pilote de guerre” dans l’oeuvre de Saint-Exupéry - “Le petit prince”, un conte initiatique pour adulte - “Citadelle”, œuvre mystique posthume - “Les carnets” de Saint-Exupéry 1210-016 1220-007 1220-002 1210-004 1210-017 1220-009 Conférences en relation avec le sujet de la conférence - La place de l'être humain dans le cosmos - Sagesses d’hier et sagesse d’aujourd’hui - L’humanisme ou la mort ! - L’athéisme religieux - Unicité et universalité du genre humain - Pour en finir avec la métaphysique - L’expérience spirituelle - Anthropocentrisme et anthropomorphisme - Eloge de l’individu - Citoyenneté du monde contre les nationalismes - Les droits humains, nature et universalité - Le besoin de sens dans la condition humaine 1600-043 1600-045 1600-118 1600-117 1600-119 1600-107 1600-049 1600-101 1600-069 1600-089 1600-211 1600-109 Quelques livres sur Saint-Exupéry - Saint-Exupéry, Le sens d’une vie, collectif sous la direction d’Alain Cadix, Le cherche midi, 2000 - Saint-Exupéry, Emmanuel Chadeau, Editions Perrin, 2000 - Mémoires de la Rose, Consuelo de Saint-Exupéry, Editions Plon, 2000 - Saint-Exupéry, de la rive gauche à la guerre, François Gerber, Editions Denoël, 2000 - Saint-Exupéry, laboureur du ciel, Cate Curtis (1973), et Bernard Grasset, 1994 - Au revoir Saint-Ex, John Phillips, Gallimard, 1994 - Cahiers “Saint-Exupéry”; tomes 1, 2, 3, Gallimard, 1981 - Saint-Exupéry, mystique sans la foi, Clément Borgal, Éditions du Centurion, 1964 - Dans le vent des hélices, Didier Daurat, Presses de la Cité, 1962 - La vie de Saint-Exupéry, René Delange, Le Seuil, 1958 - Saint-Exupéry, Pierre Chevrier et Michel Quesnel, Bibliothèque idéale, Editions Gallimard, 1958 - Les cinq visages de Saint-Exupéry, Georges Pélissier, Editions Flammarion, 1951 - Antoine de Saint-Exupéry, Pierre Chevrier; Editions Gallimard, 1949 Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 9 Conférences sur l’histoire de la philosophie - Héraclite et le devenir - Démocrite et l’atomisme - Le théâtre de la variété ou la démocratie athénienne selon Platon, par Noémie Villacéque - Aristote et l’éthique à Nicomaque - La philosophie du plaisir d’Epicure - Epicure et le plaisir, par Yves Belaubre - La grande bibliothèque d’Alexandrie - Sénèque et le stoïcisme romain - Avicenne et la raison, par Dominique Urvoy - L'apport de la civilisation arabe au moyen-âge, un héritage remis en cause par l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim, par Habib Samrakandi - Montaigne et l’humanisme - Vanini, philosophe méconnu, méprisé, diabolisé, par Matthias Klemm - Descartes et la méthode, par Mickaël Dubost - Spinoza et le bonheur, par Mickaël Dubost - Leibniz et la question du mal, par Mickaël Dubost - Hume et l’habitude, par Mickaël Dubost - Condillac et la sensation, par Mickaël Dubost - L’Encyclopédie et la philosophie des Lumières - Voltaire et la religion - Voltaire et l’affaire Calas - La singularité philosophique de Jean-Jacques Rousseau, par Eliane Martin-Haag - Adam Smith et l’économie, par Jacques Passerat - Olympe de gouges, héritière des lumières, par Betty Daël - Kant et l’absolu, par Mickaël Dubost - Victor Schoelcher, l’homme de l’abolition française de l’esclavage - Victor Hugo, mystique de la liberté et du progrès - Nietzsche ou le combat contre l'utopie et la réalité chrétiennes, par Yannick Souladié - Dostoïevski face à l’atheisme, par Yannick Souladié - Bernard Bolzano corrige Kant, par Ghislain Vergnes - William Morris : socialisme et design, par John William - Jaurès, un philosophe majeur, par Jordi Blanc - Jaurès et la loi 1905 sur la laïcité - Wittgenstein, entre Vienne et Cambridge, par Yoann Morvan - Teilhard de Chardin et l’évolution - Vercors, à la quête de la dignité humaine - George Orwell et la dénonciation des totalitarismes - Camus ou la voie de la sagesse, par Christiane Prioult - Logique et épistémologie dans l’oeuvre de Carnap, par Xavier Verley - Marguerite Yourcenar, l’itinéraire d’une sage, par Valéria Rousseau - Marguerite Yourcenar, l’écriture du “moi” dans le labyrinthe du monde, par Valéria Rousseau - Sartre et l’existentialisme - Guy Debord : la philosophie subversive réalisée, par Ghislain Vergnes - Popper et la connaissance, par Mickaël Dubost - Jean-Pierre Vernant et l’hellénisme 1000-141 1000-130 1000-212 1000-176 1000-203 1000-165 1000-013 1000-007 1000-131 1000-241 1000-040 1000-234 1000-137 1000-138 1000-139 1000-147 1000-155 1000-074 1000-156 1000-129 1000-224 1000-166 1000-087 1000-158 1000-133 1000-112 1000-220 1000-240 1000-088 1000-222 1000-228 1000-218 1000-153 1000-067 1000-113 1000-123 1000-144 1000-239 1000-124 1000-207 1000-149 1000-211 1000-135 1000-235 Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-076 : “Héritage et message de Saint-Exupéry” - 31/01/14 - page 10